Avis : Auréolé de trois Golden Globes (dans les catégories meilleur film dramatique, meilleur réalisateur et meilleur acteur dramatique), « The Brutalist » a été nommé dans dix catégories aux Oscars. Pour autant, est-ce que le film mérite toutes ces considérations ? La référence du titre du film vient précisément du style architectural très en vogue dans les années 50 en France, en Angleterre mais aussi dans les pays de l’Est. Et tout comme le propos du film, nous retrouvons une certaine froideur dans la conception de ces bâtiments très épurés faits de béton et d’acier. Ce choix de titre est opportun puisqu’on peut y voir une métaphore de son protagoniste-architecte (incarné divinement par Adrien Brody) qui a fui l’horreur des camps durant la guerre pour vivre le rêve américain. Son réalisateur Brady Corbet évoque la trajectoire de cet immigré doublé de la casquette d’artiste, qui bien que reconnu pour son talent, ressentira toute sa vie la réticence de certaines personnes qui lui feront comprendre que malgré tous ses efforts, il restera un étranger en Amérique. Le film dépeint aussi cela car malgré la reconnaissance du talent de László, la personne qui l’emploie (le glaçant Guy Pearce) ne voit en lui qu’un instrument de sa vision mégalomaniaque. Finalement, comme pour beaucoup d’artistes, seul le temps viendra les affranchir des critiques et leur apporter la reconnaissance qu’ils méritent. Alors bien sûr, lorsqu’on voit la très solide interprétation d’Adrien Brody, il nous a été difficile de ne pas songer à celle qui lui a apporté la reconnaissance dans « Le Pianiste » puisqu’il s’agissait d’un compositeur polonais rescapé des camps. Pour tenir aussi bien son rôle, l’acteur a puisé dans son interprétation passée bien sûr, mais aussi dans sa propre histoire personnelle puisqu’il est lui-même le fils d’une réfugiée hongroise. Grâce à son intelligence du jeu, l’acteur nous transmet fort bien le déchirement que ressent son personnage séparé par la force des choses de sa femme où d’ailleurs, la désarmante Felicity Jones fait jeu égal avec lui. D’ailleurs, leur préparation leur a permis de parler véritablement le Hongrois pour ensuite le décliner en accent dans leurs échanges en anglais. Et si le film s’inscrit dans la durée, nous ne ressentons pas ses 3h35 tant nous nous sommes laissés emportés par cette histoire universelle. Hélas, « The Brutalist » se veut très proche du courant architectural qu’il représente puisqu’il demeure, à l’image des matériaux utilisés, très froid. Aussi, si nous avons été intrigué par l’ensemble du film, celui-ci ne nous a jamais totalement transporté malgré une réalisation véritablement très belle et un sens de la mise en scène irréprochable. Pour conclure, si la forme jouit du plus bel écrin, l’intérieur est un peu creux en émotions ressenties pour nous faire adhérer totalement au projet.
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