Interview d'Alain Delon
Dans le cadre du FIFPL - 5 mai 2017
Dans le cadre du FIFPL - 5 mai 2017
A quelques heures de la remise de son « Big up » d’honneur au Festival International du Film Policier de Liège, Monsieur Alain Delon a eu la gentillesse de nous accorder une entrevue en aparté. Un grand moment au cours duquel il a accepté de revenir sur quelques –uns de ses souvenirs liés au polar, un genre très apprécié de son public.
Thomas : Monsieur Delon, je vous propose d’aborder la thématique qui vous amène aujourd’hui à Liège, c’est-à-dire le film policier.
Alain Delon : C’est ce que les gens voulaient voir et c’est ce qui me fait du bien !
Thomas : Vous recevrez ce soir un prix sur les terres de Georges Simenon que vous avez connu.
Alain Delon : Absolument, oui. J’aime beaucoup Simenon.
Thomas : Monsieur Delon, je vous propose d’aborder la thématique qui vous amène aujourd’hui à Liège, c’est-à-dire le film policier.
Alain Delon : C’est ce que les gens voulaient voir et c’est ce qui me fait du bien !
Thomas : Vous recevrez ce soir un prix sur les terres de Georges Simenon que vous avez connu.
Alain Delon : Absolument, oui. J’aime beaucoup Simenon.
Thomas : Inévitablement, on pense à « La veuve Couderc », adaptée de Simenon, mais aussi à « L’ours en peluche », tourné à Bruxelles.
Alain Delon : Oui, c’est un très beau film mais il a été peu vu celui-là. Ca m’a fait de la peine qu’il ne marche pas parce que l’histoire était tellement belle… Thomas : « L’ours en peluche » est votre dernière collaboration avec Jacques Deray qui est le metteur en scène avec lequel vous avez le plus tourné. Comment expliquez-vous cette fidélité ? Alain Delon : Cette fidélité, je l’explique par son talent et par la communion entre lui et moi. Je ne me suis jamais trompé avec Jacques Deray, le premier film que j’ai tourné avec lui c’est « La piscine ». J’étais à Cannes à l’époque, on était venu me parler de ce projet et on l’a fait. Avec Deray, nous avions une vision commune du cinéma et surtout j’aimais sa direction sinon je n’aurais jamais fait dix films avec lui ! |
Thomas : C’est aussi vous qui l’avez imposé sur « Borsalino ».
Alain Delon : Oui, quand on est venu me proposer le sujet sur le tournage de « La piscine », j’ai dit « ce sera Deray ou personne d’autre ».
Thomas : On ne peut pas évoquer le film policier et même le cinéma en général sans penser à Jean Gabin.
Alain Delon : Jean Gabin, c’est un de mes maîtres, j’ai tellement été heureux avec lui.
Alain Delon : Oui, quand on est venu me proposer le sujet sur le tournage de « La piscine », j’ai dit « ce sera Deray ou personne d’autre ».
Thomas : On ne peut pas évoquer le film policier et même le cinéma en général sans penser à Jean Gabin.
Alain Delon : Jean Gabin, c’est un de mes maîtres, j’ai tellement été heureux avec lui.
Thomas : Quel premier souvenir gardez-vous de lui ?
Alain Delon : Je me rappelle de ma rencontre avec lui, pour le tournage de « Mélodie en sous-sol ». Nous étions avec Henri Verneuil et le producteur Jacques Bar dans une pièce. Je suis arrivé, Verneuil s’est levé et a dit à Jean « Tiens, je te présente le petit dont je t’ai parlé ». Jean s’est levé et m’a dit « Bonjour, monsieur » en me serrant la main. Thomas : Vous avez gagné facilement sa confiance ou cela est venu progressivement ? Alain Delon : Je l’ai gagnée parce qu’avec Jean, c’était très vite oui ou non. Quand c’était non, c’était horrible. Je l’ai vu par exemple avec Maurice Biraud qu’il détestait. On s’est bien entendus tout de suite et puis de mieux en mieux, on s’est de plus en plus connus et appréciés. Je l’appelais « patron » et lui m’appelait « môme ». Je l’ai ensuite produit dans « Deux hommes dans la ville » qui est un des plus beaux films que j’aime avec Jean. |
Thomas : Cette année 2017 marque l’année de vos 60 ans de cinéma mais aussi les 50 ans du film « Le Samouraï » de Jean-Pierre Melville. En juin 1967, vous tournez pour la première fois sous sa direction et le tournage est très vite interrompu par l’incendie des studios Jenner. Alain Delon : C’était effrayant, oui, le studio qui s’est mis à brûler. On a tout reconstruit à Boulogne en deux semaines. Thomas : Quel souvenir gardez-vous de Jean-Pierre Melville ? Alain Delon : Il fait partie de mes rois, de mes dieux à qui je dois tout, avec Clément, Losey et Visconti. |
Thomas : Qu’est-ce qui selon vous différencie Jean-Pierre Melville de René Clément, dans la manière de travailler ?
Alain Delon : Clément était le plus grand directeur d’acteurs. Melville était très bien mais c’était surtout le metteur en scène. Clément, c’était tout. Le plus grand monteur, le plus grand directeur d’acteurs, le plus grand caméraman, tout. Clément, c’est mon maître !
Alain Delon : Clément était le plus grand directeur d’acteurs. Melville était très bien mais c’était surtout le metteur en scène. Clément, c’était tout. Le plus grand monteur, le plus grand directeur d’acteurs, le plus grand caméraman, tout. Clément, c’est mon maître !
Thomas : Quand vous passez à la réalisation, vous dédiez votre film à René Clément. Dans « Le battant », vous faîtes aussi un clin d’œil à Jean-Pierre Melville. Le souvenir de ces deux cinéastes vous a-t-il accompagné sur vos deux réalisations ?
Alain Delon : Oui, absolument. Je suis très sensible à cela. Et puis je vais vous dire, ça ne s’effacera jamais. Quand je serai parti, ça sera toujours là. Thomas : Vos deux réalisations sont des réussites et on a envie de vous demander pourquoi vous n’avez pas réalisé un troisième film. Alain Delon : Je ne sais pas, l’époque, le temps. On ne sait pas tout faire. Thomas : Avez-vous un souvenir marquant lié au cinéma quand vous n’exerciez pas encore ce métier ? |
Alain Delon : Je ne pensais même pas au cinéma ni à devenir acteur et producteur, j’allais même très peu au cinéma. Mon père m’emmenait de temps en temps à Montparnasse, au Cineac.
Thomas : Votre père n’avait-il pas une exploitation cinématographique ?
Alain Delon : Il a été directeur de salle au « Régina » à Bourg-La-Reine où j’ai vu les premiers films.
Thomas : Le cinéma d’aujourd’hui vous inspire peu. Il y a quand même encore aux Etats-Unis des valeurs sûres comme Clint Eastwood ou Anthony Hopkins.
Alain Delon : Oui, mais ils ont tous environ 85 ans. Clint, s’il ne faisait pas ses films en tant que metteur en scène, il serait arrêté aussi. Les autres comme Spencer Tracy sont partis.
Thomas : Ce sont des gens avec qui vous auriez eu envie de travailler ?
Alain Delon : Oui, tout à fait. L’occasion ne s’est pas présentée car je suis revenu très vite des Etats-Unis où j’avais trop besoin de la France.
Thomas : Vous réservez un cadeau à vos admirateurs puisque vous tournerez à l’automne un nouveau film avec Patrice Leconte. Que pouvez-vous en dire actuellement ?
Alain Delon : Ce sera une très très belle histoire d’amour, très forte, sur des gens déjà d’un certain âge. Et ma partenaire ne sera pas Sophie Marceau mais Juliette Binoche, avec qui je n’ai encore jamais travaillé.
Thomas : Votre fille Anouchka fera-t-elle partie de la distribution ?
Alain Delon : Non, pas du tout. Ce n’est pas une histoire de famille, c’est vraiment une histoire à deux. Avec Patrice Leconte, on travaille dessus et ce sera mon dernier film car, comme dans la boxe, il ne faut pas faire le combat de trop..
Thomas : Votre père n’avait-il pas une exploitation cinématographique ?
Alain Delon : Il a été directeur de salle au « Régina » à Bourg-La-Reine où j’ai vu les premiers films.
Thomas : Le cinéma d’aujourd’hui vous inspire peu. Il y a quand même encore aux Etats-Unis des valeurs sûres comme Clint Eastwood ou Anthony Hopkins.
Alain Delon : Oui, mais ils ont tous environ 85 ans. Clint, s’il ne faisait pas ses films en tant que metteur en scène, il serait arrêté aussi. Les autres comme Spencer Tracy sont partis.
Thomas : Ce sont des gens avec qui vous auriez eu envie de travailler ?
Alain Delon : Oui, tout à fait. L’occasion ne s’est pas présentée car je suis revenu très vite des Etats-Unis où j’avais trop besoin de la France.
Thomas : Vous réservez un cadeau à vos admirateurs puisque vous tournerez à l’automne un nouveau film avec Patrice Leconte. Que pouvez-vous en dire actuellement ?
Alain Delon : Ce sera une très très belle histoire d’amour, très forte, sur des gens déjà d’un certain âge. Et ma partenaire ne sera pas Sophie Marceau mais Juliette Binoche, avec qui je n’ai encore jamais travaillé.
Thomas : Votre fille Anouchka fera-t-elle partie de la distribution ?
Alain Delon : Non, pas du tout. Ce n’est pas une histoire de famille, c’est vraiment une histoire à deux. Avec Patrice Leconte, on travaille dessus et ce sera mon dernier film car, comme dans la boxe, il ne faut pas faire le combat de trop..