Note du film : 7/10 (par Véronique) Résumé du film : Une saison dans les coulisses de L’Opéra de Paris. Passant de la danse à la musique, tour à tour ironique, léger et cruel, l’Opéra met en scène des passions humaines, et raconte des tranches de vie, au cœur d’une des plus prestigieuses institution lyrique du monde. Avis : Ces derniers temps, nos cinémas nous proposent des documentaires de qualité à la pelle. Après le très joli « Compostelle : le chemin de la vie » ou l’extraordinaire « A voix haute », cet été nous offre une occasion unique de découvrir un autre film : « l’Opéra ». Des réunions des dirigeants aux premières tant attendues en passant par l’accueil de jeunes talents de l’Académie de l’Opéra de Paris, le film de Jean-Stéphane Bron nous entraîne dans les coulisses d’un des hauts lieux culturels de la capitale française. Durant 1h50, nous voilà au cœur des répétitions de « Moïse et Aaron », de ballets ou encore de représentations lyriques de belles envolées. Nous touchons du doigt les décors fabuleux de l’opéra, nous ressentons le stress des artistes, nous campons à côté du personnel menaçant de faire grève… Plus que la présentation des arts et des recoins du grand opéra parisien, c’est la gestion d’un patrimoine culturel, la mise en place d’une saison que nous présent Jean-Stéphane Bron. Forcément, la musique tient une place importante dans ce long métrage instructif. La réalisation est efficace bien que l’on regrette le panel de séquences présentées : aux répétitions se succèdent les discussions des responsables de cette institution pour enfin aboutir à un aperçu, vu des coulisses, des représentations publiques. Le documentaire n’y aurait-il pas gagné en intensité s’il s’était concentré sur un seul de ces points ? L’accès privilégié à cet envers du décor aurait en effet pu être plus percutant. Néanmoins, la découverte du sujet reste agréable et mérite qu’on s’y attarde quelques temps. Des gens de l’ombre à ceux qui brillent dans la lumière (prenons l’exemple de Michael, un jeune russe de 21 ans venu à Paris après une audition remarquée), le documentaire ne semble oublier personne, pas même les médias avides d’exclusivité. « L’opéra » c’est la préparation d’une saison, avec ses hauts et ses bas, ses coupes budgétaires et les susceptibilités de ses artistes. C’est la découverte d’une immense machinerie culturelle et une occasion toute trouvée pour comprendre la genèse d’un spectacle qui cueillera ses spectateurs d’un soir. C’est un hommage à la réussite d’une équipe qui met tout en œuvre pour que le show soit total. Peu distribué, « L’opéra » intriguera les amateurs de danse et de chant mais aussi tous les curieux, envieux d’en savoir un peu plus sur ce monument historique et culturel exceptionnel. Date de sortie en Belgique : 28 juin 2017 Durée du film : 1h50 Genre : Documentaire
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Note du film : 6,5/10 (par Véronique) Résumé du film : The Last Knight fait voler en éclats les mythes au cœur de la franchise Transformers et redéfinit ce que signifie « être un héros ». Humains et Transformers sont en guerre. Optimus Prime n’est plus là… La clé de notre salut est enfouie dans les secrets du passé, dans l’histoire cachée des Transformers sur Terre. Sauver notre monde sera la mission d’une alliance inattendue : Cade Yeager, Bumblebee, un Lord anglais et un professeur d’Oxford. Il arrive un moment, dans la vie de chacun, où l’on se doit de faire la différence. Dans « Transformers : The Last Knight », les victimes deviendront les héros. Les héros deviendront les méchants. Un seul monde survivra : le leur… ou le nôtre. Avis : Fustigé ou apprécié, le dernier volet de la saga robotique de Michael Bay divise. Dans la continuité de ce qu’il a pu nous offrir jusqu’ici, le célèbre réalisateur/producteur nous entraîne une cinquième fois dans un univers démentiel où les effets spéciaux ont une place de choix. Et au vu du générique final, on ne peut être certain que d’une chose… c’est que ce n’est pas prêt de s’arrêter. Mais ce cinquième opus vaut-il le déplacement en salles ? Pour les amateurs du genre, nul doute oui mais pour les quidams dont nous faisons partie ? Etrangement, si nous n’avions jamais côtoyé Optimus Prime et sa clique jusqu’ici, on doit dire que la rencontre du troisième type s’est faite sans heurt. Sans doute parce que nous n’en attendions pas grand-chose, si ce n’est un peu de divertissement et d’action... Abstraction faite des sommités scénaristiques parfois absurdes (de la présence des Transformers à l’époque d’Arthur et de ses chevaliers, au rachat d’un sous-marin de la Deuxième Guerre mondiale pour aller dans les entrailles d’un vaisseau extraterrestre), on peut comprendre que les (jeunes) fans de la saga s’impatientaient de retrouver Cade Yeager (le Mark Wahlberg) et ses autobots. Tourné et pensé pour la 3D, « Transformers : the last night » est assurément à voir en salles avec les fameuses lunettes noires posées sur le nez, si vous le pouvez. Très beau visuellement (les effets spéciaux valent vraiment le détour), le spectacle est total et nous en met plein les yeux durant plus de deux heures. Mais si la forme y est, assurément, qu’en est-il du fond ? C’est vrai que si l’on détricote le scénario, on peut franchement pester dans son fauteuil. Mais puisque nous sommes entrés de notre plein gré dans un univers où les autobots et les décepticons, démesurément grands, protègent ou combattent de minuscules petits humains, il faut accepter que niveau réalisme on ne puisse pas exiger grand chose. Transformers, c’est du spectacle à l’état brut sur fond de scénario plus ou moins ébauché. Niveau cohérence, c’est vrai qu’on peut repasser, jugez plutôt. Cade Yeager s’est donné pour mission de protéger les autobots de la TSF, une police anti-robots. Sous l’influence de Mégatronc, le grand méchant robot, la TSF décide de rassembler un groupe de décepticons pour récupérer une épée magique capable de stopper l’invasion des robots sur notre planète. Sorte de « Suicide Squad » mécanique, la team des méchantes machines va donc combattre les gentils autobots prêts à tout pour sauver la planète, malgré leur statut de persona non grata. Mais c’était sans compter sur l’arrivée d’Optimus Prime, manipulé par une vilaine sorcière… Aidé dans sa quête par un gentil lord anglais (le génial Anthony Hopkins), une belle brune sexy (Laura Haddock) et une jeune inventrice (Isabela Moner), Cade Yeager va tenter de rétablir l’ordre dans un monde devenu chaotique. Mais pour cela, il va devoir traverser l’Atlantique et partir sur les traces des Chevaliers de la Table Ronde… Franchement poussive par moment, l’intrigue du film sonne creux, à l’image d’une carcasse de mecha, abandonnée dans une décharge… mais ne le savions-nous pas déjà en poussant la porte de notre complexe ciné ? Heureusement, à côté de l’histoire affligeante, on trouve des personnages attachants et par moments, franchement drôles. Cogman fait partie de ceux-là ! Cette espèce de C3PO british apporte une bonne partie du potentiel comique du film. Ses répliques sont truculentes, sa relation avec son maître Sir Edmund Burton (un Anthony Hopkins qui semble avoir pris son pied avec son personnage) exquise, bref, il donne véritablement une autre tournure à certains événements. Et puis, il y a Sqweeks, un gentil petit autobot et les héros : Bumblebee, Crosshairs, Drift, Hound ou encore Optimus Prime. On prend aussi plaisir à voir quelques minutes à l’écran un Seymour Simmons (John Turturro) sous le soleil mais bien informé et le lieutenant-colonel William Lennox (Josh Duhamel) présent depuis le premier épisode de la saga. Dans « The last knight », les amateurs de l’univers Transformers retrouveront donc tout ce qu’ils ont aimé et au vu de la réaction des enfants dans la salle, l’intérêt pour cette franchise n’est pas prêt de s’arrêter. Mais pour les autres, ceux qui ne sont acquis à cette cause ? Ils apprécieront sans doute le travail colossal qui a été fait au niveau des effets spéciaux et se laisseront trinqueballer dans cette guerre improbable avec un petit plaisir coupable, sans plus ni moins… Oui ça dépote et oui c’est parfois grotesque mais qu’étions venus chercher d’autre à part un bon gros blockbuster US remplis d’action et de bastons ? Date de sortie en Belgique/France : 28 juin 2017 Durée du film : 2h29 Genre : Action/Science-Fiction Note du film : 9/10 (par Véronique) Résumé du film: Chaque année à l’Université de Saint-Denis se déroule le concours "Eloquentia", qui vise à élire « le meilleur orateur du 93 ». Des étudiants de cette université issus de tout cursus, décident d'y participer et s'y préparent grâce à des professionnels (avocats, slameurs, metteurs en scène...) qui leur enseignent le difficile exercice de la prise de parole en public. Au fil des semaines, ils vont apprendre les ressorts subtils de la rhétorique, et vont s’affirmer, se révéler aux autres, et surtout à eux-mêmes. Munis de ces armes, Leïla, Elhadj, Eddy et les autres, s’affrontent et tentent de remporter ce concours pour devenir « le meilleur orateur du 93 ». Avis : « A voix haute » est un documentaire poignant à côté duquel il serait dommage de passer. Distribué dans une poignée de salles belges, le film de Stéphane de Freitas est rempli d’espoir, d’ambitions, de rencontres. « C’est bien d’écrire mais parler, c’est mieux. Parce que quand tu parles, les gens t’écoutent, te regardent et tu as l’impression que tu peux tout faire. C’est pour ça que je suis là, parce que ça pourrait changer ma vie ». Chaque année, depuis 2013, les jeunes de Seine-Saint-Denis prennent la parole au concours Eloquentia. Après une sélection et une série de finales, le vainqueur est élu par un juré d’avocats, de comédiens et journalistes et devient le meilleur orateur du 93. Pour leur permettre d’y arriver, des jeunes de tous horizons vont suivre des cours durant six semaines afin de se préparer au mieux à ce fameux concours. Concurrents dans un premier temps, ces jeunes adultes constitueront petit à petit un groupe soudé, une « famille » qu’il sera difficile de séparer. Pour leur donner confiance, leur faire acquérir une pensée libre et convaincante, ils peuvent compter sur une équipe d’experts, prêts à tout donner pour faire ressortir le génie rhétorique qui sommeille en chacun d’eux. Parmi eux, il y a l’avocat Bertrand Perier, la metteuse en scène Alexandra Henry, le poète et slameur Loubaki Loussalat ou encore Pierre Derycke, un coach vocal. Et face à ces professeurs exigeants, on trouve des « élèves » généreux dans la parole, dans les confidences et dans les actes, des jeunes excessivement motivés et déterminés à donner le meilleur d’eux-mêmes. Au-delà du concours, ce sont donc des belles rencontres humaines que nous permet de faire ce documentaire. On découvre ainsi les intentions de Leïla Alaouf, Syrienne d’origine et combative dans sa cause féminine et multiculturelle ou encore Eddy, un étudiant en théâtre de 20 ans qui fait chaque jour 10 Km à pied pour se rendre à la gare la plus proche et gagner Paris. Trois heures de trajet durant lesquelles il fait le vide, trois heures durant lesquelles il repense à son but ultime: devenir acteur ! D’où qu’ils viennent, quelles que soient leurs origines culturelles ou économiques, ces jeunes orateurs sont tous très touchants et sont sublimés par le réalisateur. Essentiellement grâce à des témoignages poignants et authentiques qui permettent d’aborder leurs contextes personnels, leurs ressentis, leurs fiertés mais aussi leurs déceptions. « A voix haute » est également l’occasion de mettre à mal les clichés que certains ont sur les jeunes de banlieue et montre que ces immigrés ou enfants d’immigrés ont un intérêt certain pour la culture, la littérature française, qu’ils possèdent un vocabulaire riche et que plus que tout, ils veulent s’exprimer et défendre les valeurs de la nation qui les ont « adoptés ». Très scénarisé et presque chorégraphié, le documentaire n’est cependant qu’un instantané de vie, une immersion de quelques mois dans un apprentissage audacieux et exigeant, dans un quotidien fait d’écriture, de débats, d’échanges et de progression. Le sujet est profond et on ne peut que s’impliquer dans sa vision. Intéressant et prenant, on ne lâche pas le documentaire une seule seconde à tel point que le temps file sans qu’on le voit passer. Bien sûr, il y a cette accélération dans la deuxième moitié du film, où on entre vraiment dans la compétition après une rude préparation, mais malgré cela, la lassitude n’a jamais été au rendez-vous, que du contraire. De leur arrivée à cette finale tant convoitée, on a cheminé aux côtés de ces formidables speakers avec un plaisir certain. Forcément on s’attache à chacun d’entre eux, tout en sachant que parmi les 110 candidats reçus aux éliminatoire, seul un sortira vainqueur d’Eloquentia. Véritable coup de projecteur sur un concours « hors norme » et sur des projets de vie admirables, « A voix haute » fait assurément partie des grands documentaires de cette année 2017. A voir si vous le pouvez car il est malheureusement trop peu distribué… Date de sortie en Belgique : 28 juin 2017 Date de sortie en France : 12 avril 2017 Durée du film : 1h38 Genre : Documentaire Note du film : 7/10 (par Véronique) Résumé du film : Alors que le monde est en proie à une menace terrifiante, un homme vit reclus dans sa propriété totalement isolée avec sa femme et son fils. Quand une famille aux abois cherche refuge dans sa propre maison, le fragile équilibre qu'il a mis en place est soudain bouleversé. Avis : Si vous pensiez assister à une démonstration d’horreur dans sa forme la plus pure, détrompez-vous. « It comes at night » est avant tout un thriller prenant, sur fond de pandémie inconnue, attisant la méfiance de quelques survivants. Le film de Terry Edward Shults (jeune réalisateur de 29 ans, qui n’en est qu’à son deuxième long-métrage après « Krisha »), ne manque cependant pas d’intérêt en soi : une atmosphère tendue grâce à une jolie maîtrise de la réalisation, un casting à la hauteur malgré un scénario un peu top en retenue, « It comes at night » interroge, joue avec les interprétations de ses spectateurs, avec leurs peurs, leurs attentes et leurs théories explicatives. Laissant la porte ouverte sur des « peut-être », il nous laisse un peu sur notre faim sans que cela ne nous déplaise vraiment. En effet, grâce à ce questionnement permanent, chacun peut y aller de son commentaire et donner un sens à ce qu’il vient de voir sans savoir s’il tient le bon bout ou s’il est passé à côté de l’essentiel. C’est d’ailleurs ce qui rend la présentation du pitch difficile. Comment en parler sans révéler quelques éléments clés ? Tout ce que l’on peut en dire, c’est que la rencontre de deux familles dans un milieu hostile ne peut forcément qu’aboutir sur de la méfiance et une paranoïa croissante… surtout lorsque les mensonges sont au rendez-vous. La tension palpable des débuts grandit petit à petit et finit par prendre une place prépondérante au point d’altérer les bonnes relations mises en place difficilement. Interdit au moins de 12 ans, le film est finalement peu impressionnant (à l’exception faite de quelques scènes écœurantes mais fugaces) et décevra les spectateurs avides d’émotions fortes, attirés par ce surtitre vendeur: « Un chef-d’œuvre de l’horreur ». On se questionne d’ailleurs toujours sur e choix de mettre ce film dans cette catégorie tant les manifestations « inquiétantes » sont anecdotiques. Suggérés, les effets de surprise se font attendre et jouent avec les nerfs des cinéphiles venus chercher quelques frissons dans la chaleur de ce début d’été. L’intérêt de « It comes at night » réside donc surtout dans son ambiance oppressante tout autant que dans la prestation impeccable de ses acteurs. L’excellent acteur/réalisateur Joël Edgerton, Christopher Abbott (qui a révélé tout son talent dans le mémorable « James White »), Carmen Ejogo, Riley Keough ou encore le jeune Kelvin Harrison Jr assurent dans les rôles délicats et tendus qui leur sont confiés. Bon thriller psychologique, « It comes at night » désenchantera tout ceux qui s’attendaient à découvrir le film d’horreur de l’été. Pour cela, on leur conseille d’attendre « Annabelle 2 » ou « I Wish » et de passer leur chemin. Par contre, les amateurs de film d’auteur tels que « The witch », « It follows » ou encore « 10, Cloverfield Lane » y trouveront un intérêt certain. Pour notre part, nous avons apprécié l’expérience mais pas au point de vous le recommander et d'en sortir bouleversés. Date de sortie en Belgique : 28 juin 2017 Date de sortie en France : 21 juin 2017 Durée du film : 1h37 Genre : Thriller Note du film : 7/10 (par Véronique) Résumé du film : Le pèlerinage de Compostelle est une expérience qui attire de plus en plus chaque année. Le pèlerin est amené à dépasser ses limites et se confronter à lui-même et à son environnement. Les épreuves sont physiques mais surtout intérieures. Le réalisateur a suivi pendant 3 ans le parcours de plusieurs pèlerins. Aucun de leur chemin n’est identique. Etape après étape un nouveau rythme de vie s’installe, le chemin offre de nouvelles perceptions. Les contacts répétés avec la nature, les éléments et les autres pèlerins replacent chaque personnalité à juste place. L’alchimie du chemin opère peu à peu. Quand le pèlerin arrive enfin au terme de son périple, au cap Finistère, il brûle ses anciens vêtements face au soleil couchant. Le vieil homme disparaît pour faire naître l’homme nouveau Avis : Étonnamment, « Compostelle, le chemin de la vie », ne sort que cet été dans quelques salles belges alors que le documentaire de Freddy Mouchard a été distribué en France il y a près de deux ans. Néanmoins, quel que soit le moment de sa première sortie, le film reste une jolie (re)découverte d’un pèlerinage exceptionnel : celui de Compostelle. Ce n’est d’ailleurs pas anodin si le sous-titre du documentaire est « le chemin de la vie », car ce sont en effet des instantanés de vie de différents pèlerins que Freddy Mouchard a captés durant plusieurs années. Il les a compilés et nous les présente avec beaucoup de pudeur et de respect pour le choix de chacun de ses randonneurs suivis entre deux étapes de ce long itinéraire. De Lausanne à l’Espagne, ce sont de multiples villages que l’on aborde à travers l’œil de sa caméra. Installés confortablement dans nos fauteuils, nous suivons les pas de plusieurs pèlerins profanes, avec des buts et des motivations très différentes, des conditions physiques très inégales mais avec une seule et même envie : faire le vide dans sa vie et aller à la rencontre de soi ou de l’autre. Le réalisateur dit d’ailleurs lui-même : « qu’au delà du déplacement physique, je voulais explorer le voyage intérieur de celui qui marche sur une longue période. L’être humain qui arrive au terme de son pèlerinage n’est plus le même que quand il est parti. Comment ce changement s’opère-t-il ? Comment la perception du monde se modifie-t-elle ? Le pèlerin traverse le monde à son rythme et le redécouvre. Il reprend contact avec l’autre parti de lui-même souvent oubliée dans notre mode de vie contemporaine. » Sans jamais les voir face caméra, ces témoins nous relatent les difficultés du grand chemin ou de leur propre vie et cette immense mosaïque de récits se calque sur des images sublimes de la France ou de l’Espagne, des cathédrales aux petits sentiers de pierre déserts. Entrecoupés de dessins, de vidéos de jeux d’enfants, de scènes de marionnettes, ces témoignages interpellent et nous font réfléchir sur nos propres motivations, sur l’envie qui sommeille peut-être en nous de faire de même durant quelques jours, semaines ou mois, qui sait ? Le marcheur (profane ou religieux, qu’importe) trouvera dans ce documentaire, un intérêt certain, peut-être plus qu’un autre par ailleurs. Car il est vrai, le film de Freddy Mouchard peut sembler hermétique tant le sujet est particulièrement précis. Mais pour qui s’y intéresserait un tant soit peu, « Compostelle, le chemin de la vie », invite au voyage et à se poser une petite heure trente, à laisser de côté la « houle » de notre vie quotidienne, juste pour contempler des paysages singuliers, et à se laisser guider par quelques conteurs de tous âges. Instructif, on y découvre aussi les traditions du célèbre pèlerinage, de l’utilité du credencial (précieux petit carnet) au brûlage des vêtements sur la côte espagnole. Maintes fois portée à l’écran ou décrite dans de beaux ouvrages, cette tradition n’a pas fini de passionner les foules de randonneurs en quête de voyage spirituel ou humaniste. Freddy Mouchard y rend un bel hommage par la qualité de ses images et nous conseillons à tous les amateurs de ce genre de documentaire de le suivre sur la route du Camino Frances pour une quête presque initiatique de belle qualité. Date de sortie en Belgique : 21 juin 2017 Durée du film : 1h34 Genre : Documentaire Note du film : 5/10 (par Véronique) Résumé du film : Une bande d'étudiants vient fêter la nouvelle année dans un vieux manoir isolé de tout, même d'internet. Mais peu après leur arrivée, des événements étranges perturbent l'ambiance, avant que la fête ne tourne carrément au cauchemar... Avis : Avec son affiche ultra colorée et les visages effrayés d’une belle palette de Youtubeurs, « Le manoir » de Tony Datis annonçait la venue d’une comédie/parodie des films d’horreur version « Scary Movie ». C’est bel et bien le cas. Original et loufoque, le long-métrage propose une panoplie de références aux films du genre sur fond de répliques osées ou cocasses. Mais alors, pourquoi ce 5/10 ? Tout simplement parce que « Le manoir » s’adresse à un public cible dont nous ne faisons plus partie… De plus, mis à part Natoo et Jérôme Niel (Des « Tutos » de Canal +), nous découvrons pour la première fois ces fameux youtubeurs connus de tous… mais pas de nous ! Difficile alors d’entrer véritablement dans cet univers burlesque où, il est vrai, quelques bonnes idées foisonnent. Tony Datis est un habitué des clips musicaux : Katy Perry, Maître Gims, Skrillex ou encore Soprano sont autant d’artistes qu’il a mis en lumière à travers sa caméra. Avec son premier long-métrage, le jeune réalisateur parvient à offrir une réalisation très maîtrisée que beaucoup pourraient lui envier. Mais pour le reste ? Le scénario, co-écrit par Jurij Prette. Marc Jarousseau (Kemar), Dominique Gauriaud et Bernardo Barilli est plutôt classique. Sous ses petits airs de « Until Dawn » (le jeu vidéo où vous décidez du sort de vos héros), l’histoire mixe tout ce que l’on peut trouver dans les films d’horreur… de façon totalement décalée. Trash par moment, franchement vulgaire à d’autres, le film ne s’adresse finalement pas au public cible de ces youtubeurs vedettes – les adolescents de 14-16 ans- mais plutôt aux adulescents… et encore ! Tourné dans un manoir situé à quelques kilomètres de Bruxelles, le film est surtout un joli délire de potes qui, à ne pas en douter, ont pris un plaisir certain à incarner des personnages stéréotypés et excessifs. Parmi ces stars du web, vous reconnaîtrez ainsi Marc Jarousseau (Kemar), Nathalie Odzierejko (Natoo) , Yvick Letexier (Mister V), Ludovik Day, Vanessa Guide, Delphine Baril, Lila Lacombe et Baptiste Lorber. Mention spéciale à Drazik (Vincent Tirel), personnage constamment drôle et presque touchant. Cette version des « Dix petits nègres » revisité fait la part belle à l’imagerie du genre : hibou, corbeaux, manoir démesuré, brume, monstre tueur effrayant, décapitation, tout y est ! La tension s’installe très vite, les suspicions abondent oui mais…. n’oublions pas que nous sommes dans une comédie et que toutes les morts horribles qui s’abattront sur la joyeuse bande seront très vite tournées au ridicule. Plutôt adapté aux séances des « Fêtes du cinéma » qui auront lieu dans quelques jours, « Le manoir » déconcerte, ne déplait pas mais s’adresse à un public relativement restreint. Si vous cherchez une parodie lourdingue remplie de youtubeurs en mode délire, le film est pour vous. Si par contre, vous n’êtes pas de ce petit trip là, nous vous conseillons d’attendre une sortie VOD ou télé et de passer votre route. A bon entendeur… Date de sortie en Belgique/France : 21 juin 2018 Durée du film : 1h36 Genre: Comédie Note du film : 6,5/10 (par Véronique) Résumé du film : Avant d'être Wonder Woman, elle s'appelait Diana, princesse des Amazones, entraînée pour être une guerrière impossible à conquérir. Elle est élevée sur une île isolée et paradisiaque, mais lorsqu'un pilote américain s'écrase sur leur rivage et annonce qu'un conflit à grande échelle fait rage dans le monde, Diana quitte son foyer, convaincue qu'elle doit arrêter cette menace. Combattant aux côtés de cet homme et des siens pour mettre fin à cette guerre et à toutes les guerres, Diana découvre ses vrais pouvoirs... Et son véritable destin. Avis : Précédée d’une très belle réputation outre-Atlantique, elle a débarqué dans nos salles depuis quelques jours en « avant-premières » (mais en sont-ce vraiment vu le nombre de séances prévues avant sa sortie officielle du… 21 juin ?!). Avec son regard sombre et sa tenue jupette volante, elle est bien moins commode qu’elle n’y parait. Qui est-elle ? Wonder Woman pardi! On savait depuis l’indigeste « Batman V Superman » que Gal Gadot prêterait ses traits à miss DC Comics. La petite mallette Wayne Entreprise des premières minutes du film est d’ailleurs là pour nous rappeler que « Wonder Woman » n’est que le début d’une longue collaboration avec Bruce/Bat, mise en place dans le film de Zack Snyder. Le choix de Gal Gadot semblait donc judicieux et à la sortie de ces deux heures vingt d’action, force est de constater que l’actrice israélienne était taillée pour ce costume. Vue dans la saga « Fast and Furious » (où elle incarnait Gisele Harabo), la trentenaire a retroussé ses manches et a donné de sa personne pour faire vivre l’héroïne créée par William Moulton Marston dans les années 1940. En effet, l’actrice israëlienne a suivi un entraînement intensif pour maîtriser toutes les compétences de son personnage : équitation, arts martiaux, escrime, tir à l’arc, son programme donnerait presque le tournis. Si la belle brune n’a jamais vraiment pris la poussière (merci à Lynda Carter de l’avoir fait vivre durant plus de trois ans sur les petits écrans), Gal Gadot lui donne du punch et un charisme véritablement appréciables. Wonder Woman est certes le personnage central du film et celle qui crève incontestablement l’écran (avec ou sans lunette 3D par ailleurs) mais elle n’est pas la seule à évoluer dans cette histoire nostalgique. Diana Prince ne serait pas devenue celle qu’elle est aujourd’hui, si elle n’avait pas été éduquée à la spartiate par Antiope (Robin Wright) et élevée dans la légende des dieux par sa mère Hippolyte (Connie Nielsen). Alors, quand la princesse des Amazones, dont la mission est de protéger les humains de la violence, voit débarquer le « soldat » Steve Trevor (Chris Pine) sur son île et qu’il l’informe qu’une guerre mondiale fait rage, elle n’a qu’une seule obsession : sauver le monde. “Si personne ne peut défendre le monde, alors je le ferai! » Tout est dit, non ? On vous épargne la présentation des grands méchants de l’histoire, de l’intrigue générale et de différents méandres scénaristiques pour livrer notre impression plus générale. Bien mieux que « Batman V Superman » (mais est-ce si difficile de nous le faire oublier ?) et un cran au dessus du décevant « Suicide Squad », « Wonder Woman » reste néanmoins un film (très) bavard. Les deux heures vingt du film se font réellement sentir et nous ne pouvons nous empêcher de jeter un œil à notre montre entre deux petites scènes d’action, bien trop rares à notre goût. Car oui, si vous vous attendiez à un bon film d’action qui dépote, il faudra prendre votre mal en patience et attendre le dernier quart du film pour prendre votre pied. Quelques mises en bouche nous permettrons de découvrir l’étendue du potentiel de la miss mais ce n’est rien comparé à ce que l’on pouvait attendre du film. Côté scénario, il faut faire abstraction de la rationalité et se rappeler que nous sommes dans un film adapté d’une bande dessinée pour entrer totalement dans l’histoire de Diana. Belle genèse de l’héroïne, « Wonder Woman » n’est finalement là que pour planter le (très joli) décor de ses futures aventures. Et qui d’autre qu’une réalisatrice pour mettre en scène les péripéties de cette belle amazone ? Après un désaccord concernant la suite de Thor qu’elle devait mettre en scène, voilà que Patricia (Patty) Jenkins (qui avait réalisé le remarquable « Monster ») prend les choses en main pour redresser un peu la barre d’une licence en perdition depuis quelques années. Pari réussi donc ? En partie oui… Côté positif, on retiendra le très bon casting (des rôles principaux aux plus secondaires) et la très belle photographie de Matthew Jensen, magnifiée par des jeux de lumière admirables. L'imagerie historique (de l'"Antiquité" et des années 1910), les références picturales (à Jacques Louis David ou Michel Ange) lors du récit de la création de Themiscyra et les décors sublimes valent sincèrement leur pesant d'or mais pour le reste? Pour ce qui est de nos regrets, on insistera à nouveau sur les scènes d’action trop timides ainsi que sur le scénario (écrit en partie par Zack Snyder) trop « installant » et très bavard (aux dialogues inconstants). Les petites touches d'humour, propres à cet univers, ne sont pas franchement drôles et feront plus d'un flop. Idem pour les réflexions de Diana lors de ses découvertes du monde "réel". Pour casser le mythe, il n'y a pas pire. Heureusement pour elle, les petites scènes de baston redorera le blason de l'héroïne à quelques reprises ... Enfin, côté musique, rien de bien percutant non plus. Ruper Gregson- Williams ne fait pas ressortir de thème mémorable et c’est bien dommage. Que retenir de cette vision de « Wonder Woman » au final? Que le film de Patty Jenkins constitue un bon prequel à une suite de films plus punchy mais qu’après l’avoir vu une fois (et à moins d’être un vrai mordu de l’univers DC Comics), nous passerons bien vite à autre chose et espérons toujours voir une adaptation prenante débarquer sur nos écrans. Sceptique quant à l’engouement que le film a connu chez nos voisins ou aux USA, on se dit que c’est peut-être parce que nous sommes finalement, assez hermétique aux derniers adaptations comics... Oh, encore une petite chose… le générique final à beau être bien joli dans un premier temps, pas de scène post-générique en vue, autant épargner quelques minutes d’attente pour… rien. Date de sortie en France : 7 juin 2017 Date de sortie en Belgique : 21 juin 2017 Durée du film : 2h21 Genre : Aventure/action Note du film : 7/10 (par Véronique) Résumé du film : Chloé, une jeune femme fragile et dépressive, entreprend une psychothérapie et tombe amoureuse de son psy, Paul. Quelques mois plus tard, ils s'installent ensemble, mais elle découvre que son amant lui a caché une partie de son identité. Avis : Depuis sa présentation au Festival de Cannes, « L’amant double » de François Ozon a beaucoup fait parler de lui. Controversé, le dernier long-métrage du réalisateur français intrigue, choque, surprend, plait,… qu’importe le sentiment qui naît, il ne laisse personne indifférent. Et à raison ! Avec sa thématique particulière, sa sensualité et ses scènes érotiques, Ozon montre une fois de plus qu’il est capable de nous faire entrer dans un univers radicalement différent de ses films précédents sans nous lâcher la main car dès les premières minutes, nous comprenons qu’il sera difficile de sortir de ce film et de détourner notre attention. Adapté du roman « L’amour en double » de Rosamond Smith (paru sous le titre original de « The live of twins », très suggestif par ailleurs), son dernier long-métrage ne cessera de jouer avec les illusions, la vérité, le rêve ou le fantasme. Où est la part de réalité ? Qui sont vraiment Chloé et Paul ? Louis ou… stop ! N’en dévoilons pas trop non plus… L’intérêt principal de « L’amant double » est justement de s’interroger sur le rôle ou la place de chacun, des liens qui unissent tous les personnages du film, du plus insignifiant au plus emblématique. Difficile aussi d’évoquer la trame générale de l’histoire sans dévoiler quelque surprise que ce soit, votre expérience cinématographique n’aura de sens et ne sera totale que si elle est vierge de toute explication ou supposition. C’est peut-être cela qui frustrera certains spectateurs… avancer à tâtons dans un thriller psychologique intense où nos hypothèses sont mises à mal. Ou ce qui décuplera le plaisir des autres qui aiment se faire ballotter ou surprendre et qui n’auront qu’une hâte, revoir cette histoire démentielle et la cerner un peu plus. Bien sûr, certaines scènes érotiques sont parfois déroutantes (ou dérangeantes ?) et on comprend qu’elles aient soulevé quelques vives réactions mais peut-on résumer le dernier film d’Ozon à une mise en scène d’une sexualité torride voire exaltée ? Loin de là ! Quid de la gémellité (parfois parasite)? Des quêtes d’identité ? Du travail esthétique incroyable qui vient ajouter une dimension sensationnelle (nous insistons ici sur le mot sens) à cette histoire hors norme ? Car Ozon a le mérite de se renouveler à chaque film, à changer de genre, de castings, de sujets, d’ambiance tout en gardant un cap précieux, celui d’une réalisation impeccable et toujours ajustée à son propos. Avec « L’amant double », il s’appuie sur les images de Manu Dacosse et joue avec les effets (de miroir) et les plans, donnant une forme artistique appréciable à un sujet tendu. Et au-delà de ce travail d’orfèvre, il y a la prestation magistrale (n’ayons pas peur des mots) de Jérémie Renier et de Marine Vacth, qui n’en sont d’ailleurs pas leur première collaboration avec François Ozon. Lui parvient à doter ses deux personnages d’un charisme évident, parvenant tantôt à nous séduire, tantôt à nous inquiéter sérieusement, nous rassurant dans une scène, nous tétanisant dans une autre. Sa palette d’interprétation s’accorde à merveille aux caractères de Paul et Louis et nous applaudissons chaleureusement son incroyable performance ! Marine Vacth n’est pas en reste et nous bluffe par sa prestance, ses regards et son jeu éloquent. Ses confidences faites à ses psys, ses questionnements, ses introspections donnent du corps à cette intrigue aux multiples facettes… Ozon n’aurait pas su tomber mieux pour incarner une « Chloé » si désarçonnante. Comme le dit le cinéaste lui-même : « Le secret est en elle, elle en cherche la clef et on l’accompagne dans son enquête. On entre dans sa tête, ses fantasmes, son ventre... » Pari réussi, on y croit, on le vit et on en sort forcément un peu étourdi. Oui, nous sommes acquis à la cause de François Ozon et apprécions très fortement son univers cinématographique. Oui, nous attendions « l’Amant double » de pied ferme et avons apprécié entrer dans la vie de Chloé l’espace d’un instant, non par voyeurisme mais par « curiosité ». Mais nous avons aussi été désappointés voire décontenancés par certains choix scénaristiques, certains dialogues franchement crus et certaines scènes dispensables tant le climax mis en place suffisait à lui-même. Néanmoins, le film continue de nous poursuivre après sa vision, nous interpelle et nous donne deux réelles envies : celle de revoir le film et d’en cerner un peu mieux les mécanismes et celle de nous plonger dans l’univers de Rosamond Smith (Joyce Carol Oates de son vrai nom) Date de sortie en Belgique : 14 juin 2017 Durée du film : 1h47 Genre : Thriller (psychologique) Note du film : 6/10 (par Véronique) Résumé du film : Thomas, trentenaire, est ingénieur du son. Sa passion : réaliser des portraits sonores. Figé dans le souvenir d’une liaison amoureuse, il vit reclus dans son studio d’enregistrement. Quand Amina, jeune femme solaire, s'impose dans sa vie et livre son histoire, elle apparait comme un sujet de portrait rêvé. Pour savoir qui elle est vraiment, Thomas devra tendre son micro, de la banlieue au Maroc, et réapprendre à écouter. Avis : Présenté dans le cadre du FIFF 2016, « Sonar » de Jean-Philippe Martin sort à présent dans nos salles. Atypique, son premier long-métrage nous fait vivre une expérience inédite où le son prend le dessus sur l’image bien que… Avec sa photographie superbe et sa réalisation maîtrisée, « Sonar » est assurément un très beau film. Mais si la forme vaut véritablement le déplacement, le fond, lui, manque parfois de consistance. Lent, le film de Jean-Philippe Martin nous présente l’histoire d’Amina (Eminé Meyrem) et de Thomas (Baptiste Sornin), deux étrangers qui apprennent à se connaître après un petit incident. Après quelques jours de complicité, Amina livre une partie de son passé au micro de Thomas avant de disparaître… Obstiné à vouloir poursuivre le portrait sonore de la jeune femme, il se lance sur ses traces avec, pour seuls indices, son nom, son âge et un bref condensé de son passé trouble. A travers elle, Thomas réapprendra à vivre et réalisera de belles rencontres humaines, celles de son entourage français et marocains. De vérités en mensonges, Thomas remontera le fil de la vie de cette femme forte et tendra son micro à qui acceptera de lui parler. Faire témoigner les gens, ouvrir leur cœur, et enregistrer leurs confidences devient la seule occupation de l’ingénieur du son. Et grâce à cette enquête, Thomas ne met-il pas en place une sorte de rédemption par procuration ? Depuis sa rupture amoureuse, Thomas percevait la vie à travers sa perche, son micro et ses écouteurs mais avec la rencontre d’Amina, il s’ouvre sur le monde extérieur, voyage dans le monde mais aussi dans sa propre vie et revient transformé de sa quête de vérité. Comme l’indique son titre (et son affiche magnifique) « Sonar » accorde une grande importance au son. Celui de Félix Blume et Fred Meert est un formidable canal de transmission des sentiments enfouis (il faut dire qu’avec cette thématique, il aurait été dommage de ne pas y accorder une telle importance). Sublimant les confidences de chaque personnage du film, la bande son vient régulièrement apporter sa petite piqûre de rappel et nous transporte dans les émotions des uns et des autres. Jean-Philippe Martin en dit d’ailleurs qu’il était « complexe et passionnant. C’était l’enjeu du film de rendre le son visuel mais je ne voulais pas être dans la figure, je ne voulais surtout pas tomber dans la démonstration et j’ai eu la chance de travailler avec les bonnes personnes pour me guider. […] J’étais bien entouré et, pendant toute la période, aussi investi et noyé dans les sons que Thomas. C’était fou à gérer mais vraiment captivant. Je voulais de la richesse sonore, j’ai été servi! » De bons comédiens, de belles images, un son extrêmement travaillé, nombreuses sont les qualités de « Sonar ». Malheureusement, nous regrettons la lenteur et le manque de dynamisme scénaristique dont il fait preuve. Belle immersion dans un cinéma inhabituel, le film de Jean-Philippe Martin est une expérience que certains spectateurs prendront peut-être plaisir de découvrir. Date de sortie en Belgique : 7 juin 2017 Durée du film : 1h45 Genre : Fiction Note du film : 6/10 (par Véronique) Résumé du film : Dans la famille d’Enguerrand, petit garçon adopté d’origine africaine, rien ne se fait comme ailleurs ! Son père, Eliot, assume si peu d’être un père adoptif qu’il bassine son fils à longueur de journée sur ses origines africaines. Pour sa mère, Ava, Eliot en fait trop : trop aimant, trop étouffant… Une nuit, Enguerrand croise le chemin d’un migrant, Kwabéna, à la peau noire comme la sienne. Pour lui, c’est sûr, il s’agit de son père biologique ! Il décide donc de l’héberger dans sa chambre, à la grande surprise de ses parents… De péripéties en rebondissements, l’aventure pourrait bien souder la famille comme jamais. Avis : Avec « Comment j’ai rencontré mon père », Maxime Motte opte pour un film familial bon enfant, tendre et drôle à la fois. Son ouverture donne d’ailleurs très vite le ton : après un générique sympathique et coloré au son d’une musique guillerette suit une scène de chaos total d’une famille tout sauf banale. On le comprend dès les premières minutes, cette histoire peu ordinaire nous entraînera dans 1h30 de folie, de démesure et de bonne humeur. Des pères, il y en a en réalité trois : Eliot, André et… Kwabéna, figure paternelle providentielle venue de la mer et que le jeune Enguerrand attendait impatiemment. En effet, chaque jour, Eliot rappelle à son fils d’adoption qu’il n’est pas son père biologique et lui renvoie des images de personnalités noires pour appuyer cette différence. Loin d’être malveillant, Eliot (le formidable François-Xavier Demaison) ne veut juste pas endosser un « titre » qui ne lui correspond pas. Il faut dire qu’il a lui même été à bonne école avec un père réac et haut en couleurs. Le vieux André (Albert Delpy tient ce rôle jubilatoire) n’a jamais eu sa langue dans sa poche et est expert en conseils foireux. Personnage croustillant et particulièrement drôle, ce grand-père aux mille astuces nous offre des scènes cocasses dont on ne se lasse pas. Si personne ne semble avoir de limites, Ava, elle, est bien obligée de les instaurer. Isabelle Carré, que l’on affectionne particulièrement, tient ici un rôle très différent de ceux qu’elle nous a proposé jusqu’ici, n’hésitant pas à péter les plombs et hausser le ton pour exprimer sa colère et sa déception. Le tandem Demaison/Carré se retrouve d’ailleurs après une première collaboration dans le film « Tellement proches », et montre combien leur complicité est restée intacte après quelques années. Et puis il y a Kwabéna (Diouc Koma, qui a fait un très gros travail d’accent et d’interprétation) ce migrant venu du Ghana pour gagner l’Angleterre et qui, sans comprendre un mot de français, intègre cette famille vacillante. Très vite, une belle complicité naîtra entre Enguerrand (le jeune Owen Kanga) et lui, déjouant les sentiments de l’enfant en quête d’un père de même couleur que lui. Si le titre laisse penser que le film évoquera l’adoption, il ne le fait qu’en brève partie. En effet, les sujets centraux du film seront l’entraide et la complicité qui peuvent naître entre de parfaits inconnus mais aussi entre deux membres d’une famille, qui s’étaient peut-être un peu perdus… Rempli d’une belle tendresse et offrant une photographie intéressante de nuit comme de jour, le premier long métrage de l’acteur Maxime Motte a cependant quelque chose d’artificiel, de très théâtral. La perte de confiance, le mensonge, le laxisme éducatif mais aussi la solidarité envers un immigré sont autant de sujets distillés dans un film où la sobriété aurait gagné à être de mise. On doit le reconnaître, certains excès viennent tarir une idée brillante et font du film une comédie potache peu ajustée à son propos. Édulcoré, drôle et touchant à la fois, « Comment j’ai rencontré mon père » est un film familial qui s’adresse à un large public. Si l’on découvre avec bonheur les membres de la tribu d’Enguerrand (et que l’on retrouve ainsi des acteurs appréciés), on émet une petite réserve sur le ton choisi par le réalisateur et regrette cette légèreté et ce petit manque de stabilité. Date de sortie en Belgique/France : 7 juin 2017 Durée du film : 1h25 Genre : Comédie |
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