Aujourd’hui, ils reviennent derrière la caméra de façon éclatante pour mettre en lumière Adam Sandler, jadis très souvent cantonné aux comédies américaines. Gems ce film ! Howard Ratner est un beau parleur mais surtout l’heureux propriétaire d’une petite bijouterie à New-York. Inséparable de sa veste en cuir, de ses brillants aux oreilles, de ses lunettes dorées et de sa bague de champion de NBA, il mène ses affaires de façon extrêmement rythmée sur Diamond District. Pourtant, sa vie entière semble compliquée la faute à un mariage qui bat de l’aile et des dettes colossales contractées auprès de personnes peu fréquentables. Toujours à l’affut de « coups fumants » tardant à se concrétiser, Howard s’enfonce toujours un peu plus dans les paris sportifs. Joueur compulsif, il mise tout ce qu’il possède sur les pronostics des rencontres de basket-ball afin de pouvoir rembourser l’argent qu’il doit à son beau frère (et qui pour l’occasion a fait appel à des types à qui on n’a pas envie de chercher des noises). Mais comment Howard compte-t-il se sortir de cette impasse ? Jamais à court d’idées, cet éternel optimiste n’a de cesse de vouloir trouver des solutions à ses problèmes avec une naïveté extrêmement touchante. Et c’est là la force des frères Safdie : créer une atmosphère oppressante dans laquelle un homme se bat pour sa survie ! Et Adam Sandler incarne à merveille ce doux rêveur inconscient des risques qu’il prend au quotidien et qui procurent de sacrées sueurs froides au spectateur ! Dans la tête d’Howard, son salut passe par une vente extraordinaire, celle d’une opale extraite avec peu d’éthique et importée illégalement d’Ethiopie. Son plan est de la vendre au plus offrant en salle de ventes, ce qui lui permettrait de sortir la tête hors de l’eau. Sauf que nous sommes dans le cinéma des frères Safdie où la noirceur s’immisce rapidement dans l’intrigue. La Nouvelle Vague emporte l’opale… Ce récit fait penser, par moments, aux polars urbains des années 70 qui avaient la particularité d’être très durs avec leurs héros en quête d’un peu de répit. Quant à nous spectateurs, nous sommes des captifs pris en otage émotionnellement par le bruit, le rythme qui fonce à cent à l’heure, les lumières et ces fameux plans rapprochés qui scrutent la stupeur de notre malheureux personnage principal. Il y a du Cassavetes là dedans, à la manière de cette « Nouvelle Vague » américaine qui évoquait déjà une New-York qui broie les hommes et les femmes entre ses rues bruyantes et ses clubs bondés en proie à la fureur. Quant à nous, nous avons été littéralement aspirés avec cet anti-héros qui cumule les erreurs mais dont le capital sympathie que nous lui vouons reste, paradoxalement, intact ! Nous sommes à ses côtés, vivons ses peurs et espérons une conclusion qui en appelle à une (re)prise d’oxygène. Mais « Uncut Gems » est le genre de film à ne pas ménager son public et ruine constamment ses espoirs de façon à provoquer des montagnes russes d’émotions intérieures. Les fantômes du Cinéma… Nous ne remercierons jamais assez les frères Safdie de nous avoir permis de découvrir un Adam Sandler différent, métamorphosé voire transfiguré dans un polar urbain asphyxiant, bruyant et, par la force des choses, épuisant. Maîtrise artistique indéniable, ce « Uncut Gems » suit les pas de Cassavetes et ne devrait laisser personne indifférent. Il possède la particularité rare d’impliquer émotionnellement ses spectateurs et de ne jamais les lâcher. On ne s’étonnera guère que Martin Scorsese en soit le producteur délégué… Quant à nous, nous aurons besoin d’encore quelques jours pour nous remettre de cet uppercut de cinéma sans être totalement quitte de l’émotion générée par ce très beau film. Un must à découvrir sur vos petits ou plus grands écrans. Durée du film : 2h15 Genre : Thriller
0 Commentaires
Laisser un réponse. |