Note du film : 8/10 (par Véronique) Résumé du film : 1945. Danemark. Fin de la Seconde Guerre Mondiale. Plusieurs soldats allemands, à peine sortis de l’adolescence, sont faits prisonniers par l’armée danoise et envoyés en première ligne pour désamorcer les mines enfouies le long de la côte. Pour eux, la guerre est loin d’être terminée. Inspiré de faits réels, le film raconte cet épisode tragique de l’Histoire. Avis : Avec « Land of mine », Martin Zandvliet nous livre un film fort, une claque historique que nous ne sommes pas prêts d’oublier. En effet, le réalisateur danois nous rappelle qu’au lendemain de la guerre, l’armée allemande a envoyé de (très) jeunes soldats pour « nettoyer » la côte ouest du Danemark des mines qu’ils y ont laissées. Il y en aurait eu près de 2,2 millions, soit plus que dans tous les autres pays européens réunis. Pourquoi à cet endroit ? Parce qu’ils pensaient que le débarquement se ferait par là. Enterrées à 15-20 cm dans le sable (pour qu’elles fassent un maximum de dégâts), les mines doivent être neutralisées une à une pour sécuriser les plages danoises de l’artillerie lourde allemande. Si elle s’y prend convenablement, la jeune milice pourrait rentrer chez elle rapidement. Pour cela, il leur faut désamorcer chacun 6 mines par heure, durant presque trois mois ! Mais à chaque manipulation, c’est la mort qui les guette et une chance de moins de revoir le pays. « Under Sadet », titre original du film, signifie « sous le sable ». Dans ces deux mots, tout est dit. Agenouillés sur la plage, de jeunes allemands peu expérimentés creusent le sable pour découvrir des mines de tous genres enfouies quelques années auparavant. Les doigts tremblants, ils n’ont que quelques minutes pour sécuriser la zone et espérer que la manœuvre ne leur sera pas fatale. Dans notre fauteuil, nous ne pouvons que trembler nous aussi, de les voir ainsi face à de tels dangers, admirant le sang froid de certains et relâchant notre souffle lorsque la manœuvre a fonctionné. Mais ce n’est pas la tension que Zandvliet a voulu créer (bien qu’il le fasse très bien), mais nous rappeler l’existence de ces jeunes unités envoyées de force pour faire le boulot difficile que leurs aînés ne voulait pas réaliser. « Les oubliés », titre francophone utilisé pour la distribution du film dans l’hexagone, est finalement l’occasion de mettre en lumière ce crime de guerre perpétré par les vainqueurs sur leurs anciens belligérants. Très réaliste, le film nous immerge dès les premières minutes dans ces lands où les embruns et les herbes sèches sont les seules traces de vie visibles à des centaines de kilomètres. C’est dans cet environnement hostile formidablement reconstitué qu’évolue l’unité de jeunes allemands incarnés de main de maître par des comédiens inconnus au bataillon mais tellement efficaces : Louis Hofmann, Joel Basman , Oskar Bökelmann, Emil Belton ou encore Oskar Belton sont quelques-uns de ces comédiens qui nous toucheront droit au cœur par leur interprétation impeccable. Supervisé par le peu commode Sergent Rasmussen (l’extraordinaire Roland Møller), ces jeunes souffriront de la situation mais aussi du mépris qu’a la population danoise sur la nation qu’ils représentent. Si le thème du film peut paraître rébarbatif de prime abord, il n’en est rien ! Tout est mis en œuvre pour que le spectacle soit total, l’expérience réussie. La photographie est superbe : des paysages lumineux aux visages éreintés par la faim, la soif et le labeur, la caméra parvient à capter ces instantanés de façon grandiose. Martin Zandvliet nous bluffe par sa réalisation maîtrisée et parvient à nous faire entrer au plus près de la vie de ces jeunes gens, avec pudeur, discrétion et compassion, sans que l’on ne décroche une seule seconde de la trame qui se joue sous nos yeux. Pas étonnant dès lors que le film soit nominé comme « Meilleur film étranger » pour les Oscar 2017. Il a d’ailleurs déjà été récompensé par le Bodil/Robert du meilleur film danois, du meilleur acteur pour Roland Møller (qui a aussi reçu le même prix au Tokyo International Film Festival) et du meilleur second rôle pour Louis Hoffman. Avec son sujet dur et sa réalisation affûtée, « Land of mine » marquera les esprits. Impeccablement interprété, extrêmement immersif, ce drame historique de grande tension vaut véritablement la peine d’être vu. Ne fut-ce que pour avoir un autre regard sur l’après-guerre et les crimes qui ont continué à être commis, même lorsque l’on croyait la page de la Deuxième guerre mondiale définitivement tournée… Date de sortie en Belgique: 25 janvier 2017 Date de sortie en France : 1 mars 2017 Durée du film : 1h36 Genre : Drame historique Titre original : Under Sadet, Unter dem Sand
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Note du film : 8,5/10 pour François et 8/10 pour Véronique Résumé du film : Le film se déroule au cœur de Los Angeles où une actrice en devenir prénommée Mia sert des cafés entre deux auditions. De son côté, Sébastian, passionné de jazz, joue du piano dans des clubs miteux pour assurer sa subsistance. Tous deux sont bien loin de la vie rêvée à laquelle ils aspirent... Le destin va réunir ces doux rêveurs, mais leur coup de foudre résistera-t-il aux tentations, aux déceptions, et à la vie trépidante d'Hollywood ? Avis : Encensé par la critique après la Mostra de Venise, présenté à de nombreuses reprises dans les médias, récompensé par sept Golden Globes début du mois de janvier, impossible de passer à côté du phénomène « La La Land ». Avec tout ce ramdam, les adeptes des films musicaux comme les sceptiques se réuniront vraisemblablement dans les salles cette semaine pour se faire leur propre opinion. Qu’en est-il de la nôtre ? Survitaminé, le dernier long métrage de Damien Chazelle apporte son lot de couleurs dans le gris de cet hiver. Tel un smoothie goûteux, sa comédie musicale distille un peps qui fait du bien, qui nous fait sortir le cœur léger et des mélodies dans la tête que l’on fredonnera quelques jours encore… « City of Stars… ♪ » Et en parlant de mélodies, on vous rassure tout de suite. Les spectateurs imperméables aux films musicaux ont toute leur chance d’apprécier le métrage enjoué. Mis à part le premier quart d’heure du film, les chansons viennent agrémenter l’histoire de Mia et Sébastian sans basculer dans l’écœurement. La scène d’ouverture démentielle donne le « la » et le ton du film, offrant un condensé de tout ce que l’on pourra trouver ensuite, de façon plus dosée. Les chants ne sont pas qu’un prétexte ridicule pour montrer la performance d’Emma Stone et de Ryan Gosling , que du contraire. Ils sont l’occasion de dévoiler de façon exacerbée les sentiments qui les animent, et ça fonctionne ! Le duo de comédiens se met d’ailleurs au diapason de bien belle façon, et pas seulement lorsqu’il s’agit de pousser la chansonnette : claquettes, pirouettes, danses de salon sont autant de façons de mettre leurs talents en accord et nous offrir une prestation dynamique et magique. Et on se réjouit que Ryan Gosling ait repris le flambeau lorsque Miles Teller a finalement délaissé le projet. Le bel acteur (qui a une grande communauté de fans féminins) met son charisme et son humour au service du film. Mais pas seulement ; il n’a en effet pas hésité à prendre des cours de piano de façon intensive pour interpréter lui-même les morceaux du film ! Le producteur confirme d’ailleurs : « Je n'ai jamais rien vu de tel ! D'ailleurs, on n'a jamais utilisé de doublure pour les gros plans sur les mains de Sebastian quand il est au piano. Ce sont celles de Ryan ». Puisqu’on évoque les gros plans, notons qu’ils sont en effet très récurrents dans le long-métrage. Pour capter l’intensité des regards, les émotions qui passent sur les visages, pour nous rapprocher au maximum de la performance des acteurs. Mais revenons à ce qui nous occupait précédemment : la musique ! Signée par Justin Hurwitz, fidèle collaborateur de Damien Chazelle avec qui il a travaillé sur ses deux premiers longs-métrages, la bande originale se déguste tel un Aperol Spritz sur une terrasse d’été : elle se savoure, elle pétille, elle rafraîchit ! Véritable personnage du film, elle prend une place de choix (tout comme dans « Whiplash »), sans effacer les dialogues ou ternir l’image arc-en-ciel de « La La Land ». Si nous ne tarissons pas d’éloges sur le film, on doit tout de même reconnaître que tout n’est pas parfait. Les reconstitutions sont sublimes, les acteurs au top, la musique enchanteresse, la réalisation bien maîtrisée mais… nous n’avons jamais vraiment oublié que nous étions dans notre salle ciné ! Souffrant de quelques longueurs, le film de Chazelle est un fournisseur de bonheur, un film performant où tout est réglé au millimètre près, où le métronome ne cesse jamais de balancer entre rires et larmes mais où finalement, nous ne parvenons pas totalement à nous immerger. Date de sortie en Belgique/France : 25 janvier 2017 Durée du film : 2h08 Genre : Comédie musicale Note du film 5,5/10 (par Véronique) Résumé du film : En 1800, la Bretagne est à genoux, accablée par le régime en place et par le clergé omnipotent. Elle se meurt dans un marasme économique qui n’en finit pas et au milieu de cela, une fillette en souffrance pousse, tant bien que mal. Cette fillette c’est « Fleur de Tonnerre », une enfant isolée, malmenée par la vie et bercée par le morbide. Elle en deviendra la plus grande « serial killer » que la terre ait jamais porté et sèmera la mort, peut être juste pour être regardée et aimée. Avis : « Fleur de Tonnerre » fait une petite sortie discrète dans nos salles ce mercredi. Adapté du roman de Jean Teulé, le film est porté par une cinéaste débutante : Stéphanie Pillonca Kervern (oui oui, Mme Gustave Kervern). La transposition à l’écran est-elle réussie ? L’histoire incroyable de la redoutable empoisonneuse Hélène Jégado passionnera-t-elle les foules ? On aurait aimé vous répondre que oui. Mais malgré une photographie exceptionnelle et une Déborah François au sommet de son art, on bute sur les libertés scénaristiques qui font perdre tout le sel de l’histoire et qui annihile un travail prometteur. Les adeptes de l’univers littéraire de Jean Teulé, dont nous faisons partie, seront sans doute intrigués voire enthousiastes à l’idée de voir « Fleur de Tonnerre » sortir dans les salles. Au risque d’en décevoir certains, on se doit de vous avertir que si vous pensiez retrouver le génie narratif du romancier, sa « true crime touch » et son savoir-faire reconnaissable, il n’en est rien. En effet, nombreuses sont les digressions et libertés prises par rapport au récit original. Par exemple, on déplore l’absence des deux gendarmes qui traquent Hélène durant tout le roman (et qui ont une importance réelle) et on s’étonne de voir apparaître une romance dominante entre la jeune femme et Matthieu alors qu’elle est presqu’anecdotique dans le bouquin de Teulé. On ne comprend vraiment pas pourquoi le rôle de sauveur, interprété par Benjamin Biolay prend une telle importance dans le récit alors qu’elle n’est qu’évoquée à quelques reprises dans l’œuvre littéraire. Pour le voir porter le costume d’époque ? Si ça ne tenait qu’à ça, une apparition aurait suffit à satisfaire les fans de l’auteur- compositeur, au même titre que ceux de Miossec qui hallucineront de le voir évoluer sur l’écran. Le déséquilibre de la trame narrative cinématographique déstabilise et peine à nous faire entrer dans le long-métrage. Ces « détails » ne sont pas les seuls à nous interpeller. La chronologie mise au service du scénario diverge elle-aussi. On voyage entre différentes époques, de l’audition d’Hélène à son enfance, en passant par quelques-uns de ses meurtres. Là aussi, le duo de scénaristes (Gustave et Stéphanie Kervern), a opéré des choix orientés, omettant quelques événements clés dans la vie d’Hélène (on pense à ses retrouvailles avec son père). Bien sûr, il fallait sélectionner quelques-uns des vingt empoissonnements réalisés par la jeune femme durant près de 18 ans dans la Bretagne entière, mais sont-ce les plus judicieux ? De plus, les intentions de la meurtrière sont trop clairement énoncées : sa folie ne semble faire aucun doute, les voix dans sa tête sont omniprésentes et sa certitude d’être l’Ankou bien trop affirmée. A nouveau, même si la lecture du roman remonte à quelques années à présent, on ne se rappelle pas avoir eu de telles « affirmations » à l’époque… cela nous semblait plus fin, plus suggestif. Néanmoins, ces scènes permettent à Déborah François de nous montrer toute l’étendue de son talent car c’est un des (seuls) points forts du film. L’autre étant la beauté des paysages et la photographie superbement maîtrisée. On se plonge dans la Bretagne des années 1800 avec un réalisme délectable. Mais une magnifique image et une bonne actrice suffisent-ils à convaincre ? Si la réalisation est intéressante et la photographie attractive, le « suspense », lui, est beaucoup moins dense que dans l’œuvre dont le film est tiré. Jean Teulé, issu du monde de la BD, à l’art d’imager son récit, de lui donner un rythme prodigieux qu’on retrouve pas ici. Perdue dans la brume des landes bretonnes qu’elle aime tant, Stéphanie Pillonca-Kervern, prend (un peu trop) son temps, oriente un peu trop ses choix, au risque de se perdre dans une histoire inspirée de « Fleur de tonnerre » mais à mille lieues des éclairs de génie de son auteur. Un film académique, agréable mais tellement peu marquant… Date de sortie en Belgique : 18 janvier 2017 Durée du film : 1h40 Genre : Drame Note du film : 8/10 (par Véronique) Résumé du film : Dans l’Ouest américain, à la fin du XIX siècle. Liz, une jeune femme d’une vingtaine d’années, mène une existence paisible auprès de sa famille. Mais sa vie va basculer le jour où un sinistre prêcheur leur rend visite. Liz devra prendre la fuite face à cet homme qui la traque sans répit depuis l’enfance… L'histoire nous montre comment la jeune femme, hantée par un horrible passé, doit se battre pour sa vie et celle des gens qu'elle aime. Avis : Ecrit et réalisé par Martin Koolhoven, « Brimstone » est un western peu conventionnel. Si toute l’imagerie des Grandes Plaines du XIXème y est représentée (du saloon aux bottillons éperonnés en passant par les mineurs et les jeux d’argent) on est loin d’une trame à la Sergio Leone. En effet, le réalisateur hollandais, que nous ne connaissions pas du tout, opte pour un thriller dense et sombre où l’héroïne, comme les spectateurs, auront peu de répit. A travers quatre chapitres distincts, on assiste à la genèse et à l’exode de Liz, jeune sage-femme muette dans un village reculé de l’Ouest américain. Mariée, mère d’une petite fille et belle-mère d’un garçon de 14 ans, elle vit une existence paisible, bien que précaire, quand arrive un nouveau révérend. Austère, le religieux vient diffuser la bonne parole dans cette communauté de cow-boys mais Liz reconnaît celui qui la traque depuis des années et voit sa sécurité vasciller. Ce n’est pas anodin si le titre des chapitres nous rappelle des thèmes religieux. Le film de Koolhoven prend un appui important sur la culture religieuse hollandaise, notamment à travers le personnage sombre et menaçant du Révérend. C’est l’excellentissime Guy Pearce, grand comédien australien, qui a la lourde tâche de prêter ses traits à cet homme détestable. Pourchasseur dément, il campe son personnage de façon glaciale et angoissante. Quelle interprétation ! A l’affiche de « Genius », du « Discours d’un roi » ou encore de « Memento », le comédien a indéniablement une « gueule » qui marque et le fait ici encore de façon magistrale! L’autre figure emblématique du film, c’est Liz, interprétée par Dakota Fanning, comédienne à la carrière déjà très très longue malgré son jeune âge (22 ans) : « La Guerre des mondes », Jane Volturi dans la saga « Twilight », « Le petit monde de Charlotte », n’en sont que quelques exemples. Ici, sa performance est incroyable ! Porter toute la douleur et l’inquiétude de son personnage sans en faire des tonnes était loin d’être évident, et pourtant ! La jeune femme s’en sort de façon on ne peut plus convaincante ! Et elle n’est pas la seule ! On notera l’incroyable performance de Ivy George, toute jeune actrice, qui porte un rôle tout aussi délicat et l’assume avec une maturité surprenante. La petite actrice de seulement 9 ans (!) a déjà été confrontée à des rôles denses et particuliers (elle était à l’affiche de films d’horreur comme « Krampus », « Paranormal Activity 5 » ou encore de « The Veil »). La petite donne une sacrée leçon de cinéma à des comédiens bien plus expérimentés qu’elle ! Mais si « Brimstone » marque les esprits, ce n’est pas seulement par son casting incroyable. C’est aussi et surtout par sa photographie. Plongés dans le vieil Ouest, on croise tout ce qui fait l’univers du western : saloon, exécutions, prostituées, jeux d’argent, mineurs, étendues arides, revolvers, Chinois, bottes à éperons, diligence… tout y est ! Sombre, défaitiste, le film utilise tous les codes du genre western de façon brute, sans concession. On en veut pour preuve, certaines scènes de violence rare où rien n’est suggéré, tout est montré. On regrettera les quelques effets « spéciaux » râtés, qui apportent leur lot de kitsch à la trame générale et c’est bien dommage : on retiendra à peine ce petit rire gêné, qui fait du bien et qui permet de nous rassurer. Parce qu’il faut le reconnaître, l’ambiance est inquiétante. Même la musique de Junkie XL (nom de scène du compositeur très prolifique Tom Holkenborg qui n’en est pas à sa première bande originale) est oppressante. Certaines atmosphères ne sont pas sans rappeler d’autres long-métrages récents. « Homesman » de Tommy Lee Jones ou encore « Les Huit Salopards », de Quentin Tarantino pour la scène brumeuse dans un paysage enneigé. Toujours est-il que le thriller est prenant, angoissant et son sujet très délicat, parfois écoeurant : âmes sensibles s’abstenir ! Avec sa chronologie inhabituelle et déstabilisante (qui permet de comprendre l’histoire de Liz par des flashbacks de plus en plus anciens), « Brimstone », nous entraîne dans une folle épopée où l’horreur humaine prend une place importante. Nous ne connaissions pas l’univers du réalisateur néerlandais et cette entrée en matière est plutôt osée ! Difficile de dire ce qui pousserait le spectateur à se rendre dans les salles obscures. Peut-être l’envie de découvrir une histoire atypique et oppressante, très noire où l’on se crispe des premières images à la dernière, où l’héroïne ne connaît jamais de répit, où la torture physique et mentale est totale. Bref, un film dur, dans un ouest américain plus vrai que nature où le temps semble long (à l’image des 2h30 du film) et la libération quasiment impossible…Un film qui marque à coup sûr et qu’il vaut mieux déconseiller à ceux qui redoutent l’injustice et la barbarie. Un film dense, prenant où chaque détail compte, de la photographie à l’ambiance sonore. Un long-métrage presque impeccable qui ne souffre que de quelques petites approximations techniques… Date de sorte en Belgique : 18 janvier 2017 Date de sortie en France : 22 mars 2017 Durée du film : 2h28 Genre : Western Note du film : 5/10 (par Véronique) Résumé du film : Paul est marié à Sali. Tout irait pour le mieux s’ils arrivaient à avoir un enfant. Jusqu'au jour où Sali reçoit l'appel qu'ils attendent depuis si longtemps : leur dossier d'adoption est approuvé. Il est adorable, il a 6 mois, il s'appelle Benjamin. Il est blond aux yeux bleus et il est blanc. Eux… sont noirs ! Avis : Difficile d’apporter une critique pragmatique au dernier film de Lucien Jean-Baptiste. En effet, le bonhomme à la pêche, ses intentions sont louables, son long-métrage coloré, son casting est hyper impliqué dans son projet et il a su créer, on le sent, une vraie osmose entre les comédiens. Et pourtant, si on se doit d’être honnête, « Il a déjà tes yeux » n’est pas la réussite à laquelle on s’attendait. Davantage un téléfilm qu’un film de cinéma, il a le mérite d’apporter un peu de lumière dans le gris de l’hiver sans être non plus un grand film. Malgré toute la sympathie qu’on peut lui trouver, le réalisateur n’est pas à la hauteur de son ambition et signe une comédie un peu faiblarde. « On est la famille Benetton » Avec son histoire originale, Lucien Jean-Baptiste nous entraîne dans une comédie gentillette où une famille noire adopte un bébé blanc. Le monde à l’envers ? Pourquoi donc? Son dernier long-métrage montre les a priori que l’on peut avoir sur une situation aux apparences cocasses et ô combien ordinaire : deux parents qui adoptent un enfant par choix, pour lui donner tout leur amour. C’est sans doute cela qui a convaincu les spectateurs du FIFF de lui accorder le prix du public. Mais peut-on dire que le point de vue et la sympathie suffisent à faire d’ « Il a déjà tes yeux » un incontournable du moment ? Loin de là. S’il un beau matériel de base, Lucien Jean-Baptiste tombe très vite dans les clichés et ne parvient pas à garder la constante. Pourtant, son scénario, extrêmement positif, aurait pu aboutir sur un film épuré, drôle et dosé. Le premier tiers, très amusant, va crescendo vers un final bien trop extravaguant, en passant par des moments de standby presque gênants. Déséquilibrée, sa comédie n’atteint pas le but escompté et ce, malgré toute l’implication de chaque comédien. En tête d’un casting sympatoche, Lucien Jean-Baptiste a su s’entourer de belles personnes, parmi lesquelles Aïssa Maïga et Marie-Philomène Nga. En prime, on trouve une Zabou Breitman étonnante par sa dureté et son « racisme » alors qu’elle nous a habituée à des rôles positifs. Le coup de génie du film vient incontestablement du personnage de Vincent Elbaz, génial dans ce qu’il sait faire de mieux, nous faire rire par un comique de situation et une attitude goguenarde. Les bonnes idées ne donnent malheureusement pas toujours les meilleurs films. Sa réalisation et ses clichés un peu trop bruts ne donnent pas l’impulsion au scénario extraordinaire qu’aurait pu être celui de « Il a déjà tes yeux ». Néanmoins, on reste persuadé qu’il trouvera toute sa place dans les grilles télés, nous présentant des films de Noël légers et agréables à regarder. Pour ce qui est de la sortie ciné, par contre, c’est autre chose… Date de sortie en Belgique/France : 18 janvier 2017 Durée du film : 1h35 Genre : Comédie Note du film : 7/10 (par Véronique) Résumé du film : Jan Verbeeck est un commissaire intransigeant de la brigade des stups à Anvers. Réputé comme ‘Mr Tolérance Zéro’, il est extrêmement populaire auprès de la population et des médias. Le pays est en émoi quand, juste avant les élections, il annonce sa démission pour rejoindre le parti d’extrême droite VPV. Lors de son dernier jour dans la police, une enquête le mène à Charleroi où une descente dans un labo clandestin déclenche une série d’événements imprévisibles et fatals Avis : « Angle mort » est le dernier film très attendu de Nabil Ben Yadir. Le réalisateur belge avait déjà fait parler de lui lors de la sortie des « Barons » ou de « La marche ». Ici encore, les bandes annonces d’ « Angle Mort » foisonnent dans nos complexes ciné et sa réputation précède sa projection. Interpellant, son thriller politique (mais pas politisé) ne laissera personne indifférent. Son excellent casting et sa réalisation maîtrisée parviendront presque à occulter les petits soucis scénaristiques. Car Ben Yadir possède un terreau intéressant et il ne lui manque plus grand-chose pour transformer ses essais en film coup de poing ! Sortir un film tel qu’ « Angle mort » dans le contexte actuel est plutôt osé. Mais on le sait, le metteur en scène n’a jamais eu peur de proposer des sujets houleux et présente une vision de notre société brute, sans concession. Ici encore, il fait fort. Evoquer la criminalité, les amalgames et le racisme, le succès des partis d’extrême droite et le jeu d’influence politique dans un même film, c’est entrouvrir la porte des dérives de notre société. Il faut dire que Ben Yadir n’a jamais choisi la facilité. Après avoir reproduit à l’écran la fameuse marche pour l’égalité et contre le racisme de 1983, il brosse le portrait d’un groupe politique anversois, aux penchants racistes et séparatistes, inquiet pour la sécurité du pays. Pour que le réalisme soit total, Ben Yadir a tourné essentiellement avec des comédiens néerlandophones. S’il avait déjà croisé la route de quelques uns d’entre eux, il a renforcé son casting de marque par des figures emblématiques du Nord et encore (trop) méconnues chez nous. En tête de liste, Peter Van den Begin. Incroyable acteur au parcours impressionnant (tant dans la comédie que dans des registres plus sombres), il incarne Jan Verbeek, un commissaire de police détestable, violent et sans empathie apparente. Son personnage est le sel du film : de ses succès à sa chute, on passe l’heure trente à le suivre dans ses mésaventures… et à le détester ! Son jeu d’acteur est impeccable, vraiment ! Totalement bluffant, il maîtrise les traits de caractère de ce policier glacial avec une habileté déconcertante ! Le réalisateur confie d’ailleurs qu’il avait envie « de réaliser un film sur un personnage horrible et dur, quelqu’un que je serais le dernier à vouloir rencontrer ». Pari réussi ! On ne tarit pas d’éloges sur la prestation du comédien à la sortie de ce film dense et dur… Mais il n’est pas le seul à performer dans le film. Le casting complet vaut véritablement la peine d’être reconnu. A commencer par Soufiane Chilah (Dries), véritable révélation du film. Ce tout jeune comédien a de belles heures devant lui. Totalement impliqué dans son rôle, il épaule Peter Van den Begin de façon probante et se met à la hauteur de son talent sans devoir en faire des tonnes. Après avoir obtenu un rôle dans « Black » (le drame belge de Adil El Arbi et Bilall Fallah), il sera tout prochainement à l’affiche de « Home ». Le début d’une carrière prolifique ? C’est le tout bien qu’on lui souhaite ! Autre jeune figure talentueuse : David Murgia. Le jeune comédien belge porte à bras le corps un rôle difficile mais ô combien important dans l’intrigue de Ben Yadir. De « Rundskop » au dernier film de Bouli Lanners (« Les premiers, les derniers ») en passant par « Tango Libre » ou « Géronimo », le comédien n’a jamais déçu, que du contraire. Ici encore, il fait preuve d’un talent évident en incarnant ce personnage torturé au sens propre comme au figuré. Le cinéma belge regorge de talents et David Murgia en fait indéniablement partie. Dans les seconds rôles, on trouve des comédiens flamands de grande qualité tels que Jan Decleir (rappelez-vous, l’abbé « Daens » dans le film du même nom), vu précédemment dans « Les Barons » du même Ben Yadir. Mathijs Scheepers, Bert Haelvoet, Jurgen Delnaet ou encore Ruth Becquart sont autant de visages inconnus pour les wallons que nous sommes et c’est bien dommage. Fort heureusement « Dode Hoek » (dans la langue du Nord), les met en lumière et permet aux spectateurs francophones de découvrir un vivier de comédiens hors pairs. Très bien maîtrisé et impeccablement réalisé, le dernier film de Nabil Ben Yadir subit cependant quelques petites faiblesses ou approximations. Son scénario, à la fois fouillis et trop simpliste, nous offre quelques scènes improbables autant que des moments chocs et prenants. Très inconstant, il parvient cependant à garder toute notre attention. Certains dialogues semblent brouillons et quelques répliques étonnent (on se souviendra longtemps de celle-ci : « T’es fou, t’es pas dans un film, c’est Mont-sur-Marchienne ici »). Malgré cela, on sort de ce thriller politique à haute tension des réflexions plein la tête. Cette heure trente dans la vie du Commissaire Jan Verbeek ne laissera personne indifférent. Réaliste sans parti pris, le film interpelle. Très bien réalisé et porté par un casting irréprochable, il souffre d’un petit souci de scénario/ dialogues. Nous attendions beaucoup d’ « Angle Mort », de son sujet actuel, de son traitement. Nous avons en partie trouvé ce que nous étions venus cherché et continuons de croire que le cinéma belge a encore de belles choses à révéler. Date de sortie en Belgique : 25 janvier 2017 Durée : 1h40 Genre : Thriller Titre original : Dode Hoek Note du film : 6,5/10 (7/10 par Véronique – 6/10 François) Résumé du film : Susan, galeriste à Los Angeles, mène une vie rangée à la limite de la monotonie, délaissée par son époux Hutton Morrow. Jusqu’au jour où, seule à la maison, elle reçoit un livre : Nocturnal Animals, signé par son ex mari Edward Sheffield, dont elle est sans nouvelle depuis des années. Edwards s’y met en scène dans le rôle de Tony Hastings, un père de famille en proie à l’horreur sur les routes du Texas, face à Ray Marcus, un chef de gang ultraviolent et le lientenant Bobby Andes. Ce roman, d’une violence rare, va bouleverser Susan et réveiller bien des sentiments, que la jeune femme croyait enfuis à jamais… fissurant dangereusement la surface vernie de l’existence qu’elle s’est choisie. Avis : « Nocturnal animals » a beaucoup fait parler de lui depuis sa projection à la Mostra de Venise (où il a par ailleurs reçu le Lion d’Argent). Impatients de le découvrir dans nos salles, nous étions sur le pied de guerre en ce début de mois de janvier. A-t-il répondu à nos attentes ? La bonne réputation qui le précède était-elle justifiée ? A la sortie de la projection, notre constat est sans appel. Oui, le film de Tom Ford offre une photographie impeccable. Oui, son casting est formidable. Mais au-delà de ça, le fond et la trame narrative (qui avait tout du génie) nous laissent un vrai goût de trop peu. Tenant en quelques lignes sur le papier, l’intrigue n’a pas su totalement nous emballer tant elle nous semblait creuse. Et c’est bien dommage car nous nous attendions à un film dense et consistant… Tom Ford, ancien styliste, est passé derrière la caméra en 2009 pour « A single man », où il livrait déjà un film d’une esthétique rare. Avec ce deuxième long métrage, il parvient à nous proposer une réalisation époustouflante, utilisant toutes les subtilités et sensibilités artistiques qui sont les siennes. Mais cela suffit-il à faire de « Nocturnal animals » un bon film ? Pas vraiment. On le déplore, la densité photographique ne trouve pas son alter ego dans le scénario. En effet, l’idée d’exploiter plusieurs histoires en parallèle auraient pu dynamiser l’intrigue adaptée du roman « Tony et Susan » d'Austin Wright. (Les affiches montrant le casting est d’ailleurs un hommage au visuel du roman de l’auteur américain. Elles sont à découvrir en bas de page). Mais, si les intentions sont bonnes et le casting exceptionnel, le rythme lui, peine à nous embarquer dans ce thriller dramatique complexe au risque de ternir tous les efforts consentis. « Nocturnal animals », c’est la croisée de trois vies : celle que vit actuellement Susan de manière triste et monotone, celle de son passé idyllique vécue avec son ex-mari écrivain alors qu’elle était toute jeune et celle du héros du roman d’Edward, l’ex-époux. Allégorie de leur histoire ou fiction totale, l’histoire que lui livre Edward la fait réfléchir sur ce qui l’a amenée à être ce qu’elle est aujourd’hui mais pas seulement… Elle est le prétexte à revivre des sentiments forts qu’elle ne peut désormais plus éprouver. Si l’histoire de Susan ne nous a pas totalement convaincue, au point de ne pas forcément y trouver un réel intérêt, celle de Tony, le héros du roman est elle, beaucoup plus prenante. Le drame qui se joue dans les plaines désertiques du Texas, l’enquête et ses conséquences ne laissent personne de marbre et distillent une tension mémorable tant on la vit à fond. Sans doute et surtout, parce qu’il met en scène deux grands acteurs de renom : le caméléon Jake Gyllenhaal (« Enemy », « La rage au ventre », « Everest » ou encore « Night Call ») et l’excellentissime Michael Shannon (« Midnight Special », « Free love », « 99 Homes »). La rencontre de ces deux grands acteurs donne toute la densité à l’histoire lue par l’héroïne et nous faisons un bout de route avec ces deux personnages profonds. Face à eux, on découvre un Aaron Taylor-Johnson (« Kick-Ass ») glaçant et impressionnant. Retour à la vie « réelle » à présent. Amy Adams ("Premier contact"), qui est finalement au centre de l’intrigue presque malgré elle, ne démérite pas face à ce casting masculin de choix, que du contraire. Habitée par les sentiments de son personnage, elle parvient à assumer une prestation de qualité sans pour autant nous faire oublier les longueurs dont elle fait l’objet : Susan se douche, Susan somnole, Susan sursaute…nul doute que Tom Ford aime les plans mettant son actrice en valeur, mais tout de même, le film aurait eu une toute autre cadence si ces introspections étaient moins fréquentes. C’est pour nous, le point faible de cette jolie réalisation magnifiée par un thème d’ouverture orchestral (merci Abel Korzeniowski pour ces frissons) digne des grandes réalisations italiennes du passé. Annoncé comme un grand film, « Nocturnal animals » déçoit. Certes, on retiendra l’esthétique indéniable de Tom Ford, la qualité de ses plans rapprochés, l’amour que porte la caméra sur tous les formidables acteurs. Mais la beauté des images suffit-elle à elle-même ? Le problème de rythme et la passivité agaçante de ses personnages viennent entacher quelque peu le joli tableau de maître de Ford et nous laisse un petit goût amer… Date de sortie en Belgique : 11 janvier 2017 Date de sortie en France : 4 janvier 2017 Durée du film : 1h57 Genre : Drame Les autres affiches promotionelles du film : Note du film : 7/10 (par Véronique) Résumé du film : Trente ans avant la guerre de Sécession, Nat Turner est un esclave cultivé et un prédicateur très écouté. Son propriétaire, Samuel Turner, qui connaît des difficultés financières, accepte une offre visant à utiliser les talents de prêcheur de Nat pour assujettir des esclaves indisciplinés. Après avoir été témoin des atrocités commises à l’encontre de ses camarades opprimés, et en avoir lui-même souffert avec son épouse, Nat conçoit un plan qui peut conduire son peuple vers la liberté… Avis : Nathaniel Turner, prêcheur et vengeur. Basé sur une histoire réelle, le film démarre en 1809, en Virginie, là où les champs de coton fleurissent à foison. Nathaniel (le héros principal) et les siens sont bien traités par leur maître alors que, vous le savez sans doute, le contexte de l’époque est loin d’être évident. Le jeune Nat a appris à lire avec la maîtresse de la maison, non pas au travers des romans mais par la Bible, le livre universel. Quelques années plus tard, il est devenu prêcheur et est invité à rappeler les devoirs que d’autres esclaves de plantations voisines doivent respecter. Mais en arrivant sur d’autres terres, il découvre les conditions dans lesquelles peuvent vivre les siens et les horreurs qu’ils peuvent subir (sévices corporels, humiliations). Lorsque l’irrespect et la violence touchent de près sa famille et ses camarades, Nat est avide de vengeance. Son maître, Samuel Turner, le défend sans cesse contre le mépris des autres blancs. Il n’est pas bon d’être un « nègre » à cette époque. Pour la plupart des propriétaires terriens, pas question de le traiter autrement que les autres. Mais ce n’est pas par bonté que Massa, son maître, (le méconnaissable Armie Hammer, actuellement à l’affiche de « Nocturnal Animals ») lui permet de rencontrer d’autres groupes d’esclaves, mais bel et bien parce que ses dettes le contraignent à gagner de l’argent en louant les services de son esclave érudit. Loin de lui l’idée de lier une relation privilégiée avec « son nègre », c’est bel et bien par profit que celui-ci l’encouragera à répandre la bonne parole. Oui mais, Nat prend parfois un peu trop d’initiatives et cela ne va pas toujours lui plaire… Certaines scènes sont difficiles à voir. Les maltraitances prodiguées aux esclaves dans un premier temps, mais aussi les représailles qui seront mises en œuvre envers les maîtres qui les opprimaient jadis. Chacun a son lot de souffrances et de vengeance mais au final, est-ce que les choses changent ? C’est ce que Nate Parker veut mettre en exergue dans son long-métrage historique. Pour une première, on peut dire qu’il a fait fort ! Sans concession, son cinéma renvoie à l’ignominie des Hommes, d’hier et d’aujourd’hui. Nate Parker, un jeune cinéaste engagé. Nate Parker n’est pas seulement l’acteur principal du film, c’est également le réalisateur et le scénariste. Il signe ici un long métrage particulièrement engagé et on sait que la thématique du racisme lui est chère puisqu’il l’a déjà abordée dans « #AmeriCAN », les difficultés qu’ont les personnes noires à vivre dans la société américaine actuelle. Métamorphosé pour le rôle de Nat, il prend son sujet à bras le corps et nous livre une prestation époustouflante Patient, Nate Parker a travaillé 7 ans sur son film et a réalisé de nombreuses lectures sur le sujet pour construire son scénario. Dès lors, ce n’est pas un moment particulier de la vie de Nat Turner qu’il nous présente, mais son parcours dès son plus jeune âge (il a 9 ans lorsque démarre l’histoire) et jusqu’en 1831, année où il mena une rébellion violente dont les suites sont prévisibles. Pour donner vie à ses personnages, Nate Paker a su s’entourer d’acteurs formidablement investis et crédibles à l’écran : Aunjanue Ellis, Dwight Henry, Aja Naomi King, Roger Guenveur Smith, le jeune Tony Espinosa. Qu’importe si l’on connaît ou non ces comédiens, ils s’accordent tous à nous livrer une très belle et touchante prestation ! « Je veux le bien des peuples opprimés de Dieu ». Nat Turner Comme pour les films, « Sept ans d’esclavage » et « Free State of Jones », « A birth of a nation » montre la détermination de quelques hommes à défendre les leurs contre les oppresseurs. Et il faut dire que l’Histoire américaine contient son lot d’événements honteux ! Le devoir de mémoire rapporté par ces cinéastes engagés prend tout son sens quand on voit qu’aujourd’hui encore, la société américaine est régie par un racisme abject. Ce que le film met aussi en lumière, c’est que l’on peut donner n’importer quel sens aux Ecritures et en ces temps de radicalisme, on ne peut que penser que Nate Parker a voulu en substance aborder aussi cette thématique houleuse. La lecture est double, le traitement réussi. Quoique… on doit l’admettre, le film a par moment quelques longueurs dont on se passerait bien. Nate Parker prend le temps d’installer le contexte. Sans doute parce qu’il juge important de comprendre les conditions de vies et les enjeux de ses personnages, mais cela reste néanmoins un peu trop long. Parfois un peu trop classique, il utilise les codes habituels de films sur l’esclavage avant de donner une autre tournure dans le dernier tiers de son long métrage. Seules quelques touches d’originalité viennent ponctuer le récit lorsque l’on découvre les songes de son héros. Après une première partie plus scolaire le film prend, un peu tard, une tournure plus politique, plus révoltée et plus dense. Elle va même jusqu’à nous livrer une scène incroyablement glaçante et marquante. « Gangs of New York » peut paraître gentillet à côté de certaines scènes du film… Pour donner du punch à ses scènes de révolte, Nate Parker reconnaît s’être inspiré du film « Braveheart » et cela se ressent dans la deuxième partie de son métrage. Parce que les mots n’ont pas d’effet sur les Blancs qui les oppriment, Nat va convaincre ses pairs qu’il faut prendre les armes. C’est donc à coup de hache qu’il rétablit la « justice ». Le réalisateur dit d’ailleurs à ce propos : « Il est important de se souvenir que les seules armes auxquelles il avait accès étaient l’épée et la hache. Peut-être que s’il avait vécu à l’ère de Twitter, il n’aurait pas eu à recourir à la violence. Il n’a fait qu’utiliser les outils dont il disposait alors. S’il avait eu un compte Facebook, nous aurions eu affaire à un autre genre de révolution ». Une révolution sans doute bien moins violente mais sans doute toujours aussi sourde et vaine… Cependant, ses actions n’ont pas eu l’effet escompté et a mené les autorités à voter des lois encore plus dures envers les esclaves. Thomas Jefferson disait : « J'ai peur pour mon pays lorsque je pense que Dieu est juste; que sa justice ne peut sommeiller éternellement. » Cette phrase est très justement appropriée au film et fait d’ailleurs son ouverture. Et elle n’est pas la seule illustration du propos tenu par le réalisateur. Nous n’en parlons pas souvent mais l’affiche, incroyable, vaut la peine qu’on s’y attarde ! Les lignes rouges du drapeau américain sont tracées par des silhouettes d’esclaves qui luttent pour leur liberté, révoltés face à des blancs plus lourdement armés. En définitive, on regrette que le film, lent dans un premier temps, accélère un peu trop ensuite. Le déséquilibre narratif et rythmique gâche en partie la profondeur qu’aurait pu avoir le long-métrage s’il avait été pensé autrement. Néanmoins, il a le mérite de mettre en lumière le combat d’un homme pour la liberté des siens dans une époque où l’injustice était scandaleusement omniprésente et ce, à travers un casting incroyable. Notons, au passage, que le film a reçu le Grand prix du jury et le Prix du public lors du dernier Festival du film de Sundance. Date de sortie en Belgique : 11 janvier 2017 Durée du film : 1h50 Genre : Drame Note du film : 6/10 (par Véronique) Résumé du film : Mon père est atroce, ma mère est atroce, mes sœurs aussi, et moi je suis la pire de tous. En plus, je m’appelle Aurore. Les profs me haïssent, j’avais une copine mais j’en ai plus, et mes parents rêvent de m’expédier en pension pour se débarrasser de moi. Je pourrais me réfugier dans mon groupe de rock, si seulement ils ne voulaient pas m’obliger à chanter devant des gens. A ce point-là de détestation, on devrait me filer une médaille. Franchement, quelle fille de treize ans est aussi atrocement malheureuse que moi ? Avis : « Jamais contente » est un film pour les ados … sur les ados. Bien qu’il ne soit pas interdit au plus de 15 ans, le long métrage s’adresse surtout et avant tout à un public jeune dans lequel vous retrouverez sans aucun doute les traits de la génération post-2000. Adaptée du livre de Marie Desplechin (paru à l’Ecole des Loisirs), l’histoire aura un air de déjà vu chez beaucoup de spectateurs adultes et parents dépassés par l’attitude de leur chères têtes blondes pré pubères. Emilie Deleuze a-t-elle réussi le pari risqué d’adapter un roman populaire auprès de nos teenagers (et de leurs professeurs) ? En partie oui, raison pour laquelle son film obtient la mention « assez bien ». « Le journal d’Aurore » était en effet un matériel intéressant pour aborder la crise d’adolescence dans toute sa splendeur : conflit parental, résultats scolaires en baisse, redoublement, perte de repères, un corps qui change, les premiers flirts, … tout y est ! Mais cela fonctionne-t-il au cinéma ? Sous ses airs de téléfilms, « Jamais contente » nous fait davantage penser aux séries actuelles telles que « Fais pas ci- fais pas çà », « Parents mode d’emploi » ou « SODA » et aurait probablement une place de choix dans les bacs DVD mais pas forcément dans nos salles. Pourtant, le film de la réalisatrice ne manque de bonnes intentions. Le scénario, concis, retranscrit plutôt bien l’atmosphère du roman jeunesse de Desplachin (sans doute parce que l’auteure a mis la main à la pâte et co-signe le scénario) et propose une jolie panoplie d’émotions en nous faisant entrer en deux temps trois mouvements dans la vie compliquée d’Aurore. C’est d’ailleurs la jeune et fraîche Lena Magnien qui porte le rôle phare, de façon concluante. Entourée par des comédiens confirmés (Patricia Mazuy, Philippe Duquesne et Catherine Hiergel), la jeune fille donnera le change avec beaucoup de conviction et saura se fondre dans la peau de son personnage avec beaucoup de réalisme. Notre coup de cœur va néanmoins vers le comédien et humoriste Alex Lutz (vu dans « Catherine et Liliane » sur Canal + ou dans « SODA » où il campe Thierry, le pion de l’école) qui joue ici un prof encourageant et zen plus vrai que nature ! Mais, on doit bien l’avouer, à côté de tout cela, on regrette le manque de punch et une réalisation un peu plan plan, plus appropriée à une diffusion télé qu’à une projection ciné. Son affiche colorée et dynamique tapera dans l’œil des curieux et des jeunes amateurs de salles obscures. Mais faut-il aller au-delà de la bande annonce ? Oui, si vous avez des adolescents en crise et que vous souhaitez décoder leurs états d’âmes. Double oui, si vous voulez assister à un dérivé du spectacle « Les hommes viennent de Mars, les femmes de Vénus » version juvénile (ce qui aura le mérite d’ouvrir un dialogue peut-être rompu). Encore oui, si vous avez moins de 15 ans et que vous voulez vous payer une tranche de rire sur ce que vous vivez au quotidien (« On dirait trop ma vie sur grand écran » !). Autrement, très honnêtement, dans ce contexte de nouvelle année où fleurissent une multitude de films en tous genre, il est peut-être préférable de consacrer votre précieux budget ciné à une autre sortie du moment et attendre patiemment une sortie matérialisée en format DVD/Blu-Ray. Date de sortie en Belgique : 11 janvier 2017 Durée du film : 1h29 Genre : Comédie Note du film : 5/10 (par Véronique) Résumé du film : Un père de famille emmène sa famille visiter sa fille à Noël et se retrouve en compétition avec le petit-ami de celle-ci, un jeune devenu milliardaire grâce à Internet. Avis : John Hamburg, le scénariste de la trilogie « Mon beau père et moi/nous » passe une nouvelle fois derrière la caméra pour offrir une comédie familiale dans la même veine. En tête d’affiche, deux acteurs brillants : James Franco et Bryan Cranston. Avouez que cela fait rêver non ? Et pourtant, si tout était réuni pour nous offrir un bon moment de divertissement, Hamburg se prend les pieds dans le tapis et s’étale de tout son long. On se pose d’ailleurs toujours la question : « Pourquoi lui », pourquoi ce film ? Avouons-le tout de suite : si nous avons souri ça et là et si quelques rires ont fusé dans la salle, on ne peut pas dire que « The boyfriend », soit une comédie réussie. Peu innovant, totalement convenu, ce énième film comique made in USA prend tout ce qui a marché ailleurs, le condense, l’amplifie et nous le sert sous un cloche de cuisine moléculaire peu alléchante. Et pourtant, on ne peut pas dire que l’équipe manquait de potentiel. En effet, dans les cerveaux bien pensants on trouve bien évidemment John Hamburg mais également Ian Helfer (le scénariste de « The oranges », une comédie romantique avec Hugh Laurie). Pour financer le projet, le réalisateur a notamment fait appel à Shawn Levy, Jonah Hill (qui a eu l’idée d’adapter la série du même nom en film) et… Ben Stiller, acteur cher à John Hamburg. Néanmoins, si la machinerie mise en place est plutôt costaude, le scénario, lui, est plus que bancal et fait chuter le potentiel sympathique du projet à plat. Heureusement (et on l’écrirait bien en lettres majuscules pour le souligner), le réalisateur à fait appel à une série d’acteurs dignes de ce nom pour porter son histoire loufoque. A commencer par Bryan Cranston, le patriarche de la famille Fleming. Le sexagénaire à la carrière diversifiée (tant au cinéma qu’à la télé) nous offre une prestation comique savamment jaugée. Ni dans l’excès, ni dans la retenue, le comédien fait office de figure de proue et peine à admettre le choix amoureux de sa fille chérie Stéphanie (la fraîche et jolie Zoey Dutch). Face à lui, un James Franco (qui fréquente les plateaux de cinéma de façon impressionnante ces derniers temps) qui ne recule devant rien pour incarner l’étonnant et déjanté Laird Mayhew. Grossier, excessif, son personnage est transcendé par une interprétation osée et mémorable, tout comme celle de son « intendant » Gustav (l’excellent mais peu connu Keegan-Michael Key). Dans la suite de ces personnages truculents (mais too much), on trouve Barb, la mère un peu coincée en voie de se libérer (Megan Mullally) et Scotty, le jeune frère de 15 ans (Griffin Gluck). Très stéréotypés, les membres de la famille Fleming vont être confrontés à l’univers démesuré de Lrrid, patron geek de la boite de jeux vidéo Assassin Apes. Nous l’écrivions plus haut, « The boyfriend - pourquoi lui » prêtera à sourire mais malgré toutes les bonnes intentions mises en place par le casting de base, nous dépasse par les gags redondants et les dialogues hallucinants. En ce début d’année où foisonnent les sorties ciné, nous vous conseillons de passer votre tour et d’attendre une sortie VOD ou télé de cette comédie « fast fool »… A bon entendeur… Date de sortie en Belgique : 11 janvier 2017 Date de sortie en France : 25 janvier 2017 Durée du film : 1h55 Genre : Comédie Titre original : Why Him ? Note du film : 5,5/10 (par Véronique) Résumé du film : De sa naissance au Caire en 1933 à son premier Olympia en 1956, de son mariage avec Lucien Morisse, patron de la jeune radio Europe n°1 aux soirées disco, de ses voyages initiatiques en Inde au succès mondial de « Gigi l’Amoroso » en 1974, le film « Dalida » est le portrait intime d’une femme absolue, complexe et solaire. Une femme moderne à une époque qui l’était moins. Malgré sa disparition tragique en 1987, Dalida continue de rayonner de sa présence éternelle. Avis : « Dalida », le biopic de Lisa Azuelos a fait l’objet d’une grande avant-première le mercredi 30 novembre dernier. Diffusé en direct de l’Olympia, le film était au centre d’une soirée présentée par Nikos Aliagas retransmise dans deux cents grands complexes de cinéma belges et français. Mais que vaut le dernier long métrage de la réalisatrice française ? S’adresse-t-il à un large public ou à une poignée de fans ? Adepte des musiques de la chanteuse, nous portions un intérêt certain au film « Dalida ». Mais très vite, nous nous sommes rendus compte qu’il ne tenait pas toutes ses promesses. S’adressant davantage à un public de télévision plutôt qu’à un public de salles, le long-métrage nous plonge dans l’histoire de cette femme adulée et pourtant terriblement seule. Frappée par la mort à plusieurs reprises, la belle italienne n’a cessé de suivre un chemin pavé de succès et de drames. Très documenté, le film veut être un hommage vibrant à la femme forte qu’elle était. Si le sujet et le matériel de base avaient de quoi servir un grand film, le constat est malheureusement tout autre : la réalisation bancale et les dialogues improbables auront tôt faits de décevoir les cinéphiles dont nous faisons partie. Le biopic musical use et abuse d’une présentation clichée de la vie de Iolanda Gigliotti. Les allers et retours dans différentes époques de sa vie auraient pu dynamiser le film mais l’impression générale de lenteur et de coupures est malheureusement plus forte. Pire, on se retrouve parfois noyés dans une histoire fouillie, allant de sa tentative de suicide à son enfance, de ses débuts de carrière à son succès « olympien ». Tantôt linéaire, tantôt rétroactive, sa biographie est telle qu’il aurait fallu faire des choix, ce qui est loin d’être le cas. Seule constante ? Les illustrations musicales de ces périodes de vie par le biais des grands succès de l’immense chanteuse. La bande originale (de la vraie Dalida), très présente, est plaisante à entendre : on tapote du pied, on murmure les paroles des tubes entendus maintes fois… enfin, ça c’est pour les amateurs de son univers parce que pour les autres, il y a fort à parier qu’ils en seront vite blasés. Et il y a de quoi car, c’est vrai que ce schéma « narratif » est redondant et que cet appui musical systématique sur les moments clés de sa vie peut agacer. C’est d’ailleurs dans sa réalisation et dans ce genre de choix scénaristique que le film perd de nombreux points. On peine à comprendre pourquoi la mise en scène est à ce point bancale ou maladroite, car Lisa Azuelos n’en est pas à son premier essai : la réalisatrice française se trouvait déjà derrière la caméra de « Comme t’y es belle » ou encore de « LOL » et de « Une rencontre » deux films avec Sophie Marceau. A cela, ajoutons des dialogues hors propos ou parfois en décalage et on obtient une trame branlante où clichés et incompréhensions se succèdent sans fin. Durant près de deux heures, on se plonge dans l’album souvenirs de la chanteuse, de son enfance au Caire jusqu’à son appartement de Montmartre, partageant ses joies mais surtout ses peines. Car la vie de Dalida, on le savait déjà, était loin d’être facile et la mort n’a cessé de marquer son empreinte depuis son plus jeune âge. Très aimée et bien entourée, la star a cependant toujours eu l’impression d’être passé à côté de sa vie. Quand on lui dit que « toutes les femmes ordinaires veulent être comme toi » elle a cette douloureuse réponse : « Moi je veux tellement être comme toutes ces femmes ordinaires, avoir un enfant, un mari », ce qu’elle n’a finalement jamais eu. « Une star ne peut pas avoir d’enfant, ça casserait le mythe » mais derrière ce mythe se cache une femme remplie de rêves, jamais véritablement concrétisés. Oui, Dalida a eu une belle carrière, mais a-t-elle eu une belle vie ? C’est à cette question que Lisa Azuelos tente de répondre. Et pour trouver les réponses, la réalisatrice a eu la curieuse idée de faire dire aux personnages du film les ressentis de Dalida, tout ce qui a jalonné sa vie. Après une présentation dans les règles, on assiste à des échanges dans le bureau d’un psy (suite à sa première tentative de suicide) où chacun énonce ce qui a marqué l’enfance, la vie de Iolanda et ce qui l’a amené à ce redoutable choix. Il est justement temps d’évoquer les personnages et le casting qui porte le film. Correct dans son ensemble, il met surtout en avant une mannequin novice dans le monde du cinéma : Sveva Alviti. Convaincante et juste dans son rôle, la comédienne a beaucoup de point commun avec celle qu’elle incarne : Italienne, elle a un sourire ravageur et un regard pénétrant, une classe folle et une aura indéniable. Brune ou blonde, cette comédienne en devenir (?) assure dans le rôle de Dalida et ne nous fait pas regretter le déplacement. A ses côtés, une pléiade d’acteurs, du cinéma français ou international : Riccardo Scamarcio, Jean-Paul Rouve, Patrick Timsit, Vincent Perez, Nicolas Duvauchelle, Niels Schneider ou encore Brenno Placido se succèdent au bras de la belle. Toutes ressemblances avec des personnages réels étant volontaires, on reconnaît les traits de chaque personnage, exception faite de Bruno Coquatrix, interprété par un Patrick Timsit (trop) fidèle à lui-même Avec sa bande originale très présente, « Dalida » nous plonge dans la vie de son héroïne éponyme durant plus de deux heures. Tiré quelque peu un longueur, le film aurait gagné à être pensé autrement. Parfois caricatural, il n’atteint peut-être pas le but escompté. Si nous sommes acquis à la cause de l’admirable star, on regrette cependant le choix scénaristique et la mise en scène de Lisa Azuelos. A qui s’adresse le film ? Aux fans ? Aux curieux ? Un tel biopic était-il indispensable ? Nous nous posons toujours la question et nous ne pouvons faire abstraction de la déception qui nous poursuit à la sortie de la projection. Date de sortie en Belgique/France: 11/01/2017 Durée du film : 2h04 Genre : Biopic Note du film : 8,5/10 (par Véronique) Résumé du film : Conor a de plus en plus de difficultés à faire face à la maladie de sa mère, à l’intimidation de ses camarades et à la fermeté de sa grand-mère. Chaque nuit, pour fuir son quotidien, il s’échappe dans un monde imaginaire peuplé de créatures extraordinaires. Mais c’est pourtant là qu’il va apprendre le courage, la valeur du chagrin et surtout affronter la vérité… Avis : L’année 2017 ne pouvait pas mieux démarrer. Avec « Quelques minutes après minuit », nous entrons dans un film émouvant et réussi artistiquement. A fleur de peau, le dernier long métrage de Juan Antonia Bayona est rempli de valeurs et de messages qui sauront atteindre le cœur des petits comme des grands. Nous ne nous en cachons pas, Bayona fait partie de ces cinéastes que nous affectionnons et que nous suivons de près. Après des années de silence (son dernier film, « The impossible » date de 2012) le voilà de retour avec un univers fantastique qu’il maîtrise largement. Il faut dire que l’Espagnol avait déjà fait mouche avec son « Orphelinat » stressant et touchant. (Sorti en 2007, il était produit entre autres, par Guillermo Del Toro, un autre espagnol que nous estimons). Ainsi, si vous ne connaissez pas l’univers de Bayona, nous vous conseillons cette jolie porte d’entrée que constitue « Quelques minutes après minuit » car il y a de fortes chances que vous en sortiez le cœur léger et les yeux humidifiés. C’est qu’il sait y faire le bonhomme : mêler aventure, imaginaire et émotions, ce n’est pas donné à tout le monde. Lui le fait, en délicatesse et avec beaucoup de poésie… « A monster Calls » (titre original du long –métrage) mélange des références visuelles dignes d’autres grands films tels que « L’histoire sans fin », « BGG » ou encore « Les Gardiens de la Galaxie » (l’If vous fera forcément penser à « Groot », on prend les paris) et ça marche ! L’imaginaire servi dans le film nous fait vivre une folle aventure durant plus d’une heure trente sans jamais nous assoupir. Au contraire, les saynètes qui viennent ponctuer la vie nocturne de Conor, dynamisent l’histoire principale et apportent son lot de valeurs et de lyrisme. Les illustrations des sentiments du jeune garçon prennent vie sous nos yeux grâce à des techniques artistiques magnifiques et diverses. La voix caverneuse de Liam Neeson nous conte des histoires incroyables et nous fait vibrer dans notre fauteuil. On ne peut s’empêcher de craindre l’if qu’il incarne mais, avouons-le, nous l’attendons chaque soir de pieds fermes, comme le petit Conor perdu dans sa vie personnelle. Et Liam Neeson n’est pas la seule figure connue de cet incroyable casting ! Sigourney Weaver, nous fait le plaisir de sa présence. Si Conor ne le voit pas du même œil, nous nous régalons de rencontrer cette grand-mère un peu austère mais tellement prévenante. Peu habituée à élever les jeunes enfants, elle accueillera le petit garçon durant la convalescence de sa maman. Le contact entre le petit-fils et son aïeule est loin d’être évident mais il faut laisser le temps au temps et nous, nous prenons le nôtre pour entrer dans cette histoire familiale peu évidente. L’autre figure féminine du film est celle de Felicity Jones, qui est indéniablement est la star montante de ces derniers temps (« Rogue One », « Inferno », « Une merveilleuse histoire de temps » ne sont que quelques exemples de films dans lesquels vous avez pu la suivre…). Ici, elle aborde un registre qui prouve qu’elle a toute sa place au panthéon des jeunes acteurs de talent. Touchante, cette mère de famille malade va nous donner une belle leçon de cinéma et d’interprétation! Si son savoir-faire n’est plus à démontrer, avec son rôle de mère aimante et souffrante, elle saura nous toucher ! Pour coller au plus près de son personnage, la belle n’a pas hésité à consulter des cancérologues et des femmes touchées par le cancer, à subir la métamorphose physique qui attend chaque patient… Et le premier spectateur de sa métamorphose, c’est Lewis MacDougall, son fils dans le film. A seulement 14 ans, le jeune acteur assume pleinement son rôle délicat de petit garçon en perte de repères et emplit de colère. Vu dans le film « Pan », de Joe Wright, ce tout jeune comédien convainc et nous fait vivre une folle aventure ! En effet, quelques minutes après minuit, à 00h07 plus précisément, il reçoit la visite d’un monstre étrange, qui n’aura de cesse d’exacerber sa douleur d’enfant. Si nous préférons vous laisser la surprise de la trame générale, sachez que le message et la sensibilité qui sont mises en images à travers une réalisation soignée, ne pourront que vous toucher. Adapté du roman pour enfant de Patrick Ness (que nous n’avons pas lu, en toute sincérité mais que nous avons fortement envie de découvrir maintenant que nous avons vu le film) l’histoire vaut son pesant d’or. Longtemps référencé sur la « black list » des meilleurs scripts hollywoodiens, « Quelques minutes après minuit » a trouvé acquéreur et ce n’est que tant mieux ! Son adaptation est une belle occasion pour Patrick Ness de faire découvrir son univers et au film de trouver son (large) public. S’il est tentant de faire le parallélisme avec « Le secret de Thérabitia », nous dirons pour notre part que « Quelques minutes après minuit » est une jolie invitation à se rendre en famille au cinéma en ce début d’année. Parce que le film ouvrira le dialogue sur la peur de la mort, parce qu’il saura émouvoir petits et grands, parce qu’il est beau, tout simplement ! Vous entendrez assurément parler de Bayona ces prochaines semaines. Grâce à son dernier film très réussi, mais aussi parce qu’il prend la relève de Colin Trevorrow et réalisera le prochain « Jurassic World »…Une nouvelle ère pour le cinéaste espagnol? C’est tout le bien qu’on lui souhaite ! En attendant, nous vous souhaitons nous, de belles découvertes cinématographiques 2017 dont celle-ci fait déjà partie … Date de sortie en Belgique : 4 janvier 2017 Durée du film : 1h48 Genre : Fantastique Titre original : A monster calls |
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