Interview de Géraldine Chaplin
Dans le cadre de la sortie du film "The barefoot emperor"
- 23 février 2020 -
Dans le cadre de la sortie du film "The barefoot emperor"
- 23 février 2020 -
Thomas : Madame Chaplin, vous êtes à Bruxelles pour présenter « The Barefoot Emperor ». Qu’est-ce qui vous a intéressé dans ce film ?
Géraldine Chaplin : J’adore ce film ! J’avais vu « Le roi des Belges » et c’est un film qui m’a tellement fait rigoler. C’est Jessica Woodworth qui m’a envoyé ce film et une proposition pour cet autre film. Alors j’ai dit :« oui, évidemment ». C’est une vraie visionnaire cette femme ! Nous étions sur une île en Croatie où on a tourné. C’était merveilleux, il n’y avait pas de voitures. On a tourné ce film dans la nature, au milieu des animaux. Et puis, le film fini, on est revenus dans une réalité qui était le film ! C’est-à-dire toute une extrême-droite qui avait commencé à reprendre l’Europe.
Géraldine Chaplin : J’adore ce film ! J’avais vu « Le roi des Belges » et c’est un film qui m’a tellement fait rigoler. C’est Jessica Woodworth qui m’a envoyé ce film et une proposition pour cet autre film. Alors j’ai dit :« oui, évidemment ». C’est une vraie visionnaire cette femme ! Nous étions sur une île en Croatie où on a tourné. C’était merveilleux, il n’y avait pas de voitures. On a tourné ce film dans la nature, au milieu des animaux. Et puis, le film fini, on est revenus dans une réalité qui était le film ! C’est-à-dire toute une extrême-droite qui avait commencé à reprendre l’Europe.
Thomas : Le film se veut l’écho d’une actualité brûlante en Europe.
Géraldine Chaplin : Oui, ça fait peur ! Thomas : Ce film est traité comme une farce, sur un sujet très grave. Quand on le regarde, on se dit qu’il y a comme un clin d’œil au cinéma de votre père Charles Chaplin. Géraldine Chaplin : On me l’a dit beaucoup de fois. Je ne sais pas. Quand « Le dictateur » est sorti, je n’étais pas née. C’était un soulagement tellement grand du public de pouvoir rigoler sur ce monstre qu’était Hitler. Le rire est quand même une arme incroyable ! Le film « The barefoot Emperor » n’est pas fait pour rigoler. Moi, ce n’est pas ma tasse de thé, je ne trouve pas ça drôle mais c’est tellement visionnaire… Thomas : Vous prêtez vos traits à Liz Tailor avec qui vous avez tourné « Le miroir se brisa ». Géraldine Chaplin : Ah oui, c’est vrai ! Je ne m’en rappelais plus ! |
Thomas : Vous êtes-vous inspirée d’elle pour ce rôle?
Géraldine Chaplin : Non, pas du tout. Nous avons tourné dans une maison de Tito où il invitait des personnalités comme Che Guevara, Sophia Loren, etc. Tous sont venus avec des cadeaux, des animaux. Mon personnage dort dans la chambre où a dormi Liz Taylor. Il y a vraiment sa photo dans cette chambre. Maintenant, c’est devenu dans le film un hôpital. Chaque personnage, pour garder l’anonymat, porte le nom de la chambre où il couche. Donc, je m’appelle Liz Tayor pour cette raison.
Thomas : Vous avez une filmographie incroyable…Vous effectuez vos premiers pas au cinéma dans un film de votre père, « Les feux de la rampe ». Vous aviez huit ans. C’est paradoxal car il ne voulait pas que vous fassiez du cinéma…
Géraldine Chaplin : C’est plus tard qu’il ne voulait pas. A l’époque, il a mis ses enfants dans le film. Ma mère aussi. Il a eu toute la famille dans le film ! Peut-être que c’était pour ne pas payer de salaires trop élevés ! (rires)
Thomas : Il faut attendre l’année 1965 pour vous voir tourner votre premier grand rôle aux côtés de Jean-Paul Belmondo dans le film « Par un beau matin d’été » de Jacques Deray.
Géraldine Chaplin : J’adorais Belmondo ! Quelle beauté d’homme !
Thomas : Quelle a été la réaction de votre père ?
Géraldine Chaplin : Je sais qu’il ne voulait pas que je fasse du cinéma. Mais je n’avais pas 21 ans et la majorité à l’époque, c’était à 21 ans. Donc c’est quand même lui qui a signé le contrat. Je suppose ! Pour « Docteur Jivago » aussi. Même si là, David Lean lui avait écrit une lettre en disant qu’il me trouvait formidable.
Géraldine Chaplin : Non, pas du tout. Nous avons tourné dans une maison de Tito où il invitait des personnalités comme Che Guevara, Sophia Loren, etc. Tous sont venus avec des cadeaux, des animaux. Mon personnage dort dans la chambre où a dormi Liz Taylor. Il y a vraiment sa photo dans cette chambre. Maintenant, c’est devenu dans le film un hôpital. Chaque personnage, pour garder l’anonymat, porte le nom de la chambre où il couche. Donc, je m’appelle Liz Tayor pour cette raison.
Thomas : Vous avez une filmographie incroyable…Vous effectuez vos premiers pas au cinéma dans un film de votre père, « Les feux de la rampe ». Vous aviez huit ans. C’est paradoxal car il ne voulait pas que vous fassiez du cinéma…
Géraldine Chaplin : C’est plus tard qu’il ne voulait pas. A l’époque, il a mis ses enfants dans le film. Ma mère aussi. Il a eu toute la famille dans le film ! Peut-être que c’était pour ne pas payer de salaires trop élevés ! (rires)
Thomas : Il faut attendre l’année 1965 pour vous voir tourner votre premier grand rôle aux côtés de Jean-Paul Belmondo dans le film « Par un beau matin d’été » de Jacques Deray.
Géraldine Chaplin : J’adorais Belmondo ! Quelle beauté d’homme !
Thomas : Quelle a été la réaction de votre père ?
Géraldine Chaplin : Je sais qu’il ne voulait pas que je fasse du cinéma. Mais je n’avais pas 21 ans et la majorité à l’époque, c’était à 21 ans. Donc c’est quand même lui qui a signé le contrat. Je suppose ! Pour « Docteur Jivago » aussi. Même si là, David Lean lui avait écrit une lettre en disant qu’il me trouvait formidable.
Thomas : « Docteur Jivago » a été tourné à la même période. Grand succès international…
Géraldine Chaplin : Pas tout de suite ! Il a eu de mauvaises critiques. C’est après qu’il est devenu un classique. Thomas : Pour vous, est-il toujours un film de référence ou aimeriez-vous qu’on se souvienne d’autres films ? Géraldine Chaplin : J’aimerais bien qu’on se souvienne du « barefoot emperor », je pense qu’on va s’en souvenir, d’ailleurs ! Pour Docteur Jivago, d’abord des filles venaient me voir en me disant : « C’est mon film préféré ». Ensuite, d’autres filles m’ont dit : « C’est le film préféré de ma maman ». Maintenant, on me dit : « C’est le film préféré de mon arrière-grand-mère » ! (rires) Thomas : En 1970, vous tournez sous la direction de Serge Korber « Sur un arbre perché » aux côtés de Louis de Funès. Comment s’est passée la rencontre avec l’acteur? |
Géraldine Chaplin : J’adorais Louis de Funès mais ce n’était pas le cas de la critique. Il était très méprisé. Mais il me faisait rire et maintenant il est considéré comme un génie. Je crois que j’ai fait un test pour le film. Je me souviens quand je l’ai rencontré, il m’a dit : « Souris » ! Alors je lui ai dit : « Faites-moi rire ! »
Thomas : Vous avez le souvenir de gags que vous trouviez ensemble ?
Géraldine Chaplin : Ensemble, non. Je le regardais et je bavais parce qu’il était tellement extraordinaire…
Thomas : Louis de Funès était un très grand admirateur de Charlie Chaplin. Vous en avait-il parlé ?
Géraldine Chaplin : Non. Je ne pense pas…Je m’en souviendrais. On ne mentionnait pas mon papa.
Thomas : A l’inverse…
(Géraldine Chaplin a compris que nous allions lui demander ce que pensait son père du cinéma de Louis de Funès !)
Géraldine Chaplin : Mon père n’aimait pas les autres comiques ! Il était très suspicieux des autres comiques comme les génies n’aiment peut-être pas les autres génies. On lui disait souvent : « Il y a deux grands génies du XXème siècle, Picasso et Charlie Chaplin ». Et lui répondait : « Picasso, j’aime pas tellement sa peinture… » (rires) Mais après il ajoutait : « Je ne suis pas un génie, je n’aime pas ce mot. Je suis unique ».
Thomas : Mais on peut affirmer aujourd’hui que c’est un génie !
Géraldine Chaplin : Et il est surtout unique !
Thomas : Mais aussi universel et intemporel. Les films de votre père n’ont pas vieilli. Il y a toujours un écho avec l’un ou l’autre fait d’actualité.
Géraldine Chaplin : Oui !
Thomas : Vous avez le souvenir de gags que vous trouviez ensemble ?
Géraldine Chaplin : Ensemble, non. Je le regardais et je bavais parce qu’il était tellement extraordinaire…
Thomas : Louis de Funès était un très grand admirateur de Charlie Chaplin. Vous en avait-il parlé ?
Géraldine Chaplin : Non. Je ne pense pas…Je m’en souviendrais. On ne mentionnait pas mon papa.
Thomas : A l’inverse…
(Géraldine Chaplin a compris que nous allions lui demander ce que pensait son père du cinéma de Louis de Funès !)
Géraldine Chaplin : Mon père n’aimait pas les autres comiques ! Il était très suspicieux des autres comiques comme les génies n’aiment peut-être pas les autres génies. On lui disait souvent : « Il y a deux grands génies du XXème siècle, Picasso et Charlie Chaplin ». Et lui répondait : « Picasso, j’aime pas tellement sa peinture… » (rires) Mais après il ajoutait : « Je ne suis pas un génie, je n’aime pas ce mot. Je suis unique ».
Thomas : Mais on peut affirmer aujourd’hui que c’est un génie !
Géraldine Chaplin : Et il est surtout unique !
Thomas : Mais aussi universel et intemporel. Les films de votre père n’ont pas vieilli. Il y a toujours un écho avec l’un ou l’autre fait d’actualité.
Géraldine Chaplin : Oui !
Thomas : Cela nous amène à évoquer le Manoir de Ban devenu « Chaplin’s World », que nous avons visité. C’est un hommage qui vous tient à cœur ?
Géraldine Chaplin : J’adore ce musée et j’étais prête à le détester ! Thomas : Ah bon… Géraldine Chaplin : Je me disais : « Ohlala…La maison où j’ai grandi, quand même, et puis un musée Chaplin… » Thomas : Vous n’étiez donc pas favorable. |
Géraldine Chaplin : Ca allait se faire et ça s’est fait…Mais j’adore ! J’adore même ces affreuses poupées en cire ! Je rentre dans la chambre de ma mère et je vois ma mère et mon père en cire.
Thomas : On découvre beaucoup d’invités dans ce musée. Avez-vous le souvenir de gens qui arrivaient à l’improviste ?
Géraldine Chaplin : Oui. Sur rendez-vous, beaucoup. James Mason venait très souvent car il était voisin. Chaque Noël, il y avait Clara Haskil la grande pianiste qui venait. Casals et Stravinsky sont venus…J’écrivais les noms et après je disais à l’école : « Tiens, il y a Stravinsky qui est venu l’autre jour… »
Thomas : On découvre beaucoup d’invités dans ce musée. Avez-vous le souvenir de gens qui arrivaient à l’improviste ?
Géraldine Chaplin : Oui. Sur rendez-vous, beaucoup. James Mason venait très souvent car il était voisin. Chaque Noël, il y avait Clara Haskil la grande pianiste qui venait. Casals et Stravinsky sont venus…J’écrivais les noms et après je disais à l’école : « Tiens, il y a Stravinsky qui est venu l’autre jour… »
Thomas : Votre maman faisait des petites blagues aussi, en signant vos cadeaux du nom de vos idoles.
Géraldine Chaplin : Oui, à Noël ! J’ai fait la même chose avec mes enfants, d’ailleurs ! Ma sœur était amoureuse de Richard Burton alors elle recevait des paquets de Richard Burton. Moi, c’était Yul Brynner. Et je recevais des cadeaux de lui mais en fait c’était maman qui signait !
Thomas : Votre père n’aimait pas Noël, en revanche.
Géraldine Chaplin : Non, il se déprimait à cause de l’opulence que ma mère faisait. Ca lui rappelait de mauvais souvenirs. Il disait : « Moi, dans les bons temps, j’avais une mandarine ».
Thomas : Le destin a voulu qu’il s’éteigne le jour de Noël…
Géraldine Chaplin : Oui, ça a été sa vengeance !
Thomas : Malgré cela, on peut dire qu’il menait une vie façon Louis XIV !
Géraldine Chaplin : Complètement ! C’est d’ailleurs ce que lui disait son avocat. Mais ce qu’il aimait le plus, c’était le feu de bois. Le feu fonctionnait été comme hiver. Il disait : « C’est mon seul luxe ».
Thomas : Vous êtes restée attachée à la Suisse…
Géraldine Chaplin : Oui, j’aime beaucoup la Suisse.
Thomas : Vous êtes aujourd’hui de passage à Bruxelles, c’est un endroit que vous connaissiez déjà ?
Géraldine Chaplin : Oui, à Noël ! J’ai fait la même chose avec mes enfants, d’ailleurs ! Ma sœur était amoureuse de Richard Burton alors elle recevait des paquets de Richard Burton. Moi, c’était Yul Brynner. Et je recevais des cadeaux de lui mais en fait c’était maman qui signait !
Thomas : Votre père n’aimait pas Noël, en revanche.
Géraldine Chaplin : Non, il se déprimait à cause de l’opulence que ma mère faisait. Ca lui rappelait de mauvais souvenirs. Il disait : « Moi, dans les bons temps, j’avais une mandarine ».
Thomas : Le destin a voulu qu’il s’éteigne le jour de Noël…
Géraldine Chaplin : Oui, ça a été sa vengeance !
Thomas : Malgré cela, on peut dire qu’il menait une vie façon Louis XIV !
Géraldine Chaplin : Complètement ! C’est d’ailleurs ce que lui disait son avocat. Mais ce qu’il aimait le plus, c’était le feu de bois. Le feu fonctionnait été comme hiver. Il disait : « C’est mon seul luxe ».
Thomas : Vous êtes restée attachée à la Suisse…
Géraldine Chaplin : Oui, j’aime beaucoup la Suisse.
Thomas : Vous êtes aujourd’hui de passage à Bruxelles, c’est un endroit que vous connaissiez déjà ?
Géraldine Chaplin : J’avais tourné un film avec Sami Frey à Bruxelles il y a quarante ans (NDLR : Une page d’amour). J’ai pu manger plein de frites ! (rires)
Thomas : Avez-vous d’autres projets de cinéma ? Géraldine Chaplin : Je vais tourner dans le prochain film de Jessica. Je vais jouer un vieux général aveugle ! Maintenant je pars à Porto Rico faire un petit rôle dans un film qui s’appelle « Simone », de Betty Kaplan. Je viens de finir un film en Bolivie pour lequel j’ai beaucoup d’espoir. Il s’appelle « 98 secondes sans ombre ». Quand j’ai lu ce scénario, j’ai été bouleversée ! |
Thomas : Vous avez un appétit de tournage…
Géraldine Chaplin : Maintenant, je commence à refuser des choses ! C’est un luxe ! Avant, je ne le faisais pas vraiment. C’est vrai que j’ai eu la chance de faire des films que j’avais envie de faire !
Thomas : Je vous remercie beaucoup pour cette interview, madame Chaplin.
Géraldine Chaplin : Merci !
Géraldine Chaplin : Maintenant, je commence à refuser des choses ! C’est un luxe ! Avant, je ne le faisais pas vraiment. C’est vrai que j’ai eu la chance de faire des films que j’avais envie de faire !
Thomas : Je vous remercie beaucoup pour cette interview, madame Chaplin.
Géraldine Chaplin : Merci !