Résumé du film : Bohemian Rhapsody retrace le destin extraordinaire du groupe Queen et de leur chanteur emblématique Freddie Mercury, qui a défié les stéréotypes, brisé les conventions et révolutionné la musique. Du succès fulgurant de Freddie Mercury à ses excès, risquant la quasi-implosion du groupe, jusqu’à son retour triomphal sur scène lors du concert Live Aid, alors qu’il était frappé par la maladie, découvrez la vie exceptionnelle d’un homme qui continue d’inspirer les outsiders, les rêveurs et tous ceux qui aiment la musique. Note du film : 8/10 (par François) Avis : Selon un sondage commandité par la BBC Two et paru en 2007, Queen est considéré comme étant le « meilleur groupe britannique de tous les temps », devant (excusez du peu) les Beatles et les Rolling Stones ! Il est donc logique que « Bohemian Rhapsody » soit attendu comme le messie par les fans du célèbre groupe et plus généralement par les amateurs de rock ! Et cela tombe plutôt bien car il déferle tel un ouragan sur nos grands écrans. Avec les années 2000, une vague nouvelle s’est abattue au cinéma. Des biopics en tous genres se sont multipliés pour nous faire vivre au plus près des destinées uniques. Aussi, dans le domaine de la chanson, nous avons eu : Elvis, Edith Piaf, Dalida, Cloclo et Johnny Cash (on se souvient encore ému de la performance de Joaquin Phoenix et Reese Witherspoon dans le magnifique « Walk the Line »). En ce sens, l’adaptation au cinéma de Queen était une évidence. Pour autant, on imagine sans mal que les embûches liées à un tel projet devaient être importantes. Mais à ce stade, nous tenons à vous rassurer, le résultat à l’écran est un vrai bonheur pour les yeux et les oreilles ! Play the Game Congédié du tournage à deux semaines de la fin de celui-ci pour « différents artistiques et absences répétées », le polyvalent Brian Singer (« X-Men », « Usual Suspects »), a été remplacé dans la dernière ligne droite par Dexter Fletcher (le monteur de ce film). Fort heureusement, ce changement n’impacte pas ce film ambitieux et parfaitement maitrisé de bout en bout ! D’emblée ce qui nous a interpellé, c’est la ressemblance entre le casting et les membres de la formation ! Rami Malek (« Papillon », « Robot ») est parfait dans son rôle de Freddie Mercury et l’illusion est telle que nous croyons au personnage. L’acteur parvient, avec une facilité déconcertante, à entrer dans la peau de ce personnage haut en couleur ! A l’écran, nous voyons un Freddie marginal cultivant son look extravagant pour capter l’audience et le conquérir définitivement grâce à sa puissance vocale et à son art de la scène. D’ailleurs, de nombreuses séquences font la part belle à l’envie du groupe de captiver et de jouer avec son public ! Et les autres membres du casting ne sont pas en reste ! Bryan May, Roger Taylor et John Deacon doivent être enchantés par le résultat final :ils trouvent en effet de formidables « doubles » avec Gwilym Lee, Ben Hardy et Joseph Mazzello. Les membres originaux du groupe ont d’ailleurs dû batailler ferme pour que le résultat final renvoie au groupe et non uniquement à un hommage appuyé à Freddie Mercury. En cela, l’harmonie de Queen tient à l’ensemble de ses membres et le film est assez nuancé dans son développement pour ne jamais perdre de vue cet objectif. « Bohemian Rhapsody » réhabilite une certaine vérité et même des vérités… tant celle-ci est plurielle. Pour autant, les autres rôles ne sont pas en reste et nous sommes ravis de retrouver à l’écran la charmante Lucy Boynton découverte dans le rafraichissant « Sing Street » et son partenaire de l’époque Aidan Gillen. A Kind of Magic Si « Bohemian Rhapsody » réussit son casting, sa réalisation n’est pas en reste. Jamais nous ne percevons les problèmes liés au tournage. Electrisant les différents moments du groupe depuis ses débuts, le film se clôturera par le fameux concert à vocation humanitaire, donné conjointement à Londres et à Philadelphie le 13 juillet 1985. Pour soulager la famine éthiopienne, « Live Aid » était un défi technique et artistique et « Queen » avait répondu présent, tout comme d’autres chanteurs et musiciens exceptionnels. A la manière d’une rétrospective, nous suivons, durant plus de deux heures, les premiers instants de ce groupe jusqu’à sa consécration et l’annonce de la maladie de son chanteur. Puisque les membres ont participé au projet, il est logique de retrouver de nombreuses anecdotes déjà connues des fans mais peut-être moins du grand public. Avec cet hommage filmé, ce sont les images qui électrifient l’écran et les hauts parleurs du cinéma cracheront les refrains bien connus pour vous entrainer dans votre siège et à fredonner certaines paroles. Souvent, grâce à la photographie exemplaire et à ce fabuleux montage, nous avons eu l’impression d’assister à un magnifique concert et notre plaisir n’en a été que plus grand ! I Want it all (?) Pourtant, même si nous voyons surtout les qualités du long métrage, quelques défauts (mineurs) viennent entacher ce fort beau résultat. A commencer par l’émotion ressentie. Bien sûr, nous sentons la performance mais ressentons finalement peu les émotions procurées par la vie de ce chanteur d’exception. Peut-être par pudeur, ou par choix scénaristiques conflictuels, jamais nous ne sommes touchés par le poids de la solitude de l’extravagant artiste, ou la manière dont le sida a brisé des vies entières à commencer par celle de Freddie. De plus, le film s’arrête en 1986 avec ce fameux concert, mais après se trouvaient d’autres pépites écrites et interprétées avec force par un Mercury qui se savait condamné. Certains choix n’ont peut-être pas été les plus judicieux, ce qui pourrait entraîner chez certains spectateurs la sensation de quelques longueurs ou une fin peut être trop « brutale » lorsque l’on connait la richesse des dernières années du chanteur. Don’t Stop Me Now Au final, les réalisateurs nous ont livré avec « Bohemian Rhapsody » un film haut en couleur et parfaitement maitrisé techniquement. Nous n’avons pas à formuler beaucoup de reproches à ce film tant ses intentions sont louables. Nous sentons bien qu’il réhabilite la mémoire du chanteur mais que ses complices ont également participé au projet afin de faire entendre leurs voix. Hormis certains partis pris dispensables, voir ce film sur grand écran devrait raviver les écoutes de « Queen » dans les chaumières ! D’ailleurs, nous avons déjà ressorti les « Greatest Hits » pour accompagner l’événement en salle. Et au vu du résultat final, nous nous interrogeons : à quand un biopic sur Michael Jackson ? Date de sortie en Belgique/France : 31 octobre 2018 Durée du film : 2h15 Genre : Biopic
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Résumé du film : Pendant la guerre froide, entre la Pologne stalinienne et le Paris bohème des années 1950, un musicien épris de liberté et une jeune chanteuse passionnée vivent un amour impossible dans une époque impossible Note du film : 9/10 (par Véronique) Avis : Ode à l’amour suspendu dans le temps, rendu impossible par l’Histoire qui se joue des deux amants, « Cold war » est aussi beau par son esthétisme que par ses sentiments. Quand Robert Doisneau rencontre Roméo et Juliette, cela donne l’histoire enivrante de Zula et Wiktor, deux amants dont la romance n’épouse jamais vraiment le rythme du métronome de leurs sentiments. Portés par les chants slaves traditionnels, le travail et la détermination de ces jeunes polonais qui se battent contre eux-mêmes pour donner la meilleure des performances (et ainsi gagner un peu de reconnaissance) nous nous évadons, partons à la découverte d’une Pologne des années 50 que l’on connaît finalement si peu. Pour cristalliser la dureté et l’absence de liberté de l’époque sur la pellicule, nous assistons à la naissance d’une douce romance en pleine Guerre froide avec tout ce que cela peut engendrer comme difficultés, secrets pour que rien ni personne ne puisse l’empêcher. Elle est jeune, sensuelle, remplie de talent. Il est plus âgé, déterminé et très doué. Cet amour, né dans la légèreté de la musique, est bien sûr illégal et controversé mais aussi à l’image de deux générations qui n’ont pas toujours les mêmes rêves à concrétiser. Leur éducation et leur milieu, leur statut et leur histoire sont autant de barrières qui se dressent devant Wiktor et Zula comme celles qui séparent l’Europe de l’Est et son pouvoir communiste d’après-guerre de l’Ouest où l’art et la liberté peuvent vivre des jours heureux. Couronné du Prix de la Mise en scène à Cannes et du Meilleur Film au Festival de Gand, « Cold War » est un petit bijou cinématographique qui brille à travers sa photographie en noir et blanc et offre une intensité émotive comme on en vit rarement. Avec son nouveau long-métrage, Paweł Pawlikowski capte une fois de plus l’intensité des regards, des histoires individuelles et collectives, nous livre des émotions diverses avec pudeur et mais toujours la même perspicacité. Tout est précis et fluide dans son cinéma, et, comme les mouvements des danseurs de sa troupe, glisse sur notre grand écran pour que le spectacle soit total. Comme les diapositives d’une histoire de plusieurs années, condensées et projetées sur une toile aussi grande que le film dont elles font l’objet, les séquences qui composent la partition de « Cold War » se succèdent, nous faisant croire à cette romance en monochrome (inspirée de celle des parents du cinéaste). On s’attriste des séparations et on s’émeut des retrouvailles, on virevolte avec la troupe folklorique créée par Wiktor et Irena et on s’enthousiasme de voir leur réussite grandir jour après jour, au contraire de cet amour qui ne peut éclater au grand jour. Le temps marque ses empreintes sur le visage de ces deux amants que sont Zula et Wiktor, les embellissant ou au contraire, les creusant par les affres du passé et des obstacles rencontrés et on se met à espérer, à croire au possible ou à un dénouement heureux. Tout cela n’aurait sans doute pas été possible sans la performance sans faille de Joanna Kulig et Tomasz Kot et sans le choix réitéré de nous proposer une vision monochrome où la musique et la photographique occupent une place de premier rang. On oublie d’ailleurs très vite le format quatre tiers qui nous est proposé et élargissons notre vision à celle de Pawlikowski, épousant son univers artistique avec délice, pour peu qu’on soit prêt à se libérer et y adhérer. Oui, « Cold War » nous a fait voyager dans le temps, dans l’espace, dans les émotions de ses héros attachants et oui, pour nous, le film du réalisateur polonais a bien évidemment toute sa place dans notre palmarès des films marquants de cette année 2018 où rares sont les petites pépites qui sont parvenues à autant nous éblouir de leur beauté. Date de sortie en Belgique : 31 octobre 2018 Date de sortie en France : 24 octobre Durée du film : 1h24 Genre : Drame Titre original : Zimna wojna Résumé du film : Yvonne jeune inspectrice de police, découvre que son mari, le capitaine Santi, héros local tombé au combat, n’était pas le flic courageux et intègre qu’elle croyait mais un véritable ripou. Déterminée à réparer les torts commis par ce dernier, elle va croiser le chemin d’Antoine injustement incarcéré par Santi pendant huit longues années. Une rencontre inattendue et folle qui va dynamiter leurs vies à tous les deux Note du film : 6/10 (par Véronique) Avis : Comédie burlesque réinventée, « En liberté ! » de Pierre Salvadori est un film punchy où se mêle drame, humour, caricatures et running gag. Porté par un casting homogène dans lequel on retrouve Adèle Haenel, Vincent Elbaz, Pio Marmaï, Damien Bonnard et Audrey Tautou, le long-métrage ne nous a cependant pas fait l’effet escompté. Son rythme inconstant et ses démesures nous ont fait passer à côté du sujet, et nous ont parfois assailli d’une envie de vite en finir et de détaler. Un genre burlesque totalement assumé. Si on savait d’avance ce qu’on allait y trouver, l’introduction détonnante mettant en scène les aventures de Jean Santi (Vincent Elbaz) donne le ton. Sa musique à la « Shaft », la chorégraphie des combats et le ton décalé nous font comprendre que Salvadori verse dans la comédie d’auteur à la limite du pastiche. Et c’est cela qui nous a quelque peu contrarié. Cette sensation que tout est articulé, orienté, pensé pour faire de cette comédie l’ovni de l’année. Un objet filmique façonné avec style mais qui manque de sincérité. Et pourtant, le sujet évoqué en substance n’est pas dénué d’intérêt. Le mensonge, trame générale du film, a de lourdes conséquences sur la vie de ses anti-héros : sur Antoine, qui a passé huit ans en prison alors qu’il était innocent, sur Yvonne qui a vécu autant d’années aux côtés d’un mari ripoux qu’elle semblait finalement peu connaître, sur celle de Louis, qui n’a jamais osé avouer ses sentiments à son amie et collègue, épouse de son feu co-équipier. Marquant chacun des personnages, les dévastes de ces mensonges les lient, les font se rencontrer pour le pire et le meilleur. Ainsi, Yvonne, culpabilisée par les agissements de son mari, veut se racheter et aider celui qui a été injustement condamné dans une affaire trafiquée. Et de cette pitié, va naître une rencontre avec Antoine (Pio Marmaï très à l’aise dans ce registre) et une succession de gags et de bouffonneries. Entre rire et tendresse Heureusement, la comédie de Salvadori laisse aussi la place à des scènes touchantes, petites bouffées d’air frais dans un enchaînement comique presque incessant. On retiendra la tendresse des retrouvailles entre Agnès (Audrey Tautou) et Antoine, celle des histoires contées par Yvonne à son fils et les remaniant au fil des découvertes faites sur le passé de son mari. Mais elles sont rares ces pauses légères et la lourdeur de certains running gags ont eu raison de nous, nous laissons quasiment impassible et dans l’attente d’un dénouement déconcertant. Néanmoins, par son final intelligent, fin d’une boucle temporelle qui n’a jamais cessé d’être, Salvadori nous arrache un petit sourire attendri et clôturera de belle façon une heure quarante de sketches inconstants qui n’ont pas toujours obtenu nos faveurs. Une chose est certaine, Pierre Salvadori ose des comédies d’auteur différentes et son fidèle public appréciera très certainement son dernier long-métrage à sa juste valeur. Date de sortie en Belgique/France : 31 octobre 2018 Durée du film : 1h47 Genre : Comédie Résumé du film : C’est dans les couloirs de leur piscine municipale que Bertrand, Marcus, Simon, Laurent, Thierry et les autres s’entraînent sous l’autorité toute relative de Delphine, ancienne gloire des bassins. Ensemble, ils se sentent libres et utiles. Ils vont mettre toute leur énergie dans une discipline jusque-là propriété de la gent féminine : la natation synchronisée. Alors, oui c’est une idée plutôt bizarre, mais ce défi leur permettra de trouver un sens à leur vie... Note du film : 9/10 (par François) Avis : Cristallisant beaucoup d’attente autour de son casting cinq étoiles, le film de Gilles Lellouche est la vraie réussite de ce mois d’octobre ! Beau car drôle et touchant à la fois, « Le Grand Bain » est un « feel good movie » qui parvient sans mal à esquisser un large sourire aux spectateurs qui le verront ! Alors, puisqu’elle est bonne, tous à l’eau ! Bras cassés pour nage synchronisée Avec le « Grand Bain », Gilles Lellouche prend pleinement possession de la caméra puisqu’il sera le seul réalisateur et donc le seul maître à bord. Avec son dernier film, il nous livre un portrait d’hommes et de femmes présentant des fêlures. Centré autour du personnage de Mathieu Amalric (qui incarne le dépressif Bertrand à l’écran), le long-métrage parvient à développer avec la même attention tous les autres personnages et ils sont nombreux ! Ce véritable tour de force nous est donné à voir grâce à des personnages attachants. Ainsi, Benoît Poelvoorde (Marcus) trouve ici un rôle sobre et tout en retenue. A aucun moment, sa forte personnalité n’éclipsera ses partenaires de jeu. Et pourtant, le défi est d’autant plus grand que Balasingham Thamilchelvan, Sri-lankais et dont c’est le premier rôle ne parle pas un mot de français dans le film ! Par contre, tout le monde semble le comprendre ce qui conférera aux situations une touche hilarante! D’ailleurs, l’acteur a quelque peu menti quand il a dit à Gilles Lellouche qu’il savait nager ! Quant à Laurent (solide Guillaume Canet), sa situation familiale compliquée ne lui permet pas de desserrer les dents bien longtemps. Et que dire de Simon (trop rare Jean-Hugues Anglade) ? Il se rêvait rock star et se produit dans les salles de fêtes après la partie de Bingo. Mais cette équipe ne serait pas complète sans les trois derniers nageurs. Basile (Alban Ivanov) et surtout Thierry ! Vrai gentil, toujours là pour les autres même s’il a tendance à s’oublier en cours de route. Dans ce rôle tout en nuance et en fragilité, nous retrouvons pour notre plus grand bonheur Philippe Katerine. Tenant magistralement son rôle, le chanteur et comédien parvient à nous faire passer du rire à l’attendrissement avec une facilité déconcertante ! Chapeau bas l’artiste ! Arrivant plus tard dans le récit, le rôle de John (Félix Moati) dynamisera d’une fort belle manière cette équipe de natation synchronisée ! Sans méchanceté aucune, on se dit tout de même que le challenge qu’ils se livreront est assez étrange puisqu’aucun n’est sportif. L’un d’entre eux met encore des bouées aux bras, et les autres fument de la marijuana pour échapper à leur quotidien. Et c’est justement là que réside la force principale du film : cette mosaïque de bras cassés se réunit pour évoquer leurs blessures et se soutenir mutuellement. Il y a beaucoup de tendresse à travers l’œil de la caméra. Et avec le travail, vient les prouesses du corps. C’est alors que l’esprit se revitalise pour se reconstruire. Mais si le casting de ce film choral est aussi somptueux, c’est aussi parce qu’il comporte deux actrices talentueuses qui apportent à la fois la persévérance et la compassion requises auprès de ces nageurs débutants. Quel régal de voir Leïla Bekhti dans ce rôle extrêmement…fort ! Elle secouera sans retenue les garçons pour notre plus grand plaisir ! Toutes les scènes de l’actrice se solderont par des fous rires difficilement maîtrisables ! Quant à Virginie Efira, sous ses allures de femme positive, un vrai mal être habitera son personnage et apportera beaucoup de fraîcheur à l’ensemble. Entraînement en grande profondeur Pour le rôle, les comédiens se sont entraînés avec Julie Fabre, la chorégraphe de l’équipe de natation synchronisée féminine olympique. L’entraînement de sept mois à raison d’une ou deux fois par semaine a fini par payer et le résultat à l’écran en vaut la peine ! « S´il y a tous ces témoins que tu veux dans ton dos ; dis-toi qu’ils pourraient bien devant tes ronds dans l’eau te prendre pour l’idiot ; l’idiot de ton village qui lui est resté là ; pour faire des ronds dans l’eau ; pour faire des ronds dans l´eau ». Françoise Hardy Pour lutter contre la déprime ambiante de nos sociétés individualistes, rien ne vaut le pouvoir du groupe ! Gilles Lellouche, l’a bien compris puisqu’il parvient à percevoir un des maux de notre société et à le montrer avec beaucoup de justesse. Bien sûr, le casting est au service de cette noble tâche, mais le réalisateur filme les visages et les corps tendrement, avec drôlerie mais toujours avec beaucoup de respect. Et ce mal qui ronge nos sociétés, c’est aussi le jugement de l’autre et cela passe par nos représentations mentales. « La natation synchronisée, c’est pour les filles » entend-on. Oui, le jugement est présent partout, s’infiltre à travers les différentes strates de la société et parvient à blesser un peu plus. Puis, se dresse des hommes et des femmes qui balayeront d’un revers de main dans l’eau les piques des « bien pensants ». Si le miracle se fait dans la discipline grâce à la rigueur, au dépassement de soi et à l’écoute de l’autre, il se fait également sur le grand écran ! Quant à nous, nous n’avons qu’une envie, c’est de rejoindre cette équipe de natation synchronisée masculine pour le grand saut ! Date de sortie en Belgique/France : 24 octobre 2018 Durée du film : 1h58 Genre : Comédie Résumé du film : Sonny Quinn et son meilleur ami au collège, Sam, se font un peu d’argent en récupérant les objets dont les gens ne veulent plus. C’est ainsi qu’ils vont découvrir Slappy, une étrange marionnette de ventriloque tout droit sortie d’un livre Chair de poule jamais publié… Slappy a très envie de faire partie de la famille Quinn auprès de Sonny, sa sœur Sarah et leur mère Kathy, mais ses exploits malfaisants vont beaucoup trop loin. Les enfants réalisent vite qu’ils doivent à tout prix arrêter ce pantin diabolique. Slappy décide alors de se fabriquer la famille dont il rêve… en enlevant madame Quinn et en ramenant à la vie tous ses horribles complices d’Halloween. Note du film : 6,5/10 (par Véronique) Avis : En janvier 2016, la première adaptation ciné de Chair de Poule débarquait sur nos écrans. Nouvelle année, nouveau cru et nouvelle équipe. Du réalisateur au compositeur en passant par le casting entier, tout a été revu et corrigé. Enfin, presque car Jack Black, acteur vedette du premier opus (et récemment à l’affiche d’un autre film pour enfants « La prophétie de l’horloge ») fait sa petite apparition comme pour établir un lien entre deux objets filmiques totalement différents. Dans ces nouvelles aventures, on retrouve un personnage emblématique de la collection de livres d’horreur pour enfants : Slappy, le pantin maléfique. Tous ceux qui ont lu les tomes consacrés à cette vilaine marionnette le savent très bien : mieux vaut ne pas défier Slappy car sa vengeance peut être terrible. Ici encore, de nombreuses libertés ont été prises par rapport à l’univers littéraire de R.L.Stine mais l’esprit reste le même. Impressionnant les plus jeunes spectateurs, Slappy est un choix on ne peut plus adapté à ce deuxième volet estampillé « Chair de Poule ». Alternant humour et action, « Les fantômes d’Halloween » remplit amplement son contrat auprès des jeunes spectateurs au sang froid. Pour accompagner notre quête, point de Dylan Minnette à l’horizon (celui-ci a grandi depuis les premières aventures et est passé à autre chose). Place donc à de nouveaux jeunes comédiens en soif d’aventures : Jeremy Ray Taylor, que l’on a découvert dans «Ça », Madison Iseman (vue dans « Jumanji : bienvenue dans la jungle ») et Caleel Harris, trois jeunes acteurs qui s’en sortent honorablement malgré un petit surjeu adapté au genre cinématographique a mi chemin entre la comédie et le fantastique. Les effets spéciaux sont plutôt bien réalisés, l’intégration de Slappy parfois loupé mais dans l’ensemble convaincant voire par moments flippant. Les adultes ne sont pas en reste et nous accorderons même une mention spéciale à Ken Jeong (« Very Bad Trip ») qui nous ravit à chacune de ses apparitions. Sympathique, adapté à ce contexte d’Halloween où chaque public pourra trouver chapeau de sorcière à sa tête, « Chair de poule 2 : Les fantômes d’Halloween » est un petit film à voir en famille afin que les parents nostalgiques des livres d’enfance et les jeunes en quête de rire et de frissons y trouvent chacun leur compte. Date de sortie en Belgique/France : 24 octobre 2018 Durée du film : 1h30 Genre : Comédie Titre original : « Goosebumps 2: Haunted Halloween » Résumé du film : Sept étrangers, chacun avec un secret à planquer, se retrouvent au El Royale sur les rives du lac Tahoe ; un hôtel miteux au lourd passé. Au cours d’une nuit fatidique, ils auront tous une dernière chance de se racheter… avant de prendre un aller simple pour l’enfer. Note du film : 6/10 (par Véronique) Avis : Une affiche et une bande annonce qui claquent, Jeff Bridges et Jon Hamm dans les rôles principaux, une atmosphère 70’s bien plantée dans les visuels promotionnel et dans sa bande originale, voilà plus d’un argument pour attirer les cinéphiles curieux dans les salles. Mais derrière les néons blinquants de l’hôtel El Royale se cache un motel aussi miteux que son scénario n’est creux. En grattant un peu le plâtre de sa belle façade, en soulevant quelques lattes de son plancher et observant ses fondations, nous comprenons bien vite que El Royale de Drew Goddard ne tient pas toutes ses promesses et se réfugie derrière un casting presque épatant pour remplir un contrat (de location) bancal. Sonnez la cloche et déposez vos bagages, nous vous enregistrons avec plaisir dans le registre du film le plus décevant de cet automne… N’est pas Tarantino qui veut Avec ses petits faux airs de « Huit Salopards » (film ingénieux signé Quentin Tarantino), de « Psychose » ou encore d’ « Identity », « Sale temps à l’hôtel El Royale » aurait pu fonctionner si son réalisateur, Drew Goddard, ne s’était pas pris les pieds dans le tapis des chambres du Nevada et de Californie ou perdu en chemin dans les couloirs sombres des arrière chambres où on peut observer les voyageurs à travers des vitres sans tain. Ingénieux dans un premier temps, le scénario (grand point fort de Goddard, du moins, habituellement) semblait prometteur. Celui qui a signé la trame de « Cloverfield », « World War Z », « Seul sur Mars » ou quelques épisodes de la série « Lost » avait révolutionné le genre du film d’horreur grâce à sa première réalisation, celle de « La cabane dans les bois » sorti six ans plus tôt. Au vu de sa filmographie, on s’attendait donc à des intrigues, des faux semblants et à un twist fort de la part du cinéaste. Bien mal nous en a pris. Sa réalisation impeccable dans ses débuts, ses mécanismes de présentation des personnages et ses dialogues incisifs font place à un méli-mélo d’événements aussi appréciables que condamnables, d’autant que certains viennent véritablement ternir ce huit-clos dans un dernier tiers franchement dispensable. Chris Hemsworth au placard. En poussant la porte du El Royale aux côtés d’un prêtre mystérieux (Jeff Bridges) et d’une chanteuse soul charismatique (Cynthia Erivo), on ne s’attendait pas à assister à une succession accélérée de situations plus surprenantes les unes que les autres. Très vite après la rencontre de nos principaux protagonistes, auxquels on ajoute un vendeur d’aspirateurs irritant (Jon Hamm) et un réceptionniste peu compétent (Lewis Pullman), on se rend compte que la nuit risque d’être interminable et qu’il vaut mieux la passer pénard dans sa chambre louée pour la modique somme de 8 dollars. Mais un orage s’abat rapidement sur la région et il n’y a pas que les éclairs qui seront violents lors de cette soirée extraordinaire. La première partie du casting que nous venons d’évoquer, remplit tout à fait son rôle et nous fait réellement croire à l’existence de ses personnages. Grâce à des flash-back savamment orchestrés, nous en apprenons plus sur chacun d’entre eux et comprenons à présent ce qui a poussé ces voyageurs à venir s’installer dans cet hôtel jadis luxueux mais à présent totalement désolé. Car que serait un film noir sans ses mystères ? Evoluant dans cet hôtel/motel étonnant, nous comprenons peu à peu que bien qu’ils soient tous plus ou moins lisses en surface, nos héros d’un soir, sont au contraire bien plus épais qu’il n’y parait. Mais en déliant la pelote de laine aux gros fils et en détricotant les histoires de chacun de ces clients de passage, nous en oublierions presque les nœuds qui viennent gâcher l’ouvrage déjà bien entamé de l’ami Goddard. Parmi les mauvaises surprises, on note la présence arrogante et totalement insupportable de Chris Hemsworth. Plus caricatural que jamais, l’acteur semble prendre malin plaisir à donner des coups de canif dans sa carrière, déjà bien entaillée par des rôles tout aussi saugrenus que celui de Kevin dans « SOS Fantômes ». Totalement dispensables, les quarante dernières minutes du film auraient mieux fait de ne jamais avoir été validées au montage et auraient peut-être sauvé le film du naufrage dont nous étions prisonniers. Que retenir du deuxième long-métrage de Drew Goddard ? Qu’après des débuts plutôt prometteurs, « Sale temps à l’hôtel El Royale » s’embourbe dans un scénario qui s’essouffle. Les rouages intelligemment actionnés dans sa première partie auraient dû permettre à la machine bien huilée scénaristiquement de foncer droit dans les années 70 et nous proposer une lecture originale d’un suspense noir où le spectateur se prête au jeu de l’enquête avec délice. Mais dès l’arrivée de Billy Lee, tout dérape et nous fonçons droit dans le mur d’un film creux et insipide qui nous ferait presque regretter le déplacement. Fort heureusement, nous retiendrons l’excellent jeu de Cynthia Erivo, Jeff Bridges, Jon Hamm et Lewis Pullman, la qualité d’un huit-clos qui avait tout pour plaire mais qui, à force de se pavaner devant le miroir, fini par n’être que le reflet d’un génie gâché par un sérieux manque de sobriété. Date de sortie en Belgique : 24 octobre 2018 Date de sortie en France : 7 novembre 2018 Durée du film : 2h21 Genre : Thriller / Suspense Titre original : Bad times at the El Royale Résumé du film: Baaba est flic à Belleville, quartier qu’il n’a jamais quitté, au grand désespoir de sa copine. Un soir, Roland, son ami d’enfance, est assassiné sous ses yeux. Baaba prend sa place d’Officier de liaison auprès du Consulat de France à Miami afin de retrouver son assassin. En Floride, flanqué de sa mère plus qu’envahissante, il est pris en main par Ricardo, un flic local toujours mal luné. Note du film : 4,5/10 (par Thomas) Avis : Et si Omar s’était trompé ? Il est l’un des acteurs Français les plus en vogue de notre époque, plébiscité par les spectateurs et sacralisé par la profession depuis « Intouchables ». Il aligne depuis sept ans des réussites populaires qui lui permettent d’exprimer à l’écran sa drôlerie et sa sensibilité (« Samba », »Chocolat », « Demain tout commence »). Et pourtant, il semblerait qu’Omar Sy ait fait un très mauvais choix en acceptant ce pastiche incontrôlé du « Flic de Beverly Hills » signé Rachid Bouchareb. Non seulement le film n’est pas drôle, mais il se perd dans un mélange de genres indéfini d’action, de comédie policière et de drame. L’acteur est pareil à lui-même mais l’étendue de son jeu est limitée voire boycottée par un scénario n’exploitant qu’une infime partie de son potentiel dramaturgique. Quel dommage. Au début du film, on s’amuse (un peu), on s’émeut (un peu) mais au fil de l’évolution de cette aventure américaine complètement irréaliste, on perd pied et on s’égare en implorant l’absolution qui viendra par le générique de fin. Omar Sy a pour partenaire l’acteur portoricain Luis Guzman. Si le film est français, leurs scènes ont été tournées en anglais. Serait-ce une nouvelle tentative d’incursion d’Omar Sy sur le marché hollywoodien ? En tous les cas, ce film ne lui donnera pas sa meilleure carte de visite et on espère de tout cœur de cinéphile un retour en territoire français de ce brillant interprète. Date de sortie en Belgique : 24 octobre 2018 Date de sortie en France : 17 octobre 2018 Durée du film : 1h41 Genre : Comédie, action Résumé du film : Laurie Strode est de retour pour un affrontement final avec Michael Myers, le personnage masqué qui la hante depuis qu’elle a échappé de justesse à sa folie meurtrière le soir d’Halloween 40 ans plus tôt. Note du film : 7/10 (par Véronique) Avis : A une semaine de la date fatidique du 31 octobre, Michael Myers fait son grand retour dans nos salles obscures et il n’est pas le seul à reprendre du service. Pour la cinquième fois depuis le début de la saga, Jamie Lee Curtis fait elle aussi un come-back appréciable pour affronter celui qu’elle n’a jamais pu oublier. Amateurs de slasher movie, « Halloween » risquerait bien de vous plaire et vous faire revivre vos cauchemars d’antan, vous voilà prévenus... Joyeux Halloween Michael 40 ans jour pour jour après les drames qui se sont joués dans « La nuit des Masques » de John Carpenter, Michael Myers, sombre croquemitaine, revient tailler en pièces une série de victimes sous les yeux ébahis d’une police impuissante. Heureusement, Laurie ne l’a pas oublié et, alors que le tueur démasqué passait ses beaux jours dans un centre de détention de la région, cette dernière s’est surentraînée pour affronter le diable en personne et mettre un point final à son histoire dramatique. Mais pour cela, il aurait fallu qu'il sorte de l'ombre des murs de sa prison et son souhait vient justement d'être exaucé... Dans sa version « Halloween 2018 », David Gordon Green (a qui l’on doit les film le drame « Stronger » mais aussi « Joe », « Our Brand is crisis » ou encore « L’autre rive ») établit une connexion directe entre le premier Halloween de John Carpenter et sa propre vision du destin de Michael et Laurie. Faisant fi des nombreuses suites, des divers remakes et autres reboots qui ont ponctué ces dernières décennies, David Gordon Green nous prouve qu'en la matière, il sait y faire ! De plus, avec cette remise à zéro des compteurs, le spectateur peut totalement oublier les théories farfelues et les aventures multiples de ses héros (parmi lesquelles la mort de Laurie dans « Halloween : Resurrection ») et reprendre le fil de l’histoire là où on l’avait laissé 40 ans plus tôt. En toute connaissance de cause, on comprend mieux pourquoi notre fan de couteaux à longue lame, une fois sorti de sa prison, prend un malin plaisir à tuer sans relâche qui entrave son passage. Ça craque, ça gicle dans tous les sens, raisons pour lesquelles le public de moins de 16 ans n’est pas conviée à la petite sauterie de ce bon vieux Michael. Par contre, les amateurs de slash movie y trouveront leur compte et verront baisser leur frustration d’avoir attendu si longtemps pour retrouver un film du genre de qualité. Et citrouille sur le (très bon) scénario, D.G.G, en plus de nous offrir une suite franchement honorable, nous la fait vivre un soir d’Halloween, dans une petite bourgade nommée … Haddonfield !Que demander de plus? C’est dans les vieilles marmites qu’on fait les meilleurs films Pour qui connaît un tant soit peu le concept des « Halloween », on sait qu’il ne vaut mieux pas s’attacher aux personnages croisés au fil de ses histoires. Ici, le taux d’hémoglobine mesuré à l’issue du film confirme qu’aucun personnage secondaire n’a d’espérance de vie assez grande que pour se retrouver vivant avant le générique de fin. Mais fort heureusement, on peut compter sur le famille Strode pour garder le cap et donner du fil à retordre à notre Michael Myers. Totalement impassible, muet, plus fort que jamais, le boogeyman de 1978 n’a pas changé. Il a certes pris quelques rides et a maintenant les cheveux blancs, rien ne laisse présupposer que notre papy bientôt à nouveau masqué s’est un peu rouillé, que du contraire. our lui donner son imposante stature, David Gordon Green a eu l’ingénieuse idée de demander à Nick Castle himself de donner de précieux conseils à James Jude Courtney venu prendre la relève et cela fonctionne ! Sa posture, sa démarche, la violence dont Michael Myers fait preuve nous font revivre nos pires cauchemars. Face à lui, trois femmes de sang froid : Laurie, Karen (Judy Greer) et Allysson (Andi Matichak), trois générations de filles Strode à qui il n’est pas bon de trop se frotter. Alors que la grand-mère est obsédée par le retour de Myers, que la fille s’en détache pour préserver sa propre fille depuis de nombreuses années, les trois jeunes femmes vont devoir vivre une nuit d’Halloween pas comme les autres et retrousser leurs manches pour mettre fin à cette série de meurtres insupportables. Mais ce qu’on apprécie par-dessus tout dans cet « Halloween » nouvelle édition, c’est la qualité de sa réalisation, son atmosphère prenante, son esthétisme à la fois moderne et nostalgique d’une époque où la saga a débutée, et sa musique, qui sublime les notes ultra populaires de ce générique qui nous a toujours hanté. Si rien n’a vraiment changé, c’est pour notre plus grand plaisir que nous retrouvons Michael et Laurie dans un combat qui s’annonçait corsé dès ses premières minutes. Dès lors, peut-on annoncer un retour gagnant pour autant? Bien évidemment ! Et on ne peut que remercier David Gordon Green d’avoir réussi son pari de nous faire oublier tout ce qui s’est passé entre le 31 octobre 1978 et celui de 2018, de reprendre les choses là où John Carpenter les avait laissée et de les sublimer dans un hommage audacieux et franchement assumé. Le génie du thriller/horreur aurait-il trouvé un digne successeur ? Probablement oui mais on nous souffle que son apprenti a été à bonne école et qu’il a reçu l’adoubement de son maître en la matière. Ceci expliquerait donc cela… Date de sortie en Belgique/France : 24 octobre 2018 Durée du film : 1h44 Genre : Thriller Résumé du film : Ce documentaire met en lumière huit femmes, employées dans le secteur des Titres-Services, qui nous parlent de leur quotidien de « femme de ménage », comme on le dit encore souvent. Elles abordent des sujets méconnus du grand public : les problèmes de santé liés à cette profession, le manque de reconnaissance, l’importance du relationnel avec le client, la précarité de l’emploi… Un éclairage nécessaire sur ce secteur, deuxième employeur le plus important de Belgique. Note du film : 7/10 (par Véronique) Avis : Ce sont nos petits fées des logis. Elles s’appellent Béatrice, Christelle, Francine, Marie-Virginie, Laurence, Rolsalie, Nermina ou encore Sabine. Grâce à elles, des centaines de milliers de famille peuvent partir travailler l’esprit tranquille alors que d’autres partagent les tâches ménagères avec une aide précieuse et non négligeable. Elles, ce sont les employées des titres services qui, chaque année, font briller nos intérieurs, repassent notre linge et rendent notre chez nous un peu plus agréable. Derrière leurs sourires, leur professionnalisme, leur écoute mais aussi leurs déconvenues, se cachent des femmes pour qui nettoyer n’a pas toujours été une vocation et qui le font avec un grand respect de nos vies privées. Si elles entrent au cœur de nos maisonnées, c’est à pas feutrés, juste le temps de prester les quelques heures qu’ont leur a proposées. Profondément humain, pudique et touchant à la fois, « Au bonheur des dames ? » est un documentaire nécessaire pour interpeller chaque citoyen sur la situation précaire de ces emplois pourtant de plus en plus nécessaires. Quand elles ne se cassent pas le dos ou blessent leurs poignets à force de tordre des serpillières, nos aide ménagères s’interrogent sur leur avenir, fait d’incertitude à chaque changement de législature. Adoptant ce métier par nécessité, amour de la propreté ou du contact de leurs clients, chacune de ces petits tornades blanches ont un même point commun : celui de vouloir être utile et rendre service mais pas à n’importe quel prix. Cela, Agnès Lejeune et Gaëlle Hardy nous l’exposent bien, à travers des portraits de femmes que l’on croise chaque jour dans notre quotidien ou grâce aux interactions captées dans les centrales (qui se compte aujourd’hui par milliers) où respect et gestion du travail se côtoient journellement. Accompagner ces huit femmes, d’horizons et d’âges différents, c’est aussi prendre conscience de l’importance du regard des gens sur leur profession, la gêne que cela occasionne parfois ou, au contraire, la fierté qu’elles ont d’accompagner leurs clients et d’entrer dans leur intimité sans jamais les bousculer. La dureté physique de leur métier, la surcharge horaire que certaines accepte pour nouer les deux bouts, l’amour de leur profession ou encore la complicité que certaines ont liées au fil des années, tout est passé au crible durant une heure de documentaire qui nous éclaire sur des pratiques professionnelles et sur une situation qui devraient être reconnues à leur juste valeur par nos classes politiques qui, à ne pas en douter, font appel à leur service sans jamais s’interroger sur la réalité de terrain de ces petites fées. Indispensable et juste, « Au bonheur des dames ? » est remarquable à plus d’un titre (service). Date de sortie en Belgique : 24 octobre 2018 Durée du film : 1h07 Genre : Documentaire. Résumé du film : Le temps d'un dîner, des couples d'amis décident de jouer à un "jeu" : chacun doit poser son téléphone portable au milieu de la table et chaque SMS, appel téléphonique, mail, message Facebook, etc. devra être partagé avec les autres. Il ne faudra pas attendre bien longtemps avant que la tension ne monte... Note du film 7/10 (par Véronique) Avis : Petit divertissement des plus correct en ce début d’automne, « Le jeu » de Fred Cavayé a de nombreux arguments pour amuser son public : un casting de choix, un scénario en béton, des répliques cinglantes et une petite tension (comique) qui tient les spectateurs en haleine durant une petite heure trente. Néanmoins, malgré ses qualités, nous lui préférons tout de même d’autres long-métrages vaudevillesques du genre bien mieux équilibrés et nettement plus assumés. Le téléphone secret Clairement exposé dans sa bande annonce et dans son résumé, le principe du jeu auquel vont s’adonner nos amis de longue date, venus partager un étrange dîner, est plutôt simple : chacun d’entre eux dépose son téléphone au centre de la table et partagera avec les six autres tous les messages entrants, qu’il s’agisse d’un appel, un mail, un texto ou encore d’une notification d’un réseau social. Amusant dans les premiers temps, le jeu tourne vite en eau de boudin quand des révélations dérangeantes sont dévoilées au grand jour. Surnommés « la boîte noire du couple » par Charlotte (l’excellente Suzanne Clément), nos smartphones sont en effet une mine d’or pour découvrir des infos croustillantes (mais aussi anodines) sur notre personnalité, nos relations, nos goûts, nos hobbys, notre emploi du temps et … nos petits secrets (qu’on ne voudrait bien sûr pas exposer à nos plus proches amis). On s’en doute, le film de Cavayé ne serait bien évidemment pas si drôle si nos comparses dégustaient gentiment les plats préparés minutieusement par Vincent (Stéphane De Groodt) sans qu’aucun message tendancieux vienne pimenter la soirée. L’esprit d’équipe Si la sauce prend dès le début du film, c’est sans aucun doute grâce au casting impeccable qui vient donner vie à ces sept amis d’enfance. A Stéphane de Groodt et Bérénice Béjo (qui interprètent les hôtes de la soirée) viennent s’ajouter Suzanne Clément et Roschdy Zem, Doria Tillier et Vincent Elbaz et le remarquable Grégory Gadebois. Complices à l’écran, les comédiens parviennent à nous faire entrer dans leur unité de lieu et de temps et à nous faire vivre une soirée d’anthologie qu’on ne souhaiterait pas subir dans la vraie vie. Très théâtralisé, « Le jeu » souffle le chaud et le froid, amuse mais s’étire à la fois, rendant l’exercice périlleux et nous amenant vers un final inattendu et étonnant. Si on apprécie l’authenticité des sentiments que les uns portent à l’égard des autres, si on croit facilement à l’osmose créée par le groupe d’amis, on regrette aussi les facilités utilisées pour corser un scénario qui avait déjà tout pour nous amuser. Remake du film italien « Perfetti sconosciuti » de Paolo Genovese (sorti deux ans plus tôt), « Le jeu » de Fred Cavayé est un bon divertissement qui trouvera assurément son public. Drôle, cinglant mais aussi touchant, le film est souvent comparé au « Prénom » ou au « Dîner de cons », par les mécanismes qu’il emploie. Si la réalisation est maîtrisée et la mise en scène soignée, on regrette néanmoins la surenchère des situations parfois grotesques et les caricatures utilisées pour définir chacun des joueurs du soir interprétés pourtant par des comédiens remarquables. Amateurs de vaudeville ou de comédie française plutôt bien ficelée, vous savez ce qu’il vous reste à faire : faites un petit détour par le self service de votre complexe ciné, offrez-vous un pop corn big size et installez vous confortablement dans les fauteuils de votre salle préférée, laissez-vous aller car le spectacle ne va pas tarder à commencer… Date de sortie en Belgique/France : 17 octobre 2018 Durée du film : 1h30 Genre : Comédie Résumé du film : Dans « The house the Jack Built », nous suivons le très brillant Jack à travers cinq incidents et découvrons les meurtres qui vont marquer son parcours de tueur en série. L'histoire est vécue du point de vue de Jack. Il considère chaque meurtre comme une œuvre d'art en soi. Alors que l'ultime et inévitable intervention de la police ne cesse de se rapprocher (ce qui exaspère Jack et lui met la pression) il décide - contrairement à toute logique - de prendre de plus en plus de risques. Tout au long du film, nous découvrons les descriptions de Jack sur sa situation personnelle, ses problèmes et ses pensées à travers sa conversation avec un inconnu, Verge. Un mélange grotesque de sophismes, d’apitoiement presque enfantin sur soi et d'explications détaillées sur les manœuvres dangereuses et difficiles de Jack Note du film : 6,5/10 (par Véronique) Avis : Précédé d’un sacré buzz lors de sa projection au Festival de Cannes, « The house that Jack built » s’est vu qualifié de film insupportable, abjecte et honteux. Connaissant l’univers du Danois Lars Von Trier, on savait assurément que son dernier long-métrage ne ferait pas l’unanimité. Mais, bien que le film nous ait poursuivi quelques jours encore après sa vision, nous ne comprenons toujours pas le tollé que son avant-première du mois de mai a créée. Violent, long et parfois choquant, il n’en est pas autant inintéressant. Fresque meurtrière et morbide Après avoir mis les femmes au centre de son cinéma, le réalisateur danois choisit cette fois de mettre en lumière l’inquiétant Matt Dillon, magistral dans le rôle de Jack, sombre et foncièrement mauvais, déséquilibré et très inspiré en matière de meurtres. Ses yeux brillants et son sourire carnassier n’augurent jamais rien de bon et le plaisir qu’il prend à jouer avec ses victimes, telles des souris prises au piège des griffes d’un énorme chat, créée une tension qui met du temps à se dissiper. En bon tueur en série mégalomane et misogyne, Jack nous conte ses exploits, choisissant aléatoirement cinq récits, cinq incidents qui se sont déroulés sur douze ans. Nous incluant au plus près dans ses actions hautement condamnables, le serial killer sans aucune éthique, ne recule devant rien pour faire de ses scènes de crime des œuvres artistiques dont il n’est pas peu fier. Habité par le mal depuis sa tendre enfance, Jack n’est pas celui qu’il rêvait de devenir. Cet homme, marqué par les tocs, voulait être architecte et comble sa frustration par la construction minutieuse de ses maquettes, de ses œuvres d’art mortuaires et d’une maison qui reste perpétuellement à l’état de projet. Trouvant le calme et se ressourçant loin du monde, Jack cherche désespérément l’angle, l’allure et le matériau qui donneront vie à son ambitieux projet. Et si l’inspiration devait se chercher ailleurs ? Pressé par le temps et par l’approche de la police (qu’il croise à de nombreuses reprises mais qui néglige sa présence et lui accorde peu d’importance), Jack commet quelques erreurs et s’encombre de corps dont il ne sait plus que faire. Dante von Trier Chapitré et découpé en cinq parties distinctes, comme le sont souvent ses autres films, l’histoire de Jack n’est pas reliée par un fil blanc mais par des intermèdes musicaux (parmi lesquels le très pop « Fame » de David Bowie et le classique « Automne » de Vivaldi) et des images étonnantes sur lesquelles se greffent des échanges en voix off. Cette discussion philosophique et thérapeutique permet à Jack de livrer des confidences sur son enfance, ses émotions, son envie de se repentir mais aussi le lien étroit qu’il perçoit entre ses crimes et l’art en général. Comparant la pourriture noble des raisins à la putréfaction de ses victimes ou le visage amoché de son auto-stoppeuse à un tableau cubique, Jack s’amuse à faire des parallélismes entre ses crimes et le fonctionnement du règne animal ou l’art en général. C’est que, une fois le délit commis, ce caméléon psychopathe, réalise des tableaux avec ses victimes, les photographie, se gratifie de ses réalisations et les retrouve même dans la presse sous le nom de Mr Sophistication. S’il y a bel et bien de nombreuses violences et mises en scène trash dans le dernier long-métrage de Lars, tout l’intérêt réside dans les échanges que Jack entretient avec Verge (Bruno Ganz), un personnage quasiment invisible, qui l’interroge sur ses actes, ses motivations mais prend également un malin plaisir à le narguer et à s’en moquer. Mettant en exergue certains aspects risibles de la personnalité de Jack, les petites piques de conscience font forcément réagir l’homme froid qui semblait être en total maîtrise de soi. Mystérieuse, la présence de Verge prend peu à peu du sens et s’éclaire dans un épilogue délirant et à l’image de ce que le metteur en scène a l’habitude de faire. Nous rappelant la Divine Comédie de Dante, l’ensemble des derniers tableaux juxtaposés nous font passer de la « Barque de Dante aux enfers » (de Delacroix) à une escalade houleuse vers les sommets, loin des flammes et coulées de lave visqueuses et rougeâtres des fins fonds des enfers. D’ailleurs, son interlocuteur narquois Verge n’est pas sans rappeler un certain Virgile guide de Dante dans les cercles de l’enfer (dont le premier est illustré ici par un rai de lumière circulaire, porte d’entrée vers les égouts et les mondes enterrés de nombreux pieds sous terre). Rédigé à la première personne, tout comme le récit que Lars Von Trier nous livre dans « The house that Jack built », la Divine Comédie semble avoir trouvé une relecture moderne et contemporaine, où la violence est banalisée et un meurtrier aidé par la Providence qui retarde une arrestation fatidique ou déverse une belle pluie pour effacer toute trace d’un délit. Dérangeant mais loin d’être écoeurant, le dernier film de Lars Von Trier pourrait, il est vrai, heurter les âmes sensibles. Mais à quoi peut-on s’attendre d’autre ? Offrant un rôle d’envergure à Matt Dillon, n’hésitant pas à mettre en scène des personnages féminins trop crédules, « The house that Jack built » déstabilise, offusque mais ne propose finalement rien de bien neuf, faisant de cette dernière réalisation un condensé de l’univers du cinéaste danois bien moins sulfureux qu’annoncé. Date de sortie en Belgique/France : 17 octobre 2018 Durée du film : 2h35 Genre : Thriller Résumé du film : Lara, 15 ans, rêve de devenir danseuse étoile. Avec le soutien de son père, elle se lance à corps perdu dans cette quête d’absolu. Mais ce corps ne se plie pas si facilement à la discipline que lui impose Lara, car celle-ci est née garçon. Note du film : 8/10 (par Véronique) Avis : Déferlant dans les festivals avec une puissance d’interprétation qui force le respect, « Girl » de Lukas Dhont ne laisse personne insensible. A travers son premier long métrage, le jeune réalisateur gantois (de 27 ans seulement) nous livre une œuvre majeure où recherche d’identité et volonté de voir ses rêves se concrétiser sont plus forts que les obstacles physiques qui se dressent devant son héroïne en devenir. Et pourtant, rien n’est simple dans la vie de Lara. Meurtrie dans son corps, donnant tout pour devenir une danseuse étoile mais surtout une femme, cette adolescente s’entraîne avec rage et détermination pour toucher du doigt l’idéal qu’elle s’est fixé depuis de nombreuses années. La révélation de Victor Polster Porté par son comédien aux traits fins, le personnage de Lara a une profondeur émotive qui ne peut que nous toucher. Présent dans tous les plans du film, Victor Polster parvient à donner vie à cette adolescente en mal de vivre de façon admirable. Etudiant lui-même dans une école de ballet réputée, Victor se donne corps et âme pour que les fêlures de Lara transparaissent à l’écran. Le crevant dans ses non-dits autant que dans ses rares paroles, le jeune acteur de 16 ans semble avoir beaucoup de tendresse et d’empathie pour la jeune femme en détresse qu’il interprète. Criant de vérité, son jeu nous permet de croire à l’histoire de cette Lara à fleur de peau, en proie aux premières amours, aux moqueries, aux encouragements mais jamais aux doutes. Evoluant dans une société où l’impatience et la rapidité sont de mises, la jeune femme doit pourtant vivre patiemment sa transformation physique et se reconstruire psychologiquement jour après jour. Pour cela, elle peut compter sur la compréhension et la tendresse de la plupart des adultes qui l’entourent mais doit aussi faire face à la curiosité et, parfois, à la cruauté des autres adolescentes de son âge bien mieux dans leur peau. Assurant aussi bien dans ses chorégraphies que dans la délicatesse des émotions qu’il livre, Victor Polster est une vraie révélation et nous ne pouvons qu’espérer que ce jeune acteur sortira de sa chrysalide et trouvera d’autres rôles d’envergure dans l’avenir. Une histoire aux valeurs fortes Au-delà du jeu exceptionnel de Victor Polster, « Girl » nous touche aussi par les valeurs de courage, d’empathie et de soutien que livre son histoire à travers ses personnages principaux ou secondaires. Ainsi, le rôle de Arieh Worthalter nous semble lui aussi indispensable à la réussite de ce premier long-métrage. Quel père serait prêt à tout sacrifier pour le bonheur de ses enfants ? Rempli d’amour pour sa fille, il l’accompagne à chaque rendez-vous médical, s’inquiète de son mutisme, de son impatience à devenir celle qu’elle aspire d’être depuis longtemps. Elevant seul ses deux enfants, le père de famille se veut pourtant présent pour chacun d’eux, évoluant à leur côté avec un réel souci de bien être, qu’il faille déménager, changer d’emploi ou sacrifier ses relations intimes. Présent mais respectant l’espace intime de sa fille, la papa de Lara est une épaule sur laquelle elle peut s’appuyer mais que la jeune semble parfois oublier. Filmant le mal-être avec une pudeur remarquable, Lukas Dhont n’en oublie pour autant pas de planter un décor juste dans lequel évolue une famille, une adolescente. Si la danse est au centre de la plupart de ses scènes, elle n’est pas pour autant le seul sujet central du film mais plutôt un prétexte pour illustrer le dépassement de soi, la volonté d’aller de l’avant, le besoin de dompter un corps dont Lara ne veut pas. Filmant son sujet avec une sensibilité évidente, le très mature Lukas Dhont nous offre une belle leçon de cinéma. Avec toute la pudeur et tout le respect qu’il consacre à son héroïne durant cette bonne heure trente, il nous propose un portrait d’une grande justesse qui marquera les spectateurs et qui, on a déjà pu le mesurer par l’engouement qu’il a suscité, donnera au cinéma belge, de nouvelles lettres de noblesse. Date de sortie en Belgique : 17 octobre 2018 Date de sortie en France : 10 octobre 2018 Durée du film : 1h45 Genre : Drame Résumé du film : Le nouveau documentaire de Michael Moore donne un regard provocateur et humoristique sur notre époque. Avec son dernier film, il soulève deux deux questions principales de l'ère Trump: comment est-on arrivé et comment en sorterons-nous? « Fahrenheit 11/9 », qui fait référence à la date à laquelle Trump a été officiellement élu président des États-Unis, est la suite de 'Fahrenheit 9/11', sur l'ancien président George W. Bush et les attentats du 11 septembre 2001. Note du film : 8/10 (par Véronique) Avis : Michael Moore. Voilà un nom qui suffit à lui-même pour évoquer un genre cinématographique propre. Investiguant depuis 1989, soutenant la population pour dénoncer les dysfonctionnements de son Amérique natale, le réalisateur n’a jamais cessé de trouver des chevaux de bataille, aussi difficiles soient-ils à mener au front. Armé de sa caméra, de sa verve et de sa bonhomie, le réalisateur a toujours su pointer du doigt les défaillances d’un système, d’une société, d’une nation qui ne fait plus vraiment rêver. Avec « Fahrenheit 11/9 », il retrace les étapes qui ont permis au célèbre milliardaire d’atteindre le plus haut poste de la démocratie américaine mais aussi les erreurs faites par le passé, celles qui ont tracé une voie royale vers ce que certains appellent « la tempête Trump ». « Je suis la tempête ». Hyper documentés, toujours rythmés et savamment découpés, les longs-métrages de Michael Moore passionnent autant qu’ils questionnent. De « Roger et moi » (qui évoquait les licenciements du groupe General Motor) à « Michael Moore in Trumpland » (que nous n’avons pas eu le plaisir de découvrir) en passant par les excellents « Sicko », « Bowling for Columbine » et « Fahrenheit 9/11 », tous ses documentaires dressent un portrait peu glorieux de ce pays que beaucoup perçoivent comme la terre de tous les possibles. Mais ce que nous avons tendance à perdre de vue, et que nous rappelle régulièrement le grand Moore, c’est que derrière la jolie façade blinquante de la Maison Blanche se cache des vices de construction d’une nation parmi lesquels on trouve une société inégalitaire, clivante et anti-démocratique. Ce qui glace le sang des spectateurs de « Fahrenheit 11/9 », ce sont les allégations faites sur la personnalité de Donald Trump, appuyées par des faits et des archives que chaque citoyen américain a pu suivre depuis des décennies. Si on savait par nos médias combien le nouveau président traînait de lourds dossiers derrière lui, le percevoir d’un autre angle et mesurer, de l’intérieur, combien la démocratie américaine a été piétinée pour asseoir un magna survolté fait peine à voir. Et dire que tout cela aurait pu être évité si les médias n’avaient pas tant été manipulé, si le salaire de Gwen Stefani, jury dans The Voice, n’était pas haussé élevé et surtout, si les comptages de chaque état lors des primaires avaient été respectés. Paranoïa ou triste vérité ? Michael Moore prouve une fois de plus, qu’entre les deux, il n’y a qu’un petit pas. Flint, encore et toujours Axant son film sur l’élection de Donald Trump mais surtout sur les leviers qui ont été activés pour que cette situation soit possible, « Fahrenheit 11/9 » fait également la part belle à d’autres faits d’actualité qui lui tiennent particulièrement à cœur. Né à Flint, une petite ville du Michigan un jour de printemps, Michael Moore a toujours pris le temps d’évoquer les injustices menées dans sa communauté du Nord des USA. Taillant un costard à Nestlé, le gouverneur Rick Snyder et ... Barack Obama, Moore pointe du doigt l’empoissonnement au plomb de l’eau de sa ville natale et les conséquences désastreuses que cela engendre sur la santé de milliers d’enfants afro-américains. Hors sujet ? Pas vraiment. Cette situation est l’occasion de découvrir comment le gouvernement et le pays tout entier à nier une crise sanitaire de trop grande envergure. Tout comme cette même nation a finalement nié le danger de voir arriver au pouvoir un homme d’affaires qui n’avait aucune expérience pour la diriger. Celui qui avait pris clairement position pour Hillary Clinton en 2016 ne fait que commencer le combat pour dénoncer les dégâts d’une investiture dont des millions d’Américains ne voulaient pas. Comme lui, on découvre combien les électeurs américains ont été déçus de ne pas avoir été respecté dans leur choix de vote, lors des primaires notamment, et combien il est tentant de se détourner de son droit de vote et laisser ainsi le pays courir à sa propre perte, faute d’avoir exercé son pouvoir civique. Fort heureusement, le tableau n’en est pas pour autant complètement noir, et l’espoir n’est pas totalement mort. La relève est bien assurée et le combat de jeunes étudiants (ou de coriaces enseignants) laisse entrevoir les possibilités d’une envie de changement, celui de donner de la voix. Toujours aussi engagé et malheureusement quelque peu éparpillé, Michael Moore signe avec « Fahrenheit 11/9 » un nouveau documentaire que chacun d’entre nous devrait regarder. Parfois osé dans ses propos, forcément orienté, son long-métrage fait la lumière sur une campagne qui a certes créé un effet de surprise final, mais qui avait tout pour être déjà gagnée par un Président qui n’en a finalement pas l’étoffe. Date de sortie en Belgique : 10 octobre 2018 Durée du film : 2h Genre : Documentaire Résumé du film : Cette nouvelle aventure démarre lorsqu’une cyber-attaque révèle l’identité de tous les agents britanniques sous couverture. Johnny English devient alors le dernier espoir des services secrets. Rappelé de sa retraite, il plonge tête la première dans sa mission: découvrir qui est le génie du piratage qui se cache derrière ces attaques. Avec ses méthodes obsolètes Johnny English doit relever les défis de la technologie moderne pour assurer la réussite de sa mission... Note du film : 6/10 (par Véronique) Avis : Troisième volet d’une saga débutée il y a quinze ans déjà, « Johnny English contre attaque » met en scène les nouvelles péripéties de ce britannique devenu agent secret bien malgré lui. S’il a forcément vieilli, Rowan Atkinson semble malgré tout prendre un vrai plaisir à revêtir le costume de cet espion pas comme les autres. Et il n’est pas le seul à reprendre du service : Ben Miller revient lui aussi dans la danse et réinterprète le personnage de Bough, son fidèle acolyte. Seulement voilà, les années ont passé et les moyens mis en place au MI7 sont étrangers à notre Johnny English, devenu professeur de géographie dans une école pour jeunes enfants. Prenant à cœur leur nouvelle mission, ce tandem chic et choc usera des bonnes vieilles stratégies pour démasquer l’ennemi du Royaume britannique. Quand technologie et méthodes ancestrales s’affrontent, cela donne un scénario cousu de fil blanc mais toutefois parfois amusant. Une trilogie inconstante Tout comme pour la saga des « Mission Impossible », les trois longs-métrages estampillés Johnny English sont réalisés par trois metteurs en scène différents. Après Peter Howitt et Oliver Parker, c’est au tour de David Kerr de mettre la main à la pâte. Jamais passé sous nos radars, le réalisateur offre un épisode plus que correct à la lignée des autres Johnny. Mieux, on retrouve le plaisir partagé lors de la découverte du premier opus. Peut –être parce que William Davies a à nouveau pris part à la construction du scénario. Toujours est-il que s’il est marqué par quelques rides, notre Johnny n’a finalement pas tant changé et cela contribue grandement au petit plaisir coupable de retrouver ce héros foireux. Si vous vous attendez à découvrir quelque chose de radicalement neuf, passez votre chemin. Par contre, si vous voulez retrouver l’humour décalé des premières heures, « la contre attaque » de notre espion fera l’affaire. Un casting international Qui dit espion, dit mission. Et cette fois, Johnny English est invité à gagner le Sud de la France dans le but de démasquer un pirate informatique venu infiltrer les données du royaume britannique. Qui proquo, accents poussifs, infiltrations ratées et autres cabrioles viennent ponctuer une enquête plus compliquée qu’il n’y parait. Qui a pour intérêt de mettre le chaos en Angleterre ? Johnny et Bough sont décidés à faire toute la lumière sur cette affaire. Parallèlement à cela, la Première Ministre (Emma Thompson) consulte un jeune chef d’entreprise spécialisé en cyber-technologie pour redorer son blason. C’est Jake Lacy qui prête ses traits à cette caricature de Mark Zuckerberg. Ambigu et énervant, le personnage est vite démasqué et les enjeux de ce troisième opus trop rapidement révélés. Qu’importe, la parodie des films à la Bond et compagnie reste bon enfant et c’est d’ailleurs ce public qui risque d’être le plus amusé par les frasques de notre bon Rowan. Mais que serait un film d’espionnage sans sa plantureuse actrice féminine ? C’est Olga Kurylenko (« Dans la brume », « L’homme qui tua Don Quichotte », « La mort de Staline » ou encore… « Quantum of Solace ») qui tient ce rôle décalé et totalement assumé. Alliant leurs forces comiques et leurs jeux parfois outranciers, les comédiens de tous horizons se mettent au diapason pour offrir un concert en si mineur. Dans la même veine que ses deux premiers chapitres, « Johnny English contre attaque » ne propose ni plus ni moins qu’une suite correcte aux aventures proposées ultérieurement. Amusant le jeune public et distrayant les plus grands, on trouvera dans le long-métrage de David Kerr tout ce que l’on a déjà vu avant. Date de sortie en Belgique : 10 octobre 2018 Durée du film : 1h28 Genre : Comédie Titre original : “Johnny English Strikes Again” Résumé du film : Possédé par un symbiote qui agit de manière autonome, le journaliste Eddie Brock devient le protecteur létal Venom. Note du film : 5,5/10 (par François) Avis : Plombé par les critiques américaines, « Venom » cartonne pourtant au box-office US. En Europe, les critiques sont plutôt mitigées. Pour autant, que doit-on en penser ? Est-ce la catastrophe annoncée ? De notre point de vue, le naufrage a été évité…de justesse. On vous dit tout ! Mélange de genres pour cocktail écœurant Amateurs de comics américains, l’annonce de Venom, némésis de Spiderman, avait su nous enthousiasmer. C’est que depuis plusieurs années maintenant, les anti-héros badass sont à la mode dans le bestiaire Marvel. En 2014, « les gardiens de la galaxie » avaient ouvert une voie royale dans laquelle se sont engouffrés « Deadpool » et consorts. Bien que Venom possède un côté beaucoup plus « sombre » que les personnages cités, il annonce d’autres personnages plus obscurs encore (en témoigne le post-générique qui tiendra de l’anecdotique pour le profane mais risque de faire palpiter le cœur des fans). Quant au réalisateur, Ruben Fleischer, il avait su créer la surprise en 2009 avec le complètement barré « Bienvenue à Zombieland ». Cependant, dans le cas présent, il semble se prendre les pieds dans le tapis ! Menée tambour battant, l’introduction surprend et…désole. Les premières images montrent un vaisseau spatial entrer à toute vitesse dans notre atmosphère avec à son bord des symbiotes (sorte de parasites) extra-terrestres. La voix du pilote se veut engageante et rassurante mais l’instant d’après, sans trop qu’on sache pourquoi d’ailleurs, l’engin subit une avarie et s’écrase en Malaisie. Carlton Drake (Riz Ahmed -que nous avons déjà trouvé bien meilleur dans « Les frères Sisters »), véritable mégalo et responsable du projet à travers sa société « Fondation pour la vie », envoie illico-presto une équipe pour récupérer les spécimens. Mais certains manquent à l’appel. En bons parasites qu’ils sont, ils chercheront un hôte « viable » avant de prendre possession d’un autre corps lorsque les organes vitaux auront été phagocytés. Plutôt glauque tout ca ! Pendant que la symbiote change de corps, Carlton Drake récupère ses entités de Malaisie et commence l’expérimentation sur des humains. Derrières ces monstruosités, se cache l’envie pour l’Homme de vivre sur d’autres planètes en pouvant s’adapter aux conditions extrêmes. Et comme l’enfer est pavé de bonnes intentions, ces expériences sordides se font sur les personnes défavorisées et vulnérables de notre société (on pense notamment aux sans-abris). Et c’est d’ailleurs ce qui dérange... même s’il sera toujours latent, l’aspect « horreur » se dissipe assez vite pour laisser la place à d’autres genres qui fonctionnent peu ou mal. Après l’horreur, la romance. Mais où est Venom ? Pour les amateurs de la bande dessinée, cela doit être plaisant de voir à l’écran Eddie Brock ! Surtout quand ce gentil foireux prend les traits de Tom Hardy (qui a déjà signé pour une trilogie). Mais si le jeu du comédien ne souffre pas de réel défaut, on ne croit pas vraiment à ce journaliste d’investigation qui ne respecte pas la déontologie de la profession (c’est un comble tout de même !). Ni à son côté bad boy d’ailleurs ! Il ne suffit pas à l’acteur tatoué de porter une veste en cuir et de boire une bière dans un bar pour approcher ce résultat. Quant à love story qu’il entretient avec Anne, jouée par Michelle Williams, on peut dire que celle-ci dure pendant un bon tiers du film ce qui est beaucoup trop car ce que nous sommes venus voir, c’est … Venom ! Nous n’avons pas payé pour une bluette tout de même ! Mais pourquoi est-il si méchant ? Une fois la relation symbiotique effectuée entre Eddie et le parasite, nous assistant à la naissance de Venom. Et justement, de cet « heureux (?) » évènement, la personnalité du parasite et surtout ses motivations (détruire la terre ? Y vivre ?) vont évoluer rapidement sans qu’on sache pourquoi… Etrange. C’est d’autant plus dommage qu’aucune raison n’est évoquée. Nous avons donc la dérangeante impression que la psychologie au potentiel incroyable du némésis de Spidey (qu’on ne mentionne pas ici) a été sacrifiée sur l’autel d’un rythme très mal contrôlé. Que reste-t-il de nos amours ? Mais alors, quelles sont les raisons qui vous pousseraient à franchir les portes de votre ciné préféré ? Et bien les scènes d’action dans la seconde partie du film pardi ! Et même celles-là ne nous ont pas toujours convaincues. Autant la première scène d’envergure à moto nous a bluffé par sa nervosité et sa maitrise technique, autant nous avons jugé le combat final beaucoup trop brouillon et presque illisible à l’écran. La tentation de voir Venom mener son combat contre Riot ne doit pas se faire à n’importe quel prix. Et même si la 3D se montre convaincante (bien que le personnage soit très laid !!), la surenchère rend le tout beaucoup trop confus ! Quant au dénouement de facture classique, il ne risque pas de révolutionner le genre. En fin de compte, les premiers pas de « Venom » dans cette trilogie se feront à pas de loup tant les pièges sont nombreux. Pour autant, les suites ont toutes les chances d’offrir un mieux puisque les bases sont posées. L’avenir nous le dira ! Date de sortie en Belgique/France : 10 octobre 2018 Durée du film : 1h52 Genre : Science-fiction / Super-héros Résumé du film : Julien sent comme une présence hostile derrière chacun de ses pas. Alex, son fils, apprend que sa petite-amie Eva, 17 ans, a oublié de le prévenir qu’il allait être père. Lucie est quant à elle exaspérée par les délires paranos de Julien. Serena, la maîtresse de Julien, sent qu’il lui ment. La mère d’Eva, Véro, vit une sale passe depuis sa naissance. Elizabeth, dont le mari Bertrand s’est volatilisé, voit sa maison dévastée par une perquisition. Loïc, fils ainé de Véro, seul élément stable de la bande, ne l’est pas tant que ça…Tous ces personnages, voyez comme ils dansent ! Note du film : 7,5/10 (par Thomas) Avis : Seize années ont passé depuis « Embrassez qui vous voudrez ». Seize années durant lesquelles Michel Blanc s’est consacré à sa carrière d’acteur. Pour son retour à la réalisation, l’acteur réalisateur a choisi de reprendre l’évolution des personnages qu’il avait laissés, initialement inspirés de l’œuvre « Vacances anglaises » de Joseph Connolly, avec la même verve, le même humour et le même esprit. Pas besoin de prérequis pour savourer ce film qui se regarde non comme une suite mais plutôt comme une nouvelle tranche de vie d’une multitude de personnages reliés entre eux par un fil conducteur : la famille. De nombreux acteurs et actrices reprennent leur rôle initial. Il en va ainsi de Charlotte Rampling et de Jacques Dutronc, qui reforment leur vieux couple en mode « Je t’aime, moi non plus ». La toujours sublime Carole Bouquet partage cette fois les draps de Jean-Paul Rouve mais pas pour longtemps. Ce dernier a une maîtresse, est devenu parano et s’enlise dans une double vie devenue compliquée à gérer. Karin Viard a des problèmes avec l’alcool et l’argent tandis que Michel Blanc, encore lui, traque son amour de jeunesse. Le personnage de Loïc, incarné par Gaspard Ulliel dans le premier opus, est repris par Guillaume Labbé. D’une manière générale, le ballet est bien mené par cette galerie de personnages qui feront subtilement entrer le spectateur avec eux dans la danse. On rit de bon cœur de certaines situations et de certains dialogues même si on pourrait reprocher un dosage pas toujours équilibré, la dernière partie du film étant beaucoup plus drôle que le début. Amour, haine, mensonges et faux-semblants constituent les ingrédients de ce film choral qui plaira sans doute au plus grand nombre de spectateurs amateurs de ce genre de cinéma. Date de sortie en Belgique/France : 10 octobre 2018 Durée du film : 1h28 Genre : comédie, film choral Résumé du film : Les pires prédateurs de l'univers sont maintenant plus forts et plus intelligents que jamais, ils se sont génétiquement perfectionnés grâce à l'ADN d'autres espèces. Alors qu’un jeune garçon devient accidentellement leur cible, seul un équipage hétéroclite d'anciens soldats et un professeur de science contestataire peuvent empêcher l’extinction de la race humaine. Note du film : 4/10 (par François) Avis : D’aussi loin que nous nous souvenons, la franchise « Predator » a toujours obtenue grâce à nos yeux. Bien sûr, le premier film du génial John McTiernan (« Die Hard ») demeure le plus réussi grâce à son solide casting (comprenant Arnold Schwarzenegger et Carl Weathers) et sa belle tension ! Nous frémissions devant ce spectacle et depuis, nous avons toujours pris plaisir à regarder sur grand écran les différentes chasses proposées ! Même si « Predator 2 » était loin d’égaler l’original, le « Predators » de 2010 avec Adrien Brody proposait un spectacle, qui à l’époque, avait su nous divertir ! Nous tairons les cross-over entre Alien et Predator, qui, sous prétexte de vouloir proposer un gros divertissement, en oubliaient l’essence des deux licences. Dès lors, lorsque nous avons appris la venue d’un nouvel opus réalisé par Shane Black (qui apparaissait déjà en tant qu’acteur dans le premier volet), nous étions plutôt confiant. Mais ça, c’était avant… « The Predator » ou l’hallali de la franchise Après une introduction de bonne augure mais trop vite expédiée où un commando - avec à sa tête Quinn McKenna (Boyd Holbrook)- tente d’éliminer des preneurs d’otages, le Predator s’écrase sur terre à bord d’une navette de sauvetage mais se sépare de son équipement pour explorer les lieux. A son retour, l’extraterrestre se rend compte que Quinn est passé par là en ayant pris soin de lui prendre son masque et son bras d’armure qui permet de contrôler le vaisseau mère. La suite ? On ne préfère pas la divulguer mais sachez qu’un autre Predator- plus puissant car résultant de modifications génétiques- sera à la poursuite du premier pour régler ses comptes. Quant à notre héros, il fera vite équipe avec d’anciens membres de l’armée complètement dingues (Trevante Rhodes, Alfie Allen, Sterling K Brown, Keegan-Michael Key) et une scientifique (Olivia Munn) pour traquer la créature. Si on se dit au début que le film devrait tout de même offrir un spectacle rythmé on constate très vite que ce n’est en partie le cas… car le grotesque pointe très rapidement le bout de son nez. Vous l’aurez compris, le scénario ne casse pas trois pattes à un canard mais le plus problématique est sans conteste les moyens déployés ! On se croirait devant une bonne vieille série complètement fauchée avec des effets risibles indignes d’une licence de cette trempe! De nombreuses séquences sont ridicules et nous ne comptons pas le nombre de fois où nous levons les yeux au ciel, complètement abasourdi par le déluge de bêtises à l’écran. Il (ne) faut (surtout pas) le voir pour le croire ! Pardonnez-moi, je cherche « Predator » s’il vous plait ! La suite ne sera qu’une succession de vannes à deux balles avec un membre de l’équipe souffrant de la maladie de la Tourette, la domestication d’un chien-Predator et des gunfights certes de grandes ampleurs mais tellement vides de sens… Tout un programme! C’est ainsi que pendant 1h47 affligeante, nous nous demandons pour quel nanar nous avons payé notre place de ciné et regrettons amèrement avoir dépensé nos deniers… et notre temps. Et puis, nous nous souvenons nostalgique de la survie du premier épisode de la saga et nous nous disons que décidément, c’était mieux avant ! Date de sortie en Belgique : 3 octobre 2018 Date de sortie en France : 17 octobre 2018 Durée du film : 1h47 Genre : Science Fiction Résumé du film : Aglaé la pipelette, Rosine la tête en l’air, Clarisse la peureuse et Marguerite la coquette ne se contentent pas de regarder passer les trains. Ce petit troupeau de vaches vous entraine dans leurs aventures à travers ce programme de 3 courts meuhtrages plein de tendresse et d’humour ! Note du film : 7/10 (par Véronique) Avis : Régulièrement, Le Parc Production nous propose de jolis courts ou moyens métrages à destination des enfants. « Le quatuor à cornes » s’inscrit d’ailleurs dans la lignée des réalisations supervisées par le belge Arnaud Demuynck parmi lesquelles on trouve la série de « La chouette », « Le vent dans les roseaux » ou encore « La Fontaine fait son cinéma ». Cette fois, le Courtraisien nous propose trois petites histoires mettant un scène non pas quatre musiciens mais quatre vaches curieuses et aventureuses. On trouve ainsi, dans « Le quatuor à cornes » de jolies adaptations des livres de Yves Cotten, déclinées en stop motion ou dessins animés. Intitulés « La clef des champs », « Dorothy la vagabonde » et « Aglaé la pipelette », les trois récits présentent, comme à chaque fois, des courts métrages lumineux, tendres et soignés dans lesquels se nichent des valeurs qui parleront à nos petites têtes blondes. Ainsi, dans le premier petit film, Aglaé, Clarcisse, Rosine et Marguerite partent à la découverte de la mer, sur les conseils d’une mouette. Traversant les bois, les champs et les prairies, les copines intrépides vont vivre de curieuses aventures et croiser la route d’autres animaux de la région. Dans le second, c’est Dorothy, une vache des Highlands qui attire leur attention et leurs moqueries. Belle ode à la tolérance, ce court métrage est sans conteste le plus profond des trois. Enfin, « Aglaé la pipelette » est, comme son nom l’indique, un petit récit centré sur la très loquace Aglaé, contrainte au silence suite aux réflexions indélicates de ses camarades bovines. Toujours appréciable dans son fond comme dans sa forme, ce nouveau programme s’adresse aux enfants de plus de 4 ans et à leurs parents désireux de leur faire vivre une expérience cinéma courte mais chargée d’ouvertures au dialogue. Tendresse, humour et aventure attendent les petits cinéphiles en culotte courte et feront de ce « Quatuor à cornes » une belle sortie familiale. Date de sortie en Belgique : 10 octobre 2018 Durée du film : 50 minutes Genre : Animation Résumé du film : Pilote jugé « un peu distrait » par ses supérieurs en 1961, Neil Armstrong sera, le 21 juillet 1969, le premier homme à marcher sur la lune. Durant huit ans, il subit un entraînement de plus en plus difficile, assumant courageusement tous les risques d’un voyage vers l’inconnu total. Meurtri par des épreuves personnelles qui laissent des traces indélébiles, Armstrong tente d’être un mari aimant auprès d’une femme qui l’avait épousé en espérant une vie normale. Note du film : 8/10 (par François) Avis : Ah ! Les films sur la conquête spatiale… Ce sont toujours de belles occasions pour prendre un peu de hauteur et de rêver, la tête dans les étoiles ! De grands films ont déjà été réalisés sur le sujet et nous nous souvenons encore du plaisir procuré par le long et l’excellent « L’étoffe des Héros » sorti en 1984 et réalisé avec maestria par Philip Kaufman. Par la suite, Ron Howard s’emparait du problème technique qui est rentré dans l’Histoire par la célèbre phrase « Houston, nous avons un problème » pour nous conter l’histoire de la mission Apollo 13 en 1995. Et depuis, nous voyons avec plus ou moins de réussite pas mal de longs-métrages sur les vols spatiaux. Pour autant, la vie de Neil Armstrong est ici dépeinte avec beaucoup de réussite par Damien Chazelle, le réalisateurs à succès de « Whiplash » et du plébiscité et multi-oscarisé « La La land ». Fly me to the moon… Si les étoiles brillent de mille feux là haut, ici bas nous sommes ravis de regarder cette très belle affiche qui compte elle aussi beaucoup de stars. Dans le rôle de Neil Armstrong, nous retrouvons Ryan Gosling qui parvient sans mal à nous faire croire en cet astronaute qui a marqué l’histoire de la conquête spatiale. Sa solide performance vient de sa capacité à mêler émotion et justesse. Dans ses regards et ses silences, c’est une part intime du cosmonaute qui nous est donnée à voir. Car le long-métrage laisse bien évidemment une part importante aux missions Gemini et Apollo mais il nous éclaire également sur l’homme qu’était Armstrong et nous fait entrer dans sa vie intime, nous permettant de mesurer l’ampleur de son ambition, de ses fêlures, de ses victoires et de ses défaites. Dans son film, Damien Chazelle réussit à créer un climat réaliste qui flirte avec l’aspect documentaire mais aussi à développer la vie de famille forcément perturbée par cette course spatiale haletante ! Dans le rôle de son épouse, Claire Foy ("The Crown") tient tête à son « mari » à l’écran et existe sans entrer dans l’ombre de ce dernier. Mais que serait une équipe sans d’autres têtes brûlées ? Nous avons apprécié revoir Jason Clarke dans le rôle de l’astronaute Ed White, ami fidèle de Neil Armstrong. Quant à la forte tête que représentait Buzz Aldrin- le deuxième homme sur la lune, Corey Stoll (« The Strain », « House of Cards ») lui prête formidablement ses traits ! Voilà un très beau casting en somme. Vers l’infini et au-delà ! Le plaisir procuré par « First Man », passe assurément par sa plastique avec une belle reconstitution des Etats-Unis des années 50. Le réalisateur soigne ici la photographie de son film et nous saluons le soin apporté à la reconstitution. De la maison de famille des Armstrong aux cockpits spatiaux, nous prenons plaisir à voyager dans ce temps pas si lointain où l’American Way of Life dictait la vie en société. De plus, le réalisateur américain a su retransmettre les idées de l’époque quant aux coûts exorbitants de cette aventure spatiale pour le contribuable. Narré chronologiquement, le spectateur prend toute la mesure de ce prodigieux exploit technologique qui n’a d’autre condition de réussite que le sang froid et le courage de jeunes pilotes risquant leur vie pour atteindre la lune. Mais pour arriver à décrocher les étoiles, des vies ont été perdues et des larmes ont coulé. C’était le prix à payer pour ce formidable exploit. A ce titre, les dernières images de la lune sont époustouflantes de beauté et gageons que celles-ci resteront gravées dans vos mémoires. Alors, accrochez vos ceintures, direction Cap Canaveral ! Date de sortie en Belgique/France : 17 octobre 2018 Durée du film : 2h21 Genre : Drame biographique Titre original : First Man Résumé du film : Star de country un peu oubliée, Jackson Maine découvre Ally, une jeune chanteuse très prometteuse. Tandis qu'ils tombent follement amoureux l'un de l'autre, Jack propulse Ally sur le devant de la scène et fait d'elle une artiste adulée par le public. Bientôt éclipsé par le succès de la jeune femme, il vit de plus en plus de mal son propre déclin… Note du film : 7,5/10 (par Véronique) Avis : Bradley Cooper, Lady Gaga, une gueule, une voix, un film musical sur fond de comédie romantique, il n’en fallait pas plus pour allumer l’étincelle dans les yeux de nombreux spectateurs du mercredi. Présenté en avant-première à la Mostra de Venise 2018, « A star is born », le premier long-métrage de Bradley Cooper laissait rêveur. Enthousiaste à l’idée de découvrir ses premiers pas de réalisateur, nous avons poussé la porte de notre salle ciné. En sommes-nous sortie touchée ? En partie oui mais pas autant que nous l’avions espéré. La princesse aux petits pois Ally, serveuse dans un restaurant le jour, chanteuse dans un bar la nuit s’apprête à vivre un conte de fée. En effet, lorsque Jackson Maine pousse la porte du « Bleu bleu » où elle se produit de temps à autre, c’est l’électrochoc. La version audacieuse de « La vie en rose » de la charmante Ally touche en plein cœur le célèbre chanteur. Admiratif de son talent et déterminé à la propulser sur le devant des scènes de sa tournée, Jack l’entraîne dans sa vie, remplie de musique, de compositions, d’applaudissements et de succès mais aussi de déboires dont il est difficile de se relever…. Et cela, Ally va le comprendre à ses dépens. Repérée par un label important avec qui elle signe un contrat alléchant, la talentueuse chanteuse va vivre de nouvelles aventures, prendre chaque jour un peu plus la lumière et, sans le vouloir, faire de l’ombre à celui avec qui tout a commencé. Les conséquences de cette ascension risquent bien d’être fatale à ce couple qui semblait partager la même passion, comme le laissait par ailleurs suggérer une première partie parfaitement installée. Vedettariat, alcoolisme, travail, passion, fascination et gloire viennent ponctuer la vie de notre couple glamour, qui nous fait rêver autant que trembler. Car la fragilité de ces deux âmes sœurs faites pour se rencontrer est palpable et on devine très vite que la beauté de cette bulle à deux, créée sur les routes d’une tournée, risque bien d’éclater. Après cinquante minutes enivrantes, nous plongeons dans un mélodrame quelque peu étiré, l’heure trente restante creusant peu à peu le sillon d’un final larmoyant que l’on a forcément vu arriver. C’est peut-être là le défaut majeur de « A star is born » : nous détacher peu à peu de ceux avec qui nous avions vibré et nous perdre dans un récit classique et formaté, à l’image de cette Ally transformée en figure pop sans âme et stéréotypée. New stars are born Prévisible et classique, cette nouvelle version de « A star is born » vient s’ajouter à une lignée de remake déjà bien exploitée. Après Janet Ganor, Judy Garland ou encore Barbara Streisand, c’est au tour de Stefani Germanotta de se mettre dans la peau de cette étoile naissante, appelée Ally dans sa version 2018. Plus connue sous le nom de Lady Gaga, la comédienne nous fait bien évidemment frémir à chacune de ses prestations vocales et force notre respect devant chaque interprétation passionnée. Mais elle se révèle également être une formidable comédienne, née pour briller sous les projecteurs des plateaux de cinéma. Après quelques apparitions dans des séries et autres réalisations, ce caméléon surprenant revêt un nouveau costume et bluffe par la densité de son jeu et évolue avec son personnage taillé sur mesure pour son charisme indéniable. Mais elle n’est qu’un élément du Ying et du Yang formé avec Bradley Cooper, impressionnant dans ce rôle de Jack(son) Maine. L’acteur, qui avait déjà plusieurs cordes à sa guitare, en ajoute quelques-unes de non négligeables : celle de réalisateur, co-scénariste mais aussi compositeur. En effet, si les musiques qui ponctuent le film sont toutes originales, certaines d’entre elles sont issues de la plume du célèbre comédien. Interprétant ses titres sans play-back, il se révèle aussi être un excellent chanteur. Aidé par Lukas Nelson pour l’écriture des autres titres, Bradley Cooper montre par cette démarche, qu’il s’est investit pleinement dans ce premier projet de grande envergure. Puisant dans les tréfonds de son passé agité, le comédien a nourri les affres et déboires de Jack et lui a ainsi donné une véritable profondeur à laquelle on croit dès ses premières confidences. L’alchimie qui se dégage de ce couple à l’écran est totale et les regards partagés entre les deux comédiens nous filent la chair de poule, au même titre que certaines scènes mémorables qui laisseront bouche bée bon nombre d’entre nous. Entourées d’une belle palette de comédiens secondaires parmi lesquels Sam Elliott, Andrew Dice Clay ou encore Anthony Ramos (« Monsters and men »), les deux têtes d’affiche lèvent la nôtre vers des étoiles étincelantes qui brillent et se fissurent à la fois. Si Ally est en lice pour les Grammy Awards, nous espérons que malgré ses quelques défauts mineurs, « A star is born », lui, remportera plusieurs Golden Globes ou Oscars pour ses interprètes principaux. De sa bande originale magistrale au jeu impeccable de Lady Gaga et Bradley Cooper, nombreux sont les atouts du premier long-métrage de l’acteur/compositeur et… chanteur. A découvrir en salles (et en version originale !) dès ce mercredi. Date de sortie en Belgique/France : 03 octobre 2018 Durée du film : 2h15 Genre : Drame/Romance Résumé du film : Olivier se démène au sein de son entreprise pour combattre les injustices. Mais du jour au lendemain quand Laura, sa femme, quitte le domicile, il lui faut concilier éducation des enfants, vie de famille et activité professionnelle. Face à ses nouvelles responsabilités, il bataille pour trouver un nouvel équilibre, car Laura ne revient pas. Note du film : 7,5/10 (par Véronique) Avis : Guillaume Senez nous livre avec « Nos batailles », un film fort, juste et proche de l’univers installé avec « Keeper », celui de la gestion d’une famille bouleversée par un événement qu’elle n’avait pas vu venir. Du choix de deux adulescents de garder un enfant au combat d'un père de famille déstabilisé, il n’y a qu’un pas. Nous l’avons franchi avec une émotion certaine et avons apprécié retrouver Romain Duris dans un rôle mature doté d’une réelle sincérité. Retour sur le deuxième long-métrage de Guillaume Senez, présenté en avant-première belge au Festival International du Film Francophone de Namur. Ma famille, ma bataille Ecrit peu de temps après la séparation d’avec sa compagne (et exorcisant sans doute ses peurs liée à la nouvelle organisation familiale rythmée par les gardes alternées), « Nos batailles » de Guillaume Senez nous présente l’histoire d’Olivier, ouvrier responsable dans un entrepôt démentiel d’un géant de la vente à domicile. Enchaînant les pauses et défendant la cause de ses collègues mis sur le carreau, le jeune père de famille vit à côté de ses enfants et son épouse, au rythme d’un quotidien plombant où métro-boulot-dodo n’a jamais eu autant de sens. Mais un jour comme un autre, sa femme disparaît, laissant ses deux jeunes enfants et son mari derrière elle. Comment Olivier va-t-il gérer sa vie de famille ? Comment va-t-il repenser tout ce quotidien qui était mécaniquement installé ? Ce portait d’un père prêt à tout pour garder la tête hors de l’eau sans trahir ses engagements professionnels et familiaux nous en livre les réponses, sans pathos, sans dramaturgie, juste avec ce qu’il faut de réalisme et de profondeur. Evoquant comme toujours une famille en crise et la recherche d’un équilibre, Guillaume Senez a quelque peu changé son sujet principal mais pas sa méthode de travail. Son histoire, il l’a bien sûre construite à travers un scénario solide (co-écrit avec Raphaëlle Valbrune-Desplechin) mais aussi avec ses comédiens, auxquels il ne livrait que des pistes afin que l’improvisation encadrée donne une authenticité à l’interprétation de chaque personnage. « J’ai bien sûr une version très dialoguée de l’histoire mais je ne la communique pas, si ce n’est aux financiers » confie-t-il, non sans humour, lors de la conférence de presse. « Les comédiens et les enfants ont des idées, des pistes mais je ne fais que les cadrer, leur donner des mots clés. Il est important que les comédiens entrent dans les situations, que chacun invente ce qu’il pense être juste et crée ainsi ce qui me semble être des scènes plus vraies ». Et cela fonctionne ! La justesse de ton, le naturel des échanges, la sincérité de chaque protagoniste viennent sublimer une histoire somme toute banale mais qui fait la part belle à l’amour, au courage et à l’entraide, des valeurs qu’on ne peut qu’apprécier dans ce monde de plus en plus individualiste. Une famille formidable Parfois prévisible, son intrigue installe pourtant une tension latente grandissante et le spectateur ne peut qu’espérer un dénouement joyeux pour cette famille plus vraie que nature. Et on doit cette réussite à l’implication réelle de ses comédiens, des plus petits aux plus grands, des novices aux plus expérimentés. Lena Girard Voss, Basile Grunberger, Lucie Debay et Romain Duris forment ainsi un noyau familial auquel on croit. Et il y a bien sûr la présence solaire de Laetitia Dosch (déjà présente à l’affiche de « Keeper ») et qui forme avec Romain Duris un duo fraternel exquis, un tandem qui nous offre des scènes drôles et touchantes. Cette visite et cette pause légère dans le trouble familial ne remettront-elles pas en selle notre Olivier, apaisé pour continuer la reconstruction d’une tribu brisée par l’absence ? Equilibré, parfaitement mis en scène et brillamment interprété, « Nos batailles » de Guillaume Senez est une nouvelle réussite dont il peut se vanter. Touchant au cœur, nous faisant autant sourire que déprimer, son deuxième long-métrage a aussi le mérite d’offrir à Romain Duris un très beau rôle reposant certes sur la paternité mais surtout sur la maturité. Date de sortie en Belgique/France : 3 octobre 2018 Durée du film : 1h38 Genre : Drame Résumé du film : Charlie et Elie Sisters évoluent dans un monde sauvage et hostile, ils ont du sang sur les mains : celui de criminels, celui d'innocents... Ils n'éprouvent aucun état d'âme à tuer. C'est leur métier. Charlie, le cadet, est né pour ça. Elie, lui, ne rêve que d'une vie normale. Ils sont engagés par le Commodore pour rechercher et tuer un homme. De l'Oregon à la Californie, une traque implacable commence, un parcours initiatique qui va éprouver ce lien fou qui les unit. Un chemin vers leur humanité ?
Note du film : 9/10 (par François) Avis : Vu dans le cadre du dernier Festival de cinéma Américain de Deauville, les « Frères Sisters » est le dernier film de Jacques Audiard. Après « De battre mon cœur s’est arrêté », « Un prophète », « De rouille et d’os », ou plus récemment « Dheepan», le réalisateur français se lance un défi de taille et opère un virage à 180 degrés en adaptant sur grand écran le roman éponyme de Patrick deWitt et, par la même occasion, s’essaye au genre western. Pari réussi pour ce projet audacieux avec un film aussi beau esthétiquement qu’il n’est bon dans son fond ! Souvent drôle, son récit pourtant tragique s’avère surprenant. Outre une dimension esthétique indéniable, nous avons été impressionnés par la qualité d’écriture et les nombreuses réflexions suggérées par un film dense qui nous questionnera sur l’Homme, la légitimation de la violence et la complexité des relations familiales avec beaucoup de justesse. Poignant autant que drôle, « The Sisters Brothers » a tout d’un grand western ! Un Frenchy chez les Yankees D’emblée, voir apparaître un réalisateur français aux commandes d’un film américain peut surprendre, voire inquiéter ! Mais très vite, toutes nos craintes se sont envolées tant les codes du western sont respectés et même sublimés ! Nous pensons tout d’abord aux superbes paysages qui s’étendent à perte de vue. Le désert semble s'étaler loin avant de laisser place aux villes. Quant à ces dernières, elles sont soit très sommaires et quelque peu rustiques, soit très développées et en avance sur leur temps. On pense évidement à San Francisco, joyau moderne disposant de l’électricité et de l’eau courante. Le travail de minutie est tel que nous avons eu l’impression que le curseur du souci du détail a été poussé loin pour nous offrir un plaisir cinématographique de tous les instants ! Casting cinq étoiles pour une chasse à l’homme Pour son ouverture, nous nous trouvons face à une maison isolée, plongée dans l’obscurité et théâtre d’une terrible fusillade. Dans ce déluge de fureur, nous percevons beaucoup de confusion, de cris et imaginons sans mal les effusions de sang. Puis, le silence survient avant de faire place à deux hommes sortant de l’ombre. Encore estomaqués par ce que nous venons de voir, nous découvrons les visages de Charlie et Eli Sisters et pensons plus que jamais que Joaquin Phoenix et John C Reilly sont décidément de sacrés acteurs ! Tous les deux magnifiques dans leur rôle, nous croyons tout de suite à cette fratrie de hors-la-loi. Drôles à l’écran, nous avons l’impression que ce couple improbable est resté bloqué à un moment de leur enfance et beaucoup d’humour en découle ! Mais très vite, nous comprenons que ces deux hommes sont à la solde du « Commodore » qui s’emploie à engager des mercenaires pour éliminer les hommes qui se dressent sur son chemin. Pour leur dernière mission, les frères Sisters traverseront le pays pour retrouver un homme de science- Hermann Kermit Warm (Excellent Riz Ahmed)- qui a les moyens d’enrichir de façon surprenante le Commodore. Mais alors, que vient faire Morris (fantastique Jake Gyllenhaal) dans cette histoire ? Nous préférons vous laisser la surprise car nous pouvons dire que le film en regorge. Par contre, ayez à l’esprit que cet acteur de talent a tenu à faire appel à un linguiste pour se renseigner sur la manière dont s’exprimerait son personnage, un universitaire de la côte Est des Etats-Unis au XIXe siècle. C’est dire si le souci du détail relevait d’une obsession de chaque instant pour Jake Gyllenhaal ! Si l’ensemble du casting est ultra convaincant, on ne peut qu’être admiratif de cette formidable adaptation qui fera la part belle aux répliques truculentes ! Les dialogues, écrits au cordeau, serviront une histoire digne d’intérêt et osons l’écrire, captivante de bout en bout ! Dès lors, on ne s’étonnera pas du choix de ces acteurs. Le réalisateur dira d’ailleurs justement : « Ils offrent une sorte d’incarnation immédiate. On ne se pose pas de question, ils se dressent physiquement et occupent l’image d’une façon différente. Ça, c’est le constat du spectateur : les visages n’apparaissent pas de la même façon, les corps n’ont pas la même taille, les voix la même profondeur etc. Ensuite, quand tu travailles avec eux, eh bien, tu comprends pourquoi : c’est un travail. Du travail. Ils ne s’arrêtent jamais." Des paysages américains… européens. Décidément le réalisateur surprend ! Outre un tournage en langue anglaise avec des acteurs (essentiellement) américains, la volonté de Jacques Audiard était d’atteindre un grand réalisme sans devoir pour autant tourner aux Etats-Unis. Bien que le repérage se soit fait là bas et au Canada, c’est pour mieux apporter de la précision et une vision claire qu’il tourne en Espagne et en Roumanie ! Voulant certainement freiner au maximum les coûts liés au tournage, c’est surtout le défi créatif qui l’a stimulé. Pour toutes ces raisons, nous saluons l’audace et la créativité de Jacques Audiard qui s’est aventuré sur des voies incertaines pour nous livrer un superbe western crépusculaire qui a le mérite de posséder également un côté très moderne. Nous sommes conquis et nous ne pouvons que vous conseiller de toute urgence de découvrir cette pépite à la fois tendre et brutale qui vous marquera longtemps encore après la vision. Date de sortie en France : 19 septembre 2018 Date de sortie en Belgique : 24 octobre 2018 Durée du film : 2h01 Genre : Western Titre original « The Sisters Brothers ». |
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