Poison

Résumé du film : Les retrouvailles émouvantes d’un homme et d’une femme dix ans après que leur enfant ait été tué dans un accident de voiture. Celles-ci ont lieu dans un cimetière, alors que le corps du fils doit être exhumé, des toxines s’étant infiltrées dans le sol où il est enterré…
 
Note du film : Véronique ★★★
 
Avis : « Poison », c’est l’histoire d’un père et d’une mère qui ont perdu leur enfant, Jonas, dans un accident qui lui a couté la vie… Mais la leur aussi. C’est une poignée d’heures qu’on partage à leurs côtés, entre doux souvenirs, reproches, douleur et espoir de se reconstruire.

 C’est un film brut qui montre peu mais dit beaucoup, un film qui se mérite, infuse et continue de nous hanter des jours plus tard, un film fort qui manque d’un petit quelque chose mais fait briller son duo : Tim Roth et Trine Dyrholm.
 
Comment se dire adieu
 
D’adieux, il en est effectivement question dans « Poison ». L’adieu à un fils, qui restera à jamais éternellement jeune, celui d’un couple qui n’a pas résisté au drame, aux souvenirs partagés, à l’amertume de s’être fait quittée. C’est l’adieu à la notion de famille, à tout ce qu’elle ne saura plus jamais vivre. C’est aussi la difficulté d’abandonner une douleur, de poser son cœur, de lâcher un poids, celle d’avancer dans la vie et d’accepter de la vivre sans les autres.
 
En se retrouvant dix ans après l’accident et la perte de leur enfant, Edith et Lucas se parlent enfin, font le point, se jettent au visage les reproches et les non-dits, sortent sonnés d’une rencontre qui n’a pas été celle espérée. Mais comment pourrait-il en être autrement ? En cernant la psychologie et la détresse des personnages, on comprend combien ces deux-là n’ont pas vécu leur deuil de la même manière et on s’identifie, forcément. Sans doute parce que le face à face offert par Trine Dyrholm et Tim Roth est digne d’une masterclass ou parce que derrière la lenteur du film s’installe une réelle profondeur.
 
Ne quittant que très rarement le cimetière et l’église qui le jouxte, on évolue nous aussi dans ce huis clos aéré mais parfois suffocant, dans les émotions fortes et parfaitement portées à l’écran par un minimalisme cinématographique adapté à la situation. 

Théâtral (on n’est pas étonnée d’apprendre qu’il s’agissait d’une adaptation de la pièce « Gif » de Lot Vekemans) mais d’une justesse folle, « Poison » est à apprécier par qui sait où il mettra les pieds. Nous on a aimé, pour son jeu, sa maîtrise émotionnelle et sa fausse simplicité.
 
Drame – 1h26 -  De Désirée Nosbusch  avec Tim Roth et Trine Dyrholm