Note du film : 10/10 (par Sally et Stanley) Résumé du film : Gilou et Cochise, deux copains, traquent sans relâche le signal d’un téléphone portable volé. Alors qu’ils sont sur le point de le retrouver, nos deux amis font escale dans un hôtel dirigé par un vieux tenancier et attendent patiemment que le voleur rallume l’objet dérobé. De leur côté, les deux jeunes chapardeurs Esther et Willy, fuient le home pour handicapés dont ils se sont échappés. Perdus dans un environnement hostile et froid, nos deux amoureux sont persuadés que la fin du monde est proche et qu’ils doivent menés à bien un projet qui leur tient à coeur. Deux missions, quatre personnages très différents et de nombreuses rencontres improbables… « Les premiers, les derniers » est un film qu’on n’est pas prêt d’oublier ! Avis : Si « Les premiers, les derniers » est présenté comme une comédie dramatique belge, nous aurons plutôt tendance à dire qu’il s’agit d’une comédie poétique remplie d’espoir. En effet, le dernier film de Bouli Lanners est rempli de tendresse, d’humour, de lumière et d’humanité… Si le rythme du long métrage ne fait pas toujours l’unanimité, le lyrisme qui s’en dégage ne peut que vous toucher ! En effet, Bouli Lanners, scénariste, réalisateur et acteur, a plus d’un tour dans son sac pour nous emmener sur les routes en compagnie d’Esther, Willy, Gilou, Cochise et… Gibus. Sorte de road-movie couplé à un western moderne, son dernier long métrage recèle des qualités que l’on peut qu’apprécier : l’humour est fin, intelligent, ses personnages attachants, son scénario, farfelu dans un premier temps devient très vite cohérent, les situations rocambolesques ont toutes une utilité, la musique est enivrante, les paysages sublimes, le casting impeccable... Tout est réussi dans le quatrième film du liégeois. Si nous manquons sans doute de mots pour vous détailler le pourquoi, nous vous invitons d’ores et déjà à vous rendre dans votre salle de cinéma pour entrer dans l’aventure car vous en sortiez à coup sûr marqués. Parlons du casting international auquel Bouli a fait appel : Albert Dupontel, véritable caméléon, est une fois de plus à la hauteur du rôle qu’on lui confie. Très complice de Gilou, (son alter ego, quelques mois plus jeune que lui), il incarne le sérieux, la droiture mais aussi la malchance. Ce grand comédien français n’a sans doute plus ses preuves à faire mais continue de nous surprendre et le fait encore brillamment ici! David Murgia (comédien belge célèbre depuis quelques années et détenteur du Magritte du meilleur espoir masculin pour « La tête la première ») et Aurore Broutin, les deux jeunes handicapés, interprètent leur personnage avec une authenticité incroyable. Touchants, rêveurs, candides, ils se retrouvent dans des situations délicates et tentent de s’en dépêtrer avec les quelques maigres moyens qui sont les leur. Heureusement pour eux, ils croiseront la route de Jésus, le formidable et incroyable Philippe Rebbot. Personnage central parfois en retrait, il est difficile de définir le rôle qu’occupe ce personnage atypique. Généreux, attentionné, il mettra tout en œuvre pour sauver ceux dont il croise la route. Bouli Lanners, Gilou dans le film, est finalement lui aussi une sorte de sauveur. Maladroit, un peu bourru, il garde la tête sur les épaules et fait preuve de beaucoup d'indulgence pour les Hommes qui l’entourent. Pour accomplir certaines tâches, il pourra compter sur l’aide de deux octogénaires savoureux, incarnés par des monstres célèbres du 7ème art : Max Von Sydow et Michael Lonsdale ! Dans les rôles principaux, notons aussi notre petite vedette canine : Gibus, le chien de Bouli… Tout ce petit monde, issu d’univers cinématographiques différents se rencontrent pour notre plus grand bonheur et unissent leurs talents pour un résultat on ne peut plus brillant. A côté de ces grands noms du cinéma, on trouve un casting secondaire tout aussi raccord et tip top dans leur interprétation : Suzanne Clément (magistrale dans « Laurence Anyways » de Xavier Dolan), Serge Riaboukine (qui a déjà croisé la route de Bouli dans « Je suis mort mais j’ai des amis »), Lionel Abelanski (vu régulièrement sur nos petits écrans ou dans des rôles secondaires au cinéma) ou encore Virgile Bramly. Si les personnages sont si justement interprétés, c’est sans doute grâce au très bon travail d’écriture de Bouli Lanners. Qu’il s’agisse du scénario ou des répliques qui le constituent, tout est fin, intelligent, balançant entre humour et gravité. Les situations dépeintes ne sont pas faciles mais jamais aucun des personnages ne baissera les bras et tous chercheront en eux les ressources nécessaires pour aller de l’avant. Rien de tel qu’un peu d’espoir, qu’un peu de force intérieure pour aller de l’avant. Le film incarne à lui seul cette lueur d’espoir et c’est bon à voir ! Pour accompagner cette histoire atypique mais ô combien plaisante à suivre, on peut compter sur une réalisation impeccable faite d’images soignées, presque peintes. On peut aussi s’appuyer sur une dynamique bien pensée où les histoires se succèdent, se croisent, s’éloignent, se retrouvent pour former un tout, cohérent et brillant ! Jamais on ne se lassera, à aucun moment on ne trouvera le temps long mieux, il se suspend, il nous laisse le loisir de croire en ceux qui évoluent sous nos yeux, de s’y attacher, de chercher ce qu’ils ont de meilleur en eux. Si les premières minutes nous laissaient penser que l’on assisterait à un drame social, il n’en est rien, c’est un film d’espoir, lumineux, malgré la brume et le froid que Bouli Lanners nous offre en toute humilité. Un grand film qui fera encore parler de son créateur, un réalisateur modeste et talentueux qui aime les gens et qui le montre intensément ! Vu dans le cadre d’une avant-première en présence du réalisateur, nous vous invitons à prolonger votre lecture grâce à notre compte-rendu de la rencontre du 26 février dernier. C’est par ici :
Date de sortie en Belgique : 24 février 2016 Durée du film : 1h38 Genre : Comédie dramatique
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Note du film : 9/10 (par Sally) Résumé du film : Eilis vit en Irlande dans les années 50. Encouragée par sa sœur, elle quitte son pays natal pour tenter sa chance aux Etats-Unis. Mais arrivée outre-Atlantique, c’est le mal du pays qui l’attend. Aidée par un homme d’église bienveillant, elle entreprend des cours du soir en comptabilité en plus d’un travail dans un magasin bien côté. Sa rencontre avec un bel Italien scellera définitivement son avenir et bousculera les souvenirs du passé… Avis : Loin des gros blockbusters et films d’action du moment, on trouve, dans quelques salles du pays, de jolies pépites comme « Brooklyn ». Charmant, intelligent, beau et touchant, le dernier film de John Crowlay, excessivement bien réalisé, soulève les cœurs et nous offre un vrai moment cinématographique comme on les aime. « Hardi les gars, vire au guindeau»… Embarquez dans l’histoire d’Eilis et prenez le large pour suivre la renaissance de cette jeune Irlandaise en quête d’une vie meilleure. Loin d’être évidente, la conquête d’un monde nouveau est remplie de désillusion, d’obstacles et de regrets. Eilis Lacey est d’ailleurs bien peu préparée lorsqu’elle débarque à New York et s’installe à Brooklyn. Si la communauté irlandaise y est bien présente, le mal du pays la ronge et il lui faudra du temps avant de trouver sa place dans cette ville cosmopolite où migrants de tous horizons se côtoient après une journée de labeur. Mais la chenille (ouvrière) se transformera en papillon et verra la vie sous un angle nouveau lorsqu’elle rencontrera l’amour en la personne de Tony, un Italien attentionné qui rêve de l’épouser. Mais la vie est-elle si simple ? Pas vraiment et leur amour sera mis à rude épreuve lorsqu’Eilis part retrouver ses racines durant quelques semaines. C’est là que le pitch du film prend tout son sens : « two countries, two loves, on heart ». Bien loin d’être une mièvrerie, « Brooklyn » est avant tout une belle leçon de vie et une très jolie histoire de Femme. Le réalisateur irlandais John Crowlay (qui a notamment réalisé « Intermission » en 2003) a jeté son dévolu sur une comédienne.. irlandaise pour incarner son héroïne ! Et quoi de plus logique quand on sait qu’Eilis est une migrante dublinoise fraîchement débarquée à New York. Pour se faire, c’est à Saoirse Ronan qu’il a confié ce rôle délicat. Saoirse Ronan (dont le prénom signifie liberté en gaëlique) est époustouflante. Du haut de ses 21 ans, la jeune comédienne aux frêles épaules prend son rôle à bras le corps et nous offre une prestation sublime d’une immigrée en quête d’identité. Que ce soit dans le très marquant « Lovely bones », dans « Byzantium », ou encore dans « Lost River », ses rôles étaient tous très différents mais ici, c’est sans doute celui qui lui va le mieux : plus personnel, plus profond, plus authentique, son personnage est taillé sur mesure pour l’Irlandaise au visage pâle. Car c’est certain, elle possède toute la palette d’émotions nécessaires pour incarner son personnage et fait preuve d’une maturité incroyable. Et cette maturité, son personnage l’acquiert tout au long de l’histoire, se marquant par une métamorphose physique visible faisant d’elle une dame distinguée, une femme que la réussite a transformée. Il faut dire aussi, qu’il n’y a pas de hasard car Saoirse a de nombreux communs avec son héroïne : née à New York dans une famille irlandaise, elle connaît très bien Enniscorthy (où se déroule une partie de l’action) puisqu’elle se rendait au cinéma du village lorsqu’elle était ado. En effet, l’actrice a passé sa jeunesse dans la banlieue de Dublin et a cotoyé de près les lieux décrits dans le roman de Colm Tóibín dont le scénario s’est inspiré. On l’a dit, Eilis va réaliser de nombreuses rencontres, évoluer et croiser la route de deux hommes qu’elle pourra aimer. C’est le cas de Tony, un migrant italien vivant à Brooklyn, pour lequel elle portera un amour sincère et pragmatique. C’est le jeune acteur américiain Emory Cohen (que certains ont peut-être aperçu dans « The place beyond the pines » ou dans « The gambler ») qui tient ce rôle et on ne peut qu’admettre qu’il l’interprète bien. Touchant, doux, compréhensif, il sera à la fois l’épaule et l’élan dont Eilis avaient besoin. Mais à peine la jeune femme est-elle épanouie que son passé la rattrape et qu’elle doit revenir sur les terres qu’elle a quittées quelques mois plus tôt. Là, elle retrouvera ses souvenirs, ses amis, ses repères et Jim ! Domhnall Gleeson (encore lui ? Il faut dire que 2015 était son année : « Star Wars VII », « The Revenant », « Ex Machina »), se voit rajeunit de quelques années et campe un riche héritier, amoureux transi de la douce Eilis. Irlandais lui aussi, le comédien fera chavirer le cœur de la belle qui mettra tout en œuvre pour ne pas succomber complètement à son charme et au confort qu’il pourrait lui apporter. Le trio amoureux est mis en place et on se cramponne à notre accoudoir dans l’espoir de la voir réaliser le meilleur choix. Puisque nous évoquons Domhnall Gleeson et ses origines, c’est aussi l’occasion de souligner le travail qui a été réalisé sur le langage utilisé. En effet, Saoirse et Domhnall opte pour un accent irlandais plus vrai que nature et Emory manie l’anglais comme un Italien pourrait le faire. Bien évidemment, pour apprécier cette interprétation, il vous faudra opter pour une VO sous-titrée (mais ne l’avons-nous pas déjà assez conseillé dans d’autres cas ?) Le casting secondaire est riche, diversifié et irréprochable : Jim Broadbent (le père Flood, sponsor d’Eilis et appui inconditionnel), Julie Walters (incroyable Mme Kehoe, logeuse et figure de proue respectée), Jane Brennan (la mère d’Eilis), Fiona Glascott (Rose, la sœur de notre héroïne), Brid Brennan (la détestable Mme Kelly) et le jeune et néanmoins génial James DiGiacomo (le petit frère de Tony). La liste est encore longue et il est difficile de rendre hommage à tous ces seconds rôles qui donnent une impulsion tonique à l’histoire d’Eilis. A côté de cette histoire fabuleuse et ce casting de choix, il faut saluer le travail technique qui entoure le film. En effet, les années 50 sont reconstituées de façon singulière, à travers des décors authentiques et restitués à la perfection, les costumes impeccables, fidèles à la mode de jadis sont haut en couleurs, les musiques d’antan plaisantes… Tout est réglé au millimètre prêt et fait que notre immersion dans cette époque n’en est que plus délectable. Les amateurs de belles histoires, d’épopées, d’amour partagé seront rassasiés et ne regretteront pas une seule seconde d’avoir fait le voyage ! Lauréat du prix « meilleur film britannique de l’année » au BAFTA 2016, il est nommé dans trois catégories pour les Oscars de fin de ce mois : meilleur film, meilleure actrice et meilleur scénario adapté : espérons qu’il ne soit pas trop effacé par les géants qui concourent dans les mêmes catégories… mais qu’importe, même si ne se voit pas décerné les statuettes dorées, n’hésitez pas à pousser la porte de votre salle ciné et à vivre l’aventure courageuse de cette irlandaise audacieuse. Nous avons sans doute un parti pris dans la rédaction de cet avis mais nous l’assumons pleinement et espérons que les curieux seront convaincus et irons se forger leur propre opinion Date de sortie en Belgique : 24 février 2016 Date de sortie en France : 9 mars 2016 Durée : 1h51 Genre : Drame Note du film : 6,5/10 (par Sally) Résumé : Wade Wilson est un ancien membre des forces spéciales américaines. Devenu mercenaire, il croise la route de Vanessa, de qui il tombera éperdument amoureux. Alors qu’ils vivent une idylle sans nuage, Wade apprend qu’il est atteint d’un cancer. Obstiné à combattre cette maladie, il décide de faire appel à une association dirigée par Ajax (Francis pour les intimes) et devient le cobaye d’un traitement miracle. Mais Wade ne devient pas seulement un super héros invulnérable, il devient surtout un super esclave et tente le tout pour le tout pour se libérer d’Ajax. Les conséquences sont désastreuses et défiguré, Wade devient Deadpool. Il n’a alors qu’un seul but : se venger de celui qui l’a ainsi transformé… Avis : La musique d’ouverture (You’re my darling angel) et le premier dialogue entre Deadpool et le taximan donnent déjà le ton dès les premières minutes. Pas de doute, nous sommes bien dans l’autodérision et il y a de forte chance pour que la bonne heure trente qui suit le soit tout autant. Hautain, sarcastique, impertinent, « Deadpool » a tout du héros anticonformiste et il bouscule tous les codes de la « bienséance » des comics sans aucun scrupule. Issu de l’univers Marvel, cet anti-héros plaira certainement aux adulescents et aux adultes en quête d’humour noir, d’autodérision et de baston. Pour les autres, ils risquent d’apprécier le premier tiers du film et se tourner les pouces durant l’heure restante car, malgré une originalité évidente, le long métrage de Tim Miller s’essouffle et risque de nous couper la respiration devant tant de vannes lourdingues. Mais nous plaidons coupables car, en entrant dans l’univers de « Deadpool », nous savions que nous poussions la porte d’une parodie potache juteuse qui a décollé en un temps trois mouvements de divers box-offices. Curieux oui, crédules, non. Deadpool, c’est bon à petite dose mais nous avons frôlé l’overdose ! Loin d’en être responsable, Ryan Reynolds, grand acteur de notre temps, surfe continuellement entre des rôles plus incroyables les uns que les autres. Qu’il soit un avocat investi dans « La femme au tableau », un tueur en série schizophrène dans « The voices » ou encore le vrai super héros « Green Lantern », il assume et ne fait pas dans la demi-mesure. Affublé d’une combinaison moulante en cuir corinthien rouge, un masque intégral et deux katanas, le canadien ne se prend pas au sérieux et fort heureusement ! Enthousiasmé par son rôle, l’acteur a d’ailleurs confié avoir « longtemps attendu ce rôle et rempilerait avec grand plaisir », on n’en doute pas une seule seconde. En effet, Deadpool est l’anti-héros le plus atypique de l’univers Marvel et nous le démontre bien dans ce long métrage qui lui est exclusivement consacré. Déjà présenté en 2009, dans « X-Men Origins: Wolverine » de Gavin Hood, il reprend du service et se trouve au centre de toutes les attentions. Avec ses scènes d’action balaises (voire trash à quelques moments), son humour grinçant, ses ralentis impressionnants, le film casse tous les codes des adaptations de comics. Mieux, les scénaristes Rhett Reese et Paul Wernick n’y vont pas de main morte et se moquent gentiment de l’univers des X-Men grâce aux frasques de son héros. Loin d’être des novices en la matière, les deux collaborateurs ont déjà œuvré ensemble sur « Monstres et Cie », « Bienvenue à Zombieland » et « G.I. Joe Conspiration » Là où ils ont fait fort, c’est en incluant les spectateurs dans l’action. En effet, Deadpool s’adresse directement à nous, nous racontant tantôt sa genèse, tantôt nous conseillant plus tard de nettoyer la salle dans laquelle nous avons suivi ses aventures. C’est malin, bienvenu et cela semble plaire. La dynamique est très bien pensée, nous faisant évoluer du passé au présent, et nous permettant de comprendre les états d’âme du héros et son besoin de vengeance. Légèrement sadique sur les bords, un brin lubrique, il n’avait en effet pas les atours d’un super héros. Et l’est finalement devenu bien malgré lui : après être passé par la case « forces spéciales », Wade Wilson est devenu un mercenaire, et accumulait les contrats pour régler les comptes en toute « discrétion »… jusqu’au jour où il rencontre la belle Vanessa, dont la folie est au moins proportionnelle à la sienne. Mais après quelques longs mois d’amour et d’eau fraîche, Wade apprend qu’il est atteint d’un cancer et c’est là que tout dérape. Vanessa, c’est l’atout charme du film. Incarnée par Morena Baccarin (« Spy », « Instinct meurtrier »), la belle brune, un peu « triviale » est l’alter ego de Wade et le premier grand amour du héros. Mais elle n’est pas la seule à entrer dans la vie de façon impromptue. Colossus et Negasonic teenager (interprétée par Brianna Hildebrand) viennnent lui remonter les bretelles et le convaincre d’utiliser ses pouvoirs pour faire le bien et rejoindre les X Men. Convenu, peu surprenant, la mise en scène est tout de même remarquable. Si le traitement est original, il devient tout de même bancal au bout d’un moment malgré les répliques cinglantes et grinçantes délectables. Dans le genre parodique, on a largement préféré « Hellboy », plus soft et un peu moins « cracra ». Novateur, original mais parfois « too much », « Deadpool » saura trouver son public, intriguer les sceptiques et fera à tous les coups, parler de lui… Comme le dit l’adage, « qu’on en parle en bien ou en mal, le principal, c’est qu’on en parle »… Date de sortie en Belgique : 10 février 2016 Durée du film : 1h48 Genre : Action/comédie Note du film : 7/10 (par Sally et Stanley) Résumé du film : Nous sommes dans les années 1950, à Hollywood. Eddie Mannix, fixeur travaille pour les studios « Capitol » et doit gérer tous les aléas liés aux tournages des grands films du moment. Mais lorsque Baird Whitlock, grande star hollywoodienne disparaît, Mannix ne sait plus où donner de la tête… Avis : On l’attendait de pieds fermes ! « Avé, César » débarque enfin sur nos écrans ! Les frères Coen nous promettaient une comédie décalée… et ils l’ont fait ! Coup de génie ou coup de bluff ? Difficile à dire car si la folie est au rendez-vous, elle n’est pas poussée jusqu’au bout et c’est bien dommage. Véritable hommage au cinéma des années 50, « Avé, César » nous présente des scènes sublimes mécaniquement huilées et magnifiquement interprétées. Nombreux sont les clins d’œil aux vedettes de l’époque : James Dean, Fred Astaire… ils ne sont pas nommés comme tels mais la ressemblance avec ces personnalités ayant existés n’est pas fortuite. Qu’il est bon de se plonger dans une époque où les studios marquaient de leurs lettres d’or de grands péplums, de bons westerns ou des comédies musicales hors normes. Durant 1h40, on se ballade dans les coulisses de cette machine à sous et à rêves. L’immersion est totalement réussie et on se complait dans cet univers d’apparats, de paillettes et de non-dits. En effet, tout est mis en œuvre par les studios pour ne pas égratigner l’image des grands acteurs, de ce qu’ils représentent et à travers eux, la dignité de leurs employeurs. Pour gérer tout cela, les maisons de production font appel à un « fixeur », incarné ici en la personne d’Eddie Mannix, personnage ayant vraiment existé dans les années 50. Mais qu’est-ce qu’un fixeur ? En politique, il s’agit d’un accompagnateur, une personne connaissant au mieux les régions critiques et faisant office d’interprète, de guide ou d’intermédiaire. Dans le monde du cinéma, c’est un peu pareil. Mannix doit jongler avec les crises d’égo des uns, les problèmes personnels des autres, fait en sorte de répondre aux demandes des producteurs/réalisateurs tout en ménageant les acteurs. Véritable homme d’influence, ils oeuvrent en toute discrétion pour que les tournages se déroulent au mieux. Pour interpréter ce personnage de choix, les frères Coen ont jeté leur dévolu sur l’impeccable Josh Brolin, à qui la fine moustache et le look rétro vont à merveille. Après « Sicario » et « Everest », l’acteur américain opte pour un rôle moins grave et incarne le seul personnage droit de l’histoire. Concerné et impliqué, il évolue dans un monde totalement « crazy » où tout doit se régler à l’instant T. Car on l’a dit, les frères Coen se sont fait plaisir et nous offre une comédie loufoque sur fond de scénario en demi-teinte… Sur papier, le film est rempli de promesses qu’il peine à tenir : l’enlèvement improbable par un groupe de communistes caricatural d’un George Clooney complètement passif, des intrigues secondaires qui manquent d’ambition, des scènes belles mais inutiles qui n’apportent rien à l’intrigue et sont justes le prétexte pour animer tout ce petit monde. 1h40, c’est peu mais largement suffisant pour un tel scénario ! Heureusement, ce qui sauve le film, c’est l’interprétation burlesque de ses comédiens. George Clooney aime casser son image de marque et le fait si bien. Dernièrement dans « A verry Murray Christmas » où il n’hésite pas à pousser la chansonnette, ici en acteur de péplum au sommet de son art dramatique frôlant le pathétique sans jamais y concéder. Tel un funambule, il parviendra à se maintenir dans son rôle sans jamais faire le pas de trop. Pareil pour Alden Ehrenreich (« Blue Jasmine », « Twixt ») jeune révélation hollywoodienne dans le film, caricaturé en acteur de western peu perspicace. Peu populaire dans notre paysage cinématographique, il prend une place relativement importante dans le film d’Ethan et Joël et prendra peut-être un envol à l’issue de ce rôle cliché mais appréciable. Dans les rôles secondaires, on notera aussi la prestation de Ralph Fiennes, grandiose en metteur en scène dandy (Laurence Lorenz) qui tente de garder son calme face à un acteur débutant particulièrement incompétent. Amoureux des textes et de l’interprétation dramatique, il aura bien des peines à rendre subtil le jeu du cow-boy préféré de ses dames. La rencontre entre Alden et Ralph permet quelques moments de franche rigolade délectable. C’est d’ailleurs l’occasion de souligner l’excellent travail de dialogues qui a été fait sur le film et qui nous permet d’assister à des échanges mémorables entre certains protagonistes. Scarlett Johansson quant à elle, y tient un rôle dispensable mais savamment interprété. Tout aussi cliché que ses comparses, elle remplit le contrat et entre dans la danse avec véhémence. Et le film réserve aussi quelques belles surprises. Ainsi, on sera amusé de voir apparaître, Christophe Lambert (Christopher au générique?!), Tilda Swinton (« Crazy Amy », « Narnia », « We need to talk about Kevin »), l’incroyable Channing Tatum (acrobate, chanteur et danseur hors pair dans une scène d’anthologie), Jonah Hill, personnage de l’ombre efficace ou encore Wayne Knight (Dennis Nedry dans « Jurassic Parc ») Sorte de « Grand Budapest Hotel », pour l’esthétique et son casting de rêve, « Avé, César » a cependant la folie beaucoup plus douce que ce premier et reste un beau film plutôt qu’un bon film. Les frères Coen nous ont déjà prouvé qu’ils peuvent faire bien mieux Date de sortie en Belgique : 17 février 2016 Durée du film : 1h40 Genre : Comédie Titre original : Hail, Caesar! Note du film : 7/10 (par Sally) Résumé du film : Kate et Geoff, retraités, vivent une vie confortable dans leur village anglais. Quelques jours avant leur 45ème anniversaire de mariage, Geoff reçoit une lettre envoyée de Suisse. Le corps d’une jeune femme, disparue depuis de nombreuses années, a été retrouvé. Il s’agirait de celui de Katya, son premier amour et cette révélation aura forcément des conséquences sur son couple. Avis : Par sa thématique, le film démontre que même après de nombreuses années de mariage, on ne connaît pas toujours celui ou celle qui partage notre vie. Un secret enfui, un passé non révélé peuvent mettre à mal une relation de longue durée. C’est précisément ce qui va arriver au couple solide formé par Kate et Geoff. Délicat, le sujet aborde une réalité difficile à aborder mais le film de Andrew Haigh le fait en finesse et sans enfoncer les portes de l’intimité. Malgré une petite expérience dans le monde des séries (il scénarise et réalise « Loocking »), le quarantenaire n’en est qu’à son deuxième long-métrage et ne choisit pas de s’attaquer à la facilité. Avec « 45 ans », il met le doigt sur un point sensible : le poids des secrets. Celui de Geoff se pose sur le quotidien de ce couple sans histoire et en bouleverse à jamais la relation qui était la leur. Le metteur en scène nous entraîne au cœur de leur vie et nous rend spectateurs de leurs échanges, de leur détresse à travers une réalisation lente et un temps réel découpé en jours de la semaine. Pour incarner les époux : Charlotte Rampling et Tom Courtenay. Elle, au début de ses 70 ans, a certes vieilli mais n’a rien perdu de l’intensité de son jeu. Jouant la carte de l’audace dans de nombreux films tels que : « Portier de Nuit », « Max mon amour » ou encore « Le verdict », elle peut aussi dans la sensibilité comme dans « Sous le sable » d’Ozon. Dans « 45 ans », Charlotte Rampling s’approche davantage de ce dernier rôle. Introvertie, les émotions passent par son regard, par son silence…loin d’être évidente, c’est pourtant cette approche qui donnera tout le crédit à son personnage. Face à elle, Tom Courtenay, de 8 ans son aîné. Révélé dans les années 1960, il est associé tantôt à des seconds rôles (« Docteur Jivago », « A la croisée des mondes »), ou à des rôles phares : « Last orders » « Otley », ou plus récemment dans « Le quartet » de Dustin Hoffman (où il joue Reggie Paget). On comprend aisément pourquoi les deux comédiens ont reçu chacun un ours d’argent au Festival du film de Berlin tant leur jeu, tout en pudeur, est convaincant. Si le film est lent, on doit admettre que cette « lenteur » est indispensable pour comprendre les états d’âme de chaque personnage. Remplis de tendresse et d’amour l’un envers l’autre, les deux pensionnés se trouvent confronté à une difficulté à surmonter à la veille de leur anniversaire de mariage. Kate n’est pas le premier amour de Geoff mais il ne le lui avait jamais vraiment parlé. Faut-il préserver les apparences ou révéler la douleur inhérente à un tel aveu, celui de découvrir que celui avec qui on partage sa vie depuis si longtemps à une part importante d’inconnu ? Le passé est-il plus important que le chemin de vie qu’ils ont fait ensemble ? Nombreuses sont les questions et les réactions très différentes. Véritable histoire de la vie, « 45 ans » vaut la peine d’être vu pour la complicité qui se dégage des deux protagonistes et pour la performance d’acteurs. S’il ne restera pas dans les annales, le film a le mérite d’aborder un sujet délicat et d’être intelligemment traité. Date de sortie en Belgique : 10 février 2016 Durée du film : 1h35 Genre : drame Titre original : 45 years Note du film : 9,5/10 (par Sally) Résumé du film : Steve Jobs, figure emblématique de la marque Apple, s’apprête à lancer la promotion de son Macintosh 128K. Quelques minutes avant de monter sur scène, il rencontre sa famille et ses coéquipiers. Le film nous invite à découvrir les coulisses d’un univers réglé au millimètre et les déconvenues qui ont été celles de la plus prestigieuse firme informatique qui soit. Plus qu’un biopic, « Steve Jobs » est un film magistral à découvrir de toute urgence ! Avis : Janvier et février ont été particulièrement prolifiques en matière de bons films. S’il y en a un qui a créé une véritable surprise chez nous, c’est bien « Steve Jobs ». On s’attendait à voir du lourd, surtout quand on sait que le célèbre PDG d’Apple est incarné car un grand acteur du cinéma américain mais nous ne nous attendions néanmoins pas à ce que le dernier film de Danny Boyle surpasse autant nos attentes. « Steve Jobs » est un grand, très grand film et Michael Fassbender a de quoi faire trembler Hollywood à l’approche des Oscars ! C’est pour nous LE film de ce début d’année 2016 !!! Avec un tel titre, impossible de ne pas comprendre que c’est la vie de Steve Jobs que vous allez suivre durant un peu plus de deux heures. Et plus particulièrement trois étapes de sa vie. Celles de 1984 (avec le lancement de son Macintosh), de 1988 (et la présentation de son ordinateur NeXT) et de 1998 (qui voit présentera le révolutionnaire I Mac). Le point commun de chacune elle ? La présentation des dernières créations du visionnaire américain et les aléas qui se sont produits avant chacune d’elle. Derrière ce pitch un peu rigide se cache un excellent biopic, sans doute le meilleur depuis « The Imitation Game ». Amusant lorsque l’on sait qu’il y a une filiation entre Steve Jobs, qui a choisi le symbole de la pomme en mémoire de la fin tragique d’Alan Turing… Danny Boyle, metteur en scène génial, tournait un peu en rond ces derniers temps et le voir réapparaître avec cette biographie avait de quoi laisser perplexe. Il y a plus 20 ans, on découvrait le travail du réalisateur britannique avec « Petit meurtres entre amis » avant qu’il ne crée la polémique avec son délicat « Trainspotting ». « La plage », « 28 jours plus tard », « Slumdog Millionnaire », c’était lui. Alors qu’on annonçait son grand retour avec « Trainspotting 2 » (en cours de réalisation), on apprenait la sortie de « Steve Jobs », en lice pour quelques récompenses du monde impitoyable du cinéma. Oubliez tous les préjugés que vous avez pu avoir sur ce film, toutes les critiques faites sur ses dernières réalisations, « Steve Jobs » est excellentissime à plus d’un titre et mérite vraiment le détour par votre salle ciné ! Avec sa réalisation impeccable, sa dynamique finement pensée, son dernier long métrage nous présente une histoire en trois temps, chacune ayant lieu quelques minutes avec les lancements médiatiques de quelques unes de ses créations. Là où Boyle a été malin, c’est qu’il nous présente les tensions, professionnelles ou familiales, qui auraient eu lieu en coulisses. Les règlements de compte, les caprices et les manques de délicatesse de Steve Jobs présentent un personnage rugueux, suffisant et extrêmement sûr de lui. Le mythe s’effondre, la caricature n’est pas flatteuse mais elle s’approche sans doute d’une réalité qui s’est vraiment déroulée. L’atmosphère oppressante par moment, les dialogues, tout est impeccable ! Soigné, stylé, le film ne présente aucun défaut. On ne voit pas passer les 2 heures de spectacle et nous sommes vraiment aux premières loges d’une « pièce » en huis-clos, une des plus étonnante qui soit : celle de la vie de Steve Jobs et de ses collaborateurs… D’aucun présentait le film comme bavard… c’est vrai ! Mais pour nous, ce n’est pas un défaut mais une très belle qualité qui permet de cerner les enjeux, les états d’âme et la psychologie de chacun des personnages. Mais qui sont –ils ? Il y a Steve Jobs, bien sûr, incarné par le génialissime Michael Fassbender ! L’espace d’un instant il EST l’inventeur américain. Il revêt son costume, son pull à col roulé noir, son jean et ses baskets avec l’aisance d’un caméléon. On oublie la performance de l’acteur tant la métamorphose est complète ! Bluffant, il mériterait grandement une récompense de taille pour ce rôle qu’il maîtrise à la perfection ! (Désolé Léo, même si on te souhaite de remporter l’Oscar, on ne serait pas fâché de la voir attribué à Michael, que du contraire…) Et en parlant de perfection, il nous faut évoquer Kate Winslet qui une fois de plus assure haut la main ! Collaboratrice de Steve, elle est son alter ego, son souffre douleur, son soutien, sa meilleure amie. Formidable dans ce rôle, l’actrice britannique, est nommée dans la catégorie « meilleur second rôle féminin » aux Oscars 2016 et décrochera peut-être cette belle récompense. On lui souhaite de tout cœur car la comédienne, au parcours impeccable, a de quoi faire pâlir ses camarades de scène. Mais elle n’est pas la seule à performer dans ce film car toute l’équipe de comédiens se donne à fond pour faire vivre ceux qui ont côtoyé le célèbre visionnaire : Steve Wozniak (son associé joué par Seth Rogen), John Sculley (PDG d’Apple interprété par Jeff Daniels), Chrisann (son ex-petite amie portée à l’écran par Katherine Waterston), tous apportent leur pierre à cet édifice solide qui n’est pas prêt de s’écrouler ! « Victimes » des colères de Steve Jobs, tout ce petit monde aura bien du mal à être reconnu à sa juste valeur et se détournera peu à peu de celui qui préfère la solitude au travail d’équipe. Que savons-nous de celui qui a révolutionné l’informatique ? Peu de choses finalement… Si sa mort (très médiatisée) a beaucoup fait parler de lui, le film de Danny Boyle rend hommage à tous ceux qui ont fait qu’il était Steve Jobs. De façon discrète, il réhabilite les créateurs, les ingénieurs, tous ceux qui ont contribué à donner ses lettres d’or à Apple et qui ont tenu la barre lorsque le bateau partait à la dérive à force de ne vouloir que la grandeur… Dans le film, tout est brillant ! Même la bande originale qui marque par sa musique de fond omniprésente : la même que dans la bande annonce, celle qui donne une belle dynamique au film et nous raccroche à une continuité malgré le changement d’époque, de décors, de style. Instructif et prenant, le film est dense et on ne lâche pas l’attention durant une seule seconde. Si l’on craint de ne pas suivre parce que nous sommes imperméables au monde de la technologie, détrompez-vous : la technique est relayée au deuxième voire troisième plan et même si elle est présente, elle ne gâche en rien le plaisir de découvrir qui était Steve Jobs. Un plaisir total, inconditionnel, celui qui fait de ce moment de ciné l’un des meilleurs qui soit et un qui marquera à coup sûr l’année 2016 d’une pierre blanche ! Date de sortie en Belgique : 3 février 2016 Durée du film : 2h02 Genre : Biopic Note du film : 8/10 (par Sally) Résumé du film : Après nous avoir emmené dans les airs et dans les profondeurs des océans, Jacques Perrin et Jacques Cluzaud présente l'évolution de la nature européenne au travers le temps qui passe. Ainsi, le peuple des forêts et les animaux sauvage de chez nous nous entraînent dans un voyage à travers le temps et nous présente l’Histoire de la dernière ère glaciaire jusqu’à maintenant. Avis : Quand Jacques Perrin et Jacques Cluzaud nous proposent un long-métrage animalier, nous savons à l’avance qu’il sera de qualité. Ils ne font pas exception avec leur dernier film « Les saisons » ! Après « Le peuple migrateur » et « Océans », nos deux comparses nous emportent dans une nature en perdition depuis sa création et nous font côtoyer les espèces animales qui (sur)vivent autour de nous depuis près de 12 000 ans. Avec une salle très fréquentée en ce mercredi début d’après-midi, nous ne pouvons que constater que les films documentaires, trop rares sur nos grands écrans, touchent un public très varié et attire de nombreux amoureux de la nature en quête d’images magnifiquement filmées. Preuve en est que nous avons encore ce besoin d’être connectés à la nature, de la (re)découvrir et de la côtoyer au plus près et c’est précisément ce que Perrin et Cluzaud nous invitent à faire depuis de nombreuses années déjà. Enfants comme adultes apprécieront le voyage et se régaleront des images époustouflantes offertes par les deux cinéastes. « Les saisons » utilise un scénario original pour évoquer le monde animal terrestre. Le postulat de départ est de montrer l’évolution de la nature, de la Préhistoire à nos jours. Présentée de façon cyclique, on suit la vie animale, saisons après saisons, époque après époque. Bien qu’intéressant, l’angle pourrait lasser quelque peu au bout d’un moment… c’est d’ailleurs la seule petite critique que l’on pourrait émettre… et encore ! Le but de la sortie ciné est de prendre son temps, de vivre l’instant présent et de profiter pleinement : on vide son esprit, on vagabonde entre forêts et champs, on rie, on s’attendrit des péripéties des petites (et grosses) bêtes. Du reste, la voix off, quasiment absente, laisse place à la découverte et permet d’avoir cette sensation d’intimité avec l’environnement dans lequel on est immergé. Pour profiter pleinement de la balade au grand air, il faudra la suivre sur grand écran et c’est pourquoi, dès sa sortie au cinéma, le rendez-vous est devenu incontournable. Sur l’immense toile défilent des animaux, l’infiniment petit ou l’immensément grand avec poésie et amour. Car de l’amour, ils en ont nos deux documentalistes. Car pour obtenir un tel résultat, ce sont des jours de patience, des voyages au quatre coin de l’Europe (les tournages ont eu lieu notamment en Pologne, Roumanie, Ecosse), des heures de rushes qui seront mis en place pour offrir un résultat grandiose. Lorsque le générique final défile, on peut se rendre compte qu’une fois de plus, l’équipe technique qui a travaillé sur ce film est conséquente et tous ont une place de choix dans la longue liste qui ne cesse de se dérouler. Les techniques utilisées pour filmer « l’inatteignable » sont incroyables ! Bien qu’on ne les perçoive pas, on ne peut que se demander comment ils ont pu capturer ces moments rares. De la chute d’oisillons à une course folle de loups (belges puisqu’ils ont été prêtés par le Domaine des Grottes de Han) après des chevaux sauvages, de la petite souris qui se balance sur son épi de maïs à l’ours siestant sur des branchages, on se retrouve au cœur de la vie animale et c’est un pur régal ! Parmi les magiciens qui rendent ce film poétique, Bruno Coulais, qui compose les musiques sublimes de la bande originale. Habitué à travailler sur des films animaliers (« Océans », « Planète blanche », « Amazonia », « Le peuple migrateur », « Microcosmos »,) autant que sur des long-métrages divers et variés, il sert une partition qui sonne juste. Discrètes tout en étant présentes, elles invitent au voyage et aident à la réflexion, à la contemplation. Bien plus qu’un documentaire animalier, « Les saisons » fait de nous des témoins privilégiés ! Derrière cette histoire soignée, cette trame temporelle adaptée, on décèle un souhait de nous faire prendre conscience que l’homme a envahit l’espace vital d’une nature fragilisée par le temps qui passe, qu’il ne respecte plus autant les animaux, les domptant lorsqu’ils sont utiles, les éradiquant lorsqu’ils paraissent dangereux. Par son discours latent, il nous fait réfléchir, nous questionne sans toutefois vouloir être moralisateur. Et comme toujours, le film nous renvoie à un site Internet de qualité qu’on vous invite à découvrir pour continuer (ou anticiper) la rencontre : www.lessaisons-lefilm.com . Avec ses jeux, ses « bonus », son espace pédagogique, ses photos sublimes, le site propose des activités variées et des informations tout aussi intéressant les unes que les autres. Preuve que les réalisateurs font ces films dans un but d’échange et non dans un objectif mercantile. « Les saisons », le film, est à découvrir sans plus tarder dans tous nos complexes cinés Date de sortie en Belgique : 27 janvier 2016 Durée du film : 1h37 Genre : Documentaire Note du film : 8/10 (par Sally et Stanley) Résumé du film : Walter Robinson, Michael Rezendes, Sacha Pfeiffer et Ben Bradlee travaillent pour le Boston Globes depuis quelques années et forment une équipe de journalistes d’investigation solide, celle de « spotlight ». Quand Marty Baron, leur nouveau rédacteur en chef reprend la tête du journal, il leur demande de se pencher sur un dossier délicat mais peu médiatisé, celui d’une pédophilie probable au sein de l’Eglise catholique. Véritable bombe, l’annonce d’une telle pratique risque de créer l’émule dans la population de Boston et l’enquête peut débuter. Avis : A la vue de la bande annonce, on ne pouvait que sautiller sur place lorsqu’on a découvert le panel de comédiens qui étaient à l’affiche de « Spotlight ». Curieux et impatients, nous nous sommes délectés du dernier film de Tom McCarthy et ressortons de la projection plus que ravis ! Inspiré de faits réels, le film nous présente l’enquête journalistique menée par le « Boston Globe » en vue de dénoncer un réseau pédophile découvert au sein de l’Eglise catholique. Récompensée par le célèbre prix Pulitzer après avoir défrayé la chronique, la publication du journal n’a pas manqué de susciter l’intérêt de nombreux cinéastes et c’est finalement Tom McCarthy qui l’a portée à l’écran. Acteur et réalisateur, l’Américain de presque 50 ans n’a pas démérité les éloges dont il a été l’objet ces dernières semaines. Mais avant d’évoquer son travail et celui de ceux qui incarnent les journalistes de la rédaction bostonienne, parlons du sujet et de l’angle choisit par le metteur en scène Très documenté, hyper bien amené, le sujet délicat de la pédophilie au sein de l’Eglise et l’enquête dont l’institution religieuse a fait l’objet, est traitée avec intelligence et objectivité. On s’étonne d’ailleurs qu’au début des années 2000, une abomination d’une telle ampleur puisse encore avoir lieu. Mais la difficulté que rencontrera notre équipe sera de remonter le temps et retrouver les victimes abusées dans les années 80, faire la part des choses et accéder à des dossiers scellés et bien gardés. Bien plus prenant qu’un documentaire sur la profession, « Spotlight » met en lumière tout le travail journalistique réalisé en aval d’une publication redoutable sur une affaire hautement délicate. Les journalistes professionnels confirmeront peut-être notre impression de réalisme car les stratégies usées pour obtenir des informations, le bagout dont font preuve les différentes journalistes et les coulisses d’un métier (somme toute peu connu du grand public), sont présentées minutieusement et semblent être raccord avec une réalité à laquelle les lecteurs n’accèdent pas en temps ordinaires. On se sent privilégiés de suivre cette collecte d’informations de si près et on sort grandit de l’expérience vécue. Après, il faut un peu de temps pour que l’histoire se mette en place et que l’on comprenne qui est qui, quels sont les rapports entre les différents protagonistes et quel est l’enjeu réel d’un papier aussi sulfureux. Une fois bien informés et la situation clarifiée, on prend un pied total à suivre nos journalistes sur le terrain, au point de faire réellement partie de la rédaction et de se prendre au jeu. Le pari était risqué mais McCarty l’a brillamment relevé. Et le plaisir cinématographique n’aurait sans doute pas été le même si l’équipe du film n’avait pas été celle-là. Pour notre grand plaisir, c’est une bande de comédiens extraordinaires qui se trouve sous les projecteurs de ce film étonnant. Mark Ruffalo (« Daddy cool », « Shutter Island », « New York Melody » « The kids are all right » Michael Keaton (formidable « Batman », incroyable « Birdman »), Rachel McAdams (« Un homme très recherché », « La rage au ventre », « Welcome Back »), Liev Schreiber (remarquable acteur et notamment dans son dernier rôle de joueur russe – voir « Le prodige » sur notre site), John Slaterry (« Mad Men »), c’est presque trop beau pour être vrai ! Tous incarnent leur personnage de façon magistrale. Là où Ruffalo rue dans les brancards, John Slaterry, Michael Keaton ou Liev Schreiber actionnent les manivelles et côtoient les hautes sphères où silence et méfiance règnent en maîtres, alors que Rachel McAdams, touche féminine du casting, s’attire les confidences des victimes et avance avec conviction dans l’enquête délicate et ce, malgré une tradition familiale religieuse. Issus de milieux différents, dotés de caractères opposés, ils avancent tous dans la même direction : celle qui mène à une vérité difficile à entendre. Très bon, bien que parfois un peu confus (surtout dans ses débuts), « Spotlight » reste une belle découverte et un « must »à voir pour les faits qu’il décrit et le casting de choix qu’il propose. Malgré tout, on ne sait pas réellement s’il rencontrera son public car s’il a bonne presse, le film concernera sans doute une poignée d’initiés ou de cinéphiles et se fraiera un petit chemin jusqu’aux Oscars où il récoltera peut-être une jolie statuette ? Date de sortie en Belgique : 3 février 2016 Durée du film : 2h08 Genre : Drame |
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