Résumé du film : Lorsqu’Alita se réveille sans aucun souvenir dans un futur qu’elle ne reconnaît pas, elle est accueillie par Ido. Ce médecin comprend que derrière ce corps de cyborg abandonné se cache une jeune femme au passé extraordinaire. Ce n’est que lorsque les forces dangereuses et corrompues qui gèrent la ville d’Iron City se lancent à sa poursuite qu’Alita découvre la clé de son passé. Si elle réussit à leur échapper, elle pourrait sauver ses amis, sa famille, et le monde qu’elle a appris à aimer. Note du film : 7/10 (par François) Avis : Découvert en IMAX, le dernier film de Roberto Rodriguez est l’adaptation sur grand écran d’un manga à succès. Pour autant, le film parvient-il à rendre hommage à celui-ci ? Visuellement, il tient ses promesses…Mais cela suffira-t-il pour en faire un incontournable? Rien n’est moins sûr et on vous dit pourquoi ! Un Rodriguez peut cacher un Cameron… Cela fait quelques temps déjà que le maître Cameron pensait à adapter sur grand écran le manga « Gunnm » de Yukito Kishiro. Sorti entre 1990 et 1995, la bande dessinée japonaise à succès plante son décor dans un univers post-apocalyptique du vingt-sixième siècle divisé en deux microcosmes bien distincts. D’une part, le monde dans bas est un véritable dépotoir. Cette ville ultra-violente et sale est peuplée de cyborgs en tous genres : les mercenaires, les chasseurs de primes, mais aussi les démunis la composent en grande partie. Quant au monde « d’en haut », il s’agit de Zalem, une mégapole paradisiaque flottant à plusieurs milliers de mètres au dessus. Parfaitement séparées, nombreux sont les résidents d’en bas à vouloir gagner leurs ailes afin de toucher les cieux. Cette convoitise est au centre du film, mais comme souvent, plus dure sera la chute ! Alita métisse de la ville d’en bas vit toujours dévêtue… Horreur, malheur ! Car bien que l’univers graphique réalisé par Robert Rodrigues (« Sin City », « Une nuit en enfer », « Machette », « Faculty » c’était lui !) est somptueux, le scénario est finalement assez mince ! Pourtant, cette lutte incessante autour du personnage d’Alita (Rosa Salazar) est plaisante à suivre car elle évolue dans un univers singulier très intéressant. Alors où est le problème ? La réponse est à chercher du côté de son manque d’originalité qui viendra freiner quelque peu nos ardeurs. Alors bien sûr, le manga date de 1990, et depuis, beaucoup de productions sont passées par la. Mais il en résulte un résultat déjà maintes fois exploité sur grand écran (« Elysium » avec Matt Damon n’est qu’un exemple parmi tant d’autres). Aussi, Les personnages bien qu’attachants n’évitent pas les clichés : on trouve une romance par-ci, de gros méchants hideux s’affrontant par là… Rien de très original donc ! Paradoxalement, nous prenons un certain plaisir à suivre tout ce petit monde. A commencer par l’héroïne Alita, dont le questionnement existentiel bien que très classique est digne d’intérêt. Le thème lié à la quête identitaire constitue donc la colonne vertébrale de ce film de science fiction visuellement magnifique. La figure du « père » de substitution est parfaitement traitée grâce au talent de Christoph Waltz décidément à l’aise dans tous les registres. Ce médecin trouvera la tête d’Alita dans la décharge et lui donnera un corps à la hauteur de son potentiel. Parfois lent dans son déroulement, le film pourra compter sur de belles fulgurances qui viendront rythmer un récit forcément inégal pensé pour la 3D. Nous en voulons pour preuve le « motorball », ce sport du futur qui lorgne méchamment sur le « Rollerball » que ne renieraient pas les plus anciens d’entre nous. Monde divisé pour univers cohérent Visuellement somptueux, « Alita : battle angel » propose un spectacle ambitieux et parfaitement maitrisé. Jamais nous ne doutons de ce monde à la fois sombre et violent. Ce tour de force est d’autant plus important que les yeux globuleux de l’héroïne n’aident pas en ce sens. Beaucoup de soin a été apporté aux détails afin que rendre toute cette vie foisonnante. Les scènes de combat constituent le principal intérêt du film et sont toujours parfaitement lisibles. Formidablement scénarisée, les « rencontres » entre les différents chasseurs de primes/cyborgs sont toujours croustillantes et dignes d’intérêt Au final, que pouvons retenir ? Nous répondrons qu’« Alita » représente le film que nous aurions pu adorer s’il n’avait pas tant de défauts ! Entre son scénario déjà beaucoup traité et ses problèmes liés au rythme, le résultat souffle le chaud et le froid. Il restera un très bel univers graphique qui rend hommage au manga dont il s’inspire ; et ce n’est déjà pas si mal ! Date de sortie en Belgique/France : 13 février 2019 Durée du film : 2h02 Genre : Science-fiction
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Résumé du film : A sa sortie de prison, Angel, 18 ans, retrouve sa jeune sœur Abby dans sa famille d’accueil à Philadelphie. Malgré leur profonde complicité, le drame qui les a séparées a laissé des traces. Avant de tourner la page, Angel sait qu’elle doit se confronter au passé et convainc Abby de l’accompagner dans son périple. Ensemble, elles prennent la route, sans mesurer ce que va provoquer chez elles ce retour aux sources. Note du film: 8/10 (par Véronique) Avis : Avec son émouvant film « Night comes on », Jordana Spiro a su mettre en lumière deux jeunes actrices de talent : Dominique Fishback et Tatum Marilyn Hall. Leurs sourires éclatants lors de la présentation du film étaient des petits soleils illuminant les visages de deux comédiennes capables de donner une intensité impressionnante à leurs personnages. Autre petit coup de cœur de cette compétition, le premier long-métrage de la réalisatrice new-yorkaise nous a noué la gorge d’émotion et bluffer par sa force d’interprétation. Durant une toute petite heure trente, nous suivons les errances de Angel, de sa sortie de prison pour détention d’arme à cette journée passée avec sa petite sœur Abigaïl, élevée dans une famille d’accueil où d’autres enfants perdus ont aussi trouvé un toit. Marquée par une enfance douloureuse et des violences morales et physiques, Angel cherche à se construire des repères et à remettre sa vie sur les rails mais son désir de venger la mort de sa mère, tuée par son père, semble plus forte que tous les projets qui s’offrent à elle. Malgré les mises en garde de son agent de probation (James McDaniel), Angel va prendre la tangente, et préférer la vendetta à la rédemption/reconstruction. Débrouillarde, solitaire et rebelle, la jeune femme tente de survivre comme elle peut, délaissée par ses amis pour qui la vie à continuer durant son absence. Mais elle peut compter sur l’amour inconditionnel de sa petite sœur de dix ans, Abby, extrêmement mature pour son jeune âge et tout aussi déterminée à ne pas se laisser faire. Ensemble, les deux sœurs se lancent dans un petit voyage qui les réunira et leur permettra d’échanger sur les émotions qu’elles gardent tout au fond d’elles depuis de trop nombreuses années. Jordana Spiro a mis longtemps pour mettre en scène son film, présenté au Festival de Sundance. Accueilli aussi chaleureusement que lors du Festival du Cinéma Américain de Deauville, « Night comes on » a en effet de nombreux arguments pour faire mouche. Une belle réalisation et une photographie appropriée, une histoire dense et deux comédiennes d’exception. Nous poursuivant des heures après sa projection, le film évoque non seulement une histoire de vengeance et l’amour sororal, mais aussi la survie d’adolescentes sans famille, si ce ne sont celles, nombreuses, qui les ont accueillies après de multiples reprises, le manque de repères et de schémas éducatifs (thème évoqué aussi dans « Friday’s Child » de A.J. Edwards présenté également cette année dans la compétition), ou encore l’accès aisé aux armes et ses dérives possibles. Si l’une est rongée par la vengeance et l’autre par le désir de vivre avec sa soeur, chacune de nos héroïnes voit la vie différemment, à son niveau, et cherchent des souvenirs communs, ceux qui rassurent ou qui reconnectent des vies passées loin l’une de l’autre. On croit à ce lien fort qui unit nos deux jeunes femmes, au point d’en oublier que ce ne sont que des rôles taillés pour un cinéma poignant, de ceux qui marqueront les esprits et viendront titiller nos émotions. « Night comes on » ("Long way Home" pour sa distribution française) est un film indispensable, un long-métrage qui trouve toute sa place dans notre septième art et qui, on l’espère, trouvera sa voie vers une distribution plus large Date de sortie en Belgique/France: 13 février 2019 Durée du film : 1h26 Genre : Drame Résumé du film : Depuis que Nora a assisté au procès de Jacques Viguier, accusé du meurtre de sa femme, elle est persuadée de son innocence. Craignant une erreur judiciaire, elle convainc un ténor du barreau de le défendre pour son second procès, en appel. Ensemble, ils vont mener un combat acharné contre l'injustice. Mais alors que l’étau se resserre autour de celui que tous accusent, la quête de vérité de Nora vire à l’obsession. Note du film : 7,5/10 (par Véronique) Avis : Deux profils, un titre qui claque, une affaire qui intrigue. « Une intime conviction » de Antoine Raimbault, basé sur l’affaire Viguier qui a passionné l’opinion publiques française il y a quelques années, redonne ses lettres de noblesse à un genre passé sous silence, celui du thriller judiciaire. Avec son casting de haute voltige (Marina Foïs, Olivier Gourmet et Laurent Lucas), le premier long-métrage du jeune réalisateur français allie fiction et faits réels, nous entrainant dans le tourbillon d’une affaire surréaliste qui a pourtant défrayé la chronique durant de nombreuses années. Passionnant de bout en bout, « Une intime conviction » va bien au-delà d’une simple reconstitution de l’affaire. Il permet aussi d’interroger notre conscience sur ce que peut être une vérité juridique ou une simple intuition logique et amène à une réflexion sur les procédures et manquements juridiques qui, par manque de discernement, pourraient avoir des conséquences dramatiques. Faites entrer l’accusé Début des années 2000, Suzanne Viguier, 38 ans et mère de trois enfants, disparait mystérieusement. Suspect numéro un, son mari, Jacques, se voit privé de liberté et fait l’objet d’un premier procès duquel il sortira acquitté. Clamant son innocence, le père de famille et professeur de droit se voit pourtant rejugé pour les mêmes faits un an plus tard sans qu’une seule preuve ne l’accable davantage. Relayé par les médias, faisant parler de lui dans toutes les chaumières, ce deuxième procès sera-t-il celui de la vérité ? Habillement présentés, les pièces du dossier, les premiers éléments de l’enquête et le premier verdict donnent le ton sans alourdir sa courte introduction. Très vite, on passe des faits à l’humain, à ceux et celles qui ont une part active dans le récit qui nous occupera durant près de deux heures sans jamais nous désintéresser. Nora (Marina Foïs), mère célibataire et chef dans une brasserie de Toulouse convainc le grand avocat Eric Dupont-Moretti de s’intéresser à l’affaire et de prendre le relais pour le deuxième procès à venir. Bourru, dépassé, le ténor du barreau accepte à une condition : que celle qui est venue plaider la cause de Jacques Viguier prenne en charge les centaines d’heures d’écoutes téléphoniques venues s’ajouter au dossier. La course contre la montre est lancée… Olivier Gourmet-Moretti Alors qu’Eric Dupont-Moretti s’est testé à plusieurs reprises dans le monde du 7ème art avant de monter sur les planches pour un seul en scène, c’est Oliver Gourmet que l’on trouve à la barre de ce navire colossal qu’est l’affaire Viguier. Le comédien belge qu’on ne doit plus présenter nous a déjà bluffé dans des rôles divers et variés mais en entrant dans la peau du ténor qu’est Moretti, c’est une nouvelle facette de sa personnalité qui nous est présentée. Blasé mais terriblement impliqué, distant tout en étant à l’écoute, le célèbre avocat dépeint par Antoine Raimbault colle parfaitement à l’image que l’on s’est faite du vrai Dupont-Moretti. Faisant trembler les murs du tribunal de deuxième instance où nous avons pris place, Olivier Gourmet en impose, gronde en usant de la force de caractère qu’on lui connait et met à mal toutes les théories alambiquées d’une police et d’une justice qui œuvrent en dilettante sans se poser ces trois questions essentielles : Où ? Quand ? Comment ? Pourquoi s’obstiner à vouloir condamner un homme qui a vécu dix ans de galère, dont la réputation a été anéantie par des soupçons relayés par la presse et par des rumeurs ravageuses. Comment peut-on vouloir emprisonner un accusé alors qu’aucun corps, aucune piste, aucune preuve ne le relient à un crime quelconque ? Dans son plaidoyer, l’avocat interpelle sur les raisons qui poussent des hommes à vouloir porter un jugement plutôt que de faire justice ? Si la limite entre les deux est ténue, elle existe pourtant bel et bien et mérite que l’on y réfléchisse. Pour aider à cette prise de conscience, le scénariste et réalisateur a décidé de donner vie à l’opinion publique et la personnifier grâce à Nora (toujours juste et épatante Marina Foïs). Faisant passer sa vie au second plan, cette jeune femme va tout donner pour innocenter Jacques Viguier, un homme qu’elle connait à peine. Se donnant corps et âme, passant de ses services en cuisine en nuits blanches, mettant sa santé et sa famille en péril, l’assistante improvisée de Dupont-Moretti va donner un autre regard sur l’affaire, transformant le procès de Viguier en celui d’un amant un peu trop présent. Manipulations, rumeurs et intimidations viennent s’ajouter à un récit judiciaire plus terre à terre. Les zones d’ombre se font de plus en plus larges, le silence de Jacques Viguier (mutique mais excellent Laurent Lucas) plus prégnant et on avance, tête baissée, dans des suppositions qui ne sont là que pour étayer le postulat de départ : et si Jacques Viguier n’avait rien fait ? Alors qu’il réalise son tout premier long-métrage (après une expérience dans des courts déjà bien récompensés), Antoine Raimbault fait preuve d’un savoir-faire indéniable, proposant des dynamiques et des jeux de lumières intéressants (on pense à la première écoute de Nora superbement amenée), nous interpellant et nous emmenant dans un scénario riche où actions et psychologies de personnages se mêlent sans entacher la ligne conductrice. Avec son « Intime conviction », le réalisateur fait revivre un genre qui fonctionne encore sur grand écran et signe un premier grand film classique mais très réussi ! Date de sortie en Belgique/France : 6 février 2019 Durée du film : 1h50 Genre : Thriller Résumé du film : ‘Werk ohne Autor’, inspiré par la vie du peintre Gerhard Richter, suit le jeune artiste Kurt Barnert, qui grandit sous le régime nazi puis sous le gouvernement communiste en Allemagne de l’Est. Quand il rencontre Ellie, il trouve le grand amour de sa vie. Pour échapper à la société étouffante du communisme et à la tyrannie du père d’Ellie, le professeur Carl Seeband, Kurt et Ellie s’enfuient vers l’Ouest. Mais Kurt reste hanté par les souvenirs de sa jeunesse. Il commence à créer de l’art sur son propre destin et sur les traumas d’une entière génération. Lorsqu’il découvre l’art comme une vraie force authentique, il apprend également la vérité sur Carl, et le lien pénible entre son beau-père et un événement tragique de son passé… Note du film : 9/10 (par Véronique) Avis : Deuxième claque de l’année « Werk ohne Autor » est une prouesse cinématographique de longue durée qui aura su nous marquer. Comptant près de trois heures à son actif, le troisième long-métrage de Florian Henckel von Donnersmack réussi le délicat pari de garder notre intention intacte des débuts de son récit, planté dans l’Allemagne de l’année 1936 à sa fin émouvante à Düsseldorf au milieu des années 1960. A l’heure où nombreux sont les films de guerre et les biopics picturaux à avoir marqué la cinéphilie ces dernières années, la tâche n’était pas aisée. Pourtant, au sortir de notre séance, on ne peut que constater que celle-ci a été rondement menée. Garder les yeux ouverts sur la réalité. S’appuyant sur la vie de Gerhard Richter, « Werk ohne autor » s’accorde une grande liberté d’adaptation, ajoutant une dramaturgie familiale et une romance qui emportent toutes les émotions sur leur passage. Abordant les thématiques de l’art, la quête identitaire, l’angoisse de la toile blanche, le devoir de mémoire mais aussi le besoin de liberté, le poids du passé et de l’Histoire, le film a une densité impressionnante qui perdure sur la durée. Ne versant jamais dans le pathos, le film de Florian Henckel von Donnersmack nous fait comprendre combien son héros, le jeune artiste Kurt Barnert (excellent Tom Schilling), n’a jamais souffert de son passé mais en a été marqué au plus profond de son âme. Nous offrant des moments de vie intime et professionnelle à la fois exultés et pudiques, le métrage nous permet, par les temps longuement installés, d’entrer de façon concrète dans l’histoire du petit Kurt, adoré de sa tante Elisabeth mais aussi dans les états d’âme de l’adulte parti à l’Ouest pour retrouver une liberté artistique qui lui échappait totalement. En effet, dès l’ouverture du film, on comprend que le chemin de la quête identitaire de Barnert sera compliqué. Tout au long de sa carrière, le peintre emprunte différents sentiers, le menant à l’Académie des Beaux-Arts de Dresde au succès et la reconnaissance de ses pairs, lui faisant tenir un pinceau au service de tableaux dits de réalisme socialiste à de grandes fresques communistes faisant l’apologie de Staline. En traversant près de trente ans dans cette Allemagne de la moitié du siècle dernier, nous mesurons l’influence du nazisme et de la politique menée par Hitler mais aussi celle de la Guerre froide qui marquera une fracture entre l’Est conservateur fuit par Kurt (et sa jeune épouse Ellie) et l’Ouest de tous les possibles. A travers son destin, ce sont les contours de l’Histoire allemande tout entière qui se dessinent, avec brio, délicatesse, force et émotion. Des réalités dont Kurt ne s’est jamais détourné et qu’il a gardé précieusement dans un recoin de sa mémoire ou sur des photos sépia qu’il refera vivre magistralement dans sa période « grise » du milieu des années 1960. La profondeur de l’art. Outre son merveilleux casting totalement irréprochable (on est séduit par Laura Beer et Saskia Rosendahl, glacé par le charismatique et imposant Sébastian Koch), Florian Henckel Von Donnersmack parvient à mettre en lumière l’art contemporain et les difficultés de trouver sa place dans une Europe sujette aux changements mais pas seulement. La photographie de Caleb Deschanel (qui lui vaut une nomination aux Oscars en plus de celle du Meilleur film étranger) est d’une sublimité remarquable, au même titre que les mélodies hautement prenantes de Max Richter qui magnifieront les images et les thèmes du film. Longtemps absent du monde du septième art (la faute à un « The tourist » controversé ?), le réalisateur allemand a bien fait de nous revenir avec ce projet de portée universelle et déjà reconnu à de nombreuses reprises à sa juste valeur. Rempli de lyrisme et d’amour pour son sujet, le film entrecroise histoires avec un petit et un grand H, aborde les cruautés de la Seconde guerre mondiale mais aussi les satisfactions personnelles et les mêlent dans un ballet d’émotions dont on sort satisfait, ému et encore chancelant, marqué par la prouesse scénaristique et visuelle d’un film que l’on n’aurait pas vu venir s’il n’avait pas été précédé d’une si belle réputation. Chapeau bas à Monsieur Henckel Von Donnersmack, vous nous avez apporté une belle leçon de cinéma et ça, ça ne se refuse pas ! Date de sortie en Belgique : 6 février 2019 Durée du film : 3h09 Genre : Drame Résumé du film : Six personnes se retrouvent dans une situation incontrôlable ou seule leur intelligence leur permettra de survivre. Note du film : 6,5/10 (par François) Avis : Surfant sur le succès des escape rooms en tous genres, « Escape Game » (quelle originalité !) place son action dans un immense building d’où six personnes devront s’échapper. De facture extrêmement classique, ce thriller sait pourtant actionner des manettes certes bien connues, mais néanmoins efficaces. Trouverez-vous la sortie avant nos héros du jour ? Adam Robitel (responsable de certains épisodes d’« Insidious » et de « Paranormal Activity ») nous livre avec « Escape Game » un thriller calibré pour tenir le spectateur en haleine grâce à un rythme efficace et à une galerie de personnages que nous prenons plaisir à côtoyer le temps de cette aventure haletante. Entre Amanda (Deborah Ann Wool), jeune vétérante ayant fait ses armes en Irak, Mike (Tyler Labine) chauffeur de poids-lourds, Jason (Jay Ellis) conseiller en placements, Ben (Logan Miller) assortisseur, Danny (Nik Dodani) le geek de la bande et enfin Zoey (Taylor Russell), l’étudiante en physique, on ne décelle aucun point commun, du moins, en apparence. Ils ne se connaissent pas mais chacun a reçu une invitation à participer à cet escape game avec, à la clé, 10.000 dollars pour celui/celle qui parviendra à trouver la sortie. Si ce film est aussi sympathique, c’est parce qu’il commence sur les chapeaux de roues, et que d’emblée, nous trouvons les personnages attachants. Toutefois, quelques flash-backs dispensables viennent développer l’histoire de certains d’entre- eux, délaissant les autres. Le problème est qu’on ne peut s’empêcher de penser que beaucoup de ces clins d’œil révélés sont beaucoup trop appuyés pour duper l’amateur du genre. De même l’efficacité du rythme a pour conséquence d’enchainer les scènes, les salles piégées et inéluctablement les victimes qui tombent successivement les unes après les autres… La réalisation est à l’image de la maitrise de l’ensemble et nous avons beaucoup apprécié la diversité des différentes pièces qui offrent un panorama varié de couleurs, de formes et de dangers. Finalement, seuls deux reproches sont à formuler au film d’Adam Robitel. Tout d’abord, son classicisme qui ne laisse aucune place à la surprise. Enfin, on ne peut s’empêcher de penser qu’un autre film proposait la même trame quinze ans auparavant avec beaucoup plus de réussite. Il s’agissait du film « Cube » du canadien Vincenzo Natali qui, à l’époque, avait su nous déstabiliser et même nous angoisser avec un concept plus abstrait peut-être mais surtout plus marquant. Date de sortie en Belgique : 6 février 2019 Date de sortie en France : 27 février 2019 Durée du film : 1h39 Genre : Thriller Titre original : Escape Room Résumé du film : Insolente, spontanée, drôle. Pamela, jeune Rom, ne ressemble à aucune fille de sa communauté. Elle vit seule avec sa grand-mère et son bébé dans une cahute où elles partagent le même lit. Mais que faire avec une enfant de deux ans quand on rêve d'être libre ? Pamela s’embarque vers l’inconnu, rompant avec les traditions qui l’étouffent. « Lapin, pizza, amour », trois mots de français et l’espoir d’un mariage pour changer son destin et celui de sa fille. Note du film : 6/10 (par Véronique) Avis : Marta Bergman, jeune réalisatrice, nous livre en ce début du mois de février un film plutôt actuel : « Seule à mon mariage ». Nous contant l’histoire de Pamela, jeune rom venue de Roumanie pour rencontrer Bruno (Tom Vermeir, vu dans "Belgica") et trouver l’amour en Belgique, le film met aussi en lumière la difficulté de fonder une histoire (et une famille ?) lorsque deux cultures s’opposent. Celle qui vivait rudimentairement dans son village de la périphérie de Bucarest, dans un logement modeste qu’elle partageait avec sa grand-mère et sa petite fille de deux ans, se retrouve dans un appartement bruxellois où l’eau coule à flot dans chaque robinet mais où la solitude l’attend à chacun des recoins. C’est que Bruno, vieux jeune homme, éprouve des difficultés à accueillir la jeune femme, son manque de vocabulaire et ses pertes de repères. Fuyant les rencontres, la laissant seule la plupart du temps, le belge attentionné se révèle être un futur mari bien peu enjoué. Les lueurs d’espoir de Pamela (la très juste Alina Serban) sont de courte durée et les intentions louables de la jeune femme ne semble pas toucher celui qui l’a sauvée d’une vie austère et de misère. Tournée vers son pays natal, espérant faire revenir sa fille qu’elle n’a pas hésité à délaisser à de multiples reprises, la Roumaine, un peu naïve, va errer dans sa nouvelle maison comme dans sa propre vie. Et cette errance est justement le point faible du film. Alors que les minutes s’écoulent et les ouvertures semblent devenir possibles, nous stagnons dans une histoire qui peine à décoller et tourne souvent en rond, à l’image de son héroïne. Si bien que, lorsque le final nous parvient, on se demande sincèrement quelles étaient les intentions de la documentariste passée du côté de la fiction pour un premier film en demi-teinte. Intéressant mais malheureusement insuffisant, le scénario manque de profondeur et de charme tout comme la mise en scène très sobre et parfois trop académique. Heureusement, Alina Serban et Tom Vermeir habitent leur personnage et nous font croire à leurs premiers pas fébriles, à leur rencontre timide et au respect qu’ils entretiennent l’un pour l’autre malgré les barrières qui ne feront que s’élever un peu plus. Un mur que l’aurait aimer escalader et sur lequel on se serait poser pour observer une histoire qui aurait gagné à être plus exploitée. Malheureusement, les prises étaient trop rares et nous sommes restés au pied de ce qui semble être une rupture entre l’Europe occidentale et orientale maladroitement amenée. « Seule à mon mariage » malgré toute sa conviction ,n’est finalement qu’un essai qui peine à être transformé… Date de sortie du film : 6 février 2019 Durée du film : 2h01 Genre : Drame Résumé du film : Fin connaisseur des arcanes de la politique américaine, Dick Cheney a réussi, sans faire de bruit, à se faire élire vice-président aux côtés de George W. Bush. Devenu l'homme le plus puissant du pays, il a largement contribué à imposer un nouvel ordre mondial dont on sent encore les conséquences aujourd'hui… Note du film : 9/10 (par François) Avis : Avec « Vice », une belle claque cinématographique vous attend et nous pouvons prendre dès à présent les paris : gageons qu’au terme de cette année 2019 « Vice » restera un de ses films phares ! Film politique accessible à l’humour ravageur et à l’intelligence rare, il n’en fallait pas plus à ce film majeur pour proposer un cocktail véritablement gagnant! Alors, arborez votre plus beau sourire, ne lésinez pas sur les poignées de main et suivez-le guide de la Maison Blanche pour une belle ascension vers le sommet du pouvoir ! « Vice » en lice pour les Golden Globe Avec six nominations aux Golden Globe dans les principales catégories : meilleur film dramatique, meilleur réalisateur, meilleur scénario, meilleur acteur principal et meilleurs seconds rôles (masculin et féminin) ; nous pouvons dire sans trop de risques que « Vice » a toute ses chances de remporter au moins une prestigieuse statuette ! Si tel était le cas, les Oscars seront à la portée de cette pépite. Pourtant, nous n’attendions pas le réalisateur Adam McKay sur ce terrain. Nous sommes loin de ses thèmes de prédilection que rencontrent souvent ses comédies potaches avec Will Ferrell en tête d’affiche: « Frangins malgré eux », « La légende de Ron Burgundy » ou encore « « Ricky Bobby : roi du circuit » c’était lui ! Mais ce n’est pas la première fois qu’il tourne avec Christian Bale et Steve Carell puisqu’on lui doit également « Big Short : le casse du siècle ». Quand le film politique rencontre la comédie et «Vice » versa Notre premier étonnement est le « ton » choisi par le réalisateur. Tout au long du film, nous naviguons en douceur entre deux eaux pour un résultat fort agréable ! L’accession de Dick Cheney au pouvoir est assez classique. Le spectateur découvre un pauvre type un peu trop porté sur la boisson qui marchera « droit » grâce à la vigilance (et oserait-on le dire - la fermeté) de son épouse Lynne (stupéfiante Amy Adams). Dans ce rôle étonnant, nous retrouvons un acteur caméléon dont nous avons l’impression qu’il peut tout jouer ! Christian Bale est en effet méconnaissable dans la peau de ce politicien républicain nationaliste qui a attendu patiemment son heure. Le maquillage permet des résultats étonnants mais ici particulièrement, nous sommes bluffés ! Bien décidé à reprendre sa vie en main, ce bon vieux Dick se trouvera un stage à la Maison Blanche sous la houlette de Donald Rumsfeld (épatant Steve Carell qui nous fait sourire à chacune de ses apparitions). Ensemble, ils échafauderont pas mal de coups bas, de manipulations en tous genres et d’intrigues politiques. Mais la vraie force du réalisateur est de dépeindre cela avec un humour terriblement efficace qui relève parfois de la philosophie : un coup de génie ! « En quoi croyons-nous ? » Cette phrase est prononcée par un Christian Bale à un Steve Carell alors hilare ! Mais derrière cette « naïveté » se cache une réalité beaucoup plus fondamentale : la vision d’un échiquier politique global. Plus important encore que la sincérité liée à l’idéologie des débuts, la réalité politique à ce niveau de pouvoir est justement de le garder en éloignant toujours un peu plus l’autre camp, quitte à renier de grandes valeurs qui tiennent aussi du sens commun. Cette phrase est, à nos yeux, révélatrice de la complexité politique et de ses actions. De nombreux exemples, à la finesse d’écriture sans pareille, composent le film et le second degré est filmé avec une originalité que nous n’avions jamais vue jusqu’ici ! Cette géopolitique nous est donnée à voir grâce à de belles métaphores visuelles qui vous feront rire de bon cœur ! Souvent, nous nous amusons de l’inventivité des dialoguistes ou du metteur en scène. On en veut pour exemples, un faux générique de fin au milieu de l’intrigue ou un menu peu ordinaire mêlant plat de résistance et frappes offensives. Et le pire, c’est que le réalisateur y parvient sans aucun aspect moralisateur mais avec un dosage qui frise le travail d’équilibriste ! Dick Cheney tellement plus qu’un Vice-président ! L’autre force du film est de voyager dans le temps grâce à la formidable reconstitution des Etats-Unis. Quel bonheur d’évoluer dans l’Amérique de Nixon, puis de Ford en passant par celle de Reagan et de Bush père. Quant à son fils Walker (simplement « W » pour les intimes), qui mieux que le génial Sam Rockwell pouvait l’incarner avec autant de justesse ? Grâce à des répliques qui font toujours mouche, nous rions devant ce président fantoche très bien entouré. C’est précisément à ce moment que nous comprenons que Dick a su se rendre indispensable en cumulant tous les postes importants afin de ne pas juste être un « Vice-président ». En définitive, nous vous recommandons chaudement d’aller voir tout ce beau monde car, avec l’œil avisé du réalisateur, c’est tout un pan de la politique moderne américaine qui nous est donnée à voir avec beaucoup d’humour et de pertinence ! La réalisation sans faille participe bien sûr à ces réjouissances de hautes volées, mais « Vice » propose un supplément d’âme jamais rencontré auparavant. Dès lors, nous entrons en campagne pour en parler le plus possible et n’avons qu’un conseil : courrez le voir ! Date de sortie en Belgique : 27 février 2019 Date de sortie en France : 13 février 2019 Durée du film : 2h12 Genre : Biopic |