« L’Acier a coulé dans nos veines » raconte l’histoire de ces travailleurs qui vivaient dans la bête d’acier que représentait Cockerill- Sambre. Justement considéré comme l’un des fleurons de l’industrie belge, avant son inexorable déclin, le film de Thierry Michel nous permet de mieux comprendre la réalité de centaines, voire de milliers de travailleurs et de leurs familles ainsi qu’un pan entier de notre savoir-faire. Situés à Seraing, Flémalle, Cheratte et Herstal, sur les rives de la Meuse et dans la région de Charleroi (sur la Sambre), ces sites ont vu défiler nombre de propriétaires, qui, au fil des rachats, ont mis toujours un peu plus à mal un secteur à l’économie que personne - même pas nos hommes politiques, n’ont réussi à sauver. Rachetée en 1998 par le groupe Usinor (qui deviendra Arcelor en 2001, puis ArcelorMittal en 2006), Cockerill-Sambre est le témoignage sanglant (car oui, plusieurs travailleurs ont perdu la vie dont certains par le suicide) d’une nouvelle configuration économique où l’humain est bafoué par des intérêts qui le dépassent. Au nom de l’argent et des contraintes imposées par l’Europe avec les quotas - qui posent évidemment encore problème aujourd’hui dans d’autres secteurs - le destin des travailleurs ne leur appartient plus et est souvent décidé à l’étranger de manière rationnelle et froide. Ainsi, nous voyons les conséquences directes de notre politique économique européenne qui demanderait un peu plus de protectionnisme. Car dans un marché de libre concurrence, tous n’ont pas les mêmes règles à observer. Et c’est justement cette logique capitaliste qui nous est donnée à voir au moyen de somptueuses images de coulées de lave en fusion dans les hauts-fourneaux quand ce n’est pas le visage des anciens ouvriers qui témoignent sur fond noir de ce deuil qu’ils ont été obligés de mener.
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♥ : Coup de coeur ★★★★: Excellent film ★★★: Très bon film ★★: Bon film ★: Passable ○: On en parle? A découvrir: Décembre 2024 |