INTERVIEW Sophie Jarmouni
Réalisatrice de "Virale" et finaliste du Nikon Film Festival
Réalisatrice de "Virale" et finaliste du Nikon Film Festival
Sophie Jarmouni a commencé le théâtre à l’âge de 10 ans et demi dans la ville de Liège en Belgique. À 11 ans, elle découvre l’existence du Cours Florent et se met en tête d’y entrer. Elle arrive à Paris à 23 ans, entre dans la prestigieuse école, participe plusieurs fois au festival OFF d’Avignon, suit aussi une formation de doublage, de cascade et de combat scénique… Mais c’est en 2018, du haut de ses 31 ans, que Sophie réalise son premier court métrage « Virale » pour le Nikon Film Festival. Elle fait partie des 50 finalistes de cette année.
(c) Julie Reggiani
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Margaux : Comment vous est venue l’idée de passer à la réalisation ? Sophie Jarmouni: Je voulais réaliser depuis un moment ! La mise en scène, la direction d’acteur, essayer de chercher la meilleure façon de raconter une histoire, c’est quelque chose qui me plaît. J’avais commencé à écrire des courts-métrages mais je n’avais jamais encore sauté le pas. Je n’avais pas fait d’école de réalisation et je n’avais pas spécialement de compétences techniques. Le manque de matériel me freinait beaucoup aussi. J’avais peur que le résultat ne soit pas valable même si mon idée pouvait être bonne. Margaux : Pourquoi participer au Nikon Film Festival ? Sophie Jarmouni: J’ai eu le déclic quand j’ai vu le thème imposé de cette 9ème édition : « Le partage », un thème qui est très chargé positivement mais à l’ère des réseaux sociaux, ne véhicule pas toujours les meilleures intentions. J’ai eu directement l’idée de l’avant dernier-plan de « Virale » . Je me suis dit qu’il fallait que je fasse le film dans la foulée et que je le poste le plus tôt possible sinon il serait noyé dans la masse. |
Margaux : Comment vous êtes-vous organisée pour le tournage ?
Sophie Jarmouni : J’ai appelé les membres du Collectif Attention Fragile, dont je fais partie et qui compte de nombreux talents techniques, graphiques mais aussi artistiques comme Loki, qui a composé la musique du film. Je me suis dit : « Allez on y va, dans 3 semaines il faut qu’il soit en ligne ».
Margaux : Combien de temps s’est écoulé entre l’instant où vous en avez eu l’idée jusqu'au dernier clic d’importation du projet sur ordinateur ?
Sophie Jarmouni: : Environ 3 semaines, on a tenu le délai ! On a d’abord parlé planning et on a commencé à tourner la semaine suivante, pendant 3 jours. Rafiki, qui s’est chargé des graphismes, s’est installé chez moi pendant le tournage et est resté une semaine. Ensuite nous avons travaillé sur la musique et enfin le montage.
Margaux : Comment s’est produite l’annonce des finalistes ?
Sophie Jarmouni: Ils ont dévoilé les 50 finalistes sur Twitter dans un ordre aléatoire et il s’est avéré qu’on a été les premiers à être annoncés ! Au début, je ne comprenais pas ce qui se passait, mon téléphone vibrait non-stop, je n’arrêtais pas d’être mentionnée sur Twitter alors que ça n’arrive jamais (rires). C’était assez dingue !
Margaux : Qu’espériez-vous du Nikon Film Festival ? Une ouverture de porte ? Une mise en lumière ou des rencontres professionnelles ?
Sophie Jarmouni: L’envie de le faire, ça suffit comme réponse (rires)? C’était avant tout pour me prouver que je pouvais réaliser un film. On ne s’attendait pas du tout à être dans les 50 finalistes. C’était vraiment énorme d’apprendre qu’on faisait partie de la sélection ! Mais bien sûr, sur les 1250 films que le festival reçoit, il y en a bien plus de 50 qui sont bons. Après coup, je me suis rendue compte que ce festival permettait de rencontrer beaucoup de professionnels ainsi que des amateurs passionnés via les projections organisées un peu partout en France.
Margaux : Trouvez-vous que le Nikon Film Festival est un bon tremplin pour de jeunes réalisateurs qui veulent se lancer ?
Sophie Jarmouni : J’ai appelé les membres du Collectif Attention Fragile, dont je fais partie et qui compte de nombreux talents techniques, graphiques mais aussi artistiques comme Loki, qui a composé la musique du film. Je me suis dit : « Allez on y va, dans 3 semaines il faut qu’il soit en ligne ».
Margaux : Combien de temps s’est écoulé entre l’instant où vous en avez eu l’idée jusqu'au dernier clic d’importation du projet sur ordinateur ?
Sophie Jarmouni: : Environ 3 semaines, on a tenu le délai ! On a d’abord parlé planning et on a commencé à tourner la semaine suivante, pendant 3 jours. Rafiki, qui s’est chargé des graphismes, s’est installé chez moi pendant le tournage et est resté une semaine. Ensuite nous avons travaillé sur la musique et enfin le montage.
Margaux : Comment s’est produite l’annonce des finalistes ?
Sophie Jarmouni: Ils ont dévoilé les 50 finalistes sur Twitter dans un ordre aléatoire et il s’est avéré qu’on a été les premiers à être annoncés ! Au début, je ne comprenais pas ce qui se passait, mon téléphone vibrait non-stop, je n’arrêtais pas d’être mentionnée sur Twitter alors que ça n’arrive jamais (rires). C’était assez dingue !
Margaux : Qu’espériez-vous du Nikon Film Festival ? Une ouverture de porte ? Une mise en lumière ou des rencontres professionnelles ?
Sophie Jarmouni: L’envie de le faire, ça suffit comme réponse (rires)? C’était avant tout pour me prouver que je pouvais réaliser un film. On ne s’attendait pas du tout à être dans les 50 finalistes. C’était vraiment énorme d’apprendre qu’on faisait partie de la sélection ! Mais bien sûr, sur les 1250 films que le festival reçoit, il y en a bien plus de 50 qui sont bons. Après coup, je me suis rendue compte que ce festival permettait de rencontrer beaucoup de professionnels ainsi que des amateurs passionnés via les projections organisées un peu partout en France.
Margaux : Trouvez-vous que le Nikon Film Festival est un bon tremplin pour de jeunes réalisateurs qui veulent se lancer ?
Sophie Jarmouni: Pour avoir discuté avec certains lauréats des années précédentes, leurs expériences sont très positives. Le festival apporte une reconnaissance et une prise au sérieux. Il permet une diffusion cinéma (dans les salles Mk2) et télévisée (sur Canal +), une aide à certains primés via une bourse de résidence du Centre National du Cinéma pour leur prochain projet ou un kit de matériel Nikon… Et puis même pour ceux qui ne gagnent rien, cela permet une diffusion et visualisation du travail sur le site ou via les projections, également sur Sens Critique! Cela donne l’occasion d’avoir les retours du public et c’est toujours encourageant, du moins instructif !
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Margaux : Comptez-vous y participer à nouveau l’année prochaine ou dans les années à venir ?
Sophie Jarmouni: Peut-être...(rires) Cette année j’ai vraiment eu le déclic vis à vis du thème. Je n’ai pas envie de me sentir obligée de le refaire. Il faut que le thème m’inspire. En attendant, on va envoyer « Virale » à d’autres festivals pour faire vivre le film dans d’autres sélections. Mais atteindre la finale du Nikon est déjà une magnifique reconnaissance !
Margaux : Quelles ont été les difficultés ou les défis rencontrés durant le tournage ?
Sophie Jarmouni: On doit trouver une dynamique, un climax, une chute, réussir à mettre une claque au public en deux minutes et vingt secondes. Pendant des années, j’ai fait de l’improvisation, une discipline où il faut construire des histoires en se voyant imposer une durée, un titre et une catégorie. Je pense que cela m’a aidée à structurer mon film pour le Nikon Film Festival. La difficulté principale pour moi a été de ne pas me dégonfler en cours de route (rires). Il y avait cette peur que les gens ne trouvent pas l’idée intéressante ou que je n’arrive pas à mener le projet jusqu’au bout.
Margaux : Et concernant le budget ?
Sophie Jarmouni: Nous n’avions pas de société de production derrière nous et on a dû faire avec les moyens du bord. En tant que comédienne, je trouve élémentaire d’être payée pour mon travail, j’étais par conséquent gênée et frustrée de ne pas pouvoir rémunérer mon équipe technique, ma comédienne et mes figurants ! J’ai déculpabilisé en me disant qu’au moins je n’ai pas eu besoin de mobiliser la figuration très longtemps (rires). Le fait que la majorité de l’équipe fasse partie du même collectif était une grande force. Nous avons l’habitude de travailler ensemble et de soutenir nos projets mutuels.
Margaux : Et pour le matériel ?
Sophie Jarmouni: David, le chef opérateur, avait son matériel. On a donc utilisé le sien mais je sais que Nikon met à disposition du matériel à Paris, à Lyon, à Nice et à Marseille.
Margaux : Avec un montage très rythmé, vous avez voulu nous montrer la rapidité du processus des réseaux sociaux ?
Sophie Jarmouni: C’était tout à fait l’idée ! Les premiers plans font 3/4 secondes chacun et s'accélèrent très rapidement. Derrière un ordinateur, on ne se rend pas compte des répercussions de ce que l’on peut écrire. Dans « Virale » , on ne voit jamais les « haters », seulement leurs pouces, leurs regards etc.. Il n’y a que la comédienne principale qu’on arrive à identifier. On ne voit pas non plus le contenu de la vidéo à la base de son harcèlement, c’était un choix de ma part car je ne voulais pas que le public justifie le harcèlement en découvrant son origine. Sur internet, des personnes, souvent des femmes, sont harcelées pour leur travail, leurs positions, ou simplement les photos qu’elles postent. Il y a tellement d’exemples : Nadia Daam, Marion Seclin, Marie Laguerre, le revenge porn, le body shaming… Je voulais montrer la cruauté des anonymes qui ne pensent pas aux conséquences de leurs commentaires. Il fallait donc que la mise en scène de « Virale » appuie sur son côté monstrueux et hors de contrôle, d’où la vitesse des images.
Margaux : Finalement, Virale est un film très engagé qui souhaite transmettre un message aux jeunes générations !
Sophie Jarmouni: Je pense qu’il faut éduquer toutes les générations à l’utilisation d’Internet, prendre conscience que ce qui se dit en ligne peut faire énormément de dégâts. Les gens partagent des vidéos de chatons ou insultent quelqu’un sur le net avec le même niveau d’engagement, alors que les conséquences ne sont pas du tout les mêmes. C’est un outil fantastique mais comme toute invention, cela a aussi ses revers, ses failles.
Margaux : Quels conseils pourriez-vous donner à des jeunes gens qui veulent se lancer dans la réalisation en passant notamment par le Nikon Film Festival ?
Sophie Jarmouni: Pour placer une citation d’Orelsan « Si tu veux faire des films, t’as juste besoin d’un truc qui filme » (rire). Plus sérieusement, je pense qu’il faut être bien entouré, j’ai eu une équipe du tonnerre qui m’a énormément aidé. Un film c’est un travail d’équipe avant tout ! Si tu as envie de faire un film, essaie de le faire au mieux. Ne pas se cacher derrière le fait que c’est le premier et apporter le même soin que si c’était un film à gros budget. Je pense qu’il faut essayer d’être le réalisateur ou la réalisatrice que tu as envie d’être plus tard. On a besoin de cinéastes, de créativité, de projets, de rôles féminins importants.
Sophie Jarmouni: Peut-être...(rires) Cette année j’ai vraiment eu le déclic vis à vis du thème. Je n’ai pas envie de me sentir obligée de le refaire. Il faut que le thème m’inspire. En attendant, on va envoyer « Virale » à d’autres festivals pour faire vivre le film dans d’autres sélections. Mais atteindre la finale du Nikon est déjà une magnifique reconnaissance !
Margaux : Quelles ont été les difficultés ou les défis rencontrés durant le tournage ?
Sophie Jarmouni: On doit trouver une dynamique, un climax, une chute, réussir à mettre une claque au public en deux minutes et vingt secondes. Pendant des années, j’ai fait de l’improvisation, une discipline où il faut construire des histoires en se voyant imposer une durée, un titre et une catégorie. Je pense que cela m’a aidée à structurer mon film pour le Nikon Film Festival. La difficulté principale pour moi a été de ne pas me dégonfler en cours de route (rires). Il y avait cette peur que les gens ne trouvent pas l’idée intéressante ou que je n’arrive pas à mener le projet jusqu’au bout.
Margaux : Et concernant le budget ?
Sophie Jarmouni: Nous n’avions pas de société de production derrière nous et on a dû faire avec les moyens du bord. En tant que comédienne, je trouve élémentaire d’être payée pour mon travail, j’étais par conséquent gênée et frustrée de ne pas pouvoir rémunérer mon équipe technique, ma comédienne et mes figurants ! J’ai déculpabilisé en me disant qu’au moins je n’ai pas eu besoin de mobiliser la figuration très longtemps (rires). Le fait que la majorité de l’équipe fasse partie du même collectif était une grande force. Nous avons l’habitude de travailler ensemble et de soutenir nos projets mutuels.
Margaux : Et pour le matériel ?
Sophie Jarmouni: David, le chef opérateur, avait son matériel. On a donc utilisé le sien mais je sais que Nikon met à disposition du matériel à Paris, à Lyon, à Nice et à Marseille.
Margaux : Avec un montage très rythmé, vous avez voulu nous montrer la rapidité du processus des réseaux sociaux ?
Sophie Jarmouni: C’était tout à fait l’idée ! Les premiers plans font 3/4 secondes chacun et s'accélèrent très rapidement. Derrière un ordinateur, on ne se rend pas compte des répercussions de ce que l’on peut écrire. Dans « Virale » , on ne voit jamais les « haters », seulement leurs pouces, leurs regards etc.. Il n’y a que la comédienne principale qu’on arrive à identifier. On ne voit pas non plus le contenu de la vidéo à la base de son harcèlement, c’était un choix de ma part car je ne voulais pas que le public justifie le harcèlement en découvrant son origine. Sur internet, des personnes, souvent des femmes, sont harcelées pour leur travail, leurs positions, ou simplement les photos qu’elles postent. Il y a tellement d’exemples : Nadia Daam, Marion Seclin, Marie Laguerre, le revenge porn, le body shaming… Je voulais montrer la cruauté des anonymes qui ne pensent pas aux conséquences de leurs commentaires. Il fallait donc que la mise en scène de « Virale » appuie sur son côté monstrueux et hors de contrôle, d’où la vitesse des images.
Margaux : Finalement, Virale est un film très engagé qui souhaite transmettre un message aux jeunes générations !
Sophie Jarmouni: Je pense qu’il faut éduquer toutes les générations à l’utilisation d’Internet, prendre conscience que ce qui se dit en ligne peut faire énormément de dégâts. Les gens partagent des vidéos de chatons ou insultent quelqu’un sur le net avec le même niveau d’engagement, alors que les conséquences ne sont pas du tout les mêmes. C’est un outil fantastique mais comme toute invention, cela a aussi ses revers, ses failles.
Margaux : Quels conseils pourriez-vous donner à des jeunes gens qui veulent se lancer dans la réalisation en passant notamment par le Nikon Film Festival ?
Sophie Jarmouni: Pour placer une citation d’Orelsan « Si tu veux faire des films, t’as juste besoin d’un truc qui filme » (rire). Plus sérieusement, je pense qu’il faut être bien entouré, j’ai eu une équipe du tonnerre qui m’a énormément aidé. Un film c’est un travail d’équipe avant tout ! Si tu as envie de faire un film, essaie de le faire au mieux. Ne pas se cacher derrière le fait que c’est le premier et apporter le même soin que si c’était un film à gros budget. Je pense qu’il faut essayer d’être le réalisateur ou la réalisatrice que tu as envie d’être plus tard. On a besoin de cinéastes, de créativité, de projets, de rôles féminins importants.
► Pour découvrir "Virale" en images: Nikon Film Festival
Crédits du court métrage : Photo : Xander Michalak : www.XanderMichalak.com Les autres productions du collectif: Collectif attention fragile La musique de Loki : https://soundcloud.com/lok_i Et pour contacter Sophie Jarmouni via Twitter ou Instagram : @Jarm0u |