Résumé du film : « Rémi sans famille », adaptation du célèbre roman d’Hector Malot, retrace les aventures du jeune Rémi, orphelin recueilli par la douce Madame Barberin. À l’âge de 10 ans, il est arraché à sa mère adoptive et confié au Signor Vitalis, un mystérieux musicien ambulant. À ses côtés, il va apprendre la rude vie de saltimbanque et à chanter pour gagner son pain. Accompagné du fidèle chien Capi et du petit singe Joli-Coeur, son long voyage à travers la France, fait de rencontres, d’amitiés et d’entraide, le mène au secret de ses origines… Note du film : 7/10 (par Véronique) Avis : Maintes fois adapté au cinéma ou sur le petit écran, « Rémi sans famille » trouve une nouvelle fois sa place grâce à une version française signée Antoine Blossier. Mené tambour battant par Daniel Auteuil et Maleaume Paquin, ce film d’initiation laisse bien sûr place au drame familial sans jamais tomber dans le mélodrame. Dans la même veine que les « Belle et Sébastien » qui ont conquis le cœur de nombreuses familles, « Rémi sans famille » se fond dans des paysages français magnifiés par des couleurs chatoyantes, un parfum de nature palpable tant nous entrant au cœur des forêts, landes et autres campagnes de l’hexagone du XIXème siècle. Et ça fonctionne ! Si on accepte de se laisser emporter par le récit et guider par nos deux compagnons de route que sont Rémi et Vitalis, le voyage vous semblera, certes rude, mais au final agréable. Bien sûr, on pourrait reprocher le côté théâtral et parfois faux de certaines émotions mais il faut prendre le film pour ce qu’il est : une aventure familiale aux multiples embûches, déceptions ou déchirures. Ce qui touche dans ce long-métrage, c’est le passage de relais entre Vitalis et Rémi, l'apprentissage de la lecture, le goût partagé de la musique, l’importance des certaines valeurs transmises avec pudeur du maître à l’élève. Mais aussi le récit du vieux Rémi, admirable Jacques Perrin, aux enfants venus le rejoindre au fil de la nuit pour écouter ses étonnantes (et parfois tristes) aventures. Pour qui connait un tant soit peu l’univers d’Hector Malot dont sont issus les séries télévisées, téléfilms et autres adaptations ciné, on s’attend à découvrir un univers sombre, dramatique et d’une dureté prégnante. C'est en effet le cas. Mais heureusement, l’arrivée de Vitalis, Joli-Cœur et Capi dans la vie de Rémi va soulever les cœurs, les faire battre ou les briser selon les émotions vécues. Parcourant les routes, s’arrêtant dans les villages pour proposer leurs multiples talents, la troupe de saltimbanques vit autant de joies que de peines, nous faisant rire, sourire ou verser notre petite larme, difficile à retenir… La musique de Romaric Laurence, véritable valeur ajoutée au film, nous emporte elle aussi sur son passage, d’autant plus qu’elle est l’un des sujets principaux de cette nouvelle relecture. Le dévouement, le partage, l’amitié ou l’empreinte du passé sont autant d’autres thématiques venues se greffer sur ce drame connu de tous. Offrant un très joli moment de cinéma à toute la petite famille, « Rémi sans famille » est efficace et conviendra assurément aux petits et grands spectateurs, venus trouver refuge dans leur salle préférée un jour de vacances. ► Les bonus En plus de sa traditionnelle bande-annonce, « Rémi sans famille » nous offre, dans sa version DVD, un making of de grande qualité. Réalisé par Jerico, ce contenu additionnel de presque 40 minutes donne la parole au réalisateur, à ses acteurs et à ses techniciens à travers sept chapitres instructifs. Après avoir évoqué la raison qui a poussé Antoine Blossier à découvrir et raconter ce récit populaire de façon plus moderne, nous nous plongeons avec délice dans les secrets et l’esprit de cette fabuleuse. Bienvenue dans les coulisses de « Rémi sans famille » conte moderne où l’innocence de l’enfance et l’hostilité du monde adulte se font face. 1. Les acteurs du film Du rajeunissement de Madame Barberin au choix de confier le récit de l’histoire de Jacques Perrin, nombreuses sont les petites confidences faites sur et par les comédiens. En dépoussiérant un peu ce grand récit de la littérature enfantine, Antoine Blossier a voulu tourner avec des acteurs de sa génération ou d’autres qui le faisait rêver. La douceur de la maman adoptive, l’implication de Ludivine Sagnier (mère elle-même de trois enfants), la dureté et la brutalité de Monsieur Barberin, cet homme détruit interprété par Jonathan Zaccaï, le choix de Daniel Auteuil de perdre dix kilos pour le rôle et se faire pousser la barbe mais aussi le choix évident de lui confier le rôle d’un mentor tant son charisme naturel, son coffre et sa voix si particulière lui étaient des atouts évidents pour devenir ce Vitalis bienveillant, le rôle compliqué de Virginie Ledoyen, qui illustre la lutte des classes ou l’apparition de Jacques Perrin, émouvant et si fascinant, tous sont passés en revue par Antoine Blossier, qualifié à maintes reprises par ses comédiens de réalisateur doux et ultra-professionnel. Si le film a longtemps été préparé en amont, il n’aurait sans doute pas été le même sans l’investissement total du jeune Maleaume Paquin, dont on peut mesurer, à la vue de ses premiers essais, l’indéniable talent. Combatif et sensible à la fois, le jeune acteur a dû entrer dans la peau de son personnage pour oublier le Maleaume du XXIème siècle et cerner la détresse d’un gamin du 19ème siècle. Attachant et très volontaire de bien faire, le comédien en herbe n’en est désormais plus un.
La relation exceptionnelle qui animait les acteurs, les dresseurs et les animaux, les taquineries du petit singe et la bienveillance de l’équipe entière du film agrémentent ces cinq grosses minutes de bonus de bien sympathique façon. 3. Les costumes du film Le film étant féérique et enchanteur, il fallait de jolis costumes pour Vitalis et Rémi. La cape de marcheur qui lui donne un côté mystérieux, les détails de son gilet, les tenues des femmes plus maternelles et celles plus pastel des enfants permettent ainsi la magnificence des tableaux réalisés les costumes qui se fondent avec délice dans les décors du film. 4. Les décors du film Dans ce chapitre, on apprend que 64 décors ont été indispensables pour permettre la réalisation du film. Avec eux, c’est une grande logistique qui a été mise en place, afin de permettre aux spectateurs de faire partir du voyage et d’arpenter les routes du Sud-Ouest ou de la région d’Aubrac, vestiges d’une France rurale du 19ème siècle ravivée pour le plus grand bonheur de tous. 5. La lumière du film Si la couleur du film a, à elle-seule droit à ses explications, c’est parce qu’elle est cruciale pour apporter de la magie, de la féérie à l’univers mis en place par Antoine Blossier. La couleur, vecteur d’émotions, permet à chaque univers de s’exprimer, de partager ses joies ou ses dangers. 6. Les défis techniques Le plan d’introduction du manoir par drône pour modéliser l’ambiance, la réalisation de la tempête de neige avec le corps figé de Rémi ou les effets spéciaux pour la ville de Londres en 1885 refaite entièrement en 3D sont autant de petits défis techniques relevés avec brio par les équipes minutieuses d’Antoine Blossier. Des micro-coulisses qui permettent de mesurer combien rien n’a été laissé au hasard et surtout combien il était important de rendre le tout extrêmement cohérent. Enfin, l’ « Epilogue », dernière page de ce très complet making of, résume à lui-seul la passion qui a animé chaque acteur de terrain pour ce « Rémi sans famille » revisité. Un film fait par des passionnés, toujours soucieux de bien faire, usant de moyens techniques énormes mais qui n’ont jamais éclipsé le côté humain. Une invitation au voyage réussie qui les a fait rêver… et nous aussi. Genre : Drame familial Durée du film : 1h48 Bonus: 40 minutes pour la version DVD
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Résumé du film : À plus de 80 ans, Earl Stone est aux abois. Il est non seulement fauché et seul, mais son entreprise risque d'être saisie. Il accepte alors un boulot qui, en apparence, ne lui demande que de faire le chauffeur. Sauf que, sans le savoir, il s'est engagé à être passeur de drogue pour un cartel mexicain. Extrêmement performant, il transporte des cargaisons de plus en plus importantes. Ce qui pousse les chefs du cartel, toujours méfiants, à lui imposer un "supérieur" chargé de le surveiller. Mais ils ne sont pas les seuls à s'intéresser à lui : l'agent de la DEA Colin Bates est plus qu'intrigué par cette nouvelle "mule". Entre la police, les hommes de main du cartel et les fantômes du passé menaçant de le rattraper, Earl est désormais lancé dans une vertigineuse course contre la montre... Note du film : 8/10 (par Véronique) Avis : A 88 ans, Clint Eastwood n’a pas fini de nous étonner. Après un déraillement dispensable qui nous laissait craindre une difficile remontée en selle, le revoici devant et derrière la caméra d’un nouveau drame biographique de grande qualité : « La mule ». Papy Clint est de retour et fait redorer ses lettres de noblesse ! Inspiré de la vie de Léo Sharp (renommé ici Earl Stone pour les besoins du film), « La mule » nous conte les nombreux va-et-vient entrepris par un nonagénaire, ancien vétéran de guerre (ici de celle du Vietnam alors que Léo Sharp avait pris les armes lors de la Seconde Guerre Mondiale) et passionné des hémérocalles. Exproprié de chez lui, coupé de sa famille (qu’il a toujours laissée de côté au profit des compétitions florales et des récoltes et cultures de fleurs multicolores) et désargenté, le vieux Earl est contraint d’abandonner les terres qui lui étaient chères et de trouver refuge ailleurs, emmenant dans son ancien pick up quelques maigres souvenirs de sa vie d’antan. Fort heureusement pour lui, Earl fait la connaissance d’un jeune latino qui lui propose de devenir le transporteur pour des amis à lui. Voyant là l’opportunité de se refaire financièrement, notre vieil américain accepte et se retrouve à sillonner les routes des USA du Sud au Nord sans savoir ce qu’il transporte vraiment. Faussement naïf, plus solide qu’il n’y parait, Earl va ainsi entrer en contact avec diverses branches d’un cartel qui fait frémir les membres de la DEA (le service de la police fédérale chargé du contrôle des drogues). Pour rendre ce fabuleux projet possible, Clint Eastwood a su s’entourer de nombreux collaborateurs avec qui il a déjà réalisé des merveilles par le passé. Ainsi, le scénario de « La Mule » est écrit par Nick Schenk, à qui on doit le mémorable « Gran Torino ». Pas étonnant dès lors que l’on retrouve cette patte qui nous a fait (sou)rire il y a dix ans de cela, cet humour grinçant et parfois politiquement incorrect qui amuse le public et colle si bien à la peau du feu Inspecteur Harry. Assagi, moins rustre que dans d’autres de ses rôles, Clint Eastwood fait ce qu’il sait faire de mieux, mais avec un peu plus de retenue. Lui qui continue d’impressionner son entourage par son énergie débordante et sa rage de vivre a dû se contenir ici et adopter les attitudes d’un vieux monsieur qui ne lui correspond pas tout à fait. Ce qui étonne dans le dernier long-métrage de Clint Eastwood, c’est son histoire invraisemblable et pourtant vraie. Leo Sharp est en effet devenu la meilleure mule du Cartel de Sinaloa à la fin des années 80 alors qu’il était âgé de 90 ans ! Lui qui n’avait jamais été condamné par la justice, qui n’a reçu aucune contravention ni aucun procès pour excès de vitesse, transportait des centaines de kilos de drogue du Texas à l’Illinois sans se faire pincer par les forces de l’ordre. Bien sûr, pour donner un certain modernisme à l’histoire, Nick Schenk a transposé les faits à notre époque, s’amusant d’ailleurs de certaines de nos manies et addictions. Mais ce qui fait ressortir le film du lot, c’est le message livré en substance, de façon parfois peu subtile, celui de l’importance de la famille et des moments précieux que l’on ne peut revivre une fois révolus. Sous sa facture classique et sa maîtrise presque ordinaire, « La mule » révèle des valeurs sûres et une histoire qui parle à bon nombre d’entre nous. On se prend de sympathie pour ce Earl foireux et aventureux, on s’amuse des entourloupes dont il use (et abuse) et on se dit que décidemment, Clint Eastwood a bien fait de revenir à ce qu’il sait faire le mieux et nous fait largement oublier le naufrage dans lequel il s’était enlisé l’an dernier. ► Les bonus Le film est un incontournable dans la carrière de Clint mais pas ses bonus. Très courts et peu variés, ceux-ci ne proposent qu’un making of (riche et instructif malgré ses 5 minutes) et le clip de la chanson de Toby Keith. Si le clip vidéo de « Don’t let the Old Man in » (par Toby Keith donc) offre une belle balade illustrée avec des images du film, nous retiendrons surtout « La création de la Mule » qui évoque la genèse du film mais aussi la vision du personnage de Earl, l’acting de Clint et le plaisir pour ses collaborateurs de tourner avec lui.
Un Clint qui a apprécié tourner avec sa fille et chacun de ses comédiens. Le bonus est aussi l’occasion de récolter les impressions de chaque acteur et producteur sur le personnage de Clint mais aussi de l’immense réalisateur et acteur qu’il est. On s’en doutait, Clint Eastwood ne fait pas dans la demi-mesure et est aussi exigeant avec lui-même qu’avec les autres et accorde beaucoup d’importance au choix des décors, à l’importance de chaque détail pour que tout soit parfait à la première prise. De la difficulté de filmer le champ de fleurs au souhait d’être irréprochable dans la mise en scène des narcotrafics, tout est mis en place pour que ce road movie (aux magnifiques plans larges) soit le plus authentique possible. Dans les anecdotes mémorables, notons celle des costumes portés par Clint, issus des autres métrages dans lesquels il a jadis joué pour rendre ce petit côté usé et ancien propre à son personnage. A l’image du film où humour et tragédie prennent place dans la vie d’un personnage attachant, ce court making of est l’occasion de mesurer combien le réalisateur aime repousser les limites et rencontrer des obstacles dans la vie qu’il négocie avec brio pour offrir un long-métrage plus qu’appréciable. Genre : Drame Durée du film : 1h57 Titre original : The mule Résumé du film : Quand une attaque dévastatrice laisse Mark Hogancamp bouleversé et amnésique, personne ne s’attend à une guérison. Mais en rassemblant des fragments de son passé et du présent, Marc parvient à créer méticuleusement un monde merveilleux qui l’aidera dans son rétablissement. Son étonnante installation artistique devient un hommage aux femmes puissantes qui le soutiennent dans son voyage. Note du film : 7/10 (par Véronique) Avis : Il s’est fait discret ces derniers temps. Robert Zemeckis a, depuis l’échec de « Alliés », produit la série « Manifest » et préparé un retour assez étonnant avec son nouveau long-métrage « Bienvenue à Marven ». Sorti directement en DVD/Blu-Ray dans notre plat pays, le film avait pourtant trouvé la voie des salles française sans obtenir les grandes faveurs de son public. Et pourtant, son originalité et son audace auraient pu être davantage reconnues à leur juste valeur car, pour notre part, nous avons apprécié découvrir son univers déjanté… Retour dans le petit village belge fictif du grand Zemeckis ! La thérapie artistique de Mark Hogankamp Tabassé à la sortie d’un bar à cause de son goût pour les chaussures à talons, Mark Hogancamp, un vétéran américain est sorti de son coma sans se rappeler de sa vie d’avant. Celui qui aimait tant dessiner ne sait plus que tracer de vagues traits pour écrire quelques mots, des phrases qui lui manquent pour exprimer sa douleur et sa détresse. En proie à des crises d’angoisse, Mark Hogancamp a trouvé un moyen d’exorciser ses peurs : photographier ses mises en scène faites dans son petit village de Marwen, créé de toute pièce dans son jardin. En animant des poupées et en créant un monde imaginaire articulé, Mark revit des étapes de sa vie mais aussi son agression, fait vivre de folles aventures à Hogie, héros de guerre entouré d’une garde rapprochée exclusivement féminine. Apprécié et aidé par les habitants de son village, Mark a pourtant beaucoup de mal à aller de l’avant. Seule la présence des femmes de son entourage semble le rassurer, qu’il s’agisse de Anna, son infirmière russe, Carlala, sa collègue mexicaine, Julie sa rééducatrice, Roberta la vendeuse au magasin de loisirs créatifs ou encore Nicol sa nouvelle voisine Ces figures bienveillantes, Mark les a transposées dans son univers miniature et terriblement vivant, leur donnant force et courage pour affronter les nazis venus semer la zizanie dans son village modélisé. Sorte de Canary Bay, Marwen est sensé représenté un petit bourg belge issu de l’imaginaire de notre artiste marqué par son agression. Y rejouant les traumatismes de son esprit, Mark y fait rentrer de nouveaux protagonistes au fil des événements de sa vie si bien que ces petits modèles réduits ont une place importante et cruciale dans sa propre existence. Entre fiction et réalité Mêlant drame, humour, comédie et romance, « Bienvenue à Marwen » se veut être un film complet dans lequel réalité et fiction s’entremêlent avec beaucoup d’ingéniosité et d’émotions. Particulièrement bien écrit, tant dans son intrigue que dans ses dialogues, le film puise ses idées dans le vécu du vrai Mark Hogancamp, déjà mis en images dans le documentaire « Marwencol » de Jeff Malmberg. Mais là où l’exercice de style est remarquable, c’est dans le choix opéré par le réalisateur américain de juxtaposer performance capture et images live dans un même récit. Terriblement efficaces, les scènes animées des poupées apportent leur lot de fantaisie, de dramaturgie et de comédie, s’imbriquant avec délice dans la vie « réelle » d’un Mark Hogancamp interprété avec bio par le grand Steve Carell. Celui qui, durant de nombreuses années, s’est cantonné dans des rôles de trublion parvient ces dernières années à trouver des films où il peut exprimer toute l’étendue de son talent :« Beautiful boy », « The big short » ou encore « Battle of the sexes » en sont d’autres beaux exemples. Mais autant le procédé est admirable, autant cette redondance peut, par moments, allonger considérablement une intrigue qui aurait gagné en intensité si elle avait été plus concentrée. Avec « Bienvenue à Marwen », Robert Zemeckis renoue avec un cinéma qui lui va à merveille et semble même mettre en abîme ses propres angoisses, ses propres amours, ne reculant pas devant le plaisir de glisser quelques (gros) clins d’œil à sa filmographie déjà si dense. Après s’être perdu en chemin dans un film de guerre, le réalisateur parsème son univers miniature de références à la Deuxième Guerre tout en déjouant les pièges d’un film artistique sans âme dans lequel nous n’aurions pas trouver la petite émotion juste apportée par l’authenticité d’un Steve Carell rempli d’humanité pour son personnage habité. L’objectif de Mark Hogancamp fait écho à l’œil de la caméra de Robert Zemeckis, un cinéaste qui a choisi d’immortaliser sur la pellicule la cruauté du monde humain, mais surtout les valeurs solidaires qui nous font espérer une vie aux beaux lendemains. ► Les bonus Après la découverte de huit scènes coupées (où les personnages ne sont pas toujours finalisés numériquement), on se plonge dans la découverte des « Personnages de Marwen » où on découvre comment les comédiens ont été choisis mais aussi comment chacun s’est investi dans son rôle. Diane Kruger, Leslie Mann, Steve Carell, Gwendoline Christie, Janelle Monae, Merritt Wever, Eiza Gonzalez ou encore Leslie Zemeckis (l'épouse de Robert) se succèdent rapidement pour brosser ce portrait général des habitants de Marwen.
Mais que serait son film sans le village créé de toute pièce par le personnage de Mark ? « La construction de Marwen » nous conte comment toute l’équipe a fabiqué un monde à l’échelle 1/6 à partir des propres constructions du vrai Mark Hogancamp. Les astuces pour créer ce petit village, le souhait de monter des décors faits de bric à brac, le souci du détail et les cinquantaines de poupées créées (dont la conception est évoquée dans « Poupées vivantes ») pour animer ce monde miniature, tout prend vie sous nos yeux ébahis et admiratifs du travail réalisé en amont du tournage avec des technologies numériques époustouflantes. Genre : Drame / Action Durée du film : 1h56 Titre original : Welcome to Marwen Bonus : Quarante minutes de scènes coupées et coulisses du tournage. Résumé du film : Boy Erased raconte l’histoire courageuse de Jared Eamons, fils d’un pasteur baptiste d’une petite ville américaine, qui doit surmonter les conséquences de son coming out face à ses parents. Ces derniers ont du mal à concilier leur amour pour leur fils avec leurs croyances. Craignant de perdre sa famille, ses amis et sa communauté, Jared doit participer à un programme de thérapie de conversion. C’est là que Jared entre en conflit avec le responsable du camp et que commence son voyage pour trouver sa propre voix et accepter sa véritable identité. Note du film : 7/10 (par Véronique) Avis : Evoquant les centres de thérapies évangélistes aux Etats-Unis et leurs méthodes archaïques et totalement ahurissantes, « Boy Erased » se rapproche considérablement de « Temblores » sorti dans nos salles au début de ce mois de mai. Mais au contraire de son pendant guatémaltèque, le deuxième long-métrage de Joel Edgerton n’a pas trouvé ses faveurs auprès de nos distributeurs belges et s’octroie une sortie exclusivement matérielle, à notre grand regret. En effet, s’il possède un classicisme certain et un petit manque d’audace, « Boy Erased » avait de beaux arguments pour se frayer un chemin jusque dans nos salles obscures, à commencer par son casting 4 étoiles et son histoire singulière. A Memoir of Identity Adapté du roman autobiographique de Garrard Conley (« Boy Erased : A memoir of Identity, Faith ans Family » publié en 2016), la nouvelle réalisation de Joel Edgerton possède une sincérité qui ne peut que toucher ses spectateurs. Investi dans une interprétation impeccable, Lucas Hedges parvient à donner vie à un Jared perdu et abandonné par ses proches, bien plus préoccupés par le qu’en dira-t-on et leur orgueil que par la détresse de leur enfant. Habitué aux rôles délicats, Lucas Hedges (« Manchester by the sea », « Ben is back ») parvient une nouvelle fois à exprimer toute l’empathie qu’il a pour son personnage et nous entraîne, tête baissée, dans un parcours ahurissant et choquant. Installant un climat de malaise, Joel Edgerton pose les jalons d’une histoire personnelle dans laquelle nous évoluons à tâtons aux côtés d’un Jared éprouvé et pourtant déterminé à s’affirmer. Si ses parents (formé par l’excellent tandem Nicole Kidman/Russell Crowe) acceptent mal sa récente homosexualité, Jared trouve le moyen d’éviter le scandale familial en suivant les conseils prodigués par l’église dans laquelle prêche son père. Mais cette option, finalement imposée par son paternel, ne sera pas sans conséquence… LGBTQ Vs LIA Encore stigmatisés et victimes de propos homophobes, la communauté homosexuelle vit, à l’heure actuelle encore, des heures sombres. A travers son film et sans non plus pointer du doigt les différents protagonistes, Joel Edgerton soulève les consciences et dénonce l’existence des thérapies de conversion, censées ramener les pêcheurs à la raison. Tolérées dans 36 états et ayant reçus plus de 700 000 citoyens américains, ces « institutions » considèrent l’homosexualité comme une maladie ou une déviance qu’il faut impérativement soigner. Se réfugiant d’être les Ecritures, ses formateurs sont, pour une partie d’entre-eux, passés par cet état et en sont sortis plus forts, ce qui leur donne une certaine de forme de légitimité… scandaleux non ? Violence physique ou verbale, traumatisme psychologique, dépréciation de ses membres, les méthodes utilisées sont plus que douteuses et horrifient quiconque prend la peine de se pencher sur leur cas. Pas étonnant dès lors qu’à la lecture du roman de Garrard Conley, l’acteur et réalisateur ait voulu mettre des images sur les mots et livrer un film dense dont le sujet ne peut qu’offusquer son public. Parfois étiré en longueurs par les nombreux flashbacks bruts apportés au fil de l’intrigue, « Boy erased » a sans doute moins d’impact que « Temblores » mais a le mérite de permettre au grand public d’ouvrir les yeux sur des pratiques qui, au XXIème siècle, existent toujours, bouleversent de nombreuses vies et bafouent les libertés individuelles. ► Les bonus ◄ Riche en scènes coupées ou allongées, la section bonus permet de se plonger dans 23 scènes supplémentaires et trois autres petits bonus complémentaires. Alors que certaines sont plus anecdotiques, d’autres scènes coupées sont plus intenses voire indispensables au film et auraient mérité leur place dans le montage finale. On en veut pour exemple celle de la rencontre entre Sykes et Jared, des années après la thérapie. Cette bouleversante confession, évoquée dans les cartons de fin de film, avait un intérêt certain à être intégré tant le face à face entre les deux comédiens est admirable. Il en va de même pour d’autres éléments « accessoires » comme la très courte « chambre de Jared mise sans dessus-dessous », ou encore « la visite de la prison », où Jared accompagne son père, pasteur compatissant envers les incarcérés et non envers son propre fils… Et ce n’est rien à comparer aux paroles glaçantes d’un confrère qui relève, sans élégance, que c’est là que finissent les pêcheurs… Comme si la sexualité d’un individu pouvait le condamner et le priver de liberté… A travers le très (trop ?) court « Jared révélé », le spectateur reçoit les confidences de Joel Edgerton, celles de la découverte de l’histoire de Garrard, de son approche et son propre ressenti face à la thérapie que ce dernier a suivie. Mais c’est aussi l’occasion de découvrir comment Lucas Hedges a reçu cette histoire vécue et mis en œuvre un travail en profondeur qui ne peut que rendre hommage à ce Garrard à lui-même traversé. « La construction des Eamons » poursuit dans cette même lignée puisqu’elle permet de comprendre comment Joel Edgerton a su donner vie à la propre famille de Garrard. On suit ainsi l’évolution des réactions, des émotions de chaque protagoniste, on découvre la ressemblance entre Russell Crowe et le vrai père de Garrard et combien le personnage de Nancy, prise entre l’envie de suivre les conseils de son mari mais aussi celle d’aider son fils a conduit au choix naturel de Nicole Kidman.
Pour mener à bien son projet, Joel Edgerton n’a pas cessé de jongler avec différentes casquettes, portées durant le tournage, avec une incroyable énergie. Mission réussie. Genre : Drame / biographie Durée du film : 1h55 Bonus : Une trentaine de minutes Résumé du film : David, 23 ans, vit au présent. Il jongle entre différents petits boulots et recule l’heure des choix plus engageants. Tout vole en éclats quand sa sœur aînée meurt brutalement. Il se retrouve alors en charge de sa nièce de 7 ans, Amanda. Avis : En mettant face à face Vincent Lacoste et la toute jeune Isaure Multrier, Mikhaël Hers nous livre un film remplit de sincérité. C’est que, le drame post attentat parisien qu’il met en scène durant moins de deux heures est surtout l’occasion de voir comment deux êtres qui s’aiment pudiquement doivent appréhender une nouvelle vie et avancer malgré le deuil qui les unit. Film vérité sur la maturité, « Amanda » se veut pudique et tendre à la fois. Mon oncle, ce héros. David, Sandrine et Amanda forment une famille presque comme les autres. Les deux premiers, frère et sœur, partagent une complicité évidente malgré quelques tensions liées au manque de responsabilité de l’un et la cool attitude de l’autre. Lui est élagueur pour la ville de Paris et responsable d’appartements meublés, elle prof d’anglais dans un lycée. La petite Amanda, 7 ans, blondinette aux yeux clairs, évolue entre les deux membres de sa famille qui s’accordent pour aller la chercher, la garder et partager avec elle des petits moments de complicité. Mais la petite routine instaurée par la tribu Sorel va voler en éclats lorsqu’un beau jour d’été, Sandrine tombe sous les balles de terroristes. David, en retard comme toujours, arrive sur les lieux et se rend compte de la violence de l’acte mais aussi de celle à laquelle sa jeune nièce va être confrontée. Privée de sa mère, sans aucun repère paternel, la petite fille n’a plus qu’une seule épaule sur laquelle pleurer : la sienne. Mais est-on prêt à 23 ans à élever une enfant, à devenir l’adulte qu’on a toujours refusé de devenir, à se partager entre deux boulots alimentaires, une nouvelle amourette et un rythme de vie qui laissent peu de place à de telles responsabilités ? Ces questions, David devra se les poser et mettre en place un avenir équilibré pour Amanda pour qui la vie vient de basculer. Ensemble, les deux endeuillés vont apprendre à (re)vivre et à s’accorder. Centré sur la paternité nouvelle, « Amanda » a la délicatesse de ne pas s’enliser dans des condamnations post attentats mais de montrer comment deux vies a priori incompatibles vont devoir se réorganiser. Si David doit gérer la petite Amanda et la douleur de la perte de sa maman, il doit aussi faire face à son propre deuil et à son manque de maturité. L’adulescent nonchalant et inconscient qu’il était jusqu’à ce soir dramatique va devoir grandir bien vite et prendre en charge un être fragile qu’il a vu grandir depuis quelques années. Parallèlement à cela, il va également devoir faire face aux blessures physiques mais surtout morales qui ont marqué à jamais ses amis, eux aussi présents sur place mais qui, au contraire de Sandrine, sont toujours vivants. Vincent et Isaure Si le film fonctionne raisonnablement, c’est avant tout grâce au duo formé par Vincent Lacoste et Isaure Multrier. Complices mais distants, les deux héros partagent des souvenirs, des moments et des discussions à ne plus en finir et donnent vie à cette famille sans grand repère de façon concluante. S’il est de tous les plans, Vincent Lacoste parvient à se mettre à la hauteur de sa jeune partenaire et à ne jamais effacer cette dernière, dans les scènes de joie comme dans celles de peine. Nonchalant comme toujours, le comédien français fait preuve d’une belle sincérité de jeu, même si certaines scènes nous semblent parfois un peu surjouées et l’interprétation parfois trop théâtrale. Amoureux, perdu, compatissant ou responsable, David passe par différents stades de réflexion autour de sa vie personnelle mais aussi familiale. Le temps de l’innocence pour Amanda et lui fait à présent partie du passé. Il est à présent temps de se reconstruire et d’avancer main dans la main, aussi long soit le chemin. Cette évolution, nous la percevons véritablement à l’écran grâce à l’investissement de ses deux jeunes comédiens et nous parvenons à garder espoir et à croire que les lendemains de leurs deux personnages ne seront pas constitués que de chagrin… Sans tomber dans un pathos exacerbé et en gardant un cap sans ne jamais s’éparpiller, « Amanda » de Mikhael Hers est un film de belle facture qui tient la route avec efficacité. ► Les bonus Dans les bonus du film, on trouvera l’habituelle bande annonce proposée par Cinéart mais aussi « Isaure et Amanda » qui reprend le casting de la toute jeune comédienne, de sa présentation au tournage. Touchante, la petite fille garde son émerveillement pour le monde de la comédie et se livre peu à peu sous l’œil complice de la caméra. Durée du film : 1h47 Genre : Drame Bonus : Bandes annonces et casting de la jeune Isaure Résumé du film : Pendant la guerre froide, entre la Pologne stalinienne et le Paris bohème des années 1950, un musicien épris de liberté et une jeune chanteuse passionnée vivent un amour impossible dans une époque impossible. Note du film : 9/10 (par Véronique) Avis : Ode à l’amour suspendu dans le temps, rendu impossible par l’Histoire qui se joue des deux amants, « Cold war » est aussi beau par son esthétisme que par ses sentiments. Quand Robert Doisneau rencontre Roméo et Juliette, cela donne l’histoire enivrante de Zula et Wiktor, deux amants dont la romance n’épouse jamais vraiment le rythme du métronome de leurs sentiments. Portés par les chants slaves traditionnels, le travail et la détermination de ces jeunes polonais qui se battent contre eux-mêmes pour donner la meilleure des performances (et ainsi gagner un peu de reconnaissance) nous nous évadons, partons à la découverte d’une Pologne des années 50 que l’on connaît finalement si peu. Pour cristalliser la dureté et l’absence de liberté de l’époque sur la pellicule, nous assistons à la naissance d’une douce romance en pleine Guerre froide avec tout ce que cela peut engendrer comme difficultés, secrets pour que rien ni personne ne puisse l’empêcher. Elle est jeune, sensuelle, remplie de talent. Il est plus âgé, déterminé et très doué. Cet amour, né dans la légèreté de la musique, est bien sûr illégal et controversé mais aussi à l’image de deux générations qui n’ont pas toujours les mêmes rêves à concrétiser. Leur éducation et leur milieu, leur statut et leur histoire sont autant de barrières qui se dressent devant Wiktor et Zula comme celles qui séparent l’Europe de l’Est et son pouvoir communiste d’après-guerre de l’Ouest où l’art et la liberté peuvent vivre des jours heureux. Petit bijou cinématographique qui brille à travers sa photographie en noir et blanc, « Cold War » offre une intensité émotive comme on en vit rarement. Avec son nouveau long-métrage, Paweł Pawlikowski capte une fois de plus l’intensité des regards (et notamment ceux de Zula et Wiktor, interprétés respectivement par Joanna Kulig et Tomasz Kot), des histoires individuelles et collectives, nous livre des émotions diverses avec pudeur et mais toujours la même perspicacité. Tout est précis et fluide dans son cinéma, et, comme les mouvements des danseurs de sa troupe, glisse sur notre grand écran pour que le spectacle soit total. Tout au long de son histoire, « Cold War » nous a fait voyager dans le temps, dans l’espace, dans les émotions de ses héros attachants tout en parvenant à nous éblouir par sa beauté. Une vraie petite pépite ! ► Les bonus Le Making of : De la collaboration organique entre les acteurs, les techniciens et le réalisateur aux répétitions des danses, le making of (en couleurs) brosse un portrait très complet du tournage de « Cold war ».
« Regard sur Cold War ». Dans ce petit bonus, le critique Pierre Murat décrypte l’histoire de « Cold War » et évoque les références qui ont fait de ce long-métrage ce qu’il est. Intéressant, ce quart d’heure illustré des images du film nous permet d’avoir une relecture de l’œuvre passionnante de Pawel Pawlikowski. Enfin, on ne dérogera pas à la bande annonce du film qui, par sa grâce et ses images savamment choisies, ne donne qu’une envie, se (re)plonger dans le film de Pawlikowski Genre : Drame Durée du film : 1h24 Titre original : Zimna wojna Résumé du film : Amoureux depuis l’université, Will et Abby, deux jeunes New-yorkais, se marient. Alors qu’ils s’apprêtent à devenir parents, leur trajectoire se mêle à d’autres destins. Ceux de Dylan, jeune femme perturbée qui tente d’apaiser sa souffrance, d’Irwin, qui élève sa petite-fille dans un monde dangereux, de M. Saccione, riche propriétaire terrien espagnol, et de son intendant Javier, entouré de sa femme Isabelle et de leur fils Rodrigo. De New York à l’Espagne, SEULE LA VIE… croise les parcours d’êtres humains de générations différentes qui n’étaient pas appelés à se rencontrer. Avis : Sorti furtivement dans nos salles et disponible en version DVD et VOD dès le début du mois de mars, « Seule la vie » de Dan Fogelman nous conte l’histoire de trois générations de héros que tout semble opposer mais qui se rassemble autour d’une lignée. Mais c’est aussi une présentation affectueuse de l’héritage culturel et familial d’êtres qui n’ont pas toujours choisi la vie qu’ils vont mener mais qui vont décider de la vivre intensément ou du moins, de mieux qu’ils le peuvent. Des confidences thérapeutiques de l’extravagant Will Dempsey à la narration finale de sa dernière héroïne, « Seule la vie » nous fait traverser plusieurs décennies sans jamais respecter une parfaite chronologie. En effet, ce qui démarque « Life Itself » (en version originale) des autres films du genre, c’est sa narration atypique et intelligente, sa trajectoire vers divers destins qui se croisent vers un événement dramatique commun, des vies qui laissent derrière elles des traces de leurs existences, fussent-elles longues ou bien trop courtes. De personnages secondaires en héros éphémères, ce sont des instantanés de vie qui nous sont présentés, indépendants mais toujours concordant, tendres et touchants. Ode to my family Celui qui s’était déjà attaché à la thématique de la famille (et de la rédemption) avec un « Danny Collins » brillant bien que peu populaire nous livre à nouveau un long-métrage frais et intelligent. Dan Fogelman, scénariste (notamment pour Disney) n’a réalisé que deux longs-métrages depuis peu de temps mais garde une approche humaine et réaliste de sujets sensibles et universels faisant de lui, un cinéaste intéressant. Emouvant à diverses reprises, le film se veut pourtant porteur d’un espoir et convoyeur d’un héritage qui a su traverser les périodes de deuil, de maladie ou de crises mais aussi d’amour vrai. D’un appartement new yorkais à la campagne espagnole, en passant par un cabinet de psychothérapeute à de grands boulevards américains, on se perd avec délice dans ces instants de vie fixés sur la pellicule comme dans les souvenirs de ses narrateurs. Mais le plus grand narrateur n’est-il pas la vie elle-même comme le démontre Abby, une des premières héroïnes du film, dans sa thèse littéraire farfelue ? Si on regrette quelques émotions poussives dans sa dernière partie, l’ensemble de son long-métrage vaut largement le coup d’œil pour son formidable casting (composé, entre autres, de Oscar Isaac, Olivia Wilde, Olivia Cooke, Antonio Banderas, Annette Benning ou encore du furtif Samuel L. Jackson) et sa fresque familiale chapitrée et savamment amenée. Genre : Drame Durée du film : 1h52 Titre original : Life itself Bonus : aucun Résumé du film : Rien ne semble troubler la paix de Hardborough, aimable bourgade de l'Est de l'Angleterre. Mais quand Florence Green, une jeune veuve, décide d'y ouvrir une librairie, elle découvre l'enfer feutré des médisances puis l'ostracisme féroce d'une partie de la population. Alors que la très influente Violet Gamart monte les habitants contre son projet, Florence trouve un soutien précieux auprès du mystérieux Mr Brundish, qui trouve que cette petite ville a bien besoin d'un souffle nouveau. Note du film : 6/10 (par Véronique) Avis : Récompensé par trois Goya pour son dernier long-métrage, Isabelle Coixet nous propose, avec « The Bookshop » de nous plonger dans des décors de cartes postales de l’Est de l’Angleterre et dans la passion littéraire d’une jeune libraire. Authentique et sympathique, son film nous raconte l’histoire de Florence, jeune veuve courageuse dévoreuses de livres et amie des auteurs de toutes époques. Son rêve le plus fou ? Ouvrir une librairie dans le village portuaire de Hardborough. Mais en achetant la Old House et en espérant piquer la curiosité des habitants de la région, la jeune femme provoque la colère de Violet Gamart (Patricia Clarkson), une noble aigrie qui avait d’autres projets pour ce lieu emblématique. S’exposant au courroux de cette dernière, Florence poursuit néanmoins la concrétisation de son rêve sans demander l’aide de personne. Mais heureusement pour elle, elle pourra compter sur la bienveillance d’un vieil amateur de littérature… Très simple dans son écriture, efficace dans sa présentation même si certains passages nous paraissent relativement longs, « The bookshop » se laisse regarder avec le même plaisir que celui de la lecture d’un roman de Mary Ann Shaffer et Annie Barrows. Cela n’a d’ailleurs rien d’étonnant lorsque l’on sait que le métrage est tiré du récit du même nom. Très esthétique, le film de Isabelle Coixet nous montre combien la détermination et la passion sont de sacrés moteurs de vie mais aussi combien celle de vouloir anéantir les projets et les rêves pour sa propre gloire personnelle peut avoir des conséquences dramatiques dans le quotidien de notre prochain. Si on ne comprend pas l’obsession de Violet pour une maison dont elle n’est même pas propriétaire, nous ne maitrisons pas plus les tenants et les aboutissants des querelles qui occupent une grande part du récit. Mais qu’importe, on s’attache très vite à cette Florence (gracieuse Emily Mortimer) discrète et enjouée lorsqu’il s’agit de dépoussiérer ses précieux ouvrages, on s’amuse de l’échange de livres et courriers partagé avec le vieux Edmund Brundish (Bill Nighty) et on se plait à flâner entre les rayonnages de cette vieille demeure où sont alignés les plus belles tranches de bouquins colorés. Evoluant dans un décor pittoresque de l’Après-Guerre, le petit monde de « The bookshop » s’anime durant une grosse heure trente et nous fait prendre une bouffée d’air frais agréable. Classique et gentillet, le film ne manque pas d’intérêt et plaira certainement aux amateurs de petits films anglais qui ne se douteront pas une seule seconde que celle qui est aux commandes de ce drame so britsh est en réalité la réalisatrice espagnole la plus récompensée de son pays. Genre : Drame Durée du film : 1h48 Bonus : Making of et clip musical de Ala.Ni « Feeling lonely » Résumé du film : A l’intérieur d’un tribunal, ZAIN, un garçon de 12 ans, est présenté devant le juge. LE JUGE : « Pourquoi attaquez-vous vos parents en justice ? » ZAIN : « Pour m’avoir donné la vie. » Note du film : 8/10 (par Véronique) Avis : Auréolé du Prix du Jury du Festival de Cannes 2018, « Capharnaum » de Nadine Labaki avait marqué bon nombre d’esprits. Divisant la critique et s’attirant parfois les foudres de certains médias, le troisième long-métrage de la réalisatrice libanaise n’a pourtant pas grand-chose à se reprocher, si ce n’est de mettre en lumière le misérabilisme de certaines régions de notre planète et la survie d’enfants dans des milieux que beaucoup d’entre nous auraient fuis depuis longtemps. Poignant, dérangeant et émouvant, « Capharnaum » est un appel de détresse qui a su trouver une voix : celle de Zain Al Rafeea. Une enfance bafouée En ouvrant son film sur la plainte de Zain, adolescent d’environ 12 ans qui purge une peine de prison pour avoir attenté à la vie d’un proche de sa famille, Nadine Labaki ne fait qu’activer un des leviers qui poussera la porte de son long-métrage interpellant. Debout et aux côtés du son jeune acteur, la réalisatrice incarne l’avocate de ce petit garçon téméraire qui donne une leçon de courage à tous les spectateurs, qu’importe leur âge. La symbolique est belle, le procédé curieux mais est une chose est certaine, la boucle que nous nous apprêtons à suivre ne laissera personne indemne et le retour dans cette salle d’audience se fera avec de nombreuses clés en main et un respect certain pour tous ceux qui se sont battus corps et âme avant de se retrouver à la barre de cette histoire mais aussi du long-métrage. Zain est un petit garçon courageux. Évoluant dans les rues des bas-fonds de Beyrouth, il travaille à l’épicerie du coin pour rapporter quelques précieuses livres libanaises à ses parents totalement dépassés et à côté de leurs pompes. Entassés dans un taudis où les innombrables frères et sœurs se collet les uns aux autres sur un matelas pour partager une nuit peu réparatrice, les enfants n’ont pas la possibilité de jouir de l’innocence de leurs plus belles années. Entre deux livraisons de bouteilles de gaz, de ventes de jus de fruits ou de chewing-gums, les plus âgés d’entre eux vont aussi chaparder les vivres nécessaires pour que chacun mange à sa faim. Là où d’autres joueraient au ballon ou sauteraient à la corde, Zain et sa sœur Sahar tentent de survivre, complices et bien plus matures que des adolescents de leur âge. C’est d’ailleurs cette maturité qui précipitera les événements tragiques de leur vie familiale lorsque Assadd, l’épicier pour lequel travaille Zain, demandera Sahar (11 ans !) en mariage et l’achètera à ses parents. En colère, le jeune homme qui avait tout tenté pour la sauver de ce destin tracé s’enfuit de chez lui, se retrouvant dans une autre vie de misère où toutes les astuces sont bonnes pour dormir au sec et se nourrir comme il peut. Des destins croisés En entrant dans l’histoire de Zain, c’est tout un pan de la misère humaine que l’on découvre avec ahurissement. C’est que la capitale libanaise est non seulement devenue un lieu de conflits (politique et religieux) mais aussi une ville en désordre, où migrants, enfants abandonnés, misère et pauvreté se côtoient dans des quartiers délabrés. Ce capharnaüm aussi dur soit-il à regarder, est à l’image d’une partie de notre humanité, que beaucoup tentent d’éviter. Cette misère, Nadine Labaki la filme caméra au poing ou à l’épaule, apportant un réalisme cru à l’histoire dans laquelle évolue, bien malgré lui, le jeune Zain.
Alors oui, on se serait bien passé de la petite musique larmoyante qui accompagne les temps forts et provoque l’émotion mais n’étions-nous pas déjà touchés par ce qui se tramait sous nos yeux ? N’étions-nous pas déjà en colère de voir ces enfants devenus esclaves de leur (sur)vie, laissés à eux-mêmes dans des situations qui ne devraient pas exister ? « Le Cauchemar de Darwin » de Hubert Sauper nous avait fait l’effet d’une claque il y a 14 ans de cela et avait déjà créé la polémique. « Capharnaüm » fait de même et nous jette au visage la violence du quotidien d’enfants qui n’ont pas demandé à naître dans ces coins abjects de notre planète. Cette chronique d’un drame familial et humain scandalise peut-être certains critiquent et spectateurs mais n’est-ce pas la réalité dépeinte à travers cette fiction qui devrait soulever les consciences ? Comment expliquer à ce jeune "acteur" de 13 ans, venu fouler le tapis rouge de la Croisette, qu’une fois le film oublié, il y a de fortes chances pour qu’il retrouve sa dure réalité ? Le cinéma n’a-t-il par parfois le devoir de montrer ce qui se trouve devant nous une fois que l’on a ôté nos œillères ? Ne faut-il pas parfois émouvoir un public pour qu’il mesure la chance de se trouver dans une Europe relativement prospère où survivre n’a pas la même définition que dans ces régions abandonnées à leur propre sort ? Nous, on remercie la réalisatrice libanaise d’avoir éveillé notre conscience et d’avoir été la porte-voix de ces enfants (et de ces migrants) qui n’en ont pas et qui errent dans les rues dans l’attente d’un lendemain un tout petit plus rayonnant... Genre : Drame Durée du film : 2h03 Bonus : Aucun, hormis la bande annonce du film Résumé du film : Alors que son mariage bat de l’aile, la juge Fiona Maye se lance à corps perdu dans une affaire particulièrement compliquée, celle d’un jeune garçon de 17 ans malade qui refuse un traitement médical sur base de convictions religieuses. Note du film : 6,5/10 (par Véronique) Avis : Emma Thompson, voilà une comédienne qui se fait trop rare sur nos petits et grands écrans. Cantonnée dans des seconds rôles bien en-deçà de son talent (on en veut pour prendre sa dernière apparition dans « Johnny English contre-attaque »), la comédienne britannique a pourtant plus d’une corde à son arc pour faire vibrer celle de nos émotions. Fort heureusement pour nous, Richard Eyre (aussi peu prolifique au cinéma ces derniers temps) lui offre un rôle taillé sur mesure dans lequel elle brille indéniablement. Fiona, juge des familles, statue dans de nombreux dossiers complexes. Extrêmement sollicitée (mais aussi médiatisée), elle s’investit dans ses cas houleux au détriment de sa vie privée. Négligeant les sorties avec son mari (toujours excellent Stanley Tucci), la Lady ne voit pas combien l’équilibre conjugal vacille et risque de chuter. Alors qu’une nouvelle affaire vient de trouver le chemin de sa juridiction, Fiona devra faire face à une blessure personnelle et des troubles émotifs qui pourraient bouleverser son impartialité. Mais son professionnaliste et sa droiture ne failliront pas et c’est ouverte et attentive que la juge Maye se lancera dans son nouveau cas, celui de Adam (Fionn Whitehead), jeune témoin de Jéhovah qui refuse la transfusion sanguine nécessaire à sa survie. Entre la salle d’audience, son bureau au tribunal de Londres et son appartement cosy, on suit Fiona May de sa médiatique et délicate dernière affaire à celle qui occupera l’essentiel de l’intrigue écrite par l’auteur et scénariste Ian McEwan. Particulièrement bien amené, le verdict ordonné par la juge semble totalement cohérent avec le prescrit légal relatif à l’intérêt de l’enfant, même si Adam est déjà âgé de 17 ans et quelques mois et qu’il refuse toute transfusion pourtant indispensable dans la stabilité de sa leucémie avancée. S’en suivra une série d’événements qui montreront toute l’humanité de la femme de loi, dissimulée derrière un détachement tenace qui force le respect. Impressionnante de justesse dans son rôle de juge, Emma Thompson porte à elle-seule tout l’intérêt du film de Richard Eyre. Relayant au second plan des problématiques qui méritaient plus d’approfondissement, le réalisateur britannique passe parfois à côté de son sujet, préférant se focaliser sur la relation qui unit Fiona et Adam plutôt que de mettre en lumière les fêlures d’un couple qui s’aime mais ne se comprend plus. Et pourtant, la douleur qui s’est immiscée dans la vie privée de cette Lady n’est pas étrangère aux réactions inhabituelles de celle qui fait de la loi son porte-voix. Valant le coup d’œil pour l’interprétation magistrale d’Emma Thompson (et du discret mais tout aussi performant Stanley Tucci), « My lady » a certes un parti pris et une relative prévisibilité mais fait partie de ces films qui, comme « L’affranchie » soulève les questions de la limite de la Foi. Ici, le long-métrage laisse à chacun le choix du respect du jugement, pris par femme, fragilisée mais professionnelle dans sa décision et qui a agi en son âme et conscience dans l’intérêt de la survie d’un adulescent. Genre : Drame Durée du film : 1h41 Titre original : The children act Bonus : Interviews du réalisateur Richard Eyre, l’écrivain et scénariste Ian McEwan et de la comédienne Emma Thompson Résumé du film : Lors de la rénovation d’un immeuble à Beyrouth, Toni, un Chrétien libanais, et Yasser, un réfugié palestinien, se disputent au sujet d’un problème de plomberie. La discussion s’envenime et Yasser finit par insulter Toni. Blessé dans son orgueil, Toni décide de porter plainte. Rapidement, ils sont tous deux entraînés dans une spirale infernale dont la portée ira bien au-delà des murs du tribunal. Note du film : 6/10 (par Véronique) Avis : Réalisateur de la série « Baron Noir », Ziad Doueiri rêvait depuis toujours de livrer un film où les joutes verbales seraient centrales. C’est précisément ce qu’il parvient à faire avec « L’insulte ». Opposant un réfugié palestinien à un garagiste libanais, son dernier long-métrage est autant un film de procès qu’une mise en lumière des dérives de situations anecdotiques et pourtant dramatiques. Yasser est un ouvrier compétent. Lorsqu’il reçoit de l’eau tombée d’une gouttière mal installée, il décide de la réparer, au même titre que tous les vices de construction du quartier dont il a la charge. Mais cela ne plait guère à Toni, qui déteste viscéralement les réfugiés venus s’installer à Beyrouth. Une malheureuse parole qui dérape, une insulte et la situation s’envenime. Mais plutôt que de s’excuser, Yasser, blessé au plus profond de son âme par les paroles abjectes de son interlocuteur, finit par en venir aux mains. Les mots vont trop loin, les actions semblent irréparables et voilà que la justice et la ville toute entière se trouvent mêlées à ce conflit bien plus profond qu’il n’y parait. Lancée dans une véritable guerre rhétorique, Yasser et Toni n’en finissent plus de se provoquer. Sans doute parce que les deux hommes ont été marqués par les affres du passé et qu’il devient impossible de ne pas voir en l’autre une réminiscence des peuples ennemis. Méprisables dans leurs actes, les deux hommes ont pourtant de nombreuses choses en commun mais leur aveuglement est tel qu’ils préfèrent nettement les plaidoiries et exposés de la cour à quelques excuses ou poignées de main. Formidablement interprété par Kamel El Basha (qui a d’ailleurs obtenu le prix d'interprétation lors du Festival de Venise 2017) et Adel Karam (qui en mérite un tout autant), le film pêche parfois dans ses exagérations et ses aberrations scénaristiques. Si la photographie de Beyrouth et de ses peuples est intéressante, on s’étonne de voir un manque de tenue dans les tribunaux, une émulation locale pour cette histoire banale et un final aussi prévisible que déroutant. Explorant la thématique du manque de compréhension et d’empathie entre deux peuples, le réalisateur de « L’attentat » prend à bras le corps un sujet houleux pour en faire un film accessible à tous et particulièrement bien écrit dans ses dialogues. Evoquant une bataille juridique aux apparences banales, « L’insulte » gratte là où ça fait mal et montre combien les cicatrices des guerres civiles environnantes n’ont pas fini de rejaillir sur les générations suivantes. Oeuvrant pour la dignité de leur famille, de leur peuple et de leur religion, les deux hommes outrepassent le conflit individuel pour en faire un fait de société dans lequel chaque réfugié pourra sans aucun doute s’identifier. Qui a raison ou qui a tort ? Cette question fondamentale n’est pas fondamentale dans le fond car chacun à sa part de responsabilité dans le jugement de l’autre et dans la violence verbale ou physique dont il a fait preuve. Faisant l’apologie de la paix, le film de Ziad Doueiri a certes quelques faiblesses mais il a également une force indéniable : celle de proposer, par un traitement humain, un sujet encore trop sensible dans de nombreuses régions du monde et de prôner le vivre ensemble, quelque ait été notre passé et surtout quelque soit notre avenir. Genre : Drame Durée du film : 1h54 Titre original : قضية رقم ٢٣ (Qadiya raqm 23) Résumé du film : Marie Madeleine est un portrait authentique et humaniste de l’un des personnages religieux les plus énigmatiques et incompris de l’histoire. Ce biopic biblique raconte l’histoire de Marie, une jeune femme en quête d’un nouveau chemin de vie. Soumise aux mœurs de l’époque, Marie défie les traditions de sa famille pour rejoindre un nouveau mouvement social mené par le charismatique Jésus de Nazareth. Elle trouve rapidement sa place au cœur d’un voyage qui va les conduire à Jérusalem. Note du film : 8/10 (par François) Avis : Déjà en 2017, l’Australien Garth Davis nous montrait l’étendue de son talent avec son « Lion », touchante histoire vraie portée à l’écran. Cette année, c’est dans un projet assez périlleux que nous le retrouvons. Car oui, transposer « Marie Madeleine » à l’écran, c’est s’attaquer à une figure aussi importante que méconnue. Cela relève plus du pari hautement risqué que du film de commande. Tout d’abord, parce que nous en savons très peu sur ce personnage biblique. Disciple fidèle (et spirituelle) de Jésus, les évangiles diront qu’elle fut témoin des épisodes de la Passion et de la Résurrection du Christ. Ensuite, pour toutes les raisons que l’on peut imaginer, filmer la Galilée d’alors n’était pas une mince affaire. Et pourtant, Garth Davis, nous livre avec beaucoup de pudeur et de maestria sa vision de la société au temps de Jésus. Quand l’originalité du point de vue apporte une plus value… Porter la vie de Jésus Christ à l’écran a toujours suscité l’envie de nombreux réalisateurs. Avec plus ou moins de réussite d’ailleurs, de nombreuses adaptations ont défilé sur nos écrans. Citons par exemple la meilleure adaptation à ce jour - car la plus fidèle aux Ecritures- signée Pier Paolo Pasolini (« L’Evangile selon Saint Matthieu » en 1964). Mais nous nous ne pouvons oublier pour autant « La Dernière tentation du Christ » de Scorsese (1988), ou plus récemment la vision polémique de Mel Gibson (« La Passion du Christ en 2014). Ici, le choix du réalisateur se veut singulier et payant : éviter de partir de Jésus mais bien d’un personnage secondaire et féminin pour approcher la figure du Messie. Résolument moderne dans son approche, le réalisateur a voulu dépoussiérer le message biblique. D’ailleurs, les producteurs diront justement : « Chaque génération amène sa relecture des grands mythes sur lesquels est basée notre société. Le cinéma se doit d’adopter une vision contemporaine afin de faire écho aux problèmes actuels et d’être capable d’interpeller et intéresser le public. La relecture de la destinée du Christ à travers le regard d’une femme nous a semblé amener un nouvel éclairage sur le passé tout en faisant écho à des problèmes très actuels". Les premières images dévoilent Marie Madeleine entourée de sa famille dans un petit village de pécheurs. Les dialogues nous permettent de recontextualiser très vite le temps du récit. En effet, nous apprenons que Jean le Baptiste a été tué par Hérode. D’emblée, nous sommes conquis par le choix du casting : Rooney Mara est impressionnante dans ce rôle ! Ses yeux disent tellement, que dans ses silences, nous comprenons l’état psychologique de son personnage ! Toujours juste, elle incarne une Marie Madeleine parfaite dans l’expression de sa foi ! La caméra l’accompagne avec de magnifiques champs/contre-champs et filme des paysages de toute beauté qui font penser à ceux de la Galilée. Souvent, nous nous émerveillons devant les panoramas et le filtre choisi pour sublimer le tout. Pour autant, bien que le repérage du film se soit fait en Israël, beaucoup de scènes ont été tournées dans le sud de l’Italie et en Sicile pour un résultat confondant de réalisme ! Quant aux décors et costumes, un grand souci du détail a été apporté. Casting étoilé pour le Messie et ses compagnons de route Mais si Rooney Mara crève littéralement l’écran dans son rôle de Marie, il en va de même pour Jésus ! Nous ne présenterons plus Joaquin Phoenix tant sa filmographie parle pour lui. Cependant, ici, il parvient à nous surprendre une fois de plus tant sa propension à habiter son personnage est forte. Un peu à l’image du caméléon, il s’efface pour incarner le Fils de l’Homme dans ses tourments, ses doutes, sa colère (la scène du Temple est éloquente) et bien sûr son humanité. Il y a d’ailleurs une dimension bienveillante lorsque l’on observe le jeu de Joaquin Phoenix qui est assez touchante. Mais ses disciples ne sont pas en reste ! Nous avons été conquis par le jeu de Tahar Rahim en Judas. Chacune de ses apparitions témoigne d’une profonde implication. Aussi, nous comprenons les agissements « du plus fidèle » des disciples dont l’Histoire retiendra la traîtrise. Quant à Pierre (convaincant Chiwetel Ejiofor), premier dirigeant des premières communautés, il semble tout comme les autres (à l’exception de Marie Madeleine), ne pas comprendre le véritable dessein de Jésus. En cela, le traitement des disciples est fidèle puisque ces derniers ne perçoivent pas ce qui se joue ou devra se jouer. Croyant que le Royaume est à venir bientôt, Pierre manifeste sa foi dans un présent sincère à l’image de Judas. D’autres grandes « gueules » rejoindront Marie et Jésus parmi lesquelles les excellents Denis Ménochet et Tchéky Karyo. De l’appel à la Passion Finalement, le principal reproche que l’on pourrait adresser au film est sa lenteur. Mais tout cheminement vers la foi demande du temps et Garth Davis l’a bien compris. D’un appel profond et sincère, Marie est le témoin des baptêmes et des leçons de Jésus mais aussi de ses miracles, comme celui de Lazare et de nombreuses personnes souffrantes. Mais ce rythme est aussi l’occasion de prendre le pouls d’une société malade et vivant dans l’espoir d’un avenir meilleur. De la Passion à la Résurrection A la vue du Christ sur la croix, les yeux de Marie se brouillent à l’image du résultat à l’écran. Dans cette œuvre, il y a beaucoup de non-dits mais doit-on justement tout expliquer ? Certains « passages » sont juste suggérés ou n’apparaissent pas ou encore sont modifiés. Mais nous sentons la volonté du réalisateur de ne pas entrer dans un film théologique pour aborder plutôt la dimension spirituelle. On quittera cette belle aventure filmée aux côtés de Madeleine, premier témoin de la résurrection et porteuse de la Bonne Nouvelle. Avec ce point de vue original, « Marie Madeleine » est assurément un beau film à l’esthétique soignée qui n’a d’égal que la qualité de son interprétation et la spiritualité qui s’en dégage. Réhabilitation d’un personnage controversé, nous retiendrons un film résolument moderne qui hélas souffre de quelques longueurs. Mais c’est sans doute le revers d’une pourtant bien jolie médaille. ► Les bonus : Très courts, ceux-ci font le minimum syndical et abordent à peu de choses près les mêmes sujets. D’une durée de deux minutes chacun, « les acteurs » et « le tournage » sont intéressants et donnent la parole au réalisateur et aux acteurs qui partageront leur point de vue sur l’importance de Marie Madeleine dans les Ecrits et le déroulement du tournage. Genre : Drame Durée du film : 2h Titre original : « Mary Magdalene » Bonus : Deux petits bonus de deux minutes chacun. Résumé du film : Dans la soirée du 21 août 2015, le monde, sidéré, apprend qu'un attentat a été déjoué à bord du Thalys 9364 à destination de Paris. Une attaque évitée de justesse grâce à trois Américains qui voyageaient en Europe. Le film s'attache à leur parcours et revient sur la série d'événements improbables qui les ont amenés à se retrouver à bord de ce train. Tout au long de cette terrible épreuve, leur amitié est restée inébranlable. Une amitié d'une force inouïe qui leur a permis de sauver la vie des 500 passagers … Note du film: 5/10 (par François) Avis : D’entrée de jeu, nous comprenons l’intérêt de l’immense réalisateur de porter à l’écran la vie de ces héros américains. Clint Eastwood ne boude pas son plaisir de mettre en lumière l’héroïsme de trois individus ordinaires plongés dans une situation extraordinaire. Et pourtant, les bonnes intentions du célèbre réalisateur se soldent par un récit pas totalement abouti...La faute à de nombreuses maladresses. Explications. Quand de bonnes intentions ne font pas toujours un bon film… Dans « 15 :17 pour Paris », Clint Eastwood reconstitue formidablement l’attaque du Thalys en partance d’Amsterdam pour Paris en ce mois d’août 2015. On apprend d’ailleurs dans les bonus que le réalisateur a réellement tourné l’attaque dans le Thalys car pour lui, ce récit de vérité devait s’en approcher au maximum ! Faisant fi des contraintes techniques, le réalisateur n’a pas voulu reconstituer le TGV mais bien en utiliser un tout en respectant la durée des arrêts prévus. Le problème c’est que nous avons l’impression que Clint s’est quelque peu oublié dans son propre film et tout ce qui fait d’ordinaire le sel de ses long-métrages semble absent ici. Le choix scénaristique est d’autant plus étrange que l’on ne parvient pas à s’intéresser à la jeunesse extrêmement banale des héros et certaines situations nous ont plongées dans l’ennui et l’incompréhension. Quant à leur road trip en Europe, nous voyons défiler sous nos yeux ébahis des cartes postales filmées sans aucun intérêt. L’ensemble nous parait interminable puisque l’enfance, l’adolescence et l’entrée à l’âge adulte occupe les trois quart du film ! Mais puisque leur vie est assez commune, et bien nous subissons une paresse d’écriture des dialogues relativement plats. Vingt minutes captivantes d’un voyage globalement ennuyeux… Heureusement, hormis la formidable reconstitution des faits, la véritable plus value du film se situe au niveau des héros qui jouent leur propre rôle ! Cela ajoute une authenticité bienvenue et on imagine que cela ne devait pas être facile pour eux tant revivre ces événements devait être traumatisant. Expérience cathartique, le film a permis aux héros et concernés de revivre ce qu’ils ont déjà enduré et de se poser cette fameuse question : que ce serait-il passé si… ? Fort heureusement, après ce « 15 :17 pour Paris », nous savons désormais que Spencer Stone, Anthony Sadler et Alek Skarlatos sont les vrais héros désormais plus si ordinaires que cela… ► Bonus Dans le bonus intitulé « 15 :17 to Paris Chaque seconde compte », nous assistons à la reconstitution des faits grâce aux témoignages des personnes impliquées alors que pour « Portrait de courage », nous comprenons, à travers les paroles des producteurs et du réalisateur Clint Eastwood, la nécessité d’avoir choisi les trois concernés pour revêtir leur propre rôle Ce bonus est intéressant puisque nous voyons la volonté de Clint Eastwood de proposer un récit fidèle fait à partir des témoignages de ces héros, mais aussi du rapport officiel du Thalys. Voulant faire un récit de vérité, le réalisateur va jusqu’à tourner dans le Thalys afin de reproduire à l’identique les situations vécues. Mêmes les arrêts en gare respectaient le timing. Expérience cathartique, le film a permis aux héros et concerné de revivre ce qu’ils ont déjà enduré et de se poser cette fameuse question : que ce serait-il passé si… ? Durée du film : 1h36 Genre : Drame biographique Bonus : Deux bonus d’une durée totale de 25 minutes sur les coulisses du tournage et de l’attentat du Thalys. Résumé du film : Dans le Londres glamour des années 50, le célèbre couturier Reynold Woodcock et sa sœur Cyril sont au cœur de la mode britannique, habillant la famille royale, les stars de cinéma, les héritières, les mondains et les dames dans le style reconnaissable de la Maison Woodcock. Les femmes défilent dans la vie de Woodcock, apportant à ce célibataire endurci inspiration et compagnie, jusqu’au jour où il rencontre Alma, une jeune femme au caractère fort qui deviendra rapidement sa muse et son amante. Lui qui contrôlait et planifiait sa vie au millimètre près, le voici bouleversé par l’amour. Note du film : 8,5/10 (par Véronique) Avis : « Phantom Thread » est un petit bijou cinématographique qu’il serait dommage de manquer. Et pour cause, Paul Thomas Anderson confie à nouveau un rôle d’envergure au fantastique Daniel Day-Lewis aux côtés duquel viennent s’ajouter deux femmes de caractère tout aussi extraordinaires : Lesley Manville et Vicky Krieps. Dans son dernier long métrage, Paul Thomas Anderson nous plonge dans l’univers de la haute couture britannique des années 1950 en quelques secondes à peine. Les décors somptueux et costumes fabuleux ne cessent d’attirer notre regard et nous font rêver d’une époque et d’un univers qu’on aurait aimé côtoyer. Mais l’envers de ce décor de glamour, d’élégance et de fastes cache aussi un revers bien moins attrayant : pour parvenir à créer ses œuvres majestueuses, Reynold Woodcock mène son petit monde à la baguette et est capable des plus beaux compliments comme des pires colères froides. A côté de ce monde d’apparat, on découvre donc les amours chiennes qui rongent Reynold et Alma. Des premières palpitations de la séduction au désintérêt de leur nouvel amour, on assiste impuissant mais totalement captivé à cette romance inhabituelle et parfois cruelle. Entre drame et thriller psychologique (on force un peu le trait mais nous ne sommes pas loin de la vérité), « Phantom Thread » nous passionne de bout en bout, malgré les longueurs excessives de certaines scènes. Favori déchu lors des derniers Golden Globes et Oscar, Daniel Day Lewis nous offre à nouveau une performance époustouflante dont lui seul a le secret. Accent so british, élégance et froideur, classe et impertinence lui collent à la peau si naturellement. Moins grimé que dans certains autres métrages, l’acteur de génie parvient tout de même à se dissimuler derrière le personnage ambivalent de Reynold Woodcock. Impeccable comme toujours, Daniel Day-Lewis n’a pas hésité à retrousser ses manches et à apprendre l’histoire et les gestes de la haute couture (on apprend d’ailleurs dans les notes de production qu’il aurait réalisé une robe pour sa femme Rebecca Miller). Mais Paul Thomas Anderson n’est pas en reste puisqu’il a lui aussi mené ce film depuis plusieurs fronts et a cumulé les casquettes de scénariste, réalisateur et directeur de la photographie. Cette dernière étant d’ailleurs superbe, elle mérite le coup d’œil à elle seule. La musique piano jazz, les décors et costumes somptueux, le jeu impeccable de ses acteurs font du dernier film de Paul Thomas Anderson une œuvre exquise tout droit sortie des années 1950 auxquelles le cinéaste rend un bel hommage. ► Les bonus Dans l’édition DVD/Blu-ray du film, les cinéphiles pourront découvrir quatre petits et jolis bonus sur l’univers de « Phantom Thread ». Le premier, composé de « Tests caméra » permet de découvrir, grâce aux commentaires de Paul Thomas Anderson, une compilation de scènes test, ave Vicky Krieps, Lesley Manville et Daniel Day Lewis. Des éclairages aux choix des objectifs, des repères des décors aux rendus de couleurs, ce court bonus permet de mesurer le travail colossal réalisé sur la photographie du film. On assiste ainsi à l’évolution d’une même scène, aux différents tests lumière, du rendu de jour à ceux de la pénombre, éclairant les traits ou au contraire, les assombrissant. Un court bonus captivant, vraiment.
Enfin, parce que le film a été couronné d’un Oscar des meilleurs costumes, il était indispensable de faire un petit arrêt sur les créations originales de l’équipe de Mark Bridges. « Le défilé de la maison Woodcock » est un petit défilé « d’époque » nous permettant de mesurer l’élégance des confections de la maison Woodcock… et du travail des costumières du film ! Durée du film : 2h11 Genre : Drame Bonus : Quatre petits bonus d’un total de 25 minutes Résumé du film : La vie de Katja s’effondre lorsque son mari et son fils meurent dans un attentat à la bombe. Après le deuil et l’injustice, viendra le temps de la vengeance. Note du film : 7/10 (par Véronique) Avis : Il y a un an presque jour pour jour, Diane Kruger recevait le prix d’interprétation féminine lors de la clôture de la 70ème édition du Festival de Cannes. Mais ce n’est pas la seule récompense que « In the fade » a reçue puisque le film de Fatih Akin a également été primé par le Golden Globe du meilleur film en langue étrangère. Divisant la critique et ses spectateurs lors de sa sortie en salles, « In the fade » a une force empathique indéniable et nous cueille dès le début de son histoire. Divisée en trois chapitres, l’intrigue nous emmène dans la vie de famille de Katja, bouleversée par le décès dramatique de son mari et de son jeune fils avant de nous faire assister au procès des coupables de ces meurtres odieux pour se terminer sur le littoral grec de manière prévisible. Là où Fatih Akin fait fort, c’est qu’il parvient à nous concerner rapidement, nous touchant par son actualité féroce et sa mise en scène efficace. « In the fade » n’est d’ailleurs pas seulement un film de vengeance, mais un thriller reprenant diverses thématiques et montrant qu’une fois de plus, le drame peut non seulement accabler les victimes (au point de se tromper de procès) et exploser les familles, plus encore lorsqu’elles sont mixtes. En effet, rangé après avoir purgé une peine pour deal de drogue, agnostique et d’origine kurde le mari de Katja est vite visé dans cette affaire. Avait-il repris ses activités suspectes ? Avait-il des ennemis intégristes ? Très vite, on comprend que l’enquête, et le procès, se dirigent peu vers le ou les coupables de l’attentant à la bombe et calomnient un peu plus la femme et mère éplorée. Dénonçant la vague d’assassinats commis en Allemagne par le groupe néo-nazi NSU (Clandestinité Nationale-Socialiste) contre des allemands d’origine étrangère, le film de Fatih Akin se veut résolument actuel et glace par la réalité qu’il nous renvoie. Sans doute un peu plus grâce à l’interprétation impeccable de Diane Kruger, qui joue ici dans sa langue maternelle. Brisée mais forte à la fois, cette femme anéantie par le drame qui la touche parvient à garder la tête froide, vacillant parfois sous le poids des démarches d’une justice présentée comme … injuste. Les émotions que distillent le film, la tension qui se créée de la découverte du drame à la scène finale, l’interprétation sans faille de Diane Kruger font de « In the fade » un long-métrage intéressant, certes peu mémorable, mais totalement assumé… comme notre avis par ailleurs. Durée du film : 1h46 Genre : Drame Bonus : Aucun mis à part la bande annonce Résumé du film : August Pullman est né avec une malformation au visage. À dix ans, il peut enfin aller à l'école comme les autres enfants. C'est le début d'une aventure extraordinaire. Si certaines personnes ont du mal à l'accepter, tout le monde ne s'arrête pas à l'apparence et beaucoup vont découvrir à quel point Auggie est un garçon incroyable. Grâce à son humour, à sa persévérance et au soutien de sa famille, il va gagner l'affection de son entourage et prouver à tous qu'il est inutile de vouloir être comme les autres quand on est né pour être différent... Note du film: 8/10 (par Véronique) Avis : « Wonder » de Stephen Chbosky, sorti dans nos salles en décembre dernier est un feel good movie qui ravira de nombreuses familles et qui apportera assurément un peu de douceur et de lumière dans notre quotidien parfois morose. Véritable ode à la tolérance et à l’acception de l’autre, « Wonder » est un film familial à ne pas manquer. Divisé en chapitres reprenant le point de vue de divers personnages, le film nous fait comprendre combien il est difficile d’évoluer à côté d’un petit garçon hors norme. Que ce soit sa sœur, en quête d’attention, sa mère (qui a délaissé sa thèse pour enseigner à domicile et s’occuper de son fils), son nouveau camarade de classe (issu d’un milieu modeste et maladroit en amitié), chacun nous conte une part de son histoire commune avec Auggie. Ce découpage, à la fois astucieux et long, nous permet de cerner le regard qu’ont les adultes et les enfants sur cet être étrange qui ne demande qu’une seule chose : vivre normalement. Jacob Tremblay (excellentissime dans « Room ») est forcément méconnaissable sous son maquillage mais parvient à faire vivre le personnage atypique d’Auggie d’une bien jolie façon. Néanmoins, nous ne pouvons nous empêcher de vouloir percer le masque rigide de son visage pour cueillir les vraies émotions distillées dans sa voix. S’il est certes au centre du film, il n’en est pas pour autant la seule vedette tant les comédiens font jeu égal, des parents à ses jeunes camarades de classe. On ne peut par contre que regretter la mise en retrait d’Owen Wilson qui tient un rôle touchant et attachant du père complice. Julia Roberts, qui n’a rien perdu de son charme, illumine toujours l’écran par ses sourires. Son personnage d’Isabel est un véritable lien entre la (dure) réalité et le monde idéalisé qu’elle voudrait mettre en place pour protéger son fils. Et puis il y a la jeune Izabela Vidovic, aux faux airs de Katie Holmes jeune, qui joue le rôle délicat de la grande sœur protectrice mais envieuse de l’attention qui est portée à son petit frère. Adapté du roman de Raquel Jaramillo (écrit sous le pseudonyme R.J. Palacio), l’histoire a ses rebondissements, ses trouvailles mais aussi ses facilités. C’est peut-être cette naïveté qui nous a empêché d’adhérer complètement au film et à son univers à mi-chemin entre conte et réalité. Oscillant entre vrais moments de rire, de tendresse mais aussi de peine, le film nous plonge dans une vie ordinaire mais tout de même surréaliste, avec bienveillance ou mépris selon les personnages que l’on suit. Les motivations de chacun, on les comprend aisément à la lecture de leur vécu avec le jeune Auggie. Et sa rentrée scolaire ne le bouleversera pas lui seul. Avec elle, c’est la vie de sa famille entière qui sera chamboulée. ► Les bonus Généreux, lumineux et franchement intéressants, les bonus de « Wonder » constituent une vraie valeur ajoutée au Blu-Ray. D’une durée de près d’une heure trente, les différents contenus additionnels permettent d’entrer dans l’univers bienveillant de R.J. Palacio (l’auteure du roman) et de Stephen Chbosky en toute simplicité.
Un été pour s’amuser (nommé « Le goût de l’été » dans le menu des bonus), est sans aucun doute le plus complet de tous. Divisée en cinq chapitres distincts (et reprenant ainsi l’idée de découpage du roman et du film), cette thématique nous permet de prendre le pouls du tournage, de rencontrer les différents acteurs de « Wonder », qu’ils soient mis dans la lumière ou tapis dans l’ombre. De la genèse du roman, expliquée par son auteure R.J. Palaccio, à sa concrétisation et la scène finale de standing ovation, on comprend combien l’équipe entière a apprécié le roman et tout mis en œuvre pour lui rester le plus fidèle possible. Cet appel à la gentillesse et au respect des autres dans leurs différences a complètement bouleversé ceux qui ont participé de près ou de loin à la réalisation de cette adaptation. Les confidences des uns et des autres permettent de mettre en avant l’admirable gentillesse de Jacob Tremblay, sa modestie, sa générosité et son investissement dans le film et auprès des enfants souffrant de traumatismes cranio-faciaux comme son personnage d’Auggie. On partage aussi la vitalité de Julia Roberts ou l’humour de Owen Wilson, deux comédiens acquis à la cause du roman. Dans cette partie du Blu-Ray, on évoque bien évidemment le travail du réalisateur, des producteurs et des acteurs mais on découvre aussi le travail colossal réalisé par les maquilleurs et les coiffeurs sur le personnage de Auggie. Avec une heure trente de préparation quotidienne (et ce, d’avril à septembre), l’équipe s’est afférée à rendre le personnage d’Auggie le plus crédible possible, tout en permettant au jeune Jacob Tremblay de se sentir à l’aise sous ses prothèses. Et si la finesse se retrouve dans le scénario, l’interprétation et la multitude de détails, elle est également apportée par une musique discrète mais ô combien importante. Dans « Une note de bonté », on découvre ainsi comment Marcelo Zarvos est parvenu à refléter le caractère des personnages du film à travers des thèmes authentiques, naturels et pas trop tristes. L’émerveillement d’un enfant, le deuxième grand bonus du film est quant à lui entièrement consacré aux enfants qui ont donné de leur temps pour que « Wonder » prenne vie. Des confidences du réalisateur sur le bonheur de tourner avec de très jeunes acteurs, on passe à la perception qu’ont eu tous ces jeunes comédiens (vedettes ou figurants) de Stephen Chbosky, un adulte avec une âme d’enfant. On le comprend très vite, tous l’adorent et la relation complice que le réalisateur a su instaurer avec sa petite troupe a grandement contribué à l’atmosphère positive du film. Mais les enfants évoquent aussi la fabuleuse relation qu’ils ont entretenue avec un autre acteur du film : Daveed Diggs (qui incarne Mr Browne), véritable vedette pour eux depuis sa participation à la comédie musicale « Hamilton » Enfin, « Quel monde merveilleux », le dernier grand bonus de « Wonder » fait la part belle au travail de décors et de costumes réalisé par Kendelle Elliott, Brad Goss et Monique Prudhomme. Parfois négligé, ce poste a pourtant toute son importance dans la création d’un univers cinématographique. Le travail de recherches des lieux de tournage, la composition des décors ( qui permettent de donner un aperçu du passé des personnages) et la création de costumes intemporels sont ainsi présentés de façon agréable dans ce bonus artistique. Véritables compléments et pas simples objets de marketing, les bonus de « Wonder » ont tous un intérêt certain qui passionneront les curieux et les adeptes de l’univers du film de Stephen Chbosky. Avis aux amateurs ! Durée du film : 1h51 Genre : Drame Résumé du film : Apparaissant sous un drap blanc, le fantôme d’un homme rend visite à sa femme en deuil dans la maison de banlieue qu’ils partageaient encore récemment. Il découvre que dans ce nouvel état spectral le temps n’a plus d’emprise sur lui et il est condamné à être simple spectateur de la vie qui fut la sienne, avec la femme qu’il aime. Le fantôme se laisse entraîner dans un voyage à travers le temps et la mémoire, en proie aux questionnements de l’existence et à son immensité. Note du film : 9/10 (par Véronique) Avis : « Un film sur la solitude des morts/vivants rempli de poésie ». Si nous devions titrer notre article en quelques mots, voilà ce que nous écririons. Auréolé de trois prix lors de son passage au Festival du Cinéma Américain de Deauvillle où nous l’avions découvert, « A ghost story » nous avait marqué au fer rouge, nous obsédant de longs jours durant, remuant en nous de belles émotions, des questions, des interprétations, ouvrant une porte sur une multitude de peut-être et sur une fantaisie que chacun percevra selon son ressenti, son histoire, son passé. C’est donc avec un plaisir incommensurable que nous avons redécouvert ce film, dans sa version cinéma et dans celle commentée par l’équipe du film. Presque intemporel, le film de David Lowery évoque souvent la notion du temps qui passe. Excessivement lent, « A ghost story » pourrait faire fuir bien des gens. Non pas parce que les fantômes qui le hantent sont effrayants, que du contraire mais parce que la torpeur qu’a choisie le réalisateur pour nous emmener dans son univers est réelle, insistante. Parce que la longueur de certaines scènes est à l’image de la durée d’un deuil, infiniment… longue. Et pourtant, malgré ce rythme étiré et exagérément lent, nous nous sommes laissé emporter et avons laissé nos émotions profondes émerger, petit à petit, ne sachant pas trop comment ni pourquoi. Peut-être parce que nous y avons trouvé une poésie qui manque cruellement à certains autres métrages ? Peut-être que parce que pour une fois, l’image est véritablement au service du propos. Avec sa photographie épatante, « A ghost story » nous livre un exercice de style remarquable. Ses longs plans séquences, parfois pesants, surprennent. Son format, proche de la dia, nous permet de jeter un œil sur un instantané de vie qui s’étiole au fil du temps qui passe. Car le sujet du film est indéniablement l’absence. Celle des morts qui laissent un vide derrière eux, mais aussi celle qui est ressentie par ces âmes perdues, quand elles voient les vivants aller de l’avant alors qu’elles sont dans l’attente d’un « après ». Ne perdons pas de vue cette scène particulièrement touchante où un des fantômes se demande qui il attend, parce qu’il a oublié… Prisonnier, dans l’attente de la délivrance, ou du temps, il se raccroche à ce qu’il peut, au souvenir, comme d’autres s’accrochent à la découverte d’un bout de papier. La vie, elle, est représentée par ce jeune couple qui vient d’emménager dans une petite demeure sans prétention. Le formidable duo, interprété par Rooney Mara et Casey Affleck évolue dans cet univers fantastique avec une aisance incroyable. Lorsqu’il décède tragiquement, C (Casey Affleck) revient hanter le dernier lieu de vie qu’il a partagé avec sa petite amie, maison où il se sentait particulièrement bien. Et pour faire vivre ce fantôme, le réalisateur a eu l’ingénieuse idée de ne recourir qu’à un drap blanc, imagerie infantile du fantôme dans tout ce qu’il a de commun, rendant l’authenticité maximale.
Film philosophique, introspectif et parfaitement maîtrisé, « A ghost story » mérite que l’on aille au-delà de la lenteur dont il est « victime ». Notre vie, notre futur, ne sont-ils pas emprunts de fantômes du passé ? Les fantômes de Lowery nous laissent, eux, une marque indélébile qui continue toujours de nous hanter… ► Les bonus. La scène coupée : « C fait du café ». D’une longueur de presque six minutes, ce long plan séquence, couvert par différents angles, nous permet de prendre une fois de plus le pouls de cette maison particulière et nous montre Casey Affleck préparant son café, comme chacun le ferait un matin comme un autre. On l’apprend lors de la vision du film commentée, cette scène est l’un des moments préférés du réalisateur car il aime l’idée que quelqu’un passe une matinée banale avant de mourir. Cette longue scène n’ayant pas été intégrée au montage, il savait qu’il la mettrait dans les bonus de son Blu-Ray. C’est à présent chose faite ! Une histoire de compositeur Collaborant ensemble pour la cinquième fois, Daniel Hart et David Lowery ont mis le son au service de l’image d’une bien belle façon. Entêtante, la bande originale du film tire toute sa construction d’un titre : « I Get Overwhelmed ». Issu du travail du groupe de Dark Rooms, qui préparait son deuxième album, le titre phare, qui suffit à lui-même pour nous procurer de nombreuses émotions, n’a pas fini de nous étonner. On apprend ainsi que grâce à un programme informatique, Daniel Hart a isolé certains passages ou certaines sonorités du morceau pour les étirer et les insérer en sonorité dans l’ensemble du film. Tournant en permanence autour de cette composition emblématique, la bande originale s’est construite peu à peu, permettant de mettre en musique les images de Lowery avec qui Daniel Hart partage le même sens de l’esthétisme. Voué à la réflexion, « A ghost story » est non seulement mélancolique mais une vision de l’existence qui touche particulièrement le compositeur. A ghost story et la fatalité du temps qui passe D’une belle vingtaine de minutes, ce bonus instructif se divise en huit chapitres distincts, chacun évoquant une particularité du film. De la petite graine inventive de David Lowery à la conception du costume du fantôme en passant par le message ou la cinématographie, rien n’est laissé de côté. C’est d’ailleurs dans un presbytère prétendument hanté que l’équipe du film se retrouve afin de partager avec nous ses impressions sur le film, ses petites victoires et son formidable travail commun. On comprend ainsi un peu mieux pourquoi le film de Lowery est à 90% muet, laissant à chaque plan le soin d’apporter quelque chose d’émotionnel, ou encore pourquoi le réalisateur a opté pour une image 4/3 restrictive, collant davantage avec son thème de l’enfermement. Mais il y a aussi ce monologue de 16 minutes, à la fois hors sujet et totalement raccord avec la thématique du film. Monologue écrit bien avant le scénario du film mais intégré très logiquement dans ce projet. Enfin, on touche du doigt l’alchimie créée par Casey Affleck et Rooney Mara, habitués de l’univers de Lowery et totalement complices. Exquis, ce bonus est assurément une belle mise en bouche avant de la vision du film commentée par l’équipe entière, une relecture indispensable pour tous les amoureux du film et tous les curieux, soucieux d’en savoir plus sur les choix de lieux, de temps, de photographie et de musique. S’il y a bien un film qui doit se voir avec ce support, c’est « A ghost story » ! Durée du film : 1h27 Genre : Drame Résumé du film : Rosa aspire à être parfaite: dans son travail, en tant que mère, fille, épouse, amante,… et plus elle essaie, plus elle a le sentiment que tout lui échappe. Fille d’intellectuels idéalistes et mère de deux pré-adolescentes, elle se sent piégée par les exigences de deux générations. Sa vie bascule lorsque sa mère lui révèle un secret qui la pousse à découvrir qui elle est réellement. Note du film : 8/10 (par Véronique) Avis : Sorti cet été dans nos salles « Comme nos parents » avait reçu un bel accueil de la part de la presse et de ses spectateurs. Sa sortie en DVD est l’occasion toute trouvée pour s’y (re)plonger et découvrir un portrait de femme comme on aime en voir. Rosa, mère de famille et femme active, voit ses repères basculer lorsque sa mère lui apprend qu’elle n’est pas la fille de son père. Sa vie, qui était au point mort depuis quelques temps, prend un nouveau tournant, la délivrant du carcan d’habitudes duquel elle était prisonnière et lui permet de se penser autrement. C’est que Rosa a des envies d’écriture et rêverait de devenir dramaturge, chose inconciliable avec sa vie de famille. Cette possible reconstruction est donc l’élément déclencheur d’une prise de conscience de ses envies et des blessures du passé mais aussi un formidable coup de pouce pour avancer dans l’avenir. A travers son film coup de poing, la réalisatrice brésilienne Laís Bodanzky aborde de nombreuses thématiques : celles des relations familiales, de l’identité, du poids de la charge mentale des femmes (phénomène mis en avant ces derniers temps), l’héritage, l’acceptation de la maladie des proches. Ce savant mélange nous plonge dans un film détonant qui captive et qui se veut résolument contemporain. La vie de Rosa peut être celle de centaines de femmes, brésiliennes ou pas, issues de pays où l’indépendance de la femme est un formidable cadeau (empoisonné ?). Laís Bodanzky, qui a aussi évolué dans l’univers du documentaire et qui a été récompensée à de multiples reprises, brosse une nouvelle fois un portrait de femme forte et fragile à la fois avec un réalisme presque déconcertant. Son héroïne, Rosa, est d’ailleurs interprétée par la formidable comédienne Maria Ribeiro, qui crève l’écran et nous hypnotise par son regard ténébreux et parfois triste. « Comme nos parents » est un film qui donne à réfléchir, une réussite totale que l’on recommande à qui aime se plonger dans une vie ordinaire devenue en l’espace d’un instant une histoire singulière. Un long-métrage qui montre tout ce que le cinéma brésilien a de meilleur, dans sa réalisation comme dans son jeu d’acteurs. Durée du film : 1h45 Genre : Drame Titre original : Como nossos pais Bonus : Bande annonce Note du film : 6/10 (par Véronique) Résumé du film : Kairouan en Tunisie, peu après le printemps arabe. Hedi est un jeune homme sage et réservé. Passionné de dessin, il travaille sans enthousiasme comme commercial. Bien que son pays soit en pleine mutation, il reste soumis aux conventions sociales et laisse sa famille prendre les décisions à sa place. Alors que sa mère prépare activement son mariage, son patron l’envoie à Mahdia à la recherche de nouveaux clients. Hedi y rencontre Rim, animatrice dans un hôtel local, femme indépendante dont la liberté le séduit. Pour la première fois, il est tenté de prendre sa vie en main Avis : Sorti dans nos salles en catimini, « Hedi », le premier film de Mohamed Ben Attia est l’occasion de se plonger dans la Tunisie post printemps arabe où la population, plus ou moins jeune, se cherche et oscille entre traditions et révolution. Hedi, dont le prénom signifie « le calme » à tous les aspects de son étymologie. Impassible et suiveur, le jeune homme n’a jamais véritablement pris sa vie en main. A l’aube de son mariage (avec une très jolie femme que sa mère lui a choisi), Hedi voit plus que jamais, l’organisation de sa vie se mettre en place, sans qu’il n’ait son mot à dire. Son frère, sa mère et ses beaux-parents s’associent autour de cette union attendue, gérant son portefeuille, son agenda, ses projets de vie future. Alors qu’il est prêt à s’engager dans une relation stable et a priori opportune, Hedi remet tout en question. Depuis toujours, Hedi a été considéré comme le fils cadet incapable. Couvé, voire étouffé, le jeune homme n’a jamais pu être à la hauteur de son frère idéalisé par une mère directive et peu ouverte au dialogue. Sabah Bouzouita, qui interprète Baya, tient ce rôle à la perfection et est le reflet des traditions ancestrales, toujours actuelles dans certaines familles conservatrices. Si la révolution a grondé dans les rues de Tunis quelques mois auparavant, Hedi (le concluant Madj Mastoura) semble anesthésié par la banalité de sa vie et peu enclin à bouleverser sa propre vie. Mais c’était sans compter sur la rencontre de Rym, (Rym Ben Messaoud) qui déclenchera une prise de conscience et une envie de fuite en avant. Très classique dans sa (première) réalisation, Mohamed Ben Attia brosse pourtant un portait interpellant de la jeunesse tunisienne. Entre deux scènes de vie ordinaire, il présente quelques thématiques intéressantes : l’envie de liberté(s), le poids des traditions, le pouvoir d’un amour interdit. S’il souffre de maladresses et de lenteur, « Hedi » ouvre la porte de la réflexion et propose une authenticité à laquelle nous avons envie de croire et de partager. Durée du film : 1h28 Genre : Drame Titre original : نحبك هادي ou Inhebbek Hedi Bonus : bandes annonces Note du film : 8/10 (par Véronique) Résumé du film : Dans une discrète banlieue japonaise, Toshio et sa femme Akié mènent une vie en apparence paisible avec leur fille. Un matin, un ancien ami de Toshio se présente à son atelier, après une décennie en prison. A la surprise d'Akié, Toshio lui offre emploi et logis. Peu à peu, ce dernier s’immisce dans la vie familiale, apprend l'harmonium à la fillette, et se rapproche doucement d’Akié. Avis : Nous avions manqué sa sortie en salles et pourtant, les éloges étaient nombreux sur cet « Harmonium » de Kôji Fukada. Lorsque sa sortie DVD a été annoncée, nous nous sommes plongés avec un intérêt certain dans ce drame insolite flirtant grandement avec le thriller psychologique. Grand bien nous en a pris car « Harmonium » est un grand film et il prouve que le cinéma japonais recèle lui aussi de jolies pépites méconnues et pourtant totalement appréciables. Prix du jury d’ « Un certain regard » lors de l’édition 2016 du Festival de Cannes, « Harmonium » est un film en deux temps. Dans une première partie traditionnelle, nous suivons la famille de Toshio, indépendant et propriétaire d’une petite manufacture, à la vie monotome. Mais lorsque Yasaka, un ami de longue date de Toshio débarque dans la ville, son quotidien (trop) paisible va totalement être bouleversé. Qui est Yasaka ? Pourquoi Toshio l’accueille-t-il ainsi au sein de sa famille, lui offrant un emploi, un gîte et un couvert ? Quelles sont les intentions de cet homme ? La narration nous l’apprendra peu à peu, distillant ici des parts de vérité qui ne sont peut-être pas toutes bonnes à entendre. Le réalisateur et scénariste du film, Kôji Fukada nous tient en haleine durant près de deux heures, nous faisant entrer au cœur d’une famille ordinaire jusqu’à ce qu’un drame se produise. Au fil des minutes, nous comprenons que les non-dits ont une importance capitale et qu’une violence sourde sommeille, entre les deux époux mais aussi dans cette nouvelle vie, bouleversée depuis l’arrivée de Yasaka. Il faut d’ailleurs du temps pour que les éléments se mettent en place et que l’on comprenne ce qui pèse sur cette famille si ordinaire. Méfiance et séduction, silence et dialogues s’opposent et s’apposent entre chacun des protagonistes. Akié, l’épouse de Toshio est peu à peu séduite par Yasaka qui s’intéresse de très près à ce qu’elle est et ce qu’elle fait, au contraire de son mari avec qui elle ne dialogue plus depuis longtemps… Jusqu’à ce que le drame se produise. Dans une deuxième partie, se déroulant huit ans plus tard, on découvre ce que sont devenus les différents protagonistes. Ces deux histoires presque distinctes, sont l’occasion de découvrir l’évolution des trois membres de la famille, dans ses ouvertures ou dans ses retranchements. Elles sont aussi le prétexte à découvrir un jeu d’acteurs formidable où chaque comédien montre l’étendue de ses capacités d’interprétation, Kanji Furutachi (Toshio) et Mariko Tsutsuj (Akié) en tête. Mais il y a aussi Tadanobu Satō (acteur vedette au Japon) qui incarne Yasaka, cet ami récemment sorti de prison, toujours habillé élégamment et très raide dans ses mouvements, à l’image d’un robot qui serait peu adapté à une vie sociale ordinaire. Maladroit, il devient le confident d’Akié et la bouffée d’oxygène dont semblait manquer le couple depuis quelques années. Trait d’union entre les trois membres de la famille, ce nouvel apprenti semble redevable ou envieux de la situation de Toshio. Intriguant et parfois presque inquiétant, Yasaka est un personnage plus complexe qu’il n’y parait. Avec son dernier film, nous découvrons l’univers cinématographique de Fukada, que nous ne connaissions pas jusqu’ici. Grâce à « Harmonium », le Japonais nous immerge dans un thriller psychologique où le suspense est constamment présent et la réalisation impeccable. Par ses plans fixes et ses travellings, il nous fait entrer dans le mouvement ou dans les émotions de ses personnages et nous rend témoin des événements qui se déroulent dans son microcosme familial. S’il est lent par moment, le film ne lasse cependant pas ses spectateurs et lui donne plusieurs clés de lecture, ouvrant des thématiques diverses comme la rédemption, la suspicion, la culpabilité ou encore le poids des secrets. Qui est finalement le plus responsable dans l’incident qui a eu lieu huit ans auparavant ? Les non-dits et les silences n’ont-ils précipité la chute de cette famille ? Toutes ces questions continueront à nous obséder quelques heures et jours après la vision du film. N’y a-t-il pas plus belle preuve que ce film nous a marqué de son empreinte de façon réussie ? Durée du film : 1h58 Genre : Drame/ Thriller psychologique Titre original : 淵に立つ (Fuchi ni tatsu) Bonus : Aucun, si ce n’est la bande annonce du film. Résumé du film : Samuel vit sa vie sans attaches ni responsabilités, au bord de la mer sous le soleil du sud de la France, près des gens qu’il aime et avec qui il travaille sans trop se fatiguer. Jusqu’à ce qu’une de ses anciennes conquêtes lui laisse sur les bras un bébé de quelques mois, Gloria : sa fille ! Incapable de s’occuper d’un bébé et bien décidé à rendre l’enfant à sa mère, Samuel se précipite à Londres pour tenter de la retrouver, sans succès. 8 ans plus tard, alors que Samuel et Gloria ont fait leur vie à Londres et sont devenus inséparables, la mère de Gloria revient dans leur vie pour récupérer sa fille… Note du film : 7/10 (par Véronique) Avis : Mea culpa. Lors de sa sortie en salles en décembre dernier, nous étions passé à côté de « Demain tout commence », le dernier film de Hugo Gélin. Le jeune réalisateur de « Comme des frères », (avec François-Xavier Demaison, Pierre Niney ou encore Mélanie Thierry) avait pourtant mis les petits plats dans les grands pour nous convaincre de pousser la porte de notre cinéma : casting 4 étoiles, histoire émouvante, bande annonce convaincante. Tout était réuni pour que les spectateurs se laissent emporter par sa dernière histoire. Oui mais voilà, il a fallu que nous attendions sa sortie en DVD/Blu-ray en avril dernier pour nous intéresser au film et nous ne l’avons absolument pas regretté ! D’aucuns diront que la bande annonce du film révèle une bonne partie de l’intrigue de« Demain tout commence ». Oserait-on dire qu’ils ont tort ? En effet, bien plus dense et profonde que l’on ne pourrait l’imaginer au départ, l’histoire de Samuel et Gloria nous entraîne dans des émotions diverses et variées, nous faisant passer du rire aux larmes avec finesse et subtilité. Dès les premières minutes du film, on se lie d’amitié pour ce papa atypique et extrêmement positif, prêt à tout sacrifier pour une enfant qu’il n’a pas choisi d’avoir mais qu’il a choisi d’aimer ! Dans ce rôle, Omar Sy excelle à plus d’un titre. Son sourire, sa pêche, sa présence servent à merveille ce personnage haut en couleurs et tellement attachant. A ses côtés, la toute jeune Gloria Colston, qui ne démérite pas face à l’acteur populaire avec qui elle forme un duo attendrissant et plus vrai que nature. Mais ils ne sont pas les seuls à entrer dans la danse : Clémence Poésy (Fleur Delacour pour les fans de l’univers d’Harry Potter) et Antoine Bertrand apportent leur petite pierre à cet édifice familial branlant. Si la première tient un rôle peu évident, le second nous régale de sa présence comique et nous touche par son amitié inconditionnelle. Agrémenté d’un making of et de la bande annonce du film (soit un peu plus d’un quart d’heure de bonus en tout), « Demain tout commence » est une comédie dramatique touchante qui plaira à toute la famille. Equilibré et bien réalisé, il apportera un peu de délicatesse dans notre quotidien. S’il est malgré tout un peu convenu, on lui pardonnera cette prévisibilité au point de vous conseiller de vous le procurer… Durée du film : 1h53 Genre : Comédie dramatique Note du film : 9/10 Résumé du film : Pour la première fois de sa vie, Daniel Blake, un menuisier anglais de 59 ans, est contraint de faire appel à l’aide sociale à la suite de problèmes cardiaques. Mais bien que son médecin lui ait interdit de travailler, il se voit signifier l'obligation d'une recherche d'emploi sous peine de sanction. Au cours de ses rendez-vous réguliers au « job center », Daniel va croiser la route de Katie, mère célibataire de deux enfants qui a été contrainte d'accepter un logement à 450km de sa ville natale pour ne pas être placée en foyer d’accueil. Pris tous deux dans les filets des aberrations administratives de la Grande-Bretagne d’aujourd’hui, Daniel et Katie vont tenter de s’entraider… Avis : « Moi, Daniel Blake », a énormément fait parler de lui depuis sa sortie. Que ce soit au moment du Festival de Cannes, où il a remporté la très convoitée Palme d’Or ou lors de la Cérémonie des Césars (où il a été couronné du prix du « Meilleur film étranger »), le film de Ken Loach a su se démarquer à plusieurs reprises. Curieux de découvrir ce long-métrage si populaire, nous nous sommes lancé dans la vision du film. Dès les premières minutes, on comprend que Ken Loach veut nous livrer un regard sévère sur l’administration britannique, sa lenteur et sa complexité mais pas seulement. Il prend également le temps de nous montrer, par des exemples distincts, que si la bureaucratie met tout en place pour délaisser les citoyens qui en ont besoin, la population, elle, met en place une entraide spontanée et bienveillante pour faire face à un système branlant. C’est donc un film noir mais rempli d’espoir que nous livre le cinéaste octogénaire. Dépeindre des phénomènes de société, actuels ou passés, c’est ce qu’il sait faire de mieux. Ici encore, Ken Loach nous prend par la main pour nous faire vivre le quotidien d’un personnage principal esseulé mais plein de ressources : Daniel Blake. Charpentier qualifié et volontaire, Daniel est un citoyen exemplaire : il paie ses factures, fait ce qu’on lui demande sans broncher... jusqu’à ce qu’il soit victime d’une crise cardiaque et contraint d’arrêter de travailler. Sa demande de pension d’invalidité lui étant refusée, Daniel n’a qu’un seul choix : devenir un demandeur d’emploi. Oui mais… Si Daniel est capable de bâtir une maison sur un lopin de terre, il est totalement incapable d’utiliser un ordinateur… Et en ces temps de services informatisés, il devient compliqué de se faire entendre ou tout simplement aider. Dave Johns est un inconnu du grand public. Bien qu’il soit écrivain, acteur et humoriste reconnu en Grande-Bretagne, son visage est bien moins populaire chez nous. Et c’est sans doute ce qui nous a aidé en entrer dans la vie de Daniel Blake. Ce comédien britannique a toutes les qualités requises pour incarner son personnage démuni face à une situation qui le dépasse. On croit véritablement à l’histoire fictive de ce charpentier malade et on se prend de tendresse pour lui. Dans sa détresse, Daniel fait la rencontre de Katie (la touchante Hailey Squires), mère célibataire, et décide de lui venir en aide. « Moi, Daniel Blake », se veut un film résolument optimiste. L’entraide, la bienveillance, la persévérance sont mises en avant de biens belles façons. Parallèlement à cela, le metteur en scène parvient à dépeindre une administration de plus en plus impersonnelle et inhumaine (à quelques exceptions près). Interrogateur, dérangeant, son dernier long-métrage est d’une utilité publique flagrante. On espère qu’il fera réfléchir sur le paupérisme qui touche certaines classes, du manque d’humanité dont souffre la lente bureaucratie et du besoin important qu’ont les gens de garder de réels contacts humains. On comprend, après la découverte de ce film, qu’il ait été si récompensé… Durée du film : 1h41 Genre : Drame Titre original : « I, Daniel Blake » Note du film : 8/10 (par Sally) Résumé du film : Fatima est divorcée et mère d’une adolescente et d’une jeune adulte. Alors qu’elle travaille d’arrache-pied en tant que technicienne de surface pour subvenir aux besoins de sa famille, son aînée part suivre des études de médecine. Bien déterminée à réussir, elle étudie sans relâche et est reconnaissante de ce que sa mère fait pour elle. Ce n’est pas le cas de la cadette qui a honte de ce métier et ne trouve aucun intérêt à la scolarité… Avis : Ce week-end, nous nous fait une séance de rattrapage de « Fatima ». En effet, le film (qui sortira ce 1er mars en DVD) a été triplement récompensé lors des César 2016 et a obtenu le Prix du Meilleur film, celui de la meilleure adaptation et le César du Meilleur second rôle (pour Zita Hanrot). Curieux, nous ne pouvions pas passer à côté de ce film une deuxième fois et c’est avec beaucoup de curiosité que nous sommes entrés dans l’univers de Philippe Faucon. Sorti en catimini en octobre 2015 sur nos écrans, « Fatima » a beaucoup fait parler de lui ces derniers jours et pour cause. Philippe Faucon, qui a souvent dressé un portrait tendre de la « banlieue » ou qui aborde régulièrement le thème de l’immigration dans son cinéma, présente la vie d’une femme maghrébine avec beaucoup d’humanisme et de réalisme. Fatima, c’est la mère- courage qui se lève à l’aurore pour assurer son travail, qui enchaîne les heures de labeur pour permettre à ses filles de vivre décemment. Stricte, attentive, elle tente d’inculquer des valeurs, la notion de respect et de volonté à deux adolescentes qui vivent au cœur d’une société discriminante. Alors que l’une retrousse ses manches pour avancer et rendre la pareille à sa mère, l’autre fuit et lui fait ressentir la honte de vivre cette situation. Car les trois femmes vivent dans un petit appartement au cœur d’un HLM, où le regard des autres femmes immigrées sur cette mère divorcée est dur et peu tolérant, le travail peu valorisant…Il y aurait de quoi baisser les bras, mais ce n’est pas le souhait de Fatima, que du contraire. Déterminée à trouver sa place dans notre société, elle suit des cours pour maîtriser le français (qu’elle comprend mais ne parle quasiment pas) et écrire… L’histoire est forte d’autant plus quand la réalité rattrape la fiction et que l’on prend conscience que l’histoire de Fatima, c’est aussi l’histoire que vivent de nombreuses femmes dans nos pays. Plus qu’un film, c’est une sorte de docu- fiction qui prend vie sous nos yeux, un drame social où l’espoir et le courage se côtoient régulièrement, que ce soit dans les choix de Nesrine, qui ne lâche rien pour obtenir la réussite de sa première année de médecine ou dans ceux de Fatima qui cumulent les emplois pour financer ces coûteuses études. Et du courage, nos deux comédiennes en ont eu et méritent amplement qu’on les salue. Soria Zéroual la première car cette comédienne débutante ne connaissait rien à l’univers du cinéma. En effet, pour que le rôle de cette mère de famille soit crédible, il fallait trouver une comédienne maghrébine qui maîtrisait mal le français et s’exprimait correctement dans sa langue natale, pas facile ! Dès lors, c’est sur Soria que le choix s’est porté et heureusement car sa performance est incroyable tant elle est vraie ! En compétition dans la catégorie « César de la meilleure actrice », on lui a préféré une comédienne plus expérimentée (Catherine Frot) mais qu’importe, elle n’a pas démérité cette nomination et a été amplement à la hauteur du rôle qu’on lui a confié. Nous évoquions plus haut que son personnage de Fatima écrivait ses états d’âme, ce qu’elle ne peut pas dire à sa famille… Tout comme Fatima Elayoubi, auteure du livre « Prière à la lune » dont le film est adapté. Rien n’est dû au hasard et tout est bien pensé, à tel point que l’heure quart du film passe comme une flèche. Autre comédienne brillante dans ce film, Zita Hanrot, récompensée par le César de la meilleure actrice dans un second rôle et on comprend amplement ce choix ! Quelle prestance, quelle assurance ! Elle incarne la jeune étudiante en médecine, partie suivre son cursus à quelques kilomètres de chez elle et qui passe des nuits blanches à étudier au point d’oublier de vivre au profit d’une réussite qu’elle doit obtenir coûte que coûte. Le week-end, elle rentre près de sa mère qui croule sous le travail et doit en plus gérer une ado en crise adapte de l’école buissonnière. Cette ado, c’est Kenza Noah Aïche qui l’interprète. Plus en retenue et moins convaincante que les deux autres femmes, elle ne démérite cependant pas et fera peut-être son petit bonhomme de chemin. Le film a le don de faire réfléchir, c’est certain et mériterait d’être présenté dans les écoles pour ouvrir le dialogue, aborder les préjugés, montrer les difficultés de s’intégrer dans notre société, la barrière de la langue et l’isolement qu’elle peut créer… A plusieurs reprises, le personnage de Nesrine évoque qu’il n’est pas facile d’étudier à la maison, de se faire aider quand on n’y parle pas la langue que l’on apprend à l’école… C’est une réalité que de nombreux enfants connaissent et on ne peut le nier. Philippe Faucon est là pour gentiment nous le rappeler. Présenté à la Quinzaine des Réalisateurs au Festival de Cannes 2015, le film a été récompensé à deux reprises : au Festival du film de Giffoni (Italie) où il a reçu le prix Amnesty et récemment lors des César 2016. Durée : 1h19 Genre : Drame Note du film : 7,5/10 (par Sally) Résumé du film : Fred Ballinger, grand compositeur et chef d’orchestre, passe quelques jours dans un hôtel côté de Suisse comme chaque année. Et comme à chaque fois, il y retrouve son grand ami Mick Boyle, réalisateur et scénariste en plein travail sur son dernier long-métrage. Complices et observateurs, nos deux amis examineront les autres clients de l’hôtel et s’interrogeront sur le temps qui passe. Avis : L’année 2015 a aussi été l’occasion de voir des grands noms du cinéma se donner la réplique et c’est le cas notamment avec « Youth ». Si le film est victime de longueurs dispensables, on prend un plaisir fou à suivre Michael Caine et Harvey Keitel dans un hôtel au sommet de la Suisse. Soyons honnêtes dès le départ. Ce qui nous a attiré dans la découverte de « Youth », c’est le casting exceptionnel dont il est truffé : Michal Caine, Harvey Keitel, Paul Dano, Rachel Weisz, il y a de quoi faire rougir d’autres grands metteurs en scène. Mais au-delà de cette formidable troupe, on trouve un film poétique, lent mais immersif dirigé par un réalisateur italien de talent : Paolo Sorrentino. Paolo Sorrentino… ce nom vous dit probablement quelque chose et pour cause. C’était déjà lui qui était derrière la caméra pour son cinquième film « Il divo » où il croquait la politique italienne avec amertume, lui encore qui signait «This must be the place » avec Sean Penn. Bientôt à l’affiche avec « The young Pope » (où il dirigera Jude Law et Diane Keaton), le réalisateur italien de 45 ans a le don de parler de la société avec véhémence et distinction et le fait ici encore d’une bien belle façon. Triste mais réaliste, poétique et authentique, son dernier long métrage est le prétexte de voir une belle brochette d’acteurs se succéder mais pas seulement : à travers ses personnages principaux, c’est la question du vieillissement, celle de l’héritage ou de la fidélité qui sont abordées. Intelligent et excessivement bien filmé, « Youth » est un BEAU film plutôt qu’un BON film, la faute à la dynamique (trop ?) lente. En effet, la photographie est superbe. Qu’il s’agisse des acteurs, des paysages ou des atmosphères, tout est capté sur la pellicule avec chaleur, couleurs et netteté. Les plans s’enchaînent laissant place à d’autres histoires, d’autres ambiances sans que cela n’entache l’intrigue. La musique, qui a souvent une place prépondérante dans le cinéma de Sorrentino, est à nouveau omniprésente, par le biais du personnage de Fred Ballinger, grand chef d’orchestre et compositeur de 80 ans, mais aussi à travers une bande originale soignée et ô combien agréable à écouter dirigée par un David Lang magistral. Pour preuve, le dernier morceau « Single song n°3 » interprétée par la chanteuse lyrique Sumi Jo qui parviendra à nous filer quelques frissons. Mais assez parlé de la mécanique de « Youth », parlons de ce qui est au centre de toutes les attentions : le casting remarquable, international et surtout intergénérationnel : Michael Caine («Hysteria», « Kingsman », « Le plus escroc des deux », « Batman ») et Harvey Keitel (« La leçon de piano », « Les duellistes », « La dernière tentation du Chris », « Sister Act ), en tête de course. « Octogénaires » vieillissants, ils n’ont cependant pas pris une ride et n’ont rien perdu de leur superbe ! Les deux monstres du cinéma se donnent la réplique avec une complicité non feinte et partagent leurs émotions avec pudeur et compréhension. Témoins privilégiés du changement de la société, ils arpentent le domaine de l’hôtel et scrutent chaque client avec minutie et c’est un vrai régal ! Parmi les pensionnaires, on retrouve une deuxième génération d’acteurs. Parmi eux, la magnifique Rachel Weisz (« The lobster », « Constantine », « La momie ») et le talentueux Paul Dano (« There will be blood », « The little miss sunshine », « Elle s’appelle Ruby »). Et dans la suite, un panel de comédiens de tous horizons tels que : Alex MacQueen, Luna Zimix Mijovic, Tom Lipinski, Chloe Pirrie, Alex Beckett, Robert Seethaler , Nate Dern, Mark Gessner, Sonia Gessner, Madaline Diana Ghenea et… Jane Fonda ! Mais ce n’est pas tout. Pour créer la surprise, Paolo Sorrentino a fait appel à plusieurs personnalités du monde culturel. Ainsi, les musiciens Mark Kozelek, la pop- star Paloma Faith ou la chanteuse lyrique Sumi Jo viennent prêter leur voix et leurs traits à quelques personnages du film. Et c’était sans compter sur un Diego Maradona plus vrai que nature! Récompensé lors du Festival du film de Hollywood (un Award a été décerné à Jane Fonda) et lors de la 28ème Cérémonie des prix du cinéma européen (où il a remporté les prix du meilleur film, du meilleur réalisateur et du meilleur acteur pour Michael Caine), « Youth » a également fait partie de la sélection officielle pour la Palme d’Or de Cannes 2015 (en vain) et se voit inscrit dans la course aux Golden Globes 2016 (pour le prix de la meilleure actrice dans un second rôle en la personne de Jane Fonda et pour la meilleure chanson originale « Simple Song n°3 »)… S’il ne remporte pas de nouvelles récompenses (il faut dire que le choix des catégories nous laissent perplexes), il ne faut cependant pas sous-estimer le dernier film de Sorrentino. En effet, s’il s’adresse à un public amateur de film d’auteur averti, il constitue une très jolie découverte à la réalisation presque parfaite… A découvrir dès le 13 janvier prochain en DVD/Blu-Ray Durée du film : 1h59 Genre : Drame Titre original : La Giovinezza Note du film : 7,5/10 (par Sally) Résumé du film : C’est l’été dans le Sud de la France. Alors qu’il vient de perdre son père, Arnaud aide son frère aîné à garder l’entreprise familiale à flot. Mais quand Madeleine, une jeune fille tenace et sûre d’elle, entre dans sa vie, Arnaud fera face à de nouveaux choix par amour ou par défi… Avis : « Les combattants » interpellait par le fait qu’il a décroché de nombreux prix lors des derniers Césars et qu’il a fait réagir les critiques lors du 67ème Festival de Cannes. Autant dire que si ce film a si bonne presse, nous devions nous intéresser au sujet à notre tour. C’est à présent chose faite ! Thomas Cailley est un jeune réalisateur français de 35 ans. Après des études en sciences politiques et en commerce, il change radicalement de voie pour se consacrer au cinéma. D’abord en tant que scénariste sur des courts-métrages, ensuite en tant que réalisateur. « Les combattants » est son premier long-métrage et on s’étonne qu’il soit d’ailleurs déjà si abouti. Le scénario du film sort du commun. Là où certains réalisateurs proposeraient une amourette légère et convenue sur fond de vacances estivales, Thomas Cailley offre une aventure entre deux adolescents très différents, en quête de sens et s’interrogeant sur l’avenir. Madeleine veut intégrer l’armée et pour cela, elle s’entraîne durement au quotidien et veut faire partir des élites de la jeunesse militaire. Arnaud, lui, fait ce qu’il peut pour aider son frère à faire fonctionner l’entreprise familiale depuis la mort de leur père. Engagé sur une voie de garage professionnellement, il se laissera convaincre par Madeleine que c’est la survie qui prime dans notre société, que tout le reste n’a pas de sens. Par amitié (ou par amour ?), le jeune homme se lancera dans une aventure qui n’aurait pas dû être la sienne et entre dans un camp d’entraînement pour jeunes adulescents. Pour parfaire la mise en scène du jeune Cailley, l’équipe a fait appel à un casting très convaincant ! Adèle Haenel prête ses traits à une Madeleine têtue et acharnée dans son projet de vie. Vue notamment dans « L’homme qu’on aimait trop » aux côtés de Guillaume Canet et de Catherine Deneuve, l’actrice française voit sa carrière décoller petit à petit et les prix récompenser son travail malgré une filmographie plutôt discrète. Incroyable dans le rôle de l’adolescente guerrière, elle porte le film avec une force extraordinaire ! Son alter ego, Kévin Azaïs est Arnaud, le compagnon de fortune. Aperçu dans quelques longs métrages tels que « La marche », « La belle saison » ou encore dans « Je fais le mort », le comédien a « une gueule », un style qui marquent les esprits et lui vaudra, on lui souhaite, une jolie carrière. Complices tout en étant distants, les deux comédiens interprètent leur rôle avec beaucoup de justesse et semblent avoir été eux-mêmes confrontés aux parcours de vie de leurs héros. Si le film tourne presqu’exclusivement autour des deux protagonistes, on peut tout de même évoquer la présence tout aussi marquante de Brigitte Rouan et d’Antoine Laurent dans le casting secondaire. Notre retenue vient de la lenteur du film car, il faut le dire, il possède quelques problèmes de rythme, surtout dans le dernier tiers où apparaissent de grosses longueurs. Après un démarrage en trombe, il est dommageable de voir l’intrigue stagner un peu pour finir sur une issue plaisante. S’adressant à merveille à un public adolescent, il plaira aussi au public exigeant d’adultes. En effet, le long-métrage met en exergue des thématiques telles que : le dépassement de soi, la ténacité (pour entrer dans le monde de l’armée), la déconvenue (de découvrir le « confort » qu’on offre aux jeunes recrues en herbes plutôt qu’une apprentissage à la survie attendue), l’importance de mener un projet à bien. Il fera même un pied de nez à quelques clichés montrant que même les jeunes filles peuvent rêver d’intégrer un bataillon exigeant de l’armée… Récompensé par de nombreux prix, dont 3 Césars en 2015 (César de la Meilleure actrice pour Adèle Haenel, celui du meilleur jeune espoir masculin pour Kevin Azaïs et la meilleure première œuvre pour Thomas Cailley), « Les combattants » est une belle découverte et marque le point de départ du cinéma de Thomas Cailley d’une bien jolie façon. Durée du film : 1h36 Genre : Drame |
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