Résumé du film : Vétéran de la Guerre du Vietnam, John Rambo va affronter un cartel mexicain après l'enlèvement de la fille d'un ami. Note du film : 6/10 (par François) Avis : Il aura fallu attendre plus de dix ans aux fans de la saga des « Rambo » pour voir débouler sur leurs écrans l’ultime épisode d’une série qui compte désormais cinq films. Pour ce dernier tour de piste, « Last Blood » aurait pu répondre, avec force et détermination, au premier titre de la série « First Blood ». Mais pour y arriver, ses créateurs auraient dû manifester davantage d’ambition. Avec ce « Last Blood », nous avons plutôt envie de verser une larme mais pas de sang... « Eux ont versé le premier sang pas moi ». Rambo Avec ce qui est annoncé comme étant le dernier film d’une prolifique franchise, « Last Blood » voit John (indéboulonnable Sylvester Stallone) partir en guerre pour ramener une adolescente qu’il considère comme sa fille. D’ailleurs, la dernière fois que nous avions vu ses aventures, il prenait la direction d’un ranch poussiéreux après avoir dépassé une vieille boite aux lettres à son nom. On se disait qu’il était peut-être temps pour cet ancien soldat traumatisé par le Vietnam de couler une retraite paisible loin de l’agitation des hommes, de poser son fusil, et peut-être de trouver la paix intérieure. Ici, le film commence précisément où le film précédent s’était arrêté. Vivant dans ce ranch en Arizona, John Rambo semble mener une vie tranquille auprès de Maria (Adriana Barraza) et de Gabriela (Yvette Monreal), sa famille de substitution. Quand Gabriella décide de partir à la recherche d’un père qui a jadis choisi de les quitter, John n’a d’autre choix que de partir pour le Mexique pour ramener celle qu’il considère comme sa fille. Alors bien sûr, cette intrigue ultra classique et vue à maintes reprises ne rend pas justice à une franchise qui commence à sentir le sapin et nous sommes bien loin des qualités véritables du premier épisode ! C’est que « First Blood » était fascinant à bien des égards. Nous pouvions y voir les traumatismes laissés par la guerre et l’inadaptation d’un soldat qui ne trouve désormais plus sa place en temps de paix. Aussi, ce premier métrage était un vrai film de survie, porté par de formidables acteurs ! Les amateurs gardent encore en mémoire les prestations de Brian Dennehy, de David Caruso ou encore de Richard Crenna. Bien sûr, plus les suites s’enchainaient et plus nous perdions John dans des déluges pyrotechniques et sanguinolents risibles, l’éloignant toujours plus de la force et du propos novateur du premier film. Et ce n’est pas avec celui-ci que le blason sera redoré. D’abord parce qu’Adrian Grunberg ne parvient pas à donner une patte graphique au film. Ressemblant à une vulgaire série B, le film présente un John semblant souffrir à l’image, et la caméra n’y est pas étrangère. Mais c’est qui parait encore plus dérangeant, ce sont les effets spéciaux dégueulasses qui finissent par piquer aux yeux ! Nous essayons toujours d’oublier la scène d’introduction qui, malgré tous nos efforts, nous hante encore. « C’était leur guerre pas la mienne ! » Rambo Mais le principal problème provient du scénario. Nous aimerions dire qu’il a sans doute été composé à la va-vite dans une cour de récréation par un adolescent encore boutonneux. Le problème est que Sylvester Stallone en est en partie responsable. La trame est beaucoup trop commune (pour ne pas dire ultra convenue) pour que le spectateur puisse s’impliquer émotionnellement. Alors bien sûr, un sauvetage est toujours agréable à suivre au cinéma, mais quand ce que nous attendons vient dans la dernière demi-heure sur un film d’1h30, on se dit que le début est beaucoup trop creux pour nous captiver. Bien que les scènes du ranch avec ses conduits souterrains (vestiges du mal-être et de la paranoïa du héros), sont plaisantes, celles tournées au Mexique sont indignes de la licence. Nous le disions, le réalisateur n’est pas parvenu à insuffler un univers car sa patte n’apparait à aucun moment. Tijuana se limite à une boite de nuit, un immeuble et à l’intérieur d’une maison… c’est fort maigre tout ça ! Et puis, la mise en scène ne décolle jamais réellement et nous suivons un héros fatigué dans sa quête légitime de vengeance. Quand John Rambo rencontre Jigsaw Heureusement, la scène finale apporte un piment bienvenu à l’ensemble !Nous retrouvons John Rambo qui, après avoir subit une raclée, revient plus féroce que jamais ! Et là, le film décolle pour de bon, mais hélas, pour peu de temps. Se barricadant dans son ranch miné pour l’occasion, John nous prouve -comme s’il le fallait encore- que c’est lui le maitre de guerre et que « douleur » est son deuxième prénom ! Plaçant scrupuleusement des petits pièges comme il en a le secret, la fin du film est remplie de joyeusetés sanguinolentes ! A tel point que nous avons ri, malgré nous, devant cette surenchère certes gratuite, mais tellement satisfaisante ! Le plaisir coupable survient juste à la fin, comme au bon vieux temps de la cavalerie. Le sang coule à flots et nous avons l’impression que le vétéran du Vietnam revit. Jadis fatigué et meurtri, John se nourrit du sang de ses ennemis pour assouvir toujours plus implacablement sa vengeance et garder auprès de lui les fantômes de son passé. Au final, ce « Last Blood » flirte davantage du côté de la série B tendant vers le nanar. S’éloignant toujours plus du film à grand succès que constituait le premier Rambo, ce dernier épisode marque la fin d’une franchise d’une façon plutôt décevante. Dommage car John Rambo méritait plus de considération. Date de sortie en Belgique/France: 25 septembre 2019 Durée du film: 1h40 Genre: Action
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Résumé du film : « Tolkien » revient sur la jeunesse et les années d’apprentissage du célèbre auteur. Orphelin, il trouve l’amitié, l’amour et l’inspiration au sein d’un groupe de camarades de son école. Mais la Première Guerre Mondiale éclate et menace de détruire cette « communauté ». Ce sont toutes ces expériences qui vont inspirer Tolkien dans l’écriture de ses romans de la Terre du Milieu. Note du film : 6/10 (par Véronique) Avis : Génie de la littérature fantastique pour enfants et adultes, J.R.R Tolkien a passionné les foules depuis des décennies et plus encore à la sortie des adaptations sur grand écran de ses grands classiques : « Le Hobbit » et « Le seigneur des anneaux ». Même si le long-métrage de Dome Karukoski (« Tom in Finland ») jette les premiers fondements d’une œuvre littéraire qui sera mondialement connue près d’un siècle après ses premières lignes manuscrites, on regrettera le choix un peu étriqué d’un pan de vie parfois trop allongé ou au contraire vite expédié. Un film en demi-teinte qui n’aurait sans doute que peu d’intérêts s’il ne se basait pas sur le nom d’un des plus célèbres écrivains anglais. Bienvenue au club T.C.B.S. Avec « Tolkien », son nouveau biopic, le réalisateur finlandais Dome Karukoski, retrace l’enfance et l’adolescence d’un des futurs grands écrivains contemporains : John Ronald Tolkien. Amoureux des langues et des sons, le jeune britannique intègre l’Université d’Oxford après quelques années de disette et de tristesse. Revenus d’Afrique du Sud au décès de son père (épisode a peine évoqué dans le métrage), Ronald, son frère et sa mère s’installent dans la campagne britannique avant de gagner la ville de Birmingham où la fumée des industries noircit le ciel d’une adolescence révolue. Placés sous la tutelle du père Morgan, les frères Tolkien vont rejoindre une pension réservée aux membres de bonnes familles qu’ils n’ont jamais fréquentées. Débute alors une grande aventure, celle de la débrouille, du déguisement, de la camaraderie et de l’évasion par l’imaginaire, les premiers battements de cœur amoureux et les premières séparations douloureuses. Autant de sentiments qui feront grandir Ronald, jeune linguiste amateur qui ne reculera devant rien pour devenir un des auteurs les plus appréciés de notre époque. Débutée par des images de la Bataille de la Somme (de 1916) et dont les illustrations redondantes parcourront le récit telles des piqûres de rappel, l’intrigue de « Tolkien » s’avère très vite relativement maigre. Axant son attention sur l’adolescence et les premières années d’étude du jeune homme, le film explique comment le créateur d’une langue elfique et le plus créatif des apprentis romanciers est passé du statut d’intellectuel solitaire à celui d’ami débonnaire. Entouré de Christopher, Geoffrey et Rob (avec qui il va créer le T.C.B.S - le Tea Club Barrovian Society - lieu d’expression artistique et amicale) le jeune Ronald va exprimer tout l’esprit créatif et légendaire qui est le sien, créé des liens indéfectibles et évoluer dans un monde universitaire qui ne correspond pas toujours au sien. Cette petite communauté et ses premières amours, les affres de la guerre et les souvenirs douloureux de sa mère sont autant d’éléments qui vont peu à peu s’emboiter et devenir les clés de compréhension d’une œuvre inspirée des bonheurs mais aussi tragédies de sa vie. Les petits clins d’œil à ses différents récits, ses poèmes et les personnages dont les traits ont été grossis amusent les amateurs et les lecteurs de ses écrits et constituent de jolis œufs de Pâques disséminés dans une biographie trop classique pour marquer nos esprits. Heureusement, Nicolas Hoult garde la tête droite et une conviction sans borne pour incarner ce héros vivant élevé au rang de génie du fantastique pour qui s’est un jour évadé dans les aventures de son Tom Bombadil, son Silmarillion ou encore son Hobbit. Inconstant et plutôt décevant, « Tolkien » a cependant une petite âme british bienvenue, certaines scènes esthétiquement remarquables et un véritable esprit de camaraderie. Mais ces quelques qualités ne parviendront pas à nous convaincre sur la durée et s’emboiteront parfois avec difficultés dans un résultat final dont l’intérêt s’est très vite estompé. Date de sortie en Belgique : 18 septembre 2019 Durée du film : 1h52 Genre : Biopic Résumé du film : 1999 - Olloy - Les Ardennes belges. Un enfant vient de disparaitre. La suspicion qui touche tour à tour plusieurs villageois porte rapidement la communauté à incandescence. Mais un évènement inattendu et dévastateur va soudain venir redistribuer les cartes du destin... Note du film : 7/10 (par Véronique) Avis : Tourné dans notre jolie région de Viroinval où les maisons de pierre et les petits commerces reflètent à eux-seuls la tranquillité d’une lisière rurale installée à deux pas de nos Ardennes, « Trois jours et une vie » de Nicolas Boukhrief s’avère être un thriller efficace duquel on sort difficilement indemne. Tout comme « Une part d’ombre » avant lui, « Trois jours et une vie » interroge sur la notion de culpabilité, de vérité, d’actes insidieux qui bouleversent une communauté et un quotidien qui bascule en quelques jours en un cauchemar éveillé. Ici, c’est celui du jeune Antoine, 12 ans, qui s’apprête à être malmené. Alors qu’il vient d’assister incrédule à la mort du chien de ses voisins avec qui il entretenait une vraie complicité, le petit garçon se voit marqué par un autre événement sombre après lequel il est difficile d’avancer : la disparition (et la mort supposée) du petit Remy, camarade de jeux et confident privilégié. Si on sait dès les premières minutes qui est responsable de cet acte condamnable, c’est le cheminement de son responsable, la réaction des proches et des habitants du village qui importe dans ce récit où certains en savent beaucoup et d’autres cachent tout. Proposé par Pierre Lemaître lui-même (auteur du roman du même nom) à Nicolas Boukhrief, le scénario révèle une atmosphère presque suffocante où le poids du secret pèse sur les destins de ceux qui y sont liés de très près. Entre thriller et tragédie, « Trois jours et une vie » propose une lecture passionnante de la construction psychologique d’un jeune adolescent marqué à vie par différents accidents. Porté par le tout jeune Jérémy Senez mais surtout par un Pablo Pauly admirable de talent, cet Antoine ne cesse d’évoluer, de fuir son Olloy natal où vit sa mère tant aimée et de se chercher entre de multiples rebondissements qui ne peuvent que le déstabiliser. Mais si cette figure centrale est particulièrement bien traitée, il en va de même pour celle de la famille Desmedt affectée par la disparition de leur petit garçon ou encore de ce village entier, qui peine à se relever après une tragédie sentimentale suivie d’un cataclysme qui finirait presque par l’achever. Aussi, les personnages secondaires (qui n’en sont pas vraiment) prennent une place non négligeable grâce aux contours bien dessinés et à la psychologie affinée, apportant une vraie présence et un réel intérêt dans l’intrigue qui se déroule sur près de vingt ans. Sandrine Bonnaire, Charles Berling, Philippe Torreton ou encore Arben Bajraktaraj n’ont certes pas pris une seule ride durant ces supposées longues années mais leur silence, leurs secrets ou leurs douleurs leur confèrent néanmoins une certaine profondeur ou une présence bienveillante/inquiétante qui captivera bon nombre de spectateurs. Divisé en deux parties distingues (celle de 1999 – 2000 et celle d’il y a quelques petites années), le récit se déroule telle une pelote de laine sans nœud mais avec un intérêt qui ne s’avère jamais creux. Jusqu’à ce plan final obsédant où les mots sont rares mais où les regards disent tout… Sublimé par les images toujours impeccables de Manu Dacosse et par la musique inquiétante de Sylvain Golberg, « Trois jours et une vie » vaut le détour pour qui veut se plonger dans un thriller tendu tourné dans nos jolies contrées mais aussi pour tous ceux qui sauraient apprécier une adaptation réussie d’un drame captivant, maîtrisé par une équipe technique et un casting convaincant. Date de sortie en Belgique : 18 septembre 2019 Durée du film : 1h59 Genre : Thriller / Drame Résumé du film : Beyrouth, Liban, aujourd’hui. Wardi, une jeune Palestinienne de onze ans, vit avec toute sa famille dans le camp de réfugiés où elle est née. Sidi, son arrière-grand-père adoré, fut l’un des premiers à s’y installer après avoir été chassé de son village en 1948. Le jour où Sidi lui confie la clé de son ancienne maison en Galilée, Wardi craint qu’il ait perdu l’espoir d’y retourner un jour. Comment chaque membre de la famille peut-il aider à sa façon la petite fille à renouer avec cet espoir. Note du film : 7/10 (par Véronique) Avis : Avec son film d'animation constitué de marionnettes et d'images 2D, de photos témoignages et de traits de crayonnés, Mats Grorud nous montre combien connaître le passé de notre famille peut éclairer notre vision du quotidien. C'est en effet lorsque son arrière-grand-père lui confie la clé de sa maison et ses dernières lueurs d'espoir que la jeune Wardi comprend combien les souvenirs douloureux ne s'effacent jamais d'une mémoire familiale et collective. Déterminée à fouiller le quartier pour trouver ce qui ravivera la flamme de son gentil Sidi, la petite fille s’en va à la rencontre des membres de sa famille, de voisins et de témoins des conflits qui les ont amener jusqu'ici. Au fil des confidences collectées, c'est le passé d'une grande communauté qui va se révéler, celle qui a du fuir les quatre coins du Moyen-Orient et se réunir dans un quartier où les maisons de pierres blanches montent d’un étage à chaque génération, preuve incontestable qu'ils sont bien contraints d' y rester. Pour alimenter son récit, le réalisateur norvégien Mats Grorud s'est inspiré des récits entendus et racontés par sa mère, infirmière au Liban durant la guerre. Qu’ils soient issus de Palestine, d’Israël, qu’ils aient fait la guerre ou qu’ils l’aient vécue à travers leurs yeux d’enfants, les rescapés rencontrés par Waldi ont tous un point commun, celui d'avoir abandonné leurs terres et leurs rêves dans le sillage des conflits inter-communautaires et plus jamais foulées par leurs pieds. Retrouver leurs racines, les odeurs et les couleurs de régions jadis fleurissantes, rien n’est plus cher pour la famille de cette petite fille qui a grandi dans le camp de réfugiés devenu une ville où chacun à quelque chose à raconter. En associant diverses techniques d'animation, Mats Grorud parvient à illustrer le présent et le passé, à nous faire voyager dans le temps et dans les mémoires de ses témoins privilégiés. Illustrant de diverses manières la quête de reconnexion, de reconnaissance ou encore le besoin viscéral de retrouver un chez soi aussi loin soit-il de ce que l'on a quitté, « Wardi » recèle également un formidable message d'espoir et montre combien les souhaits de ses petits personnages sont aujourd'hui encore universels. Relativement court, le long-métrage du réalisateur norvégien s'adresse à un public adolescent ou aux enfants de plus de 10 ans et se montre attrayant et instructif à la fois, mais laisse aussi une place de choix au passé de nos aînés, dont la connaissance est indispensable pour une véritable construction de soi. En évoquant les histoires de quatre générations de migrants réunis dans un même quartier où seuls les souvenirs offrent une relative liberté, « Wardi » balaye un large pan de notre histoire contemporaine et propose une lecture intéressante d’un conflit qui n'a pas fini de faire parler de lui. De 1948 à 2018 il n'y a qu'un pas. C'est aux côtés de Wardi que le public le fera. Date de sortie en Belgique : 18 septembre 2019 Durée du film : 1h20 Genre : Animation Résumé du film : L’astronaute Roy McBride s’aventure jusqu’aux confins du système solaire à la recherche de son père disparu et pour résoudre un mystère qui menace la survie de notre planète. Lors de son voyage, il sera confronté à des révélations mettant en cause la nature même de l’existence humaine, et notre place dans l’univers. Note du film : 8/10 (par François) Avis : Première incursion du réalisateur James Gray dans le registre de la science-fiction, le metteur en scène qui était davantage connu pour ses polars (« The Yards », et plus récemment « La Nuit nous appartient ») nous livre avec « Ad Astra » un film touchant et emprunt de pudeur. Aussi, nous sentons la patte du réalisateur de « Two Lovers », et ce n’est pas pour nous déplaire ! Et si la science-fiction n’était qu’un prétexte pour nous parler de la vulnérabilité d’un homme ? Quand « Ad Astra » rime avec « 2001 l’Odyssée de l’Espace » Visuellement, le dernier né de James Gray est magnifique ! Esthétiquement, nous avons eu l’impression que chaque plan était finement calibré ! Quant à la photographie, celle-ci nous enchante à chaque instant ! Que ce soit pour le rendu lunaire, notre planète bleue ou encore Mars et Neptune, le réalisateur filme avec brio un formidable voyage stellaire. D’ailleurs, beaucoup de scènes se déroulant dans l’espace ont été tournées dans des décors naturels afin de renforcer l’immersion et le réalisme des scènes. Mais si ce conte spatial nous laisse une aussi bonne impression, c’est parce qu’il est davantage philosophique que d’autres films du genre. James Gray mène une belle réflexion existentielle sur la solitude d’un homme et les préoccupations humaines quant au développement du domaine scientifique. Pour autant, nous avons arrêté de compter les invraisemblances « scientifiques » tant elles nous paraissent nombreuses et il serait bon de voir dans « Ad Astra » un conte d’une formidable beauté teinté d’une douce mélancolie. La musique de Max Richter sublime la portée des scènes en apportant une étrangeté bienvenue à l’ensemble. Vers les étoiles C’est précisément là que le casting fait des étincelles. En confiant le rôle principal à Brad Pitt, le réalisateur filme les interrogations d’un homme et même ses tourments avec beaucoup de justesse. Froid et méthodique, l’astronaute Roy McBride sera chargé de retrouver son père effectuant une mission sur Neptune pour tenter de trouver de nouvelles formes de vie. D’ailleurs, ses pulsations ne dépassent jamais 80 et le calme olympien de l’astronaute révèle qu’il se distancie de sa propre vie. Cette mission dans l’espace constituera pour lui la manière de ressentir de nouveau, et, peut-être, de (re)vivre. Brad Pitt est prodigieux dans ce rôle de métronome des émotions. Dans cette épopée poétique, il les distille avec parcimonie pour renouer avec lui-même. Les relations familiales sont bien sûr au centre du film. Et qui de mieux que Tommy Lee Jones pouvait incarner à l’écran ce père trop longtemps absent ? Déjà habitué du genre spatial, il est impeccable de justesse ici aussi. Pour la petite anecdote, il est amusant d’observer la même photo de l’acteur présente dans le film « Space Cowboy ». Contrairement à de nombreux films, « Ad Astra » témoigne de la volonté de son réalisateur de développer le postulat suivant : « Et si nous étions profondément seuls dans l’univers » ? Là où d’autres films font intervenir les extra-terrestres, James Grey prend un contre-pied plutôt malin ! Pour autant, nous n’avons pas eu l’occasion de nous ennuyer durant ces 2h puisque le réalisateur imagine une lune colonisée par des puissances étrangères, des attaques de pirates de l’espace ainsi que des expériences animales qui tournent mal. Autant de critiques de notre société amplifiées dans un futur pas si lointain… Le problème est que certaines de ces scènes prêtent à sourire tant elles surprennent. Doit-on y voir la peur du réalisateur de proposer un film sans concession comme l’était « 2001 » ? C’est possible et, selon nous, le réalisateur s’est peut-être trop enthousiasmé… L’avenir nous le dira. Au final, ce « Ad Astra » nous a fait passer un agréable voyage interstellaire tant les paysages spatiaux traversés sont beaux. Brad Pitt est réellement touchant dans le rôle de cet astronaute conscient qu’une quête de soi est indispensable pour retrouver son père, rattraper un amour véritable et ainsi renouer avec lui-même. Plus encore qu’un film spatial, nous pouvons y voir l’extrême difficulté des relations humaines, la solitude qui peut gagner les Hommes et l’espoir qui finit parfois par revenir après un long combat. Date de sortie en Belgique/France : 18 septembre 2019 Durée du film : 2h04 Genre : Science Fiction Résumé du film: 1987, Angleterre. Javed, adolescent d’origine pakistanaise, grandit à Luton, une petite ville qui n’échappe pas à un difficile climat social. Il se réfugie dans l’écriture pour échapper au racisme et au destin que son père, très conservateur, imagine pour lui. Mais sa vie va être bouleversée le jour où l’un de ses camarades lui fait découvrir l’univers de Bruce Springsteen. Il est frappé par les paroles des chansons qui décrivent exactement ce qu’il ressent. Javed va alors apprendre à comprendre sa famille et trouver sa propre voie... Note du film: 6/10 (par François) Avis : Grand amateur du chanteur Bruce Springsteen, quelle joie cela a été pour nous d’apprendre qu’un film ferait justement référence au « Boss » ! En effet, « Music of my life » est l’adaptation sur grand écran de « Greetings from Bury Park », le récit autobiographique du journaliste Sarfraz Manzoor qui faisait ainsi référence au premier album de Bruce. D’origine pakistanaise, le britannique raconte son enfance en Angleterre (à Lutton) dans les années 80’ et sa fascination pour le célèbre chanteur, auteur et compositeur américain. Véritable feel good movie, « Music of my life » n’est toutefois pas parvenu à nous convaincre malgré son pitch enthousiasmant, voici pourquoi… Joue-la comme Springsteen Il y a parfois quelques étrangetés à traduire certains titres de films dans nos vertes contrées. Dans le cas présent, « Music of my life » s’intitule « Blinded by the Light » à l’étranger, titre bien plus approprié puisqu’il correspond à la chanson qui ouvre le premier album du Boss. Avec ce film, la réalisatrice de « Joue –la comme Beckham », Gurinder Chadha procure beaucoup de plaisir à tous les fans du chanteur de « Born to run » ou de « Badlands » puisque nous suivons la vie du héros au rythme de beaux riffs de guitare et de la voix si particulière du chanteur ! A chaque moment clé vécu par Javed (Viveik Kalra), nous entendons les mots de celui qui sera son inspiration, son coach de vie et son mentor ! Mais ce n’est pas tout : la réalisatrice va plus loin encore en traitant d’autres thèmes inhérents à la vie de Javed : l’intégration de sa famille d’origine pakistanaise dans un climat de racisme très marqué au Royaume-Unis et le chômage galopant sous l’ère Thatcher. Bien sûr, notre jeune héros pourra compter sur ses amis pour traverser les différentes embuches non sans humour et, vous l’aurez compris, rires et émotion seront au rendez-vous dans ce film généreux qui ne nous a pourtant pas entièrement conquis. Tout d’abord, parce que ces bons sentiments coulent souvent à flot dans cette comédie rock et la vanne semble s’ouvrir et se fermer de manière très (trop) appuyée, privant le spectateur d’une émotion sincère. Aussi, nous avons reproché la trop grande prévisibilité du récit qui ne saura pas créer de surprise et les nombreux moments à la sauce « comédie musicale » qui nous ont sorti un peu trop prématurément du spectacle proposé. Multipliant les clichés, « Music of my life » n’a pas su nous faire frémir comme il aurait dû. La faute à un trop grand classicisme certes teinté de bons sentiments, mais plombé par une maladresse poussive cherchant à provoquer l’émotion. Et puis il y a cette impression de « déjà vu » omniprésente qui ne nous embarque pas outre mesure … Finalement, de ce film, nous retiendrons l’immense playlist du tout aussi grand Bruce Springsteen dans un film coloré et rempli de bonne humeur. Si notre jeunesse peut découvrir le trésor que représente la musique du Boss, le pari sera gagné !Et même si sa mise en scène est plutôt convenue, nous saluons les dénonciations du racisme et de la bêtise humaine dans une société qui, sur certains points, n’a pas beaucoup évolué depuis les années 80… Avec « « Blinded by the Light », Gurinder Chadha a certes rendu hommage à l’univers musical de Springsteen mais n’a pas toujours su combler nos plus grands espoirs… Date de sortie en Belgique : 25 septembre 2019 Date de sortie en France : 11 septembre 2019 Durée du film : 1h54 Genre : Comédie (musicale) Titre original : « Blinded by the light » Résumé du film : 27 ans après la victoire du Club des Ratés sur Grippe-Sou, le sinistre Clown est de retour pour semer la terreur dans les rues de Derry. Désormais adultes, les membres du Club ont tous quitté la petite ville pour faire leur vie. Cependant, lorsqu'on signale de nouvelles disparitions d'enfants, Mike, le seul du groupe à être demeuré sur place, demande aux autres de le rejoindre. Traumatisés par leur expérience du passé, ils doivent maîtriser leurs peurs les plus enfouies pour anéantir Grippe-Sou une bonne fois pour toutes. Mais il leur faudra d'abord affronter le Clown, devenu plus dangereux que jamais… Note du film : 6/10 (par Véronique) Avis : Deux ans après son premier volet et plus de 27 ans après l’adaptation de Tommy Lee Wallace, la suite des aventures de « Ça» d’Andy Muschietti trouve sa place sur nos écrans… et nous déçoit largement. Si son premier volet permettait de découvrir une adaptation réussie du premier tome, cette suite martelée d’effets spéciaux (parfois risibles) et de jumpscares ne fonctionne que partiellement et nous fait craindre un troisième opus dont on se passerait largement. Bien plus fidèle au roman que sa première adaptation de 1993, « Ça, chapitre 2 » nous a cependant laissé un véritablement goût de trop peu. Pourtant, l’atmosphère glaçante nous a bien pris aux tripes d’entrer de jeu, lorsque Adrian (Xavier Dolan) et Don sont victimes de la méchanceté d’une bande de casseurs de Derry. Nous rappelant la haine de Henry Browers pour Mike et le Club des Losers, cette introduction laissait présager le meilleur et montrait combien la ville de Derry et sa violence latente la faisant pourrir de l’intérieur. Mais très vite, les bonnes intentions retombent à plat et la fête vire au cauchemar… voire au naufrage. Tout ça pour « Ça» Adaptation du deuxième volume du roman de Stephen King, le « Ça » d’Andy Muschietti s’accorde de très larges variations et intervertit des événements, modifie les lieux de rencontre et quelques instants clés pour rendre l’intrigue plus fluide à l’écran mais déstabiliser quelque peu les lecteurs du maître et de ses romans. Alors que le second volet littéraire faisait la part belle à l’été 1958 et à l’arrivée de Mike dans le Club des Râtés, la mise en place de leur tactique pour renvoyer « Ça » d’où il venait par le rituel de Chüd, le film de Muschietti propose des aller et retour dans l’enfance de ses héros, réactive leur mémoire collective et leurs traumatismes d’antan sans jamais trouver de réel liant. Cumulant les scènes individuelles et les clins d’œil à l’univers littéraire de maître de l’horreur (Carrie, Christie, Shining) mais aussi à Stephen King lui-même, le film se laisse bien sûr apprécier et parvient à nous surprendre et nous faire patienter sur la durée (2h40 tout de même !). En incluant certaines scènes cultes du roman (oubliées dans sa première adaptation de Tommy Lee Wallace) et en mettant en avant la complicité du Club des Râtés, Muschietti montre combien son souci de garder l’esprit de l’œuvre initiale est primordial. Le scénario de Gary Dauberman (à qui on doit « La Nonne » et les trois « Annabelle ») prend aussi quelques grosses libertés (Mike joue ici un rôle bien plus important que dans le roman) et distille un humour dédramatisant et amusant afin de rendre le tout un peu plus léger. Servi par un casting quatre étoiles dont la ressemblance avec les jeunes acteurs vedettes est véritablement troublante, « Ça, chapitre 2 » n’est pourtant pas la réussite espérée. A côté de leur rôle, les comédiens adultes ne semblent pas croire une seule seconde à la quête qui les anime, l’osmose ne fonctionnant presque que lors des retrouvailles. Il est étonnant de voir combien, malgré tout le travail réalisé pour coller au plus près de leur reflet adolescent, Jessica Chastain, James McAvoy, Bill Hader, James Ransone, Jay Ryan et Isaiah Mustafa se perdent dans un jeu peu convaincant et dans un enchaînement d’événements et de sentiments auxquels on ne croit que trop rarement. Seul Bill Skarsgard excelle toujours dans son rôle de Grippe-Sou totalement sous-exploité et dont les rares apparitions (non transformées) parviennent toujours à nous inquiéter. Pennywise rutilant blanc est devenu « Pennywise le gris » et sa vie sous Derry durant tant d’années n’a fait qu’aiguiser ses dents déchirantes et sa soif de vengeance, le rendant plus fort encore dans ses transformations poussives amenées régulièrement avec peu de crédibilité. Alors certes, le choix des époques plus tardives que celles du roman permettent de nous ancrer un peu plus dans les préoccupations du présent, les décors (et certains scènes) reconstitués et l’envie de respecter l’idée de son histoire originelle sont à saluer mais les effets spéciaux et de surprises desservent véritablement un propos dont la psychologie n’est plus qu’un maigre souvenir… Superficiel et moins justement dosé, ce « Ça, chapitre 2 » sera vite vu, vite oublié. Jumpscares, étirements, nostalgie et rebondissements ponctuent donc le second volet tant attendu d’un «Ça » drôle et cruel sur lequel nous aurions misé gros. Le constat final est pourtant bien en deçà de tous nos espoirs et même si sa relative fidélité au roman de King est à saluer, son adaptation plutôt ratée nous fait elle broyer du noir… Croisons les doigts pour que cette fois «Ça» soit définitivement hors d’état de nuire car la clôture de ce diptyque nous laisse craindre le pire… Date de sortie en Belgique/France : 11 septembre 2019 Durée du film : 2h50 Genre : Horreur Titre original : It Chapter Two Résumé du film : Toute la famille de Ki-taek est au chômage, et s’intéresse fortement au train de vie de la richissime famille Park. Un jour, leur fils réussit à se faire recommander pour donner des cours particuliers d’anglais chez les Park. C’est le début d’un engrenage incontrôlable, dont personne ne sortira véritablement indemne... Note du film : 8,5/10 (par Véronique) Avis : Première Palme d’Or attribuée à un film coréen, « Parasite » de Bong Joon Ho marque le retour du cinéaste dans son pays natal après quelques détours dans le cinéma international. Et qui mieux que Song Kang Ho, son acteur fétiche (avec qui il a déjà tourné « Memories of Murder », « The Host » et « Snowpiercer ») pouvait l’aider à revenir à la maison ? Déstabilisant, jouissif, drôle et haletant, son dernier long-métrage prouve à nouveau que Bong Joon Ho a tout d’un Grand ! Une nouvelle affaire de famille A l’instar du film japonais de Hirokazu Kore-eda primé lui aussi par une Palme d’Or en 2018, « Parasite » nous plonge au cœur de la société asiatique avec ses hauts mais surtout ses bas. Alors qu’une famille débrouillarde tente de joindre les deux bouts, quitte à chiper quelques avantages dans son environnement proche, une opportunité se présente à elle : le fils aîné, Ki-Woo, se fait embaucher comme professeur d’anglais pour donner des cours particuliers à une jeune fille de famille très argentée. D’impostures en impostures, d’arnaques en mensonges, la famille de Ki-Woo (renommé Kevin pour l’occasion) va peu à peu obtenir des privilèges et des faveurs d’une classe aisée qu’ils n’auraient sans doute jamais fréquentée. A la croisée de genres aussi hétéroclites et inattendus que la comédie, le thriller, ou encore la satire sociale, le film a l’intelligence de se démarquer par son ton, son scénario très écrit, son casting on ne peut plus remarquable et son jeu de funambule entre bonnes intentions et véritables poisons. Huis clos labyrinthique à différents niveaux, « Parasite » se révèle non seulement astucieux mais aussi terriblement efficace sur la durée. Occupant près de 2h15 de notre temps, son histoire nous embarque dans un plaisir cinéphile certain où la violence n’est jamais très loin. Pris en otage de cette famille envers laquelle on éprouve une réelle empathie (mais presque malsaine), nous évoluons à pas de loup dans une demeure moderne où les surprises nous attendent dans ses moindres recoins. Par sa mise en image subtile des inégalités qui résident dans les pays capitalistes (qu’ils soient occidentaux ou comme ici asiatiques), « Parasite » parvient à établir une analyse sociale et presque politique d’une bien belle façon. Machiavélique mais jamais manichéen, le long-métrage de Bong Joon Ho se laisse découvrir avec curiosité, apprécier malgré son évidente cruauté et recommander même si son final est bien loin de tout ce que l’on aurait pu souhaiter. Comédie sociale à suspense, la Palme d’Or 2019 montre tout le génie de metteur en scène d’un Bong Joon Ho qui n’a plus rien à prouver mais qui a pourtant encore bien des choses à nous raconter ! De quoi bien démarrer la rentrée… Date de sortie en Belgique : 11 septembre 2019 Date de sortie en France : 5 juin 2019 Durée du film : 2h12 Genre : Thriller Titre original : Gisaengchoong Résumé du film : Été 1998, Kaboul en ruines est occupée par les talibans. Mohsen et Zunaira sont jeunes, ils s’aiment profondément. En dépit de la violence et de la misère quotidienne, ils veulent croire en l’avenir. Un geste insensé de Mohsen va faire basculer leurs vies. Note du film : 6/10 (par Véronique) Avis : Présenté dans la section « Un certain regard » lors du dernier Festival de Cannes, « Les hirondelles de Kaboul » vient prendre la suite d’autres longs-métrages d’animation éclairant pour adultes. Après « Funan » de Denis Do ou « Another day of life » de Raúl de la Fuente et Damian Nenow, c’est au tour de Zabou Breitman et de Eléa Gobbé-Mévellec de prendre place dans la lignée des métrages animés au sujet dense et grave mais aux tons pastel et crayonnés légers. Rendant ludique ou pédagogique un sujet complexe dont on traite régulièrement dans les médias, « Les hirondelles de Kaboul » suit l’histoire de quatre personnages principaux, évoluant dans une ville tombée aux mains du régime dictatorial des Talibans et où divertissement, intellectualité et liberté de penser n’ont plus leur place. Adapté du roman de Yasmina Khadra, le film a la belle idée de créer une distance avec son dur propos par le choix de l’animation fluide et soignée. Les aquarelles d’Eléa Gobbé-Mévellec, superbes, douces et colorées, contrastent à la perfection avec l’intrigue dramatique faites de des destins saccagés. C’est que rien n’est plus pareil dans la vie de ces deux couples prisonniers de leur statut et de leurs (en)vies. D’une part, il y a la belle artiste Zunaira et Mohsen, deux anciens enseignants reclus dans un petit appartement, deux amoureux qui font face à un régime où tendresse, transmission des savoirs et libertés individuelles sont sans cesse bafouées. De l’autre, il y a Mussarat et Atiq, un couple plus âgé touché par la maladie et la solitude. Si leurs destins ne font que s’effleurer, ils sont pourtant intimement liés et l’évolution de chacun d’entre eux nous entraine vers un final certes convenu mais d’une puissance tragique indéniable. Combattant chacun à leur façon l’obscurantisme mis en place, ils sont pourtant démunis et à la botte de talibans de plus en plus présents. Si la forme est le principal point fort de leur film, c’est parce les deux réalisatrices ont énormément travaillé en amont pour que le rendu soit le plus réaliste possible. Leurs héros, dont les ressemblances avec leurs interprètes (Zita Hanrot, Swann Arlaud, Hiam Abbas, Simon Abkarian, Michel Jonasz etc.) sont évidentes, ne sont pas que le fruit d’un doublage ordinaire. Ils sont le résultat d’une véritable interprétation live qui a ensuite été retransmise sur papier et animée avec délicatesse. Ainsi, la justesse des émotions et des propos est on ne peut plus crédible, bien que le dessin crée malgré tout une distance certaine et une authenticité quelque peu atténuée, notamment par le choix peu judicieux d’utiliser la langue française pour conter un récit se déroulant en Afghanistan… Sommaire, l’animation semble être le choix parfait pour traiter d’un tel sujet sans crouler sous des jets de pierre. Se trouvant à mi-chemin entre fiction et réalité, abstraction et prise de position, « Les hirondelles de Kaboul » n’est peut-être pas le film d’animation de l’année mais a le mérite d’adapter sur grand écran une dure réalité dont le quotidien nous est parfois encore totalement étranger. Date de sortie en Belgique/France : 4 septembre 2019 Durée du film : 1h21 Genre : Animation Résumé du film : Deux étudiants, Gatsby et Ashleigh, envisagent de passer un week-end en amoureux à New York. Maisleur projet tourne court, aussi vite que la pluie succède au beau temps... Bientôt séparés, chacun desdeux tourtereaux enchaîne les rencontres fortuites et les situations insolites Note du film : 7,5/10 (par Véronique) Avis : Souvent mal-aimé et décrié, parfois controversé, Woody Allen n’a jamais cessé d’être dans la tourmente. Avec la sortie de son dernier long-métrage, « Un jour de pluie à New York », c’est une nouvelle polémique qui refait surface, comme toujours aurait-on envie de dire. Alors que son comédien vedette, le toujours impeccable Timothée Chalamet (suivi par Rebecca Hall) esquivait toute présentation du métrage et reversait son cachet à des associations défendant les victimes d’incestes et de viols, le film se voyait privé de sortie en salles sur le territoire américain et risquait bien d’essuyer le même refus de le voir s’inscrire dans le catalogue de Amazon Prime (alors qu’il n’a été financé que par le seul à miser encore sur ce vieux cheval : Amazon Studios). Mais qu’importe si son nom apparait dans tous les tabloïds, si chaque nouvelle réalisation est l’occasion de redonner de l’air aux mêmes moulins à vent, ce qui nous intéresse nous, c’est la qualité de son dernier métrage, l’efficace « A rainy day in New York », en version originale. Quelque peu perdu sur les chemins de films plus conventionnels, moins risqués, Woody Allen revient à ses premières amours et nous livre un film très écrit, très dialogué, très proche des films de jadis que nous avons tant aimé. Son humour bien senti, ses quiproquos, ses enchaînements ininterrompus, ses échanges nerveux et rapides, ses dialogues truculents viennent apporter un souffle de vie à un scénario a priori classique et respectueux des thématiques chères au réalisateur new new-yorkais. Mettant en lumière un casting de comédiens montants, « Un jour de pluie à New York » peut-être perçu comme une resucée de métrages précédents ou comme un prolongement de tout ce qui a été installé des années durant : une jeune journaliste en extase devant un réalisateur has been et plus âgé qu’elle, une histoire d’amour compliquée, la mise en abîme du cinéma à travers différents métiers du septième art, des petites confidences et des grandes trahisons, les sentiments féminins instables et les hommes victimes des leurs, … le fond comme la forme montrent à eux seuls que nous sommes bien dans l’univers allenien en plein. Rassurante ou agaçante, cette façon de faire est la marque de fabrique d’un Woody Allen peu inspiré diront certains. Nostalgiques diront les autres. Nous penchons davantage dans la seconde catégorie et apprécions retrouver la simplicité d’une histoire qui déroule son fil des cartons noirs à écriture blanche (où apparaissent inlassablement les noms des comédiens par ordre alphabétique) à un final dramatique et positif. Le son jazzy omniprésent et tellement agréable pour nos oreilles, ses plans si caractéristiques, tout est là, dans un condensé d’une heure trente que nous n’avons pas vu filer ou presque. Et puis il y a cette pluie, fantasmée, qui sublime les rêves des uns, les actions des autres, qui remplit de lumière les histoires, les lieux, les moments aspirés. Presqu’intemporel, « A rainy day in New York » se suspend le temps d’un instant, nous donnant cette étrange impression d’être à la fois dans le New York d’aujourd’hui et dans celui d’autrefois. Et c’est peut-être cette nostalgie revisitée qui peut déstabiliser. Un peu trop étiré dans son dernier quart d’heure, le film ne cesse jamais de mettre ses acteurs, ses décors, ses intrigues secondaires et principales en valeur. Car oui, Woody Allen a toujours su s’entourer et mettre en avant les comédiens vedettes du moment. Ici, il utilise à très bon escient le charme désinvolte de Timothée Chalamet (Gatsby Welles), offre un rôle tout adapté à l’inconstante Elle Fanning, jeune journaliste opportuniste, coincée et mondaine, met en scène un Liev Schreiber drôle et touchant, réalisateur en pleine crise existentielle (miroir de l’état d’âme de Allen absent à l’image mais omniprésent dans les traits de son histoire et dans ceux du jeune Josh ?) et un Jude Law presque méconnaissable mais truculent scénariste à l’angoisse de la page blanche et trompé par sa femme (Rebecca Hall). Et c’est sans parler de la palette étendue des personnages secondaires qui n’en sont jamais vraiment. Par sa mini critique des médias et son scénario à tiroirs, Woody Allen ne lâche jamais prise et semble se plaire à réactiver les manettes qui n’ont jamais cessé de fonctionner jusqu’au décevant « Magic in the Moonlight » qui a marqué le début d’une suite de films mineurs. Lumineux, drôle et dramatique, respectueux de son univers si particulier et reconnaissable entre tous, « Un jour de pluie à New York » reprend le chemin de la maison de Woody Allen, celui que l’on a longtemps pris plaisir à suivre. Si certains ont quitté le nid et ne choisiront probablement pas d’y retourner, nous avons pour notre part beaucoup apprécié nous balader dans cette comédie sentimentale où chacun se cherche à défaut de se trouver. Date de sortie en Belgique/France : 18 septembre 2019 Durée du film : 1h32 Genre : Comédie dramatique Titre original : A rainy day in New York |