Interview de Anny Duperey
Dans le cadre du Waterloo Historical Film Festival
- 19 octobre 2019-
Dans le cadre du Waterloo Historical Film Festival
- 19 octobre 2019-
C’est une facette moins connue d’Anny Duperey qui est mise en avant à Waterloo. L’actrice, qui est aussi photographe, est venue inaugurer son exposition de photos et présenter le film STAVISKY d’Alain Resnais où elle joue face à Jean-Paul Belmondo. Invitée d’honneur du festival, nous l’avons rencontrée à son arrivée.
Thomas : Anny Duperey, vous présentez STAVISKY d’Alain Resnais dans le cadre de ce festival. C’est un film qui a compté pour vous ?
Thomas : Anny Duperey, vous présentez STAVISKY d’Alain Resnais dans le cadre de ce festival. C’est un film qui a compté pour vous ?
Anny Duperey : Tourner avec Alain Resnais, c’est quand même quelque chose. J’ai tourné deux fois avec lui et j’en garde de très bons souvenirs. Ce sont d’ailleurs les deux seules fois où j’ai eu un film à Cannes, à trente ans de différence. Il y a eu STAVISKY puis ce film très étrange mais que j’adore qu’il a appelé VOUS N’AVEZ ENCORE RIEN VU, sur le mythe d’Orphée d’après deux pièces d’Anouilh. Pour moi c’était le bonheur total parce qu’il y avait le texte d’Anouilh que j’avais joué par ailleurs et la mise en scène de Resnais puis une tripotée d’acteurs formidables. Un des grands souvenirs que j’ai de la préparation de ce film, c’était pour la petite-fille de couturière que je suis et qui coût elle-même (Elle montre un vêtement qu’elle a elle-même cousu à partir d’un drap) de travailler deux mois en tête à tête avec Yves Saint Laurent !
Thomas : Ah oui, carrément ! Anny Duperey : Il n’y avait que lui et sa première assistante d’atelier pour faire sur moi les costumes. |
J’ai un souvenir extraordinaire de cela. Il y a même eu pour une des robes une espèce de collaboration entre nous. Pour une robe noire qu’on voit à peine dans le film, quand je me balade le long de la plage à Biarritz, il a refait sept fois le modèle ! Ca ne tombait pas bien, ça ne lui plaisait pas. C’était une robe de la mode de 1930 où on a l’air d’une truffe une fois dedans. On a trouvé la robe le jour où j’ai trouvé la manière de jouer avec. Je me rappelle que j’ai essayé une démarche et il m’a dit : « Ah oui, c’est vrai qu’en 1930, les femmes avaient une manière assez bizarre de se tenir ». Mais comme j’étais danseuse, je savais maitriser ça. A la septième fois, j’ai pris cette manière de bouger et il a trouvé la robe du même coup ! Finalement, mon plus grand souvenir de ce film c’était ce travail avec Yves Saint Laurent.
Thomas : Et avec Belmondo, c’était la rigolade ?
Anny Duperey : C’était la rigolade mais à l’époque, j’avoue, nous n’avons pas eu une énorme complicité sur ce tournage. Depuis, nous sommes devenus très amis mais à l’époque, il était encore dans sa période un peu gonflette. Ca n’a pas marché avec moi. Maintenant, je peux en parler car on se voit encore très souvent avec Jean-Paul. Je crois que je lui faisais un peu peur car je n’étais pas le type de femme qu’il pouvait maitriser ! Je pense qu’il avait plus l’habitude des femmes très féminines, un peu coquettes. Moi, je n’étais pas du tout comme ça. J’aurais été à la limite une très bonne copine comme me disait son maquilleur qui ne comprenait pas vraiment pourquoi ça ne collait pas. Je pense qu’il n’était pas prêt pour les femmes copines !
Thomas : Votre carrière est éclectique, de Jean-Luc Godard à Yves Robert en passant par Alain Resnais et Pierre Richard. Finalement, y a-t-il un genre que vous-même préférez ?
Anny Duperey : Vous savez, quand j’ai commencé à l’âge de 17 ans, un journaliste m’a posé une question qui m’a fait ouvrir des yeux comme des soucoupes. Il m’a demandé quelle serait ma ligne de carrière. Instinctivement, je lui ai répondu : « Le zig-zag ». Parce que ça me paraît la manière la plus longue et la plus variée d’aller d’un point à un autre. Au Conservatoire, on m’a appris qu’il faut tout jouer, aussi bien du comique que du dramatique. J’espérais faire la chose la plus opposée possible quand j’avais terminé un rôle. Ce n’était pas toujours le cas.
Thomas : Et avec Belmondo, c’était la rigolade ?
Anny Duperey : C’était la rigolade mais à l’époque, j’avoue, nous n’avons pas eu une énorme complicité sur ce tournage. Depuis, nous sommes devenus très amis mais à l’époque, il était encore dans sa période un peu gonflette. Ca n’a pas marché avec moi. Maintenant, je peux en parler car on se voit encore très souvent avec Jean-Paul. Je crois que je lui faisais un peu peur car je n’étais pas le type de femme qu’il pouvait maitriser ! Je pense qu’il avait plus l’habitude des femmes très féminines, un peu coquettes. Moi, je n’étais pas du tout comme ça. J’aurais été à la limite une très bonne copine comme me disait son maquilleur qui ne comprenait pas vraiment pourquoi ça ne collait pas. Je pense qu’il n’était pas prêt pour les femmes copines !
Thomas : Votre carrière est éclectique, de Jean-Luc Godard à Yves Robert en passant par Alain Resnais et Pierre Richard. Finalement, y a-t-il un genre que vous-même préférez ?
Anny Duperey : Vous savez, quand j’ai commencé à l’âge de 17 ans, un journaliste m’a posé une question qui m’a fait ouvrir des yeux comme des soucoupes. Il m’a demandé quelle serait ma ligne de carrière. Instinctivement, je lui ai répondu : « Le zig-zag ». Parce que ça me paraît la manière la plus longue et la plus variée d’aller d’un point à un autre. Au Conservatoire, on m’a appris qu’il faut tout jouer, aussi bien du comique que du dramatique. J’espérais faire la chose la plus opposée possible quand j’avais terminé un rôle. Ce n’était pas toujours le cas.
Thomas : On vous parle souvent du film UN ELEPHANT CA TROMPE ENORMEMENT qui est devenu un classique. Pour ma part, il y a un film que j’aime particulièrement, c’est MILLE MILLIARDS DE DOLLARS, d’Henri Verneuil.
Anny Duperey : C’était venu de Patrick (Dewaere). On avait développé avec lui une grande complicité après avoir tourné PSY chez de Broca. On s’était tellement bien entendus sur ce film que c’est lui qui m’a suggérée à Verneuil. Thomas : Vous avez répondu à une question que je m’apprêtais à vous poser concernant vos rapports avec Patrick Dewaere. Anny Duperey : Cette complicité développée sur PSY venait du fait que Philippe de Broca était ce que j’appellerais le metteur en scène premier spectateur. |
C’est-à-dire qu’il voulait avoir la surprise des acteurs « en direct », sans répétition, pour mesurer l’effet que la scène aurait sur le spectateur. Mais on avait des grandes scènes qu’on devait répéter. Je me rappelle très bien qu’on était en train de répéter une scène avec Patrick lorsque Philippe est arrivé en nous disant : « Ah non, vous allez me gâcher mon plaisir ! » C’est la première fois de ma vie où, avec Patrick, on a dit à un metteur en scène : « Barre-toi ! On a besoin de travailler ! Quand on est prêts, on te rappelle ! » (rires)
Thomas : Si vous ne deviez retenir qu’un metteur en scène dans votre carrière, qui serait-il ?
Anny Duperey : Je me suis magnifiquement entendue avec Sydney Pollack car il était acteur lui-même comme Yves Robert l’était. Je trouve que les metteurs en scène qui ont été acteurs ou qui le sont encore savent comment ça marche. Ils savent dire, quand il y a un problème, si ça vient du texte ou d’autre chose. Il y a parfois des metteurs en scène qui essaient de vous diriger mais qui n’y comprennent rien !
Thomas : On vous a vue dernièrement dans « Just a gigolo » d’Olivier Baroux. C’est un film qui vous a amusée ?
Anny Duperey : Oui, beaucoup, c’était drôle ! Le film est charmant, l’équipe était drôle. Le cinéma m’a quittée je pense pour une question d’âge. J’ai beaucoup tourné en étant une très jolie jeune femme et il m’a manqué le rôle marquant qui fait qu’on passe d’un âge à un autre. La femme plus mûre n’a pas trouvé la continuité.
Thomas : Vous avez eu la télévision, quand même.
Anny Duperey : Oui, aussi le théâtre qui a pris la relève. Je ne l’ai jamais vraiment déploré mais quand je peux faire une apparition dans un film, ça m’amuse énormément.
Thomas : Vous avez d’autres projets ?
Anny Duperey : Au cinéma, non. Ce sont les livres qui ont pris le pas. J’ai trois livres qui sortent en un an et demi. Avant, c’était plus espacé.
Thomas : Votre exposition de photos est récente aussi.
Anny Duperey : Oui. C’est suite à la suggestion d’un ami qui avait vu certains de mes tirages. J’ai ressorti mes classeurs. Je faisais tout moi-même, le développement, les planches de contact, etc. Tout était prêt, il n’y avait qu’à les sortir pour les exposer.
Thomas : Vous évoquiez l’an dernier pour Ecran et toile un projet d’écriture de film sur lequel vous travailliez. Où en est ce projet ?
Anny Duperey : Nulle part. Je suis sur le point d’abandonner car il semblerait que ce film que j’avais vraiment très envie de faire soit un ovni ! Ca ne ressemble à rien de ce qui se fait. Les producteurs et le CNC me disent que ça ne passe pas. C’est un film qui est comme un conte, mais qui n’est pas social, qui n’est pas policier, etc. Ca ne rentre dans aucune case, d’où le mot « ovni » qui n’a pas l’air très à la mode ! J’avais pourtant une belle distribution. Ma fille et Dominique Pinon entre autres. Ce n’est pas grave car la frustration de ne pas faire ce film m’a poussée à écrire deux livres !
Thomas : Pouvez-vous parler de votre prochain livre qui va sortir ?
Anny Duperey : Ca s’appelle « Complicité animale ». C’est un livre écrit à deux mains avec un ami journaliste, Jean-Philippe Noël, qui est très spécialisé dans les animaux. Comme on est très touchés par la cause animale, on a fait un livre sur environ 70 histoires vraies de coopération entre animaux ou entre animaux et humains. Cela parle d’entraide, de sauvetage, etc. Il y a dix ans, on n’aurait pas pu le faire mais maintenant il y a des études scientifiques là-dessus.
Thomas : L’occasion pour vous de revenir en Belgique dédicacer cet ouvrage !
Anny Duperey : Je l’espère !
Thomas : Si vous ne deviez retenir qu’un metteur en scène dans votre carrière, qui serait-il ?
Anny Duperey : Je me suis magnifiquement entendue avec Sydney Pollack car il était acteur lui-même comme Yves Robert l’était. Je trouve que les metteurs en scène qui ont été acteurs ou qui le sont encore savent comment ça marche. Ils savent dire, quand il y a un problème, si ça vient du texte ou d’autre chose. Il y a parfois des metteurs en scène qui essaient de vous diriger mais qui n’y comprennent rien !
Thomas : On vous a vue dernièrement dans « Just a gigolo » d’Olivier Baroux. C’est un film qui vous a amusée ?
Anny Duperey : Oui, beaucoup, c’était drôle ! Le film est charmant, l’équipe était drôle. Le cinéma m’a quittée je pense pour une question d’âge. J’ai beaucoup tourné en étant une très jolie jeune femme et il m’a manqué le rôle marquant qui fait qu’on passe d’un âge à un autre. La femme plus mûre n’a pas trouvé la continuité.
Thomas : Vous avez eu la télévision, quand même.
Anny Duperey : Oui, aussi le théâtre qui a pris la relève. Je ne l’ai jamais vraiment déploré mais quand je peux faire une apparition dans un film, ça m’amuse énormément.
Thomas : Vous avez d’autres projets ?
Anny Duperey : Au cinéma, non. Ce sont les livres qui ont pris le pas. J’ai trois livres qui sortent en un an et demi. Avant, c’était plus espacé.
Thomas : Votre exposition de photos est récente aussi.
Anny Duperey : Oui. C’est suite à la suggestion d’un ami qui avait vu certains de mes tirages. J’ai ressorti mes classeurs. Je faisais tout moi-même, le développement, les planches de contact, etc. Tout était prêt, il n’y avait qu’à les sortir pour les exposer.
Thomas : Vous évoquiez l’an dernier pour Ecran et toile un projet d’écriture de film sur lequel vous travailliez. Où en est ce projet ?
Anny Duperey : Nulle part. Je suis sur le point d’abandonner car il semblerait que ce film que j’avais vraiment très envie de faire soit un ovni ! Ca ne ressemble à rien de ce qui se fait. Les producteurs et le CNC me disent que ça ne passe pas. C’est un film qui est comme un conte, mais qui n’est pas social, qui n’est pas policier, etc. Ca ne rentre dans aucune case, d’où le mot « ovni » qui n’a pas l’air très à la mode ! J’avais pourtant une belle distribution. Ma fille et Dominique Pinon entre autres. Ce n’est pas grave car la frustration de ne pas faire ce film m’a poussée à écrire deux livres !
Thomas : Pouvez-vous parler de votre prochain livre qui va sortir ?
Anny Duperey : Ca s’appelle « Complicité animale ». C’est un livre écrit à deux mains avec un ami journaliste, Jean-Philippe Noël, qui est très spécialisé dans les animaux. Comme on est très touchés par la cause animale, on a fait un livre sur environ 70 histoires vraies de coopération entre animaux ou entre animaux et humains. Cela parle d’entraide, de sauvetage, etc. Il y a dix ans, on n’aurait pas pu le faire mais maintenant il y a des études scientifiques là-dessus.
Thomas : L’occasion pour vous de revenir en Belgique dédicacer cet ouvrage !
Anny Duperey : Je l’espère !