Le Fondateur

Note du film : 7,5/10 (par Thomas)
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Résumé du film : Dans les années 1950, aux Etats-Unis, un représentant en appareils à milkshakes nommé Ray Kroc reçoit une grosse commande de la part des frères McDonald qui tiennent un restaurant de burgers en Californie. Intrigué et flairant la bonne affaire, il se rend sur place et est bluffé par ce nouveau concept de restauration rapide. Il leur propose alors de franchiser la marque et va peu à peu s'en emparer pour bâtir l'empire que l'on connaît aujourd'hui.

Avis : Après les auréolés « Birdman » et « Spotlight » qu’il a servis avec brio, l’acteur Michael Keaton était attendu dans ce « biopic » consacré à un personnage peu connu du grand public mais qui a contribué à la renommée internationale d’un empire plus économique que gastronomique. Pas facile de situer Ray Kroc, l’un des plus anciens « voleurs d’idée » du capitalisme américain, si on le sort de son contexte. En revanche, à moins d’avoir passé plus d’un demi-siècle à hiberner aux confins de l’Antarctique, nul ne commettra une erreur d’appellation à la vue des deux arcades dorées formant le « M » de la célèbre chaîne de restaurants dont le film nous enseigne les origines.

Michael Keaton incarne donc celui qui bâtit la puissance économique autour de McDo et qui déposséda ses deux créateurs, les frères McDonald, dont la consonance du nom plaisait à l’investisseur. De ses débuts malchanceux en solitaire dans une Amérique en pleine expansion économique à la préparation de son discours devant les plus grandes puissances de la nation,  le public assiste à l’ascension fulgurante et à la métamorphose de Kroc. Michael Keaton joue juste et ne sombre jamais dans l’excès même quand la situation semble dépasser largement les ambitions de départ de Kroc, toujours avide d’un maximum de rentabilité. La sympathie qu’il dégage dans le début (un peu traînard) du film, la rage de vaincre qui le propulse puis le mépris qu’il parvient à susciter lorsqu’il compare un contrat à un cœur « fait pour être brisé » donnent une approche complète d’un personnage visionnaire aliéné par l’appât du gain. Michael Keaton est donc l’épicentre d’un récit dont il fait prendre la mayonnaise et qui se veut intéressant et surprenant.

Nick Offerman et John Carroll Lynch interprètent les ingénieux créateurs qui seront peu à peu avalés par ce « Kroc-odile » véreux. Quelques scènes de discussions au téléphone entre les trois hommes déclencheront même un rire du public. Autour d’eux gravitent de très bons seconds rôles comme Laura Dern qui incarne l’épouse délaissée par l’homme d’affaires ou encore B.J. Novak qui jouait le rôle du parolier Robert Sherman dans le film « Dans l’ombre de Mary ».

Si la mise en scène semble plutôt classique, certains choix de prises de vue et de montage, certes anecdotiques, parviennent tout de même à souligner subtilement la solitude de Kroc. Une solitude qu’il s’inflige en s’éloignant du domicile conjugal pour assouvir sa soif professionnelle et dont il se débarrassera plus tard après avoir trouvé son alter égo féminin.

Les nostalgiques s’émerveilleront devant les carrosseries flambant neuves qu’on croirait tout droit sorties des usines Ford ou Chevrolet et devant les enseignes et objets « vintage » on ne peut plus réalistes. Il n’est pas nécessaire de s’empiffrer de burgers pour passer un agréable moment devant « The founder » qui nous plonge aux sources historiques de la plus grande industrie mondiale du fast-food. En couplant au divertissement ce qui aurait bien pu être un excellent sujet de documentaire, le réalisateur John Lee Hancock réussit un film populaire correct invitant à la réflexion. Il transmet un enseignement sans pour autant donner une quelconque leçon moralisatrice. On y apprend notamment comment le catholicisme et le patriotisme ont inspiré l’enseigne McDonald’s mais aussi et surtout qu’il ne suffit pas d’avoir juste du talent pour faire progresser une entreprise. Voilà qui ne devrait pas laisser indifférents les entrepreneurs en devenir. 

Date de sortie en Belgique : 8 février 2017
Durée : 1h55
Genre : Biopic