Avis : Avec « Dalloway », Yann Gozlan (qui nous avait régalé avec « Boîte noire ») signe un film d’anticipation qui, sans chercher à révolutionner le genre, frappe par son propos on ne peut plus d’actualité. En effet, en confrontant Clarissa à Dalloway, une intelligence artificielle omniprésente et intrusive, il nous questionne sur la place d’une technologie de plus en plus présente dans notre vie et notre société, sur son développement, ses limites mais aussi ses dérives. La paranoïa qui s’installe chez Clarissa, seule dans un univers technologique totalement excessif, n’est pas si éloignée de la nôtre, face au développement exponentiel de l’IA qui, pour un oui ou pour un non, dicte les choix amateurs des Chatbots les plus populaires. Les décors futuristes, élégants mais froids, accentuent totalement l’atmosphère aseptisée et anxiogène d’une cité qui se veut le refuge d’artistes en résidence mais qui, au final, s’avère être un véritable laboratoire. Derrière la caméra, on sent une vraie exigence, un goût pour le détail, une rigueur quasi perfectionniste d’un Yann Gozlan inspiré et qui veut rendre son univers crédible et pas si loin de ce que nous sommes amenés à connaître. Et même si le récit paraît écrit d’avance et que la mécanique s’impose assez vite sans trop de surprise, on accepte de jouer le jeu tant le film entretient un certain suspense et un questionnement on ne peut plus légitime (vous aussi vous avez déjà eu cette impression que votre enceinte ou votre téléphone vous écoutait ?). Cécile de France porte le film presque seule, dans une interprétation exigeante et performante où elle dialogue surtout avec elle-même. Ses échanges avec Dalloway, voix identifiable de Mylène Farmer, apportent une étrangeté subtile et mettent le doigt sur les sujets qui font mal. Et si quelques rencontres ponctuent le récit (notamment avec Lars Mikkelsen, le frère de Mads, et une Anna Mouglalis toujours aussi charismatique), c’est la partition solitaire et l’isolement nécessaire pour écrire qui occupent une place prépondérante. L’intrigue, certes prévisible et un peu étirée, ouvre des pistes passionnantes. Yann Gozlan insiste sur l’ambivalence de l’IA : générative plutôt que créative, une « intelligence » qui reproduit et synthétise, expose ses nombreuses compétences mais peine à susciter une véritable émotion. C’est peut-être là le point fort de son intrigue: une réflexion sur ce que signifie encore être humain, sentir, éprouver, vivre et avancer même si est perdu/enlisé.
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