Résumé du film : Nord de la France. L'usine d'Hervé est délocalisée. Il est le seul ouvrier à s'y résigner car il poursuit un autre destin : devenir pêcheur et transmettre cette passion à son fils. Banlieue de Tunis. L'usine est relocalisée. Foued, au chômage, pense y trouver le moyen de soigner sa mère, et surtout de séduire la fille qu'il aime. Les trajectoires de Hervé et Foued se ressemblent et se répondent. Note du film : 6,5/10 (par Véronique) Avis : « Vent du Nord », c’est le premier long-métrage de Walid Mattar, cinéaste tunisien de passage chez nous pour le BRIFF (Brussels International Film Festival). Un diplôme de génie industriel en poche, Walid se fait une petite expérience dans le monde de l’entreprise en tant que cadre avant de rejoindre le monde du cinéma où il se fait la main à travers plusieurs courts métrages. C’est sans aucun doute la raison pour laquelle son premier film évoque le monde du travail et celui de la délocalisation. Trait d’union entre la Tunisie et les productions belgo-françaises, Walid Mattar offre avec « Vent du Nord », une première belle tentative réflexive et poétique à la fois. Présenté dans de multiples festivals, son premier long-métrage trouve assez aisément sa place dans le paysage cinématographique et ce, malgré les succès de films tels que « En guerre » ou « Prendre le large » qui semblent traiter du même sujet, sous un angle radicalement différent. Mais ce que Walid Mattar met en avant dans « Vent du Nord », ce n’est pas tant la thématique de la délocalisation mais plutôt celles des liens familiaux et du rêve que chacun peut entretenir. On en veut pour preuve les deux schémas familiaux très présents dans le film. Il y a d’une part, celui du conflit entre Hervé et son fils Vincent alors que pour Foued, son pendant tunisien, le respect des aînés est primordial, à tel point qu’il n’hésite pas à travailler dur pour aider sa mère à se soigner. L’un est défaitiste, l’autre altruiste. Mais si les oppositions entre les deux principaux protagonistes semblent nombreuses, quelques points communs les lient inconsciemment l’un à l’autre : leur besoin de rêver et de s’accrocher à des projets salvateurs et leur métier d’ouvrier dans une usine de chaussures, celle d’Hervé, délocalisée en Tunisie et où Foued se fera embaucher. Ces petites boucles scénaristiques ne sont d’ailleurs pas les seules à unir nos deux travailleurs. Celle, plus remarquable, d’un feu d’artifice, nous fera prendre conscience que si l’un est blasé par son quotidien, l’autre aimerait tant pouvoir le lui envier. « Des pauvres qui tapent sur d’autres pauvres, elle est belle la République » Avec ses nombreuses clés de lecture, « Vent du Nord » est bien plus profond qu’il n’y parait et c’est cela que nous a plu dans la première réalisation de Walid Mattar. Dénonçant le système français où les petits sont finalement peu encouragés (et aidés), le long-métrage pointe du doigt des réalités tunisiennes ou françaises que l’on ne connaît que trop bien en plus d’une présentation intelligente d’une délocalisation clivante où certains se battent pour sauver leur travail précaire alors que d’autres acceptent des conditions, faute de mieux. Mais qu’aurait été le film sans ses acteurs principaux, représentant à merveille la France ouvrière ? Le toujours impeccable Philippe Rebbot, l’authentique Corinne Masiero et Kacey Mottet-Klein constituent une famille plus vraie que nature, où cohésion et dysfonctionnements rythment leur quotidien (trop) ordinaire. Côté tunisien, c’est Mohammed Amine Hamzaoui qui interprète le courageux Foued, travailleur sous-payé envieux de gagner une Europe où les conditions de vie lui semblent meilleures…Vraiment ? Avec ses regards différents sur une même réalité, sa croisée de deux univers qui ont beaucoup à partager, sa réflexion intéressante et ses personnages ordinaires et pourtant si touchants, Walid Mattar parvient à nous impliquer et à nous faire entrer dans son univers, peut-être encore un peu sommaire mais prometteur. Date de sortie en Belgique : 11 juillet 2018 Durée du film : 1h29 Genre : Drame
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Résumé du film : Novembre 2016. Les États-Unis s’apprêtent à élire leur nouveau président. AMERICA est une plongée vertigineuse au cœur de l’Arizona, à la rencontre des habitants d’une petite ville traversée par la Route 66, les héritiers cabossés du rêve américain qui nous livrent leurs espoirs et leurs craintes. Note du film 7/10 (par Véronique) Avis : Proposé dans certains cinémas bruxellois, « America », le documentaire du Français Claus Drexel est une radiographie des Etats-Unis d’Amérique avant et après l’élection de Donald Trump. Avec sa photographie léchée, ses décors colorés et lumineux et ses portraits d’une Amérique authentique, Drexel nous livre un film intéressant sur une nation armée qui ne parvient plus à (faire) rêver. Echographie des opinions des citoyens américains, électeurs ou non, la première partie de « America » nous livre donc des portraits bruts d’une poignée d’habitants de Seligman, village bordant la célèbre route 66 et nichée au fin fond de l’Arizona . Mais depuis que la mythique route a été délaissée pour une autoroute plus rapide, les villages qui la jonchaient sont devenus des cités fantômes où vivent des minorités et des Américains désargentés. S’ils ne reflètent pas l’entièreté de la nation, ils sont par contre bien placés pour représenter les citoyens d’en bas, ceux que l’on n’entend quasiment pas…Des citoyens à qui Claus Drexel donnent la parole et qui semblent se réjouir de partager avec lui leur passion pour les armes, leur pays, ses partis mais aussi leurs rêves et leurs déconvenues. Intéressant et terriblement humain, son documentaire est un véritable trait d’union entre les spectateurs et les Seligmanais bercés d’illusions. Après de multiples confidences, amusantes ou inquiétantes, le film prend une tout autre tournure. En effet, dans sa deuxième phase, le documentaire accouche des réactions des uns et des autres face à l’élection du 45ème Président américain, un milliardaire controversé qui suscite l’admiration autant que l’aversion. Certes, le documentaire intitulé « America » aurait sans doute pu s’appeler plus justement « Arizona » car il est loin de refléter les paroles des Américains de toutes classes, tous horizons, tous milieux mais il a le mérite de mettre en lumière des grandes étendues de poussière, de celles qui sont passées de la pérennité à l’oubli, de l’espoir à la survie. D’intérieurs désordonnés aux étendues désolées, l’album présenté par Claus Drexel donne du corps à ce documentaire nécessaire pour tous ceux qui s’intéressent à une lecture personnifiée d’une Amérique qu’on a tous un jour rêvée. Date de sortie en Belgique : 4 juillet 2018 Durée du film : 1h22 Genre : Documentaire Résumé du film : Les cartels mexicains font régner la terreur à la frontière entre le Mexique et les États-Unis. Rien ni personne ne semble pouvoir les contrer. L'agent fédéral Matt Graver fait de nouveau appel au mystérieux Alejandro pour enlever la jeune Isabela Reyes, fille du baron d'un des plus gros cartels afin de déclencher une guerre fratricide entre les gangs. Mais la situation dégénère et la jeune fille devient un risque potentiel dont il faut se débarrasser. Face à ce choix infâme, Alejandro en vient à remettre en question tout ce pour quoi il se bat depuis des années… Note du film : 8,5/10 (par François) Avis : Lors de sa sortie en salles en 2015, « Sicario » avait su créer la surprise ! Et pour cause, son réalisateur : Denis Villeneuve, nous offrait un récit dur doté d’une réalisation sans concession où figurait des comédiens tout bonnement excellents ! Et que dire de cette musique à la fois lancinante et oppressante qui sublimait le tout ! Malheureusement, Jóhann Jóhannsson, son compositeur s’est éteint brutalement le 9 février 2018, à l’âge de 48 ans. Il laissera un grand vide sonore tant son talent était grand. Pour autant, une question légitime est de se demander pourquoi cette petite pépite qui se suffisait à elle-même a engendrée ce numéro 2 ? Allez, vous connaissez la réponse ! Mais si, pour l’argent bien sûr ! Je sais ce que vous vous dites : souvent, cet élément fait peur tant les suites laborieuses sont légions au cinéma. Mais qu’en est-il ici? On tient à vous rassurer tout de suite : on a adoré ! D’ailleurs, ça tombe bien, nous nous faisons une joie de partager notre enthousiasme avec vous ! Alors accrochez-vous car le voyage s’annonce mouvementé ! Une suite ? Mais pourquoi ? On vous le disait d’entrée de jeu, « Sicario » avait cartonné dès sa sortie en salles, à tel point que 85 millions de dollars ont été engrangés alors qu'il n’en avait coûté que 30. En voilà une juteuse opération ! C’est avec quelques appréhensions que nous avons franchi la porte de notre cinéma préféré tant le premier opus nous avait plu. Heureusement, le scénariste du premier volet, Taylor Sheridan, rempile pour notre plus grand plaisir ! Récemment, on se souvient de lui pour avoir réalisé le très beau « Wind River ». Déjà scénariste de l’excellent « Comancheria », il est peut-être inutile de vous préciser que son truc à lui, c’est le grand Ouest américain. Il sait donc comment le magnifier par un scénario sans concession ; un bon point donc. Pourtant, le début du film nous a laissé dubitatif puisque l’intrigue mêle des djihadistes qui passent la frontière mexicaine grâce à quelques narco-trafiquants afin de se faire exploser dans le pays de l’Oncle Sam… On se dit que ce n’est pas très fin et que cela pourrait très vite porter préjudice à une franchise en devenir...Après tout, le premier était au contraire rigoureux et même plutôt intelligent ! Heureusement, cette digression, n’est qu’un prétexte pour entrer dans le vif du sujet, c’est-à-dire en guerre contre les cartels. On prend les mêmes et on recommence ? A la barre du navire, un petit nouveau prend la suite de Denis Villeneuve désormais très occupé ces derniers temps (« Premier contact », et surtout « Blade Runner » en sont les exemples les plus récents). C'est donc Stefano Sollima qui s’y colle et au vu des images, on se dit que le bougre sait y faire ! Ce réalisateur italien est un habitué des polars urbains et on lui doit d’ailleurs quelques épisodes de la série Gomorra. Passez de la mafia aux cartels n’a donc pas dû être trop difficile pour lui. Sa réalisation n’a rien à envier au père de la franchise tant celle-ci se veut dynamique quand les scènes l’exigent et plutôt contemplative lorsqu’il s’agit de filmer les paysages désertiques somptueux du Mexique ou des Etats-Unis. Mais là on nous avons été touché, c’est lorsque sa caméra se pose sur le jeu tout en nuance de Benicio Del Toro qui nous livre avec ce film une grosse performance. Les traits de son visage marqué sont captés avec beaucoup d’humanité par le réalisateur qui nous livre ainsi les failles et les tourments de son personnage, véritable écorché vif. La scène du dialogue en langue des signes restera d’ailleurs probablement dans les mémoires tant tout ce qui est tapi au fond de l’âme nous saute à la gorge. C’est émouvant, très bien amené, et touchant de pudeur. Et ces événements qui minent les personnages principaux font écho en nous d’une bien belle façon. Aux côtés de l’acteur natif de Porto Rico, nous retrouvons avec grand plaisir Josh Brolin qui est fidèle à lui-même, c'est-à-dire extrêmement efficace. Mais la véritable surprise est à chercher du côté féminin. En effet, nous avons été séduit par la très belle prestation de la jeune Isabella Moner. Dans le film, elle incarne la fille d’un baron de la drogue qui se retrouvera malgré elle, prisonnière du jeu des américains qui voudront voir les cartels s’entre-déchirer. Véritablement sacrifiée dans ce jeu géopolitique, le gouvernement US ne serait pas chagriné d’un éventuel « dommage collatéral », au contraire ! Enfin, puisque le compositeur Jóhann Johannsson est décédé récemment, c’est Hildur Guđnadóttir, sa collaboratrice, qui est parvenu à reprendre les codes musicaux propre au film. Elle dira d’ailleurs : "Jóhann et moi avons travaillé en étroite collaboration sur presque tous les projets que nous avons entrepris durant quinze années. Il est décédé il y a si peu de temps que je n’ai pas encore vraiment réalisé qu’il n’est plus là. Je n’ai pas pris sa suite, je ne fais que poursuivre le travail que nous avions entamé ensemble. Cela me semble à la fois naturel et surréaliste… Il n’y a pas vraiment de mots pour exprimer ce que je ressens." Mais (presque) en mieux ! Pour toutes ces raisons évoquées et d’autres que nous vous laisserons juger, « Sicario : la guerre des Cartels », est une excellente surprise estivale ! Le réalisateur Stefano Sollima a pu nous livrer un film de très haute volée et parfaitement réalisé. Quant aux acteurs, ils parviennent à nous tenir en haleine durant près de deux heures. Mention spéciale pour Benicio Del Toro qui parvient à insuffler à son personnage une humanité rare qui ne devrait pas vous laisser indifférent. A bon entendeur ! Date de sortie en Belgique : 4 juillet 2018 Date de sortie en France : 27 juin 2018 Durée du film : 2h02 Genre : Thriller/Action Titre original: Sicario, Day of the soldado Résumé du film : Derrière chaque tradition se dissimule une révolution. Cette année, lors de Fête de l’Indépendance, découvrez comment sont nées les 12 heures d’anarchie annuelle. Soyez les bienvenus dans le mouvement qui a commencé comme une simple expérience : « Américan Nightmare : les origines. » Pour faire passer le taux de criminalité en dessous de 1% le reste de l’année, les « Nouveaux Pères Fondateurs » testent une théorie sociale qui permettrait d’évacuer la violence durant une nuit dans une ville isolée. Mais lorsque l’agressivité des tyrans rencontre la rage de communautés marginalisées, le phénomène va s’étendre au-delà des frontières de la ville test jusqu’à atteindre la nation entière. Note du film : 4/10 (par Véronique) Avis : Initiée en 2013 par James DeMonaco, la saga « La purge » a su séduire un large public par son concept novateur qui, en plus d’offrir des thrillers de plutôt belle facture, dénonçait le système inégalitaire américain, le lobby des armes et ternissait l’image de l’American Way of Life. Intéressante par son fond, surprenante dans la forme, la série des « American Nightmare » n’avait de cesse d’emmener ses spectateurs dans des thrillers (dystopiques) maîtrisés où l’intrigue se renouvelait tout en gardant ses propres codes. L’idée d’un préquel n’était donc pas une mauvaise idée et aurait permis de mettre en lumière la montée du parti des « Nouveaux Pères Fondateurs de l’Amérique » et d’expliquer comment ceux-ci ont imaginé et mis sur pied le concept de « Purge », bien connu de tous. Malheureusement, « American Nightmare 4 : Les origines » n’a d’originel que le nom. Le film du méconnu Gerard McMurray n’est au final qu’un pastiche minimaliste de ce que DeMonaco (toujours scénariste) nous avait présenté à trois reprises et oublie bien vite d’exploiter le sujet qu’on pensait y trouver. Staten Island. La NFFA (« Les Nouveaux Pères Fondateurs de l’Amérique »), vient d’accéder au pouvoir et promet de faire rêver à nouveau les Américains en leur redonnant une puissance économique et redorant le blason de ce pays tombé en ruines. La population étant en colère face au déclin de la nation, le gouvernement en place décide de mener une expérience, applicable au pays tout entier en cas de réussite : purger. Le principe est, a priori plutôt simple : pendant 12 heures tous les crimes seront impunis, et toutes les armes, de classe 4 ou moins, sont autorisées dans le quartier. Mais l’expérience ne se passe pas totalement comme prévu et puisque la population semble frileuse à s’adonner aux pires vices, les dirigeants leur donnent un petit coup de pouce en envoyant des milices ravager et saccager les quartiers de l’île new-yorkaise, où vivent les minorités. Totalement immoral, le film de McMurray pousse le curseur de l’inhumanité un peu plus loin encore en présentant une classe politique capable de tout pour « nettoyer » ses ghettos des populations « nuisibles » et démunies. Offrant 5 000 $ a qui resterait sur l’île et ajoutant un petit bakchich a ceux qui participeraient activement à l’expérience, le gouvernement creuse un peu plus la tombe des valeurs d’une nation qui se veut grandissante. On le sait, la croissance économique et le rêve américain ne sont pas pour tout le monde et c’est sans aucun doute le seul propos cohérent du film, noyé dans une myriade de manipulations, twists et autres revers de situations grotesques auxquels nous ne croyons pas une seule seconde. Dystopie oui, mais pas au prix de n’importe quelle absurdité. Peu attachants, ses héros principaux (interprétés par Y’Lan Noel, Lex Scott Davis et Joivan Wade) évoluent dans leur quartier en état de siège, survivant du mieux qu’ils peuvent à diverses traques (presque animales) menées par des tarés et des mercenaires de première classe. Parfois risible, le film peine à décoller dans un premier acte peu passionnant et se crashe dans une dernière partie où l’on assiste, incrédules, à un mix improbable entre « Die Hard » et « Rambo » où un « héros » black, gros dealer fan de rap, dézingue tout pour sauver sa belle… Affligeant ! Faussement intelligent, ce quatrième opus est sans aucun doute le volet de trop. A force de vouloir satisfaire son public adulescent, on en oublie l’essentiel : tenir (un minimum) la route ! Alors que les minorités sont souvent mises en avant dans divers genres cinématographiques, « La purge » quatrième du nom, met elle aussi en lumière les conditions de vie des populations afro-américaines, premières victimes d’une expérimentation sociologique contre laquelle personne ne semble s’être offusquée. Quelles tractations ont été utilisées pour la mettre en place ? Comment la population entière a-t-elle pu la tolérer ? Comment a-t-elle été pensée ? Quelles réactions cette première purge va-t-elle solliciter dans le reste du pays une fois terminée ? Toutes ces questions, légitimes dans un volet intitulé « les origines », ont été délaissées au profit d’une dystopie classique dans son genre et sans enjeux réels. Crescendo dans l’absurdité, dénué d’intérêt dans le propos, « Américan Nightmare 4 : les origines » est largement dispensable et démontre que la poule aux œufs d’or aurait mieux fait de ne pas pondre un nouveau volet d’une saga qui avait déjà tout donné… Date de sortie en Belgique/France : 4 juillet 2018 Durée du film : 1h42 Genre : Thriller Titre original : The first purge |
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