Dans la lignée de ce qui a été entamé par ses prédécesseurs, ce nouveau long-métrage signé Disney n’a d’autres ambitions que de donner une relecture moderne à un animé sorti il y a près de 35 ans. Et s’il ne s’agit pas d’un chef d’œuvre ou d’un film original, on se doit d’écrire que le contrat est rempli et que le ton de son aîné est plutôt respecté. Si le choix de son actrice principale est, pour nous, une tempête dans un verre d’eau, celui de recréer l’univers des océans et l’histoire d’amour entre deux êtres pas si différents était quant à eux contestables. Peu novateur et assez ressemblant à la démarche effectuée avec le copier-coller de « La belle et la bête », cette petite sirène 2.0 n’ajoute rien à ce qui a déjà été fait préalablement, se veut plutôt sage mais également magique pour celles et ceux qui le découvriraient pour la première fois. Sébastien et Eureka sont les faire-valoir sympathiques du film et une réelle source de gags humoristiques alors que Polochon nous touche tout au long du métrage, Ariel et Eric forment un couple sensuel et très amoureux à l’écran, Triton est autoritaire et Ursula on ne peut plus inquiétante, bref, chacun garde ses attributs animés et les exacerbe dans un jeu tantôt cabotin (la palme va à Melissa McCarthy en Ursula), tantôt plus en retenue. Halle Bailey qui est de tous les plans est ultra convaincante et incarne avec naïveté et tendresse une Ariel surprenante alors que Jonah Hauer-King séduit par son regard clair, la gentillesse de son personnage et l’aisance avec laquelle il revêt le costume du prince des mers.
Durée du film : 2h15
Genre : Fantastique Date de sortie en Belgique/France : 24 mai 2023 Titre original : The little mermaid De Rob Marshall – Avec Halle Bailey, Jonah Hauer-King, Javier Bardem, Melissa McCarthy, Daveed Diggs, Jacob Tremblay, Awkwafina
0 Commentaires
Le film de Colm Bairéad est un vrai coup de poing qui nous assomme par sa dureté, son humanité et ses rebondissements émotionnels. C’est un long-métrage faussement pessimiste qui, au terme de son heure trente, convoque en nous une mélancolie tenace et quelques larmes fugaces. C’est un condensé de sentiments contradictoires qui emportent ses spectateurs dans une lenteur jamais pesante et une réalisation totalement maîtrisée. Un must see qui ne laissera pas indifférent et qui nous affectera durablement. Mais que raconte ce « Quiet girl » qui semble être résumé par sa bande annonce ? Le film de Colm Bairéad nous emmène dans le début des années 1980, en Irlande, dans une famille qui, dépassée par les fugues et autres problèmes « pesants » de leur fille, décide de l’envoyer passer un été chez des cousins plus âgés et sans enfant. Marquée par le poids d’un secret qu’elle finira par découvrir, la jeune Caìt gagne peu à peu l’affection de ce couple qu’elle apprivoise chaque jour, s’épanouit, revit et tient enfin la place qui doit être la sienne : celle d’une enfant que l’on protège et a qui on donne de l’intérêt. Mais cette complicité est-elle éphémère ou restera-t-elle ancrée dans la nouvelle vie de la jeune irlandaise ? C’est ce que nous allons découvrir à travers cette très, très jolie adaptation de« Foster » de Claire Keegan, un récit que l’on voudrait lire, ressentir et voir traduire. Si le film est aussi prenant et poignant, c’est sans conteste grâce à l’énorme justesse apportée par son formidable trio de tête : Carrie Crowley et Andrew Bennett du côté des adultes et la jeune Catherine Clinch dont on ne pourra pas oublier l’interprétation exemplaire.
Durée du film : 1h34
Genre : Drame Date de sortie en Belgique : 10 mai 2023 Titre original : An Cailín Ciúin De Colm Bairéad – Avec Catherine Clinch, Carrie Crowley, Andrew Bennett, Michael Patric
Comme si le court-métrage ayant servi de matériau de base n’était plus suffisant pour construire, sur la durée, un objet de fascination filmique qui donne les clés minimales de lecture au spectateur. Oui, comme le héros du film, nous avons perdu nos clés… L’antre de la folie Nous l’écrivions dans notre introduction, s’il est difficile de relater les émotions contradictoires provoquées par un tel film, il nous est impossible de formuler un avis clair sur ce que nous avons vu ! Car pendant près de trois heures, aucune concession n’a été faite par un réalisateur qui a été au bout de sa vision chaotique. Film psychologique par excellence, « Beau is afraid » nous prouve - comme s’il le devait- que Joachin Phoenix est un acteur de génie, parfait dans le rôle d’un homme aux nombreuses fêlures psychologiques! Car durant les trente première minutes, nous suivons son personnage chez lui et plus largement dans son quartier en proie au chaos le plus total !Imaginez une zone de non-droit où vous risquez votre vie à chaque instant et qui n’est absolument pas régi par la raison mais par le non-sens et l’absurde. Imaginez la violence d’un Mad Max ou les quartiers insalubres d’un Judge Dredd où le chaos est la norme. Et en prime, prenez un vieux garçon doux et gentil (ceci n’a rien de péjoratif) prénommé Beau qui a peur de tout y compris de son ombre (et on le comprend après avoir vu l’endroit dans lequel il vit !) Voyage œdipien au centre de la psyché Et pour ne rien arranger, Beau est hypochondriaque mais surtout, il doit se rendre chez sa castratrice de mère en avion. Sauf qu’une succession d’évènements tous plus étranges vont l’amener à revoir ses plans et à affronter ses peurs dans un périple moralement très éprouvant. Oui, Beau devra vivre et affronter un cauchemar éveillé en rencontrant des personnages tous plus étranges les uns que les autres. Mélange de genres, « Beau is afraid » partage de nombreux points communs avec le « Mother! » de Darren Aronofsky. Comme ce dernier, la vision de son auteur jusqu'au-boutiste est abstraite mais aussi hautement symbolique. Le complexe œdipien est inversé, la férocité du monde broie l’individu, tout comme la puissance du collectif présent qui n’aide pas le héros dans sa quête. Pire, tout nous apparait comme déficient, hallucinatoire et véritablement malaisant. D’un point de vue purement technique, le film d’Ari Aster est artistiquement au top grâce à l’utilisation d’effets créatifs originaux pour rendre au mieux sa vision tordue. Car oui, ce périple immense est surtout un dédale psychologique singulier. Finalement, à travers sa mère, Beau est surtout à la recherche de son père dont l’absence lui a pesé toute sa vie. Surréaliste, symbolique et même mythologique, le film se prend hélas les pieds dans le tapis à force de vouloir enchainer les séquences hallucinées et névrosées. Alors que la première heure tient du génie tant la restitution de ce monde fou est dingue, autant la suite du récit, marqué par quelques fulgurances, semble peu à peu imploser sous le poids de sa richesse mal exploitée. Mais le pire est, selon nous, de laisser le spectateur démuni face à un manque d’éléments compréhensibles sur lesquels nous aurions pu nous raccrocher.
Durée du film : 2h59 Genre : Comédie dramatique d’horreur Date de sortie en Belgique : 10 mai 2023 De Ari Aster – Avec Joaquin Phoenix, Parker Posey, Armen Nahapetian et Stephen Henderson
Piège en eau trouble Et si c’est toujours un plaisir de retrouver les folles aventures de Star lord, Gamora, Rocket, Groot, Drax, Nebula et Mantis, cet épisode se détache de ses deux ainés tant il parvient à harmoniser le rire et les larmes à un niveau inédit. Car oui, si l’on rit beaucoup grâce à des séquences absolument hilarantes, les premières minutes mettent en lumière le passé trouble et tellement douloureux de Rocket profondément marqué dans sa chair et dans sa tête. Bien sûr, les acteurs rempilent tous dans leurs rôles iconiques à l’image de Chris Pratt, Zoe Saldana, Bradley Cooper (Rocket), Vin Diesel (Groot), Dave Bautista, Karen Gillan et Pom Klementieff Toujours concernant le casting, celui-ci s’agrandit avec un méchant absolument effroyable incarné par Chukwudi Iwuji, un scientifique fou se prenant pour Dieu et qui torture et décime des animaux pour assouvir ses utopies les plus barrées. Quant à Will Poulter, il prête ses traits pour la première pour la première fois à Adam Warlock. Star(lord) mania Après une introduction forte, les notes de Radiohead (Creep) accompagnent à merveille la mélancolie de Rocket, qui obtient une place centrale en devenant précisément l’enjeu de cette nouvelle aventure! Le film peut se targuer, une fois de plus, de soigner sa bande originale avec des titres qui font du bien aux oreilles. Et nos petites mirettes ne seront pas en reste grâce à la volonté du réalisateur de privilégier les décors naturels. Ainsi, pour les besoins du film, d’énormes plateaux intérieurs ont été construits. Il en va de même pour la ville de Knowhere, le repaire des Gardiens. D’autres cités offrent de véritables identités, parfois surprenantes, à l’image d’un monde organique. Et dans ce cas précis, on se dit que le chef décorateur a été biberonné au « Cinquième élément » de Luc Besson ! Ajoutez à cela de l’humour vraiment bien senti, et comme nous l’évoquions, une vraie émotion et vous trouverez un film à la fois extrêmement touchant et diablement efficace.
Durée du film : 2h30 Genre : Action, Fantastique, Science-fiction Date de sortie en Belgique : 3 mai 2023 De James Gunn - Avec Chris Pratt, Zoe Saldana, Dave Bautista, Will Poulter, Vin Diesel et Bradley Cooper
Vampire, vous avez dit vampire ? D’emblée, l’idée de Robert Kirkman (auteur des BD de « The Walking Dead ») de développer le point de vue de Renfield, le serviteur du Comte qui l’assiste dans son quotidien (et donc pour toutes les tâches morbides) est une très bonne idée ! Et si ce choix s’est opéré de manière discrète au cinéma, le personnage tient le premier rôle ici ! Alors que dans le livre, Renfield croupissait dans un hôpital psychiatrique où il mangeait toutes sortes d’insectes et de petits animaux pour accéder à l’immortalité promise par le seigneur du sang, le film choisit de développer des idées humoristiques pour verser dans la comédie Ainsi, Renfield doit également ingurgiter n’importe quelles petites bestioles afin de gagner un pouvoir surnaturel et se battre tel un super héros dans une ville gangrénée par le crime. Et même si Ryan Ridley succède à Robert Kirkman, alors débordé par d’autres projets, le scénariste s’en sort honorablement en axant sa comédie sanguinaire dans un genre proche du nanar assumé avec beaucoup de second degré où volent les boyaux, les bras et les jambes. Car non, Renfield ne parvient pas à se détacher de l’emprise maléfique de son maître. C’est l’occasion de quelques scènes cocasses comme celle où il se rend dans un groupe à problèmes afin d’écouter et de partager ses propres difficultés. L’humour se mêle aux scènes d’action où le sang pleut littéralement sur des protagonistes, qui hélas, possèdent tous une seule dimension. Il ne faut rien espérer du côté de l’intrigue extrêmement convenue mais le plaisir réside ailleurs. Outre Nicolas Cage qui cabotine pour notre plus grand plaisir, l’acteur Nicholas Hoult (« X-men ») est parfait dans le rôle de l’assistant dépité. Et si ce tandem fonctionne plutôt bien, nous accordons quelques bémols du côté d’une réalisation certes nerveuse mais qui a tendance à favoriser les plans moyens ou gros qui nuisent à la lisibilité générale lors des scènes de bagarres gores.
Durée du film: 1h 33min Genre : Comédie, Epouvante-horreur Date de sortie en Belgique : 10 mai 2023 Date de sortie en France : 31 mai 2023 De Chris McKay – Avec Nicholas Hoult, Nicolas Cage, Awkwafina
Réitérer une telle expérience n’était donc pas chose aisée mais en toute intelligence, la démarche proposée dans leur deuxième long-métrage est toute autre, plus légère quoi qu’axant notre point de vue sur des thèmes parfois douloureux et une réalité particulièrement bien mise en avant : celle de l’organisation d’un ehpad, son quotidien, ses hauts et ses bas. Redorant un peu le blason de ces maisons de retraite si souvent décriées pour leurs manques de moyens matériels ou humains, « Quand tu seras grand » est avant tout un regard inédit sur ce qui se passe lorsque deux générations opposées se croisent sous la contrainte. Evoquant l’oubli de nos aînés et l’abandon de nos têtes blondes, la peur de la mort, le droit au repos, le besoin de soutien, les coupes budgétaires et la surcharge de travail, le dernier film du tandem Bescond/Métayer apporte de la lumière, de la tendresse et de la compassion dans une thématique qui aurait pu être bien plus rude, frontale ou documentaire. A l’instar de « Une jeune fille de 90 ans » (de Valeria Bruni Tedeschi), « Quand tu seras grand » porte un regard bienveillant sur un univers méconnu ou négligé, sur trois générations de Français qui n’attendent qu’une chose : pouvoir échanger, partager, communiquer.
Durée du film : 1h39 Genre : Comédie dramatique Date de sortie en Belgique : 17 mai 2023 De Andréa Bescond et Eric Métayer – Avec Vincent Macaigne, Aïssa Maïga, Marie Gillain et Carole Franck |
Légende
♥ : Coup de coeur ★★★★: Excellent film ★★★: Très bon film ★★: Bon film ★: Passable ○: On en parle? A (re)découvrir: Avril 2023 Mars 2023 Février 2023 Janvier 2023 |