Résumé du film : C'est par une belle et chaude soirée à Los Angeles que le jeune Sam fait la connaissance de sa charmante voisine Sarah. Le lendemain matin, alors que celle-ci semble s'être mystérieusement volatilisée, Sam se lance à sa recherche dans une quête surréaliste. Petit à petit, il démasque un sinistre complot qui semble concerner toute la ville. Note du film : 5/10 (par Véronique) Avis : Après nous être embarqué il y a quatre ans dans le film d’horreur « It follows », c’est sous les eaux de Silver Lake qui nous avons enfoncé la tête en ressortant asphyxié par les multiples informations distillées au long du film. Déjà surestimé avec son précédent opus, le travail de David Robert Mitchell nous a une fois de plus convaincu qu’à force de vouloir révolutionner des genres, bousculer les codes et proposer un cinéma pseudo- intello, on perd une partie de son public. Nous faisons partie de celui-là. Malgré un Andrew Garfield impliqué (chapeau à lui d’avoir accepter de se faire ainsi trimballer), une photographie toujours intéressante, une bande originale multi référentielle et un large panel de clins d’œil à la pop culture, « Under the Silver Lake » n’est pas parvenu à nous convaincre. Pire, il a réussi à nous faire regretter l’attente de ce métrage hypé. A l’image de l’activité principale de son héros, « Under the Silver lake » est une masturbation intellectuelle à n’en plus finir, faisant jaillir des références cinématographiques, musicales et vidéo ludiques en veux-tu en voilà, noyant les indices d’une enquête piétinante au milieu d’eaux troubles où notre cerveau ne trouve plus d’oxygène… Et ce n’est pourtant pas faute d’avoir été attentive. Après avoir décodé longuement l’affiche du film (où se dissimilent un pirate, une guitare, une poupée Barbie et le visage de notre héros), écouté les dialogues parfois aberrants, vu les signes qu’on voulait bien nous montrer, nous sommes sortie bredouille de cet escape room interminable où codes, indices et fausses pistes nous assaillent de toutes parts. Véritable (bad) trip labyrinthique aux nombreux chemins sans issue, « Under the Silver lake » est assurément le film le plus décevant de cette année 2018. Comme dans son précédent long-métrage, David Robert Mitchell semble vouloir décomplexer les relations sexuelles et en fait un objet de plaisir, de rencontres, d’échanges dont les exploits sont montrés à de multiples reprises, les insinuations crues régulièrement amenées, comme si la génération XY n’avait que cela à penser. Son idéologie post- soixante-huitarde, ses décors seventies, ses références des années 50 font de « Under the Silver Lake » un film intemporel où seuls quelques repères nous permettent de situer l’intrigue. Décalée voire déjantée, son histoire présente des pistes diverses et variées, nous faisant côtoyer un dessinateur paranoïaque, une femme chouette, un mateur par drône, des call girls, le groupe de musique « Jésus et les mariées de Dracula », de jolies blondes, un perroquet incompréhensible, un pirate tout droit sorti des studios Nickelodéon, bref… une écume visqueuse d’éléments plus ou moins dispensables venus s’installer sur les rivages d’un scénario déjà bien alambiqué au départ. S’il aime se regarder le nombril, Mitchell prend aussi le temps de faire des hommages appuyés à Hitchcock (le côté « Fenêtre sur cour » sans doute), à Janet Gaynor ou Marylin Monroe, au film « Comment épouser un millionnaire » mais n’arrive en rien à la cheville de ces univers d’antan si marquants. Et si plutôt que de fantasmer sur Hollywood le cinéaste suivait les traces de ses figues emblématiques en proposant un film lisible par tous ? Si d’aucuns aiment intellectualiser n’importe quel film d’auteur, ce n’est pas le cas de tout le monde. David Robert Mitchell invite d’ailleurs les spectateurs à revoir son film deux ou trois fois afin d’en cerner tous les tenants et tous les aboutissants. Vraiment ? La première (et seule) vision nous a amplement suffit et ce n’est pas demain la veille que nous replongerons dans son film tiré par les cheveux. Par ailleurs, Andrew Garfield et tout le casting secondaire parvient à tirer son épingle du jeu, c’est qui en soi, est tout à fait louable. Le comédien se décolle un peu plus encore de son rôle de Spider-man (comme l’illustre bien la scène du chewing-gum sur le comics Marvel) et démontre combien il excelle dans les films d’auteur. Néanmoins, jamais attachant, parfois agaçant, son personnage de Sam ne crée chez nous aucune empathie, tout comme chacun des personnages du film, plus caricaturaux et lisses les uns que les autres… N’est-ce pas là le défaut majeur du film ? Ne jamais permettre à son spectateur lambda de s’identifier, de s’immerger dans une histoire tangible, de croire une seule seconde à ce qu’il voit ? Annihiler en permanence ses perceptions et le laisser en dehors d’un jeu dont les règles sont beaucoup trop démesurées fait-il d’un film un must en la matière? Annoncé comme le Messie, survendu à diverses reprises, « Under the Silver Lake » confirme l’impression première que nous avions ressentie lors de la découverte de « It follows ». Certains films sont des œuvres d’art moderne, que l’on comprend ou pas, que l’on apprécie ou non, des objets qui intriguent, que l’on regarde sous toutes leurs coutures, qu’on adopte ou que l’on rejette. Pour notre part, nos limites en art moderne s’arrêtent à Kundelich, c’est dire. Alors, même si on aime se faire mal et perdre un peu de notre temps, si on confirme ne pas entrer et adhérer à l’univers de David Robert Mitchell, on ne peut que vous inviter à vous faire votre propre idée, en toute connaissance de cause ou pas… Vous voilà avertis. Date de sortie en Belgique : 15 août 2018 Date de sortie en France : 8 août 2018 Durée du film : 2h19 Genre : Thriller
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