Ne versant jamais dans le pathos ou dans des démonstrations/interprétations excessives, « 18 cadeaux » se base sur l’idée originale d’Elisa Girotto, une maman en devenir atteinte d’un cancer en phase terminale. A quelques mois de l’accouchement, la jeune femme avait acheté des cadeaux d’anniversaire pour sa fille qui grandirait sans elle et avait demandé à son époux de les transmettre de sa part à sa petite fille Anna. Mais plutôt que de consoler la petite et lui apporter un peu de gaieté, ces cadeaux n’étaient en réalité que de brûlantes piqûres de rappel d’une absence éternelle et d’un terrible manque qui grandissait en elle. Simple et efficace, cette histoire aurait pu donner naissance à une histoire dramatique sincère et authentique à laquelle nous aurions davantage accroché. Mais Francesco Amato, a pris le pas de présenter cette touchante démarche en lui insufflant un peu de fantastique, atténuant ainsi les émotions sincères qui auraient pu être celles de ses protagonistes. En effet, la jour de ses 18 ans, Anna est renversée par une voiture. A son réveil, elle se retrouve face à sa mère enceinte qui, dix-huit ans plus tôt venait d’apprendre qu’elle ne pourrait jamais voir grandir son enfant. L’occasion rêvée pour la jeune fille de découvrir qui était sa mère et de partager un court instant avec celle dont elle ne savait rien. Tragédie joliment interprétée par Vittoria Puccini et Benedetta Porcaroli (ici aux faux airs de Kristen Stewart), « 18 cadeaux » s’essouffle bien vite dans son concept et tourne en rond dans une histoire surnaturelle et totalement irrationnelle. Jamais prenant ni réellement touchant, le film se regarde comme le fantôme d’un souvenir auquel on se raccroche, un instantané intime d’une histoire très personnelle marquée par un drame et une absence indélébile… Par cette construction trop linéaire d’une tragédie enjolivée par de grosses touches d’imaginaire, la photo de famille de Francesco Amato est certes agréable à regarder mais aurait tant gagné à rester plus « terre à terre » pour réellement fonctionner… Date de sortie sur Netflix : 8 mai 2020 Durée du film : 1h55 Genre : Drame Titre original : 18 regali
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Maladroit, le (télé)film accumule les clichés et les fausses notes et s’apparente plutôt à un tube daté dont le disque a été usé plutôt qu’à une symphonie brillante qui a de nouvelles mélodies à nous proposer. Destiné aux fans de la comédienne américo-brésilienne et aux amateurs de teen movie, ce thriller de pacotille n’est pas totalement déplaisant mais pèche par un excès de confiance dans son casting bancable, ses ficelles mal dissimulées et ses hameçons beaucoup trop difficiles à faire avaler à des spectateurs pointilleux. Trop faciles (comme l’indique à plusieurs reprises la détective chargée de l’affaire), les aubaines qui se présentent au jeune couple désargenté manquent totalement de crédibilité. Pire, les réactions non naturelles des protagonistes nous agacent autant que les intervenants secondaires dont on connaît le rôle dès leur apparition à l’écran. La maigre logique scénaristique vient, quant à elle, ajouter une couche à des dialogues déjà affligeants d’un métrage trop frêle que pour jouer dans la cour des grands. Episode distrayant d’une série de métrages venus enrichir un catalogue que l’on a largement parcouru durant le confinement, « Mensonges et trahisons » ne se distingue du reste que par sa photographie toute adaptée au genre (merci Ronald Paul Richard de redorer un peu le blason déteint d’un film sans relief). Se regardant sans grande conviction, il se retrouvera dans la liste des films oubliables de ce printemps cinématographique où bonnes pioches et trouvailles en toc s’accumulent au compteur de spectateurs avides de renouer avec le beau, le grand et digne 7ème art. Date de sortie sur Netflix : 30 avril 2020 Durée du film : 1h36 Genre : Thriller Titre original : Dangerous lies
Alors que du sang s’écoule de leur nez, de leur bouche et même de leurs yeux, des scènes macabres similaires sont rapportées à travers toute la ville. Rapidement, la police est dépêchée sur les lieux pour découvrir ce qui provoque cette mort aussi atroce que fulgurante. Parmi eux, deux officiers qui remarquent d’étranges anomalies. Démarrant avec la vigueur d’un bon moteur V6 optimisé, « In The Shadow Of The Moon », trace sa route en allant à l’essentiel mais en n’oubliant pas de s’attarder sur les obsessions de son personnage principal pour le tueur en série. D’ailleurs, les acteurs sont convaincants dans leurs rôles avec une mention toute spéciale pour l’un d’entre eux. Le héros, Thomas Lockhart, est un policier qui rêve de passer inspecteur. Il se dit que cette affaire extraordinaire pourrait être le tremplin qui propulsera sa carrière. Boyd Holbrook, tête d’affiche du film « The Predator », est parfait dans ce rôle complexe. Assez dense, la construction de son personnage est intéressante à suivre puisque celui-ci semble dépérir dans sa quête punitive d’un assassin qui ressurgit tous les neuf ans. Obnubilé par cette affaire qui le ronge, il sentira que celle-ci prend des tournures qui ne peuvent s’expliquer par la seule raison. Vous l’aurez compris, le film bascule donc logiquement, et avec beaucoup de douceur, dans le registre de la science-fiction. Aussi, nous percevons que le réalisateur tient à ancrer son film dans un scénario dont la portée serait plus large qu’elle n’y parait… Toute ressemblance à des films existants n’est pas purement fortuite Il ne faut pas attendre très longtemps pour comprendre que l’auteur s’intéresse aux questionnements liés aux racines du mal avec, en point d’orgue, une réflexion sur le mal nécessaire. Afin d’éviter un cataclysme, si nous pouvions trouver les personnes aux idées dangereuses, que ferions-nous ? Certes intéressantes, ces questions ne sont hélas pas véritablement traitées, si ce n’est en surface. Pourtant, par la thématique soulevée et la forme prise avec les différentes époques traitées, nous pensons à un croisement hybride entre « L’Armée des douze singes » et « Fréquence interdite », excusez du peu ! Sans atteindre ces modèles, le film en prend certains chemins. D’ailleurs, sa réalisation témoigne d’une vraie préoccupation artistique ! Certains plans magnifiques flattent véritablement la rétine et ne sont pas loin de nous décrocher la mâchoire. Hélas, tout n’est pas parfait, à commencer par le rythme très inconstant. Alors que les trente premières minutes sont délicieuses, le récit se perd un peu avant de revenir dans son dernier tiers …mais c’est un peu tard. Aussi, le final déçoit tant il semble avoir été « accéléré » pour terminer cette histoire d’un peu moins de deux heures... dommage. Avec « In The Shadow Of The Moon », le réalisateur Jim Mickle nous offre un film à la belle plastique et aux références intéressantes, un métrage prometteur qui ne parvient toutefois pas à se hisser sur les épaules d’autres monstres cinématographiques de plus bel acabit. Date de sortie sur Netflix : 27 septembre 2019 Durée du film : 1h55 Genre : Thriller
Pourtant, force est de constater que ce thriller joue habilement avec le spectateur et les codes pour le captiver de bout en bout ! L’ouverture du film est assez traditionnelle puisque nous suivons la disparition du fils d’une célèbre avocate réputée pour défendre ses clients d’une main de fer. A la fois respectée et crainte dans l’univers du monde judiciaire, celle que nous percevons comme étant puissante et déterminée vacille lorsqu’elle apprend la tentative de kidnapping de son fils… Jusqu’ici rien de neuf sous le soleil nous direz-vous. Oui, mais… Une affaire plus complexe qu’il n’y parait… La réalisatrice possède l’intelligence de nous emmener rapidement sur une autre piste éminemment plus complexe que cette simple disparition. Bien que montrant rapidement son jeu scénaristique, Mar Targarona parvient à brouiller rapidement les cartes au moyen d’un scénario diablement efficace et au service d’une intrigue qui l’est tout autant ! Tel un château de cartes, l’intérêt du film tient d’abord à l’effet domino produit par ses propres rouages. La mise en scène ne souffre d’aucune critique et rend parfaitement grâce aux qualités de l’intrigue. De plus, les acteurs sont tous très impliqués dans cet exercice qui aurait pu se montrer périlleux. Alors que la mère avocate est jouée à la perfection par Blanca Portillo, nous sommes également très enthousiastes par le jeu de son jeune fils à l’écran. Malgré son âge, Marc Domenech se montre très convaincant dans le registre de cet enfant capturé par un ravisseur. Mais notre petit coup de cœur revient à Antonio Dechent, parfait dans le rôle du policier chargé de mener l’enquête ! En fin de compte, « Boy missing » est une agréable surprise car le film dépasse le simple genre policier pour entrer, avec beaucoup d’aisance, dans la catégorie du thriller finement amené et très divertissant. Une bonne pioche ! Date de sortie sur Netflix : 1er février 2018 Durée du film : 1h45 Genre : Thriller Titre original : Secuestro
Affligeante, la comédie (romantique et grossière) n’a, en plus de rien de drôle, rien de bien surprenant dans son scénario. Le titre et le pitch suffisant amplement à résumer ce que l’on va y trouver, le long métrage de Tyrel Spindel ne parvient pas à redorer le blason bien terne d’une filmographie jusqu’ici en berne… Son tandem fonctionne mal (David Spade erre dans le film comme son personnage dans la vie), sa réalisation est bancale, son intrigue totalement téléphonée et le résultat, digne d’un mauvais épisode de soap TV. Excessif et vulgaire « The wrong Missy » ne se détache d’autres comédies consternantes qu’en confiant son rôle phare et déjanté à une comédienne couillue. Mais Lauren Lapkus (Denise dans « Big Bang Theory ») a beau ne reculer devant rien pour se ridiculiser, la sauce ne prend jamais et semble même difficile à digérer. Dialogues creux ou désolants, situations cocasses trash ou fadasses, personnages peu attachants voire repoussants, la check list des mauvais choix s’allongent, de même que le temps d’exposition de ces guignoleries que l’on regrette de suivre. Destiné à un public jeune (mais conseillé au 16 ans et plus d’après le contrôle parental), « The wrong Missy » est une fausse bonne idée, un film que l’on espère bien vite oublier et qui ne mérite pas de s’y attarder. Date de sortie sur Netflix : 13 mai 2020 Durée du film : 1h30 Genre : Comédie
Extraction de haut vol Démarrant sans tambour ni trompette, cette nouvelle production Netflix fait pourtant beaucoup de bruit actuellement ! Pour le public amateur d’action débridée, « Tyler Rike » saura à coup sûr faire plaisir à tous les amateurs de « Call of Duty » et autres jeux-vidéos dont la caractéristique principale est de voir tomber le plus de corps possible à la minute ! Ici, tout est rapide, nerveux et sanglant, vous voilà prévenus. Malgré un scénario extrêmement convenu (le kidnapping de l’enfant d’un baron de la drogue… par son rival. Voilà !), le film ne perd pas de temps à vouloir contextualiser ses personnages. Aucune psychologie n’est à espérer. Aussi, même le héros badass n’a qu’une caractéristique : celle d’avoir perdu son jeune enfant. Le reste n’a que peu d’importance dans cette course effrénée à travers les rues de Dhaka. Relativement prenant, même si on se doute du dénouement, le film fait la part belle aux mouvements de caméra pour suivre l’action omniprésente. En cela, le travail du réalisateur Sam Hargrave pourrait donner la nausée aux plus aguerris d’entre vous ! Le « grand huit » filmé en mode « Call of Duty » pourrait en déconcerter certains et ce serait bien normal ! Dans le rôle titre, Chris Hemsworth assure le spectacle mais son personnage ne permet pas non plus les envolées lyriques si ce n’est à coup de calibre 50. L’enfant retenu en otage est, quant à lui, extrêmement convaincant tant il parvient à insuffler un peu d’émotion à son personnage ballotté par son père et si peu considéré. Rudhraksh Jaiswal tient, sans forcer, tête au héros éponyme ! Finalement, que faut-il voir dans ce « Tyler Rake » si ce n’est un film d’action pétaradant assez bien calibré mais prévisible ? Plaisant à regarder, sauf pour les opposants à la technique de la caméra à l’épaule, le film offre aux spectateurs ce qu’ils sont venus chercher à savoir des explosions étourdissantes et des combats en tous genres. Date de sortie sur Netflix : 24 avril 2020 Durée du film : 1h57 Genre : Action Titre original: Extraction
En effet, alors que le monde afflue sur une place de marché, un maraicher découvre une peau de vache renfermant un corps humain. Très vite, la police locale dirigée par Helena Rus prend l’enquête en main. Personnage tourmenté par la mort de son mari, Helena, est certes une femme brisée mais elle est surtout une solide enquêtrice ! Malgorzata Kozuchowska prête ses traits à ce personnage fascinant que nous prenons plaisir à suivre. Plutôt renfermée et toujours très directe, Helena est assurément une femme au caractère bien trempé ! Entourée d’hommes pas toujours très subtils, on se demande si le film n’est pas tourné par une femme. Alors que les collègues masculins d’Helena sont tournés la plupart du temps en ridicule, les personnages féminins du film sont beaucoup plus marquants car forts. Le meilleur exemple est celui de l’enquêtrice dépêchée par le bureau central pour faire la lumière sur cette affaire et aider Helena. Magda se montre efficace pour les besoins de l’enquête et sa perspicacité est sans faille. L’actrice Daria Widawska y est excellente et parvient à se mettre au diapason pour permettre au récit de maintenir un rythme efficace. Patryk Vega aime ses comédiennes et leur offre avec ce « Fléau de Breslau » de beaux rôles qui taclent gentiment la gente masculine. L’exercice est tellement bien maitrisé, que l’on s’amuse de l’orientation prise par ce dernier. Breslau, belle ville entachée par le sang Développant un point de vue original, « Le Fléau de Breslau » fait songer (de loin) à certains films où des psychopathes s’en prennent à des victimes loin d’être innocentes et les marquent du sceau de sa colère. On pense notamment un peu à « Seven » où des personnes incarnent une forme particulière de vice… Dans le cas présent, les morts violentes (et même parfois gores) suivent l’histoire macabre de la ville de Breslau qui a connu de cruelles exactions au 18 siècle. Le tueur en série s’en inspire pour commettre, chaque jour à une heure précise, sa vengeance implacable. Haletant et réellement intriguant, le récit risque de vous surprendre par ses choix très judicieux et toujours amenés habilement. Seule sa réalisation souffle le chaud et le froid. Le chaud quand les plans sont larges mais aussi lorsque la caméra aérienne est lâchée et permet de capturer les beaux monuments de la ville. Le froid lors des scènes de poursuites quand certains placements étranges renvoient à un mauvais téléfilm se voulant percutant. Heureusement, ces maladresses sont peu nombreuses et ne trahissent pas (trop) le plaisir ressenti ! Au final, « Le Fléau de Breslau » est une vraie bonne surprise venue de l’Est. Haletant et très bien joué par des personnages féminins intéressants, le film se regarde avec beaucoup de plaisir. Plutôt original dans son approche, gageons qu’il devrait savoir contenter les spectateurs à la recherche d’un polar sanglant au rythme constant et au twist surprenant. Date de sortie sur Netflix : 22 avril 2020 Durée du film : 1h33 Genre : Thriller
Installé avec efficacité dans son premier quart, « Le silence du marais » (« El Silencio del Pantano » dans la langue de Cervantes) s’embourbe dans une histoire peu passionnante qui tient rarement la route et dont la dernière scène reste aussi ouverte qu’une porte d’hangar trop lourde et gênante. Chassés croisés, confrontations et corruptions alimentent durant une heure trente un thriller que l’on aurait voulu plus maîtrisé. Brut, maladroitement amené, le long-métrage repose essentiellement sur les actes de son personnage principal, un écrivain mystérieux dont on connait peu de chose et encore moins les intentions. Auteur à succès, « Q » (interprété par Pedro Alonso alias Berlin dans la « Casa de papel ») décrit dans ses romans des meurtres perpétrés de sang-froid dont on ne sait si l’inspiration vient de faits réels ou pas… Et c’est bien cela le problème. Lorsqu’apparait le générique de fin, on s’interroge sur ce qui nous a été donné de voir et sur les raisons qui ont poussé le réalisateur à proposer un film si brouillon. En effet, on ne croit guère aux tenants et aboutissants de son intrigue, aux caractères de ses personnages principaux et secondaires et on ne se passionne pas plus que cela pour le récit mis en images de façon on ne peut plus scolaire… En un mot comme en cent, « Le silence du marais » n’est pas un polar des plus passionnants. Date de sortie sur Netflix : 22 avril 2020 Durée du film : 1h32 Genre : Policier/Thriller Titre original : El Silencio del Pantano
Débordant d’imagination, les deux compères se surpassent pour élaborer des stratagèmes toujours plus grands et culottés qui en effraieraient tant d’autres ! D’emblée, le film installe efficacement son personnage principal : beau jeune homme au sourire ravageur, Viktor voit son papa crouler sous les difficultés financières. Malgré son jeune âge, il comprend que l’argent est essentiel pour s’épanouir et pense même que si ses parents ne se voient plus, c’est parce qu’il en manquait à la maison. Résolu à réussir dans la vie, son destin le mènera à rencontrer un partenaire et ami fidèle en la personne de Gerry. Quand la réalité dépasse la fiction… Si ce film est aussi plaisant à suivre, c’est parce qu’il nous offre une belle galerie de personnages dont nos héros font partie ! Davis Kross et Frederick Lau sont parfaits dans leurs rôles et nous suivons avec délectation leurs tribulations financières ! A leurs côtés, Janina Uhse est parfaite pour compléter le trio et donne un coup de boost bienvenu au récit. Bien sûr, même si nous n’évitons pas quelques errances sentimentales, le résultat est très convaincant ! Il serait intéressant de connaître le « degré de véracité » de cette histoire tant elle nous parait rocambolesque ! Il n’empêche, nous ne boudons pas notre plaisir devant ces scènes qui témoignent d’une vraie folie inspirée par le réel. Techniquement maîtrise, la réalisation alterne entre maitrise et dynamisme à l’instar de ces mouvements de caméra qui suivent la destinée de ces deux bons amis. La musique n’est pas en reste et vous fera peut-être sourire à certains moments, comme dans ce strip club où la techno allemande s’en donne à cœur joie ! Avec cette « folie des hauteurs », nous nous laissons entrainer avec beaucoup de plaisir aux côtés de Viktor et de Gerry dans des escroqueries toujours plus surprenantes ! Voici un film sans prétention mais que nous n’attendions pas et qui a su nous captiver de bout en bout ! Date de sortie sur Netflix : 17 avril 2020 Durée du film : 1h34 Genre : Drame Titre original : Betonrausch
Polarisation de la violence Si l’idée de nous présenter un film d’action décomplexé à la violence sanguinolente est légitime pour cette adaptation, encore faut-il opérer de bons choix scénaristiques et s’assurer que le côté décalé soit maitrisé et de bon goût… A bien des égards, « Polar », fait songer à ces films où des tueurs se lancent à la poursuite du héros. Alors que certains d’entres-eux excellent dans l’exercice de style (on pense à « John Wick » ou au mémorable « Mise à prix »), vous auriez tort de penser que le dernier venu fait aussi bien. Agréable techniquement, on sent que le réalisateur Jonas Åkerlund (responsable du concert filmé de Rammstein à Paris ou encore des concerts live de Madonna) aime les clips percutants et la première scène révèle l’extrême violence du film mais aussi son côté décalé et provoquant. Les couleurs criardes donnent le ton dans cette première scène d’exécution qui interpelle plus qu’elle ne fascine. Son principal problème est le recours à une certaine forme de bêtise tapageuse. Extravagant, son humour n’y est jamais très subtil. Se voulant drôle, certains choix ne fonctionnent tout simplement pas et le résultat tombe à l’eau. C’est d’autant plus dommageable que son anti-héros pince sans rire joué par le magnétique Mads Mikkelsen sauve les meubles comme il peut. Même certaines de ses scènes tombent à plat (on pense à la scène du chien). Doit-on y voir une référence à John Wick ? C’est difficile à dire… Heureusement, la retraite du tueur dans un lieu reculé et sa rencontre avec Camille (Vanessa Hudgens) développe un pan intéressant de la psychologie du « Black Kaiser » marqué dans sa chair et dans sa tête par les atrocités qu’il a commises. Et du mauvais goût… A la lumière du film, nous sentons que le réalisateur s’est beaucoup amusé à créer un univers à la fois sombre et tape à l’œil dans lequel le héros, surpuissant, affronte des méchants qui tombent par dizaines dans la plus grande effusion de sang. Pourtant, le récit simpliste (sauf dans son dénouement surprenant et réussi) lorgne trop souvent du côté du nanar en développant des personnages loufoques à l’image du grand méchant coloré ; hybride entre Elton John (pour ses vêtements) et le docteur Denfer d’Austin Powers pour son attitude. Horripilant, Matt Lucas désole plus qu’il ne convint. Jamais, nous ne croyons en lui et en son statut de super-vilain. Tout dans le traitement de son personnage fait mal à voir. Même ses tueurs lancés aux trousses du héros ne parviennent pas à créer la moindre tension, la faute à un manque de charisme désespérant. Toute cette bande apparaît en deçà du Black Kaiser joué par Mads Mikkelsen qui renforce à chaque scène ce saisissant contraste. Pourtant, tous les ingrédients étaient présents pour assurer le spectacle : personnages parodiques, fusillades, sexe et drogue. Tout sauf l’humour et le bon goût ! Cependant, le résultat aurait été agréable si le réalisateur s’était dirigé vers du second degré assumé, mais il n’en est rien. La scène de torture dégoûte plus qu’elle ne subjugue. Les scènes de vengeance, censées être jouissives dans le contexte ambiant, sont trop expéditives pour nous apporter la moindre satisfaction égoïste. Finalement, beaucoup trop terre à terre, « Polar » nous embarque dans une histoire de vengeance furieuse mais peu palpitante où le second degré salvateur ne vient jamais. Le grand méchant et la débilité de ses sbires portent préjudice à ce film mal calibré et mal adapté. Heureusement, Mads Mikkelsen y est excellent, mais c’est une maigre consolation tant le récit graphique aurait mérité un meilleur traitement. Date de sortie sur Netflix : 25 janvier 2019 Genre : Action Durée du film : 1h58
Voyage au centre de la Terre Le premier petit accroc vient très tôt dans le film. En effet, le scénario bancal montre ses limites dès la scène d’ouverture où des géologues créent une brèche permettant la remontée d’un cousin du ptérodactyle. Oui, on vous avait prévenu…Mais d’autres approximations perturbent l’immersion. Tout d’abord, au sein de cette petite famille se trouve Ally (Kiernan Shipka) qui souffre de surdité. Etrangement, celle-ci se comporte et parle comme une parfaite entendante. Mais ce qui est plus perturbant encore, c’est que bien qu’elle lise sur les lèvres, tous les membres de sa famille lui font constamment des signes auxquels elle répond souvent en parlant et en produisant parfois des signes !?! Heureusement, le papa est interprété par le toujours excellent Stanley Tucci et apporte un peu de sérieux à l’ensemble qui en a bien besoin ! A l’instar de « Sans un bruit », le moindre son produit attire les bestioles longtemps retenues dans les profondeurs mais disposant d’un QI franchement limité. On ne peut s’empêcher de se demander comment autant de créatures ont survécu dans l’obscurité la plus parfaite. Non…ne nous faisons pas de mal inutilement, mieux vaut ne pas trop y penser ! Se ruant sur la moindre source de bruit, l’exemple le plus drôle est celui où ces créatures affamées foncent tête baissée dans un broyeur allumé…C’est dire ! Bien sûr, comme dans tout film de survie classique, chaque pas peut mettre le groupe (ici la famille) en difficulté même si nous ne comprenons pas le but de cette fuite en avant sans plan préétabli. En effet, nous nous rendons très vite compte, qu’ils étaient plus en sécurité dans leur maison que dans le monde extérieur qui prend des allures « Jurassic Park ». Parfois, et selon les humeurs du scénariste, le moindre gravillon foulé est un prétexte à une attaque aérienne (d’ailleurs assez laide graphiquement). C’est que le level design 3d et les textures employées font franchement rire. Il aurait fallu nous soigner tout ça ! A d’autres moments, les chuchotements et les bruits de pas ne mettent pas en danger la famille. L’inconstance dans la rigueur du scénario rend possible cette impression de « flottement » désagréable… Un autre exemple éclairant concerne directement Kelly, la mère de famille (Miranda Otto- « Le Seigneur des Anneaux »). Au cours de ce voyage pour la survie, celle-ci est fortement blessée à la jambe. L’état de sa jambe s’aggrave (surnaturellement et effroyablement) jusqu’à l’octroi d’antibiotiques qui permet un retour à la normal…tout aussi rapide. Hélas, ces exemples reflètent des « codes » régis maladroitement par le scénario pour souligner les moments tensions. « L’homme est un loup pour l’homme » De facture extrêmement classique (mais pas désagréable pour autant), « The Silence » nous emmène sur un terrain extrêmement balisé dont les « ficelles » utilisées ont été cent fois vus. La durée du film assez courte (1h30) ne permet pas de développer tous les membres de la famille de la même façon. Ainsi, le rôle joué par Jude (Kyle Harrison Breitkopf), le petit frère, est ici complètement sous-exploité comme celui de l’oncle Glen (John Corbett). Et les quelques personnes rencontrées sont soit inutiles (la vieille propriétaire) dont le seul rôle est d’offrir inévitablement un endroit de repos, soit caricaturaux (la secte). Peu nombreux, les personnages liés à celle-ci renseignent sur l’âme humaine dans ce qu’elle a de plus sombre dans ce contexte apocalyptique. En définitive, « The Silence » est un film bancal qui pourrait prêter à rire s’il ne se prenait pas autant au sérieux. Classique dans sa trame, il ne surprend pas mais n’effraie pas non plus (c’est peut-être le plus embêtant). Heureusement, les acteurs sont investis dans ce film qui ne marquera pas les mémoires, sauf, peut-être pour de mauvaises raisons. A bon entendeur ! Genre : Horreur Durée du film : 1h30 Date de sortie sur Netflix : 10 avril 2019
Si vous ne connaissez pas l’acteur, nous ne pouvons que vous recommander chaudement « L’Echine du Diable » réalisé par Guillermo del Toro dans lequel il excelle véritablement ! Mais depuis quelques années, l’acteur se faisait rare à l’écran... et ce n’est pas son second rôle dans le récent « Les traducteurs » avec Lambert Wilson qui change la donne. Ici, son talent est bien mis à contribution dans le film de Diego Cohen. L’acteur semble se délecter du rôle de Tomás, un prêtre fatigué qui en a trop vu. Heureusement, il peut compter sur l’aide de Karl (Eivaut Rischen), le fils spirituel qu’il a recueilli dans son église. L’originalité de cette union (et par la même occasion du film), tient du fait de son caractère particulier. Karl garde en lui le démon qui le possède mais semble être capable d’en prendre le contrôle… Cependant, lorsqu’une philologue rapporte à la maison un livre ancien, véritable livre des morts, la situation se complique inexorablement. Comme dans tous les films d’horreur, des adolescent(e)s bravent l’interdit et se décident à le lire. Il s’en suit une possession démoniaque progressive et l’état de Karl qui se dégrade rapidement. Une véritable course contre la montre s’engage. « N'est pas mort pour toujours qui dort dans l'éternel, mais d'étranges éons rendent la mort mortelle ». La Cité sans nom (The Nameless City), 1921 - Howard Phillips Lovecraft C’est sur cette citation de l’immense écrivain H.P. Lovecraft que le film s’ouvre dans un rythme effréné. D’ailleurs, les influences de l’univers du maitre de l’épouvante sont palpables. Outre cette citation, le visuel du livre des morts retrouvé ressemble à celui imaginé par l’auteur. Même les adolescentes qui invoquent l’esprit maléfique font référence au fameux Necronomicon- le livre des morts. Et que dire des noms des démons présents dont celui du célèbre Cthulhu ? Si le film est aussi agréable à suivre, c’est parce que comme beaucoup d’œuvres du genre, il met en lumière l’insignifiance de l’Homme face aux forces qui le dépassent. Plusieurs démons sont présents dans le film et il est intéressant d’assister à leurs combats. C’est en fin de compte la plus belle originalité puisque, sans faire de théologie, le mal reconnait le mal et le bien essaie de le faire taire. Tout l’enjeu du film tient à ce postulat mais le dépasse puisque le démon « contrôlé » par Karl essaie de vaincre le démon nouvellement invoqué. Le film, très court (1h20 seulement), va à l’essentiel et ne lâche pas une seule seconde le spectateur après une introduction diablement efficace ! Comme souvent, dans les films d’horreur, la réalisation et plus largement les mouvements de caméras sont très beaux. La musique et les bruits savent se montrer efficaces lorsque la situation l’exige ! Seule une scène inutilement gore en appelle au nanar tant on peut déplorer le ridicule de la situation. Pour le reste, « La marque du diable » se laisse regarder avec beaucoup de plaisir et parvient même à éviter un bon nombre de travers propre au genre horrifique. Particulièrement concluant et assez original pour sortir du lot, « La marque du diable » parvient sans mal à créer la surprise grâce à un scénario bien pensé (sans être révolutionnaire, entendons-nous) et à des acteurs investis. Un petit plaisir coupable en ces temps de confinement… Genre : Horreur Durée du film : 1h20 Date de sortie sur Netflix : 26 mars 2020
Glaçant et brillant dans sa réalisation, « Chez moi » (« Hogar » en version originale) nous donne à réfléchir sur le besoin individualiste de posséder les choses, de garder un statut social durement acquis mais aussi du refus de se priver de ce qui peut sembler essentiel pour certains, qu’il s’agisse d’un appartement, d'une voiture, d'un emploi, d'un confort de vie… En cela, la psychologie du personnage de Javier Gutiérrez (acteur formidable que l’on aime détester) est particulièrement bien amenée. Cet ancien publicitaire à la vie plutôt équilibrée, va connaître la descente aux enfers et emporter avec lui ceux qui représentent à ses yeux la réussite qui lui a été volée lorsqu’il s’est retrouvé au chômage et contraint de déménager. Dénué de toute empathie, excité par l’idée de semer le trouble dans une famille qui ne lui a pourtant rien fait, Javier va pousser le curseur de l’intrusion de plus en plus loin, décidant, sans aucune forme de culpabilité, de nuire à autrui. Sur sa route, l’homme inquiétant va rencontrer la gentillesse et la bonté incarnées mais aussi d’autres ennemis qui pourraient bien tout faire basculer… Le pouvoir, l’argent, la démonstration sont depuis toujours les grands fléaux de notre société. En ces temps où nous revenons peu à peu aux valeurs essentielles, il est bienvenu de voir comment les frères Pastor parviennent à inscrire ces dérives dans un récit haletant duquel nous sommes prisonniers. Parfois lent mais jamais soporifique, « Chez moi » fait battre notre cœur et met un sérieux coup de projecteurs sur Javier Gutiérrez et Mario Casas, deux formidables acteurs. Le premier, parfait cliché de la vie qu’il a toujours dépeint dans ses publicités, gagne en épaisseur au fur et à mesure que son histoire grandit. Détestable, froid et distant, Gutiérrez est une sacrée découverte et possède une grandeur d’interprétation que l’on ne peut qu’applaudir des deux mains. Quant au second, il illustre à la perfection l’impuissance face à une vengeance qu’il n’a pourtant pas méritée mais aussi le parfait reflet d’une fragile réussite qui dérange. Thriller psychologique efficace et prenant, « Hogar » est un très bon film espagnol maîtrisé de bout en bout, un home invasion original duquel nous ne sortons pas totalement indemnes et qui illustre à merveille l’adage « L'envie rend odieuses les personnes qui en sont atteintes »… Date de disponibilité sur Netflix : 25 mars 2020 Genre : Thriller psychologique Durée du film : 1h43 Titre original : Hogar
Les choix de l’existence La vie d’Emilio est riche, il n’a pas l’occasion de s’ennuyer ! Cet ancien professeur de mathématiques à la retraite a eu la chance de vivre de sa passion et de la transformer en véritable objectif de vie. Ses anciens étudiants de l’université de Valence se souviennent affectueusement de lui et de ses anecdotes. Lui, qui a voué sa vie entière aux équations pour enfin toucher au graal : découvrir un nouveau nombre premier. Bien sûr, pour arriver à ce résultat, il n’a pas compté les heures, ni ses sacrifices. Tout ce qui aurait pu l’écarter de son objectif a été balayé. Ainsi, sa jeunesse a été marquée par un non-dit ; celui pourtant essentiel qui devait être adressé à son premier amour. Nostalgique du temps passé, Emilio est devenu l’horloger de ses petites habitudes. A Valence, il s'assied régulièrement sur des terrasses où son plaisir consiste à jouer au carré magique (« non, les japonais n’ont pas inventé le Sudoku ! »), tout en mangeant des tartines avec des tomates. Mais il ne faudrait pas les mélanger, car Emilio déteste ça. Inlassablement, il enlève les tomates de ses tartines car il veut sentir chaque saveur... Un beau jour, c’est le drame ! Impossible pour lui de remplir la fameuse grille de chiffres. Le couperet tombe presque aussitôt, la maladie d’Alzheimer le ronge. Bientôt, il oubliera tout… même le souvenir de Margarita, son amour de jeunesse qu’il n’a plus jamais revu. Dans ses malheurs, il pourra compter sur l’amour indéfectible de sa fille. C’est aussi l’occasion pour lui de renouer avec celle-ci, bien sûr, mais aussi avec sa petite fille qui traverse l’âge ingrat. Dans ce tourbillon nouvellement constitué, ne serait-ce pas l’occasion, au crépuscule de sa mémoire, de retrouver Margarita pour la regarder une dernière fois ? Et, de ces regards partagés, inscrire ce moment dans son cœur et dans sa tête ? Une famille formidable Encore fallait-il trouver un acteur qui puisse à la fois jouer un homme entièrement dévoué à son travail et rigoureux mais aussi touchant par moments. La personnification de ces attributs trouve son plus beau portrait en la personne d’Oscar Martinez (« Un Citoyen d’honneur », « Les Nouveaux Sauvages »). « Vivre deux fois » est, malgré sa thématique, un film solaire d’une grande sensibilité. La réalisatrice Maria Ripoll n’a pas son pareil pour filmer des scènes de vie qui renseignent sur le cœur de ses personnages. Sa caméra capture les visages avec amour pour nous toucher sincèrement, sans artifice ni provocation outrancière. Si le film est aussi agréable à suivre, c’est parce qu’il peut s’appuyer sur de beaux dialogues qui colorent les scènes. Les interactions avec la famille d’Emilio sont délicieuses. Bien sûr, sa fille, est exemplaire de force et de courage et Inma Cuesta délivre ici une très belle performance. Mais il ne faudrait pas oublier les apparitions souvent drôles à l’écran de son compagnon interprété par Nacho Lopez. Coach de vie gentiment foireux, il essaiera tant bien que mal de prodiguer ses conseils aux membres de la famille alors qu’il devrait les appliquer à son couple. Et comme si cela ne suffisait pas, le casting très solide, s’appuie également sur le talent de la jeune Mafalda Carbonell, qui du haut de ses douze ans, joue le rôle de la petite fille d’Emilio avec beaucoup de sincérité et une magnifique justesse ! Si le film est si plaisant à voir c’est grâce à tous ces talents conjugués ! La musique, elle-même, n’est pas en reste et délivre de belles notes sur des moments de vie précieux. Pour toutes ces raisons évoquées, nous vous invitons à ressentir la chaleur de ce « Vivre deux fois » qui, malgré quelques longueurs dispensables, nous emmène aux côtés de cette famille ordinaire dans ce beau voyage de la mémoire. Aussi, nous vous invitons à le voir en espagnol afin d’entendre les voix qui chantent. Mais surtout de le voir car il pose un regard juste sur d’importantes questions. Ne faudrait-il pas se recentrer sur l’essentiel et sur ce qui compte vraiment ? N’est-il pas important de dire « je t’aime » tant qu’il est encore temps ? ¡Buena pelicula! Genre : Comédie dramatique Durée du film : 1h41 Titre original : Vivir dos veces Date de disponibilité sur Netflix : 13 janvier 2020
Le Bon, la Brute et les Truands « Spenser Confidential » fait penser, à bien des égards, au cinéma d’action des années 90 dans lequel un flic était amené à coopérer avec quelqu’un de foncièrement différent. Dans le cas présent, ce buddy movie fonctionne bien grâce à un Mark Wahlberg pince sans rire dans le rôle d’un flic désabusé, arrêté pour coups et blessures sur son supérieur qui battait sa femme. Ayant purgé sa peine avec les difficultés que l’on imagine sans peine, notre héros se verra partager la chambre qu’il loue auprès de son mentor Henry (expérimenté Alan Arkin) avec le très costaud Hawk (très juste Wiston Duke). Mais dès le jour de sa libération, son supérieur est tué dans des conditions sordides en plein milieu du dépôt de bus par une bande de malfrats. Il n’en fallait pas plus pour que notre brave policier, qui voulait justement prendre un nouveau départ, soit suspecté du meurtre. L’intrigue, bien qu’extrêmement classique, se suit sans déplaisir grâce à une galerie de personnages attachants. Outre le duo vedette, l’ex-copine du héros joué à l’écran par Iliza Shlesinger tire son épingle du jeu tant son personnage est déjanté. Mais il existe d’autres belles figures, à l’image de Bokeem Woodbine qui joue un flic et ancien partenaire du héros, et dont chacune des présences à l’écran apporte beaucoup. Que de chemin parcouru depuis « Rock » (1996) de Michael Bay ou encore le « Ray » de Taylor Hackford sorti en 2005 ! Mark Wahlberg prend de l’épaisseur et flatte la caméra de ses sourires et de son attitude avenante. La réalisation de Peter Berg se veut quant à elle toujours aussi efficace et on constate que le metteur en scène évolue dans un genre dont il connait les codes sur le bout des doigts ! Pour le reste, on ne s’étonnera pas de voir venir les « rebondissements » à des kilomètres, la faute à la direction prise par un scénario peu ambitieux et très classique dans ses grandes lignes. Au final, « Spenser Confidential » est un film d’action rondement mené qui, certes, ne crée par la surprise mais qui parviendra sans mal à maintenir votre intérêt jusqu’au générique de fin. Genre : action/comédie policière Durée du film : 1h51 Date de sortie sur Netflix : 6 mars 2020
Avec ses bonnes intentions et son souhait de donner un coup de projecteur sur la véritable histoire de l’incroyable William Kamkwamba, l’acteur et à présent réalisateur anglo-négérian signe un long-métrage lumineux où brille l’espoir de sauver un village de la famine et de mater la détresse humaine qui découle d’une sécheresse ravageuse. Pour ce faire, Chiwetel Ejiofor se met à la hauteur du regard d’un enfant malawien, un jeune homme attiré par l’école, ses savoirs et sa richesse. Un fils de paysan qui vit dans la misère depuis trop longtemps et qui voit ses rêves brimés lorsqu’une nouvelle sécheresse vient à se déclarer. Sans le sou, sa famille n’a pas d’autres choix que de faire des économies et de priver l’adolescent de ce qu’il avait de plus important dans sa vie : ses études. Déterminé à appliquer ses connaissances, William se met en tête de fabriquer une éolienne et apporter l’électricité dans sa petite communauté, une source d’énergie qui permettra à l’eau de jaillir des nappes et d’irriguer les champs de ses parents. Mais si honorable soit sa quête, si fort est le refus de son père de risquer de tout perdre pour un semblant de modernité. Le conflit des générations, la pauvreté et l’impuissance vont alors se révéler plus forts que les désirs de l’adolescent et entrainer la famille Kamkwamba dans de terribles tourments. Si le long-métrage de Chiwetel Ejiofor n’a rien de très ambitieux et s’avère être plutôt classique dans sa forme, on apprécie sa détermination à mettre en lumière une réalité qui perdure aujourd’hui encore dans certaines régions rurales d’Afrique intertropicale. Frappée par la sécheresse ou les inondations, cette partie du monde aux ressources agricoles limitées peut, selon les conditions météorologiques, connaître de belles récoltes comme de douloureuses disettes. La détresse alimentaire des habitants, le luxe que représente l’accès à l’éducation, le quotidien oppressant de populations vouées à elles- mêmes et niées par leurs propres dirigeants sont bien évidemment au centre d’un film qui se veut léger et accessible à tous mais aussi réaliste et par moments émouvants. Chiwetel Ejiofor, qui endosse le rôle de ce père accablé par sa situation, permet au jeune Maxwell Simba de crever l’écran et occuper une place de choix devant la caméra tout en étant le guide idéal d’une narration linéaire que l’on découvre sans mal. S’il souffre par moment de quelques lenteurs, le récit, dont on devine aisément la fin, réserve quelques petits rebondissements et montre que la détermination d’un homme, quel que soit son âge, peut rendre plus roses certains lendemains. Solaire, « Le garçon qui dompta le vent » est un joli film à découvrir en famille, une histoire touchante qui remet certaines de nos envies en perspective. Une ode à l’espoir, au rêve et à la force de caractère, le récit d’une tranche de vie, celle d’un William Kamkwamba qui n’a jamais vécu que pour rendre heureuse sa famille. Genre : Drame Durée du film : 1h53 Date de sortie sur Netflix : 1er mars 2019 Titre original : The Boy Who Harnessed the Wind
Le « Transperceneige », quant à lui, est une autre influence puisqu’il aborde la lutte des classes qui fini par briser l’Homme. Le point commun entre ces films ? La déshumanisation de l’Homme broyé par le système. La plateforme, cet enfer concentrationnaire Mené tambour battant, le film ne laissera que peu de répit aux spectateurs qui auront décidé de s’aventurer dans la prison appelée « la Fosse». Tout d’abord, parce que son approche minimaliste réussit à créer une atmosphère à la fois prenante et angoissante. Les premières images dévoilent une cellule comprenant deux hommes : un nouveau venu nommé Goreng (épatant Ivan Massagué), et un ancien pensionnaire portant le nom de Trimagasi (Zorion Eguileor). Goreng est entré dans cette prison de son propre chef afin d’obtenir un document lui permettant de s’élever socialement. Son voisin lui est là pour un tout autre motif… le meurtre. D’emblée, nous découvrons vite la sombre machination qui se trame dans cette prison construite à la verticale où les cellules se succèdent laissent place à un vide central traversé par la plateforme remplie de victuailles. Les premiers étages ont droit à une plateforme remplie de mets délicieux, deux minutes avant que celle-ci ne descende à l’étage inférieur. A chaque étage, celle-ci se vide un peu plus tant les prisonniers sont affamés. Aucun ne peut garder un aliment dans sa cellule sans encourir une sanction mortelle. La mission des prisonniers ? Tenir un mois avant d’être déplacés à un autre étage. Nul ne sait où...S’il s’agit d’un étage supérieur, tant mieux pour la nourriture. Dans le cas contraire, il ne restera que des os…et des assiettes vides. Et le petit théâtre de l’horreur se joue à cet instant. Comment les hommes et les femmes décideraient d’eux-mêmes de se rationner pour en laisser aux autres puisqu’ils ont eux-mêmes connus la famine en vivent en permanence le comportement égoïste des résidents « d’au dessus » ? L’enfer, c’est les autres ! L’indéniable qualité du film espagnol est de dresser un sombre portrait de l’âme humaine ! Peut-on développer le vivre ensemble en étant profondément individualiste ? Et même si les prisonniers changeaient d’attitude, y aurait-il assez de nourriture pour tout le monde ? Que serions-nous prêt à faire pour survivre ? Toutes ces questions sont au centre du film qui ne laissera personne indifférent. Même le dernier tabou de notre société est brisé, à savoir le recours au cannibalisme pour la survie… Mais quand celui-ci est prémédité, garde-t-on encore notre « humanité » ? Ce thriller psychologique est effrayant tant ce qu’il donne à voir révèle la nature humaine dans toute sa complexité. Heureusement, dans toute cette noirceur, le héros est altruiste. Et puisque chaque prisonnier peut choisir d’emmener un objet en détention, il choisit sans mal Don Quichotte pour l’aider à s’évader du quotidien. Doit-on y voir une métaphore de ce que vivent ces prisonniers ? Probablement. Le film concentrationnaire de Galder Gaztelu-Urrutia est aussi froid qu’il n’est beau visuellement. Sa propension à être minimaliste ne détourne pas l’attention sur les comportements effroyables de certains prisonniers alors que deux d’entre eux décident de gripper le système de l’intérieur. L’aspect sonore n’est pas en reste et l’on est glacé d’entendre les cris reflétant la barbarie de cette situation provoquée par un système désincarné. Vous l’aurez compris, « The Platform » est une terrible satire sociale faisant office de miroir de l’âme humaine. Fort du potentiel de son sujet et de ses enjeux, le film interroge sur le comportement humain, l’ordre établi et la lutte des classes dans un univers concentrationnaire forcément déshumanisé et, par moment, gore. De nombreuses fulgurances traversent le film qui interroge plus qu’il ne donne des réponses. En cela, nous avons été frustré. Trop de zones d’ombre demeurent alors que le générique de fin pointe le bout de son nez. Ce choix est d’autant plus dommageable que nous pensons qu’un éclairage supplémentaire aurait été le bienvenu sans toutefois devoir répondre à tout…Pour le reste, «The platform » risque de « descendre » dans nos prochaines conversations de cinéphiles et c’est tant mieux ! Genre : Thriller psychologique Durée du film : 1h34 Titre original : El Hoyo
Au programme ? La mobilisation de deux anciens Texas Ranger dans la traque de Bonnie et Clyde Barrow, les criminels les plus recherchés et, paradoxalement, les plus aimés des Etats-Unis au siècle passé. Il était une fois les Rangers ! Si le nom du réalisateur John Lee Hancock ne vous dit rien, il était pourtant aux commandes du convaincant « Le Fondateur » avec Michael Keaton dans le rôle de celui qui a lancé la franchise McDonald. Mais revenons à notre sujet ! Avec « The Highwaymen », le réalisateur ancre son récit dans le climat sombre des Etats-Unis en proie à la Grande Dépression économique. D’ailleurs, la première force du film est justement liée à la préoccupation d’une certaine justesse historique. En témoignent, les décors, costumes et voitures fidèles à cette époque parfaitement reconstituée ; un vrai bonheur ! Mais là où le film excelle, c’est dans sa narration qui apporte beaucoup de détails croustillants ! Par exemple, les deux Texas Rangers joués par Kevin Costner et Woody Harrelson portent un regard singulier sur une époque révolue. En filigrane, nous apprenons que l’unité des Rangers dont ils faisaient partie pour protéger les colons installés au Texas lors de la Guerre d’indépendance du Mexique a été dissoute car difficilement contrôlable. Néanmoins, la gouverneure de l’Etat n’a d’autre choix que de les réhabiliter afin d’épauler la police et le FBI dans cette traque du clan Barrow. Aussi, cette époque voit l’émergence de nouvelles pratiques comme l’écoute téléphonique, et le développement d’une police davantage…scientifique. Le décalage vécu par nos deux héros vieillissants est réellement bien amené grâce aux dialogues finement écrits ! Une équipe de choc Pendant 2h11, nous suivons la progression de ces deux anciens Rangers dont l’objectif est de prendre morts ou vifs les fugitifs liés au fameux gang. Cet ambitieux jeu de piste est l’occasion pour nous, spectateurs, de voyager à travers l’Etat du Texas et de ses frontières. La photographie, tout comme le cadrage et plus largement la réalisation rendent honneur au sujet traité et aux paysages traversés. Quant aux comédiens, ils s’en donnent à cœur joie et outre les excellents acteurs principaux, le film peut compter sur d’autres talents de renom comme Kathy Bates (« Misery », « Fargo », ou plus récemment « Le cas Richard Jewell ») et John Carroll Lynch (« Le Fondateur », « Shutter Island », « Gran Torino » ou encore « Volte/Face ») Même si l’enquête (et donc le film) est extrêmement prenante, celle-ci n’est pas versée dans l’action, mais est plutôt verbeuse ; il faut le savoir ! Les amateurs de films d’action risquent d’être déçus car la résolution de l’affaire se mérite ! La faute à une époque où les moyens de communication ne sont pas ceux d’aujourd’hui et où l’observation et les filatures l’emportent sur le reste. Néanmoins, à aucun moment nous n’avons boudé notre plaisir devant ce beau spectacle ! Sous ses faux airs de néo-western gratiné à la sauce road movie, « The Highwaymen » voit son duo vedette porter le film avec talent ! L’esthétique du film y est magnifique (quelle photographie !) et que dire de sa tonalité qui en fait un solide film noir crépusculaire ! Néanmoins, certains pourraient trouver- à juste titre- le rythme assez lent, mais il s’agit du (maigre) prix à payer pour vivre une belle aventure ! Durée du film : 2h12 Genre : Drame historique/Policier Date de sortie sur Netflix : 29 mars 2019
Crise existentielle américaine… Ruth (Melanie Lynskey) est une jeune américaine qui vit seule chez elle. Désabusée, elle ne peut que constater le comportement égoïste des gens qui gravitent autour d’elle. Les exemples du manque de civisme sont omniprésents dans sa vie et la goutte d’eau qui fait déborder le vase vient avec le cambriolage de sa maison. Puisque la police semble se désintéresser de son cas, Ruth décide de mener l’enquête avec un de ses voisins (incarné à l’écran par le surprenant Elijah Wood). Ensemble, ils vont faire la lumière sur cette affaire. Mais à quel prix ? Enquête policière ou chemin de traverse ? L’acteur, scénariste, producteur et, ici, réalisateur Macon Blair (même s’il tient un petit rôle dans le film) nous livre un film alléchant sur le papier mais dont la concrétisation peine à convaincre. D’abord, parce que même si le film est court dans sa durée (1h33), l’intrigue assez simple n’empêche pas une errance des personnages (ce qui est bien !) mais aussi un ennui certain du spectateur (ce qui l’est moins !). La faute à cette désagréable sensation d’un vrai manque de profondeur nous empêchant de nous sentir impliqué dans l’histoire ! Et d’ailleurs, que retenir de cette histoire ? Pas grand-chose en fin de compte. A mesure que l’histoire se déroule à l’écran, une lassitude nous gagne malgré des personnages au départ intéressants mais qui n’évoluent pas dans le temps. Et cela dessert clairement le film ! Pire, vous ne pourrez échapper à cette sensation de déjà vu qui enlève beaucoup d’intérêt au sort des personnages. Pourtant, nous percevons l’envie du réalisateur de proposer un film décalé avec une galerie de personnages déjantés mais cela ne prend jamais vraiment. On sent l’absurde pointer le bout de son nez…mais pas totalement. On attend une fureur qui vient mais qui ne contente pas nos basses pulsions de mort. Il manque une vraie habileté à construire un ensemble riche et décalé. Aussi, le manque de surprises a eu raison de notre intérêt même si techniquement le film ne souffre d’aucun défaut apparent. « I Don’t Feel At Home In This World Anymore » porte en lui les ingrédients qui auraient pu en faire un bon film si son réalisateur et scénariste Macon Blair s’était montré plus ambitieux (et audacieux ?) N’est pas Guy Ritchie ou Quentin Tarantino qui veut… Durée du film : 1h33 Genre : Drame Date de sortie sur Netflix : 24 février 2017
C’est que les excellents « Que Dieu nous pardonne », « La isla minima » ou « La colère d’un homme patient » nous avaient captivé des heures durant si bien que les réalisations ibériques de cet acabit obtenaient généralement toutes nos faveurs. Mais force est de constater que n’est pas Rodrigo Sorogoyen qui veut… Après un premier tiers intéressant dans lequel on plonge avec engouement et réel intérêt, Calparsoro opte pour un changement de point de vue et se place du côté des fans de l’inspecteur Columbo, nous livrant l’identité du tueur en série tant redouté et mettant à mal tout le suspense qui avait jusqu’ici impeccablement installé. Si on ne connait pas les motivations ni le lien que notre tueur en série entretient avec l’enquête initiale (dossier bouclé 20 ans plus tôt), notre meurtrier scrupuleux joue au chat et à la souris avec l’inspecteur principal chargé de l’enquête et s’amuse d’une situation qui semble tous les dépasser, lui y compris. Cela aurait pu fonctionner si tout l’intérêt du film n’avait pas été sacrifié à la fin d’un premier tiers jusqu’ici bien calibré et au-delà duquel, on se met (comme l’enquête) à piétiner. Indices trop appuyés, liens évoqués et lourdement illustrés, la deuxième partie du film rompt totalement le ton de la première qui était, elle, beaucoup mieux maîtrisée. Parfois confus, le déroulement du fil scénaristique s’entortille à diverses reprises, nous bloquant ou nous déconcertant par les choix opérés dans l’intrigue tant dans sa mise en scène que dans ses intentions… Certes nous avons bien compris que le « Tueur des endormis » court toujours dans la nature et que le premier meurtrier qui croupis derrière les barreaux n’est qu’un bouc-émissaire. Mais pourquoi a-t-il laisser filer autant de temps entre sa première période de chasse et la suivante ? Pourquoi a-t-il attendu la libération du premier condamné pour se remettre à tuer ? Quel lien entretient-il avec les protagonistes qu’il semble déjà bien cerné ? Ces questions, qui trouveront peu à peu leurs réponses, tardent à venir à tel point que l’on s’impatiente vraiment durant la dernière partie du métrage et détournons notre attention, comme le ferait les amateurs de sieste partis piquer un roupillon après l’ouverture des dernières aventures de Peter Falk… S’il est loin d’être à son premier coup d’essai, Daniel Calparsoro s’embourbe dans les marais d’une adaptation de laquelle il semble difficilement se dépêtrer. Pourtant son casting exemplaire (dans lequel on trouve Javier Rey, Aura Garrido ou Belén Ruedo) se donne corps et âme pour faire vivre les personnages du roman de Eva García Sáenz de Urturi avec crédibilité et profondeur, des comédiens qui tentent vaille que vaille de sauver ce qui peut l’être sans jamais pourtant y arriver… Décevant à plus d’un titre, « Le secret de la ville blanche » ne continuera pas à faire briller les lettres de noblesse des thrillers espagnols dont Sorogoyen, Amenabar ou Balaguero ont le secret. Vite vu, vite oublié, son secret ne se trouve que dans son titre… dommage ! Durée du film : 1h50 Genre : Thriller Date de sortie sur Netflix : 6 mars 2020 Titre original : El silencio de la ciudad blanca
« Une âme contre une âme ». Avec son scénario des plus convenus et sa mise en scène classique et très scolaire, « La morsure du crotale » se veut être un thriller palpitant mais se révèle finalement aussi plat que l’encéphalogramme du premier candidat choisit par Katerina pour payer sa drôle de dette. C’est que cette mère célibataire a priori bien sous tous rapports s’est embarquée dans une mésaventure loufoque dont elle ne sortira pas indemne. Après avoir triplement joué de malchance (elle se perd sur une route secondaire du Texas, crève son pneu et n’a aucune couverture réseau), la jeune femme voit sa vie basculer lorsque sa fille Clara se fait mordre par un crotale en pleine steppe aride. Pas une âme qui vive à l’horizon jusqu’à ce qu’émerge de nulle part, une caravane abritant une hôtesse antipathique qui se propose néanmoins de la sauver en échange d’un paiement qui lui sera ultérieurement communiqué. Trouvant là son salut, Katerina accepte mais réalise un peu tard que la dette contractée va être très difficile à honorer : pour garder sa fille en vie, il va falloir en ôter une autre dans les sept heures à venir… Grosse loterie malsaine lancée par une Katarina démunie, « La morsure du crotale » devient alors une chasse au parfait candidat, celui qui mériterait sa place dans la chambre froide. Rencontres fortuites, coups de pouce du destin, le deuxième volet de ce thriller peu folichon ne laisse aucune place à la surprise et s’oriente vers un final convenu qu’on aura trop attendu. Même si on se régale des paysages arides, ocres et solaires que capte avec maestria la caméra de Zak Hilditch, on évolue avec désarroi dans une histoire que l’on aurait voulu plus audacieuse, originale ou prenante sur la durée car Carmen Ejogo a beau tenir sur la distance, le film s’épuise et ne permet pas à la comédienne de trouver pleinement un terrain de jeu révélateur. De mère responsable, la comédienne britannique passe au statut de meurtrière potentielle, poussée par les fantômes de Tulia à payer son dû sans traîner. Ce gimmick un peu grossier est très certainement voué à apporter son lot de stress mais ne remplit son contrat qu’au travers une ambiance sonore (trop) appuyée En bref, si cette « morsure du crotale » avait quelques arguments de fond pour en faire un métrage qui tienne la route, sa proposition s’avère largement décevante et se perd, à l’instar de son héroïne, sur des chemins de traverse que l’on ne prendra que si on aime les belles randonnées ou avons une grosse heure à perdre devant notre télé Durée du film : 1h25 Genre : Thriller/Horreur Date de sortie sur Netflix : 25 octobre 2019 Titre original : Rattlesnake
Aujourd’hui, ils reviennent derrière la caméra de façon éclatante pour mettre en lumière Adam Sandler, jadis très souvent cantonné aux comédies américaines. Gems ce film ! Howard Ratner est un beau parleur mais surtout l’heureux propriétaire d’une petite bijouterie à New-York. Inséparable de sa veste en cuir, de ses brillants aux oreilles, de ses lunettes dorées et de sa bague de champion de NBA, il mène ses affaires de façon extrêmement rythmée sur Diamond District. Pourtant, sa vie entière semble compliquée la faute à un mariage qui bat de l’aile et des dettes colossales contractées auprès de personnes peu fréquentables. Toujours à l’affut de « coups fumants » tardant à se concrétiser, Howard s’enfonce toujours un peu plus dans les paris sportifs. Joueur compulsif, il mise tout ce qu’il possède sur les pronostics des rencontres de basket-ball afin de pouvoir rembourser l’argent qu’il doit à son beau frère (et qui pour l’occasion a fait appel à des types à qui on n’a pas envie de chercher des noises). Mais comment Howard compte-t-il se sortir de cette impasse ? Jamais à court d’idées, cet éternel optimiste n’a de cesse de vouloir trouver des solutions à ses problèmes avec une naïveté extrêmement touchante. Et c’est là la force des frères Safdie : créer une atmosphère oppressante dans laquelle un homme se bat pour sa survie ! Et Adam Sandler incarne à merveille ce doux rêveur inconscient des risques qu’il prend au quotidien et qui procurent de sacrées sueurs froides au spectateur ! Dans la tête d’Howard, son salut passe par une vente extraordinaire, celle d’une opale extraite avec peu d’éthique et importée illégalement d’Ethiopie. Son plan est de la vendre au plus offrant en salle de ventes, ce qui lui permettrait de sortir la tête hors de l’eau. Sauf que nous sommes dans le cinéma des frères Safdie où la noirceur s’immisce rapidement dans l’intrigue. La Nouvelle Vague emporte l’opale… Ce récit fait penser, par moments, aux polars urbains des années 70 qui avaient la particularité d’être très durs avec leurs héros en quête d’un peu de répit. Quant à nous spectateurs, nous sommes des captifs pris en otage émotionnellement par le bruit, le rythme qui fonce à cent à l’heure, les lumières et ces fameux plans rapprochés qui scrutent la stupeur de notre malheureux personnage principal. Il y a du Cassavetes là dedans, à la manière de cette « Nouvelle Vague » américaine qui évoquait déjà une New-York qui broie les hommes et les femmes entre ses rues bruyantes et ses clubs bondés en proie à la fureur. Quant à nous, nous avons été littéralement aspirés avec cet anti-héros qui cumule les erreurs mais dont le capital sympathie que nous lui vouons reste, paradoxalement, intact ! Nous sommes à ses côtés, vivons ses peurs et espérons une conclusion qui en appelle à une (re)prise d’oxygène. Mais « Uncut Gems » est le genre de film à ne pas ménager son public et ruine constamment ses espoirs de façon à provoquer des montagnes russes d’émotions intérieures. Les fantômes du Cinéma… Nous ne remercierons jamais assez les frères Safdie de nous avoir permis de découvrir un Adam Sandler différent, métamorphosé voire transfiguré dans un polar urbain asphyxiant, bruyant et, par la force des choses, épuisant. Maîtrise artistique indéniable, ce « Uncut Gems » suit les pas de Cassavetes et ne devrait laisser personne indifférent. Il possède la particularité rare d’impliquer émotionnellement ses spectateurs et de ne jamais les lâcher. On ne s’étonnera guère que Martin Scorsese en soit le producteur délégué… Quant à nous, nous aurons besoin d’encore quelques jours pour nous remettre de cet uppercut de cinéma sans être totalement quitte de l’émotion générée par ce très beau film. Un must à découvrir sur vos petits ou plus grands écrans. Durée du film : 2h15 Genre : Thriller
En ligne de mire, nous retrouvons le désormais trop rare Eddie Murphy dans un rôle qui semble taillé pour lui. Il incarne à l’écran un homme qui avait des rêves mais qui n’a pas su les réaliser. Non pas qu’il ne soit pas talentueux, mais personne ne lui a donné sa chance. Son père déjà n’a jamais cru en lui...Et quand il a débarqué dans le monde de la musique et du stand up, il a dû se rendre compte qu’il était difficile de percer dans le show-business lorsqu’on est afro américain. Pourtant, Rudy Ray Moore (le personnage d’Eddie Murphy à l’écran) ne se laisse pas démonter et sa soif de réussite le pousse à enfoncer toutes les portes afin de s’imposer dans ce monde inégalitaire. Qui de mieux que la star afro-américaine des années 80 pour incarner ce personnage haut en couleur ? Lui qui a connu la gloire avant d’effectuer une traversée du désert ? Lui qui a cartonné dans un stand up devenu culte (un peu à la manière de son personnage), avant d’enchainer les films à succès de nombreuses années consécutives ? Oui, nul ne pouvait mieux que lui incarner ce comique talentueux ! Parodique, excessif et touchant à la fois, son alter ego Rudy Ray Moore fut réellement une figure de la blaxplotation qui a marqué l’année 1975 avec « Dolemite » un film quelque peu fauché gage de joyeux bordel organisé et dans lequel il était possible de découvrir des scènes de karaté, des fusillades pétaradantes, une enquête policière et des filles dénudées pour des scènes « olé olé » des plus divertissantes ! Cette parodie éminemment sympathique voit surtout venir sur grand écran des afro-américains dont seul « Shaft » était parvenu à briser les codes. Mais avant d’arriver à cette consécration, Rudy a enregistré sur magnétophones les histoires souvent drôles et vulgaires de sans-abris qu’il a retravaillées afin de les proposer sur scène à travers tout le pays ! Puis, l’idée lui est venue d’enregistrer des slams plutôt salaces sur 33 tours, vendus d’abord sous le manteau avant d’en faire une franchise diffusée plus largement grâce à un studio piqué par la curiosité du phénomène. Et c’est justement cette « débrouillardise » de ce « self made man » extrêmement sympathique qui fait tout le sel de ce biopic certes édulcoré mais tellement agréable à suivre ! Derrière l’humour omniprésent se cache une interrogation qui obsède Rudy. Existerait-il un humour qui fonctionnerait davantage sur les « blancs » et un humour dont les « noirs » seraient plus sensibles ? Cette « révélation », il l’a eue en allant voir avec ses amis la comédie de Billy Wilder de 1974 intitulée « Spéciale Première ». Alors que la salle, composée de blancs, rit à gorge déployée ; Rudy et ses amis s’ennuient ferme ! Comment est-ce possible ? Et surtout, comment reconnecter l’humour avec les afro-américains de la rue ? La suite, vous la connaissez ! Et cette formidable réussite est le fruit de rencontres avec des personnages aussi improbables que Rudy! Bien sûr, il sera la locomotive de ses propres rêves mais dans ce tourbillon il pourra compter sur de belles personnes : Urville Martin (incroyable Wesley Snipes), Jimmy Lynch (Mike Epps), Theodore Toney (Tituss Burgess), Jerry Jones (Keegan –Michael Key) et Lady Reed (fabuleuse Da’vine Joy Randolph) ainsi que de sacrées personnalités qui apportent beaucoup au film : Snoop Dogg, Chris Rock et Bob Odenkirk en tête ! Pour toutes ces raisons évoquées et d’autres que nous préférons vous laisser découvrir, « My name is Dolemite » est le feel good movie à voir si vous êtes abonnés à Netflix ! Un incontournable ! Genre : Comédie Durée du film : 1h58
L’occasion était trop belle pour ne pas revenir sur un très beau film diffusé sur Netflix et intitulé judicieusement « Les deux Papes ». Deux Papes pour un trône de Pierre Certains artistes ont une sensibilité qui leur permet de « sentir » ou de présager les évènements avant qu’ils ne se produisent. D’autres nous livrent une production qui fait échos à un passé pas si lointain. La succession du Pape Benoit XVI en est un bon exemple avec l’accession à la papauté de François alors que son prédécesseur est encore en vie... Du jamais vu en six siècles de catholicisme. Enfin, il arrive que l’actualité rattrape un phénomène culturel pour lui donner une teinte particulière comme c’est le cas ici. Le réalisateur brésilien Fernando Meirelles a donc eu le nez fin lorsqu’il s’est emparé d’un sujet terriblement actuel. Pendant un peu plus de deux heures, nous sommes les témoins privilégiés des échanges entre l’ancien Pape Benoit XVI incarné à l’écran par le bluffant Anthony Hopkins et le cardinal qui deviendra son successeurs joué par le tout aussi convaincant Jonathan Pryce. Il fallait deux monstres du Cinéma pour interpréter deux personnalités antagonistes aussi fortes. C’est d’ailleurs tout le sel du film : assister aux joutes verbales auxquels se livrent les deux Papes. Très vite, nous comprenons que les postures que prennent les deux hommes cachent un conflit -et osons l’écrire- un fossé théologique et idéologique entre le Saint-Père et son prédécesseur. Sous la caméra du réalisateur, différents moments retracent les différentes rencontrent et témoignent d’un duel fait de mots et d’idées apparemment irréconciliables. Heureusement, la force de Fernando Meirelles a été de présenter honorablement les deux Papes sans que l’un ne prenne trop l’ascendant, et donc la lumière sur l’autre ; laissant le soin aux deux acteurs de révéler leur talent pour le faire éclater au grand jour ! S’accordant un petit écart dans sa démarche afin de mettre en lumière le caractère et les choix d’un de ses protagonistes, la seconde partie du film revient sur le passé de l’actuel Pape qui a dû faire face à la dictature du régime argentin de l’époque en coopérant pour mieux sauver, quitte à travestir ce en quoi il croit pour préserver ceux qui lui sont chers. Intéressant mais peut-être un peu long… Impeccablement interprété et haletant, immersif par son aspect documentaire nous convoquant au sein des rencontres intimes entre deux hommes, tout l’intérêt du film réside précisément dans la nature même des échanges qui trahissent deux attitudes diamétralement opposées : faut-il conserver les règles actuelles ou changer le dogme de l’Eglise ? En d’autres termes, doit-on avancer avec l’évolution de notre société afin d’éviter la rupture avec les fidèles ou tenir bon face aux évolutions et s’en remettre aux habitudes issues de l’Histoire et des traditions quitte à creuser un peu plus l’écart ? A la lumière des émois auxquels doit faire face le Vatican, le film de Fernando Meirelles est doublement actuel ! A (re)voir donc ! Date de disponibilité sur Netflix : 20 décembre 2019 Durée du film : 2h06 Genre : Drame/biopic
Mon fils ma bataille Particulièrement bien écrit et pensé pour nous faire vivre au plus près l’histoire de Nicole et Charlie, « Marriage Story » s’ouvre sur une lecture remplie de tendresse des qualités de chacun des protagonistes du film. Charlie est un formidable papa, dévoué, dans son monde mais aussi quelqu’un d’acharné, mauvais perdant, artiste impliqué, impassible et jamais énervé. Nicole vit sa vie de maman sans retenue, toujours à l’écoute, vive, souriante, une comédienne investie dans les projets de son mari. A en croire le portrait très positif des deux époux et en découvrant des images complices, remplies de tendresse et d’amour, ces deux-là étaient faits pour se rencontrer et ne jamais se séparer. Et pourtant, à l’heure où s’ouvre le premier chapitre de leur histoire, le constat est sans appel : Nicole et Charlie sont deux prénoms que l’on conjugue au passé, deux êtres qui se sont tout donnés mais qui aujourd’hui vont bel et bien se séparer. Durant plus de deux heures, Noah Baumbach (qui avait déjà abordé le sujet de la séparation une dizaine d’années auparavant), décortique une situation qui déchire ses deux héros, leur fils mais aussi les spectateurs. Entre rires et larmes, le scénariste et réalisateur nous fait vivre le quotidien difficile de deux anciens amants, devenus parents et qui affirment chacun leurs souhaits, leurs revendications, leurs droits et leurs déchirements. De la courte thérapie de couple au divorce inévitable, on assiste à la chute d’une famille, au désamour et à la destruction de deux personnes qui ont pourtant tant partagé par le passé. Si Henry, leur fils, est l’objet de toutes leurs attentions, il est aussi le centre d’une querelle d’adultes ou d’une assignation. Tentant la réconciliation ou se balançant des infamies, se faisant défendre par des avocats sans retenue (les formidables Laura Dern et Ray Liotta) ou juger par un système juridique et une assistante familiale déshumanisés, Nicole et Charlie ne deviennent plus que l’ombre d’eux-mêmes, des vestiges de ce qu’ils ont été, des parenthèses qu’ils ont accepté d’incarner. Très actuel et on ne peut plus authentique, le sujet choisit par Noah Baumbach est traité de façon laconique. Ses deux heures de film parfois lentes ne se font jamais sentir et on sort aussi abasourdis que leurs héros par ce que l’on vient de vivre, préférant laisser s’écouler quelques heures avant de se livrer sur le papier. Poignant et bouleversant, « Marriage story » n’a pas besoin d’en faire des tonnes pour nous conquérir et s’avère être l’un des plus beaux films réalisés dernièrement sur la thématique de la séparation de deux parents. Un duo de comédiens au sommet de leur art Avec « Marriage Story », Noah Baumbach retrouve Adam Driver, qu’il avait déjà formidablement mis en scène dans « While We’re Young » (c’est d’ailleurs suite à sa prestation que nous nous sommes véritablement intéressé au comédien charismatique) ou « The Meyerowitz Stories » (sorti également sur Netflix) et le moins que l’on puisse dire, c’est que l’association fonctionne à nouveau. Adam Driver livre une nouvelle performance admirable et nous touche droit au coeur. S’il a déjà su briller dans « Silence » de Scorsese ou « Paterson » de Jarmusch, ses sourires, ses colères, sa détresse et sa peine montrent un nouveau pan de son incroyable capacité de tout jouer. Face à lui, Scarlett Johansson, tout aussi inspirée. Investie comme jamais dans son rôle de mère en soif de résurrection, la comédienne nous offre ici une interprétation habitée et magistrale, preuve ultime qu’il lui fallait un scénario et un metteur en scène de choix pour retrouver ce génie qui sommeillait en elle depuis trop longtemps. Grave et touchant à la fois « Marriage Story » est un film qui poursuit. Il nous fait tomber amoureux de ce couple idyllique, nous met en colère et nous attriste de voir ce désamour prendre le pas sur la vie de famille qui s’était construite. Sobre et parfaitement écrit, le dernier long-métrage de Baumbach ne joue jamais la carte du mélodrame pur et dur mais déroule le fil des ses émotions à l’instar d’un tapis rouge qui nous conduit vers un duo de comédiens en totale alchimie, un tandem qui mériterait de se voir récompenser par de précieuses statuettes dorées. Date de sortie sur Netflix : 6 décembre 2019 Durée du film : 2h16 Genre : Drame |