Résumé du film : Elisabeth est droite, sérieuse et honnête. Le capitaine Neuville est lâche, fourbe et sans scrupules. Elle le déteste. Il la méprise. Mais en faisant de lui un héros d’opérette, elle est devenue, malgré elle, responsable d’une imposture qui va très vite la dépasser… Note du film : 6/10 (par Margaux) Avis : « Le retour du héros » c’est la comédie française attendue en ce début d’année 2018. Dans le nouveau film de Laurent Tirard (« Le petit Nicolas », « Un homme à la hauteur » pour ne citer que ceux-là), on retrouve un Jean Dujardin toujours aussi charmant et une Mélanie Laurent qui se dévoile dans un nouvel exercice de style. Le film nous raconte les péripéties du Capitaine Neuville (Jean Dujardin) parti à la guerre laissant sa prétendante Pauline ( la jeune Noémie Merlant) sans nouvelle pendant des mois, sa promesse de lui écrire tous les jours n’ayant jamais été respectée. C’est alors qu’Elisabeth (Mélanie Laurent), voyant sa soeur désespérée de ne pas avoir de nouvelles du capitaine, décide de se faire passer pour lui et entame une écriture quotidienne de lettres lui étant destinée. Jusqu’ici rien de bien amusant. Mais un jour le capitaine Neuville est retour... Et c’est à ce moment que la comédie commence vraiment. Dans la seconde partie du film, et une fois le décor installé, les gags et les situations embarrassantes s’enchaînent. Mélanie Laurent surprend dans le rôle de cette soeur indépendante et débrouillarde : qui aurait imaginé qu’un rôle de comédie lui conviendrait si bien ? A l’inverse, même si le genre lui sied à merveille (on en veut pour preuve « OSS 117 » et « Brice de Nice »,) et que l’on comprend le choix de Laurent Tirard de renouveler l’expérience avec Jean Dujardin, on aimerait davantage découvrir le comédien dans des rôles principaux plus complexes, de torturé ou de grand timide par exemple… On rit parce qu’on aime le duo Mélanie Laurent/Jean Dujardin, que le film est bon enfant et aussi parce qu’on est bon public mais au niveau de la mise en scène, il n'y a rien de très original. « Le retour du héros » est un bon divertissement mais il s’oubliera vite car il n'est pas sensationnel non plus. On appréciera le (re)voir pour son duo de comédiens, un jour de temps orageux, mais il ne révolutionne malheureusement pas le genre vaudevillesque. Date de sortie en Belgique/France : 14 février 2018 Durée du film : 1h30 Genre : Comédie
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Résumé du film : Après les événements qui se sont déroulés dans Captain America : Civil War, T’Challa revient chez lui prendre sa place sur le trône du Wakanda, une nation africaine technologiquement très avancée. Mais lorsqu’un vieil ennemi resurgit, le courage de T’Challa est mis à rude épreuve, aussi bien en tant que souverain qu’en tant que Black Panther. Il se retrouve entraîné dans un conflit qui menace non seulement le destin du Wakanda, mais celui du monde entier… Note du film : 5/10 (par François) Avis : Inventé par le génial Stan Lee qui, une nouvelle fois, fera un caméo un peu plus long encore, et le dessinateur Jack Kirby (« Les Quatre Fantastiques », « Hulk », « Thor », « Les Avengers », « Les X-Men » c’était lui) « Black Panther » se veut singulier. Apparaissant pour la première fois dans le comic book de juillet 1966, ce personnage fictif est historique à plus d’un titre. Tout d’abord parce qu’il représente le premier super-héros noir de comics américains. Ensuite, parce qu’il embrasse le mouvement pour les droits civiques, alors brûlant d’actualité. La particularité de ce héros issu de la culture américaine est justement qu’il n’est pas Américain ! C’est assez extraordinaire que pour le souligner ! T’Challa est un véritable Africain dont le royaume est baigné de technologie et gouverné par la science. En contre-pied total avec la vision que l’on a de l’Afrique, ce héros inhabituel à cette époque, a profondément marqué la culture noire. Prometteur…vous avez dit prometteur ? Et voilà justement la première déception pour nous ! Novatrice et pleine de promesses dans les années soixante, la thématique et surtout son traitement ne nous paraissent pas assez développés. C’est d’autant plus dommageable que la société américaine actuelle, et plus généralement occidentale, est toujours faite d’injustices, de pauvreté et de repli sur soi. La modernisation de cette histoire prometteuse se fait uniquement par la technique et le réalisateur Ryan Coogler (« Creed ») ne fait qu’effleurer son sujet et la dimension réflexive répond (quasiment) aux abonnés absents. Pourtant, le héros/roi du Wakanda est en proie à ces interrogations : peut-on permettre aux autres d’accéder à la technologie et à la richesse afin qu’ils se développent ? Et surtout, plus fondamental encore : comment le faire tout en préservant le niveau de vie du pays qui y contribue ? Ces véritables questions ne trouveront ici bien sûr jamais de réponse et ne seront abordées que trop tardivement dans le récit. De ce choix tardif fera découler quelques incompréhensions chez le spectateur du genre « Mais pourquoi ne pas faire profiter les pays voisins ? » Silence on tourne ! Moteur…Wakanda première ! Heureusement ce combat moral sera celui du héros mais, hélas, jamais nous ne percevons le mal qui ronge l'Afrique. Venant d’un Marvel vous me direz que cela est logique. Et pourtant… nous aurions aimé retrouver autre chose qu’une opposition entre ce pays imaginaire riche et l'Occident. C’est un peu comme si cette misère ne concernait que les ghettos américains. Alors bien sûr il s’agit d’une adaptation et il est vain d’attendre un film politique. Mais une petite modernisation aurait été la bienvenue pour nous offrir un film engagé, ancré dans notre présent et plus complexe qu’une dualité sommaire. Tout le film se base d’ailleurs sur un équilibre précaire entre une tradition où règne une pensée magique et la technologie ultra développée présente à tous les niveaux. Jamais nous n’y avons cru et c’est bien là le problème. Nous avons eu l’impression que tout était « facile », allant de « soi » et que jamais rien n’était très sérieux non plus. Pire, tout nous a paru grotesque. Même les scènes de combats délirantes au corps à corps ressemblent parfois à un mauvais épisode de « Matrix ». Et que dire de ces rhinocéros géants en armures qui se battent farouchement dans de verts pâturages ? Ce contraste marqué (et marquant) entre les différents protagonistes et l’intégration particulière de la technologie nous a laissé…perplexe. Mais pire encore, la palme revient à l’écriture simpliste des personnages! Globalement, nous avons affaire à deux cas possibles. Soit, nous comprenons fort bien les motivations de certains d’entre eux (même si elles restent primaires), soit certains développent au fil du récit une ligne de conduite en contradiction totale avec la construction « attendue et cohérente » de leur personnage (pour des raisons assez basiques…une fois de plus). Dans cette cacophonie visuelle et scénaristique trop souvent indigeste, nous devons souligner la vaillance des acteurs qui remplissent parfaitement leurs rôles ! Du Black Panther (Chadwick Boseman) à son génésis (Michael B. Jordan) en passant par la famille du héros : la mère (Danai Gurira), la petite amie (Lupita Nyong’o) ou encore la sœur (Letitia Wright, sorte de Q au féminin) la qualité de l’interprétation est de mise. Il en va de même pour les seconds couteaux : Martin Freeman (Bilbo le Hobbit c’était lui) qui incarne à l’écran un agent de la CIA mais surtout Andy Serkis cabotinant ici pour notre plus grand plaisir dans le rôle du méchant de service. Nous retrouvons avec grand plaisir Daniel Kluuya (« Get Out ») ainsi que Forest Whitaker que nous ne présentons plus. De l’attente vient la déception Au final, que reste-il de cette adaptation (poussive ?) de 2h15? Pas grand-chose de vraiment enthousiasmant. Une réalisation à la technique bancale due à des effets spéciaux parfois mal intégrés faisant de la surenchère un élément dispensable. Tout est artificiel dans cette société africaine à la technologie « magique ». Reste les paysages somptueux du continent africain mais cela est trop peu. L’humour est, comme souvent dans l’écurie Marvel, présent mais ne fera rire que les plus petits et sourire certains grands. La faute à un premier degré omniprésent ne laissant rien aux différents types de comiques possibles. Prometteur sur le papier uniquement, cette adaptation échoue à prendre à bras le corps une thématique pourtant très actuelle. Heureusement, les acteurs s’emploient tous avec conviction à nous faire passer cette pilule pourtant difficile à avaler. Elle le sera encore plus auprès des fans de l’univers Marvel qui devront attendre « Avengers : Infinity War » pour retrouver tout ce qu’ils ont aimé par le passé. Date de sortie en Belgique/France : 14 février 2018 Durée du film : 2h15 Genre : Aventure/Action Résumé du film : Été 1983. Elio Perlman, 17 ans, passe ses vacances dans la villa du XVIIe siècle que possède sa famille en Italie. Il y joue de la musique classique, lit et flirte avec son amie Marzia. Son père, éminent professeur spécialiste de la culture gréco-romaine, et sa mère, traductrice, lui ont donné une excellente éducation. Sa sophistication et ses talents intellectuels font d’Elio un jeune homme mûr pour son âge, mais il conserve aussi une certaine innocence, en particulier pour ce qui touche à l’amour. Un jour, Oliver, un séduisant Américain qui prépare son doctorat, vient travailler auprès du père d’Elio. Elio et Oliver vont bientôt découvrir l’éveil du désir, au cours d’un été ensoleillé dans la campagne italienne qui changera leur vie à jamais. Note du film : 8/10 (par Véronique) Avis : « Call me by your name » a déjà fait beaucoup parler de lui dans les divers festivals où il a été proposé. Succès critique, le film de Luca Guadagnino (« Bigger Splash ») a en effet de quoi marquer son public. Par sa thématique tout d’abord, celle d’un amour homosexuel, mais aussi par sa réalisation, son esthétisme et la force d’interprétation de ses acteurs principaux. Film qui se mérite, « Call me by your name » ne laissera assurément personne indifférent. Adapté d’une nouvelle de Andre Aciman, le dernier long métrage de Guadagnino évoque l’histoire d’un amour naissant entre Elio, 17 ans et Oliver, de 7 ans son aîné, le temps d’un été. Tous deux très instruits, les jeunes hommes se tolèrent à peine à l’arrivée d’Oliver, bel esthète un peu arrogant, avant de vivre une passion dévorante. Attirance, jeu de séduction, sensualité et érotisme sont donc au cœur de ce film de plus de deux heures, souffrant il est vrai de quelques longueurs excessives. Mais ces défauts de rythme sont vite occultés par un esthétisme chatoyant et une patte (très 80’s) que l’on ne peut qu’apprécier : prises de son réelles, photographie pastelle à l’image du cinéma d’il y a trente ans, on se voit plonger dans un film artistiquement impeccable et apprécions l’œuvre pour le fond autant que pour la forme. « Le cinéma, c’est le miroir de la réalité, un filtre ». Dans le miroir de son adolescence, Elio voit un jeune homme qui se cherche, amoureux de Marzia (avec qui il découvre les premiers plaisirs de la chair) mais aussi et surtout le reflet d’un amour inconnu, de sentiments jamais vécus. Des émotions fortes qu’il éprouve pour cet Américain plus âgé que lui mais dont il se sent si proche. La complicité qui les unit se transforme rapidement par une attirance interdite à laquelle il est difficile de ne pas succomber. Alors que l’homosexualité est de moins en moins taboue dans notre société mais aussi dans notre littérature ou notre cinématographie, « Call me by your name » fait le choix astucieux de présenter une sensualité grandissante entre nos deux héros mais aussi les premières images d’un érotisme peu choquant puisque les prises de vue se détournent à temps pour laisser Elio et Oliver se découvrir dans l’intimité. Ses rôles délicats, ce sont les remarquables Timothée Chalamet et Armie Hammer qui les endossent à la perfection. Pudiques, sensuels, complices, les deux personnages prennent vie rapidement sous nos yeux et nous touchent par leur histoire d’amour authentique et naturelle. Le père d’Elio (très juste Michael Stuhlbarg) l’a d’ailleurs bien compris et les paroles attendrissantes qu’il adresse à son fils parle à chacun des spectateurs. Cette discussion émouvante est d’ailleurs sans aucun doute l’un des moments forts du film. Si le sujet peut interpeller certains spectateurs, la beauté de l’histoire présentée sur nos écrans est incontestable. Hommage au 7ème art, vibrante romance adolescente, « Call me by your name » est une jolie surprise qui fascinera bon nombre de cinéphiles. L’été 1983 changera la vie d’Elio au plus profond de lui-même, tout comme le film de Guadagnino gagnera le cœur d’un public réceptif à cette très jolie histoire. Date de sortie en Belgique : 14 février 2018 Date de sortie en France : 28 février 2018 Durée du film : 2h11 Genre : Drame Résumé du film : Préhistoire, quand les dinosaures et les mammouths parcouraient encore la terre. L’histoire d'un homme des cavernes courageux, Dooug, et de son meilleur ami Crochon, qui s’unissent pour sauver leur tribu d’un puissant ennemi. « Cro man » est la nouvelle comédie préhistorique des studios Aardman, réalisée par Nick Park. Note du film : 6/10 (par Véronique) Avis : Ils avaient enchanté petits et grands avec le remarquable « Shaun le Mouton », « Chicken Run » ou encore « Wallace et Gromit ». Les studios Aardman nous proposent une nouvelle aventure loufoque en stop motion où hommes des cavernes et citoyens de l’âge du bronze se rencontrent et s’affrontent. Toujours intéressant visuellement, qu’en est-il de l’intrigue de cet épisode préhistorique anachronique ? Un peu planplan, la nouvelle réalisation de Nick Park déçoit sur le fond mais ravi par la forme. C’est qu’après la longue liste de succès produits par les célèbres studios anglais, on s’attendait à retrouver tout ce qui nous avait charmé et amusé dans les précédentes réalisations de Peter Lord and cie. Malheureusement, « Cro man » est en deçà des petits bonbons animés dont on s’est délecté jusqu’ici. Peut-être est-il difficile de se réinventer ou de succéder au fabuleux « Shaun le Mouton » multi récompensé ? Toujours est-il que la matière manque, les personnages sont peu attachants et que le film passe (rapidement) sans marquer véritablement les esprits. Sorte de moyen métrage au petits moyens scénaristiques, l’histoire de « Cro Man » tient en quelques lignes : les « brutes » des cavernes (qui ont inventé le football) affronteront les stars de l’âge du bronze dans un match d’anthologie. C’est que face aux redoutables adversaires se tient une bande de débutants peureux qui n’ont que quelques jours pour apprendre les règles du jeu… Cousue de fil blanc, l’intrigue possède peu d’enjeux et ne recèle pas ces petites impertinences qui faisaient le sel des autres métrages d’animation. Où est l’inventivité de Nick Park, brillant réalisateur de « Chicken Run » ou de « Wallace et Gromit : Le Mystère du lapin-garou »? Cachée sous un petit tas de pierres plates sur lequel s’assied le spectateur en attendant de se laisser emporter par la tourmente ? On a beau tout retourner, nous ne l’avons malheureusement pas trouvée… Néanmoins, si le scénario déçoit et que les personnages prennent peu d’ampleur dans notre paysage cinématographique, on apprécie toujours le savoir-faire artisanal de l’équipe de Park. On le sait, utiliser la technique de clay animation est loin d’être évidente et demande un travail colossal pour un résultat aussi optimal. Et c’est sans doute là que réside tout l’intérêt du film : apprécier ce travail qui prend vie sous nos yeux dans des aventures sans doute moins loufoques qu’espérées mais plaisantes à regarder. Si le ton est un peu aseptisé et l’humour moins présent, on passe cependant un bon moment, esquivant çà et là quelques sourires en coin. Et puis, il y a ce plaisir de retrouver la patte Aardman, reconnaissable entre toutes: le visage de ses personnages (dents débordantes, yeux globuleux, nez particulier) et la finesse de ses décors nous rappellent que nous sommes au bon endroit. Pierre Niney (ou Eddie Redmayne en version originale), qui vient gratifier l’affiche de son nom, assume le doublage avec honneur mais n’a peut-être pas le personnage idéal pour démontrer toute l’ampleur de ses capacités. C’est d’ailleurs cette sensation qui revient régulièrement après la vision de « Cro Man », un sentiment de trop peu, de déception. Peut-être misions-nous trop d’espoirs d’être à nouveau emportés dans un univers barré ? Peut-être pensions-nous retrouver une folie assumée ? Loin d’être mauvais, « Early man », dans la langue de Shakespeare, a de beaux arguments pour plaire et amusera probablement la famille entière. Mais il est loin d’être un immanquable ou un inoubliable et peinera peut-être à trouver son public, frileux parfois quand il s’agit d’entrer dans ce genre d’univers… Date de sortie en Belgique/France : 7 février 2018 Durée du film : 1h28 Genre : Animation Titre original : Early man Résumé du film : Lucky est un vieux cow-boy solitaire. Il fume, fait des mots croisés et déambule dans une petite ville perdue au milieu du désert. Il passe ses journées à refaire le monde avec les habitants du coin. Il se rebelle contre tout et surtout contre le temps qui passe. Ses 90 ans passés l'entraînent dans une véritable quête spirituelle et poétique. Note du film : 8/10 (par Véronique) Avis : « Lucky », c’est l’histoire banale d’un vieux cow-boy nonagénaire qui vit au rythme de son quotidien bien rôdé. Mais c’est aussi et surtout un film intimiste et splendide, mettant en scène le grand Harry Dean Stanton à travers une réalisation pudique mais remplie de tendresse. Bref, un petit bijou qui brille tant pour ses décors que son personnage et qui se mérite. Un moment de cinéma suspendu dans le temps offert gracieusement par un réalisateur débutant, l’acteur John Carroll Lynch. Lucky, personnage éponyme du film, est un vieil homme vivant à l’extérieur d’un petit village du Nouveau Mexique. Se levant à l’aurore pour faire ses exercices de yoga, ce cow-boy à la retraite file ensuite dans un petit diner du coin pour prendre sa traditionnelle tasse de café et compléter quelques mots croisés. Arpentant les rues de cette ville fantôme, le vieillard regagne ensuite ses pénates pour regarder ses émissions télés préférées en attendant sa petite sortie du soir dans un bar où il vient siroter son bloody mary et retrouver ses amis (parmi lesquels David Lynch, qui lâche sa caméra et quitte son atelier pour devenir l’espace d’un instant un acteur jouant à la perfection). Ce petit rituel se répète inlassablement durant la petite heure trente de film, nous permettant ainsi de côtoyer au plus près ce Lucky bougon mais terriblement attachant. Son humour, ses râleries, sa solitude nous touchent à tel point que nous peinons à lâcher sa main. Avec son premier long métrage, John Carroll Lynch rend non seulement un vibrant hommage à Harry Dean Stanton (disparu en septembre dernier) mais au cinéma avec un grand C. En s’inspirant d’épisodes de la vie de l’acteur, le réalisateur nous offre une intrigue ordinaire mais révèle la sensibilité et la vie solitaire d’un homme sans famille et sans réelle attache. Tout le monde connaît Lucky mais rien ne semble vraiment remplir sa vie. Quand un souci de santé vient enrailler son rituel quotidien, le vieil ami réfléchi à la mort, à la solitude qu’il affronte chaque jour et s’enfonce peu à peu dans une morosité que personne ne parvient à lui enlever. Le scénario n’a rien d’extraordinaire mais l’interprétation prodigieuse de Stanton suffit à elle-même. Quoique… la réalisation très rétro et les magnifiques décors qui nous sont proposés ajoutent une touche non négligeable à ce film singulier. Les errances de ce vieil homme en caleçon/chemisette, ses répliques cinglantes et son traditionalisme nous font sourire. Son regard triste, son pessimisme, sa solitude et ses confidences nous touchent au cœur. « Lucky » c’est un bel instantané de vie. Mais c’est aussi un long-métrage émouvant dans des décors de l’Ouest américain abandonné, reflet impeccable de la mélancolie de son personnage principal. Un petit film qui pourrait bien marquer les esprits par son charme, sa maîtrise et les émotions qu’il procure. Bref, un premier film réussi pour l’acteur John Carroll Lynch dont on surveillera avec intérêt les prochaines propositions cinématographiques. Date de sortie en Belgique : 7 février 2018 Date de sortie en France : 13 décembre 2017 Durée du film : 1h28 Genre : Drame Résumé du film : En 2003, Tommy Wiseau, artiste passionné mais totalement étranger au milieu du cinéma, entreprend de réaliser un film. Sans savoir vraiment comment s'y prendre, il se lance … et signe THE ROOM, le plus grand nanar de tous les temps. Comme quoi, il n'y a pas qu'une seule méthode pour devenir une légende ! Note du film : 9/10 (par Véronique) Avis : Dernière réalisation de l’acteur de talent James Franco, « The disaster artist » est une réelle matriochka cinématographique. En effet, en plus de découvrir l’histoire du film « The room » (de son écriture à son avant-première couronnée de succès), on assiste aussi au tournage du documentaire qui accompagne le tournage du nanar incontournable des années 2000 tout en découvrant la personnalité haute en couleurs de son réalisateur : Tommy Wisseau. Brillant et parfaitement maîtrisé, « The disaster artist » est à ne pas manquer ! S’appuyant sur le roman (édité en français en janvier dernier) « The disaster artist. Ma vie avec The Room, le film le plus génialement nul de l'histoire du cinéma » de Greg Sestero (et préfacé par… James Franco !), le film est un véritable hommage au 7ème art dans ce qu’il a de plus brillant ou de plus déplorable, c’est selon. Ses apparences de documentaire déstabilisent d’entrée le spectateur curieux de découvrir les dernières frasques du grand James… Sauf qu’ici, ce n’est pas un mais deux frères Franco que l’on découvre à l’affiche de ce biopic hors norme et terriblement bien ficelé. Dave Franco a déjà tourné dans de nombreux films (« Insaisissables 2 » et « 21 Jump Street ») et notamment pour son grand frère (dans « Zeroville » ou « Broken towers ») à qui il a déjà donné la réplique. Il faut dire qu’il aurait été difficile de réaliser ce tournage sans que Dave ne rejoigne le casting car, à la lecture du dossier de presse, on apprend que les frangins sont deux fans inconditionnels du fameux « The Room » de Wisseau. James Franco a d’ailleurs confié qu’il « aurait été fou de ne pas réaliser un tel film, tout comme il était fou de le faire! » lors du Festival de San Sébastian où son film a été récompensé de la Coquille d’Or. Ce n’est d’ailleurs pas la seule récompense obtenue pour ce film audacieux : James Franco a été plébiscité pour recevoir le Golden Globes du Meilleur acteur dans une comédie en janvier dernier. "C'est mon film, c'est ma vie, soyez cool". (Tommy Wisseau) Si on devait sous-titrer « The disaster artist », on indiquerait qu’il s’agit d’un hommage savoureux à un film désastreux… Quoique, « The room » continue à marquer la conscience collective et particulièrement les aficionados du genre nanar. Mais faut-il pour autant connaître le film de référence pour apprécier la performance ? Pas du tout !
Mais rien ne sera simple tant les obstacles se hisseront sur le chemin entamé par Tommy et Greg pour toucher du doigt une gloire qui les fait rêver. Les indélicatesses et les colères de Tommy, sa tyrannie sur les plateaux de tournage, son incapacité à réciter son texte ou à l’interpréter placidement seront les éléments déclencheurs de la destruction d’une potentielle œuvre et de l’amitié branlante où l’envie et la jalousie se sont glissées insidieusement. C’est que Tommy Wisseau est un drôle d’oiseau et le film le démontre bien ! Et qui mieux que James Franco himself aurait pu interpréter ce personnage rock and roll ? Les lunettes noires vissées sur le nez, faites place au grand, au très grand James Tommy Wisseau Franco. L’acteur, qui n’a plus à faire ses preuves, monte encore d’un cran le curseur de son immense talent. Sa posture, son accent (de New Holland), son look à la Jim Morrison, ses exubérances, son attitude pédante confèrent à son personnage une identité on ne peut plus proche de la réalité. James ne joue pas, il est Tommy Wisseau. Si on doute encore du réalisme, les images de générique de fin démontreront combien la minutie d’interprétation est totale. Chapeau ! Et puis, dans les petits plaisirs de « The disaster artist », il y a les nombreux caméos qui se succèdent à une vitesse folle. Parmi les vedettes du 7ème art, on retrouvera bien sûr Judd Apatow et Seth Rogen (les éternels comparses de la bande à Franco) mais aussi Brian Cranston, Sharon Stone (à la crinière de lion), le professeur de théâtre Bob Odenkirk (et son bouc improbable), le jeune Dylan Minnette ou J.J Abrams, qui ouvre d’ailleurs le bal dès les toutes premières minutes du film, lors du témoignage/hommage à Tommy Wisseau et son œuvre. Le coup de génie de Franco et de ne pas définir totalement la limite entre fiction et réalité : la reconstitution des décors, des scènes du film référence sont telles que l’on ne sait plus à quelle version de « The room » se vouer. Totalement assumés, le ton décalé du film, de ses personnages et du propos présenté font de « The disaster artist » un film de genre déconcertant mais rempli d’ingéniosité. Vous l’aurez compris, que l’on connaisse ou non « The room » et ses instigateurs, le plaisir cinématographique peut être total. Du mois de novembre 1998 qui signe la belle rencontre entre Sestera et Wisseau à la première projection de leur film le 27 juin 2003, on découvre les grands jalons de leur incroyable aventure avec un réel plaisir : humour, tendresse, solidarité, jalousie et réussite sont au rendez-vous, un peu comme dans la vraie vie nous direz-vous. La réalisation maîtrisée et la bande originale pétillante (« The rythm of the night » de Corona en tête) viennent ajouter ce qu’il faut de peps à cet incroyable exercice de style mémorable. Merci Monsieur Franco de nous offrir un petit bijou de cet acabit et de nous faire connaître un pan du cinéma que nous ne connaissions pas. Date de sortie en Belgique : 7 février 2018 Date de sortie en France : 7 mars 2018 Durée du film : 1h38 Genre : Comédie dramatique / Biopic |
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