Interview de Yolande Moreau
Dans le cadre de l’inauguration du Quai10 de Charleroi
Véronique – 20 janvier 2017
Véronique – 20 janvier 2017
Marraine du Quai10, (nouvel espace cinéma- gaming -brasserie installé sur les quais de Sambre à Charleroi) Yolande Moreau est venue passé la soirée avec le public carolo. Pour présenter son documentaire sur la jungle de Calais (Nulle part, en France) mais aussi son long-métrage « Henri ». Rencontre avec une grande comédienne/réalisatrice attachante et touchante.
Véronique : Yolande Moreau, vous avez été césarisée à plusieurs reprises, vous avez reçu une série de Magritte, vous êtes la marraine du Quai10. Comment vivez-vous tous ces événements ponctuels qui vous mettent à l’honneur ?
Yolande Moreau : Je ne suis pas du tout mondaine… mais ces événements ne sont pas forcément de la mondanité. Il y a deux ou trois ans, j’étais venue présenter « Henri » et ils m’avaient parlé du projet. Au cours du dîner, j’ai sympathisé avec eux et ils m’ont demandé si j’acceptais de devenir leur marraine et j’ai dit oui. Quelques années après, c’était fait. Je trouve que ce sont des gens qui se démerdent vraiment, qui s’investissent beaucoup dans le cinéma d’auteur, le cinéma de qualité et je me suis dit qu’il fallait appuyer ces gens-là. Et puis, il faut aider les gens qui travaillent avec nous quand même, ils distribuent nos films et ils se battent pour un cinéma de qualité. Forcément, on s’entraide…
Vous évoquez ici « Henri », qui va être proposé tout à l’heure, un film rempli de sensibilité. C’est une constante chez vous, que vous incarniez une épouse qui assassine son mari et qui s’enfuit, une mère qui part faire le deuil de son fils en Chine… ce sont toujours des personnages, principaux ou secondaires, qui ont une grande sensibilité ou une belle humanité. Cherchez-vous des rôles « sensibles » ou vous les propose-t-on afin que vous leur offriez la vôtre ?
Tout se fait autour d’un projet. Maintenant, je suis plus âgée, je suis un peu ronde. J’ai fait beaucoup de choses comiques dans le temps, on continue à me proposer des rôles de composition plus « hahaha » mais je n’ai plus envie. J’aime vraiment les rôles complexes. Quand Zoltan Mayer m’a proposé « Voyage en Chine », j’ai tout de suite sympathisé avec le réalisateur, avec le thème où effectivement on marche sur des œufs. C’était difficile. Très vite, il aurait pu devenir larmoyant, on pouvait basculer dans un petit voyage touristique en Chine… mais on a évité cela. Le sujet m’intéressait vraiment. Je crois que je choisis au coup par coup, qu’il s’agisse de la rencontre ou du rôle. |
On vous fait beaucoup de propositions parmi lesquelles vous triez beaucoup ou au contraire on vise plutôt juste lorsqu’on vous envoie des propositions de scénario ?
Non non, j’ai beaucoup de propositions « poubelle » très honnêtement. (Elle rit). J’essaie de rester honnête avec moi-même, même si chaque scénario ouvre un peu la voie. Je me dis « pourvu qu’il me surprenne ». Des fois, je tourne dans des films où je ne suis pas du tout le rôle principal mais c’est bien écrit. J’ai tourné l’année passée un film qui va sortir bientôt, où je joue une femme qui dirige un home pour enfants abandonnés. Le rôle principal, c’est les jeunes mais ça m’est égal parce que c’est bien écrit ! Je préfère faire ça qu’un premier rôle bidon. Je dis ça mais ce n’est pas non plus comme si je m’enorgueillissais non plus. D’un autre côté, ce n’est pas toujours facile parce que c’est un métier aussi et comme tout métier, c’est lui qui nous fait vivre… Des rôles pour les femmes plus âgées, c’est parfois rare aussi je crois, surtout que je ne suis pas un petit canon. Alors évidemment, je peux toujours écrire, je peux faire d’autres choses, mais ça demande du temps.
Y a t il un cinéaste ou un comédien avec qui vous voudriez tourner, parce que c’est quelqu’un qui vous parle ?
Oh oui, il y en a plein. Il y a des acteurs que je vois et où je me dis « waaah, ils sont merveilleux ». Il y a par exemple l’actrice belge Lucie Debay. Il y a plein de jeunes qui débutent et qui ont un vrai potentiel. L’autre jour je regardais un film avec Vincent Lacoste et je me suis dit « tiens, il est étonnant ». Il y a des surprises. Il y a des gens avec qui je n’ai jamais tourné mais que j’adore : Gérard Amalric par exemple.
Non non, j’ai beaucoup de propositions « poubelle » très honnêtement. (Elle rit). J’essaie de rester honnête avec moi-même, même si chaque scénario ouvre un peu la voie. Je me dis « pourvu qu’il me surprenne ». Des fois, je tourne dans des films où je ne suis pas du tout le rôle principal mais c’est bien écrit. J’ai tourné l’année passée un film qui va sortir bientôt, où je joue une femme qui dirige un home pour enfants abandonnés. Le rôle principal, c’est les jeunes mais ça m’est égal parce que c’est bien écrit ! Je préfère faire ça qu’un premier rôle bidon. Je dis ça mais ce n’est pas non plus comme si je m’enorgueillissais non plus. D’un autre côté, ce n’est pas toujours facile parce que c’est un métier aussi et comme tout métier, c’est lui qui nous fait vivre… Des rôles pour les femmes plus âgées, c’est parfois rare aussi je crois, surtout que je ne suis pas un petit canon. Alors évidemment, je peux toujours écrire, je peux faire d’autres choses, mais ça demande du temps.
Y a t il un cinéaste ou un comédien avec qui vous voudriez tourner, parce que c’est quelqu’un qui vous parle ?
Oh oui, il y en a plein. Il y a des acteurs que je vois et où je me dis « waaah, ils sont merveilleux ». Il y a par exemple l’actrice belge Lucie Debay. Il y a plein de jeunes qui débutent et qui ont un vrai potentiel. L’autre jour je regardais un film avec Vincent Lacoste et je me suis dit « tiens, il est étonnant ». Il y a des surprises. Il y a des gens avec qui je n’ai jamais tourné mais que j’adore : Gérard Amalric par exemple.
Si on évoque votre travail de réalisatrice, il y a eu « Henri », « Quand la mer monte ». Et puis là, on vous retrouve pour la présentation de votre documentaire « Nulle part, en France », au sujet peu évident. Nulle part, virgule, en France, un titre fort avec une virgule importante… ….Absolument oui ! Quel message, quelle importance vouliez-vous lui donner ? |
J’ai accepté une carte blanche que me proposait Arte. Je me suis dit : « on te donne la parole, prenons-la ». Par rapport aux extrémismes qui montent un peu partout, par rapport à la peur de l’autre présent un peu partout, j’ai eu envie d’accepter le projet. Parce que c’est le rôle des gens de la culture de faire quelque chose, c’est le rôle des écoles, de plein de gens. C’est notre rôle de montrer les choses. L’autre fois, je suis allé au Théâtre national voir Laurent Gaudé pour qu’il puisse écrire pour moi, parce que je ne voulais pas faire les commentaires. Il a fait les paroles pour un spectacle de cirque « Daral Shaga », qui aborde le même thème, avec un nouveau langage puisqu’il y avait les paroles de Laurent Gaudé et l’opéra. Je trouvais ça formidable et parlant au cœur. Parce qu’évidemment on sait ce qui se passe grâce à la télévision. Je ne veux pas nier le travail des journalistes mais il faut un autre point de vue, qui nous parle des choses différemment. Il ne suffit pas d’avoir un enfant qui meurt au bord de l’eau pour parler de ce qui se passe. Ca ne suffit pas parce qu’il faut parler au cœur des gens et c’est pour ça que j’ai accepté de travailler pour Arte. Maintenant, j’aimerais bien que TF1 me le demande aussi… et je le ferais !