Avis : L’an dernier, le thriller politique « Tatami » nous avait agréablement surpris et avait dépeint, avec un rythme effréné et une densité folle, les pressions exercées sur des athlètes et leurs familles en opposition avec le régime. Alors, quand l’annonce du « Septembre 5 » et sa première bande annonce se sont révélées au début de cette nouvelle année, on s’est dit que décidément, le cinéma indépendant avait des choses à raconter (et dénoncer). Et quel bonheur de découvrir ce long-métrage haletant, reconstitué magistralement et dont le montage nous immerge dès les premiers instants. Sorte de « prequel » au « Munich » de Spielberg, « 5 septembre » est tellement plus abouti, tellement plus prenant, qu’on ne peut que saluer le travail de Tim Fehlbaum et ses équipes techniques mais aussi de son casting cosmopolite. ► Un petit bout d’Histoire Rappelez-vous. Le 5 septembre 1972, les jeux olympiques de Munich connaissaient un événement dramatique durant lequel des athlètes israéliens étaient pris en otage par un groupuscule palestinien appelé « Septembre noir ». Les caméras de la ABC avaient été les premiers témoins de cet épisode tragique, se rendant sur le terrain et usant de tous les stratagèmes pour relater ce qui se jouait en direct depuis l’Allemagne de l’Ouest. Cette retranscription, Tim Fehlbaum nous la livre dans un huis-clos savamment orchestré et dirigé de main de maître, convoquant des acteurs de haut vol : Peter Sarsgaard, John Magaro et Ben Chaplin incarnent la rédaction américaine et la tension de la mise en œuvre d’un reportage historique, Leonie Benesch (vue récemment dans « La salle des profs ») une traductrice et cheffe des opérations téméraire alors que Zinedine Soualem joue un technicien français volontaire… Dans l’intrigue originelle comme dans l’acting, l’internationalité et l’universalité prennent vie de belle façon et contribuent à la réussite de ce thriller politique sous tension. La photographie de Markus Förderer parvient à nous faire remonter le temps et le souci du détail, le choix du grain, des angles, de la juxtaposition entre images d’archives et fiction sont sublimés par le montage admirable de Hansjörg Weißbrich. "September 5" est aussi bon dans le fond que dans la forme et on s'en réjouit! Durant un peu plus qu’une heure trente, qui file à la vitesse de l’éclair, « Septembre 5» aborde aussi et surtout le questionnement éthique journalistique, l’urgence d’agir dans une situation humainement éprouvante et la situation géopolitique d’une Guerre Froide. C'est un film marquant qui aborde un sujet historique connu de façon presque révolutionnaire tant il semble tout droit sortir des années 70.
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