Cela fait de nombreuses années que le couple incarné par George Woodhouse (exceptionnel Michael Fassbender) et Kathryn St. Jean (toute aussi fabuleuse Cate Blanchett) vivent ensemble. Amoureux comme au premier jour, le temps a consolidé leur union malgré un métier dangereux. En effet, manipulant pour des besoins professionnels le mensonge et la dissimulation, le couple d’espions au service de sa Majesté s’apprête à traverser une sacrée zone de turbulences. Lorsqu’ une taupe présente dans leur département vole Ceberus, une arme numérique qui pourrait détruire de nombreuses vies tout le monde s’inquiète d’une utilisation à mauvais escient… Et dans la liste des cinq suspects remises à George, il y aperçoit le nom de sa femme. Pour démasquer l’agent double, il décide alors de réunir ses collègues le temps d’un repas pour les observer, et peut-être, confondre le voleur. Sauf que tous entretiennent des relations avec un autre membre du groupe, ce qui ajoute de la complexité à l’enquête… Fort d’une réelle maitrise technique, le film peut compter sur une très solide mise en scène qui permet de présenter au mieux les lieux (la maison, l’agence), mais aussi les visages et les regards que nous prenons plaisir à scruter dans l’espoir de percevoir une hésitation, un doute. Et comme le casting est excellent, c’est avec un plaisir sincère que nous suivons ce jeu de dupes servi par d’excellents acteurs qui semblent se régaler de leurs dialogues finement écrits. Hélas, il se dégage du film un aspect ultra-sophistiqué à la trop grande complexité. Loin d’être limpide, ce qui nous est donné à voir est volontairement lacunaire et nous avons la désagréable sensation de ne jamais pouvoir trouver le ou les coupables faute d’éléments pertinents donnés aux spectateurs. Il en ressort un aspect nébuleux permanent, qui bien que nous faisant réfléchir, ne nous donne pas assez de clés de lecture pour découvrir ce mystère décidément très épais (et pas totalement à notre portée..).
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Sublime dans sa forme, touchant dans son fond, « Mémoires d’escargot » a, une nouvelle fois, fait mouche et débarque dans nos salles belges ce mercredi. L’occasion de sortir vos mouchoirs et de vous accorder une parenthèse parfois sombre mais tellement bouleversante ! Sous ses faux airs de film familial, « Mémoires d’escargot » choisit un public cible plus adulte pour nous parler de l’enfance, ses traumatismes, ses espoirs, sa naïveté aussi. De la gentillesse qui peut émaner de celles ou ceux qui sont en permanence abusés par les autres, abîmés par la vie mais qui choisissent de voir le meilleur en eux. Véritable film coup de poing, « Mémoires d’escargot » nous écorche le cœur, le fait battre à du cent à l’heure, nous marque au fer rouge, nous touche par sa philosophie, ses dialogues (ou discours en off) tellement justes, sa musique subtile et son animation magnifique. Aussi beau dans la forme que dans son fond, le film d’Adam Eliott nous emporte dès son ouverture et nous fait vivre une heure trente d’aventures tantôt sombres, tantôt réjouissantes, jamais dans la demi-mesure et pourtant, d’une justesse et une pudeur admirables. Façonné en pâte à modeler et usant de technique de stop motion « à l’ancienne », « Mémoires d’un escargot » est résolument moderne, aborde de nombreux sujets très actuels avec finesse et doigté. Précarité, amour inconditionnel, deuil, exploitation des enfants ou des plus influençables, le long-métrage n’omet rien et n’épargne personne, ouvre des portes vers des réflexions, évoquent les violences physiques et psychologiques avec humour, déformation, distance aussi. Mais malgré cela, on tombe en amour devant Gracie et son frère Gilbert mais aussi de Pinkie, une sauveuse qui redonne une impulsion de vie à notre dépressive Gracie. Tourné vers l’avenir (qui se construit au jour le jour), évoquant les tourments du passé et l’empreinte qu’ils peuvent laisser, « Mémoires d’un escargot » est un film mélancolique ancré dans le présent, une petite piqûre de rappel qu’on peut tout, tant qu’on est toujours vivant !
Avis : Comédie déroutante sur la fin de vie, « On ira » est une petite réjouissance française qu’on se plait à suivre le sourire aux lèvres et le cœur serré. Car oui, il est tout à fait possible de joindre le drame et le rire lorsqu’on parle du choix de partir dignement et au moment où on l’entend. Rempli d’une jolie tendresse et de questions délicats, « On ira » est aussi bourré d’humour et de lumière, grâce notamment à ses nombreux qui pro quo mais aussi et surtout au jeu irréprochable de deux de ses acteurs principaux : Hélène Vincent et Pierre Lottin. Terriblement attachant, le personnage incarné par ce dernier (Rudy) est un gentil foireux, attaché à son rat mais aussi aux valeurs familiales de la tribu qu’il va accompagner bien malgré lui. A ses côtés, un fils et une petite fille dans le déni, incapables de se parler mais aussi surtout de se comprendre et de rester dans le rôle qui devrait être le leur. Les rôles sont inversés, la famille dysfonctionne mais ils n’auront jamais autant partagé que lorsqu’ils se retrouvent à l’étroit dans un motorhome ou une voiture publicitaire faisant la promotion d’un cirque. Tout semble too much, trop gros et pourtant, ça matche et ça séduit les spectateurs venus les accompagner jusqu’en Suisse où sonnera une dernière heure. Enfin, comment ne pas s’attendrir devant Marie, octogénaire bien décidée à en finir avec la vie, une grand-mère dévouée qui retrouve un souffle, une pulsion avant le grand final qu’elle a choisi. Comédie familiale, « On ira » est assurément la bonne surprise de cette semaine, un drame humoristique (somme toute classique) qu’on n’avait pas vu venir et à côté duquel il serait dommage de passer.
Comédie d’action menée tambour battant par un Fabrice Lucchini comme on l’aime, le premier long-métrage de Barbara Schulz parvient très dignement à remplir le contrat qu’il s’est fixer : amuser ses spectateurs et les faire voyager dans les recoins de l’Egypte mais aussi et surtout dans les lieux emblématiques de Paris. Si on se garde de révéler les éléments de cette intrigue particulièrement bien ficelée pour vous en laisser toute la surprise, on se doit néanmoins d’écrire que l’on a ressenti beaucoup de plaisir lors de la vision du « Secret de Kheops », tant les énigmes et rebondissements s’inscrivent aisément dans une histoire familiale et archéologique des plus haletantes. Mieux, les lieux et personnages historiques ayant réellement existés, on ne peut que croire à l’absurde histoire qui nous est contée. Sans doute aussi parce que Fabrice Luchini rentre parfaitement dans la peau de cet égyptologue (Christian Robinson) qu’on aimerait tant côtoyer. Touchant, passionnant, drôle et totalement engagé dans sa mission, ce personnage haut en couleurs permet au comédien de trouver une nouvelle jolie identité qu’on ne lui aurait jamais prêtée, la preuve qu’il est véritablement capable de tout jouer ! De belle facture (certes conventionnelle), « Le secret de Kheops » nous a semblé aussi sympathique que « Le mystère Henri Pick » sorti 5 ans plus tôt. Alors non, il n’est pas exempt de défauts mais on s’est régalé des comiques de situation (mention spéciale à Johann Dionnet), de cette petite aventure parisienne haletante, des mini tensions qu’il a distillées tout au long de cette heure trente qu’on n’a jamais vu passer.
Décrire le film « Mickey 17 » n’est pas aisé tant le film part dans toutes les directions ! Mais ce que nous pouvons affirmer, c’est qu’il s’agit d’une étrange fantaisie spatiale à la fois drôle et très cruelle sur fond d’autoritarisme et de transhumanisme, rien que ça! On y suit Mickey Barnes, qui, pour fuir ses problèmes sur Terre, accepte de céder sa vie (littéralement!) à une organisation et de servir de cobaye à différentes expérimentations liée à l’occupation d’une planète lointaine. Considéré comme un simple “remplaçable”, Mickey meurt souvent pour voir ce que le corps humain peut encaisser dans un milieu hostile. Ses morts peuvent parfois prêter à sourire tant la déshumanisation de ces humains-là est grande et à ce petit jeu, Robert Pattinson y est excellent! Conservant ses souvenirs après chaque mort, son personnage se veut à la fois touchant, naïf et, contrairement à beaucoup d’autres, très humain! Mais le pire est bien d’avouer que ce miroir déformant d’une société qui déraille complètement n’est désormais plus tellement éloigné de la nôtre. Il suffit de voir le tandem des personnages joués par Toni Collette et Mark Ruffalo pour s’en convaincre. Ce dernier- mégalomaniaque complètement débile, outrancier et influençable - est une parfaite évocation de Trump. Cabotinant à outrance, on a déjà connu meilleure prestation de l’acteur. Pour autant, serait-ce un film engagé ? Peut-être pas mais il s’agit très certainement d’une caricature de ce que nous sommes déjà en train de vivre… Glauque. Tout dans le film respire, sans avoir pu le savoir lors de l’écriture, la situation que vivent les Etats-Unis avec le duo Trump et Musk au pouvoir : les ambitions colonialistes et la mégalomanie sont au cœur de l’écriture de certains personnages du film. Hélas, « Mickey 17 » est parfois trop poussif dans son humour ou sa vision et perd la nuance pourtant indispensable pour être impactante. Si le film démarre extrêmement bien dans une première partie, la suite ne nous a pas vraiment convaincu tant nous avons eu l’impression d’assister à un gros mélange de films faisant autorité (« Starship Troopers », « Okja » et bien sûr « Moon » pour l’idée du clonage). Il est dommageable que le réalisateur transforme son film en pantalonnade dans sa dernière ligne droite et finit par perdre ses enjeux. Finalement, si « Mickey 17 » possède de très bonnes idées qui sont parfaitement mises en place au début du récit, il se transforme en film schizophrène qui mélange les genres pour se terrer dans un cabotinage moins convaincant. Et pourtant, nous avons ressenti tout l’amour du réalisateur pour le meilleur de l’aspect humain.
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Légende
♥ : Coup de coeur ★★★★: Excellent film ★★★: Très bon film ★★: Bon film ★: Passable ○: On en parle? A découvrir: Février 2025 Janvier 2025 Décembre 2024 |