Interview de Thomas Blanchard
Dans le cadre de l'avant première de "Drôle de Père "
FIFF de Namur - 4 octobre 2017
Dans le cadre de l'avant première de "Drôle de Père "
FIFF de Namur - 4 octobre 2017
« Drôle de père » est un de nos films coups de cœur belges. Présenté en avant-première au Festival International du Film Francophone de Namur en octobre dernier, nous avons eu l’occasion de rencontrer l’un de ses acteurs principaux : Thomas Blanchard. Avec lui, nous avons évoqué le tournage du film, sa complicité avec la jeune Lina Doillon mais aussi le reste de sa filmographie. Vous le verrez, c’est un passionné par son métier (et par la vie) que nous avons rencontré…
Véronique : Vous revoici à Namur dans le cadre FIFF où vous étiez déjà venu pour l’ouverture de l’édition 2015 avec « Préjudice » et la présentation de « Voyage au Groenland » en 2016 . L’an dernier vous portiez d’ailleurs une moustache… Thomas Blanchard : (Rires) Oui oui c’est vrai ! A l’époque je jouais une pièce au théâtre et mon personnage portait une moustache… Je trouve ce festival très intéressant parce qu’on y trouve des films très différents et en même temps, une vraie exigence dans la sélection et la présentation des films. C’est une chance de pouvoir le montrer ici. Véronique: Vous aviez déjà tourné dans notre cinéma belge mais comment êtes-vous arrivé dans ce projet-ci en particulier ? |
Thomas Blanchard : En fait, j’ai rencontré Amélie ici, un jour ou deux après la projection de « Préjudice ». Les deux personnages n’ont rien en commun mais elle avait déjà le film en tête et cherchait l’acteur qui interpréterait Antoine. Elle ne m’a pas donné le scénario tout de suite et on s’est revu plusieurs fois pour en parler justement. En la rencontrant, j’étais convaincu que son idée fonctionnerait : elle avait une vraie idée de ce qu’elle voulait faire et ça me parlait beaucoup. Elle a une vision très forte du cinéma ! J’ai lu le scénario bien plus tard, après qu’elle l’ait retravaillé, et j’ai trouvé que ça correspondait énormément à ce que nous en avions dit, j’ai dit oui.
Véronique: Vous avez évoqué « Préjudice » qui est un film radicalement différent de celui-ci. Comment faites-vous vos choix de films, de personnages ?
Thomas Blanchard : Ca dépend vraiment. Ici, le « oui » était facile à dire, même si je n’avais pas lu le scénario, parce que l’enjeu du film résidait dans des situations plus que dans mon interprétation. Son film est comme un précipité chimique où on met deux êtres ensemble et on regarde ce qui se passe… Pour « Préjudice », c’était totalement différent car le film était très construit dans le dialogue, dans la description des scènes et c’était presque théâtral. Antoine (Cuypers, le réalisateur du film, ndlr) est un vrai compositeur : j’ai dû complètement m’abandonner dans le jeu de mon personnage, qui est très particulier. Le genre est aussi très différent puisque son film est un huit clos oppressant, presque figé dans une maison… |
Véronique : C’est ce soir qu’a lieu la toute première présentation publique de "Drôle de père"…
Thomas Blanchard : C’est vraiment la première fois qu’il sera présenté. Pour ma part, je l’ai découvert seulement hier. J’étais très heureux de le découvrir parce que le film est très positif ! Il dégage quelque chose de léger mais il met l’humain en avant en même temps et je trouve cela intéressant. Il est à la fois simple et complexe dans la personnalité de ses personnages. J’ai d’ailleurs besoin de le revoir parce qu’à la première vision, on découvre les choix de montage et on prend conscience de comment on a joué telle ou telle chose… Le tournage remonte à quelques mois déjà et on a forcément oublié certains passages…
François : Le film a aussi l’intelligence de ne pas tout montrer non plus : il y a une part de mystère et on ne sait pas pourquoi ce père a été si longtemps absent…
Thomas Blanchard : C’est vrai qu’on s’attend à avoir des explications mais ce choix de ne pas tout dire permet de laisser de la place au spectateur et le faire s’imaginer des choses. En même temps, aucun des personnages, que ce soit Antoine ou sa compagne, ne semble vraiment savoir pourquoi cette absence a duré cinq ans. Ce qui me plaisait justement dans la manière d’appréhender ce personnage-là, c’était qu’il pouvait être sûr de lui, dans son métier ou dans l’envie de monter son propre restaurant par exemple et en même temps, il est maladroit et complètement désarçonné par sa rencontre avec la petite fille.
Thomas Blanchard : C’est vraiment la première fois qu’il sera présenté. Pour ma part, je l’ai découvert seulement hier. J’étais très heureux de le découvrir parce que le film est très positif ! Il dégage quelque chose de léger mais il met l’humain en avant en même temps et je trouve cela intéressant. Il est à la fois simple et complexe dans la personnalité de ses personnages. J’ai d’ailleurs besoin de le revoir parce qu’à la première vision, on découvre les choix de montage et on prend conscience de comment on a joué telle ou telle chose… Le tournage remonte à quelques mois déjà et on a forcément oublié certains passages…
François : Le film a aussi l’intelligence de ne pas tout montrer non plus : il y a une part de mystère et on ne sait pas pourquoi ce père a été si longtemps absent…
Thomas Blanchard : C’est vrai qu’on s’attend à avoir des explications mais ce choix de ne pas tout dire permet de laisser de la place au spectateur et le faire s’imaginer des choses. En même temps, aucun des personnages, que ce soit Antoine ou sa compagne, ne semble vraiment savoir pourquoi cette absence a duré cinq ans. Ce qui me plaisait justement dans la manière d’appréhender ce personnage-là, c’était qu’il pouvait être sûr de lui, dans son métier ou dans l’envie de monter son propre restaurant par exemple et en même temps, il est maladroit et complètement désarçonné par sa rencontre avec la petite fille.
Véronique: Cette rencontre, entre vous et Lina Doillon est particulière puisqu’elle s’est vraiment faite au moment du tournage…
Thomas Blanchard : Je n’avais en effet pas rencontré Lina avant le premier jour de tournage. C’était un challenge de voir comment cela allait se passer. Amélie (Van Elmbt, la réalisatrice, ndlr) avait envisagé que cela puisse ne pas fonctionner et si c’était le cas, un autre film aurait été possible. Du coup, ça nous a enlevé à tous une certaine pression et ça a collé. Lina a une forte personnalité : c’était impressionnant et touchant pour moi de me retrouver face à cette enfant qui découvre ce que c’est que de jouer. Elle avait beaucoup de plaisir à faire cela. Après, nous n’étions jamais dans l’improvisation et mon travail à moi, c’était de l’amener à être vraiment actrice c'est-à-dire de savoir jouer le texte, avoir une certaine liberté par rapport à lui et en même temps, de recadrer et revenir à la situation attendue. |
Lina proposait beaucoup de choses d’instinct et il fallait que je reste un guide, conscient de tout cela. C’était un vrai défi !
Véronique: D’autant plus que l’osmose aurait très bien pu ne pas avoir lieu…
Thomas Blanchard : Oui ! Ca aurait été difficile je pense et je suis heureux que ça se soit bien passé (rires). A côté de cela, après deux ou trois prises d’une même scène, Lina en avait un peu marre de jouer la même situation. On devait un peu réinventer pour que le plaisir de jouer ensemble reste intact…
François: On perçoit que vous avez une certaine pudeur, une vraie sensibilité. Comment vous avez travaillé cette rencontre ?
Thomas Blanchard : Je n’ai pas vraiment réfléchi à la façon dont allait se passer cette rencontre. J’ai beaucoup parlé de Lina avec Amélie, je suis allé chez elles, j’ai vu ses jouets, son environnement, des photos d’elle et j’ai laissé les choses se faire. Par contre, je ne sais pas si ça se voit à l’écran, mais je me suis plus préparé pour les scènes de cuisine. J’ai été coaché par une chef étoilée d’ici, Arabelle Meirlaen, sur la technicité des gestes, ce qui n’était pas si évident (rires). C’était un réel enjeu pour moi ! Découvrir ce milieu professionnel et voir la rigueur qu’il exige, ça explique aussi peut-être certaines facettes plus « dures » de mon personnage et je trouvais cela très intéressant. A côté de cela, chez Arabelle, la cuisine est quelque chose de très joyeux et de très doux, et ça se retrouve même dans le rapport avec les gens avec qui elle travaille. Je pense que c’est un milieu très complexe et ça éclaire peut-être l’aspect parfois anesthésié de mon personnage face à certaines situations. C’est peut-être aussi une des raisons pour lesquelles il n’a pas pu s’occuper de cet enfant… mais ça, on ne peut pas l’attester non plus, ce n’est qu’une possibilité.
Avec la rencontre de sa fille, il est confronté à un monde de légèreté et de joies et ça le sort peut-être de l’univers dans lequel il a évolué jusque là.
François: La cuisine est aussi un moment de partage dans le film. Il ne cuisine plus pour lui mais il le fait pour elle…
Thomas Blanchard : Tout à fait ! C’est une scène qui me touche énormément d’ailleurs. Les scènes de repas, c’est un vrai thème de cinéma, un enjeu qui nécessite de savoir comment la filmer, quels rapports on veut y mettre, c’est très intéressant ! Chez Amélie, sa vision du repas est assez insolite : c’est celle d’un jeune père qui fait à manger à une petite fille sur un établi de cuisine et qui, plutôt que de lui faire des pâtes au ketchup, lui prépare un repas presque gastronomique. C’est une belle illustration de leur vie : simple mais décalée en même temps.
Véronique: D’autant plus que l’osmose aurait très bien pu ne pas avoir lieu…
Thomas Blanchard : Oui ! Ca aurait été difficile je pense et je suis heureux que ça se soit bien passé (rires). A côté de cela, après deux ou trois prises d’une même scène, Lina en avait un peu marre de jouer la même situation. On devait un peu réinventer pour que le plaisir de jouer ensemble reste intact…
François: On perçoit que vous avez une certaine pudeur, une vraie sensibilité. Comment vous avez travaillé cette rencontre ?
Thomas Blanchard : Je n’ai pas vraiment réfléchi à la façon dont allait se passer cette rencontre. J’ai beaucoup parlé de Lina avec Amélie, je suis allé chez elles, j’ai vu ses jouets, son environnement, des photos d’elle et j’ai laissé les choses se faire. Par contre, je ne sais pas si ça se voit à l’écran, mais je me suis plus préparé pour les scènes de cuisine. J’ai été coaché par une chef étoilée d’ici, Arabelle Meirlaen, sur la technicité des gestes, ce qui n’était pas si évident (rires). C’était un réel enjeu pour moi ! Découvrir ce milieu professionnel et voir la rigueur qu’il exige, ça explique aussi peut-être certaines facettes plus « dures » de mon personnage et je trouvais cela très intéressant. A côté de cela, chez Arabelle, la cuisine est quelque chose de très joyeux et de très doux, et ça se retrouve même dans le rapport avec les gens avec qui elle travaille. Je pense que c’est un milieu très complexe et ça éclaire peut-être l’aspect parfois anesthésié de mon personnage face à certaines situations. C’est peut-être aussi une des raisons pour lesquelles il n’a pas pu s’occuper de cet enfant… mais ça, on ne peut pas l’attester non plus, ce n’est qu’une possibilité.
Avec la rencontre de sa fille, il est confronté à un monde de légèreté et de joies et ça le sort peut-être de l’univers dans lequel il a évolué jusque là.
François: La cuisine est aussi un moment de partage dans le film. Il ne cuisine plus pour lui mais il le fait pour elle…
Thomas Blanchard : Tout à fait ! C’est une scène qui me touche énormément d’ailleurs. Les scènes de repas, c’est un vrai thème de cinéma, un enjeu qui nécessite de savoir comment la filmer, quels rapports on veut y mettre, c’est très intéressant ! Chez Amélie, sa vision du repas est assez insolite : c’est celle d’un jeune père qui fait à manger à une petite fille sur un établi de cuisine et qui, plutôt que de lui faire des pâtes au ketchup, lui prépare un repas presque gastronomique. C’est une belle illustration de leur vie : simple mais décalée en même temps.
Véronique: Le film ne montre finalement que des instantanés de vie…
Thomas Blanchard : C’est ça, c’est ce qu’Amélie recherchait : filmer la vie dans des décors insolites. Si on prend l’exemple de l’appartement d’Antoine, il y a un petit brin de magie qui figure à l’arrière-plan, sans qu’on ne le voit tout de suite. Tout a été pensé et c’est là où, je pense, on bascule dans le cinéma et que nous nous éloignons du téléfilm. Parce que justement, la vision de l’espace, du temps, des rythmes est très travaillée et que chaque élément du décor prend une place de choix dans le film. François: Et ces éléments sont aussi le symbole de filiations existantes. Je pense à l’herbier du père d’Antoine ou à l’achat du restaurant qui ne se fera que si les repreneurs gardent la jardinière… |
Thomas Blanchard : C’est vrai qu’il y a énormément de traces de différents héritages dans le film. Je pense d’ailleurs qu’Antoine, mon personnage, est pile au moment de sa vie où certaines questions sont non seulement fondamentales mais aussi et surtout omniprésentes. Il ne peut pas s’échapper, il doit se confronter à des choix, personnels ou professionnels. C’est très contemporain de ce que je peux vivre moi à mon âge : qu’est-ce que cela fait d’avoir un enfant ou non ? Faut-il mettre ses aspirations professionnelles en avant ou pas? Comment gère-t-on sa vie, et son avenir quand elle prend un tel tournant ? Ce sont autant de sujets qui m’animent dans ma vie de tous les jours…
François: Et puis il y a toutes ces scènes où on perçoit un danger, qui ne vient pas, mais qui nous font prendre conscience qu’on ne naît pas père, qu’on le devient en apprenant chaque jour…
Thomas Blanchard : Pour lui, tout est nouveau. Il y a des tas de choses qu’il ne sait pas ! Il ne sait pas si elle sait faire du vélo ou non, si elle sait lire, il sait très peu de choses d’elle. Il y a un fantasme de ce que pourrait être cette petite fille, il invente des tas de choses quand il parle d’elle, et il y a la réalité qu’il est en train d’appréhender. Finalement, le personnage d’Antoine découvre d’un coup ce que c’est que d’être père, il ne le savait pas jusque là. Il se livre de plus en plus et fait abstraction petit à petit de toutes les réticences qu’il avait jusque là. C’est un sujet qui parle à énormément de gens et Amélie l’amène de façon très subtile.
Véronique: Dans le film, vous jouez le père de Lina Doillon. Quel papa de cinéma vous rêveriez d’avoir comme partenaire de jeu ?
François: Et puis il y a toutes ces scènes où on perçoit un danger, qui ne vient pas, mais qui nous font prendre conscience qu’on ne naît pas père, qu’on le devient en apprenant chaque jour…
Thomas Blanchard : Pour lui, tout est nouveau. Il y a des tas de choses qu’il ne sait pas ! Il ne sait pas si elle sait faire du vélo ou non, si elle sait lire, il sait très peu de choses d’elle. Il y a un fantasme de ce que pourrait être cette petite fille, il invente des tas de choses quand il parle d’elle, et il y a la réalité qu’il est en train d’appréhender. Finalement, le personnage d’Antoine découvre d’un coup ce que c’est que d’être père, il ne le savait pas jusque là. Il se livre de plus en plus et fait abstraction petit à petit de toutes les réticences qu’il avait jusque là. C’est un sujet qui parle à énormément de gens et Amélie l’amène de façon très subtile.
Véronique: Dans le film, vous jouez le père de Lina Doillon. Quel papa de cinéma vous rêveriez d’avoir comme partenaire de jeu ?
Thomas Blanchard : Je ne sais pas… C’est difficile de faire un choix. Spontanément, je dirais Michel Piccoli mais il est vraiment très vieux (rires). Il m’impressionne beaucoup dans son parcours et dans son exigence de cinéma. Il a tourné avec les plus grands, il a fait de grands choix de théâtre ou de cinéma et il est aussi passé à la réalisation… Je n’ai pas vraiment de modèle et je trouve qu’il ne faut pas trop se bloquer dans des idéaux. Ce qui est beau aussi, ce sont les surprises que nous réserve la vie et on ne sait pas toujours avec qui on va jouer. C’est à mon sens un des plus grands plaisirs de ce métier : s’étonner chaque jour.
Par contre, je dois dire que je suis très content d’être issu d’une famille qui n’est pas du tout dans le cinéma ou le théâtre. J’ai eu mon premier rôle à 16 ans mais le cinéma n’était pas mon aspiration première au départ. J’ai fait le conservatoire parce que je voulais faire du théâtre. C’est peut-être plus simple de ne pas être dans une famille de metteurs en scène ou d’acteurs parce que ça permet plein de choses, plus de libertés et de ne pas porter un lourd héritage familial. |
Véronique: Enfant, vous étiez plutôt comme Lina Doillon, loquace et extraverti ?
Thomas Blanchard : Je ne pense pas que j’étais timide, d’ailleurs, j’ai toujours su que je voulu être comédien et j’ai beaucoup tanné ma famille avec des spectacles, des petites représentations… Du coup, j’ai tout de suite fait des tas d’ateliers pour enfants. J’ai l’impression que j’ai compris assez vite que ce métier me demanderait de faire des choses très différentes et c’est ça qui m’intéresse vraiment ! Voir comment les réalisateurs travaillent, leur vision du cinéma… Pour ça, il faut être ouvert à tout.
François: Ca vous plairait de passer derrière la caméra ?
Thomas Blanchard : Justement, je l’ai fait récemment grâce à un court-métrage et ça m’intéresserait de continuer cela. J’ai aussi fait de la mise en scène au théâtre. Pour moi, le fait de ne pas être fermé dans une place d’acteur, de réalisateur ou de metteur en scène, c’est ce qui me plait le plus. Tous ces métiers ne sont pas foncièrement différents : être metteur en scène au théâtre et jouer la comédie au cinéma n’est pas antinomique, au contraire, c’est très complémentaire.
François: Quel metteur en scène êtes-vous? Vous dirigez ou vous laissez la place à la créativité ?
Thomas Blanchard : Je dirais que ça dépend vraiment du projet. La différence réside plutôt dans la façon de travailler si on est au service d’un projet initié par quelqu’un ou si on est instigateur de quelque chose. Quand on est au service de quelqu’un d’autre, il faut trouver la place où on peut être disponible au mieux. Quand on est un moteur, il faut être très clair sur ce qu’on cherche mais il faut aussi s’entourer de gens compétents et amener cette équipe à un rêve commun, le construire ensemble. C’est peut-être naïf de penser ainsi mais c’est ce que je trouve beau dans une aventure artistique qu’elle soit de cinéma ou de théâtre, peu importe.
Véronique: Vous devez avoir une belle cinémathèque dans votre tête mais si vous deviez choisir trois films qui ont jalonné votre parcours, qui marque votre cinéphilie, lesquels évoqueriez-vous ?
Thomas Blanchard : Je ne pense pas que j’étais timide, d’ailleurs, j’ai toujours su que je voulu être comédien et j’ai beaucoup tanné ma famille avec des spectacles, des petites représentations… Du coup, j’ai tout de suite fait des tas d’ateliers pour enfants. J’ai l’impression que j’ai compris assez vite que ce métier me demanderait de faire des choses très différentes et c’est ça qui m’intéresse vraiment ! Voir comment les réalisateurs travaillent, leur vision du cinéma… Pour ça, il faut être ouvert à tout.
François: Ca vous plairait de passer derrière la caméra ?
Thomas Blanchard : Justement, je l’ai fait récemment grâce à un court-métrage et ça m’intéresserait de continuer cela. J’ai aussi fait de la mise en scène au théâtre. Pour moi, le fait de ne pas être fermé dans une place d’acteur, de réalisateur ou de metteur en scène, c’est ce qui me plait le plus. Tous ces métiers ne sont pas foncièrement différents : être metteur en scène au théâtre et jouer la comédie au cinéma n’est pas antinomique, au contraire, c’est très complémentaire.
François: Quel metteur en scène êtes-vous? Vous dirigez ou vous laissez la place à la créativité ?
Thomas Blanchard : Je dirais que ça dépend vraiment du projet. La différence réside plutôt dans la façon de travailler si on est au service d’un projet initié par quelqu’un ou si on est instigateur de quelque chose. Quand on est au service de quelqu’un d’autre, il faut trouver la place où on peut être disponible au mieux. Quand on est un moteur, il faut être très clair sur ce qu’on cherche mais il faut aussi s’entourer de gens compétents et amener cette équipe à un rêve commun, le construire ensemble. C’est peut-être naïf de penser ainsi mais c’est ce que je trouve beau dans une aventure artistique qu’elle soit de cinéma ou de théâtre, peu importe.
Véronique: Vous devez avoir une belle cinémathèque dans votre tête mais si vous deviez choisir trois films qui ont jalonné votre parcours, qui marque votre cinéphilie, lesquels évoqueriez-vous ?
Thomas Blanchard : Oula ! Trois ? (rires) Je ne sais pas pourquoi je ferais ce choix mais je dirais « The king of New York » d’Abel Ferrara parce que Christopher Walken est incroyable dans ce film, c’est très exaltant ! Après, peut-être que je vous proposerais un film portugais : « Ce cher mois d’août », de Miguel Gomes, le réalisateur qui a fait « Tabou » aussi. C’est un film qui est entre la fiction et le documentaire. Il a quelque chose de très doux, de très beau à voir, avec de vraies émotions. Et mon troisième choix sera « Mémories of murder » ou un film de Polanski que j’adore mais « Memories » est un film de genre détourné avec une vraie puissance émotionnelle, très sombre mais fantastique dans les émotions qu’il présente. Après, je pourrais dire aussi « Voyage en Italie » ou d’autres films très différents. Je suis un vrai cinéphile, j’adore le cinéma et je ne suis pas du tout fermé aux propositions qu’il peut nous faire…
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