Note du film : 7,5/10 (par Véronique) Résumé du film : Marina et Orlando, de vingt ans son aîné, s'aiment loin des regards et se projettent vers l'avenir. Lorsqu'il meurt soudainement, Marina subit l’hostilité des proches d'Orlando : une "sainte famille" qui rejette tout ce qu'elle représente. Marina va se battre, avec la même énergie que celle dépensée depuis toujours pour devenir la femme qu'elle est : une femme forte, courageuse, digne ... une femme fantastique Avis : Récompensé par le Prix du meilleur scénario au dernier festival de Berlin, « Une femme fantastique » est un film étonnant et particulièrement marquant. Emprunt de poésie et d’une admiration évidente pour son personnage, le dernier long métrage de Sebastian Lelio interpelle et nous fait vivre une expérience cinématographique digne des plus grands films de Pedro Almodovar. Il faut dire que le réalisateur chilien choisit de nous présenter un sujet difficile à porter à l’écran et le concrétise pourtant brillamment. Lorsqu’Orlando, l’amant de Marina décède tragiquement, c’est son univers entier qui bascule. Sa stabilité, émotionnelle et quotidienne, acquise difficilement est remise en cause. Abandonnée de tous, la jeune femme se bat pour pouvoir faire le deuil de son amour perdu et garder une dignité que tous semblent vouloir lui voler. Jugée, accusée tour à tour d’être une prostituée, une meurtrière potentielle ou une profiteuse vénale, Marina doit garder la tête haute et ne pas fléchir. Difficile lorsqu’on est considéré aux yeux de tous comme un monstre… Mais la monstruosité ne vient-elle pas des autres ? Les humiliations dont elle est la victime, le manque de délicatesse de la part de la famille du défunt sont autant de perversions de la société bien pensante et peu tolérante… C’est que Marina est transsexuelle et qu’il semble qu’à notre époque, cela dérange… La veuve d’Orlando le lui rappelle d’ailleurs si bien « tu n’es qu’une chimère ». Pour l’entourage du défunt « perverti » peut-être, mais pas pour Marina qui se sent bien vivante et n’est pas prête à disparaître. Mais le vide laissé par son amant est cruel et certaines métaphores nous le rappellent bien… N’existait-elle qu’à travers ses yeux à lui ? Par sa mise en scène particulièrement soignée, Sebastian Lelio nous prend par la main et ne nous lâche que dans son générique de fin. Malgré les longueurs dont souffre par moments « Une femme fantastique », le film passionne, intrigue, nous révolte bref, nous fait vivre des émotions réelles. Sans doute grâce à la prestation incroyable de Daniela Vega, elle-même transgenre. Féminine, d’un charisme évident, la jeune comédienne nous fait vibrer tout au long de cette histoire, faisant siennes les douleurs de son personnage atypique. La cruauté dont Marina fait preuve est proportionnelle à son silence. D’une grande humanité, l’héroïne ne cesse de s’excuser… mais de quoi ? D’exister et d’avoir été aimée ? Grâce à son portrait au vitriol d’une femme exceptionnelle, Sebastian Lelio nous montre que le cinéma chilien recèle lui aussi de belles pépites. « Laurence Anyways » de Xavier Dolan ou "Tout sur ma mère" d'Almodovar nous avaient déjà entraînés sur le chemin du transgenre. « Una mujer fantastica » leur emboîte le pas, ajoutant une jolie pierre à l’édifice d’un cinéma couillu, qui aborde des sujets (malheureusement) trop tabous encore. Poignant, bien que lent à de nombreux moments, « Une femme fantastique » ose. Aux spectateurs de faire de même en se rendant dans les salles afin d’y vivre un instantané de vie brut et parfois violent. Accepter l’autre, même dans ses différences, le voir plutôt que l’ignorer, lui permettre de tout simplement exister sans le juger, voilà autant de thématiques qui résonnent dans l’histoire originale de Marina. Date de sortie en Belgique : 30 août 2017 Date de sortie en France : 12 juillet 2017 Durée du film : 1h44 Genre : Drame Titre original : Una mujer fantastica
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Note du film : 7,5/10 (7/10 pour Véronique, 8/10 par François) Résumé du film : 2073. La Terre est surpeuplée. Le gouvernement décide d’instaurer une politique d’enfant unique, appliquée de main de fer par le Bureau d’Allocation des Naissances, sous l’égide de Nicolette Cayman. Confronté à la naissance de septuplées, Terrence Settman décide de garder secrète l’existence de ses 7 petites-filles. Confinées dans leur appartement, prénommées d’un jour de la semaine, elles devront chacune leur tour partager une identité unique à l’extérieur, simulant l’existence d’une seule personne : Karen Settman. Si le secret demeure intact des années durant, tout s’effondre le jour où Lundi disparait mystérieusement... Avis : Habitué à flirter avec l’univers des films d’horreur, Tommy Wirkola se lance dans un tout autre registre avec « Seven Sisters », un film d’anticipation alliant thriller, réflexion éthique et action. Sur le papier, « Seven Sisters » a tout pour nous tenter : un casting de haute voltige, un synopsis alléchant et une affiche suggestive évoquant chez les cinéphiles, des références évidentes. Qu’en est-il vraiment ? Véritable dystopie lorgnant sur le glaçant « 1984 » de George Orwell et l’effroyable « Soleil Vert » de Richard Fleischer, le film aborde une thématique ambitieuse déjà exploitée brillamment par le passé. « V pour Vendetta » en est un bel exemple. Apporte-t-il une vision novatrice sur le sujet ? Pas vraiment et c’est là que se pose tout le problème. Dénoncer la politique de l’enfant unique (abolie récemment en Chine) et dépeindre les dérives des gouvernements totalitaires de façon réaliste n’est pas aisé. Il fallait donc un scénario en béton pour nous convaincre d’entrer dans ce monde sombre et désolé. Après une mise en place efficace et une présentation réaliste de cette société en perdition, nous nous centrons sur la vie de sept sœurs, nées à l’ère où il est de bon ton de n’avoir qu’un seul enfant. En effet, les ressources vitales s’amenuisent face à une population sans cesse grandissante. Mais très vite, un système inhumain se met en place sous l’égide de la sénatrice Nicolette Cayman (l’excellente et glaçante Glenn Close) et la vie de ces septuplées est mise en danger. Encore plus, lorsque lundi disparaît sans laisser de trace… Ses sœurs n’ont alors qu’une solution : la retrouver et continuer à cacher leur existence au risque de mettre toutes les autres en péril… Le souci majeur du film est sa pauvreté scénaristique, usant de raccourcis dérangeants et ôtant toute crédibilité à l’action en cours. La faute à de trop nombreuses facilité, mises en place pour garder un rythme constant, mais dévalorisant l’intrigue générale par ses aberrations. On en veut pour preuve cette technologie trop accessible au commun des mortels, mettant à mal le travail des plus pointilleux agents du gouvernement. Un autre exemple plus marquant et agaçant pour le spectateur est cette inaction des hommes de main de Nicolette Cayman alors que la localisation des sœurs Settman leur est connue depuis longtemps. Le suspense peut-il prendre le dessus sur la logique des spectateurs ? Maladroit, le scénario est beaucoup trop bancal pour faire de « Seven Sisters » un film incontournable. Heureusement, tout n’est pas à jeter non plus. La réalisation de Tommy Wirkola est efficace compte tenu du défi à relever. Présenter sept sœurs sous les seuls traits d’une seule actrice relève d’une maîtrise technique indéniable. A l’instar du clip « Ironic » d’Alanis Morissette, le réalisateur nous présente de façon réaliste la vie quotidienne de septuplées, condamnées à vivre ensemble chaque jour de leur vie. Chacune des sept jeunes femmes possède une personnalité et un physique extrêmement différent, ce qui confère une véritable prouesse d’interprétation à une Noomi Rapace en état de grâce. Elle confiera d’ailleurs : « "Si on tourne une scène avec des doublures, il faut que je leur montre avant ce que je compte faire. Il faut que je leur donne des instructions, que je leur montre comment elles doivent bouger, comment s'asseoir et quand se relever. J'ai une vue d'ensemble sur la scène. Il faut que je l'envisage sous différents angles et c'est beaucoup de responsabilités. Tommy et moi, on se répète constamment qu'il ne faut pas qu'on laisse l'aspect technique prendre le dessus. Au final, c'est la relation entre les sœurs qui compte le plus." Mais les autres acteurs ne sont pas en reste. On applaudit la performance tout en justesse de Willem Dafoe, grand-père devenu père de substitution. Avec celui de Marwan Kenzari, ils constituent les seuls personnages qui n’ont pas été broyés par ce système totalitaire et qui ont gardé un brin d’humanité. Le huis clos haletant et bien rythmé laisse parfois la place à des errances dans une ville où tout est sous contrôle. Sa patte graphique n’est d’ailleurs sans nous rappeler quelques villes européennes de l’Est. Même les uniformes (délavés) des gardes nous semblent familiers et nous rappelle les milices oeuvrant sous le joug de dictateurs. Efficace sans être révolutionnaire, « Seven sisters » mérite d’être vu pour l’interprétation de Noomi Rapace, véritable tour de force dans un exercice périlleux. Date de sortie en Belgique/France : 30 août 2017 Durée du film : 1h59 Genre : Science-fiction/thriller/dystopie Titre original : What Happened to Monday? Note du film : 5,5/10 (par Véronique) Résumé du film : Dans une petite ville perdue au milieu de nulle part, le commerce de pompes funèbres d’Edmond Zweck bat de l’aile. L’entreprise ne compte plus que deux employés : Georges, le bras droit de Zweck, et Eddy, un jeune homme encore novice dans le métier. Un beau matin, pourtant, un mort pointe son nez. L’espoir renaît. Georges et Eddy sont chargés de mener le défunt jusqu’à sa dernière demeure. Mais, à la recherche du cimetière qui s’avère introuvable, le convoi funéraire s’égare et le voyage tourne au fiasco. Avis : Premier long métrage de Gérard Pautonnier, « Grand froid » n’est pourtant pas son premier essai en matière de cinéma. Après deux courts métrages (et une multitude de capsules télévisées), le réalisateur retrouve deux de ses acteurs : Arthur Dupont et Philippe Duquesne pour un road movie tragi-comique. S’il souffre de quelques erreurs de débutant, le film a par ailleurs plusieurs clés de lecture intéressantes et pourrait intriguer le spectateur pour peu qu’il lui laisse sa chance. Adapté du roman de Joël Egloff (qui a par ailleurs co-scénarisé le film), « Grand froid » se permet quelques libertés qui ajoutent un peu de dramaturgie à son atmosphère particulière. Partis véhiculer un corps jusqu’au village voisin, Georges (Jean-Pierre Bacri) et Eddy (Arthur Dupont) rencontrent quelques obstacles les empêchant de mener à bien une mission finalement banale pour une entreprise de pompes funèbres. Si nous taisons volontairement le gros de l’intrigue, nous souhaitons cependant nous attarder sur quelques points. Tout d’abord, le rapport qu’à cette entreprise avec la mort. Presqu’en faillite, par manque de clients, les pompes funèbres du village se languissent d’un nouveau client. Dans cette longue attente, chacun réagit à sa manière : les uns provoquent le destin alors qu’un autre prend soin des quelques rares vivants de l’entourage. Alors, lorsque arrive le défunt d’une famille apparemment bourgeoise, cela ne peut faire que les choux gras de la société mortuaire. Et puis, il y a ces instants de vie très nombreux dans le film de Pautonnier. Au-delà de la morosité qui anime le village, du froid accablant et de la langueur de ses habitants, on trouve des petits sursauts de vie touchants. Peut-être plus encore lors de cette improbable escorte qui prend une tournure inattendue ainsi que dans le dernier tiers, où on approcherait même d’une certaine poésie. « Grand froid » est-il un film réussi? Pas vraiment. Malgré de jolies trouvailles et un melting-pot de genres cinématographiques, de sonorités et de caractères, le film pèche par son manque de consistance et ses quelques longueurs. Au vu de la bande annonce, « Grand froid » serait une comédie burlesque… Sur la durée, on se rend compte que non, le scénario n’a pas la carrure pour porter une telle ambition. Le jeu d’Olivier Gourmet résume finalement à lui-même le ressenti général : on voudrait y croire mais on n’oublie jamais que tout cela n’est que fiction. S’il ouvre la porte de quelques réflexions, le premier film de Gérard Pautonnier ne lui ouvrira peut-être pas celle de la grande comédie française… Notre interview de Gérard Pautonnier et d’Arthur Dupont sur le film « Grand froid » est à (re)découvrir ici : http://www.ecran-et-toile.com/arthur-dupont-et-gerard-pautonnier.html Date de sortie en Belgique : 30 août 2017 Date de sortie en France : 28 juin 2017 Durée du film : 1h26 Genre : Comédie dramatique Note du film : 7/10 (par Véronique) Résumé du film : « Tulip Fever », inspiré du livre écrit par Deborah Moggach, se passe aux Pays-Bas au 17ème siècle pendant la période de la tulipe mania. Le film raconte l’histoire d’un artiste qui tombe amoureux d’une jeune femme pendant qu’il peint le portrait de son mari. C’est alors que tous deux vont décider d’investir dans le marché risqué des tulipes afin de se construire un futur ensemble, un futur qui ne sera pas de tout repos. Avis : Tourné en 2014, « Tulip Fever » a peiné à trouver le chemin de la distribution en salles. Et pourtant, le jeu en valait la chandelle. Cette adaptation du roman de Deborah Moggach s’inscrit dans la lignée des films d’époque où humour et romance viennent ajouter un peu de légèreté. Si le casting et la réalisation ont maintes fois été revus, le résultat final démontre combien il était judicieux de confier ce projet à cette équipe. En chef de navire, Justin Chadwick, qui avait déjà réalisé, entre autres, « Deux sœurs pour un roi ». Avec « Tulip Fever », nous arpentons les rues d’Amsterdam et entrons dans les tavernes et demeures bourgeoises du XVIIème siècle, époque où le marché de la tulipe frappe aux portes des nantis comme des plus démunis. Les quelques pièces amassées ça et là sont dépensées pour acheter de précieux bulbes, faisant la fortune des uns et causant la perte des autres. Si ce commerce lucratif est un des sujets du film, la véritable intrigue concerne le triangle amoureux se jouant chez les Sandvoort. Cornelis est un riche négociant. Veuf, il épouse la très belle Sophia et la choie de tout son cœur. Aimée et aimante, la jeune femme se veut reconnaissante envers son époux… jusqu’à ce que le peintre Jan Van Loos entre dans la riche maisonnée et peigne leur portrait. Classique à première vue, l’histoire est pourtant bien plus complexe qu’il n’y paraît. Les destins se croisent, les mensonges et petites combines s’accumulent… A aucun instant la lassitude ne nous prend. Le scénario, adapté du livre "Le peintre des vanités", est gorgé de rebondissements auxquels on ne s’attend pas, mettant à mal toutes les suppositions que l’on s’était faites, nous amenant jusqu’à un final inattendu. Léger et drôle par moments, touchant et prenant, le film nous livre de jolies émotions. A la sortie du film, nous ne pouvons qu’acquiescer face à ce choix de dépoussiérer les films du genre et lui conférer un statut de divertissement sur fond d’histoire (avec un petit h). Grâce à « Tulip fever », on assiste à une présentation minutieuse et instructive des Pays-Bas des années 1600. Les experts soulèveront peut-être quelques petites failles dans les propos historiques mais qu’importe, le plaisir est total et l’immersion dans l’époque réussie. D’ailleurs, la ressemblance avec les peintures du grand Vermeer n’est sans doute pas une coïncidence puisque les faits se déroulent à la même époque. Certaines poses et atmosphères nous font forcément penser aux tableaux du maître hollandais et ce n’est pas pour nous déplaire. L’environnement très sombre de la ville d’Amsterdam est contrebalancé par les couleurs écarlates des précieuses tulipes ou par celle de la robe bleue électrique de Sophia, preuve que le travail de Justin Chadwick se soigne jusque dans la photographie. Mais qu’en est-il du casting ? Autre point fort du film, le choix des acteurs apportent son lot de fraîcheur. Alicia Vikander nous fait tomber (une fois de plus) sous son charme, nous éprouvons une véritable empathie envers le personnage de Christoph Waltz, impeccable comme toujours et vivons les (més)aventures de Holliday Grainger (que l’on retrouve aussi dans « My cousin Rachel ») avec beaucoup de compassion. Mais « Tulip fever » fait fort car il parvient à nous réconcilier avec Dane De Haan, qui s’était perdu lors de son passage à vide (sidéral) dans « Valerian » ou dans le sanatorium de « The Cure of life ». L’acteur que nous avions apprécié dans « Life » revient à une interprétation sobre mais efficace qui lui sied comme un gant. Dans l’ombre de sa maîtresse à l’écran, l’américain parvient à nous faire croire à son personnage et nous charme par ses beaux yeux bleus et son romantisme pour midinettes. Il retrouve ici sa compagne de jeu Cara Delevingne, qui tient un rôle tout à fait anecdotique (oserons-nous dire, tant mieux ?). Sous ses petits airs de « La jeune fille à la perle » ou de « Shakespeare in love », se cache un « Tulip Fever » divertissant et plaisant. S’il ne marquera pas profondément l’année 2017, ce triangle amoureux plutôt classique, vaut tout de même la peine que l’on s’y intéresse, pour peu que vous aimiez les films de ce genre. Date de sortie en Belgique : 30 août 2017 Durée du film : 1h47 Genre : Drame/Romance Note du film : 6/10 (par Véronique) Résumé du film : Angleterre, début du XIXème siècle. Philip, un jeune noble anglais, apprend la mort mystérieuse de son cousin en Italie, survenue peu après son mariage secret avec la jeune et jolie veuve Rachel. Il n’a qu’une idée en tête : découvrir les véritables raisons de sa mort afin de le venger par tous les moyens. Mais la visite inattendue de cette nouvelle cousine va tout bouleverser. Avis : Adapté du roman de Daphné de Maurier pour la deuxième fois au cinéma, « My cousin Rachel » est un film d’époque oscillant en permanence entre trouvailles et classicisme. Par son rythme inconstant, son déroulement (beaucoup trop ?) prévisible et ses longueurs, le film de Roger Michell déçoit. Par contre, la reconstitution d’époque et l’interprétation magistrale de Rachel Weisz viennent donner le change. Interpellant, « My cousin Rachel » n’est cependant pas aussi captivant que nous l’espérions. En nous plongeant dans le making off du film, nous découvrons que « My cousin Rachel » n’est pas la première adaptation de l’univers littéraire de Daphné de Maurier… Alfred Hitchcock s’en est inspiré pour donner vie à ses films « Rebecca », « La Taverne de la Jamaïque » et… « Les Oiseaux » ! Si le terreau de base peut faire germer de brillantes idées et des films marquants, celui de « My cousin Rachel » semble avoir été quelque peu négligé par moments et c’est bien dommage. Car son pitch de départ avait tout pour créer un film où une atmosphère de doute et de méfiance aurait tenu une place de choix… bien que ce soit en partie le cas. Avec l’arrivée de cette intrigante Rachel, récemment veuve de son cousin argenté, l’existence banale du jeune Philip va être radicalement modifiée. Qui est-elle ? Pourquoi ce cousin adoré s’en méfiait-il tant ? Est-elle responsable de sa mort soudaine ? Les questions autour de cette veuve noire abondent… Mais très vite, le jeune Philip va perdre pied et l’histoire de ces deux inconnus prendra une tournure relativement attendue. Si les tentatives de rebondissements sont très bien illustrées, on peine à croire que le final nous surprendra véritablement. Si le film n’a rien d’extraordinaire en lui-même, nous retenons pourtant deux points essentiels. Tout d’abord, l’interprétation de Rachel Weisz, sublime dans sa séduction et détestable dans certains de ses comportements. Par ce personnage de veuve fatale, Roger Michell lui offre sans doute un rôle mémorable. Le jeu de Sam Claflin (vu notamment dans « Hunger Games ») n’est pas en reste même s’il est un cran en dessous de celui de la belle anglaise. Le duo fonctionne, les émotions sont crédibles, côté casting, on peut dire que c’est plutôt réussi. Ensuite, nous retiendrons cette atmosphère rurale d’une Angleterre du XIXème siècle où paysans comme nantis se côtoient dans des décors sublimes et emprunts d’une imagerie fidèle à cette époque. Mais ces deux atouts sont-ils suffisants pour convaincre les spectateurs ? Pas vraiment. On regrette sincèrement le manque d’audace de la part du réalisateur, qui avait pourtant marqué notre adolescence avec son délicieux « Coup de foudre à Notting Hill ». Très académique et peu surprenant, « My cousin Rachel » n’est pas parvenu à nous passionner autant qu’espéré. Dommage, nous nous serions bien laissés emportés dans cette histoire où les apparences sont souvent trompeuses… Date de sortie en Belgique : 23 août 2017 Durée du film : 1h45 Genre : Drame/thriller Note du film : 7/10 (par François) Résumé du film: Un redoutable tueur à gages est contraint de témoigner contre son ancien employeur devant la Cour internationale de justice de La Haye. Interpol est alors chargée de l’escorter jusqu’aux Pays-Bas et engage le meilleur garde du corps du métier pour mener à bien cette mission. Mais c’était sans savoir que depuis des années, les deux hommes s’opposent : les voilà désormais obligés de s’associer pour tenter de survivre aux pires épreuves… De l’Angleterre à La Haye, ils vont vivre une aventure délirante, une succession infernale de tentatives de meurtre, de courses-poursuites pour échapper à un dictateur d’Europe de l’Est prêt à tout pour les éliminer. Avis: À la lecture du pitch de «Hitman and Bodyguard », nous pensons immédiatement aux buddy movies qui nous sont chers! « L’Arme Fatale », « le Flic de Berverly Hills », « Men in Black », ou encore plus récemment “The Nice Guys” sont autant d’exemples d’un cinéma qui se base sur une dualité comique. Dans le cas présent, le duo que tout oppose, est incarné à l'écran par deux acteurs confirmés : Ryan Reynolds et Samuel L. Jackson. Pour autant, le réalisateur, Patrick Hugues, ne se contente pas de ces excellents acteurs. Il a invité Gary Oldman et Salma Hayek à la fête. À l'écran, cela se traduit par des joyeusetés visuelles et verbales qui nous ont fait beaucoup rire. Et c’est là que nous devons vous mettre en garde! Si vous souhaitez un cinéma d’action un tant soit peu réaliste, passez votre chemin! Si par contre, le cinéma décomplexé complètement frapadingue ne vous effraie pas, foncez! Les blagues potaches, les poursuites spectaculaires et les gunfights improbables font tout le sel de cet action movie par moment nerveux et totalement assumé ! Bien qu’extrêmement classique dans son scénario comme dans sa réalisation, « Hitman & bodyguard » ne parvient pas à garder un rythme constant mais cela ne le pénalise qu’assez peu puisque nous prenons plaisir à voir évoluer ces personnages truculents. Le réalisateur nous offre pourtant dans son classicisme, des scènes d’action qui méritent le coup d’oeil. Ainsi la scène finale confrontera tous les protagonistes dans une Amsterdam magnifiée par la caméra du metteur en scène. C’est simple, cous n’avons pu compter le nombre de balles perdues, de cascades, de tôles froissés que compte ce divertissement. Et en sortant de la projection, nous en venons à nous demander comment Patrick Hugues est parvenu à bloquer les mégapoles que sont La Haye et Amsterdam ! Alors certes, le personnage de Samuel L. Jackson peut se montrer irritant tant il prononce le mot “motherfucker” à l'écran. Mais le visage un peu niais de Ryan (par moment complètement dépassé par les événements) nous fera passer (agréablement) la pilule. Au vu de ces quelques lignes, vous comprendrez aisément qu’ « Hitman & Bodyguard » est avant tout un plaisir coupable ! Maintes fois vus, assez classique dans son traitement, il renferme pourtant un capital sympathie indéniable. La faute aux acteurs qui s’en donnent à cœur joie...pour notre plus grand plaisir ! Date de sortie en Belgique/France : 23 août 2017 Durée du film : 1h59 Genre : Comédie/Action Titre original : The hitman’s bodyguard Note du film : 8,5/10 (par Véronique) Résumé du film : Début des années 1990. Alors que le sida tue depuis près de dix ans, les militants d'Act-Up Paris multiplient les actions pour lutter contre l'indifférence générale. Nouveau venu dans un groupe, Nathan va être bouleversé par la radicalité de Sean Avis : Beaucoup voyaient dans le film de Robin Campillo la Palme d’Or de l’édition 2017 du Festival de Cannes. Récompensé par le Grand Prix du Jury, « 120 battements par minute » a créé un réel engouement. On comprend à présent pourquoi. Film d’utilité publique, « 120 battements par minute » rappelle le combat de femmes et d’hommes pour la lutte contre le sida, la prévention et la vulgarisation de cette terrible maladie auprès du plus grand nombre. Face au silence des médias, des laboratoires pharmaceutiques et d’une classe politique sourde aux appels de la rue, les militants d’Act-Up Paris, touchés au plus profond d’eux même par une réalité dramatique, se mobilisent et nous entraînent dans le plus beau des combats, celui qui permettra à beaucoup d’autres de vivre ! Cette lutte pour la vie, Robin Campillo la mène à travers le regard de sa caméra, nous immergeant dès les premières minutes dans une action de grande ampleur dont nous devenons les témoins (et les acteurs) privilégiés. Fraîchement arrivé à Act-Up Paris, Nathan (Arnaud Valois) devient notre guide, notre ouverture vers une association que nous ne connaissions pas jusqu’ici. Par son biais, on est initié aux actions de l’association et on assiste à ses réunions générales où les discussions sont passionnées et passionnantes. Son seul but (honorable)? Combattre pour une (re)connaissance du sida et créer une réelle prise de conscience auprès de cette population encore peu tolérante. Bien sûr, ce fléau moderne touche la communauté homosexuelle mais pas seulement. Sans elle, sans sa hargne et sa détermination, Act Up n’aurait sans doute jamais vu le jour (pas plus que le film de Campillo) et nous serions passé à côté de cette nécessité de montrer combien il est important de se protéger ou de se soigner ! Mais le combat que présente « 120 battements par minute » ne se mène pas que dans la vie publique. Il s’opère aussi dans l’intimité de Nathan et Sean, qui luttent pour s’offrir un amour sincère malgré la maladie de l’un d’entre eux. Leur histoire vient sceller un scénario fort et est l’occasion de nous emporter dans une multitude de sentiments. Ces «120 BPM », évoqués dans le titre raccourci, correspondant aussi au rythme de la musique électro qui permet à ces jeunes combattants de vibrer dans une sonorité et une danse frénétique pour la vie. Et on mesure l’importance de ces instants éphémères à chaque moment, et encore plus dans sa simplicité et sa banalité. Le compte à rebours contre une mort certaine est enclenchée, parviendront-ils à le repousser/stopper ? Grâce à sa réalisation affûtée, le réalisateur (qui signe ici son troisième long-métrage), capte notre attention, des réunions aux flashbacks, en passant par des scènes plus marquantes. Les dialogues, formidablement écrits, sont percutants et justes. On s’approprie très vite le discours des différents protagonistes et on lutte à leurs côtés pour défendre leurs idées de façon presque naturelle. S’il parait long par moment, le film nous livre de belles émotions, transcendées par un générique de fin muet, où défile sur un fond noir le nom de sa formidable équipe. Parmi eux, celui d’Adèle Haenel, présidente investie, et franchement convaincante, d’Antoine Reinartz de Théophile Ray ou encore celui de l’extraordinaire et mémorable Nahuel Perez Biscayart ! Intelligent et essentiel, « 120 battements par minute », ne laissera personne indifférent. Son public (averti) ne sortira pas indemne de ces deux heures d’investissement auprès d’Act Up et tous ses membres, plus touchants les uns que les autres. Si les slogans de l’association sont percutants, le film de Robin Campillo l’est tout autant ! Date de sortie en Belgique/France : 23 août 2017 Durée du film : 2h15 Genre : Drame Article rédigé par François Résumé du film: En 2029, après leur échec pour éliminer Sarah Connor (Linda Hamilton), les robots de Skynet programment un nouveau Terminator, le T-1000 (Robert Patrick), pour retourner dans le passé et éliminer son fils John Connor (Edward Furlong), futur leader de la résistance humaine. Ce dernier programme un autre cyborg, le T-800 (Arnold Schwarzenegger), et l'envoie également en 1995, pour le protéger. Une seule question déterminera le sort de l'humanité : laquelle des deux machines trouvera John la première ? Avis : Véritable pierre angulaire de la science-fiction, tout a été dit ou presque concernant ce monument du cinéma. Sorti en 1991, après l’excellent « Abyss » (qui a ouvert la voie des effets spéciaux “liquides”), ce film de James Cameron était considéré comme révolutionnaire à l’époque (et encore aujourd'hui d’ailleurs). En partie grâce à des effets spéciaux confondants de réalisme (vous vous rappelez du T1000 traversant les barreaux ?!). La moitié du budget global du film sera d’ailleurs injecté pour ceux-ci! C'est que… il faut bien payer les services de la société de Georges Lucas ILM! En filigrane nous percevons bien sûr cet enjeu majeur et terriblement actuel du contrôle total de notre civilisation par les robots, et donc l’asservissement de l’Homme par les machines. À l’heure de la course vers une véritable intelligence artificielle, ce film fait toujours écho 26 ans après ! Alors, quand on nous a proposé la vision de « Terminator 2 » en 3D, nous nous sommes rués au cinéma pour redécouvrir sur grand écran (le seul qui permet de restituer la beauté de ce film!) Ce déplacement vaut-il finalement le coup? Oui oui et oui ! Quel plaisir de retrouver ce film en 3D puisqu’il n'a ni été pensé ni conçu comme tel à l'origine. Ici, la 3D rend véritablement hommage à ce classique de la SF! Pour arriver à ce niveau de remasterisation, le film a dû être entièrement dépoussiéré! Cela se ressent dès les premiers instants. L’image est à la fois nette et précise et la profondeur de champ est telle qu’elle flatte la rétine de façon extrêmement naturelle! Quel travail extraordinaire de l'image ! Bien sûr, le cinéma offre un autre avantage indéniable : celui du son. Aussi, le film propose une bande originale de tout premier ordre qui dépote ! Sur fond de Harley Davidson, les musiques rock s'enchaînent au son des riffs de guitares des Guns N'Roses et de George Thorogood et les Destroyers (la chanson « Bad to the Bone » restera d’ailleurs à jamais associée à la nudité presque comique de tonton Schwarzie). Tous ceux qui ont découvert ce film en DVD doivent s'empresser de le voir dans les conditions du ciné tant le film est magnifié. Il s’agit presque d’une redécouverte offrant une plus-value (cette fois non commerciale). Vous l'aurez compris, »Terminator 2 3D » vaut largement le détour. Mais qu’y avait-il dans la tête de James Cameron lorsqu'il a décidé de refaire cette remasterisation? Nous en avons aujourd'hui la réponse: célébrer les 20 ans du Jugement Dernier provoqué par Skynet… un certain 29 août 1997, une date qui marqua l'Histoire des Hommes et laissera par la même occasion une empreinte dans le monde du cinéma. Hasta la vista baby! Date de sortie en Belgique : 30 août 2017 Date de sortie en France : 14 septembre 2017 Durée du film : 2h15 Genre : Science fiction Note du film : 4/10 (par Véronique) Résumé du film : Une femme reçoit le colis qu’elle a envoyé quelques temps plus tôt à son mari incarcéré pour un crime qu’il n’a pas commis. Inquiète et profondément désemparée elle décide de lui rendre visite. Ainsi commence l’histoire d’un voyage, l'histoire d’une bataille absurde contre une forteresse impénétrable. Avis : « Une femme douce », le troisième long-métrage de Sergei Loznista présenté à Cannes en mai dernier, est un film clivant. Sombre, volontairement plombant, son film nous entraîne dans le fin fond de la Sibérie, où la population est aussi rude que son climat. Là où d’aucuns trouveront un intérêt certain face à cette fresque post-soviétique d’une Russie austère, d’autres n’y verront que l’ennui. Nous, nous sommes ballottés entre deux sentiments, appréciant la prise de risque du réalisateur de porter à l’écran pareil sujet mais regrettant cette longueur presque soporifique qui vient à plusieurs reprises ternir son propos. Les plans fixes de fin de scènes nous plongent d’ailleurs dans une torpeur dont il est difficile d’émerger mais nous comprenons l’envie de vouloir donner une patte documentaire à sa fiction, domaine qu’il maîtrise puisque Loznista a réalisé une dizaine de documentaires (et courts-métrages). Au-delà de l’histoire de l’héroïne délaissée par tous, « Une femme douce », dénonce bien des choses : une bureaucratie rigide et très réglementée, la corruption, l’appel de l’argent facile par la prostitution, la paupérisation de certaines classes, l’alcoolisme… on assiste à un portrait lugubre d’une Russie tombée dans la désolation. C’est d’ailleurs à travers le regard de cette femme anonyme (elle n’a ni nom ni prénom) que nous découvrons ce pays tombé en désuétude. Spectatrice et victime honteusement malmenée physiquement et psychologiquement (fouille de police, mutisme de l’administration, etc.), elle chemine sur les routes sibériennes avec un seul but : livrer son colis à son mari et obtenir des explications sur le refus de le lui faire parvenir. Cette quête n’est bien évidemment qu’un prétexte pour permettre à Sergei Loznista de mettre en lumière une multitude de dysfonctionnements sociétaux. Peu loquace, cette jeune femme verra, subira, attendra sans ne jamais rien dire. Si elle n’a de douce que l’adjectif, cette femme a d’ailleurs les traits durs, à l’image de cette société peu encline à aider son prochain sans un quelconque intérêt dissimulé ou affiché. Et c’est l’incroyable Vasilina Makovtseva qui prête ses traits à cette héroïne esseulée en attente de réponses. Stoïque tout au long du film, son personnage reste impassible dans les émotions, les réactions et les initiatives, elle agit comme un robot dépourvu de sentiments ou de fierté. On ne peut d’ailleurs s’empêcher d’être irrités dans nos fauteuils devant tant d’injustice et d’incrédulité, le summum étant atteint dans les dernières vingt minutes du film. Long, sombre et agaçant, « Une femme douce » a tout pour nous plomber le moral. A l’instar d’autres cinéastes (citons par exemple l’Italien Pasolini), Loznista dénonce les dysfonctionnement de sa société dans un cinéma qui se veut peut-être trop intellectuel (ou qui fera à coup sûr l’objet d’une intellectualisation exacerbée). Autant le dire, « Une femme douce » n’est pas un film tout public. Cette adaptation de la nouvelle de Dostoïevski choquera (on en veut pour preuve cette avant dernière scène bouleversante), interpellera, étonnera et divisera les spectateurs courageux qui seront entrés dans l’univers du réalisateur ukrainien, pour le meilleur ou pour le pire. A moins d’avoir de réelles bonnes motivations, nous ne saurons trop vous conseiller de réfléchir à deux fois avant de suivre cette « femme douce » sur une route semée d’embûches et de consternations. Date de sortie en Belgique/France : 16 août 2017 Durée du film : 2h23 Genre : Drame Titre original : Кроткая (Krotkaya) Note du film : 6,5/10 (par Véronique) Résumé du film : Décembre 1970. Elvis Presley s’inquiète pour la jeunesse américaine et son attrait pour la drogue. Alors que tout lui réussi, le rockeur n’a qu’une idée en tête : devenir agent spécial pour le gouvernement. Pour obtenir ce grade, il ne voit qu’une solution : rencontrer Richard Nixon himself. Avis : A peine diffusé dans les salles de notre plat pays il y a près d’un an d’ici, « Elvis et Nixon » a enfin trouvé un distributeur belge pour permettre au grand public de découvrir ce long-métrage surprenant. Sympathique sans non plus être le film de l’année, cette comédie est à voir pour le jeu de ses acteurs de feu : Michael Shannon et Kevin Spacey, excusez du peu ! Ces deux grandes figures du cinéma se fondent dans leur rôle malgré la distance physique qui les sépare de leur personnage. Vous imaginiez Shannon en Elvis avant de voir le film ? Nous, non ! Et pourtant, le pari est réussi. Idem pour Kevin Spacey qui n’a plus à prouver qu’il est un comédien de talent ! Après avoir incarné le carnassier Frank Underwood dans « House of cards », l’acteur se fond dans le corps de Nixon en se tordant comme lui, prend ses expressions, son langage et s’il n’en a pas les traits, il a pourtant tout de ce politique si décrié. Pour organiser ce rendez-vous historique (mais peu médiatique) du 21 décembre 1970, il fallait compter sur la coopération des collaborateurs de Nixon et des amis d’Elvis. Là aussi, le casting est parfait ! Dans la suite « royale », on retrouve le mannequin anglais Alex Pettyfer. Très professionnel, l’acteur a déjà quelques films derrière lui et on s’étonne de ne découvrir que maintenant l’étendue de son talent. Passé inaperçu dans nos références cinématographiques, il mérite que l’on se penche un peu plus sur ses capacités de jeux. Aidé par Sonny (Johnny Knoxville de « Jackass ») il mettra tout en œuvre pour accéder à la demande de son célèbre ami : rencontrer Hoover et Nixon, rien que çà ! Dans le cabinet présidentiel, on retrouve avec grand plaisir Tate Donovan (l’avocat Tom Shayes dans la série « Damages »), toujours juste et investi dans son travail. Partagé entre l’excitation de rencontrer le King et son obstination à respecter le protocole, il aura bien du mal à gérer tout ce petit monde. Par chance, il peut compter sur le soutien de Egil Krogh et Dwight Chapin, les conseillers du Président, interprétés impeccablement par Colin Hanks et Evan Peters (Vif - Argent dans « X-Men » ) C’est vrai, la rencontre entre les deux monstres (de l’époque et du 7ème art) se fait quelque peut attendre mais ce n’est que tant mieux. On trépigne d’impatience de voir comment deux caractères que tout oppose vont partager un moment historique que personne n’avait envisagé. Un petit suspense qui sera récompensé par une entrevue… détonante ! Le plus déroutant dans ce film, c’est qu’il met en scène une entrevue qui a véritablement eu lieu et une demande loufoque d’Elvis, pourtant authentique. Ce qui s’est raconté dans le bureau ovale, personne ne le sait vraiment et l’imagination des scénaristes Joey et Hanala Sagal est là pour donner une lecture potentielle de l’événement. A côté de cela, c’est l’euphorie existante autour du King qui est mise en avant et ce, d’une façon très particulière : on s’amuse de voir que les plus grands fans (et imitateurs) ne reconnaissent pas le vrai Elvis alors que tout les autres (jeunes et moins jeunes) s’extasient de le voir débarquer à l’aéroport, dans un hôtel, dans un bureau gouvernemental ou dans un fast food… le décalage est entretenu tout au long du film et ce, jusque dans les moindres petits scènes ! En parlant de détails, la reconstitution de l’époque est fidèlement retranscrite : les couleurs, les costumes, les décors, la bande originale, tout est mis au service du film sans exception… enfin si. Car si on encense le film jusqu’ici, on se doit d’être franc et d’avouer que tout n’est pas entièrement réussi non plus. Là où le bat blesse, c’est dans l’intrigue scénaristique qui se résume à quelques lignes. Cette histoire improbable et l’angle choisi par Liza Johnson auraient pu donner un beau court métrage alors que nous assistons ici à un film peu copieux. Pour rentrer dans le cadre long-métrage, (et remplir l’heure trente qu’il occupe), la réalisatrice nous sert une poignée de scènes étirées et forcément, cela ne peut qu’aboutir sur quelques longueurs pensantes voire dérangeantes. L’idée était ingénieuse, celle d’en faire un long-métrage un peu moins. En bref, « Elvis et Nixon » est à voir pour son casting select de haute voltige, pour son ton décalé et pour son côté « people » made in 70’S léger : une bulle d’air agréable somme toute! Date de sortie en Belgique : 16 août 2017 Date de sortie en France : 20 juillet 2016 Durée du film : 1h36 Genre : Biopic/comédie Note du film : 6,5/10 (par Véronique) Résumé du film : Elle est de retour ! Encore traumatisés par la mort tragique de leur petite fille, un fabricant de poupées et sa femme recueillent une bonne sœur et les toutes jeunes pensionnaires d'un orphelinat dévasté. Mais ce petit monde est bientôt la cible d'Annabelle, créature du fabricant possédée par un démon… Avis : « Annabelle 2 : la création du mal » est quelque peu trompeur. Là où certains s’attendraient à trouver une suite aux aventures de la poupée démoniaque, le film de David F. Sandberg est en réalité un prequel, créant un lien direct avec l’univers de « Conjuring » et d’ « Annabelle » premier du nom. Tous les ingrédients sont donc réunis pour faire tressaillir les amateurs du genre. Mais la sauce prend-t-elle pour autant ? De manière générale, plutôt oui. Pour ce deuxième opus, John R Leonetti a laissé sa place à David F. Sandberg, un réalisateur suédois à la jeune carrière qui n’a signé jusqu’ici que « Dans le noir » (en court et long-métrage). Et ce n’est pas plus mal. En effet, le film de Leonetti était maladroit, ennuyeux et peu abouti. Ici, Sandberg relève le niveau d’un cran et parvient à nous surprendre à plusieurs reprises grâce à une maîtrise de l’univers et une réalisation fine et intéressante. S’il respecte les codes, Sandberg ajoute sa petite touche et ne lésine par sur les effets de surprise qui arrachent quelques cris d’angoisse au public adolescent présent dans la salle. Mais il sait aussi faire quelques clins d’œil au travail de son prédécesseur (on pense au personnage démoniaque de « Conjuring ») ainsi qu’aux autres films du genre (le puits vous fera peut-être penser à « The ring » ?) et notamment à ceux qui sont intimement liés à la genèse de son « Annabelle » … Quand on vous disait que tout était lié. Malgré tout, les non-initiés peuvent aussi entrer dans la demeure des Mullins sans se sentir perdus. Et s’ils aiment se faire peur, ils risquent de se prêter au jeu et de sursauter à quelques reprises. Même s’il use des artifices habituels, le film sait maintenir une certaine tension, notamment grâce à un casting des plus concluant. Parmi les acteurs du film, on trouve la jeune Lulu Wilson, habituée aux films du genre (« Délivre-nous du mal » et « Ouija ») toujours surprenante par son interprétation convaincante. Sa jeune complice, Talitha Bateman n’est pas en reste et nous scotche tant elle parvient à nous retourner tout au long du film. S’il n’est pas utile de détailler l’ensemble du casting (pourtant efficace), soulignons tout de même la présence de deux figures connues du cinéma et de la télévision : Miranda Otto (qui joue, entre autre, Éowyn dans « Le seigneur des anneaux ») et Anthony LaPaglia (« FBI portés disparus », « Frasier » et vu de multiples rôles au cinéma). Outre ses acteurs investis, notons que, comme souvent, le choix des décors est judicieux et les reconstitutions (du milieu du siècle dernier) remarquables. Visuellement, les effets spéciaux sont plutôt réussis et peuvent déstabiliser certains spectateurs impressionnables. Sur la forme, il y a peu à redire finalement. Sur le fond non plus, quoique. Malgré son climax tendu (durant une bonne partie du film), « Annabelle 2 : la création du mal » reste tout de même assez conventionnel. Rien de révolutionnaire côté scénario (toujours écrit par Gary Dauberman) si bien que l’on sait présager de la suite sans réel étonnement. Son existence n’a semble-t-il lieu que pour boucler une boucle présentée quelques années auparavant. Cependant, le film assure dans le style et on trouve ce qu’on est venu chercher : un long-métrage angoissant où chaque porte qui grince fait frémir ses spectateurs plongés dans le noir de leur salle ciné. Appréciable à sa juste valeur, on peut dire qu’ « Annabelle 2 » est un des films du genre les plus maîtrisés depuis ces dernières années mais n’est pas encore prêt à tout révolutionner. Date de sortie en Belgique/France : 9 août 2017 Durée du film : 1h49 Genre : Horreur Titre original : Annabelle: Creation Note du film : 7/10 (par François) Résumé du film: Désireux de se venger du mystérieux Homme en noir, le Pistolero Roland Deschain erre dans un monde ressemblant au Far West, à la recherche de la légendaire Tour Sombre, qu'il espère capable de sauver son monde qui se meurt. Avis : La Tour Sombre c'est avant tout une œuvre gigantesque de Stephen King comprenant huit romans écrits entre 1982 et 2012. L’auteur puisa son inspiration dans un poème de Robert Browning datant du 19e siècle et intitulé « Le chevalier Roland s'en vint à la Tour noire ». Parler de cette œuvre n'est pas évident tant celle-ci présente de nombreuses facettes provenant de genres différents: heroic fantasy, fantastique, western et monde apocalyptique sont autant d'éléments qui se côtoient dans la Tour Sombre. Stephen King himself qualifie son œuvre comme étant le « Jupiter du système solaire de mon imagination » c’est dire si le défi que devait relever le réalisateur Nikolaj Arcel (scénariste des excellents “Enquêtes du département V”) était colossal ! Afin de mettre toutes les chances de son côté il s'est associé au réalisateur et ici scénariste Anders-Thomas Jensen, responsable de cette petite pépite qu’était “Adam’s Apple”. C'est donc avec beaucoup d'appréhension que nous avons franchi la porte du cinéma tant la difficulté de transposer les huit tomes de King nous paraissait déraisonnable. Comment traiter de manière pertinente cet univers en à peine 1h35? Comment rendre compte de sa richesse et de sa folie en aussi peu de temps ? Un projet de série télévisée est en préparation. Mais alors comment s'inscrit ce long metrage? Est-ce une sorte d'introduction à la future série télé ou un film relisant les premiers tomes ? La réponse doit plutôt tenir de la première proposition mais avec l’envie de porter à l'écran la suite de la Tour Sombre. Oui vous avez bien lu. Derrière ce choix étrange, le réalisateur s’est libéré de toute contrainte liée à la linéarité pour puiser de nombreux éléments dans tous les romans parus, sorte de florilège des aventures du pistolero. De cette manière, le réalisateur déjoue le premier piège à savoir un long film introductif où il ne se passe que trop peu de choses. Pourtant, il ne parvient pas à déjouer le second qui est d’offrir aux fans et aux novices un film riche, fouillé, faisant preuve de la densité et de la richesse de l'écrit. Ici, le film reste bien trop en surface et ne fera qu’effleurer cette formidable mythologie. À la lumière de ces éléments, peut-on parler de réussite ou d’une cuisante déconvenue comme nous le clame la presse américaine? Là encore, la vérité pourrait se trouver ailleurs ! Explications. Au chapitre des bonnes nouvelles, nous trouvons le casting. Les trois protagonistes principaux tiennent leur rôle d’une belle façon. Tout d’abord, Idris Elba, qui nous livre une prestation à la fois sobre et efficace. Il fait ici équipe avec le jeune acteur Tom Taylor (Jake Chambers). Enfin, Matthew McConaughey semble s’amuser dans le rôle de l’homme en noir, magicien tout puissant. À l'écran Matthew cabotine pour notre plus grand plaisir et cela fonctionne. Son personnage, cruel et vicieux, donnera du fil à retordre au Gunslinger et offrira de beaux combats parfaitement mis en scène et magnifiés par la musique du compositeur Junkie XL (“Mad Max Fury Road”, “Brimstone”, “Deadpool”, “Batman vs Superman”). Les effets spéciaux concourent à rendre le spectacle attractif visuellement même si on a parfois l’impression d'évoluer dans une série B. En effet, certains monstres et lieux font un peu... téléfilms fauchés. Jamais nous n’avons l’impression d’être aspiré totalement dans cet entre-deux-monde même si le voyage reste plaisant. L’oeil averti saura reconnaître les nombreuses références aux oeuvres de King disséminées ici et là : “Shining” et “Ça” sont peut-être les exemples les plus interpellants. Quant aux lecteurs des romans, ils retrouveront des évocations des éléments constitutifs de l'œuvre (par exemples : les hommes rats, la psyché des enfants pour détruire la tour, le passé familial du héros, etc.) Le film peut aussi miser sur son rythme. Les répliques entre tout ce beau monde fuseront à la vitesse des balles du héros. C'est bien simple, on ne s’ennuie pas une seconde ! Même si bien sûr une demi heure de plus n’aurait pas été du luxe afin d'épaissir le traitement des personnages et de l’intrigue ! Mais ce sera pour la série.. Dans le cas présent il ne faut nullement avoir lu les livres pour entrer dans cet univers. Le film se suffit à lui-même même s’il laisse un portail ouvert sur une suite. Alors bien sûr on peut reprocher le manque de profondeur avec un traitement en surface du matériau d’origine et une vraie déception quant à la psychologie des personnages. Certains dénonceront le format choisi (1h35) pour dépeindre la suite des huit tomes d’un génie littéraire. Pour autant, si vous prenez ce film pour ce qu'il est (un divertissant film d'action rythmé) vous ne serez pas déçu. Si les critiques émises ne vous rebutent pas, nous ne saurions trop vous conseiller de vous laisser tenter par cette brève introduction à l'univers du roi du thriller. Date de sortie en Belgique: 16 août 2017 Date de sortie en France: 9 août 2017 Durée du film: 1h35 Genre: Fantastique/Aventure Note du film : 4/10 (par Véronique) Résumé du film : Les Etats-Unis, dans un futur proche. Mae est engagée chez The Circle, le groupe de nouvelles technologies et de médias sociaux le plus puissant au monde. Pour elle, c'est une opportunité en or ! Tandis qu'elle prend de plus en plus de responsabilités, le fondateur de l'entreprise, Eamon Bailey, l'encourage à participer à une expérience révolutionnaire qui bouscule les limites de la vie privée, de l'éthique et des libertés individuelles. Désormais, les choix que fait Mae dans le cadre de cette expérience impactent l'avenir de ses amis, de ses proches et de l'humanité tout entière… Avis : « The circle » avait beaucoup d’arguments intéressants pour nous convaincre de pousser la porte de notre cinéma et découvrir les dérives d’une société ultra connectée vers laquelle nous tendons à appartenir. Mais le film de James Ponsoldt ne parvient pas à s’appuyer sur cette thématique intéressante et se perd dans les méandres d’une histoire tirée par les cheveux et nous fait très vite tourner en rond. Il y a fort à parier que le roman de Dave Eggers est beaucoup plus dense que le film dont il est l’adaptation. Co-scénariste du film, le romancier nous ouvre les portes d’une entreprise visionnaire où la technologie se met au service de la population. En effet, « The Circle » permet aux citoyens de s’inscrire sur une plate-forme où leurs mails, leurs profils de réseaux sociaux et toute leur vie virtuelle sont connectés, créant des liens avec d’autres usagers, sous l’œil aguerri de jeunes employés. L’objectif principal de ce service était de permettre une transparence totale de chaque individu adhérent à ce système de collectes de données. Cette clarté totale de tout un chacun, du politique au citoyen, aurait pour but de mettre en place une démocratie transparente et donc plus authentique. Le postulat de départ est intéressant et on s’attendait à découvrir les dérives d’un tel service où, la vie privée n’aurait finalement plus lieu d’être. Et pourtant, si sur le papier l’histoire semble fonctionner, les presque deux heures de film nous balade sans jamais nous offrir ce que nous étions venus chercher. Sans connaître l’idée proposée dans le roman, il est difficile de gager que le sujet y est bien mieux développé. Nous ne pouvons donc que juger le film dans sa présentation la plus brute… des plus lassantes. Cette dystopie prometteuse se perd en effet très vite dans du blabla dispensable et une présentation pépère de l’héroïne du film : Mae. Après une première partie scolaire où l’on comprend la psychologie fragile de la jeune employée, on passe dans une découverte des fondements d’un réseau social obscur, dont on ne comprend pas toujours les intentions. Qu’à cela ne tienne, on continue d’avancer dans un scénario bancal qui précipitera sa chute avec une troisième partie tout aussi hallucinante et incompréhensible. Mae, qui a découvert la logistique énorme de son entreprise et les agissements potentiellement dangereux de cette dernière, décide d’offrir sa vie privée à des centaines de million de followers qui la regardent et la suivent minute après minute en commentant chacun de ses agissements... « Big Borther vous regarde » ! Déjà exploité dans d’autres films du genre (et dans une littérature bien plus convaincante, n’est-ce pas George Orwell ?), la thématique du film effleure divers sujets (liberté individuelle, nouvelles technologies ultra-performantes, respect de la vie privée) et n’en approfondit aucun. Pire, lorsqu’une dérive est évoquée (prenons l’exemple des parents de Mae qui, complices de cet étalage public dans un premier temps, finissent par se rétracter face à ce besoin d’intimité perdue), elle est aussi vite oubliée ou esquivée pour passer à une nouvelle idée. Le problème, c’est que « The circle » cumule les erreurs tant dans son scénario que dans sa réalisation. Le film, qui fait 1h50 en tout, nous semble être d’une longueur interminable. Lent, fade et maladroit, il ne parvient pas à capter notre attention et nous assaille d’un ennui incurable malgré les doses de suspicion distillées çà et là. Même le casting peine à nous convaincre. On ne croit pas une seule seconde aux émotions feintes d’Emma Watson, qui minaude une nouvelle fois à longueur de film et qui ne parvient pas à donner une épaisseur à son personnage frêle et crédule. Prise à son propre piège, l’héroïne réagit peu et préfère se laisser emporter dans le tourbillon 2.0 de son entreprise, malgré les conseils avisés de son seul véritable ami Mercer (Ellar Coltrane). Ce n’est pas avec ce nouveau rôle que la jeune actrice parviendra à nous montrer l’étendue de son talent (qu’elle n’est encore jamais vraiment parvenue à nous dévoiler). A l’affiche, on trouve également deux figures de proue : Tom Hanks et John Boyega, dont les rôles sont plus qu’anecdotiques. Peu présents à l’écran, les deux acteurs se font oublier dans cette histoire amorphe et franchement peu convaincante. Pour attiser la curiosité de son public, le film d’anticipation de James Ponsoldt nécessiterait une restauration complète. Son accélération scénaristique et son manque de profondeur du sujet aseptisent les spectateurs et le film ne tient pas ses promesses. Long, approximatif, incohérent, creux, et prévisible, « The circle » ne vaut vraiment pas le déplacement en salles et se fera très vite oublié, du moins, on l’espère. Et pourtant, l’idée de base aurait pu être intelligemment exploitée et aurait pu permettre une prise de conscience plus radicale et mieux amenée. Le seul avantage du film est d’ailleurs de dénoncer une technologie/connectivité de masse qui brise chaque jour les liens qui nous unissent au quotidien et nous font oublier que les amitiés réelles (et non virtuelles). Un conseil ? Mieux vaut consacrer votre budget de cette sortie ciné à de meilleures fins. Et si vous alliez prendre un verre avec un ami un peu négligé au lieu de vous enfermer devant un des films ratés de cet été ? Date de sortie en Belgique : 9 aout 2017 Date de sortie en France : 12 juillet 2017 Durée du film : 1h50 Genre : Science fiction Note du film : 5,5/10 (par Véronique) Résumé du film : Maurice a tout d’un pingouin… mais le tigre est en lui !Elevé par une tigresse, ce pingouin loin d’être manchot est devenu un pro du Kung Fu. Avec ses amis, les As de la jungle, Maurice entend dorénavant faire régner l’ordre et la justice dans la jungle, comme sa mère avant lui. Mais Igor, un koala diabolique, entouré de ses babouins mercenaires pas très futés, a pour projet de détruire la jungle… Les As de la jungle, à la rescousse ! Avis : Destiné à un public très jeune, « Les as de la jungle » est une adaptation de la série télévisée animée du même nom. Aux manettes de ce film édulcoré et dynamique, on retrouve David Alaux, l’un des créateurs de la série en petit format. Le réalisateur et scénariste français réussit-il le pari de porter sur grand écran les aventures de ses animaux préférés ? En partie oui. Si l’on regrette l’ultra nervosité présente dans une partie du film, « Les as de la jungle » a néanmoins le mérite de faire le show et d’amuser les petites têtes blondes en quête d’aventures. A l’affiche de ce film, peu de grands noms du monde du cinéma français qui laissent habituellement le public rêveur. Et pourtant, les plus attentifs d’entre vous reconnaîtront aisément des voix bien connues de tous. Ainsi, on identifie la voix française de Julia Roberts (Céline Monsarrat pour Batricia), de Jim Carrey (mais aussi de Matthew Perry, Mike Myers, Doug Savant… car Emmanuel Curtil a plus d’une corde vocale à son arc de doublage), Whoopi Goldberg (la voix de Maïk Darah est reconnaissable entre toutes) ou encore Laurence Fishburne (Paul Borne interprète ici Bob). Tous font vivre leur personnage avec passion et communiquent des émotions très justement, par le seul pouvoir de leur voix. Des émotions, les petits de 3 à 8 ans en auront quelques unes tout au long de cette heure trente de film. Du rire au stress, en passant par la tristesse, les sentiments qui animent nos petites bêtes héroïques seront nombreux au rendez-vous. Mais la folie est sans aucune doute ce qui domine largement la plupart du film. En effet, Maurice est hyper enthousiaste à l’idée de créer une bande de justiciers. Avec ses petits camarades, le voilà parti aux trousses d’un vilain koala prêt à détruire la jungle et tous les animaux qui la peuplent. Punchy, le film laisse peu de répit à ses spectateurs, nous balançant des couleurs et des détonations en veux-tu en voilà, comme si nous étions à l’une des soirées ultra hip de Tomorrowland. C’est sans doute l’un des défauts majeurs du film. Nerveux, le long-métrage retourne les jeunes enfants dans tous les sens et laissent leurs parents sur le bas-côté de la route à plusieurs reprises. C’est que côté humour, il n’y a en a que pour les petits et encore… Là où certains grands studios d’animation nous offrent une lecture au second degré, « Les as de la jungle » nous propose un produit brut à prendre tel quel. Pareil côté musique. Les derniers films pour enfants proposaient une bande originale des plus intéressantes alors que celui de David Alaux n’est agrémenté que par des musiques bien moins marquantes. Dans l’ensemble, nous dirons que le film manque d’audace et de substance et frôle par moment un humour borderline… Conventionnelle, l’histoire prend une tournure relativement classique alors que son entrée en matière avait de quoi nous en mettre plein les mirettes. C’est un fait, en terme d’animation, TAT productions sait y faire et nous offre de jolies images en 3D. Sur la forme, nous n'avons rien à redire. C'est plutôt dans le fond que cela pèche. S’il était plus abouti, le film « Les as de la jungle » aurait sans doute obtenu une bien meilleure cote mais, il faut le reconnaître, entre l’efficace « Cars 3 » et « Bigfoot junior », sortis cet été également, le film de David Alaux doit envoyer du lourd pour convaincre les familles en quête de péripéties de s’aventurer dans l’univers des As. Du lourd il y en a, mais on aurait davantage apprécié qu’il soit plus justement dosé… Pour les enfants, le film fonctionnera sans doute mais pour leurs parents, il faut se rendre à l’évidence : pour une fois, vous ne ferez qu’accompagner vos petites têtes blondes et verrez peut-être un peu trop le temps passer. Date de sortie en Belgique : 9 août 2017 Date de sortie en France : 26 juillet 2017 Durée du film : 1h37 Genre : Animation Note du film : 8/10 (par François) Résumé du film : L'agent de Lorraine Broughton est une des meilleures espionne du service de renseignement de Sa Majesté; à la fois sensuelle et sauvage est prête à déployer toutes ces compétences pour rester en vie durant sa mission impossible. Envoyée seule à Berlin dans le but de livrer un dossier de la plus haute importance dans cette ville au climat instable, elle s’associe avec David Percival, le chef de station local et commence alors un jeu d'espions des plus meurtriers. Avis : En cette période estivale le cinéma compte déjà de belles productions où l'action semble être au rendez-vous. Jugez plutôt: « La Planète des singes », « Baby driver », « Spider-Man : homecoming » sont autant d'exemples d'un été réussi. Pour autant, la bande-annonce de « Atomic Blonde » ne ment pas et l'action y trouve bel et bien une place centrale. Prenez un film d'espionnage extrêmement nerveux. Ajoutez une héroïne déterminée, sexy et experte en combats rapprochés (à qui Charlize Theron prêtera ses traits). Saupoudrez le tout de faux-semblants, de jeu de dupes dans un climax de guerre froide précédant la Chute du mur de Berlin et vous obtiendrez un film d'action extrêmement efficace dont la fulgurance n'a d'égale que l’excellente composition musicale pop rock des années 80. Attention, ça castagne souvent et très fort! Alors prenez vos pansements, ne comptez plus vos allers-retours entre la RDA est la RFA, et méfiez-vous de tout le monde y compris de ceux en qui vous croyez pouvoir faire confiance. Pendant 1h51 le réalisateur David Leitch (déjà l'auteur de « John Wick ») nous emmène dans ce Berlin divisé fait d'espions, de soldats et d’enjeux stratégiques cruciaux. Et comme si cela ne suffisait pas un agent double se trouve sur place. La première force du film est d'avoir réussi à rendre crédible ce Berlin de l'année 1989. La reconstitution de la ville est saisissante et montre un vrai travail que n’aurait pas renié un historien. C'est bien simple, le réalisateur n'a rien laissé au hasard et cela se ressent. Nous y croyons et prenons plaisir à déambuler dans les rues berlinoises. Et c'est peut-être de là que peut venir, pour certains, le premier élément négatif du film : le réalisme des combats. Là où certains apprécieront grandement la violence de ceux-ci, la chorégraphie des mouvements exécutés, le son de l'impact des coups (il ne manque plus que le goût du sang en bouche) ; d'autres pourraient reprocher le manque de réalisme tant tout ce joli monde (et les agents du KGB en tête) semblent invulnérables. Il en faut beaucoup pour les mettre à terre même si on les cogne, s'ils prennent des balles, s’ils sont brûlés, s’ils reçoivent en pleine figure des objets improbables... ils continuent le combat! (On se souviendra longtemps du porte-clé!). Du coup, le spectateur ne sait plus sur quel pied danser : est-on dans une comédie ou un film d'action sérieux? Peut-être un peu des deux. Vous l’aurez compris, pour en profiter un maximum, le spectateur devra se montrer ouvert d'esprit. Un autre élément réjouissant et sans conteste la musique. En effet la bande originale sert à merveille le rythme du film. Tous les grands tubes des 80’s s’y retrouvent pour notre plus grand plaisir. L'humour est omniprésent et soulève également le changement d'époque avec l'apparition du sampling, incompris par certains protagonistes du film et aujourd'hui inévitable. Enfin, le casting 3 étoiles voir apparaître de sacrés acteurs tel que James McAvoy, Toby Jones, Eddie Marsan ou encore John Goodman : c'est un sans-faute. Au terme des presque 2h de film, nous ressortons pour notre plus grand bonheur courbaturé, exténué et même agréablement surpris par ce film d'action clairement au-dessus de la moyenne dont l'héroïne est le pendant féminin de John Wick. Pour autant, ne prenez pas ce blockbuster gonflé à la testostérone pour ce qu'il n'est pas. Mais dans son genre il sait se montrer généreux. Date de sortie en Belgique/France : 16 aout 2017 Durée du film : 1h55 Genre : Action Note du film : 6,5/10 (par Véronique) Résumé du film : L'histoire d'une jeune ouvrière psychorigide dont le seul repère dans la vie est son travail. Lorsqu'elle apprend que son usine fait l'objet d'une délocalisation sauvage, elle accepte, au grand étonnement de l'entreprise, de poursuivre son boulot en Inde. Accompagnée de deux collègues, elle va entreprendre un absurde périple en voiture jusqu'au bout du monde qui se transformera en une improbable quête personnelle Avis : Qualifié de road-movie féminin, « Crash Test Aglaé » est aussi et surtout une satire sociale dénonçant les aberrations du système de certaines entreprises à l’ère des délocalisations express. Gentillet et positif, le premier long métrage d’Eric Gravel n’est pas non plus un grand film dans le sens premier du terme. Cependant, après 1h30 dans l’univers de la jeune Aglaé, on ne peut qu’affirmer qu’il n’y a pas de mal à se faire du bien : « Crash test Aglaé » est un feel good movie honnête, sans grande prétention ni forte ambition. Se frayant un chemin parmi les gros blockbusters estivaux, le film du réalisateur québécois est une petite bouffée d’air frais dans le paysage audiovisuel actuel. Bien négocié, le film ne risque pas de faire de sortie de route et notamment grâce à son casting féminin adorable ! A l’affiche, on trouve ainsi India Hair (« Camille redouble »), Julie Derpardieu et… Yolande Moreau ! Attachantes, les trois actrices campent des personnages radicalement opposés mais sont totalement raccord sur la sobriété et l’efficacité de leur jeu. Remplie de tocs, Aglaé (India Hair) est une jeune technicienne chargée de la mise en place du crash test d’une usine automobile (d’où le titre du film). Marcelle (Yolande Moreau) la croise régulièrement à la cantine. Vieille fille obsédée par les produits nettoyants de qualité, elle trouve refuge dans des grilles de mots-croisés. Enfin, Liette (Julie Depardieu) jeune femme en quête de maternité, vient récemment de se séparer de son compagnon adultère. On le constate d’entrée de jeu : nos héroïnes ne partagent rien et pourtant ! Alors que leur entreprise annonce une fermeture des portes imminente pour une délocalisation en Inde, elles obtiennent la possibilité de travailler en Asie, selon le régime local : plus de mutuelle, plus d’avantages mais une durée de travail de 48h/semaine et un salaire dérisoire. Qu’à ce la ne tienne, Aglaé accepte et montre ainsi l’aberration d’un système économique. Ses deux copines, subjuguées par sa volonté, la suivront dans sa folle aventure oui mais… Tourné dans une multitude de pays (France, Suisse, Allemagne, Russie, Kazakhstan et Inde) « Crash test Aglaé » peine à décoller dans un premier temps. Après une première partie plus convenue, le film nous fait prendre la route aux côtés d’une jeune femme déterminée à atteindre son but quels que soient les obstacles rencontrées. Peu à peu, la comédie sociale d’Eric Gravel nous embarque et nous fait vivre de jolies émotions. Si l’une ou l’autre se dégonfle en chemin, Aglaé tient bon et pour la première fois de sa vie, la jeune femme parvient à se sentir libre. Ce long chemin qui l’attend est une formidable occasion de se retrouver face à soi mais aussi face à d’autres, de cultures et d’attentes différentes. La route est belle malgré les épreuves et comme le dit l’adage, « ce n’est pas l’objectif qui compte mais le chemin parcouru pour l’atteindre ». Comme le dira elle-même l’héroïne : « Jusque là, je préférais accepter un job merdique en Inde plutôt que me remettre en question ». Les choses vont-elles changer ? « Crah Test Aglaé » vous livrera sa réponse pour peu que vous vous y intéressiez. Date de sortie en Belgique/France : 2 août 2017 Durée du film : 1h21 Genre : Comédie dramatique Note du film : 7,5/10 (par Véronique) Résumé du film : Jake et Mati, deux étrangers, se croisent une nuit à Porto. Une brève rencontre, aussi intense que fugace, dont il ne reste que des souvenirs qui n’appartiennent qu’à eux. Avis : « Porto », le dernier film avec le regretté Anton Yelchin, lui confère une place de choix dans une histoire poétique tant dans le propos que dans l’image. En effet, avec son long-métrage, le jeune réalisateur brésilien Gabe Klinger (34 ans) nous offre une romance en trois temps, nous permettant d’adopter le point de vue des deux protagonistes, séparément et communément. Alors que les souvenirs d’une nuit incongrue et la folie amoureuse de deux inconnus s’étalent en 16 :9, les images de leur vie actuelle défilent en 4 :3, un cadre plus strict, à l’image de la vie moins tumultueuse des deux héros. Mais quel que soit le format proposé, les images superbes (tournées en super 8) offrent un grain appréciable à ce film atypique, lent mais excessivement touchant. Grâce à l’habileté de sa caméra et de son scénario (co-écrit avec Larry Gross), Gabe Klinger met en lumière ses deux comédiens principaux d’une bien jolie façon : Lucie Lucas (rendue célèbre grâce à la série « Clem ») et Anton Yelchin (« Star Trek », « Cœurs perdus en Atlantide » ou encore « Le Prince de Greenwich Village »). Les deux tourtereaux (Mati et Jake) ne se connaissent pas et pourtant. Le hasard de la vie les fera se rencontrer et bouleversera à jamais leur quotidien en les marquant au fer rouge, les faisant errer dans leurs vies jusqu’à une potentielle nouvelle rencontre. Très beaux, les deux acteurs s’accordent et offrent un jeu pudique et néanmoins dense. Abordé du point de vue de Mati, de Jake et de Mati et Jake, le film nous balade de quelques heures du passé à des instantanés du présent, créant une boucle du souvenir et faisant se chevaucher certaines scènes, nous donnant ainsi parfois avec une sensation de déjà vu. Dans ce film, Jake a 26 ans, mais en parait beaucoup plus. Fatigué par cette vie où la stabilité n’a pas sa place, le jeune homme tombe éperdument amoureux de la jolie et photogénique Mati. Mais la folie d’un soir peut-elle perdurer? Le réveil d’une euphorique nuit partagée ne sera-t-il pas difficile à gérer? Ou au contraire, marque-t-il le début d’une nouvelle vie ? Attachants, les deux personnages nous offrent leurs émotions, leurs joies comme leurs peines, leurs sentiments refoulés ou exacerbés. Durant une petite heure quart, « Porto » nous propose donc de mettre un peu de poésie dans une vie banale et nous montre ainsi combien une rencontre peut donner une tournure extraordinaire à un quotidien jusqu’ici réconfortant. Co-produit par Jim Jarmusch (et on comprend vraiment pourquoi tant les univers de Klinger et celui de Jarmusch semblent proches), le film est d’une véritable beauté. Mais l’image suffit-elle à elle même? Récompensé par le Prix BeTv et celui de la mise en scène au dernier Festival du Film d’Amour de Mons, l’histoire dramatique de Klinger prend son temps, permettant aux pauses et aux silences de prendre une place prépondérante, lui donnant par moment une sensation de torpeur. Davantage appréciable pour son traitement d’image que par celui de son sujet, l’histoire concise de « Porto » nous fait entrer dans l’intimité d’une rencontre que l’on partage sans retenue, dans un certain lyrisme et avec un plaisir non dissimulé. Date de sortie en Belgique : 2 août 2017 Durée du film : 1h16 Genre : Drame Note du film : 6,5/10 (par Véronique) Résumé du film : Adam, un adolescent rêveur et solitaire, décide de partir à la recherche de son père, disparu depuis des années dans des circonstances plus que mystérieuses. Il découvre rapidement que son père n'est autre que le légendaire Bigfoot, caché dans la forêt depuis des années afin de protéger les siens et lui-même de HairCo., une dangereuse organisation cherchant à effectuer des expériences scientifiques sur son ADN exceptionnel. Alors que le père et le fils rattrapent le temps perdu et vivent une aventure extraordinaire dans la forêt, Adam découvre qu'il est également doté de pouvoirs surnaturels qui dépassent son imagination. Mais ils ne savent pas que HairCo. est sur leurs traces et prête à tout pour mettre la main sur Bigfoot... Avis : Après les aventures épiques de « Robinson Crusoé » et toute sa clique, le studio d’animation belge nWave remet le couvert et nous emmène dans l’histoire d’Adam et de son père : le célèbre Big Foot. Mais que les fans de « Bigfoot et les Henderson » (sorti dans les années 80) soient avertis : Ben Stassen et Jérémie Degruson nous proposent ici une histoire familiale et originale à milles lieues de la légende de ce yéti américain ! Le savoir- faire en terme d’animation n’est pas réservé aux célèbres studios américains, on a pu s’en rendre compte depuis quelques années maintenant. « Mune : le gardien de la Lune », « Ballerina », ou encore « Les aventures de Samy » sont quelques exemples de films européens de grande qualité graphique. « Big Foot junior », s’inscrit dans la lignée de ces jolis films colorés où l’animation est totalement maîtrisée. Agrémenté des musiques originales du groupe Puggy, le film défend joliment les couleurs de notre nation noire jaune rouge. Oui mais, comme pour ses précédentes réalisations insolites, Ben Stassen a beau nous offrir le plus beau, le plus dynamique des spectacles, il lui manque un élément inévitable : un scénario efficace sur la durée. Si on apprécie réellement le travail fait pour amuser les petits et les grands, les dialogues et l’humour équilibrés pour ne pas lasser le jeune public exigeant, l’apparition d’animaux touchants et amusants, les scènes d’action impressionnantes, ponctuées de petits moments de relâche bienvenus, il nous manque un enjeu crucial et une trame qui tiennent la route. Certes l’histoire est pensée et nous emmène d’un point a à un point b mais on se perd parfois dans cette forêt peu accueillante et dans des méandres scénaristiques élucubrés. Le postulat de départ est intéressant, mais on peine à comprendre pourquoi l’équipe du laboratoire de recherches scientifiques autour du cheveu devient à ce point cruelle et sans cœur. Protégée par une milice de soldats ressemblants à Arnold Schwarzenegger, cette entreprise ne reculera devant rien pour obtenir ce qu’elle veut… Alors qu’il aurait pu rester plus classique mais pour autant efficace, le film nous perd parfois à tel point que l’on regrette que la première partie, très agréable au demeurant, se soit confondue dans de tels choix scénaristiques. Néanmoins, il faut le reconnaître (et nous l’avions déjà évoqué lors de la sortie de « Robinson Crusoé »), le plaisir des yeux est total et cette fois, nous y ajoutons le plaisir des oreilles avec cette bande originale véritablement appréciable. Sympathique et dynamique, « Big foot junior » éveillera la curiosité de nos petites têtes blondes et défend notre savoir faire 100% belge d’une plaisante façon. Rien que pour cela, et parce que vous connaissez peut-être notre goût pour la belgitude, on vous recommandera de vous intéresser à ce petit film qui a tout des grands, ou presque… Pour le reste, si vous vous attendiez à plusieurs niveaux de lecture et à un film pour petits et grands, sachez que le dernier film nWave s’adresse à nos jeunes enfants plutôt qu’à leurs parents. Date de sortie en Belgique : 2 août 2017 Date de sortie en France : 16 août 2017 Durée du film :1h31 Genre : Animation Note du film : 7,5/10 (7/10 pour François, 8/10 pour Véronique) Résumé du film : Baby, un jeune et talentueux chauffeur pour braqueurs de banque (Ansel Elgort) s’évertue d’être le meilleur dans son domaine. Lorsqu’il rencontre la fille de ses rêves (Lily James), il voit une chance d’en finir avec sa vie criminelle et d’en sortir pour de bon. Mais après avoir été forcé à travailler pour un criminel haut placé (Kevin Spacey), il doit faire face à la réalité lorsqu’un braquage tourne mal et que sa vie, son amour et sa liberté sont menacés. Avis : Démarrant sur les chapeaux de roues avec une première séquence très dynamique, « Baby driver » vaut la peine que l’on s’y attarde quelques minutes. Avec sa bande originale ultra plaisante et sa réalisation au top, il y a fort à parier que le film de Edgar Wright saura trouver son public en salles cet été. A peine le générique a-t-il fini sa première note que nous voilà installés face à un héros attendant ses compagnons pour un casse des plus rythmé. L’excellente première partie faite de courses poursuites spectaculaires donne le ton : impossible de s’ennuyer une fois monté à bord du dernier film du réalisateur britannique. Baby, est un héros charismatique malgré son jeune âge et son mutisme dominant. Ansel Elgort (Caleb Prior dans « Divergente ») est totalement taillé pour ce rôle et nous offre une prestation mémorable. Son personnage principal est d’ailleurs bien dessiné et son portrait, dressé dès la toute première scène, apporte énormément au ton voulu pour ce film extraordinaire (en tout cas, dans un premier temps). Atypique et déjà attachant, Baby n’a pas froid aux yeux et fait vrombir son bolide au son de musiques pop/rock diverses et variées. Celle-ci est d’ailleurs très liée à la personnalité du héros et fait partie de la construction narrative de l'ensemble. Aussi efficace en voiture qu’à pied, notre jeune pilote apporte réellement sa pierre à l’édifice de « Baby Driver ». Pour autant sa construction ne se fait pas au détriment de l'action et nous croyons véritablement au héros tant son histoire et sa psychologie sont développées. « Baby Driver », que l’on compare souvent à « 60 secondes chrono », fait en effet référence à de nombreux autres longs métrages du genre ou à ceux du catalogue Sony (les cinéphiles attentifs s’amuseront d’ailleurs à retrouver ces petits clins d’œil semés çà et là). Baby nous fait d’ailleurs énormément penser au héros de « Drive » (interprété par Ryan Gosling), lui aussi peu loquace et tenu par une certaine mafia. Et pourtant, il parvient à se démarquer et à nous présenter une originalité bienvenue en ces temps de reboots, prequels, remake en tous genres. La réalisation d’Edgar Wright est admirable. Ses nombreux plans-séquences et autres travellings sont la preuve d’une maîtrise du temps et de l’espace tant ils sont étudiés, rythmés et pensés de façon à nous immerger efficacement dans l’intrigue du film. La photographie, très stylisée, elle aussi, nous propose un petit grain de photo « à l'ancienne », nous renvoyant presque à une temporalité très 80’s alors que le film est bel et bien contemporain. Techniquement, nous n’avons presque rien à redire. Les dialogues, très bien écrits eux aussi, sont dotés d’un humour appréciable et délectable. Ils permettent à tous les personnages présentés d’exister véritablement et sont la preuve que le travail d’écriture a été mené jusqu’au bout, dans les premiers comme pour les seconds rôles. C’est que le casting compte de sacrés bons comédiens pour accompagner le jeune Ansel Elgort ! Citons par exemple l'excellent Jon Hamm (aperçu dans « Mad Men »), Jamie Foxx mais aussi John Berthal (vu dans « The Walking Dead ») ou encore Eiza González Pourtant tout n’est pas parfait dans « Baby Driver ». En effet, après une première partie franchement efficace, on se perd dans un dernier tiers plus poussif et convenu. Il viendra presque à ternir la toile de maître jusqu'ici novatrice. De même, nous nous interrogeons également sur l'orientation étrange du personnage du Doc, interprété par Kevin Spacey tout à fait correct. En définitive, « Baby Driver » est un très bon divertissement et se frayera aisément un chemin parmi les sorties de l'été. Avec sa bande originale inlassable et son ton parfois décalé, le film vaut largement le détour par la case ciné. Date de sortie en Belgique : 2 août 2017 Date de sortie en France : 19 juillet 2017 Durée du film : 1h55 Genre : Action/ comédie |
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