Jamais sans ma fille Précédé d’une scène d’accouchement réaliste qui dure près de 20 minutes, des contractions annonciatrices jusqu’aux premiers cris de ce bébé qui semblait en tout point en bonne santé, le titre du film « Pieces of a woman » s’affiche sur notre écran avec discrétion et force, à l’image de son héroïne, Martha, que nous nous apprêtons à suivre dans un long chemin de croix qui durera plus de 6 mois. Dévastée par la perte de la petite Yvette dont elle a peu de souvenirs, si ce n’est sa délicieuse odeur de pomme, la jeune mère avance tant bien que mal, sans fléchir, avec l’immense vide pesant dans ses entrailles comme dans sa propre vie. Mais celle qui a le besoin viscéral de tourner la page, en tout cas aux yeux de tous, ne fait que refouler sa détresse et son immense tristesse, laissant libre cours à ces fameuses cinq étapes du deuil élaborées par Elisabeth Kübler-Ross : le déni, la colère, la négociation, la dépression et l’acceptation. Laissant son couple battre de l’aile depuis que leur nid a été privé de cet oisillon qu’ils ont tant chéri, Martha n’exprime rien, laissant hagards son compagnon de vie (Shia LaBeouf) et sa mère (Ellen Burstyn) qui abordent ce drame de façon plus frontale. Si son héroïne nous parait distante, la proximité que l’on a avec cette histoire et avec cette difficulté de faire le deuil, d’affronter les regards des autres et le nôtre lorsque l’on se croise dans un miroir est totale. Sans aucun doute parce que le réalisateur et sa compagne, Kate Wéber, scénariste du film (qui était à la base une pièce de théâtre ayant connu un grand succès) ont eu même vécu un deuil périnatal. N’y a-t-il pas alors meilleure catharsis que de parler de ce qui a rendu muet deux parents durant des semaines, des mois ou des années ? Révélant au monde la souffrance, la difficulté de ne pas trouver de coupable, de porter une honte qui ne devrait pas en être une « Pieces of a woman » est un film majeur parce qu’il libère la parole, parce qu’il ose exploser les tabous, faire de preuve d’une force redoutable et d’évoquer un sujet sensible de front mais néanmoins avec une pudeur exemplaire. Comment narrer un quotidien qui a volé en éclats lorsque les premiers cris de la vie ont cessé et de ce fait, on exploser la vôtre ? Comment aller de l’avant et comment survivre en tant que parents. « Pieces of a woman » évoque un peu de tout cela, magistralement, l’air de rien, dans un métrage de deux heures qui poursuit, tant pour sa performance, son empathie que pour son intelligence humaine. Sa chronologie, qui s’appuie sur la construction d’un pont sur lequel travaille Sean, un père endeuillé en perte de repères, ne fait pas que marquer le temps qui passe… lentement… mais est aussi une façon d’exprimer la latence d’une évolution personnelle, indispensable pour combler un vide, un gouffre émotionnel, un travail de longue haleine qui permet de tisser un lien, de joindre deux rives, deux êtres lorsque l’irréparable s’est produit…
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La particularité ? Mêler les témoignages face caméra de personnalités fictives incarnée …par des acteurs de renom à des images d’archives qui ont défrayé la chronique l’année passée ! Ce projet un peu fou et, assez risqué lorsqu’on y pense, a la chance d’être porté par des acteurs solides qui n’ont plus rien à prouver et qui nous régalent en sortant des sentiers battus… audacieux ! Alors que Samuel L. Jackson, en sa qualité de journaliste dans le film, réagit aux images d’archive proposées avec malice et subjectivité, c’est un Hugh Grant méconnaissable en historien vieillissant et rétrograde (quel plaisir !) qui s’occupe d’éclairer nos lanternes ! Les amateurs toujours endeuillés par l’arrêt de la série « Friends », eux, adoreront détester la porte-parole officieuse de la Maison Blanche interprétée par Lisa Kudrow. Aussi, d’autres acteurs se joignent à eux pour nous amuser comme l’actrice britannique Diane Morgan qui nous régale dans le rôle d’une « citoyenne lambda » tellement crédule mais touchante lorsqu’elle nous partage sa vision du monde… Brillant ! Le Black Mirror de l’actualité ! Avec « Mort à 2020 », les réalisateurs Al Campbell et Alice Mathias déploient un second degré certes ravageur mais qui demande de bonnes connaissances des faits pour apprécier le spectacle à sa juste mesure et ainsi prendre conscience de la folie qui s’en dégage. Aussi, sans esprit critique, le spectateur passerait totalement à côté de cet exercice de style maitrisé avec brio. Car oui, dans ce programme parodique, les interviews se font en face caméra et le ton est tantôt faussement grave, tantôt outrancier, mais c’est toujours pour appuyer (à la truelle !) les dérives de notre société qu’il est bon d’égratigner. Ainsi, pour véritablement s’amuser de la folie retransmise ici, il faut être conscient des codes et des niveaux de langage. Cela dit, cela fait du bien de ne pas nous prendre pour des c***, en nous proposant un vrai terrain de jeu psychologique et sociologique ! Un vrai miroir sombre de notre société en somme alors que tout au long de cette satire, nous nous amusions d’ailleurs de retrouver des images d’actualité que nous avions oubliées et qui nous paressent toujours aussi folles aujourd’hui ! Vous le verrez si vous décidez de tenter cette expérience télévisuelle, il est difficile de garder son sérieux malgré la noirceur de l’actualité tant nos politiques semblent avoir été à côté de la plaque ! Du côté de ce casting quatre étoiles, les vannes défilent, avec par moments, quelques petites lourdeurs qui auraient pu être évitées tant le même ressort comique semble usé parfois jusqu’à sa tension maximale. Malgré cela, le format d’1h10 est parfait pour nous divertir, nous interroger et nous surprendre sans tomber dans une caricature maladroite qui aurait desservi ce beau projet ! En fin de compte, avec « A mort 2020 », tout le monde prend la tarte à la crème en pleine figure et c’est assez jouissif ! Alors que la voix off surnomme Boris Johnson le « Premier Ministre épouvantail », Joe Biden n’échappe pas aux blagues liées à son âge puisqu’il aurait déjà été un acteur de la « Guerre de Sécession ».
Ensuite, parce qu’en voulant humaniser son héros traumatisé par la guerre contre des terroristes, le réalisateur enferme son film dans une psychologie de comptoir beaucoup trop sommaire pour nous captiver. Bien sûr, l’ensemble se regarde avec un certain plaisir grâce à un bon rythme dans ses deux premiers tiers mais pêche par les nombreuses interactions de cet anti-héros avec sa famille. Alors que sa femme ne parvient plus à le soutenir dans ses troubles de stress post-traumatique, son fils se sent coupable d’avoir détourné l’attention de sa sœur pendant quelques instants fatidiques. De plus, nous n’échappons pas aux flashbacks traumatisants de la guerre en Afghanistan avec des séquences de tortures dispensables… Ces éléments sont d’autant plus dommageables qu’ils viennent alourdir une dynamique pourtant assez bonne où les évènements s’enchainent sans discontinuer. Enfin, comment ne pas évoquer des facilités scénaristiques hélas trop souvent présentes dans ce genre de film... Pour le reste, place aux plaisirs simples du combat à mains nues ! Car oui, tout l’intérêt réside dans l’enquête musclée de cet ancien soldat et père de famille envers ceux qui ont enlevé son enfant. Vous imaginerez sans peine que sa détermination à retrouver sa fille fera des étincelles !
Fabrizio Gifuni est à l’aise dans les scènes d’action et la réalisation efficace, ainsi que les bruitages convaincants nous plongent instantanément dans la violence la plus viscérale, celle qui vient de la nécessité pour un père de revoir sa fille. Les scènes d’action vont certes à l’essentiel mais témoignent d’une puissance brute absolument jouissive ! La violence est exacerbée et le colosse italien semble encaisser, sans broncher, son chemin de croix vers une issue qu’il espère favorable. Enfin, comment ne pas saluer le fabuleux travail conjugué d’Andrea Manusso et de Matteo Nesi qui nous livrent là une très belle bande originale ! Celle-ci se détache de la production habituelle et devrait enthousiasmer vos oreilles délicates ! Pour toutes ces raisons, « la Bête », bien qu’imparfait, est un film qui mériterait un coup d’œil tant il sait se montrer efficace dans ses scènes d’action.
Long, lent, soporifique, « Midnight sky » noie le poisson de ses premières minutes à son dénouement, ne cessant de nous interpeller sur le sens que l’histoire va finir par nous donner espérant par la même occasion nous faire mordre à l’hameçon. C’est que, les deux intrigues qui se déroulent en parallèle (comme si George avait peiné à choisir laquelle des deux histoires il allait nous conter) ont finalement peu d’enjeux, prennent des tournures incompréhensibles, tout juste mises en place pour justifier un croisement qui n’apporte rien de plus qu’une conclusion téléphonée… Sorte de melting pot entre « Seul sur Mars », « Arctic », « Interstellar » et « Solaris », « Minuit dans l’univers » n’est qu’une resucée de tout ce que l’on a pu voir ailleurs, le manque de dynamisme en plus… George Clooney, affublé d’une barbe improbable, les yeux fatiguées et les attitudes bourrues ne parviennent pas à sauver le film d’un naufrage dont il est difficile de le sauver… Ses changements d’attitudes radicaux (à l’arrivée de la petite Iris) et son manque de cohérence n’étant que le reflet de cette humanité qui n’a pas su se sauver d’elle-même, contrainte de se réfugier dans le sous-sol d’une Terre plutôt que de faire face à son effroyable destin. Drame écologique dont on très clairement compris le message tant il nous est répété (« nous n’avons pas pu prendre soin de notre planète depuis votre départ »), « Minuit dans l’univers » ne cesse de nous rappeler qu’il faut prendre soin des uns et des autres, de ce que l’on a, de saisir les moments présents et faire les bons choix, au risque de se retrouver face à l’immensité d’un quotidien hostile où la solitude résonne de façon douloureuse au sein de notre poitrine. Et que dire de ce qui se joue dans l’hyper espace et dans le vaisseau Ether où évolue une poignée très représentative du peuple américain, immense navette en perdition entre une mission initiale et un retour sur Terre dont on ne connait pas la réelle raison… Les motivations, les quêtes et les choix de cet équipage ne sont guère plus éclairants que ce qui se passe sur notre planète bleue acide et on se demande finalement le sens apporté à ces deux heures dont on sort groggy…
En effet, le film, qui permet de réunir à l’écran l’impeccable (et implacable) Viola Davis et le très convaincant Chadwick Boseman, n’a pas son pareil pour nous emmener dans des interactions volubiles à ne plus en finir, échanges qui permettent de cerner les contours des conditions d’afro-américains venus s’installer dans le Chicago des années 1920… Attirée à coup d’articles alléchants et de promesses de vie meilleure, la communauté noire de l’époque traverse les USA pour trouver de quoi subsister dans le Nord où la réalité dépeinte de façon fallacieuse est bien loin de tout ce que ces braves volontaires avaient pu s’imaginer. Persécutée et sous-estimée, la population afro-américaine parvient cependant à s’exprimer à travers la musique jazzy, dont Ma Rainey est une figure de proue incontestée. Diva impatiente, exigeante et au caractère bien trempé, la chanteuse de blues se voit conviée à une session d’enregistrement qui marquera à jamais tous ceux qui y ont pris part, des musiciens au producteur de la maison de disque blanc, en passant par la petite amie de la chanteuse ou son adorable neveu. Respectant l’unité de temps et de lieu chère au théâtre, « Le blues de Ma Rainey » nous offre un huis clos tendu où des protagonistes bien différents se côtoient durant quelques heures. Levee (Chadwick Boseman) voit en cette session d’enregistrement, l’occasion de révéler tout son talent et de négocier le virage de sa propre carrière alors que le band de Ma préfère apaiser les tourments et les rêves de grandeur, attendant nonchalant l’arrivée de la diva… Problèmes techniques, manque de respect, tension et passion pour cette musique si parlante et évocatrice des tourments vécus par les afro-américains sont l’occasion de permettre à chacun de s’exprimer et livrer une part de son vécu, d’entrer dans l’intime et le passé d’êtres qui ont été marqués par ce qu’ils ont connu. Avec « Ma Rainey’s Black Bottom » (titre de sa version originale – « Black Bottom » étant l’un des succès de la chanteuse), August Wilson brosse à nouveau le portrait d’une époque par des situations et des mots criant de vérité, s’appuyant sur des figures fortes et sincères qui communiquent une belle humanité… Cette intelligence d’écriture et cet angle, nous l’avons d’ailleurs déjà découverte dans une très belle adaptation dans le « Fences » de Denzel Washington (dans lequel on retrouvait déjà... Viola Davis), film que l’on préfère à celui-ci, peut-être parce qu’il nous semblait plus facile de nous identifier à ses protagonistes. Très verbeux, le métrage de George C.Scott peut néanmoins s’avérer longuet pour qui n’apprécierait pas cet exercice de style et cette porte d’entrée dans un univers qui a pourtant de nombreuses qualités. Si on applaudit la performance de Viola Davis (nous regrettons néanmoins le playback très peu subtil utilisé lors des scènes de chant), celle de Chadwick Boseman et du casting masculin incarnant les musiciens attachants, nous regrettons l’empressement et l’enchaînement sans répit d’événements et d’incidents qui auraient pu prendre davantage leur temps…
Musicalement vôtre Ryan Murphy, c’est « Mange, prie, aime », « Nip Tuck » ou encore « Glee », l’excellentissime « Hollywood » ou l’inconstante « Ratched ». Avec « The Prom », le réalisateur américain rend un hommage notoire à Brodway sans réellement parvenir à nous faire décoller. Le film, qui était rempli de promesses, mélange les thèmes, les histoires personnelles, les comédiens professionnels et amateurs dans un imbroglio confus où tout est prévisible, lisse et terne. Et pourtant, à la lecture de sa distribution et son pitch intéressant, on s’attendait à retrouver la grandeur de « Moulin Rouge », la fraîcheur de « Mamma Mia ! » (en cela, Jo Ellen Pellman à l’aisance d’une Lily James) des chants et des danses qui font virevolter les cœurs et emplissent nos écrans de lumière… Si c’est en partie vrai, le souci principal vient de ses facilités scénaristiques et sa paresse d’écriture, de la sous-exploitation du talent d’une Nicole Kidman qui vient juste afficher ses grandes gambettes et un méli-mélo de bons sentiments trop fake que pour y adhérer vraiment. Entre humour et sujets de société plutôt bien exploités (l’importance de la popularité et des bonnes critiques, le manque d’empathie et l’acceptation difficile de l’homosexualité), « The prom » vacille. Son discours tentant engagé, mais beaucoup trop appuyé et ses happy ends tellement gros qu’ils envahissent une histoire qui méritait d’être un peu plus subtile, ternissent le tableau haut en couleur que Ryan Murphy menait de main de maître dans des débuts très prometteurs.
Tristement, cette romance a connu une sortie discrète mais est (heureusement !) à (re)découvrir sur Netflix ! Ici, Avec « Paddleton », Lehmann nous propose de découvrir un beau film d’amitié entre deux hommes, qui sont aussi voisins directs. Assez minimaliste dans son approche, la première scène du film nous amène à l’hôpital où nous apprenons l’état de santé inquiétant de Michael (Mark Duplass) souffrant d’un cancer en stade terminal. Accompagné de son meilleur ami Andy (Ray Romano), Michael souhaite partir dans la dignité ... Mais ce cheminement compliqué devra se faire à deux, avec l’aide de son ami de toujours… Alors que Michael se résigne à la situation, Andy,lui, ne conçoit pas un avenir sans son complice. Les non-dits et la pudeur sont présents, tout comme les liens du quotidien qui unissent les deux hommes et la peur de ce vide qui va s’installer dans la vie de celui qui reste… Un set à deux Exemple parfait du cinéma indépendant réussi, à l’instar de la gifle qu’à été « Sideways » en son temps, « Paddleton » prend également très vite la direction d’un road movie mélancolique où les fêlures des protagonistes parviennent à nous toucher en plein cœur. Réjouissant de justesse, les deux acteurs principaux sont parfaits dans leur rôle respectif. Habitués aux parties de Paddleton- un jeu inventé par leur soin et consistant à se servir d’un ancien mur de drive in pour échanger des balles devant tomber dans un baril- les amis se retrouvent chaque jour après le boulot pour partager les loisirs et réinventer le monde. Passionnés par les films de Kung fu et grands amateurs de pizzas, ils entretiennent une amitié très belle car sincère. Célibataires, ils se retrouvent dès qu’ils peuvent, ce qui donne lieu à des échanges et réflexions surréalistes comme celle autour de l’hoverboard et la perception métaphorique de l’immobilisme. Les deux amis se montrent touchants de pudeur comme ce moment où Andy répète son discours fictif du coach encourageant l’équipe et qui fait aussi écho à la tournure qu’est en train de prendre sa propre vie… alors qu’à travers les tuyaux de ventilation, son alter ego entend ce discours et comprend sa solitude sans n’en rien dire. Tout du long, il y a une vraie intelligence émotionnelle dans ce film indépendant, qui bien que fait de l’ordinaire du quotidien, parvient à extraire la sève poétique et mélancolique de l’existence. Nous le disions, le tandem joué à l’écran par Mark Duplass et Ray Romano est parfait de justesse et la magie d’un cinéma plus sensible et confidentiel opère. Même les « codes » esthétiques utilisés participent à cette bulle du temps suspendu. La preuve ? Il est difficile de connaitre l’année de l’intrigue, puisque les vêtements vieillots tricotés, le décor, la vieille voiture Nissan Sentra rouge et les filtres couleurs pastel utilisés participent à ce voyage ordinaire de l’existence. Peut-on, pour autant, parler de « codes » du cinéma indépendant US ? Peut-être, mais lorsque le cœur l’emporte sur l’intellect, alors le pari est réussi !
Cependant, si ses apparats sont remarquables, nous avons l’étrange sensation d’avoir découvert un film en toc, un métrage un chouïa nombriliste où l’émotion répond aux abonnés absents, à l’image d’un Orson Welles tyrannique relégué au second plan. Explications Coulisses d’un film aux neuf potentiels Oscars Son énorme travail technique et photographique et son désir de rester ancré dans une époque mise à l’honneur par l’évocation de nombreuses personnalités ne seront sans doute pas étrangers à quelques nominations potentielles dans la course aux statuettes dorées. Les fondus entre les scènes et ses rappels de vieilles pellicules, ses décors plus vrais que nature, sa diction et sa prise de son (ou son rendu) à la sauce 30’s sont assurément des arguments magnifiques qui séduiront les cinéphiles nostalgiques et les amateurs de films d’époque. Néanmoins, est-ce suffisant pour faire de ce métrage un must see incontournable ? Pas vraiment. Si les coulisses de l’âge d’or du cinéma se déroulent sur notre écran de façon probante et hautement appréciable, nous peinons à retrouver notre chemin dans ce « Mank » qui, à l’instar de « Citizen Kane », brouille les pistes, devient labyrinthique et risque bien de perdre une partie de son public tombé dans un état léthargique. On le confesse, nous avons beau avoir voulu nous raccrocher au formidable casting, à son impressionnante esthétique, nous avons beaucoup de mal à vanter les mérites d’un David Fincher qui semble s’offrir un kiff cinématographique un peu trop hermétique. La faute à son histoire trop confidentielle et à ses trop nombreux flashbacks ? Sans doute. Outre le fait que David Fincher semble vouloir établir un hommage hyper appuyé au métier de scénariste et montrer, à qui veut le voir et l’entendre l’importance d’un scénario et de sa paternité. Le sien est d’ailleurs signé Jack Fincher, son père, décédé il y a moins de 20 ans d’un cancer, et qui n’a jamais pu voir son scénario, écrit dans les années 90, adapté à l’écran… Le lien entre l’histoire du film et le film en lui-même résonne donc d’une étrange façon lors de sa vision. Mais faut-il avoir vu « Citizen Kane » pour comprendre le film de Fincher ? Oui… et non. Si le personnage de Kane et ses inspirations puisées dans la vie d’un certain William Randolph Hearst sont présentes dans les dialogues et à l’écran, « Mank » parle surtout du processus créatif, le manque de reconnaissance de certains métiers indispensables à la fabrication d’un film et des tractations mises en place pour faire ressortir un métrage du lot. Jeux de dupes et d’influences, histoires officielles et officieuses s’expliquent à mesure que nous entrons dans la vie de ce Mank (formidable Gary Oldman) irascible, alcoolique, alité et pourtant si énergique. En revanche, il est indispensable de connaître quelques rudiments et grands jalons du cinéma des années 1930, son contexte politique et social si on ne veut pas être totalement perdus dans les réceptions et autres errances de notre héros. C’est que, en plus d’Orson Welles, nous croisons la route du magnat de la presse William Randolph Hearst, David O. Selznik, Louis B Mayer (pour ne citer qu’eux), autant de grands pontes qui avaient un pouvoir de décision colossal sur les carrières des petites mains du 7ème art à cette époque. Upton Sinclair, Marion Davies et Joseph Joe Mankiewicz complètent eux le paysage des rêveurs qui attendent une grâce divine ou un coup de pouce du destin pour asseoir une carrière dans studios hollywoodiens… En signant ce retour en noir et blanc dans le monde du cinéma qui manque parfois d’innovation et d’audace, David Fincher se démarque sans non plus parvenir à se tenir au-dessus de la mêlée. Probablement parce qu’à force de vouloir être dans l’hommage, il en oublie de donner de l’âme à un scénario très développé, offrant une trame saccadée dans laquelle il est difficile de se retrouver et que l’on découvre tantôt médusés, tantôt éprouvés.
Un petit bout d’Amérique trop souvent négligé Comme le montrait déjà brillamment le documentaire « The last hillbilly » de Thomas Jenkoe et Diane-Sara Bouzgarrou, la société américaine ne se résume pas à l’American Dream ou Nightmare que vivent de nombreuses familles installées depuis longtemps sur un territoire où tout peut arriver. Dans les contrées plus rurales de cet immense état, une population en standby, dans l’attente de prendre son envol ou d’oser quitter les petits villages auxquels de nombreux jeunes se sont attachés, ont vécu de beaux souvenirs de jeunesse mais aussi des drames qu’il est difficile d’oublier. C’est le cas de J.D. Vance, un ancien marine issu de l’Ohio dont on découvre la vie, de sa petite enfance jusqu’à l’aube d’une réussite compromise par un incident familial qui ravive des souvenirs enfouis. Etudiant en droit, le jeune homme cumule trois emplois et s’apprête à décrocher le stage de ses rêves dans un bureau d’avocats réputé lorsqu’à dix heures de route de la soirée où il était convié, sa mère est victime d’une overdose et se fait hospitalisée. Partagé entre le désir de saisir sa chance et celui de soutenir sa famille brisée, J.D. Vance fonce tête baissée au secours des autres, s’oubliant lui-même et mettant de côté ses rêves pour se replonger dans une dure réalité qu’il était parvenu à quitter. S’il partait de bonnes intentions en nous livrant une vision humaine d’un parcours réel dont on mesure pleinement les fêlures et les réussites, « Une ode américaine » n’est cependant pas parvenu à totalement nous convaincre. Ses nombreux flash-backs et ses interruptions, sa réalisation générale et ses représentations ne nous ont que très rarement permis d’entrer dans métrage dont nous sommes restés spectateurs tout le long. Eprouvant peu d’empathie pour ses héros mais admirant néanmoins ses formidables interprétations, nous suivons nonchalamment le dernier long-métrage d’un Ron Howard que l’on a connu bien plus inspiré et inspirant. La reconstitution de l’époque est remarquable, le choix des lieux et du casting (Glenn Close et Amy Adams sont impressionnantes dans ces rôles de mères dépassées) auraient pourtant pu faire de ce film une ode à ces populations qui triment et avancent dans une prédestination qu’elles tendent de renverser avec une force d’indépendance et une détermination que beaucoup auraient depuis bien longtemps abandonnés. Plat et sans réelle conviction, « Une ode américaine » a certes le mérite de faire exploser les représentations d’une Amérique souvent idéalisée… mais il ne parvient pas à distiller l’âme et la réalité sociale nécessaires pour faire vivre de tels projets, des visions et lectures du monde proposées trop rarement sur nos (petits et) grands écrans si ce n’est à travers d’autres bons films d’auteur ou indépendants.
S’il nous fait penser moments à « L’Orphelinat » (qui reste pour nous le maître étalon dans ce style de cinéma) laqué à la sauce « Insidious », le long-métrage de Angel Gomez Hernandez recèle tout ce que l’on aime dans le cinéma d’horreur et la suggestion que maîtrisent bon nombre de réalisateurs internationaux. Histoire originale probablement inspirée de grands standards que l’on a tous dévoré « Voces » exploite non seulement des thématiques déjà abordées mais cette fois sous un angle original (l’au-delà ne serait-il pas à l’image du monde dans lequel on évolue déjà) et parvient à tenir ses spectateurs sous tension avec intelligence et émotion. Fantômes, sorcières, amour et possession s’articulent de façon brillante dans 1h30 de métrage dont on ne gaspille aucune minute au détriment de détails ou jumpscare inutiles, qui desservent généralement un propos qui se perd dans les méandres du ridicule. Ici, Angel Gomez Hernandez et Víctor Gado scénarisent une histoire simple et efficace qui nous réserve de jolies surprises malgré quelques suspicions avérées d’un final qui pourrait laisser bouche bée. Dans son histoire de maison hantée, le réalisateur andalou aime brouiller les pistes, ne pas nous attacher à un personnage principal en particulier mais bien offrir des regards différents sur une même réalité. Qu’il s’agisse d’Eric, un jeune garçon perturbé par des voix omniprésentes, de Sara une mère de famille éplorée, de Daniel un père désorienté (mais déterminé à lever le voile sur les événements qui se sont manifestés) ou bien de German et Ruth, deux investigateurs auxquels on s’attache et auprès desquels on trouve un refuge et des explications qui pour une fois, semble logiques et raisonnées, tous nous permettent de mener notre quête à travers des événements étranges et clairement flippants par moments et de sortir du film, une fois n’est pas coutume, pleinement satisfaits de l’expérience cinématographique qui nous a été proposée. Si on émet quelques micro-réserves sur les choix opérés une fois l’origine du mal dévoilée, on apprécie les artifices efficaces et la mise en scène d’histoires imbriquées, le casting irréprochable et la tonalité donnée à ce « Voces » aussi surprenant que plaisant, passionnant qu’angoissant.
C’est que « Kadaver » donne cette impression décevante que tout se joue dans sa première demi-heure, le reste de son récit n’étant qu’une belle démonstration de la maîtrise du jeu d’acteurs et d’une réalisation efficace sublimée par une photographie qui en impose. Sous ses faux airs de « Soleil vert » et de « Eyes Wide Shut », « Kadaver » nous conte l’histoire d’une expérience théâtrale étonnante, un show démentiel organisé par Mathias, un propriétaire d’hôtel généreux qui offre la possibilité à la population locale de se sustenter et vivre un spectacle hors norme où la frontière entre spectateurs et comédiens est aussi ténue qu’une feuille de papier bible. Si la proposition tient la route et reste cohérente du début à la fin, on peine à comprendre pourquoi le réalisateur et scénariste n’a pas osé surprendre, n’est pas sorti d’une zone de confort tellement épaisse qu’il s’est reposé longtemps sur ses lauriers sans jamais se secouer. Pourtant, l’interprétation de Gitte Witt et Thomas Gullestad, l’univers et les décors donnent une belle impulsion au métrage qui souffre un peu trop de son manque d’audace et son issue beaucoup prévisible. Si on ne comprend toujours pas ce qui a posé les fondements de cette société post-apocalyptique ou la crainte des habitants de la région, on découvre bien vite que ce ne sont que des appuis qui nous mènent vers cette question centrale « jusqu’où les Hommes sont-ils prêts à aller pour leur survie ? », une interrogation à laquelle le film répond beaucoup trop vite, de façon évidente (et parfois même grotesque quand on a démasqué ses intentions premières), expéditive et trop maladroite que pour susciter un quelconque intérêt chez ses spectateurs médusés par une telle paresse scénaristique.
Il assume de bout en bout les gags menés de mains de maître par un casting hétéroclite composé de notre tandem de choc qui fonctionne à merveille mais aussi de Luke Evans, Gemma Arterton, John Kani ou encore Dany Boon… c’est dire ! Les profils des suspects du meurtre ou devrait-on écrire des meurtres, les situations incongrues dans lesquelles notre tandem d’inspecteurs en herbe va se retrouver à diverses reprises, les dialogues et l’évolution d’une enquête un peu farfelue nous donnent l’impression d’être parachutés en plein Cluedo géant où chaque carte abattue redistribue les autres. Bien sûr, on peut lui reprocher ses clichés, ses raccourcis, ses facilités mais rappelons, le métrage marqué produit par la célèbre boîte au N rouge n’est là que pour amuser et réussit sa mission bien plus honorablement que d’autres films qui nous avaient affligé (doit-on vraiment réévoquer de « Wrong Missy » ?)
Sous le soleil… Basé au cœur d’une Marseille qui sent la poudre de canon et la poussière, « Bronx » est un film viril et macho comme certains les aiment. Ses personnages caricaturaux aux mâchoires serrées et vestes en cuir cintrées sont tous issus de la BRB (Brigade de répression du banditisme) et la BRI (Les Brigades de Recherche et d'intervention) ou de la pègre locale qui sévit depuis quelques années entre la Corse et la Cité Phocéenne. On s’en doute, si ce petit monde se retrouve dans la même zone géographique, ce n’est pas pour trinquer au Pastis et avaler des petits fours mais bien pour se lancer quelques cocktails Molotov dans la tronche et se mettre des pains dans la gueule… Trahisons, faux complots, transactions douteuses, concurrences déloyales, taupe et balance vont donc, durant près de deux heures, venir compliquer le business lucratif de quelques grandes familles mafieuses. Et bien que l’on ne comprenne pas toujours le rôle des uns et des autres, leurs relations ni l’importance de leur apparition dans le film (si ce n’est pour montrer qu’on ne s’est pas tromper d’adresse - coucou Jean Reno et Gérard Lanvin !), Olivier Marchal nous emmène dans ce qu’il sait de mieux : un polar sombre aux multiples revirements. Lannick Gautry, Stanislas Merhar, Kaaris et David Belle incarnent ainsi des frères d’armes évoluant au sein de la brigade criminelle de Marseille, quatre justiciers à l’armure blanche loin d’être rutilante. Les erreurs des uns, la curiosité des autres, les doutes et les manigances de notre petite bande vont compliquer la tâche de nos amis et collègues partis pêcher de gros poissons aux dents acérées. Si on se doute clairement de l’issue du scénario signé Olivier Marchal, le chemin emprunté pour y arriver est loin d’être une promenade de santé. Véritable nœud dont il est difficile de se dépêtrer, son intrigue coupe et recoupe les éléments, les intervenants et les conséquences pour en faire un imbroglio parfois difficile à digérer. Dynamique, couillu et explosif, « Bronx » n’est pas mauvais en soi. Il est certes cliché et peu novateur, il reste malgré tout fidèle à l’univers du réalisateur dont on connait le travail et les qualités. S’il continue à surfer sur la vague de la limite ténue entre le bien et le mal, sur celle qui distingue les gentils flics des vilains ripoux, on finit par s’y habituer et à prendre le large en attendant le roller (le revirement) qui le démarquera de ses autres réalisations. Peu surprenant, il s’inscrit dans la lignée des « MR73 » « 36 quai des orfèvres » ou « Carbone » que beaucoup ont apprécié. Pour notre part, nous dirons simplement qu’il a satisfait notre curiosité sans non plus nous avoir conquis ou véritablement marqués. Date de sortie sur Netflix : 30 octobre 2020 Durée du film : 1h56 Genre : Policier
Si le film divisera très certainement les amateurs du genre, notons que la démarche et l’audace dont fait preuve ce « His House » a le mérite de nous emmener sur des chemins de traverse peu empruntés et de le faire de façon étonnante et plutôt maîtrisée. Les fantômes du passé « His house » nous raconte l’histoire d’un couple de migrants, traumatisés par la guerre vécue dans leur pays natal, une vie passée qui les hante dans leurs nuits et leurs rêves mouvementés et qui les a profondément marqués. Libérés sous caution du centre d’accueil de réfugiés dans lequel ils ont résidé quelques années, nos deux arrivants doivent respecter trois règles simples : se présenter chaque semaine à un entretien, ne vivre que des allocations allouées (et ne pas augmenter leurs revenus en travaillant) et vivre dans une maison qui leur a été attribuée, sans pouvoir la quitter. Si cela semble tout à fait acceptable, ce premier pas vers une intégration est pourtant loin d’être évident. En plus de jouer avec nos émotions et celles de nos protagonistes, d’utiliser des jumpscares et un climax tendu dès le premier tiers de son récit, « His house » a l’intelligence de présenter la dure réalité d’un couple qui n’avait rien demandé. Le racisme des Anglais ( à commencer par celui de jeunes britanniques d’origines africaines qui se moquent de l’accent de leur interlocutrice et lui conseille de rentrer au pays), le traumatisme d’un passé, le besoin d’avancer et de se construire de l’un ou celui de vivre dans le passé et la difficulté d’adhérer aux nouvelles coutumes de l’autre, « His house » dresse aussi le portrait d’un monde occidental où il est difficile de s’intégrer. L'immigration... autrement Mais là où Remi Weekes fait fort, c’est dans la forme donnée à son récit et dans la manière efficace d’amener l’idée que les fantômes de notre passé vivent en nous et sont parfois plus effrayants que ceux que l’on pourrait côtoyer. Le besoin d’exorciser son passé et ses fêlures pour pouvoir recommencer à zéro et avancer s’illustrant à merveille dans la relation qui anime un homme et une femme brisés par ce qu’ils ont tous deux endurés. Apparitions fantomatiques, allers et retours dans des scènes cauchemardesques, développement d’une folie et perte pied d’un quotidien dans lequel il faut déjà batailler s’invitent dans un scénario quelque peu classique mais savamment présenté. Exit le grand manoir victorien en piteux état, l’installation de son récit, le réalisateur la fait dans une maison de rangée de la banlieue londonienne. A la limite de l’insalubrité la demeure qui abrite le danger est bien loin des standards rencontrés et montre que l’horreur peut aussi s’installer dans un quotidien et un environnement que tout un chacun peut côtoyer. Bonne pioche destinée aux amateurs de cinéma d’auteur ou déception pour fans de frissons ? Chacun aura sa propre réponse à cette question. Néanmoins, on ne peut que saluer l’approche originale qu’a eu Remi Weekes sur un sujet toujours d’actualité, celui de l’immigration. Date de sortie sur Netflix : 30 octobre 2020 Durée du film : 1h33 Genre : Horreur/psychologique
Sous bien de ses aspects, le film de Steven Brill fait penser à certains films « à ambiance » des années 90 dans laquelle l’humour du personnage principal, sa marginalité, ses grimaces et autres maladresses faisaient partie intégrante du personnage principal qui parvenait à résoudre bien des mystères voire de remporter de beaux combats contre des créatures horrifiques. Dans ce registre, difficile de ne pas repenser à la première comédie horrifique qui s’est servie d’Halloween pour asseoir son intrigue et propulser Jim Varney sur le devant de la scène. Avec « Ernest à la chasse aux monstres » on retrouvait déjà un personnage principal aux attitudes et à la voix singulières et une personnalité incomprise et pourtant très attachante. Ici, dans « Hubie Halloween », on trouve également un personnage foncièrement gentil, à la fois déluré et très bien tenu par son interprète Adam Sandler, qui, en anglais semble baragouiner bizarrement, un peu comme s’il était entravé par une « patate en bouche »…Etrange ! Même si de profondes ressemblances rapprochent ces deux films, « Hubie Halloween » peut, quant à lui, se reposer sur un solide casting. C’est ainsi que vous serez sans doute amusés de retrouver de grands acteurs tels que Steve Buscemi, Ray Liotta et Rob Schneider dans des rôles qui leur vont très bien ! Plus surprenant encore, la participation de l’ancienne star de la NBA Shaquille O’Neal dans un rôle à sa mesure ! Finalement, l’intérêt du film est à aller chercher du côté de ce héros –tête à claque- convaincu dans sa mission, qu’une fête d’halloween réussie passera par lui ! Evidemment, tout ne se passera pas sans quelques frayeurs. Ainsi, la nuit venue, des disparitions auront lieu et ce sera au détective en herbe armé de son thermos multifonction de faire la lumière sur les étranges disparitions. Oscillant constamment entre le sérieux et l’absurde, « Hubie Halloween », pourrait en refroidir certains, trop frileux à l’idée d’assister au cabotinage permanent de son interprète. Les autres pourraient laisser leurs cerveaux au vestiaire le temps de cette comédie d’Halloween qu’ils oublieront de toute façon très rapidement… Date de sortie sur Netflix : 7 octobre 2020 Durée du film : 1h42 Genre : Comédie
Peu convaincus ou en tout cas très peu convaincants, Lily James (« Mamma Mia », « Baby Driver », « Yesterday ») et Armie Hammer (bientôt à l’affiche de « Mort sur le Nil » de Kenneth Branagh) se donnent le change sans y croire vraiment. Le couple formé à l’écran a beau être séduisant, il ne séduit que trop peu son public qui suit passivement l’histoire d’un couple sur lequel plane une présence fantomatique : celle de Rebecca. Si le domaine de Manderley et son ambiance sauvage, austère et habitée par d’étranges secrets imprègne l’atmosphère du film d’un petit quelque chose d’inquiétant, le scénario de Jane Goldman, Joe Shrapnel et Anna Waterhouse ne permet cependant pas de le mesurer pleinement. Ses personnages trop lisses et fades (à l’exception de Kristin Scott Thomas), son absence de psychologie et sa réalisation mécanique et proprette font de « Rebecca » une relecture dispensable du roman initial. A défaut de revisiter le célèbre classique et lui apporter une profondeur, le long-métrage de Ben Weathley ne fait que le mettre au goût du jour mais sans lui apporter une quelconque saveur. N’est pas Hitchcock qui veut ! Date de sortie sur Netflix : 21 octobre 2020 Durée du film : 2h03 Genre : Thriller psychologique
En ce temps là… Les désormais tristement célèbres émeutes de Chicago remontent à l’année 1968, époque où de nombreuses voix s’élevaient pour le retrait des troupes américaines du Vietnam. Mais cette année correspond également à l’assassinat de Martin Luther King. Au lendemain de cet événement, les premières émeutes éclataient dans les ghettos afro-américains pour enflammer très vite la ville entière. Au moins 10500 policiers furent envoyés pour protéger les pompiers dans certains quartiers sensibles. Bientôt, ce seront 6700 gardes nationaux qui seront dépêchés pour rejoindre leurs compagnons d’armes dans ce brasier à venir. La situation s’envenime rapidement à un point tel que le maire de la ville ordonne à la police de tirer pour tuer ceux qui tentent d’allumer un feu criminel ! Alors que les pillages et autres agressions continuent, les victimes sont toujours plus nombreuses. Onze afro-américains ont trouvé la mort et cinq cents personnes ont été blessées… C’est dans ce contexte extrêmement agité que la ville verra d’autres émeutes se profiler lors de la convention démocrate puisque le candidat anti-guerre Eugene McCarthy fut écarté au profit d’Hubert Humphrey, candidat pour l’élection présidentielle de 1968. Un départ en fanfare D’emblée, le décor est planté en présentant l’ensemble des protagonistes de cette farce judiciaire. Et le spectateur devra se montrer attentif s’il ne veut pas être quelque peu perdu par tous ces nouveaux visages à l’écran. C’est que, aux Etats-Unis et lors du changement d’administration provoqué par la venue du nouveau président, tout le staff change afin de marquer la rupture politique. Et c’est précisément dans ces transformations profondes que les hautes sphères décident de faire tomber quelques têtes qui ont participé aux fameuses émeutes. Parmi elles, un membre des Black Panther étranger à ces événements et des responsables pacifistes (membres de groupes estudiantins et autres militants non-violents) dont deux hippies ! A la barre, un juge que l’on sait totalement partial et acquis à la cause de l’accusation ! Pendant tout le temps de ce procès chaotique ressemblant à une chasse aux sorcières, nous suivons la reconstitution de cette extra-ordinaire affaire judiciaire. Le rythme rapide des débuts fait place à des temps nécessaires pour comprendre cette farce pénale et la sombre machination qui vise à enrayer « ces agitateurs » hostiles à la guerre du Vietnam ! Car précisément, tout l’enjeu est là ! Derrières les inculpés se trouve des idéaux de liberté et une volonté profonde de changement politique. En cela, le film du formidable scénariste Aaron Sorkin (« The Newsroom », « Le grand jeu ») est fabuleux d’audaces, de maitrise technique et de clarté scénaristique à condition d’être attentif aux enjeux et rebondissement présentés. Visuellement somptueux, les « Sept de Chicago » est un film très bien reconstitué tant on se croirait véritablement évoluer dans les rue de Chicago. La réalisation, toujours parfaitement maitrisée, comprend une photographie qui captive et qui cultive, auprès des spectateurs, une fascination pour cette époque. The Magnificent Seven (plus un !) Et comme si cela ne suffisait pas, le film est porté par un casting enchanteur ! Jugez plutôt : Sacha Baron Cohen - méconnaissable et grandiose- ; Joseph Gordon Levitt ; Michael Keaton ; Frank Langela dans le rôle du juge extrêmement partial ; John Caroll Lynch ; Eddie Redmayne (« Les Animaux Fantastiques ») ; Mark Rylance, et bien d’autres acteurs, peut-être moins connus, mais qui assurent parfaitement la défense ! Tiré d’une histoire vraie, ce film nous apparait aujourd’hui comme étant un cas d’école dans le domaine judiciaire et on se demande si certains éléments n’ont pas été extrapolés tant le procès fait songer à une caricature outrancière ou à une mauvaise plaisanterie d’un système judiciaire totalement défaillant et incompétent à être impartial! La justice est-elle aveugle ? Peut-être pas dans une république bananière, mais on pensait qu’aux Etats-Unis, nous n’aurions jamais vu cela ! Il faut croire que la société de 1968, malgré ses aspirations de libertés, était en proie à ses propres démons qu’il a fallu exorciser à la fois dans la rue, mais aussi dans un tribunal. Quelle franche réussite ! Avec son film, Aaron Sorkin nous livre un film captivant, beau et terriblement bien joué ! Les acteurs semblent sortir leurs meilleures notes pour nous toucher au plus profond de notre être et atteindre notre conscience. Du tout grand Cinéma qui ne se refuse pas ! Date de sortie sur Netflix : 16 octobre 2020 Genre : Drame judiciaire Durée du film : 2h10 Titre original : The Trial of the Chicago 7
Destiné à un jeune public, le long-métrage de Harry Bradbeer oscille entre comédie et enquête et trouve en Millie Bobby Brown une incarnation d’Enola Holmes des plus correcte. Mais si le film recèle quelques jolies trouvailles et s’inscrit dans la lignée des divertissements familiaux appréciés des petits et des grands, il n’en est pas moins paresseux et conventionnel. En effet, en brisant le 4ème mur dès sa scène d’ouverture, « Enola Holmes » ne cesse de vouloir nous inclure dans son récit. Si le procédé fonctionne par moments, sa redondance devient très vite pesante et contreproductive… Trop mécanique, l’apparition de la voix off dessert le film plus qu’il ne le sublime, expédiant l’intrigue de façon peu subtile. Paresseux dans son adaptation scénaristique, le film mélange les genres et les sujets, permettant ainsi de mettre en image la filiation, la naissance d’une romance et la défense de droits politiques de se fondre dans une aventure dynamique. La condition des femmes et les actions des suffragettes dans l’Angleterre de la fin du XIXème siècle, le bousculement des mentalités et de la société, incarnées, entre autres, par une Helena Bonham Carter toujours excellente et fantasque, s’invitent adroitement dans cette enquête à double volets. En explosant les stéréotypes et en brossant le portrait de femmes fortes, « Enola Holmes » cède également une place de choix aux scènes d’action portées avec adresse par Millie Bobby Brown ("Stranger Things", "Godzilla 2, le roi des monstres"). Si nous émettons quelques réserves sur le surjeu du personnage d’Enola, tempéré par la prestation plus sobre de Henry Cavill (Sherlock), contrebalancé par celui de Sam Clafin (Mycroft), beaucoup plus caricatural et éloigné du Mycroft de Conan Doyle que l’on connait, on reconnait que la jeune comédienne parvient à tirer son épingle du jeu et à garder une ligne de conduite appréciable bien que loin d’être mémorable. Sa psychologie étant sacrifiée sur l’autel d’explications off trop prégnantes, Enola la rebelle nous guide dans ses recherches sans peur et sans reproche, avançant tête baissée dans une enquête relativement bien ficelée. Dans la même veine que « The Young Sherlock Holmes », « Enola Holmes » s’avère donc être un film sympathique et distrayant pour son public. Initialement prévu dans nos salles, il trouvera assurément sa place dans les salons familiaux où petits et grands s’offriront une relecture de l’univers enfantin de « La double disparation » de Nancy Springer, un premier volet à l’étalement numérique très présent, qui trouvera très certainement une suite cinématographique en cas de succès populaire sur nos petits écrans. Date de sortie sur Netflix : 23 septembre 2020 Durée du film : 2h03 Genre : Aventure
Ses décors magnifiques, sa reconstitution minutieuse de l'époque et sa musique enivrante nous transportent au milieu du XXème siècle, dans le Midwest rural où la misère et la violence ont marqué bon nombre de villageois, de populations dévotes qui croient dur comme fer à leurs idées, qu’elles soient religieuses, spirituelles ou rituelles et s’y réfugient dans l’attente de trouver du réconfort et de se construire de meilleurs lendemains. L’Ohio et l’Ouest de la Virginie ne sont pas épargnés par la dureté de la vie et les drames : les hommes reviennent à peine de la Seconde Guerre mondiale que d’autres se préparent à celle du Vietnam, les jeunes filles cherchent de bon parti mais se font abusées par la naïveté… et le ciel semble en permanence plombé par les désillusions de la vie qui est loin de celle qu'ils ont rêvée. Au milieu de cet environnement austère et sombre vit Arvin, un jeune homme marqué par les drames familiaux (la maladie fulgurante de sa mère, le suicide d’un père qui a sombré dans la folie). Débrouillard, il tente tant bien que mal de préserver le peu de proches qu’il lui reste: sa grand-mère et son oncle mais aussi sa demi-sœur dont il a presque le même âge. Ravivant certains souvenirs, en refoulant d’autres, Arvin (Tom Holland) se cherche une place dans cette vie où les horreurs humaines se succèdent, où chaque destin bascule dans une tragédie sans nom, croisant la route d’hommes et de femmes perdus et tourmentés qui lui permettront de se rendre compte que le mal n’a jamais cessé de croître et d’exister. Aussi sombre dans son intrigue que sublime dans sa photographie, « Le diable, tout le temps » mine le moral. La cruauté des hommes et la désolation omniprésente laissant peu de place à l’espoir, on suit à distance l’évolution de notre héros et les rencontres hasardeuses que la vie met sur son chemin. Si on apprécie grandement le jeu de ses acteurs et les efforts consentis à donner un côté « redneck » aux personnages inventés par Donald Ray Pollock, on ne parvient pas à entrer dans les multiples histoires de protagonistes qui apparaissent à nous comme autant de pièces d’un puzzle sans couleur, ni à nous prendre d'empathie pour cette histoire qui manque cruellement de relief. En évoquant l’Amérique et ses démons, Antonio Campos choisit de livrer une adaptation sombre mais aussi terne d’un matériau de base qui vaut visiblement la peine que l’on s’y plonge. Malheureusement, le résultat est aussi décevant que l’attente de découvrir ce film était grande... à tel point que ce film qui nous paraissait ambitieux finit par nous peser et à nous faire regretter de nous y être plongés. Date de sortie sur Netflix : 16 septembre 2020 Durée du film : 2h18 Genre : Thriller Titre original : The Devil All The Time
Chez lui... Anxiogène et efficace dans sa mise en scène, « Irrémédiable » s’inscrit à la perfection dans la lignée des films à huis clos qui, comme « Chez moi » (le film des frères Pastor dans lequel on retrouvait déjà Mario Casas, victime d’un détraqué), parviennent à nous glacer le sang et à montrer l’horreur humaine dans ce qu’elle a de plus glauque. Et cette fois, c’est l’histoire d’un urgentiste instable qui nous est raconté. Possessif et extrêmement jaloux, Angel est victime d’un accident de la route et se retrouve cloué dans son fauteuil à attendre que sa douce fiancée Vanessa (Déborah François) revienne à la maison pour prendre soin de lui. La difficulté de concevoir un enfant avant ce dramatique incident, sa jalousie excessive et la liberté dont jouit sa compagne de vie ont rendu austère cet homme antipathique dont on nous brosse un portrait peu élogieux dès l’ouverture du film. Ne reculant devant rien pour garder à ses côtés celle qu’il voit comme la femme de sa vie, le jeune tétraplégique déraille un peu plus jusqu’à ce qu’il commette l’irréparable. Brillant dans sa construction scénaristique et dans sa mise en scène, « Irrémédiable » est un film sombre, pesant et anxiogène dans lequel on s’enfonce un peu plus à chaque pas tordu entrepris par un Angel inquiétant et agaçant. Son besoin irrépressible de posséder les choses et les personnes (à l’instar des objets volés sur les scènes ou les corps des victimes dont il avait la charge dans son métier) étant plus fort que n’importe quelle autre émotion, Angel, jeune homme totalement égocentré et d’une fierté sans borne, semble totalement déconnecté de sa réalité au point de ne pas mesurer la gravité des actes qu’il s'apprête à engendrer. Interprété à merveille par un Mario Casas que l’on aime détester, le personnage principal du film de Carles Torras n’a aucune limite, aucune empathie et aucun recul ce qui n’en finit pas de nous horrifier. Face à lui, on ne peut qu’apprécier le jeu d’une Déborah François efficace dans son rôle de victime asservie et brisée, une comédienne belge qui ne cesse de nous étonner par le choix de ses films et le charisme qu’elle parvient à dégager. Haletant et angoissant, « El practicante » dans la langue de Cervantès est un thriller psychologique efficace qui saura satisfaire les amateurs des films du genre ! Date de sortie sur Netflix : 16 septembre 2020 Durée du film : 1h34 Genre : Thriller Titre original : El practicante
Dans une réalité alternative, nos villes modernes ont été bâties grâce à la sueur d’individus extraordinaires disposant de pouvoirs spéciaux. Alors que certains disposent d’une force prodigieuse, d’autres peuvent contrôler le feu, l’électricité ou bien d’autres éléments encore. Classés en fonction de leurs attributs et de leurs potentiels de destruction, ces êtres extraordinaires sont mal considérés par une société qui les a peu à peu remplacés par des machines. Et lorsque démarre l’intrigue, toute la question est de connaitre la direction que devra prendre la société face à ce que beaucoup considèrent comme une menace galopante. Abandonnés par un système qui ne les reconnait plus en tant qu’individus de pleins droits, ces mutants sont fichés et contrôlés en permanence par la police. Les jobs honnêtes deviennent rares et Connor (convaincant Robbie Amell) n’a d’autre choix que d’accepter de rejoindre l’équipe d’un baron de la drogue pour permettre à sa mère de recevoir les soins de santé adéquats. Convenu mais pas déplaisant pour autant, « Code 8 », fait partie des films distrayants du catalogue Netflix, de ceux qui ne marqueront certes pas les esprits, mais qui permettent toutefois de passer un bon moment. Pourquoi me demanderez-vous ? Tout d’abord, parce que l’intrigue bien qu’agréable, a été mainte fois traitée au cinéma avec plus de réussite. Ensuite, parce que nous sentons venir à des kilomètres les éventuels rebondissements d’un scénario qui ne surprend jamais. Néanmoins, le film est à la fois bien joué- mention spéciale pour Garrett (excellent Stephen Amell – le héros de la série « Arrow »), le partenaire du héros, qui est également son propre cousin à la vie. Heureusement, la réalisation n’est pas en reste et celle-ci fera le pari d’être relativement posée afin de ne pas brusquer le spectateur. Vous l’aurez compris, avec ce « Code 8 », tous les signaux sont au vert pour un spectacle certes convenu mais de qualité et c’est bien là l’essentiel ! Date de sortie sur Netflix : 14 janvier 2020 Durée du film: 1h38 Genre : thriller de science-fiction
Le film qui nous concerne s’ouvre sur un enfant qui évolue à l’écart du reste de sa famille et d’une copine qui se refuse de parler. Soudain, le choc se produit lors de la diffusion de l’Eurovision où ces deux enfants tombent sous le charme d’ABBA et de leur hit « Waterloo ». Désormais, rien ne sera plus pareil pour ces enfants devenus grands. En effet, Lars Erickssong (Will Ferrell) et Sigrit Ericksdottir (très touchante Rachel McAdams) s’entrainent sans relâche dans le garage du premier pour enfin décrocher le précieux sésame, celui qui ouvrira les portes de l’Islande à l’Eurovision !
Et en le visionnant, nous pensons en effet à beaucoup de groupes qui se produisent chaque année à l’Eurovision et qui assument une certaine fantaisie et dans laquelle une voix magnifique émerge pour attiser la curiosité des spectateurs… et c’est aussi le cas ici !
Will Ferrell, quant à lui, s’est préparé en allant directement sur place, au Portugal, au sein de la délégation suédoise présente à l’Eurovision (en 2018) et assure lui-même le spectacle dans sa version originale. Coécrit par l’acteur, le film réalisé par David Dobkin (« Serial Noceurs », « Le Juge ») voit son casting agrémenté d’un Pierce Brosnan absolument parfait dans le rôle du père très « terre à terre » de ce héros rêveur. Mais la véritable surprise vient de l’acteur Dan Stevens (« Downton Abbey », « la Belle et la Bête ») qui prête ses traits au chanteur russe Alexander Lemtov. Nous séduisant davantage que Will Ferrell, l’acteur tire habilement son épingle du jeu en incarnant un fantastique opposant.
Certes nous rions mais nous sommes avant tout subjugué par le chant, la danse, la scénographie, les costumes, mais aussi les décors ! On ne rit pas « de » mais « avec » et cela fait toute la différence de ce film qui aurait pu tomber dans des travers préjudiciables ! Les références à l’Eurovision sont nombreuses comme les personnalités du spectacle présentes à l’écran, les images d’archive (ABBA) ou encore une allusion à la désormais célèbre chanson « Ding a dong » (titre gagnant en 1975), adaptée pour le coup en "Jaja Ding Dong" et demandée à corps et à cris par les Islandais d’un pub au groupe « Fire Saga », qui n’aura d’autre choix que de la jouer encore et encore ! En réalité, ce film musical haut en couleur offre un spectacle chanté, dansé et qui trouve son inspiration dans quelques unes des interprétations les plus « surprenantes » de l’Eurovision sans pour autant s’en moquer outrageusement. Car derrière, l’histoire de nos deux héros se veut humaine en poursuivant leur rêve et la fierté pour leur pays de se distinguer lors du célèbre concours. En plus des ambitions artistiques qu’il finit par rencontrer, le film est également bien joué par des comédiens qui prennent du plaisir et cela se voit à l’écran. (Mentions spéciales pour Rachel McAdams en reine de (notre) cœur et Dan Stevens). Hélas, tout n’est pas parfait car le film n’échappe pas aux longueurs inutiles (2h au lieu d’un idéal 1h30 voire 40), à son intrigue hautement prévisible et même à un véritable creux soporifique dans son deuxième tiers. Amusant et proposant un vrai show musical, « Eurovision Song Contest: The Story Of Fire Saga » est tout le contraire du naufrage annoncé par son pitch et les premiers visuels. Voici un film porté par des acteurs et doubleurs/chanteurs qui parviennent à rendre crédibles et belles des chansons « europop »….taillées pour l’Eurovision. Allez, de notre côté, nous ne résistons pas à revoir ce « Lion of Love » encore une fois ! Disponible sur Netflix depuis: le 26 juin 2020 Durée du film : 2h Genre: comédie/ musical
Peu convaincus par son pitch et son teaser, nous avons tout de même voulu nous lancer dans ce titre qui, quelques jours après sa sortie sur Netflix a gagné une place dans le top 5 sans grande difficulté. Curieux de voir ce qui titillait tant les spectateurs de la célèbre plateforme, nous nous sommes lancés dans sa vision sans trop d’attentes ni d’excitation. Notre avis, vous le devinez déjà... Téléfilm peu probant de post-sieste vacancière, le film de Peter Sullivan n’a en effet pas grand-chose pour lui, si ce n’est un magnifique décor océanique qui fait rêver… Pour le reste, que dire ? Le casting en fait des caisses, l’histoire est d’un classicisme affligeant (même les récits des romans Harlequin sont plus intrigants, c’est dire !), la réalisation banale et plate comme une planche de paddle, bref, rien ne sauve véritablement cette « Rencontre fatale » qu’on aurait plutôt qualifiée de létale. On ne cesse de se dire qu’on a le cinéma qu’on mérite (gloups !), on se questionne tout de même sur la pauvreté du catalogue Netflix et sur l’engouement qu’ont certains spectateurs pour ce genre de thriller psychologique de pacotille. Totalement convenu et fadasse, le métrage a tout de même réussi à se fondre dans les listes de films « à voir » et à se faire une sacrée place…Pour notre part, on s’y attendait, ce « Fatal Affair » n’a rien pour nous plaire. Date de sortie sur Netflix : 16 juillet 2020 Durée du film : 1h29 Genre : Thriller psychologique Titre original : Fatal affair
En quête d’immortalité ... et de réponses Le thème de l’immortalité au cinéma n’est plus à présenter tant les exemples sont nombreux ! Nous vous parlions de la saga des « Highlander » car, comme elle, « The Old Guard » s’apprête à connaître (au moins) une suite et que l’aspect guerrier y est central ! Bien sûr, d’autres thématiques communes y sont développées comme le temps qui passe (et qui occasionne la souffrance de voir partir ses proches), une vie « cachée » parmi les mortels est-elle possible à l’heure d’internet ? Mais aussi et surtout une certaine incompréhension sur le sens de la vie. Tout cela promet sur papier mais qu’en est-il à l’écran ? Autant l’écrire sans détour, le principal problème est que bien que le film soulève ces questions, il ne s’aventurera pas à proposer les réponses qui auraient pu nous satisfaire. Dommage car la thématique est fascinante, et le résultat aurait pu être à la hauteur de la mythologie évoquée. L’histoire nous conte donc les aventures d’un groupe d’immortels mené par Andy (vraiment « badass » Charlize Theron). Ils vivent ensemble, se serrent les coudes, se battent et meurent ensemble….avant de revivre éternellement. Enfin, pas tout à fait, mais nous vous laissons le soin de la surprise. Au fil des siècles, ce groupe de combattants a mené bon nombre d’opérations secrètes et a pu influer sur le cours de l’Histoire. Cette mythologie, bien que présente, aurait mérité un plus long développement mais ce sera peut-être partie remise car bien que les histoires des différents membres du groupe soient citées, elles ne sont pas vraiment développées. C’est d’autant plus dommage que le film est assez long (1h58) pour s’attarder sur ces éléments au lieu d’errer, de nombreuses fois, dans une quête principale dont on a compris très (trop ?) tôt les enjeux et les rebondissements à venir. Aux côtés de l’actrice principale, nous retrouvons un Matthias Schoenaerts toujours aussi solide, ainsi que d’autres acteurs qui remplissent parfaitement le contrat, à l’instar de Chiwetel Ejiofor (« Le Garçon qui dompta le vent »), Luca Marinelli, Marwan Kenzari (heureusement plus convaincant que dans le rôle de Jafar !) ou encore Kiki Layne. En fin de compte, le seul bémol vient surtout du jeu outrancier et très peu crédible du méchant joué par Harry Melling (le Dudley de Harry Potter, c’était lui !) Nous aurions aimé trouver un méchant plus charismatique que ce gosse qui veut s’enrichir en trouvant le secret de la vie éternelle grâce aux expériences menées directement sur les immortels. Avouez qu’il y a mieux… Quant à la réalisation, bien que celle-ci soit propre, nous aurions pu nous attendre à plus de fureur et c’est tout le contraire qui se traduit à l’écran ! Les nombreuses scènes de combats très chorégraphiées se voient beaucoup trop et l’on perd en naturel. Le principal problème est que la réalisatrice Gina Prince-Bythewood semble poser sa caméra et n’insuffle que rarement le dynamisme nécessaire. Le résultat ne permet pas de créer la surprise tant nous voyons un ballet magnifique montrant la surpuissance des immortels. Visuellement, « The Old Guard » ne marquera pas les esprits mais se veut propre et bien fait…Cela dit, on ne peut s’empêcher de se demander : « Où est la rage nécessaire à une telle adaptation ? » Mais le plus grand reproche que nous adressons au film est à aller chercher du côté des chutes de rythme assez fréquentes que les scènes de combat ne parviennent pas à faire oublier. Finalement, à la lumière de son générique, nous pouvons espérer qu’un second volet comblera les lacunes de son ainé en proposant plus de densité aux personnages présentés à travers le récit de leurs histoires, car le film n’est paradoxalement jamais aussi agréable que quand il mêle petite et grande Histoire ! Date de sortie sur Netflix : 10 juillet 2020 Durée du film : 1h58 Genre : Action/science fiction
Après une contextualisation appuyée par des images d’archives, les premières minutes du film peuvent donner l’impression que nous allons assister à de joyeuses retrouvailles de vétérans sur fond de comédie. Si la bonhommie occupe en effet une bonne partie du métrage, le ton devient tout autre lorsque nos quatre anciens GI arpentent les sentiers d’une jungle qu’ils ont longuement côtoyée. L’humour laisse peu à peu la place à un climax inquiétant et nos anciens frères d’armes finissent par révéler les sentiments qu’ils ont trop longtemps refoulés. Papy ne fait plus de résistance, il retourne au front dans de douloureuses réminiscences… Très dynamique dans sa première heure trente, « Da 5 bloods » nous perd dans son deuxième volet beaucoup trop long et confus, la faute à une histoire abracadabrande que l’on a malheureusement vu poindre à l’horizon. Peu subtil, le film de Spike Lee brosse un portrait trop grossier d’une intention qu’il aurait pu rondement mener. Son montage final n’a pas de cohérence, les images liées au mouvement #Blacklivesmatter sont insérées maladroitement et constituent une énième piqûre de rappel d’un sujet défendu des années durant alors que le dernier tiers de son intrigue devient grotesque et s’avère au final indigne de ce qui était évoqué précédemment. Aussi clichée que les films qu’il prend plaisir à discréditer, l’ultime partie de son récit vient malheureusement ternir un tableau qui avait de nombreux atouts mais qui n’ont pas été correctement utilisés, son casting international savamment présenté se prenant les pieds dans les lianes d’une jungle où tout n’est pas permis et où rien n’est jamais définitivement enterré. Jean Reno et Mélanie Thierry, Paul Walter Hauser et Jasper Pääkkönen (tous deux vus dans « BlacKkKlansman » où ils interprétaient des membres du Ku Klux Klan) sont en effet de passage dans le périple de nos quatre frères de sang (Delroy Lindo, Clarke Peters, Norm Lewis et Isiah Whitlock Jr) secondés par l’un de leur jeune fils (Jonathan Majors). Quatre complices qui, plus quarante ans après leur enrôlement, partent à la recherche du corps de l’un de leurs frères d’armes : Norman (Chadwick Boseman). Mais plus que le corps de leur complice, c’est de l’or qui attire leur convoitise. Un précieux butin qui fera tourner la tête de nos quatre petits copains et les précipitera dans une descente aux enfers sans fin. Si la porte d’entrée choisie et la première heure de film font mouche auprès des cinéphiles, on ne peut cependant pas dire que le dernier long métrage de Spike Lee (annoncé dans la sélection hors compétition du Festival de Cannes où le réalisateur aurait dû présider le jury) soit totalement réussi. Perdu dans un amas d’informations et des longueurs excessives qui finissent par desservir ses intéressants propos, nous ballottant des souvenirs en 4/3 en intrigue 16/9ème, nous finissons par trouver le temps (très) long et attendons le final comme le messie. Noble dans son idée mais trop peu subtil pour réussir ce qu’il aurait voulu réaliser, « Da 5 bloods » n’est pas le genre du film qui, au contraire des autres titres de sa filmographie, nous passionnera au point de vouloir être revu ou conseillé. Date de sortie sur Netflix : 12 juin 2020 Durée du film : 2h34 Genre : Drame |