Note du film : 8/10 (par Véronique) Résumé du film : Dans l’Ouest américain, à la fin du XIX siècle. Liz, une jeune femme d’une vingtaine d’années, mène une existence paisible auprès de sa famille. Mais sa vie va basculer le jour où un sinistre prêcheur leur rend visite. Liz devra prendre la fuite face à cet homme qui la traque sans répit depuis l’enfance… L'histoire nous montre comment la jeune femme, hantée par un horrible passé, doit se battre pour sa vie et celle des gens qu'elle aime. Avis : Ecrit et réalisé par Martin Koolhoven, « Brimstone » est un western peu conventionnel. Si toute l’imagerie des Grandes Plaines du XIXème y est représentée (du saloon aux bottillons éperonnés en passant par les mineurs et les jeux d’argent) on est loin d’une trame à la Sergio Leone. En effet, le réalisateur hollandais, que nous ne connaissions pas du tout, opte pour un thriller dense et sombre où l’héroïne, comme les spectateurs, auront peu de répit. A travers quatre chapitres distincts, on assiste à la genèse et à l’exode de Liz, jeune sage-femme muette dans un village reculé de l’Ouest américain. Mariée, mère d’une petite fille et belle-mère d’un garçon de 14 ans, elle vit une existence paisible, bien que précaire, quand arrive un nouveau révérend. Austère, le religieux vient diffuser la bonne parole dans cette communauté de cow-boys mais Liz reconnaît celui qui la traque depuis des années et voit sa sécurité vasciller. Ce n’est pas anodin si le titre des chapitres nous rappelle des thèmes religieux. Le film de Koolhoven prend un appui important sur la culture religieuse hollandaise, notamment à travers le personnage sombre et menaçant du Révérend. C’est l’excellentissime Guy Pearce, grand comédien australien, qui a la lourde tâche de prêter ses traits à cet homme détestable. Pourchasseur dément, il campe son personnage de façon glaciale et angoissante. Quelle interprétation ! A l’affiche de « Genius », du « Discours d’un roi » ou encore de « Memento », le comédien a indéniablement une « gueule » qui marque et le fait ici encore de façon magistrale! L’autre figure emblématique du film, c’est Liz, interprétée par Dakota Fanning, comédienne à la carrière déjà très très longue malgré son jeune âge (22 ans) : « La Guerre des mondes », Jane Volturi dans la saga « Twilight », « Le petit monde de Charlotte », n’en sont que quelques exemples. Ici, sa performance est incroyable ! Porter toute la douleur et l’inquiétude de son personnage sans en faire des tonnes était loin d’être évident, et pourtant ! La jeune femme s’en sort de façon on ne peut plus convaincante ! Et elle n’est pas la seule ! On notera l’incroyable performance de Ivy George, toute jeune actrice, qui porte un rôle tout aussi délicat et l’assume avec une maturité surprenante. La petite actrice de seulement 9 ans (!) a déjà été confrontée à des rôles denses et particuliers (elle était à l’affiche de films d’horreur comme « Krampus », « Paranormal Activity 5 » ou encore de « The Veil »). La petite donne une sacrée leçon de cinéma à des comédiens bien plus expérimentés qu’elle ! Mais si « Brimstone » marque les esprits, ce n’est pas seulement par son casting incroyable. C’est aussi et surtout par sa photographie. Plongés dans le vieil Ouest, on croise tout ce qui fait l’univers du western : saloon, exécutions, prostituées, jeux d’argent, mineurs, étendues arides, revolvers, Chinois, bottes à éperons, diligence… tout y est ! Sombre, défaitiste, le film utilise tous les codes du genre western de façon brute, sans concession. On en veut pour preuve, certaines scènes de violence rare où rien n’est suggéré, tout est montré. On regrettera les quelques effets « spéciaux » râtés, qui apportent leur lot de kitsch à la trame générale et c’est bien dommage : on retiendra à peine ce petit rire gêné, qui fait du bien et qui permet de nous rassurer. Parce qu’il faut le reconnaître, l’ambiance est inquiétante. Même la musique de Junkie XL (nom de scène du compositeur très prolifique Tom Holkenborg qui n’en est pas à sa première bande originale) est oppressante. Certaines atmosphères ne sont pas sans rappeler d’autres long-métrages récents. « Homesman » de Tommy Lee Jones ou encore « Les Huit Salopards », de Quentin Tarantino pour la scène brumeuse dans un paysage enneigé. Toujours est-il que le thriller est prenant, angoissant et son sujet très délicat, parfois écoeurant : âmes sensibles s’abstenir ! Avec sa chronologie inhabituelle et déstabilisante (qui permet de comprendre l’histoire de Liz par des flashbacks de plus en plus anciens), « Brimstone », nous entraîne dans une folle épopée où l’horreur humaine prend une place importante. Nous ne connaissions pas l’univers du réalisateur néerlandais et cette entrée en matière est plutôt osée ! Difficile de dire ce qui pousserait le spectateur à se rendre dans les salles obscures. Peut-être l’envie de découvrir une histoire atypique et oppressante, très noire où l’on se crispe des premières images à la dernière, où l’héroïne ne connaît jamais de répit, où la torture physique et mentale est totale. Bref, un film dur, dans un ouest américain plus vrai que nature où le temps semble long (à l’image des 2h30 du film) et la libération quasiment impossible…Un film qui marque à coup sûr et qu’il vaut mieux déconseiller à ceux qui redoutent l’injustice et la barbarie. Un film dense, prenant où chaque détail compte, de la photographie à l’ambiance sonore. Un long-métrage presque impeccable qui ne souffre que de quelques petites approximations techniques… Date de sorte en Belgique : 18 janvier 2017 Date de sortie en France : 22 mars 2017 Durée du film : 2h28 Genre : Western
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