"Le gendarme et l'empereur"
un scénario de Richard Balducci
un scénario de Richard Balducci
L’été nous amène à nouveau son lot de rediffusions télévisées. La série cinématographique du « gendarme » ne déroge pas à cette règle puisque s’achève en ce moment sur Club RTL une énième rediffusion du cycle des aventures de Cruchot et de sa brigade de Saint-Tropez. L’occasion pour Ecran et Toile de vous révéler une petite pépite publiée par le Musée de la gendarmerie de Saint-Tropez.
Non, vous ne rêvez pas, il s’agit bel et bien d’un scénario inédit écrit par Richard Balducci (le créateur du gendarme de Saint-Tropez aujourd’hui décédé). Intitulé « Le gendarme et l’empereur », ce scénario devait jeter les bases d’un nouveau film de la série cinématographique immortalisée par Louis de Funès et Michel Galabru. Richard Balducci en avait entamé l’écriture en 1982, année de tournage du « gendarme et les gendarmettes », le dernier film de la série qui est aussi le dernier du réalisateur Jean Girault (décédé durant le tournage) et de Louis de Funès.
Hélas, le destin en a décidé autrement, emportant par un soir brumeux de janvier 1983 le maréchal des logis-chef de Funès vers les contrées du non-retour. Ce qui annihila toute volonté d’adaptation du scénario. Belle initiative du musée que de populariser cette histoire présentée sous la forme d’un livre illustré de 40 pages. Ce livre révèle les grandes lignes de cette épopée et les premiers jets de dialogues. Tout commence par une réflexion à propos de l’état du ciel sur le plan international. La brigade de Saint-Tropez est envoyée sur orbite afin de poser les balises d’une future signalisation qui permettrait de réguler la circulation des engins spatiaux. Rien d’étonnant a priori quand on sait que Cruchot et Gerber ont repoussé sur terre trois ans plus tôt une colonie d’extraterrestres ayant pris leur apparence. |
La situation semble virer au drame quand subitement, la fusée qui transporte les gendarmes se met à tourner dans le sens contraire de la rotation terrestre. Par chance, les hommes atterrissent sains et saufs sur une planète ressemblant étrangement à la terre. Et pour cause, il s’agit bien de la planète bleue mais les pandores ont effectué un bond de près de deux siècles en arrière ! Les voilà plongés au temps de Napoléon, à Waterloo et à l’aube de la célèbre bataille qui entraîna la défaite de l’empereur des Français.
Si la comédie flirte à nouveau avec la science-fiction comme pour le cinquième opus, on imagine ce qu’aurait pu occasionner la rencontre de Cruchot et Bonaparte. La trame scénaristique n’est pas sans rappeler un certain scénario des « Visiteurs » qui sera tourné dix ans plus tard et qui rencontrera le succès que l’on sait. A commencer par la filiation entre Cruchot et son aïeul retrouvé sur le champ de bataille. Les inconditionnels et nostalgiques du « gendarme » découvriront donc par le biais de ce projet ses origines familiales.
L’autre curiosité de ce scénario réside dans la réapparition du personnage de Fougasse. Celui-ci, incarné par Jean Lefebvre dans les quatre premiers films, avait quitté les derniers scénarii au profit de Beaupied (Le gendarme et les extra-terrestres ; Le gendarme et les gendarmettes). Les causes de cette disparition du personnage ne sont aujourd’hui plus secrètes puisqu’il a été révélé que Jean Lefebvre avait eu un différend avec la production, l’acteur principal et le metteur en scène. Ce n’est que bien plus tard qu’il s’était réconcilié avec Louis de Funès. Il n’est donc pas impossible d’imaginer le voir réintégrer la brigade du rire sur ce dernier projet dont l’idée avait été validée par l’acteur principal.
Gerber et Berlicot font bien entendu partie de l’aventure mais on s’étonne de l’absence de Tricard (Guy Grosso) dans le script présenté. Difficile pour autant de tirer des conclusions étant donné l’élaboration sommaire de ce scénario. Un nouveau gendarme répondant au nom de Farinole apparaît quant à lui dans l’intrigue.
Le script mentionne aussi un personnage « ressemblant à Paul Préboist » qui tient la fonction de maréchal-ferrant. L’acteur avait par ailleurs tourné dans « Le gendarme en balade » un rôle de palefrenier et il n’aurait pas été impossible de le revoir au générique de ce film. A la fin du scénario, l’auteur renseigne le nom de Brigitte Bardot dans une apparition furtive. Il plaira aux cinéphiles d’imaginer cette participation aussi fantasmagorique soit-elle du sex-symbol des sixties, ce qui aurait été une première aux côtés de Louis de Funès! Notons néanmoins que l’actrice a arrêté d’initiative sa carrière en 1973 et qu’il aurait sans doute été peu probable de la revoir à l’écran.
Rappelons également qu’un autre scénario du gendarme avait été envisagé suite au succès du « gendarme et les extra-terrestres » (6 280 070 spectateurs, soit le troisième plus gros succès de la « série »). Souvent présenté sous le titre « Le Gendarme et la vengeance des extraterrestres », ce projet avait été élaboré avec l’aide du scénariste Jean Halain, un autre habitué de l’univers de Louis de Funès. Une hypothèse soulève que Louis de Funès aurait renoncé à cette idée après avoir entrepris l’adaptation de « la soupe aux choux ».
En raison d’un manque de consistance de gags, que Richard Balducci et Louis de Funès auraient inévitablement pallié, il faut beaucoup d’imagination au lecteur pour se laisser transporter dans l’univers fictif de ce « gendarme et l’empereur ». Ce ne sont pas les illustrations qui viendront à la rescousse de notre imaginaire. Néanmoins, on ne peut que saluer cette initiative d’avoir fait sortir ce petit joyau de sa vitrine.
Si la comédie flirte à nouveau avec la science-fiction comme pour le cinquième opus, on imagine ce qu’aurait pu occasionner la rencontre de Cruchot et Bonaparte. La trame scénaristique n’est pas sans rappeler un certain scénario des « Visiteurs » qui sera tourné dix ans plus tard et qui rencontrera le succès que l’on sait. A commencer par la filiation entre Cruchot et son aïeul retrouvé sur le champ de bataille. Les inconditionnels et nostalgiques du « gendarme » découvriront donc par le biais de ce projet ses origines familiales.
L’autre curiosité de ce scénario réside dans la réapparition du personnage de Fougasse. Celui-ci, incarné par Jean Lefebvre dans les quatre premiers films, avait quitté les derniers scénarii au profit de Beaupied (Le gendarme et les extra-terrestres ; Le gendarme et les gendarmettes). Les causes de cette disparition du personnage ne sont aujourd’hui plus secrètes puisqu’il a été révélé que Jean Lefebvre avait eu un différend avec la production, l’acteur principal et le metteur en scène. Ce n’est que bien plus tard qu’il s’était réconcilié avec Louis de Funès. Il n’est donc pas impossible d’imaginer le voir réintégrer la brigade du rire sur ce dernier projet dont l’idée avait été validée par l’acteur principal.
Gerber et Berlicot font bien entendu partie de l’aventure mais on s’étonne de l’absence de Tricard (Guy Grosso) dans le script présenté. Difficile pour autant de tirer des conclusions étant donné l’élaboration sommaire de ce scénario. Un nouveau gendarme répondant au nom de Farinole apparaît quant à lui dans l’intrigue.
Le script mentionne aussi un personnage « ressemblant à Paul Préboist » qui tient la fonction de maréchal-ferrant. L’acteur avait par ailleurs tourné dans « Le gendarme en balade » un rôle de palefrenier et il n’aurait pas été impossible de le revoir au générique de ce film. A la fin du scénario, l’auteur renseigne le nom de Brigitte Bardot dans une apparition furtive. Il plaira aux cinéphiles d’imaginer cette participation aussi fantasmagorique soit-elle du sex-symbol des sixties, ce qui aurait été une première aux côtés de Louis de Funès! Notons néanmoins que l’actrice a arrêté d’initiative sa carrière en 1973 et qu’il aurait sans doute été peu probable de la revoir à l’écran.
Rappelons également qu’un autre scénario du gendarme avait été envisagé suite au succès du « gendarme et les extra-terrestres » (6 280 070 spectateurs, soit le troisième plus gros succès de la « série »). Souvent présenté sous le titre « Le Gendarme et la vengeance des extraterrestres », ce projet avait été élaboré avec l’aide du scénariste Jean Halain, un autre habitué de l’univers de Louis de Funès. Une hypothèse soulève que Louis de Funès aurait renoncé à cette idée après avoir entrepris l’adaptation de « la soupe aux choux ».
En raison d’un manque de consistance de gags, que Richard Balducci et Louis de Funès auraient inévitablement pallié, il faut beaucoup d’imagination au lecteur pour se laisser transporter dans l’univers fictif de ce « gendarme et l’empereur ». Ce ne sont pas les illustrations qui viendront à la rescousse de notre imaginaire. Néanmoins, on ne peut que saluer cette initiative d’avoir fait sortir ce petit joyau de sa vitrine.
Thomas Léodet
Journaliste et spécialiste de Louis de Funès