Avis : Avec ce nouveau chapitre des aventures de Superman, James Gunn réussit un pari audacieux : réconcilier la grandeur mythologique du super héros avec une fraîcheur irrévérencieuse, presque punk, pour bousculer les codes du blockbuster. Une brise rafraichissante sur l’Homme d’Acier Dès les premières minutes, nous sentons que quelque chose a changé. Le film respire les années 80, dans ses couleurs, sa musique, et même dans son optimisme assumé. On pense bien sûr à Richard Donner, mais aussi à d’autres réalisateurs de cette époque qui ont su donner un souffle épique aux films de notre adolescence. Ce n’est pas de la nostalgie creuse : c’est un hommage vibrant à une époque où les chevaliers blancs n’étaient pas has been. D’ailleurs, David Corenswet est tout simplement excellent ! Il incarne un Superman à la fois puissant et profondément humain, sans jamais tomber dans la caricature. Il réussit à faire exister Clark Kent et Kal-El dans un même souffle, avec une sincérité désarmante. À nos yeux, il s’impose déjà comme l’un des meilleurs interprètes du rôle, tout simplement… Humour, émotion et respect du mythe L’humour, marque de fabrique de Gunn, est toujours bien dosé. Nous en voulons pour preuve la coupe improbable arborée par Nathan Fillion, délicieusement drôle en Green Lantern ! Son interprétation est avisée, tout comme le reste du casting. Le réalisateur parvient à rendre les personnages plus proches, plus vrais. Et surtout, le film transpire l’amour des comics américain: des clins d’œil visuels aux dialogues, en passant par la structure même du récit, tout est pensé comme un hommage respectueux et joueur à l’univers de DC. Oui, l’univers proposé est visuellement sidérant, avec des décors et des concepts qui marquent les esprits. Mention spéciale à la séquence dans le coffre-monde, d’une beauté rare, à la fois poétique et vertigineuse. Vous l’aurez compris, les effets spéciaux sont à la hauteur: certes spectaculaire (et souvent tape à l’œil), mais toujours pour servir l’émotion et le récit. Un Luthor magistral, un Krypto discutable Mais que serait Superman sans un adversaire à sa mesure ? Nicholas Hoult est parfait dans le rôle de Lex Luthor, son Némésis. A la fois glaçant et charismatique, il manifeste cette touche de folie qui rappelle les grands méchants de l’âge d’or du cinéma. À l’inverse, les séquences avec Krypto, le super-chien, flirtent parfois avec la parodie, mais cela fonctionne la plupart du temps. Hélas, si certaines scènes d’action semblent déjà vues (et certaines nous sont mêmes apparues redondantes), James Gunn compense par une mise en scène inventive et une narration plaisante.
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Toujours absurde dans l’approche de ses intrigues, le cinéaste propose ici une partition en trois chapitres, chacun avec sa propre tonalité et ses propres surprises. Mais que raconte cet « Accident de piano » ? Dans un premier temps, le mystère plane totalement sur l’accident du titre jusqu’à une révélation qui, on le comprend bien vite, n’est pas sans conséquence sur les protagonistes du film. Mais n’est-ce pas juste un prétexte finalement à découvrir qui est Magalie (Magaloche pour les intimes) et quelles sont les ficelles mises en place depuis son plus jeune âge pour devenir cette vedette du net ultra populaire et riche ? Comme souvent chez Dupieux, l’intrigue semble secondaire car ce qui compte le plus, ce sont les réactions, les dialogues, les échanges entre ses personnages hauts en couleur. Ici encore, nous pouvons dire que nous sommes servis ! Dans ce casting 4 étoiles, on fait ressortir un tandem de choix formé par Adèle Exarchopoulos qui livre une performance incroyable et se rend totalement méconnaissable tandis Jérôme Commandeur nous amuse dans son rôle d’assistant personnel peu respecté et totalement lunaire. Le duo qu’il forme est truculent et le premier chapitre est, assurément, celui que nous avons préféré tant le jeu qui les unit est truculent ! Sandrine Kiberlain n’est pas en reste mais elle donne difficilement le change face à une Adèle totalement impliquée et à mille lieux de ce qu’on l’a déjà vue faire ! Toujours minimaliste mais perfectionniste, Quentin Dupieux permet, par ses dialogues, le choix de ses plans, ses comiques de situation, ses saynètes anecdotiques (mais qui disent tout de ses personnages) d’offrir une comédie noire jouissive. Poussant comme toujours les curseurs à fond, il déstabilise, met mal à l’aise, nous fait (sou)rire tout du long jusqu’à un troisième volet plus dramatique et parfois too much. C’est d’ailleurs cela qui réconfortera ses fans ou pourrait s’attirer la foudre des spectateurs lambdas : cette capacité de basculer d’un ton à un autre sans crier gare et surtout sans limite. Jubilatoire pour les uns, outrancière pour les autres, sa proposition finale ne laissera pas indifférent et démontrera, une fois de plus, que Mr Oizo n’a peur de rien et dénonce jusqu’au bout les thèmes qui lui sont chers, n’hésitant pas à les exporter dans un nouvel univers auquel on ne l’attendait pas (celui de l’influence, de la popularité, du « m’as-tu vu » pour exister). « L’Accident de piano » c’est une réussite qui peut déranger celles et ceux qui ne sont pas habitué(e)s à son monde absurde. C’est un film qui s’inscrit dans une suite logique et qui explore de nouvelles pistes. C’est une proposition qui, comme son auteur et ses personnages, ne cherche pas à plaire, mais à bousculer.
En effet, avec « Materialists », Céline Song signe une comédie romantique élégante et nostalgique qui, sans bouleverser les codes du genre, parvient à séduire par la finesse de sa mise en scène et le charme de ses personnages. L’histoire met en scène Lucy (Dakota Johnson), une matchmakeuse new-yorkaise convaincue que l’amour se calcule selon des critères bien précis : statut, beauté, stabilité et… richesse non dissimulée. Et alors qu’elle réalise les combinaisons parfaites qui aboutissent sur des mariages de rêve, la voilà bouleversée dans ses propres sentiments et limités imposées. Lorsque son ex petit ami, comédien en devenir (Chris Evans) et un millionnaire séduisant et entreprenant (Pedro Pascal) se « battent » pour son cœur, Lucy risque bien de voir ses principes voler en éclats et ses certitudes remises en question. Classique, son pitch n’a pourtant rien de décevant. S’il est totalement prévisible, il se déroule sans encombre, permettant de jolies scènes où charme et complicité illuminent le grand écran. C’est même ce qui fait la force du film : « Materialists » est une rom-com à l’ancienne mais avec des thématiques modernes : la transaction parfaite d’un mariage économique, le « marketing » des sentiments, la consommation de l’amour… Mais cette version 2.0 de la comédie romantique n’en oublie pas de soigner la forme (et sa magnifique captation en 35mm) et sa mise en scène ce qui lui confèrent un charme bienvenu. Après « Past Lives », Céline Song confirme son talent de conteuse et sa capacité à insuffler de l’âme à des récits plutôt « classiques ». Si ses enjeux sont un peu trop sages et que certaines longueurs se font ressentir, on se laisse néanmoins porter par le jeu du trio principal séduisant.
Là où la bande annonce laissait présager d’une relecture osée, on se trouve finalement devant un film réussi, dans la continuité de ses prédécesseurs (les « Jurassic World » dont le dernier opus est sorti en 2022), mais loin de la « renaissance » espérée. Pourtant, Gareth Edwards a tout le savoir-faire nécessaire pour réaliser une prouesse et dépoussiérer les blockbusters de la lignée pour les faire briller : « Rogue One » et « The Creator » ou encore « Godzilla » (sorti il y a 10 ans de cela !) en sont de beaux exemples. Et s’il reprend le flambeau d’une jolie façon, on ne peut que retrouver les mêmes défauts que ses opus précédents : les effets spéciaux permettent de créer des dinosaures plus vrais que nature (repoussant à nouveau les limites de l’entendement) mais le calibrage taille/ressenti est à nouveau en deçà de nos attentes. En effet, la surnumérisation omniprésente (qui se fond avec brio dans les décors naturels somptueux) finit par faire perdre aux dinosaures une bonne partie de leur toute puissance à tel point que ces créatures, censées peser des tonnes, semblent privées dee leur masse naturelle, rendant certaines scènes presque risibles là où l’animatronique et la 3D de l’époque conféraient un réalisme plus impressionnant. Hormis cela, le long-métrage 3.0 permet d’offrir de réelles scènes de tension impressionnantes pour les plus jeunes spectateurs (rappelons que le film est conseillé au plus de 12 ans) et confirme que Edwards sait y faire en matière de suspense ! Le scénario (au double enjeu) est très probablement l’une des autres forces du film puisqu’il conjugue film de survie (avec une famille de touristes pris au piège bien malgré eux) et chasse aux dinos. Et si on regrette quelques facilités scénaristiques, elles paraissent difficilement contournables si on veut avancer et intensifier une intrigue qui prend le temps de s’installer. Niveau casting, les nouveaux venus remplissent le contrat et créent une osmose bienvenue dans l’adversité qui les attend : Scarlett Johansson et Jonathan Bailey tirent leur épingle du jeu et s’investissent dans la mission périlleuse qui les attend tandis que Mahershala Ali , Manuel Garcia-Rulfo, Luna Blaise et Audrina Miranda apportent leur touche empathique et proche du public, devenant ainsi les intermédiaires entre les spectateurs impressionnés et la réalité dans laquelle nous auriez bien vite été décimé. Avec « Jurassic Wold renaissance », nous espérions un retour aux sources, c’est vrai. Notre besoin de renouer avec les premiers frissons de « Jurassic Park » sont comblés, le fan service fonctionne à plein tube et les clins d’œil aux aînés sont généreux. Et si cela peut séduire certains nostalgiques, pour notre part, il a réalisé l’effet l’inverse et donné cette impression de « déjà-vu » ou de difficulté à se construire sa propre identité. Convenu, « Jurassic World: Renaissance » n’en est finalement pas une. C’est un pop corn movie de grande envergure qui se laisse regarder mais ne parvient pas à relancer la machine de notre côté. Gareth Edwards signe une copie honorable, qui tient la route de bout en bout, se veut fidèle à l’univers mais qui manque d’audace ou de nouveauté… C’est une continuité intéressante mais peu marquante, une suite plus qu’une résurrection. Peut-être en attendions-nous trop ? Peut-être nous sommes-nous trop vite enthousiasmée devant la proposition de son trailer et cette envie de retrouver un « souffle de vie ».
Présenté à hauteur d’enfant, avec ce qu’il a de plus doux mais aussi de cruel, le regard porté sur les premiers pas de Frida est rude mais aussi extrêmement coloré. Joyeux en de nombreux instants, il n’en oublie pas d’évoquer l’isolement, la solitude mais aussi la fierté. Techniquement parlant, « Hola Frida » est une petite merveille d’animation. Les dessins sont simples mais loin d’être simplistes. Les couleurs sont vives (à l’instar de son art), l’univers mexicain joliment dépeint... Bref, on se rend au Mexique du début du XXème siècle avec autant d’aisance que si on parcourait le « Quelle histoire » qui lui est consacré. L’image est belle, la naïveté, les découvertes et l’amitié le sont tout autant. Et s’ils plantent le décor d’une vie que l’on saura courte mais prolixe, Karine Vézina et André Kadi n’en oublient pas le petit aspect pédagogique et ludique qui rend ce petit film d’animation biographique accessible à tous ! Et pourtant, son thème n’est pas simple à vulgariser. En moins d’une heure, on passe de la joie et les plaisirs de l’enfance au combat contre la vie, un corps qui change, limite, demande d’être réapproprié. Une « patte de poulet » qui fait l’objet de moqueries mais aussi de rejet. Pour autant, « Hola Frida » n’est jamais pessimiste mais se veut résolument positif. Il respire la vie, l’amitié, la découverte de l’art, des couleurs (dans l’atelier d’un papa tout aussi fragile), il distille une multitude de touches colorées qui finissent par formé un récit initiatique d’une grande beauté.
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Légende
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