"Dans l'intimité de Charlot"
par Thomas
par Thomas
Les amateurs et les inconditionnels de l’œuvre de Charles Chaplin l’attendaient de longue date. Il y a un an, « Chaplin’s World by Grévin », le musée dédié à l’œuvre de ce génie du cinéma, accueillait ses premiers visiteurs à Vevey. Sur les lieux mêmes où l’artiste vécut les 25 dernières années de sa vie, c’est un hommage pluridisciplinaire digne de son immense talent qui s’offre au public. Que l’on s’intéresse ou non à son œuvre, que l’on soit jeune ou retraité, il y a dans ce monde de Chaplin de quoi passer un inoubliable moment ludique et culturel en famille ou entre amis au beau milieu d’un havre de verdure et de montagnes.
Dès leur arrivée sur le parking, les plus petits s’amuseront à jouer dans le tronc d’arbre artificiel qui les accueille tandis que les cinéphiles reconnaîtront sans mal le clin d’œil à un gag de « Charlot soldat ». Une fois leur ticket en mains, petits et grands traverseront une véritable caverne d’Ali Baba ornée d’objets à l’effigie du plus emblématique des personnages incarnés par Charles Chaplin : son attachant vagabond Charlot. Des biographies et des livres plus rares disponibles en plusieurs langues sont étalés dans la boutique ainsi que l’intégrale de l’œuvre du cinéaste en dvd et blu-ray. Pour un meilleur confort de visite, il est conseillé d’effectuer ses emplettes à la fin du parcours ramenant à l’endroit initial.
Selon l’affluence de la journée, la visite débutera soit par le studio, aménagé à l’emplacement de l’ancien garage de Charles Chaplin, soit par le manoir, dans l’intimité du maître des lieux.
Dès leur arrivée sur le parking, les plus petits s’amuseront à jouer dans le tronc d’arbre artificiel qui les accueille tandis que les cinéphiles reconnaîtront sans mal le clin d’œil à un gag de « Charlot soldat ». Une fois leur ticket en mains, petits et grands traverseront une véritable caverne d’Ali Baba ornée d’objets à l’effigie du plus emblématique des personnages incarnés par Charles Chaplin : son attachant vagabond Charlot. Des biographies et des livres plus rares disponibles en plusieurs langues sont étalés dans la boutique ainsi que l’intégrale de l’œuvre du cinéaste en dvd et blu-ray. Pour un meilleur confort de visite, il est conseillé d’effectuer ses emplettes à la fin du parcours ramenant à l’endroit initial.
Selon l’affluence de la journée, la visite débutera soit par le studio, aménagé à l’emplacement de l’ancien garage de Charles Chaplin, soit par le manoir, dans l’intimité du maître des lieux.
Le studio
C’est par le biais d’un montage d’une dizaine de minutes mêlant extraits de films et documents d’archives que s’ouvre la visite du studio, depuis une authentique salle de cinéma. A l’issue de la projection, nous traversons ensuite l’écran pour pénétrer de manière réelle dans une formidable reconstitution d’Easy street, la rue londonienne où est né Charles Chaplin.
Là, nous nous laissons progressivement emporter par la magie des décors de cinéma reconstitués et par la beauté des personnages de cire confectionnés par Grévin. Pour nous guider dans l’enfance du jeune Charlie, sa mère Hannah nous accueille devant la façade de la maison du « kid », non loin du petit Jackie Coogan et d’un policeman. Aux murs des bâtiments imités sont collées les affiches des premiers spectacles de Charles et de Sidney, son demi-frère aîné. |
Un peu plus loin, dans un décor de cirque, se côtoient les plus grandes personnalités du 7ème art contemporaines de Chaplin dont certaines furent même des intimes. Si vous ignorez le lien entre Charles Chaplin et Michael Jackson, vous le découvrirez lors de la lecture d’un des panneaux didactiques qui jalonnent le parcours.
Arrivé sur le plateau principal de tournage, devant caméras et projecteurs, vous vous laisserez sans doute prendre au jeu dans la cabane mouvante de « la ruée vers l’or » reconstituée à l’identique ou vous poserez peut-être entre les rouages de l’imposante machine des « temps modernes » avant de gagner la salle de montage.
Arrivé sur le plateau principal de tournage, devant caméras et projecteurs, vous vous laisserez sans doute prendre au jeu dans la cabane mouvante de « la ruée vers l’or » reconstituée à l’identique ou vous poserez peut-être entre les rouages de l’imposante machine des « temps modernes » avant de gagner la salle de montage.
De nombreux effets numériques viennent compléter la visite en nous replongeant par des écrans intégrés et des projections dans les plus grands moments cinématographiques de Charlot. A la galerie des personnages représentés par Grévin viennent s’ajouter au fur et à mesure du parcours chronologique quelques grands noms qui ont croisé la route du vagabond : Mack Sennett, qui le dirigea dans ses premiers films, Paulette Goddard, qui fut l’une de ses muses et partenaires, mais aussi des seconds rôles fidèles comme Eric Campbell qui incarne l’impressionnant serveur du restaurant dans lequel Charlot l’émigrant va casser la croûte. Chacun est placé dans un décor de circonstance et l’on voyage tour à tour du salon du barbier du « Dictateur » à la grille des « Lumières de la ville » où nous attend la jeune fleuriste aveugle, en passant par la prison des « Temps modernes » et quelques échoppes comme l’horlogerie, le marchand de chaussures, la librairie, etc.
Les coffres de la banque renferment quant à eux de véritables trésors et l’on restera admiratif et ému devant le premier contrat signé par Fred Karno comme devant les correspondances de Chaplin et de ses amis, les diverses notes et les manuscrits, les costumes et accessoires scéniques ainsi que les multiples récompenses décernées par la profession et même par la couronne d’Angleterre.
Le studio est donc plus qu’une simple exposition en soi, c’est un lieu interactif où se mêlent diverses expressions visuelles et sonores. Les amateurs de photos de tournages resteront peut-être un peu sur leur faim mais leur appétit sera très vite comblé par les nombreuses pièces authentiques qui s’offrent à la découverte.
Les coffres de la banque renferment quant à eux de véritables trésors et l’on restera admiratif et ému devant le premier contrat signé par Fred Karno comme devant les correspondances de Chaplin et de ses amis, les diverses notes et les manuscrits, les costumes et accessoires scéniques ainsi que les multiples récompenses décernées par la profession et même par la couronne d’Angleterre.
Le studio est donc plus qu’une simple exposition en soi, c’est un lieu interactif où se mêlent diverses expressions visuelles et sonores. Les amateurs de photos de tournages resteront peut-être un peu sur leur faim mais leur appétit sera très vite comblé par les nombreuses pièces authentiques qui s’offrent à la découverte.
Sur le plateau, nous traversons quelques décors reconstitués à la recherche de Charlie
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Parmi les trésors conservés, quelques accessoires originaux qui ont rendu célèbre Charlot.
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Le manoir
Au beau milieu des 4 hectares de verdure se situe la célèbre demeure de l’artiste qui fut aussi sa dernière résidence. Le manoir de Ban se visite comme la maison d’un ami. Dans le hall d’entrée, en bas de l’escalier, c’est un Charles Chaplin vieilli qui nous accueille devant le portrait de son épouse Oona.
Avant d’entrer dans la salle à manger, superbement décorée, des panneaux didactiques apportent quelques précisions biographiques. Le salon est sans doute la pièce maîtresse visitable du bâtiment et probablement celle qui reflète le plus fidèlement l’endroit tel qu’il fut habité par Charles Chaplin et sa famille. |
Près de la fenêtre donnant sur le jardin, le piano à queue sur lequel l’artiste composa ses plus belles mélodies accueille les visiteurs. Accroché au mur, son premier violon acquis à l’âge de 16 ans. S’il n’est pas toujours disposé à 100% comme à l’origine (40 années se sont écoulées depuis le décès de Charles Chaplin en ces lieux, la nuit de Noël), le mobilier est issu en majeure partie du patrimoine familial.
Le bureau dans lequel le cinéaste a écrit ses derniers films (« Un roi à New-York », « La Comtesse de Hong-Kong » et l’inachevé « The Freak ») est un petit musée à lui seul. On y retrouve entre autres quelques pages d’écritures, des notes et des croquis de story board. Une gigantesque bibliothèque rappelle que Chaplin était aussi un passionné de littérature, fervent admirateur de Maupassant et Poe notamment.
Une pièce du manoir est consacrée à la vie de Charles Chaplin et de sa famille en Suisse. Un film, des photos et des coupures de presse retracent quelques-unes de leurs sorties dans le village de Vevey ainsi que leur participation à la vie locale.
L’aménagement du premier étage (le seul étage visitable) fait quant à lui appel à l’imaginaire des visiteurs, ce qui ravira quiconque ayant la fibre artistique mais déplaira peut-être à certains puristes attachés au décor d’origine. On ne retrouve que peu de similitudes entre la chambre de l’artiste, accessible au public, et la photographie d’époque figurant dans le livre « Le manoir de mon père » d’Eugène Chaplin. Mais qu’importe, la magie du 7ème art opère sans mal et on est bluffés par la ressemblance poussée dans le détail entre la salle de bain du film « Un roi à New-York » et celle minutieusement reconstituée. Quelques illustres invités de cire surprennent tout au long de la visite et plusieurs pièces uniques sont visibles sur cet étage.
Le bureau dans lequel le cinéaste a écrit ses derniers films (« Un roi à New-York », « La Comtesse de Hong-Kong » et l’inachevé « The Freak ») est un petit musée à lui seul. On y retrouve entre autres quelques pages d’écritures, des notes et des croquis de story board. Une gigantesque bibliothèque rappelle que Chaplin était aussi un passionné de littérature, fervent admirateur de Maupassant et Poe notamment.
Une pièce du manoir est consacrée à la vie de Charles Chaplin et de sa famille en Suisse. Un film, des photos et des coupures de presse retracent quelques-unes de leurs sorties dans le village de Vevey ainsi que leur participation à la vie locale.
L’aménagement du premier étage (le seul étage visitable) fait quant à lui appel à l’imaginaire des visiteurs, ce qui ravira quiconque ayant la fibre artistique mais déplaira peut-être à certains puristes attachés au décor d’origine. On ne retrouve que peu de similitudes entre la chambre de l’artiste, accessible au public, et la photographie d’époque figurant dans le livre « Le manoir de mon père » d’Eugène Chaplin. Mais qu’importe, la magie du 7ème art opère sans mal et on est bluffés par la ressemblance poussée dans le détail entre la salle de bain du film « Un roi à New-York » et celle minutieusement reconstituée. Quelques illustres invités de cire surprennent tout au long de la visite et plusieurs pièces uniques sont visibles sur cet étage.
Enfin, le salon de projection retiendra l’attention des cinéphiles. Outre les objets personnels qui y sont exposés (on y trouve par exemple la caméra 16mm utilisée par Oona pour immortaliser les événements familiaux), de nombreuses images issues des archives familiales et pour la plupart inédites sont projetées en continu. On y découvre notamment posant sur la terrasse quelques-uns des prestigieux invités reçus par le maître des lieux, de Michel Simon à Serge Reggiani. |
C’est sur cette terrasse, une rotonde à colonnes rendue célèbre par les documentaires consacrés à la vie de l’artiste mais aussi par le biopic « Chaplin », que s’achève cette visite mémorable, au détour d’une balade dans le parc. On savoure cet ultime parcours sur les traces intimes d’un des plus grands génies du cinéma offrant une vue sur le lac Léman et les massifs alpins. Une cafétéria aménagée dans l’ancienne ferme permet de se restaurer en retournant vers le parking. Certains chanceux pourront même parfois y apercevoir l’un des enfants du cinéaste sur l’heure de table. |
Au final, « Chaplin’s world » remplit parfaitement son objectif en redonnant vie à ces précieux souvenirs et en rassemblant plusieurs générations en un lieu où il fait bon s’y ressourcer. Une visite éclair peut s’effectuer en moins de deux heures mais nous recommandons vivement d’y passer la journée pour mieux savourer chaque moment. Que l’on soit cinéphile ou non, on se laissera surprendre par la magie de l’œuvre du cinéaste et par de formidables éclats de rire aux recettes indémodables.
A l'étage, Sophia Loren qui incarna "la comtesse de Hong-Kong" reçoit les visiteurs.
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Le salon est l'une des pièces maîtresses du manoir.
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Pour organiser votre propre visite, rendez-vous sur la page Internet du Chaplin's World
L’exil suisse de Chaplin
Lorsque sort sur les écrans son film Les temps modernes en 1936, dans lequel il dénonce avec humour les dérives du fordisme, Charles Chaplin est déjà dans le collimateur de J. Edgar Hoover, directeur du FBI. Plus de 15 ans plus tard, en septembre 1952, alors qu’il sillonne l’Europe pour la promotion de Limelight (Les Feux de la rampe), Charles Chaplin apprend que les États-Unis ont résilié son visa. On le soupçonne de sympathiser avec les communistes, ce qu’il niera toute sa vie. La chasse aux sorcières du « maccarthysme » est lancée. Charles ne reverra ses studios californiens que vingt ans plus tard, lorsqu’il retournera chercher son Oscar d’honneur à Hollywood.
Pris de court, Charles, Oona et leurs quatre enfants sont à la recherche d’un toit en Europe. Ils visitent la Suisse sur les conseils de Sydney, le demi-frère de Charles. Le cinéaste découvre alors le manoir de Ban, à Corsier-sur-Vevey, et est séduit par le paysage et la tranquillité des lieux. Il l’acquiert pour la somme de 100.000 dollars en décembre 1952 puis le fera rénover.
Lorsqu’ils emménagent en janvier 1953, Oona est enceinte d’Eugène, leur cinquième enfant (ils en auront huit). Charles Chaplin résidera au manoir jusqu’à son décès la nuit de Noël 1977. C’est là qu’il trouvera l’inspiration de ses derniers films et qu’il composera les bandes originales destinées à la ressortie de ses plus grands succès. Il y écrira aussi son autobiographie Histoire de ma vie, parue en 1964.
Les « années Suisse » sont synonyme de bonheur en famille pour Charles qui avait vécu jusque-là par et pour son métier. De nombreuses personnalités fréquentèrent le manoir de Ban, de Marlon Brando à Michael Jackson.
Sir Charles et son épouse Lady Oona sont enterrés dans le petit cimetière de Corsier-sur-Vevey, citoyens parmi les citoyens.