Résumé du film : À Newcastle, Ricky et sa famille se battent contre la précarité depuis quelques années. Pourtant, ni Ricky ni son épouse Abby n’ont cessé de travailler. Alors qu’il est temporairement sans emploi, Ricky voit dans l’opportunité de devenir chauffeur-livreur à son compte, avec son propre camion, une formidable occasion de s’en sortir. Abby, aide-soignante à domicile, l’aide à réaliser son projet en vendant sa propre voiture. Mais Ricky doit rendre des comptes à la société de transport qui lui assigne ses courses et contrôle son travail, et finalement sa vie et celle des siens. Commence alors pour toute la famille la spirale infernale des pièges de l’uberisation... Note du film : 8/10 (par Véronique) Avis : Nouveau long-métrage de Ken Loach, « Sorry we missed you » est un film nécessaire et poignant, dans la continuité de ce qui avait déjà entamé avec « Moi, Daniel Blake » sorti trois ans plus tôt. Le réalisateur britannique a beau avoir une longue filmographie derrière lui et quelques années au compteur, il n’est pas près de se taire et dénonce des faits sociétaux avec la même férocité et la même pudeur. Après la fracture numérique et ses conséquences sur les demandeurs d’emploi dépassés par une technologie hyper banalisée, voici à présent une nouvelle dérive de notre société moderne mais aussi clivante : l’ubérisation. A l’heure où les ventes par Internet explosent et les livraisons à domicile se multiplient à une vitesse impressionnante, on découvre combien de nombreux emplois créés pour satisfaire les clients pressés peuvent broyer leurs employés mais aussi des familles entières privées de temps... et de liberté. Ricky ou l’enfer de la vie Ricky, père de famille débrouillard et désireux de donner le meilleur à sa famille (pourtant privée de plaisirs simples), voit dans le boulot de coursier indépendant une parfaite occasion de surfer sur l’ultra-rapidité de la consommation croissante. Après avoir investi les dernières économies familiales dans l’achat d’un petit fourgon pratique, le jeune britannique découvre les coulisses du monde chronophage de la livraison expresse. Ses journées à rallonge, dictées par une black box onéreuse, s’enchaînent, le vidant de toute son énergie et le privant de moments en famille. Sur les routes du matin jusque tard le soir, Ricky n’a que quelques minuscules minutes pour se dégourdir les jambes, manger, livrer ses petits paquets minutieusement triés avant de repartir à l’autre bout d’une ville embouteillée, nerveuse où accidents et autres complications l’attendent au tournant. Prisonnier d’un cercle vicieux dont il ne peut s’extraire, le père de famille va peu à peu s’attirer une succession de galères... Film coup de poing dont on ne peut sortir indemne, « Sorry we missed you » décrit les dérives d’un système, d’une société où l’individu n’a plus sa place ni de raison d’exister si ce n’est celle d’aller travailler. Broyés par les dettes, les difficultés quotidiennes, Ricky, Abby et leurs enfants sont indirectement les victimes d’un mode de consommation que l’on sait prégnant. Nécessaire et alarmant, le dernier film de Ken Loach continue de pointer du doigt une société où chacun doit entrer dans le rang, se réactualiser sil ne veut pas se faire abandonner. « Marche ou crève », cette expression résumerait presque à elle seule les dénonciations faites par l’octogénaire depuis de nombreuses années et multirécompensé pour avoir à ce point été concerné et impliqué. Comme toujours, les interprètes des histoires créées de toutes pièces par son acolyte de toujours, le scénariste Paul Laverty, forcent notre respect. Kris Hitchen, Debbis Honeywood, Rhys Stone et même la toute jeune Katie Proctor donnent vie à cette petite famille plus vraie que nature, impressionnante et touchante, une de celles que l’on voudrait pouvoir aider tant la détresse qui s’en dégage parvient à nous concerner. Date de sortie en Belgique : 30 octobre 2019 Durée du film : 1h40 Genre : Drame
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Résumé du film : Encore profondément marqué par le traumatisme qu'il a vécu, enfant, à l'Overlook Hotel, Dan Torrance a dû se battre pour tenter de trouver un semblant de sérénité. Mais quand il rencontre Abra, courageuse adolescente aux dons extrasensoriels, ses vieux démons resurgissent. Car la jeune fille, consciente que Dan a les mêmes pouvoirs qu'elle, a besoin de son aide : elle cherche à lutter contre la redoutable Rose Claque et sa tribu du Nœud Vrai qui se nourrissent des dons d'innocents comme elle pour conquérir l'immortalité. Formant une alliance inattendue, Dan et Abra s'engagent dans un combat sans merci contre Rose. Face à l'innocence de la jeune fille et à sa manière d'accepter son don, Dan n'a d'autre choix que de mobiliser ses propres pouvoirs, même s'il doit affronter ses peurs et réveiller les fantômes du passé… Note du film : 7/10 (par Véronique) Avis : Son prédécesseur avait été la cible de nombreuses critiques à commencer par celle de son auteur : Stephen King. Le « Shining » de Stanley Kubrick était une relecture très personnelle et sociétale de l’œuvre du plus célèbre des écrivains américains. Ses larges libertés, ses nombreux oublis, ses choix contestés avaient déçu lors de sa sortie en 1980. Mais des années plus tard, son onzième long-métrage est passé dans les rangs de film « culte » et passionne les foules et les cinéphiles tout en divisant les fervents lecteurs du roman de King. « Doctor Sleep » souffrira-t-il du même regard controversé ? Pas si sûr… Alors que beaucoup abjurent ce nouvel opus, d’autres y trouvent un bon compromis entre deux univers qui s’étaient jusqu’ici difficilement conciliés. Nous faisons partie de ces derniers. En s’offrant de très larges libertés par rapport au roman initial, Mike Flanagan réussit le pari risqué de rendre à Stephen ce qui lui appartenait (et notamment le destin de l’Overlook qui avait jusqu’ici été totalement esquivé) et de s’inscrire dans la lignée de ce que Kubrick avait déjà proposé. Trait d’union diplomate (mais aussi maladroit) entre ces deux mondes qui se répondaient ou se réfléchissaient dans le miroir de leurs sentiments profonds, le travail de Flanagan prend un peu de King et un peu de Kubrick pour en faire une conclusion certes différente de ce que l’on s’était imaginé mais logique et finalement pas si honteuse que supposée. Car si l’épilogue est à cent lieues de celle du précieux roman, on peut se réconforter en disant que la boucle est bouclée et qu’il fallait forcément sortir des sentiers battus pour y arriver. Entre feuilles mortes et Easter Eggs Des premières notes du thème de Wendy Carlos & Rachel Elkind et ses premières images aériennes à son final totalement revisité, « Doctor Sleep » de Mike Flanagan n’en finit plus d’étonner. Madeleine de Proust à la recette largement modifiée, son nouveau long métrage parvient à mixer les ingrédients des atmosphères généralement réussies de ses précédents films (on pense à « Pas un bruit » et « Ouija : les origines »), celles de celui de Kubrick et éléments phares du roman d’origine. Premier fan de la version ciné de « Shining », et de l’univers de King en particulier (Flanagan avait déjà adapté "Jessie" il y a quelques années), le réalisateur n’a cessé de nous emmener sur les traces des univers qui entourent le grand romancier, quitte à parfois sombrer dans la parodie maladroitement amenée. On pense notamment aux scènes rejouées à l’identique pour mettre en abîme les émotions et souvenirs de Danny. Si Roger Dale Floyd, Alex Essoe et Henry Thomas sont de pâles copies des mémorables Danny Lloyd, Shelley Duvall et Jack Nicholson (mais ne confondons-nous pas ce dernier avec quelqu’un d’autre ?), Carl Lumbly est lui la réplique déstabilisante de Scatman Crothers, notre bon Dick Halloran. Dispensables, ces piqûres de rappel pourtant amenées de façon subtile, ne semblent être là pour faire vibrer la corde sensible des fans de la première heure qui esquisseront quelques petits sourires en coin plutôt que d’en ressentir l’émotion. On s’étonne aussi de voir que le lien entre Abra et Danny n’est pas identique à celui qu’on leur connait mais on comprend les raisons qui ont poussé Flanagan à agir de la sorte, de même que l’on adhère à la mise en scène des jeux de pouvoir entre Rose et la fillette pourtant plus « féroces » dans sa version littéraire ou à celle des rites accomplis par la tribu du Nœud Vrai, plus « grand public » que ce qui a parfois été écrit. A côté de cela, les amateurs de l’univers littéraire et cinématographique apprécieront d’autres jolis clins d’œil disséminés çà et là pour leur plus grand bonheur. Les références à la « Tour Sombre », le numéro de maison de la jeune Abra (1980) ou l’importance d’une chaudière vrombissante parleront à bon nombre d’entres nous. On s’amusera aussi de voir la fillette descendre à l’arrêt de bus de Elm Street (rue au nom prémonitoire d’autres grands classiques du cinéma d’horreur) et Danny retrouver quelques fantômes du passé. En ne reniant aucun des matériaux qui ont construit nos références populaires et notre propre vision du shining, Mike Flanagan réussit à faire un film qui tient la route aussi sinueuse soit-elle. D’ailleurs, si ce « Doctor Sleep » fonctionne plutôt bien, c’est aussi grâce à son trio de tête plutôt convaincant (nous n’oublions pas non plus le personnage de Billy Freeman interprété brillamment par Cliff Curtis). Kyliegh Curran, la jeune Abra Stone, prend à bras le corps cette histoire peu évidente à porter sur de frêles épaules tandis que Ewan McGregor et Rebecca Ferguson (choix étonnants mais sans aucun doute plus bancables) parviennent à attirer nos faveurs au fil de ces deux grosses heures. Honnête réinterprétation d’une oeuvre et transition plutôt réussie de deux univers qui semblaient difficilement se (ré)concilier, « Doctor Sleep » n’est pas le film de série b que l’on craignait voir arriver. S’il sera vu et peut-être un peu oublié, le long-métrage de Mike Flanagan n’a pas à rougir de honte et a contraire, aura eu le mérite d’explorer le terrain du compromis plutôt bien aménagé. « Doctor sleep » est-elle la sortie toute indiquée en cette période de l’année ? A vous de juger. Date de sortie en Belgique/France : 30 octobre 2019 Durée du film : 2h32 Genre : Horreur/thriller Résumé du film : De nos jours à Mexico. Dani Ramos, 21 ans, travaille sur une chaîne de montage dans une usine automobile. Celle-ci voit sa vie bouleversée quand elle se retrouve soudainement confrontée à 2 inconnus : d’un côté Gabriel, une machine Terminator des plus évoluées, indestructible et protéiforme, de l’autre Grace, un super-soldat génétiquement augmenté, envoyée pour la protéger. Embarquées dans une haletante course-poursuite à travers la ville, Dani et Grace ne doivent leur salut qu’à l’intervention de la redoutable Sarah Connor, qui, avec l’aide d’une source mystérieuse, traque les Terminators depuis des décennies. Note du film : 5/10 (par François) Avis : N’y allons pas par quatre chemins, en tant que grand amateur du fameux T2 de James Cameron, la bande annonce de ce « Dark Fate » ne nous envoyait pas beaucoup de rêve. Pire, nous avions ressenti une sourde angoisse à la vue de ces images certes dynamiques mais manquant cruellement d’identité. Qu’en est-il réellement ? Est-ce, comme le dit Cameron, LE véritable troisième épisode ? Les autres doivent-ils nécessairement passer à la trappe, voire évacués dans la cuvette des toilettes de l’oubli ? Devant autant de culot, force a été de reconnaitre qu’on s’est bien joué de nous ! « Sarah Connor ? C’est à côté… » La cité de la peur Techniquement, ce nouveau Terminator est le 6ème long-métrage de la franchise. Néanmoins, James Cameron (collaborateur au scénario et producteur) a spécifié que l’objectif poursuivi était de faire table rase des suites pour situer cet opus directement après « Terminator 2 » (réalisé en 1991 et remasterisé récemment). Ce désaveu des suites est tout de même curieux car même si le troisième épisode ne nous a pas laissé un souvenir impérissable (bien au contraire), le quatrième film était assez agréable dans son genre ! Quant à « Genesys », nous l’avions trouvé…extrêmement plaisant ! Il faut donc une belle confiance en soi (et beaucoup d’arrogance ?) pour ne plus les reconnaitre et proposer un nouvel épisode qui fait fi des suites ! Nous avions espéré de l’audace mais il n’en a rien été. Le problème est que dès les premières images, le réalisateur Tim Miller (metteur en scène de « Deadpool ») semble vouloir détricoter l’heureux happy end du pourtant éprouvant « Jugement Dernier » (le deuxième épisode, vous suivez ?). Ainsi, il nous a fallu du temps pour digérer ce que nous venions de voir dès la troisième minute de ce nouvel opus même si ce choix étrange se confirmera plus tard…Adieu Skynet, bonjour Légion. Le problème est que les scénaristes (et donc James), ne semblent pas désireux d’expliquer clairement les perturbations de l’histoire de leurs héros. Ce sera aux spectateurs de s’adapter à cette histoire déjà cent fois vue et d’encaisser sans broncher les « nouveaux » choix pris. Très vite, nous avons eu l’étrange impression de « revivre » certaines scènes du deuxième volet. Clins d’œil assumés ou cruel manque d’innovation ? Nous penchons pour la deuxième proposition. Où est la prise de risque salvatrice nécessaire pour ressusciter une licence qui en a bien besoin ?Non, nous n’en aurons pas ici ! Derrière le projet, Cameron avait l’occasion d’écrire une nouvelle page et de relancer brillamment la série. Dans le cas présent, le film serait-il à ce point réchauffé qu’il mettrait définitivement un terme à la novatrice licence de 1984 par KO, faute d’inspiration ? C’est l’impression que nous avons eu en assistant impuissant à ce naufrage dont le déluge visuel, certes clinquant mais trop poussif, ne permet pas la reprise d’air… En 1991, la technique –révolutionnaire pour l’époque- était au service d’un scénario en béton armé et de comédiens excellents. Jamais nous n’oublierons le charismatique Robert Patrick, peu loquace, mais semant tellement bien l’effroi dans son rôle de T1000 ! Certes les autres comédiens étaient également très bons, tout comme ici. D’ailleurs, Linda Hamilton rempile avec conviction dans son rôle de Sarah Connor et « papy » Arnold Schwarzenegger nous prouve qu’il a encore de beaux restes. Mais le récit ne décolle véritablement qu’à la seconde partie du film, lorsque le T800 vieilli pour l’occasion (mais enfin... pourquoi ?) entre en scène ! Quant aux nouveaux venus, ils ne déméritent pas. Mackenzie Davis est parfaite en protectrice de l’héroïne jouée par une Natalia Reyes qui fait le job. Le truc, c’est que nous ne nous étonnerons pas de voir une humaine modifiée tenir tête à un Rev-9, version évoluée du T1000 ?! De toute façon, la déception concerne à peu près tous les niveaux de l’intrigue mais nous nous répétons. Quant au grand méchant incarné par Gabriel Luna, il est convaincant mais souffre beaucoup de la comparaison d’avec Robert Patrick ou d’autres grandes figures de la saga comme l’excellent Jason Clarke. « J’ai besoin de vacances » Terminator 2 : Le jugement dernier Et que dire de la réalisation de Tim Miller ? Cédant aux sirènes de la mode, le réalisateur aime faire bouger sa caméra sur fond de gros plans. Nous, beaucoup moins ! Comme nous aurions aimé voir la caméra se fixer un petit peu plus à l’écart afin de profiter du spectacle. Mais le réalisateur semble être atteint de la maladie de Parkinson et tient aux mouvements intempestifs lors des scènes d’action. Finalement, que reproche-t-on à ce « Terminator Dark Fate » ? Beaucoup de choses ! A commencer par une intrigue qui ne se renouvelle plus, la faute à un scénario paresseux. On a d’ailleurs trouvé le temps long avant que Schwarzie n’apparaisse ! Heureusement, la nostalgie fonctionne en plein. Pointons également du doigt le manque de réalisme ! Là ou le « ton » du deuxième film nous apparaissait plus réaliste, celui-ci ne se soucie pas de grand-chose et se contente de tout exploser, au risque de manquer franchement d’épaisseur ! Et le pire, c’est que ce « Dark Fate » ne possède même pas d’identité ! Il s’agit effectivement d’une version hybride de Terminator 2 mais beaucoup moins efficace ! Nous, on préfère s’amuser du culot de James Cameron qui renie les autres films, pourtant meilleurs que celui-ci … Allez, hasta la vista baby ! Date de sortie en Belgique/France : 23 octobre 2019 Durée du film : 2h08 Genre : Science-Fiction Résumé du film : Bruno et Malik vivent depuis 20 ans dans un monde à part, celui des enfants et adolescents autistes. Au sein de leurs deux associations respectives, ils forment des jeunes issus des quartiers difficiles pour encadrer ces cas qualifiés "d’hyper complexes". Une alliance hors du commun pour des personnalités hors normes. Note du film : 7/10 (par Véronique) Avis : Septième film du tandem Eric Toledano et Olivier Nakache, « Hors normes » est un film nécessaire mettant en lumière le travail de nombreux bénévoles qui prennent à bras le corps un combat pour l’intégration et l’encadrement des personnes atteintes d’autisme. Abandonnés par l’état et la société, nombreux sont ces « inadaptés sociaux » à n’avoir d’autres solutions que de trouver refuge dans des associations peu financées où le personnel ne compte pas les heures et tente d’aller de l’avant malgré leur dur labeur. Dans la même veine que leur excellent et indétrônable « Intouchables » et tout aussi éclairant, « Hors normes » est un parfait hommage à tous ceux qui consacrent leur vie aux autres, quelles que soient leurs origines, quels que soient leurs maux. La voix des justes/justiciers Tout comme « Les invisibles » de Louis-Julien Petit, le dernier long-métrage de Toledano/Nakache met en lumière le travail effectué dans l’ombre par des éducateurs qui ont peu de ressources mais beaucoup de cœur. Ici, c’est celui de Bruno et Malik (formidables Vincent Cassel et Reda Kateb), deux responsables d’associations réelles mais détournées pour les besoins de leur fiction. L’un est issu d’une asbl juive prenant sous son aile des enfants autistes la nuit comme le jour, l’autre dirige « L’escale », centre de jour plus petit formant aussi de futurs responsables sortis tout droit de leur cité. Laissant leur chance à tout un chacun, Malik et Bruno en oublierait parfois leur propre vie, donnant chaque minute de leur temps pour soulager les parents et permettre à ces adolescents, adultes ou enfants d’entrer dans la vie active ou de se construire des repères solides et rassurants. Bienveillant, ce « Hors normes » met en avant des gens qui le sont eux-mêmes. Qu’il s’agisse d’abandonnés ou d’acteurs de terrain, le double sens de ces deux mots n’en est plus un lorsqu’on sort de la projection le cœur serré mais aussi un peu plus léger. Centré sur une réalité qui fait mal, le film n’accable cependant personne et au contraire, fait preuve de chaleur, d’humour et de grande humanité. Parfois long, notamment par sa structure un peu éclatée, le film délivre pourtant un beau message d’espoir et d’entraide non négligeable et terriblement efficace. Permettant à des acteurs non-professionnels de côtoyer deux comédiens de renom, « Hors normes » allie en permanence expertise et débuts, vérité et fiction. Touchés par les histoires des personnages secondaires (on pense à Joseph – Benjamin Lesieur - ou Dylan - Bryan Mialoundama ), admiratifs du travail des superhéros sans cape, emportés par l’entraide sociale qui se met en place et émus de voir les visages de ceux qui ont inspiré cette histoire, nous nous laissons entraîner dans les (més)aventures de ces héros ordinaires et leur tirons notre chapeau pour tout ce qu’ils ont pu faire. Si l’enquête menée sur « La voix des justes » se veut davantage un fil conducteur nous emmenant dans une organisation particulièrement laborieuse, toutes les histoires croisées et les réussites aussi infimes soient-elles sont belles et bien les éléments principaux d’un film qui souffre parfois de ces décloisonnements mais parvient au final à nous faire sortir de la salle heureux d’avoir partager cette formidable aventure humaine. Vulnérabilité, courage, fragilité et force ponctuent ces presque deux heures d’une jolie façon et montrent combien Nakache et Toledano ont eu raison de revenir dans une thématique qui leur est chère et le résultat mérite d’être à nouveau mis en lumière. Comédie sociale qui fait du bien au moral, « Hors normes » est sans aucun doute une jolie idée de sortie familiale dans nos salles. Date de sortie en Belgique/France : 23 octobre 2019 Durée du film : 1h55 Genre : Comédie Résumé du film : À la suite de la crise de 2008, les stripteaseuses de talent, Ramona et Destiny voient leurs revenus fondre comme neige au soleil et décident d’inverser les rôles. En escroquant leurs anciens clients de Wall Street, elles mènent rapidement une vie luxueuse et décadente. Mais leur amitié est alors menacée par l’avarice, sans oublier les problèmes avec la justice qui commencent à se profiler… Note du film : 6/10 (par Véronique) Avis : Escroqueuses au charme fou, Jennifer Lopez et Constance Wu s’investissent sans retenue dans « Queen » (« Hustlers ») le nouveau film de Lorene Scafaria. Inspirée de faits réels, l’histoire incroyable de ces stripteases au sang froid souffle à la fois le chaud et le froid. Si la dynamique est assurée durant une bonne partie du métrage, son petit passage à vide et ses petits manques de profondeur font de ce drame haut en couleur une parfaite sortie pour les ladies. « Cette année-là, j’ai gagné plus qu’un neurochirurgien » Balayant la vie de Destiny et de Ramona de leur rencontre en 2007 à la publication de l’article de la journaliste Jessica Pressler en 2014, « Queens » ne manque pas d’arguments pour satisfaire le grand public amateur de film « de casse ». Sauf qu’ici, plutôt que de faire sauter la bande ou de braquer les plus luxueux casinos, nos drôles de dames se servent aisément sur les comptes privés (ou professionnels) des traders venus passer quelques heures dans la boite de strip new yorkaise « Moves ». Parfaitement mis au point, leur plan machiavélique a bien évidemment ses limites mais les jolies jeunes femmes ne manquent pas de ressource et d’inspiration pour solder leur compte en banque et nager dans des liasses de billets verts. Porté par l’impeccable Jennifer Lopez, « Queens » nous plonge d’emblée dans l’univers décomplexé du striptease, ses décolletés plongeants et ses strings brillants, ses pièces VIP feutrées et ses podiums sous-éclairés mais n’en oublie pas pour autant d’évoquer l’histoire de ces femmes instrumentalisées et objets de tous les fantasmes. Prenant une revanche osée sur une société inégalitaire, Destiny et Ramona deviennent en l’espace de quelques minutes les sex symboles d’une génération de performeuses exploitées. The queen of the night. Mais pour que le film ait un minimum de crédibilité, il fallait un casting impliqué. C’est le cas. Si certaines sont un peu trop effacées et quasiment inexistantes (Keke Palmer, Lili Reinhart ou Madeline Brewer ), le tandem de choc formé par Constance Wu et J-Lo dépote et en met plein la vue à toute l’assistance. Investie dans leur rôle, les deux jeunes femmes ont par ailleurs fréquenté le milieu de la night et des boites de strip pour donner un maximum d’épaisseur à leurs héroïnes et n’ont pas hésité à relever le défi d’apprendre à évoluer sur une barre de pole dance. Dans la même veine que « Showgirls » de Paul Verhoeven, « Queens » se veut pourtant plus accessible et plus axé sur les danseuses et leurs petites arnaques lucratives. La réalisatrice, Lorene Scafaria, dit d’ailleurs que son long métrage est « un film au croisement de l’univers du crime et de celui des clubs de striptease. On s’intéresse aussi aux bouleversements économiques qui ont affecté la vie de nombreuses personnes, y compris celle de nos héroïnes. L’article de Jessica Pressler était un récit puissant avec des personnages fascinants qui sont sans cesse confrontés à des préjugés sur leur profession, et nouent des amitiés fortes qui peuvent parfois leur attirer des ennuis." Plutôt réussi et porté par une bande originale entrainante, « Queens » est un divertissement plaisant qui se laisse regarder pour l’investissement de son casting autant que pour son histoire étonnante, humaine et captivante. Date de sortie en Belgique/France : 16 octobre 2019 Durée du film : 1h47 Genre : Drame Titre original : Hustlers Résumé du film : Katherine Newbury, une célèbre présentatrice de « late show » sur le déclin, est contrainte d’embaucher une femme d’origine indienne, Molly, au sein de son équipe d’auteurs. Ces deux femmes que tout oppose, leur culture et leur génération, vont faire des étincelles et revitaliser l’émission. Note du film : 7/10 (par Véronique) Avis : Feel good movie par excellence « Late night » n’est pas une resucée du célèbre film « Le diable s’habille en Prada » version tv show. C’est au contraire une comédie aiguisée terriblement efficace, intelligente et parfaitement écrite par la comédienne et scénariste Mindy Kaling. Une analyse affutée des dérives récurrentes de notre société où fierté et réussite sont devenus les maîtres mots. Un long-métrage frais, drôle et rythmé qui permet à nouveau à Emma Thompson d’exceller ! Le changement, c’est maintenant Véritable vedette du petit écran multirécompensée par des Emmy Awards et autres prix prestigieux, Katherine Newbury est une sorte de David Letterman au féminin. Féministe (dans ce qu’elle a de défense égalitaire) trash mais réaliste, la présentatrice de 56 ans se voit contrainte de négocier un virage plutôt douloureux dans la dernière ligne droite de sa longue carrière : accepter de se faire remplacer. Son audimat n’étant plus aussi élevé qu’auparavant et ses invités politiques ou littéraires un peu barbants rendant l’émission dispensable des grilles télés, la Oprah Winfrey « un peu trop blanche et un peu trop vieille » n’a d’autres choix que de renouveler son concept si elle ne veut pas tout bonnement passer à la trappe. Se rendant à l’évidence que la routine a fait perdre de la qualité à son show télévisé, Katherine doit changer de ton et prendre une nouvelle direction. Fort heureusement pour elle, Molly Patel, une jeune indienne douée pour l’écriture vient rejoindre les rangs des rédacteurs essentiellement masculins et sauver sa carrière. S’inspirant de son parcours personnel pour donner vie au personnage de Molly, Mindy Kaling n’est pas seulement le second rôle féminin important de ce « Late night » truculent. Elle est aussi la scénariste ultra inspirée de ce pamphlet sur les dérives de notre société très médiatisée. En passant au crible des sujets aussi variés que l’inégalité des chances de réussite pour les femmes de couleur, la difficulté de vieillir sous les feux des projecteurs, la fidélité, la compétitivité, la popularité naissante sur les réseaux sociaux ou encore les effets désastreux d’articles relayés dans les plus vils tabloïds, l’intrigue du film ne se veut pas uniquement drôle et caustique, il est également efficace et réaliste, moderne et catharsis. Si on sait combien le milieu de la télé (et du cinéma) se veut népotique, Mindy Kaling prouve qu’il est aussi possible de se construire seule, à condition d’avoir les reins et les épaules assez solides pour se hisser au-dessus d’une mêlée souvent masculinisée. Loin de vouloir faire de l’ombre à Jimmy Fallon, la pointure ultime dans le domaine des late show, Katherine Newbury veut se démarquer et garder sa place, celle pour laquelle elle a toujours tout sacrifié : famille, amis, amour (le couple formé par avec son mari Walter- John Lithgow- se veut très touchant). Et pour lui donner corps, élégance et intelligence, il fallait une comédienne d’envergure. C’est donc l’inimitable et l’indétrônable Emma Thompson qui, avec son flegme britannique et sa classe naturelle, vient donner vie à cette animatrice de talkshow plus vrai que nature. Véritable feel good movie du moment, « Late night » est LA comédie à ne manquer. Un film riche dans son fond et influencé par la mise en scène de sitcom dans sa forme, une petite pépite humoristique qu’il serait dommage de négliger tant ses dialogues et ses propos sont soignés. La réalisatrice Nisha Ganatra Mindy Kaling et Emma Thompson accordent leur violon pour nous jouer une formidable partition, un morceau enchanteur dont on se délectera encore pour ses joutes verbales et ses jolies émotions. Date de sortie en Belgique : 16 octobre 2019 Durée du film : 1h43 Genre : Comédie Résumé du film : Alger, années 90. Nedjma, 18 ans, étudiante habitant la cité universitaire, rêve de devenir styliste. A la nuit tombée, elle se faufile à travers les mailles du grillage de la Cité avec ses meilleures amies pour rejoindre la boîte de nuit où elle vend ses créations aux "papichas", jolies jeunes filles algéroises. La situation politique et sociale du pays ne cesse de se dégrader. Refusant cette fatalité, Nedjma décide de se battre pour sa liberté en organisant un défilé de mode, bravant ainsi tous les interdits." Note du film : 7/10 (par Véronique) Avis : Premier long-métrage coup de poing de Mounia Meddour, « Papicha » ne fait pas qu’éveiller les consciences de ses spectateurs. Il nous fait vivre au plus près la décennie noire qui a frappé l’Algérie il y a un quart de siècle à peine, une période sombre qui a marqué durablement les jeunes algériennes dans leurs mémoires et dans leurs cœurs. En nous faisant entrer dans sa fiction par le biais du combat de l’audacieuse Nedjma, la réalisatrice parvient à nous captiver et à nous instruire à la fois. « L’Algérie est une grande salle d’attente ». Film féministe et indispensable, « Papicha » (traduction de fille coquette en algérien) est une ode à la liberté, à la création, à l’amour et à l’amitié. Nous contant comment, en l’espace de quelques temps, la société moderne a été ternie par l’arrivée de milices radicalisées et terroristes, le premier long-métrage de Mounia Meddour ne manque cependant pas de lumière. Brillant dans les yeux de ses comédiennes principales ou dans le ciel obscurci par les privations et les interdictions, la détermination de jeunes étudiantes n’a jamais cessé d’éclater au grand jour, provoquant la colère de voisins outrés ou la joie dans le cœur d’amies prêtes à tout pour mener un projet commun : exister ! Vivant dans une cité universitaire austère, nos jeunes femmes réfractaires ont trouvé comment faire perdurer le nerf de leur guerre : coudre des tenues modernes et valorisantes afin d’exprimer le besoin de voir leur corps et leur jeunesse exulter plutôt que de les voir chaque jour être un peu plus réprimés. S’opposant à un obscurantisme religieux et à tous ceux qui dictent sa loi, Nedjma, Wassila, Samira ou encore Kahina avancent les poings serrés et les gorges nouées vers leur espace de liberté, faisant face à l’injustice de quelques hommes et affrontant chaque drame humain ou personnel l’esprit plus solide que les murs dressés sur leur chemin. Mettant leur propre vie en danger mais refusant d’être opprimées, ces jeunes femmes n’ont finalement pas grand-chose à se reprocher. Mais refuser de se couvrir ou de se plier à la loi interprétée de Dieu dans la capitale algérienne durant les années 90, c’est s’exposer à un jeu dangereux duquel il est difficile de sortir indemne. Interprété par un casting féminin ultra solide, « Papicha » déroule sa bonne heure trente sans heurts, exposant la réalité d’une guerre civile ahurissante sans oublier de transmettre un message teinté de sincérité et d’espoir auprès de ses spectateurs. Lyna Khoudri nous impressionne par la justesse et la profondeur de son jeu, au même titre que Shirine Boutella ou Zahra Doumandji, trois visages que nous ne sommes pas près d’oublier. Mêlant français et arabe, moments d’horreur et de joie, fiction et réalité, « Papicha » est un film utile, terriblement vivant et forcément marquant. Date de sortie en Belgique : 16 octobre 2019 Date de sortie en France : 9 octobre 2019 Durée du film : 1h49 Genre : Drame Résumé du film: Au début des années 80, Patrick, fils à papa désinvolte, va, après son premier échec amoureux, se transformer en talentueux entrepreneur. Dov, dont la mère attend de brillantes études, quitte le lycée pour travailler dans le Sentier tout en séduisant la femme de son patron. Yvan prend de l’assurance au fil des épreuves professionnelles. Et Serge ne cesse d’inventer des bobards pour séduire la plus belle fille du lycée et embrouiller ses parents sur son bac. Note du film: 8/10 (par François) Avis: Il y a huit ans, le troisième épisode de la franchise débarquait sur nos écrans. Même si le résultat n’était pas à la hauteur de nos espoirs (et de la qualité des deux premiers volets), nous étions ravis de retrouver cette bande d’amis qui, au fil du temps, était devenu un peu la nôtre. Alors, quand les anciens scénaristes ont décidé de faire renaître la licence, nous avons pris peur…et la Vérité, nous nous étions bien trompés ! « C’est le temps de l’amour, le temps des copains et de l’aventure » C’est fou ce que le temps passe ! En 1997, nous faisions la connaissance de Dove (Vincent Elbaz/Gad Elmaleh dans le 2e), Serge (José Garcia), Patrick (Gilbert Melki), Eddie (Richard Anconina) et Yvan (Bruno Solo). Le coup de foudre a été immédiat avec le public qui ne demandait qu’à rire avec ces personnages attachants et hauts en couleur. De cette heureuse rencontre, une belle histoire s’est peu à peu nouée avec le public qui a toujours répondu présent. Cette année, les anciens scénaristes de la trilogie passent avec succès à la réalisation et succèdent à Thomas Gilou. Michel Munz et Gérard Bitton quittent la routine tant décriée du troisième épisode et donnent un bon coup de balais à une saga qui commençait à s’essouffler. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que cette cure de jouvence fait beaucoup de bien ! D’abord, parce que les anciens scénaristes n’ont pas perdu leur qualité d’écriture en cours de route. En effet, les dialogues, jadis truculents, gardent de leur superbe dans la bouche de nouveaux comédiens ! Ensuite, parce que les réalisateurs n’ont eu aucun mal à garantir la patte visuelle du film. La réalisation, fluide et dynamique, est épaulée par une belle photographie qui permet un ancrage temporel. Visuellement, les années 80 filmées ici font plaisir à voir et le voyage dans le temps se fait avec plaisir ! Le soin apporté aux costumes participe à ce ressenti. Le casting ? Champion du monde ! Les comédiens portent véritablement le film et les ressemblances avec les personnages originaux sont frappantes. Evidemment, cela passe par des mimiques et des attitudes qui nous font rire, mais pas uniquement. Chacun a su développer une vraie personnalité afin d’exister tout en sortant de l’ombre des ainés. Et pourtant, cela ne devait pas être simple ! Le risque pour ces jeunes comédiens était de s’enfermer dans une caricature de leurs personnages. Heureusement, il n’en est rien ! Et le moins que l’on puisse dire, c’est que l’affiche ne rend pas service au film. Elle est précisément à l’opposé du résultat à l’écran ! Très vite, nous suivons les pas d’un Patrick amoureux de la cliente de son vidéoclub. Nous rions devant les répliques qui fusent et devant ses efforts répétés pour conquérir la belle. Yohan Manca y est tout simplement excellent. Son jeu est parfait, et tout en faisant penser à celui de Gilbert Melki, il parvient à s’en distinguer pour trouver sa propre voie. La Patrick « jeune adulte » est en chemin et nous comprendrons la personne qu’il deviendra. Mais le plus déstabilisant (et le plus génial !) est qu’il joue devant… Gilbert Melki justement puisqu’il incarne pour l’occasion le papa, Henri Abitbol. Nous sommes ravis de constater qu’un Melki peut en cacher un autre ! Ce dernier a d’ailleurs l’intelligence de ne pas reprendre les mimiques qu’il jouait jadis mais nous voyons la filiation, chapeau ! Le reste du casting se montre tout aussi solide. Véritable trublion, Serge se donne beaucoup de mal en classe pour obtenir les faveurs d’une camarade. Anton Csaszar réussit le pari de suivre les pas de son illustre modèle tout en développant le côté drôle et touchant de son personnage. Une fois de plus nous rions de bon cœur devant ses mésaventures à l’école qui font inévitablement penser aux « Sous-doués ». Mickael Lumière est convaincant dans le rôle de Dov, le séducteur qui ne laisse pas indifférent la gente féminine. Il en fera les frais avec Hélène l’épouse de Max, son employeur. L’occasion de s’amuser de ce triangle amoureux formé avec Audrey Dana et François Berléand. Enfin, Yvan, le dernier personnage et ami de Patrick à l’écran est incarné par Jeremy Lewin. Son tandem avec Yohan Manca fait des étincelles et les scènes qu’ils partagent sont l’occasion de sentir la bonne alchimie entre les acteurs. En définitive, cette nouvelle proposition apporte un beau vent de fraicheur à la licence ! Tout d’abord, parce que les réalisateurs et anciens scénaristes connaissent leur sujet. Ensuite, parce qu’ils ne se sont pas moqués des spectateurs et ils parviennent à nous livrer un film au fond et à la forme travaillés car animé par la passion. Le film ne devrait pas décevoir les fans tant il sait se montrer généreux. De la vision du film se dégage un vrai sentiment de tendresse nostalgique qui se conjugue à une belle sincérité. A n’en pas douter, les plus jeunes découvriront une belle histoire et des personnages attachants, alors que les fans s’empresseront de revoir les anciens films dont les échos résonnent encore après ce préquel ! Un fabuleux pont a été construit entre le passé et le présent ! Yallaaaaaa, vivement la suite ! Date de sortie en Belgique/France: 16 octobre 2019 Durée du film: 1h49 Genre: Comédie Résumé du film : Des loups, en veux-tu, en voilà ! Ils roulent des mécaniques, s’imaginent régner sur tous les autres animaux, mais au fond, c’est bien connu : les loups ont tous un cœur d’artichaut ! Six courts métrages pour découvrir toutes leurs facettes, dans une large palette de techniques d’animation. Avis : Issu du programme pour enfants La chouette du cinéma, « Loups tendres et loufoques » est le nouveau chapitre des histoires contées par notre guide nocturne préférée. Attentive à l’écoute de nos petits, elle n’a cette fois pas choisi une thématique particulière (comme la musique, le courage, l’amitié), mais une mise en lumière d’un personnage apprécié ou craint de nos têtes blondes : le loup. Composés de six courts-métrages d’animation, la dernière compilation orchestrée par Arnaud Demuynck a, comme toujours, tous les éléments pour plaire aux petits comme aux grands. « C’est moi le plus beau » et « C’est moi le plus fort », tous deux adaptés de la série de livre de Mario Ramos ouvrent cette petite heure d’animation avec délice. Anaïs Sorrentino et Arnaud Demuynck, ont en effet décidé de mettre en avant les histoires parues à l’Ecole des loisirs avec humour et dérision. Avec leurs couleurs pastel, les deux courts métrages nous racontent comment le loup, fier et prétentieux est remis à sa place par un petit dragon. Amusant par son gimmick, ce choix judicieux nous permet aussi de croiser des animaux de la forêt, Blanche-Neige, les sept nains, le petit chaperon rouge ou encore les trois petits cochons. S’amusant des personnages de conte, ils sont aussi l’occasion de montrer aux plus petits comment les défauts humains peuvent être suggérés avec humour et intelligence. Les trois métrages suivants sont de leur côté, adapté d’un conte traditionnel russe (« Trop petit loup »), d’une histoire de Nadine Brun-Cosme et de Olivier Tallec (publié chez Flammarion jeunesse) pour « Grand Loup et petit loup » ou une création originale d’Arnaud Demuynck, (« Le retour du grand méchant loup ») mise en images par Pascale Hecquet. Tous trois ont le même objectif : montrer que l’on peut voir le loup autrement, sans peur et sans crainte car lui aussi apprend de ses erreurs. S’étonnant de ne plus être perçu comme un grand méchant animal, il constate qu'il a étonnement lui aussi droit à être protégé car menacé par les hommes. Entre besoin de tranquillité et d’amitié, ces trois nouvelles illustrations crayonnées, colorées et animées sont de nouveaux petits films que l’on ne peut qu’apprécier. Pour finir en beauté, « Loups tendres et loufoques » n’oublie pas de laisser une petite place à la musique (souvent présente dans les cycles précédents) et nous offre une petite revisite de la contine musicale « Promenons-nous » en mode jazz/bossa nova sur les magnifiques dessins de Hugo Frassetto. A voir en famille, « Loups tendres et loufoques » est une nouvelle invitation à la découverte du septième art mais aussi une très jolie ouverture vers le dialogue et le monde de l’imaginaire. Date de sortie en Belgique : 16 octobre 2019 Durée du film : 50 minutes Genre : Animation Résumé du film : Pierre a 25 ans quand il rentre du Wyoming pour retrouver Claire sa fiancée et reprendre la ferme familiale. Vingt ans plus tard, l'exploitation s’est agrandie, la famille aussi. C’est le temps des jours heureux, du moins au début… Les dettes s’accumulent et Pierre s’épuise au travail. Malgré l’amour de sa femme et ses enfants, il sombre peu à peu… Construit comme une saga familiale, et d’après la propre histoire du réalisateur, le film porte un regard humain sur l’évolution du monde agricole de ces 40 dernières années Note du film : 7/10 (par Véronique) Avis : Inspiré de sa propre histoire familiale, Edouard Bergeon nous livre avec « Au nom de la terre », un film nécessaire, un long-métrage où l’agriculture, ses bouleversements, son enfer et ses sacrifices trouvent une voix, celle de Pierre, formidable Guillaume Canet. Du documentaire à la "fiction". Il y a presque 10 ans de cela, Edouard Bergeon mettait en images un documentaire sur le désarroi du monde agricole et les suicides qui découlaient d’une trop grosse pression. Touché de très près par le sujet, le réalisateur a cette fois décidé d’évoquer son drame familial par le biais d’une fiction. Porté par un excellent casting de choix (la Belge Veerle Baetens, Anthony Bajon ou encore Rufus en tête), « Au nom de la terre » nous noue la gorge, nous fait trembler d’effroi et nous subjugue tant la maîtrise de son récit, son suspense et le jeu bouleversant de Guillaume Canet nous prend aux tripes. Criblé de dettes, pris au piège de son exploitation grandissante, Pierre n’a plus les reins assez solides pour sortir la tête de l’eau. Fier, il ne lâche rien, veut épargner sa famille jusqu’à ce que lui arrive le pire, une dépression colossale dont il semble difficilement sortir. Pourtant, Claire, son épouse, ne lésine pas sur les heures, son fils et son employé se démènent pour maintenir le navire à flots mais la houle des quotas, des heures que demandent la gestion d’une telle exploitation est trop grande et fait chavirer le jeune entrepreneur, le noyant dans ses eaux sombres. A l’instar de « Petit paysan » qui nous faisait prendre conscience d’une réalité que l’on pense connaître mais qui est s’avère bien plus dramatique que ce que l’on s’imaginait, « Au nom de la terre » n’est pas qu’un cri de détresse d’une agriculture malmenée et piétinée. Une belle histoire d'amour pour la terre, pour les siens mais qui vire au drame et dont on sort marqué, éprouvé et forcément conscientisé sur une situation qui ne devrait pas exister. C’est aussi une formidable mise en lumière des vies de familles sacrifiées sur l’autel du rendement, de parents et d’enfants qui n’ont plus d’autres choix que d’aller de l’avant, en s’endettant, se privant de vivre et s’oubliant. Un long-métrage autobiographique (parfois long) sur l’évolution d’un univers agricole mécanisé, industrialisé et déshumanisé, un monde qui broie tous ceux qui avaient des rêves et des responsabilités mais qui n’ont plus rien, ni même des larmes à sécher. Date de sortie en Belgique : 8 octobre 2019 Durée du film : 1h43 Genre : Drame Résumé du film : « Joker » de Todd Philipps relate une histoire originale inédite sur grand écran et se focalise sur la figure emblématique de l’ennemi juré de Batman. Il brosse le portrait d’Arthur Fleck, un homme sans concession méprisé par la société. Note du film : 8/10 (par Véronique) Avis : Avant lui, il y a eu les inoubliables Jack Nicholson et Heath Ledger. Mais qui mieux que Joaquin Phoenix pouvait se fondre dans les traits de ce super méchant populaire ? En lui confiant le destin d’Arthur Fleck, vieux jeune homme inquiétant et instable mentalement, Todd Philipps a fait le pari de réinventer l’histoire de l’ennemi juré de Batman, évoqué brièvement dans ce « Joker » étonnant. Marqué dans son esprit comme dans sa chair, le comédien caméléon n’a pas volé les superlatifs qui accompagnent sa prestation et fait montre d’une force d’interprétation admirable. Mais fallait-il pour autant réévoquer le mythe du Joker, maintes fois abordé au cinéma ou dans des versions télévisées ? Totalement bluffant au niveau de sa mise en scène et sa réalisation, le dernier long-métrage de Todd Philipps ne nous a cependant pas totalement fait l’effet escompté. « Joker » était-il vraiment le film de l’année ? Avant, je pensais que ma vie était une tragédie… En prenant soin de créer de toute pièce l’histoire personnelle de son Joker, Todd Philipps prend le pari d’entrer dans un drame psychologique parfois violent et s’écarte largement des faits présentés depuis de nombreuses années dans les comics alimentés par l’imaginaire de Jerry Robinson, Bob Kane ou encore Bill Finger. Les amateurs du genre graphique auquel le film rend malgré tout hommage dans certains plans appréciables ne seront cependant pas lésés. Si Batman est absent du casting, Gotham lui est bel et bien conservé et présenté comme un New York réinterprété où rues commerçantes, centre d’affaires et ghettos malfamés se côtoient sur quelques kilomètres carrés. De plus en plus noir, de plus en plus sombre, « Joker » n’est pas qu’une présentation sommaire de l’histoire de son héros éponyme. Il est aussi une petite critique de notre société, de l’individualisme et du capitalisme rongeant une nation dont les valeurs sont en perdition et où l’expression « marche ou crève » fait presque légion. Atteignant parfois des sommets de violence, ce « Joker » 2019 est bien loin des blockbusters tout public et s’adresse plutôt à un public averti. Mais revenons sur LE point fort du film. La prestation éloquente de Joaquin Phoenix qui n’en finit pas d’enchaîner les rôles mémorables. Adoubé par la critique, encensé lors du dernier festival de Venise (qui a récompensé le travail de Philipps par le Lion d’Or), Joaquin Phoenix est de tous les plans, tantôt touchant, tantôt inquiétant. Son regard creusé et la folie logée au fond de ses rétines, son sourire carnassier, son rire entêtant (et irritant) et son corps décharné prodiguent à eux-seuls une aura machiavélique à cet être chétif que la vie a détruit. La haine et les moqueries, le manque d’amour et les mauvaises rencontres vont peu à peu façonner un individu vulnérable en véritable psychopathe, le rendre de plus en plus fort dans sa folie et ses actes vengeurs et faire de lui l’un des plus ennemis de Gotham les plus pernicieux, à l’instar de ces rats venus envahir les rues où s’amoncellent ordures et crasse immonde. Amaigri pour les besoins de son rôle, Joaquin Phoenix ne recule devant rien pour rendre son personnage atypique et mémorable, travaillant sans relâche sur ce rire et sa posture, sur sa démarche désarticulée. Une prestation qui n’effacera probablement pas celle du génie Heath Ledger mais qui parviendra à marquer durablement son large public. Superbement mis en images, son scénario n’est cependant pas aussi étoffé qu’espéré et le film, long sur sa durée, aurait gagné à être plus condensé. Si sa bande son et sa photographie léchée le mettent joliment en avant, « Joker » nous semble mémorable pour son casting sidérant plus que pour son propos peu avenant. Déstabilisant, le film recèle en effet de très belles qualités mais ne sera pourtant pas pour nous le film de l’année… Date de sortie en Belgique : 2 octobre 2019 Date de sortie en France : 9 octobre 2019 Durée du film : 2h02 Genre : Thriller Résumé du film: Henry Brogan, un tueur professionnel, est soudainement pris pour cible et poursuivi par un mystérieux et jeune agent qui peut prédire chacun de ses mouvements. Note du film : 5,5/10 (par François) Avis : Ang Lee n’est sans doute plus un réalisateur à présenter. En 2000, il avait su créer la surprise avec le très original « Tigre et dragon ». En 2005, nous étions émus d’entendre « Le secret de Brockeback Montain » et l’année 2012, s’était, elle, remplie de poésie avec « L’Odyssée de Pi ». Spécialiste des effets spéciaux, le réalisateur envisage-t-il de marquer les esprits au cours de cette année 2019 ? Nous avons aimé le croire mais pourtant le résultat de « Gemini Man » s’apparente à une véritable douche froide… Une histoire déjà vue (et plus de deux fois) Dès les premières notes, nous entendons bien que nous sommes dans une production Jerry Bruckheimer. La musique de Lorne Balfe est enlevée est fait penser aux blockbusters des années 90 avec de nombreux effets pour souligner l’action. Passé cette bonne surprise, nous déchantons vite. La faute à un scénario hautement prévisible et sans surprise et des dialogues qui font peine à entendre ! Nous avons eu la désagréable impression de voir un film de série b certes ambitieux techniquement, mais à l’intrigue et au développement des personnages extrêmement décevants. Dans ce « Gemini Man », Will Smith nous apparait en agent du gouvernement qui ne rate jamais une cible portant atteinte à la vie harmonieuse de notre société. Combattant idéologique de l’ombre hyper entrainé, as de la gâchette et spécialiste du combat à mains nues, il n’a pas d’égal dans la profession. Pour une raison que nous tairons (il faut bien garder une petite surprise pour ce film), un nouvel adversaire se dressera face à lui. Un ennemi qui semble connaitre ses mouvements avant qu’il ne les exécute, un ennemi qui semble différent des autres. Rapidement, le héros se rend compte qu’il s’agit de son double. Avec ce pitch, certains se diront- à juste titre- que le réalisateur recycle les fonds de marmites « actions-movies » des années 90’, et ils n’auront pas tort ! Car « Gemini Man » nous fait furieusement pensé à notre star nationale Jean-Claude Van Damme ! Comment ne pas reconnaître des influences comme « Double impact » (1991) ou plus récemment « Replicant » sorti en 2001. Dans ces deux cas, Van Damme se retrouvait face à lui-même dans des scènes assez musclées bien plus fructueuses puisque ce cinéma appartenait à une époque que nous chérissons aujourd’hui et l’acteur se démenait comme un beau diable devant d’innombrables dangers. Cependant, « Gemini Man » n’apporte rien de nouveau hormis ce simple pari technique. Il essaie de capter notre attention par une démonstration de force qui tombe souvent à plat… Ang Lee a voulu impressionner le spectateur par la technique… mais s’en servir sans conscience et réels enjeux nuit considérablement au film. Heureusement, il sera accompagné dans son combat par de chouettes comédiens qui permettent de sourire dans les moments d’accalmie. Benedict Wong est amusant dans le rôle de l’ancien copain de régiment. Quant à l’atout charme du film, elle se nomme Mary Elizabeth Winstead, et sera chargée par l’agence de surveiller Will Smith. Par contre, évitons d’évoquer ici le rôle du méchant parfaitement risible car tellement peu développé psychologiquement. Clive Owen est une caricature vivante du méchant lambda dans un cinéma qui en a beaucoup trop souffert. La technique ne fait pas tout… Finalement, le challenge du film est de voir s’affronter l’acteur Will Smith avec une version plus jeune de lui-même. En cela, le film remplit son contrat car cette technique s’est améliorée avec le temps. Déjà à l’époque (en 2006), nous étions bluffé par le morphing réalisé sur les acteurs Patrick Steward et Ian McKellen dans le « X-men : l’affrontement final » de Brett Ratner. Ici, la même technique est employée et améliorée en réalisant un morphing sur un autre comédien. Les affrontements s’en trouvent forcément dynamisés mais la contrepartie est cruelle : nous n’y croyons pas une seule seconde et avons eu l’impression de voir un jeu vidéo où le moteur physique de Spiderman était utilisé. Les doubles Will Smith s’opposent dans des joutes qui font fi des lois fondamentales de la pesanteur, virevoltent sans aucune crédibilité et nous surprennent par une scène de la lévitation absurde survenue juste après une attaque à la moto. Cette bataille de surhommes place la surenchère comme valeur centrale du récit au risque de perdre le spectateur un tant soit peu regardant. Et que dire de l’esthétique du film très « video » justement... Oubliez le grain de cinéma et embarquez dans une démo technique dont ne rechignerait pas certaines marques de téléviseurs pour leur exposition en magasin. L’ensemble nous parait assez « fake » avec un rendu que l’on retrouve en option sur les nouvelles télés et qui accentue l’effet numérique. Au risque de paraitre vieux jeu, nous préférions le cinéma d’avant ! Un cinéma où l’acteur se battait, certes avec lui-même (Replicant) mais dans un affrontement qui ne défie pas les lois de la physique la plus élémentaire…Un cinéma où l’acteur joue lui-même plusieurs rôles et effectue lui-même, sans intervention de l’ordinateur, ses cascades. Un cinéma d’action plus authentique car libéré d’effets spéciaux trop visibles à la dynamique pas encore éprouvée. Hélas, nous ne pourrons même pas nous raccrocher aux dialogues-un peu légers, ni aux bons sentiments et à l’idéologie « guimauve » de son héros. Vous aimez les happy ends de ces sitcoms qui fleurissaient dans les années 90’ justement ? Ca tombe bien car vous l’aurez avec ce « Gemini Man ». Mais arrêtons les frais car oui, ce film qualifié de révolutionnaire dans sa technique nous a laissé…sans voix. Paradoxalement d’un autre temps au niveau des ressorts de l’intrigue, « Gemini Man » se laisse regarder si vous êtes un amoureux de la technique. Mais dans ce cas, mieux vaut vous rendre dans un cinéma adapté qui vous permettra peut-être de vous plonger dans cette course poursuite avec un double numérique. Oubliez les enjeux psychologiques et la réflexion liée à l’avancée de la science car ce n’est pas le propos développé par un réalisateur qu’on a déjà vu (beaucoup !) plus inspiré. Remarque: Si le film est qualifié de novateur c’est parce qu’il a été tourné en 4k et 120 FPS par Ang Lee. Une version 3D existe avec une fréquence de 60 images/seconde pour chaque œil. C’est cette version que nous avons vue mais nous pensons qu’un problème technique perturbait la séance. En effet, un dédoublement frappait certains sous-titres (malgré nos lunettes 3D). Quant à l’image, elle n’était ni nette en arrière-plan, ni avec les objets fins du premier plan. Espérons que ce soit un problème lié au calibrage et que la sortie en salle n’en souffrira pas. Date de sortie en Belgique : 9 octobre 2019 Date de sortie en France : 2 octobre 2019 Durée du film : 1h57 Genre : Action/Science fiction Résumé du film : Basé sur des témoignages réels, le film hybride raconte le destin de Tania, une adolescente contrainte à se prostituer dans la région des mines d'or du Pérou. Après s’être laissé piéger par de fausses promesses de travail, Tania se remémore son enlèvement et se souvient de la perte progressive de son identité. En partageant son histoire avec un policier, elle égrène ses souvenirs et la caméra nous emmène de la jungle à la région minière, jusqu’aux bars au coeur de son exploitation sexuelle. Les paysages de l’Amazonie, la vie dans les bidonvilles immergés contrastent avec le caractère sombre de son histoire. Et bien qu’elle soit aujourd’hui en sécurité, là où brillaient autrefois sa dignité et sa jeunesse, Tania exprime une connaissance de soi plus profonde et plus amère. La ruée fébrile vers l’or combinée à la destruction de l’environnement résonne comme une allégorie de la vie sacrifiée sur l’autel du capitalisme Note du film: 7/10 (par Véronique) Avis : Après avoir parcouru les routes de nombreux festivals et récoltés quelques prix internationaux, « By the name of Tania » parvient dans nos salles belges et délivre son message poignant à qui veut/peut l’entendre. Car c’est à travers la voix de Tania, personnification de nombreux témoignages récoltés par ses deux réalisatrices (Bénédicte Liénard et Mary Jiménez) que l’on découvre l’histoire d’une descente en enfer, celle qui mène vers la prostitution et la séquestration de jeunes femmes péruviennes dont les rêves ont été anéantis. « Ce n’est plus mon corps, ce n’est plus moi. Qu’importe, je me suis habituée à tout ». Ce sont sur ces paroles fébriles que s’ouvre le documentaire poignant consacré à des femmes qui, par détresse financière ou humaine, se sont enrôlées dans une activité aux apparences lucratives mais bien plus insidieuse en définitive. Chronique dramatique qui mènera son héroïne aux milles voix des bidonvilles sur pilotis à des chambres/cellules aux murs décrépis, « By the name of Tania » nous prend à témoin des mésaventures et désillusions de jeunes filles à qui la vie n’a jamais vraiment souri. Parmi elles, Tania adolescente péruvienne sans le sou, jeune téméraire qui accepte de danser et faire boire des clients dans le but de pouvoir gagner quelques soles et ensevelir sa grand-mère (seul parent à l’avoir aimée dans sa dureté) dignement. Par son récit murmuré entre deux images de ce Pérou sauvage ou au contraire très précarisé, notre narratrice nous conte son histoire de manière chronologique, de ses rencontres opportunes à sa traversée du fleuve qui, tel le Styx, l’emmènera tout droit en enfer. Un cauchemar qui s’ouvre sous ses pieds et marquera à jamais sa mémoire, son corps, son âme, avalée par le démon Chuya Chaki qui n’est pas sorti de sa jungle que lors d’un carnaval où tout le monde rit… Douce et discrète, cette voix nous guide à travers des flashbacks pudiques où seuls les mots et l’imagination permettent au public d’imaginer le pire. Lent, contemplatif, ce récit nous permet de garder une distance tant en mesurant la dangerosité d’un piège qui se referme peu à peu, une embuscade dont personne ne s’échappe si ce n’est au péril de sa vie. En posant un regard direct et sincère sur les personnages rencontrés, en se faisant messagères des drames de femmes violentées, abusées, brisées, Bénédicte Liénard et Mary Jiménez nous conscientisent à une dure réalité, celle où pépites d’or et vie de misère se côtoient dans des régions aurifères. Témoignage vivant d’une destruction psychologique et physique, « By the name of Tania » réussit le pari difficile de rendre universelle une multitude de déclarations hétéroclites, illustrée ici à travers un récit unique. Date de sortie en Belgique : 16 octobre 2019 Durée du film: 1h25 Genre : Documentaire |