Avis : Installée dans la ville grise de Sokcho en plein hiver, l'intrigue du film de Koya Kamura trouve sa lumière et ses couleurs dans le jeu très touchant de ses deux comédiens principaux : Bella Kim et Roschdy Zem. La première interprète Soo-Ha, une jeune coréenne amatrice de littérature française ayant tout quitté pour aider un veuf attachant à tenir une pension de fortune. Lui est dessinateur de bande dessinée en quête d’inspiration, Français et avide de découvrir la culture de cette Corée dont il ne connaît rien. En se rencontrant, tous deux cherchent des réponses à travers les confidences et les errances de l’autre : Soo-Ha est en quête d'unne figure paternelle et cherche à connaître sous d’autres traits, son père Français parti avant sa naissance. Yan, lui, demande à voir les lieux emblématiques de la région, dîne en extérieur, croque ses rencontres fortuites et s’isole dans sa minuscule chambre pour donner vie à ses découvertes. Tous deux solitaires, ils semblent se réparer, se chercher mais aussi se trouver au contact l’un de l’autre, avec pudeur et retenue, avec curiosité, espoirs mais aussi déconvenues. Film tendre sur la quête de repères, d’identité, de la découverte d’une culture qui attire mais qu’on ne connaît que trop peu « Winter in Sokcho » vaut véritablement le coup d’œil pour son casting. Il y a bien sûr les deux protagonistes campés très justement et fébrilement par Bella Kim et Roschy Zem mais aussi Park Mi-Hyeon (la maman de Soo-Ha) et Ryu Tae-ho, l’attachant Monsieur Park. Si le film traite également de l’opposition des rêves, de l’émancipation et du besoin de modernité avec la tradition et les habitudes rassurantes, c’est surtout la rencontre entre les cultures, les générations et le besoin de trouver une pulsion de vie dans son quotidien qui sont mis en avant dans ce joli d'un peu plus d'une heure trente.
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Déjà, le contexte… Bill et Hal (interprété tous deux par Christian Convery puis Théo James) ne trouvent pas le singe dans le grenier de leur père puisque père, il n'y a pas… Absent depuis toujours, celui-ci rapportait des cadeaux à ses fils qu’il n’a plus vu depuis de nombreuses années et dont ils ne savent donc rien. Elevant ses enfants seule, leur mère, Lois, semble dépassée et entretient une sorte de rancœur envers "leur paternel" et ne gendarme pas beaucoup lorsque les jumeaux sont en profond désaccord. Pire, elle ne semble rien voir de la souffrance de l’un et de la méchanceté de l’autre. Un détail ? Pas vraiment quand on connaît le déroulement de l’histoire et les incidences que cela pourrait avoir. Autre grosse divergence, ce n’est pas par choix que les deux frères vont se rapprocher et, sans spoiler, ce qui pourrait faire penser à une unité familiale (ou filiale comme dans le roman) est totalement absente ici. L’intention n’est pas la même, l’ambiance de fond non plus, et le pire, c’est qu’on pourrait le penser si on se fiait uniquement à son résumé. Si de nombreuses autres comparaisons entre la nouvelle et le film sont à relever, le but ici est plutôt de livrer un avis sur le rendu, le produit final cinématographique et on se doit de dire que, même si le côté poisseux propre à Oz Perkins est à nouveau présent ici, on est très clairement davantage dans une comédie horrifique dans la veine des « Destination Finale » (dont un prochain opus a déjà été annoncé et révélé) que dans l’esprit du « Monkey » du maître de la littérature horrifique. Sympathique dans sa globalité, « The Monkey » version ciné souffre d’une installation très longue et d’un dernier tiers précipité, d’un montage saccadé ou peu ajusté, d’un casting mal exploité (l’utilisation récurrente du même acteur pour jouer deux rôles n’aide pas et est peu subtile) et de dialogues pas très affutés. Volontairement drôle et kitsch, on ne parvient pas à adhérer à cette proposition qui ne semble pas sortir du savoir-faire d’un Perkins qu’on a connu plus inspiré (« Longlegs » en l'exemple type même s'il nous avait clairement divisé). Si les décors, les scènes horrifiques assumées et les effets de surprise sont eux à saluer, « The Monkey » n’est pas parvenu à tenir ses promesses ni à faire honneur au matériel de base dont il est tiré.
Avis : L’an dernier, le thriller politique « Tatami » nous avait agréablement surpris et avait dépeint, avec un rythme effréné et une densité folle, les pressions exercées sur des athlètes et leurs familles en opposition avec le régime. Alors, quand l’annonce du « Septembre 5 » et sa première bande annonce se sont révélées au début de cette nouvelle année, on s’est dit que décidément, le cinéma indépendant avait des choses à raconter (et dénoncer). Et quel bonheur de découvrir ce long-métrage haletant, reconstitué magistralement et dont le montage nous immerge dès les premiers instants. Sorte de « prequel » au « Munich » de Spielberg, « 5 septembre » est tellement plus abouti, tellement plus prenant, qu’on ne peut que saluer le travail de Tim Fehlbaum et ses équipes techniques mais aussi de son casting cosmopolite. ► Un petit bout d’Histoire Rappelez-vous. Le 5 septembre 1972, les jeux olympiques de Munich connaissaient un événement dramatique durant lequel des athlètes israéliens étaient pris en otage par un groupuscule palestinien appelé « Septembre noir ». Les caméras de la ABC avaient été les premiers témoins de cet épisode tragique, se rendant sur le terrain et usant de tous les stratagèmes pour relater ce qui se jouait en direct depuis l’Allemagne de l’Ouest. Cette retranscription, Tim Fehlbaum nous la livre dans un huis-clos savamment orchestré et dirigé de main de maître, convoquant des acteurs de haut vol : Peter Sarsgaard, John Magaro et Ben Chaplin incarnent la rédaction américaine et la tension de la mise en œuvre d’un reportage historique, Leonie Benesch (vue récemment dans « La salle des profs ») une traductrice et cheffe des opérations téméraire alors que Zinedine Soualem joue un technicien français volontaire… Dans l’intrigue originelle comme dans l’acting, l’internationalité et l’universalité prennent vie de belle façon et contribuent à la réussite de ce thriller politique sous tension. La photographie de Markus Förderer parvient à nous faire remonter le temps et le souci du détail, le choix du grain, des angles, de la juxtaposition entre images d’archives et fiction sont sublimés par le montage admirable de Hansjörg Weißbrich. "September 5" est aussi bon dans le fond que dans la forme et on s'en réjouit! Durant un peu plus qu’une heure trente, qui file à la vitesse de l’éclair, « Septembre 5» aborde aussi et surtout le questionnement éthique journalistique, l’urgence d’agir dans une situation humainement éprouvante et la situation géopolitique d’une Guerre Froide. C'est un film marquant qui aborde un sujet historique connu de façon presque révolutionnaire tant il semble tout droit sortir des années 70.
C’est une valeur sûre, une boucle qui se répète au fil du temps, qui ne révolutionne pas le genre mais qui offre ce qu’on en attend. Un plaisir coupable qu’on partage entre amis et qui nous fait aimer la vie… Cette vie, elle a pas mal bousculé Bridget/Brenda Jones depuis 2001, année durant laquelle beaucoup d’entre vous ont découvert le personnage haut en couleur de Helen Fielding sur les grands écrans. Ses va-et-vient amoureux et ses indécisions, ses gaffes et ses confessions ont séduit un large public qui a toujours répondu présent lors de ses suites, vieillissant en même temps que son personnage fantasque et toujours très cash. Au fil des trois opus dirigés alternativement par Sharon Maguire et Beeban Kidron, vous avez probablement aimé ou détesté Daniel Cleaver et Mark Darcy mais aussi Jude, Tom, Shazza et toutes celles et tous ceux qui ont croisé la route de cette britannique foireuse mais tellement attachante. Si tel est le cas, vous ne devriez pas être dépaysés par la proposition faite par Michael Morris (aidé par Helen Fielding herself) et apprécierez tous les gimmicks, tous les clins d’œil vestimentaires, géographiques, situationnels de ce quatrième volet, véritable madeleine de Proust sortie toute droite du four. Renée Zellweger a changé. Nous aussi. Mais l’esprit, la spontanéité, l’association entre drame et comédie, eux, n’ont pas bougé. Un peu moins osé, plus temporisé, le film soulève néanmoins quelques questions liées à notre époque, se prend de tendresse pour cette quinqua dépassée qui n’attend qu’une chose: un nouveau souffle de vie. Bridget a de nouveau des papillons dans le ventre, retrouve la flamme (de Tinder mais aussi dans son coeur), est torturée entre raison et passion, bref, vit inlassablement la même situation même si les rides, les enfants, le deuil se sont invités à la maison. Et si le vent qui souffle dans nos salles de cinéma provient directement du début des années 2000, ce n’est pas pour déplaire aux fans de la première heure ni à celles et ceux qui ont pris le train en route. Il y a certes des petits nouveaux venus dans cette intrigue 2.0 ( Chiwetel Ejiofor et Leo Woodall en tête) mais il y a surtout de la nostalgie, du feel good et des rires, grâce aux vétérans (Hugh Grant, Gemma Jones,Sally Phillips, Shirley Henderson, James Callis en sont quelques-uns) et aux frasques de notre Bridget !
Avis : Auréolé de trois Golden Globes (dans les catégories meilleur film dramatique, meilleur réalisateur et meilleur acteur dramatique), « The Brutalist » a été nommé dans dix catégories aux Oscars. Pour autant, est-ce que le film mérite toutes ces considérations ? La référence du titre du film vient précisément du style architectural très en vogue dans les années 50 en France, en Angleterre mais aussi dans les pays de l’Est. Et tout comme le propos du film, nous retrouvons une certaine froideur dans la conception de ces bâtiments très épurés faits de béton et d’acier. Ce choix de titre est opportun puisqu’on peut y voir une métaphore de son protagoniste-architecte (incarné divinement par Adrien Brody) qui a fui l’horreur des camps durant la guerre pour vivre le rêve américain. Son réalisateur Brady Corbet évoque la trajectoire de cet immigré doublé de la casquette d’artiste, qui bien que reconnu pour son talent, ressentira toute sa vie la réticence de certaines personnes qui lui feront comprendre que malgré tous ses efforts, il restera un étranger en Amérique. Le film dépeint aussi cela car malgré la reconnaissance du talent de László, la personne qui l’emploie (le glaçant Guy Pearce) ne voit en lui qu’un instrument de sa vision mégalomaniaque. Finalement, comme pour beaucoup d’artistes, seul le temps viendra les affranchir des critiques et leur apporter la reconnaissance qu’ils méritent. Alors bien sûr, lorsqu’on voit la très solide interprétation d’Adrien Brody, il nous a été difficile de ne pas songer à celle qui lui a apporté la reconnaissance dans « Le Pianiste » puisqu’il s’agissait d’un compositeur polonais rescapé des camps. Pour tenir aussi bien son rôle, l’acteur a puisé dans son interprétation passée bien sûr, mais aussi dans sa propre histoire personnelle puisqu’il est lui-même le fils d’une réfugiée hongroise. Grâce à son intelligence du jeu, l’acteur nous transmet fort bien le déchirement que ressent son personnage séparé par la force des choses de sa femme où d’ailleurs, la désarmante Felicity Jones fait jeu égal avec lui. D’ailleurs, leur préparation leur a permis de parler véritablement le Hongrois pour ensuite le décliner en accent dans leurs échanges en anglais. Et si le film s’inscrit dans la durée, nous ne ressentons pas ses 3h35 tant nous nous sommes laissés emportés par cette histoire universelle. Hélas, « The Brutalist » se veut très proche du courant architectural qu’il représente puisqu’il demeure, à l’image des matériaux utilisés, très froid. Aussi, si nous avons été intrigué par l’ensemble du film, celui-ci ne nous a jamais totalement transporté malgré une réalisation véritablement très belle et un sens de la mise en scène irréprochable. Pour conclure, si la forme jouit du plus bel écrin, l’intérieur est un peu creux en émotions ressenties pour nous faire adhérer totalement au projet.
Sa petite bouille reconnaissable et son univers coloré pour les enfants (de tous âges) s’affichaient dans des premières images plaisantes, signées par un inconnu : Dougal Wilson. Et comme ce sont dans les vieilles marmites qu’on fait les bonnes marmelades, on s’est lancé dans l’expédition péruvienne et n’avons pas boudé notre plaisir de retrouver notre bon vieil ourson gaffeur avec une certaine nostalgie et de jolis sourires. Un troisième film réussi ? Oui ! Même si… La boucle est bouclée. Il y a quelques années déjà, Paul King nous avait régalé avec deux premiers opus mémorables et rempli de tendresse, deux longs-métrages pour toute la famille qui alliaient à la perfection humour, aventure et comédie. Avec son petit duffelcoat et son chapeau rouge, son regard profond (et parfois sévère « juste quand il le faut »), le petit ours so british avait su conquérir le cœur de petits et grands tant dans le cinéma que dans la littérature originelle (ou dérivée suite au succès des films). Alors, quand on a appris que King avait quitté le navire pour se porter sur la réalisation de l’excellent « Wonka » (ainsi qu’une adaptation de l’histoire du Prince Charmant et un biopic sur Fred Astaire dont on n’entend plus parler) et que Sally Hawkins avait délaissé le rôle de Madame Brown, on s’est un peu inquiétés. A juste titre ? Pas trop non, car même s’il est en deçà du magnifique deuxième volet, « Paddington au Pérou » est un divertissement familial plaisant et particulièrement bien fichu ! En effet, ses effets numériques bluffants apportent une réelle plus-value pour l’animation des ours tous plus attachants les uns que les autres. Il y a Paddington bien sûr mais aussi Tante Lucie, portée disparue dans la jungle de l’Amazonie et les petits camarades croisés dans le home pour ours mais pas que… De ce côté-là, rien à redire, c’est immersif à souhait. L’intrigue, déjà vue, se noue aussi bien que le bracelet familial de Paddington, apportant son lot d’aventures, d’énigmes, de petits clins d’oeils et de gags toujours bien venus. A cela, on ajoute l’arrivée, dans cet univers tout doux comme une peluche, d’Antonio Banderas (et son panel de personnages amusants) et d’Olivia Colman cabotinant tous deux comme jamais… Un véritable atout du film ! Côté confort, on retrouve la bonhomie de Monsieur Brown et sa famille, la fantasque Madame Bird, quelques lieux et personnages emblématiques bref, on se sent à la maison et on se prélasse avec un bonheur certain dans cette heure quarantaine qui fait du bien ! Et si le tout est une réussite appréciable pour tous les spectateurs quel que soit leur âge, on a quelques mini reproches à faire au film… Ses décors projetés sur fond vert qui font perdre un peu de l’authenticité de cette Amazonie inquiétante et la sous-exploitation de quelques personnages secondaires (les enfants Brown ou de Gina par exmeple). Mais hormis cela, le spectacle est total et fonctionnera à coup sûr sur les 6 -80 ans. Qu’il est bon de retrouver notre petit ourson et ses aventures hautes en couleur qui vous feront passer un joli moment de cinéma. Les méchants sont, comme toujours, pas si vilains que ça et la tendresse/ la douceur au rendez-vous. C’est beau, c’est gentil, c’est sympa.
Authentique dans son approche - La prison de Sing Sing a réellement servi de lieu de tournage- le film nous emmène dans un univers déjà beaucoup porté à l’écran mais rarement de cette façon ! Pour son film, le réalisateur Greg Kwedar accompagné par son co-scénariste Clint Bentley, se sont intéressés à ce dont on ne parle pas beaucoup. En effet, l’essentiel de sa distribution est composé d’ex-détenus ayant participés au programme de théâtre RTA (un programme de réhabilitation par les arts) à l’instar de Clarence "Divine Eye" Maclin qui a purgé 17 ans de prison dans la célèbre prison pour vol. Et c’est justement durant ce temps qu’il a intégré ce programme. A ses côtés, d’autres détenus qui nous bluffent à chacune de leur apparition sans le recours à la moindre mièvrerie. Deux acteurs confirmés ont également trouvé une place dans ce casting. Et c’est là qu’intervient l’autre surprise du film. Colman Domingo incarne un personnage éclatant de bienveillance, de charisme,et bien sûr, de talent! Il est d’ailleurs difficile de ne pas être bouleversé par le rôle de ce prisonnier clamant bien haut son innocence, rôle qui lui a valu quelques nominations prestigieuses, notamment celle du Meilleur acteur dans la prochaine course aux Oscars. Si le film est une aussi belle réussite, c’est bien grâce à ce magnifique casting dont l’implication et le jeu forcent le respect mais aussi dans son message.
Drame - 1h47- De Greg Kwedar avec Colman Domingo, Clarence Maclin, Sean San Jose. |
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