A bras ouverts

Note  du film : 8/10 (par Thomas)

Résumé  du film: Jean-Etienne Fougerole, un intellectuel de gauche, forme un couple paisible avec son épouse, une riche héritière et artiste.  Alors que Fougerole fait la promotion de son nouveau roman « A bras ouverts » dans un débat télévisé en direct, son opposant le met au défi d'appliquer ce qu'il préconise dans son ouvrage, c’est-à-dire d’accueillir chez lui les plus démunis. Fougerole le prend au mot et accepte le challenge pour ne pas perdre la face.  Une famille de Roms qui a vu le débat décide d’aller sonner à la porte de la villa de Fougerole à Marnes-la-Coquette le soir-même. Le petit confort des Fougerole va donc être troublé par l’arrivée de ces co-habitants dont l’intégration dans le jardin familial sera facilitée par les retombées médiatiques que cela va engendrer pour la vente du bouquin.

Avis :  En 2014, le trio gagnant formé par l’acteur Christian Clavier, le réalisateur Philippe de Chauveron et le scénariste Guy Laurent réussissait un coup de maître avec la comédie « Qu’est-ce qu’on a fait au bon Dieu ». Le film totalisa 6,7 millions d'entrées et fut classé numéro un au box-office français. Il paraissait donc logique, après cette double réussite artistique et commerciale, que l’équipe remette le couvert. C’est aujourd’hui chose faite avec cette nouvelle comédie de la même veine qui ravira les adeptes du « Bon Dieu ».

« A bras ouverts », c’est le titre du film mais c’est surtout celui du livre fictif dont il est question dans l’intrigue et qui sera à la base des péripéties de son auteur, Jean-Etienne Fougerole.  Le film s’ouvre sur une villa cossue de Marnes-la-coquette (en réalité, le tournage s’est déroulé dans un quartier huppé de la capitale belge) où vit le couple Fougerole. D’emblée, le réalisateur joue sur les contrastes en faisant évoluer en parallèle l’intrigue d’une famille de Roms qui vient d’héberger dans leur caravane un Français expulsé de son habitation. Ces milieux sociaux que tout oppose vont très vite se rejoindre une fois la machine comique mise en place, ce qui va donner lieu à un véritable festival de drôlerie et de situations cocasses tissé sur un scenario vaudevillesque aux accents contemporains.

Loin de relater la suite des aventures de la famille de « Qu’est-ce qu’on a fait au bon Dieu », les auteurs nous livrent une histoire nouvelle reposant sur les mêmes ressorts comiques. La recette de fabrication reste donc inchangée puisque le rire va naître du choc de deux cultures, celle d’une famille de Français « bien-pensants » et celle d’une communauté de Roms établie en France.

L’originalité, c’est que le couple qui subit « l’invasion » n’est pas issu d’un milieu conservateur aux idées arrêtées comme c’était le cas dans le précédent film. La famille Fougerole est plutôt à tendance « gauche caviar » et prône l’ouverture aux autres plus sur le fond que dans la forme.

C’est là que réside la véritable innovation de cette comédie qui offre à Christian Clavier un rôle de composition puisqu’on l’a rarement vu jouer les humanistes. L’acteur, très à l’aise dans le vaudeville, n’a plus à démontrer ses talents. Ses détracteurs auront du mal à lui reprocher ses excès puisqu’il joue en toute sobriété, amenant ses crescendos quand la situation l’impose et tempérant plus que de nature.

Point de démesure d’une manière générale dans le jeu des acteurs qui excellent chacun dans leur genre. Ary Abittan, révélé au grand public surtout grâce au précédent film du trio gagnant, y tient le rôle du chef de la famille de Roms, usant d’un accent plus vrai que nature. Elsa Zylberstein a délaissé un instant la sensibilité du cinéma de Lelouch pour succéder à Chantal Lauby dans le rôle de l’épouse de Christian Clavier, apportant tout le relief et le charme nécessaires à son personnage. Autour d’eux gravitent quelques seconds rôles truculents comme Armen Georgian qui interprète le domestique des Fougerole. Bien qu’évoluant en milieu ouvert, ce film se rapproche par moments de l’huis-clos puisque la plupart de l’action se déroule dans l’enceinte de la villa, ce qui n’est pas sans rappeler certains succès de Boulevard. La portée humaniste du message final rappellera également certaines comédies de Gérard Oury qui ont fait naguère les heurs du box-office français.

D’un scénario en montées chromatiques pour les zygomatiques, on ne retiendra qu’une faiblesse : celle d’une conclusion peu crédible sans doute amenée par la fatalité à laquelle les personnages semblent se résigner. Il n’empêche que la formule magique fonctionne à nouveau et on ne peut que conseiller ce divertissement qui, en plus de garantir un moment de détente et un rire de qualité, changera peut-être le regard porté sur la communauté des Roms.

Date de sortie en Belgique: 5 avril 2017.
Durée du film : 1h33
Genre : Comédie