Interview de Dominique Pinon
Le 26 novembre 2016
Quelques minutes avant la Cérémonie de clôture du « Festival International de Film de Comédie de Liège », Véronique a pu rencontrer Dominique Pinon. Installés côte à côte dans le chapiteau situé Place Saint Paul, ils ont évoqué le rôle de juré du comédien mais également sa carrière.
Véronique : Dominique Pinon, vous êtes un grand comédien et pourtant, vous restez à l’écoute de chacun et êtes très accessible. Comment faites-vous pour garder les pieds sur terre ?
Dominique Pinon : Je ne sais pas si j’ai vraiment les pieds sur terre, mais je fais un métier que j’adore. Quand on aime ce qu’on fait, on prend les choses comment elles viennent, sans se poser de questions. J’essaie de rester accessible comme vous dites, mais pour moi, c’est tout à fait normal, je suis comme ça.
Et pourtant, au contraire d’autres comédiens, vous ne semblez pas prendre la grosse tête ?
Je ne sais pas si j’ai déjà pris la grosse tête, peut-être. (Il réfléchit). En fait, je ne peux pas dire que je suis humble ou quelque chose dans le genre, ça m’est peut-être déjà arrivé de prendre le melon…
On vous retrouve ici, dans le cadre de ce festival consacré à la comédie. Ce n’est pas le premier festival auquel vous participez, vous aimez cela ?
Beaucoup ! C’est une belle occasion de faire la rencontre d’autres comédiens, de certains réalisateurs, d’aller à la rencontre du public. Et dans un festival comme celui-ci, c’est agréable de côtoyer les gens, parce qu’il y a peu de barrières En tant que membre du jury, vous jugez les films que vous voyez. C’est un exercice difficile ? C’est très dur, c’est vrai. Surtout que je n’ai pas trop de critères à la base. C’est difficile de juger des films classés dans le genre « comédie » parce qu’on compare des choses qui ne sont pas toujours comparables. Il y a des comédies qui touchent émotionnellement, des comédies d’aventure, des comédies dramatiques… Justement, qu’est-ce qu’une bonne comédie selon vous ? Pour moi, personnellement, c’est une comédie où il y a un peu de tout, des rires et des émotions. Qu'il y ait un fond, un message et pas seulement une forme. |
A propos d’émotions, Stéphane Bissot (comédienne vue notamment dans la série « Melting Pot Café » ndlr) nous a confié que vous et elle aviez la même sensibilité. Quel film vous a touché dernièrement ?
C’est une question difficile ça (il réfléchit). C’est vraiment dur de trouver un film qui m’a touché ces derniers temps parce que je ne vais pas souvent au cinéma. Je regarde la télévision mais le cinéma… Je ne sais vraiment pas… Il faut que je réfléchisse.
Vous n’avez pas eu l’occasion de voir « Captain Fantastic » de Matt Ross ? Vous devriez aimer.
On m’en a déjà parlé mais non, je ne l’ai pas vu. Je devrais peut-être aller le voir, il faudrait que je prenne le temps.
Je propose qu’on aborde à présent votre carrière, en général. Vous avez fait des études de Lettres à Paris mais aussi le Cours Simon. C’était évident pour vous de devenir comédien ?
Pas tout à fait. Il a fallu longtemps pour que je me décide, ce qui n’était pas évident. Il fallait franchir le pas mais moi, je ne l’ai fait qu’assez tard, à plus ou moins vingt quatre ans. Ado, on rêve d’un tas de trucs mais ça me trottait en tête, grâce à des expériences d’école. Le Cours Simon, ça a été le déclic. Je vivais en province et c’était un endroit réputé, alors j’y suis allé et ça m’a aidé à me déverrouiller, à faire des rencontres. Là-bas, j’ai fréquenté Bernard Campan, Zabou Breitman.
C’est une question difficile ça (il réfléchit). C’est vraiment dur de trouver un film qui m’a touché ces derniers temps parce que je ne vais pas souvent au cinéma. Je regarde la télévision mais le cinéma… Je ne sais vraiment pas… Il faut que je réfléchisse.
Vous n’avez pas eu l’occasion de voir « Captain Fantastic » de Matt Ross ? Vous devriez aimer.
On m’en a déjà parlé mais non, je ne l’ai pas vu. Je devrais peut-être aller le voir, il faudrait que je prenne le temps.
Je propose qu’on aborde à présent votre carrière, en général. Vous avez fait des études de Lettres à Paris mais aussi le Cours Simon. C’était évident pour vous de devenir comédien ?
Pas tout à fait. Il a fallu longtemps pour que je me décide, ce qui n’était pas évident. Il fallait franchir le pas mais moi, je ne l’ai fait qu’assez tard, à plus ou moins vingt quatre ans. Ado, on rêve d’un tas de trucs mais ça me trottait en tête, grâce à des expériences d’école. Le Cours Simon, ça a été le déclic. Je vivais en province et c’était un endroit réputé, alors j’y suis allé et ça m’a aidé à me déverrouiller, à faire des rencontres. Là-bas, j’ai fréquenté Bernard Campan, Zabou Breitman.
Zabou Breitman qui vous a proposé un rôle au théâtre, pour lequel vous avez reçu un Molière
(Il sourit). C’est vrai, c’était une belle expérience. D’ailleurs, j’ai joué la pièce pas très loin d’ici, à Huy. Et à Nivelles aussi je crois, mais c’était il y a quelques années. Quels étaient vos modèles, vos références en matière d’acteurs ? Il y en a plein. Belmondo, Bourvil, De Funès, Ventura… Tous les grands de l’époque que je n’ai jamais côtoyé. Par contre, mon déclic par rapport au théâtre, je l’ai eu quand j’étais jeune. J’avais environ quatorze ans et j’ai assisté à une pièce de Beckett, je ne sais pas si vous connaissez. C’était « Fin de partie ». Il y avait beaucoup de rires dans la salle, j’ai trouvé ça génial et j’ai pensé faire ça. Plus tard, j’ai eu la chance de la jouer sur scène à mon tour, avec Charles Berling. |
Jean Pierre Jeunet vous a ouvert une autre voie, celle des USA, avec « Alien, la résurrection ». Comment s’est déroulée votre collaboration avec Winona Ryder, Sigourney Weaver et le reste de l’équipe du film ?
En fait, ce n’est pas très différent de ce qu’on fait en France, sauf que chez nous, on n’a pas de gros trucs de science fiction, on a peu d’occasion de tourner dans ce genre là. C’était une expérience magnifique, une occasion de se retrouver. Sigourney Weaver , Winona Ryder et le tas d’acteurs avec qui on a tourné font finalement la même chose que moi : on joue. Je n’ai donc pas vraiment senti de grande différence avec le travail que je fais en France. |
Depuis « Délicatessen », Jean Pierre Jeunet vous fait tourner dans tous ses films. Parce que vous avez une amitié fidèle ou parce que vous aimez travailler ensemble ?
Quoiqu’il fasse, je le suivrai toujours. Après, je regarderai quand même le scénario, mais je suivrai. Par contre, comme il ne fait qu’un film tous les six ans, il faut bien que je tourne d’autres films aussi, je ne tourne pas qu’avec lui, mais s’il me le propose, je dis oui.
Un autre réalisateur avec qui vous avez déjà tourné à plusieurs reprises : Claude Lelouch. Quelle expérience vous tirez de ses tournages ?
J’ai adoré tourner avec Claude Lelouch. Il est toujours enthousiaste, il ne dira jamais que ce n’était pas bien. Quand on a fini une prise, il dit « c’était merveilleux mes enfants, on y retourne », c’est vraiment super.
Si son scénario est écrit, il aime apporter des petites modifications, surprendre ses acteurs. Vous appréciez cette façon de faire ?
Avec lui, ce n’est pas vraiment de l’improvisation mais il faut tout le temps être à la fois dans la scène et à l’écoute de ce qu’il dit. Parfois, il y a des trucs qui ne sont pas prévus et on s’adapte. Par exemple, il dit « là, tu l’embrasses » et nous, on le fait. J’adore ça parce que c’est très ludique ! Il faut rentrer dans le jeu mais si on aime ça, c’est vraiment top !
Il y a d’autres réalisateurs avec qui vous rêveriez de tourner ?
Oui, forcément : Tim Burton, les frères Cohen, ce serait génial. En France, je ne connais pas bien les nouveaux réalisateurs mais je fais en fonction de ce qu’on me propose. Pour moi, chaque proposition est un cadeau, d’où qu’elle vienne.
Quoiqu’il fasse, je le suivrai toujours. Après, je regarderai quand même le scénario, mais je suivrai. Par contre, comme il ne fait qu’un film tous les six ans, il faut bien que je tourne d’autres films aussi, je ne tourne pas qu’avec lui, mais s’il me le propose, je dis oui.
Un autre réalisateur avec qui vous avez déjà tourné à plusieurs reprises : Claude Lelouch. Quelle expérience vous tirez de ses tournages ?
J’ai adoré tourner avec Claude Lelouch. Il est toujours enthousiaste, il ne dira jamais que ce n’était pas bien. Quand on a fini une prise, il dit « c’était merveilleux mes enfants, on y retourne », c’est vraiment super.
Si son scénario est écrit, il aime apporter des petites modifications, surprendre ses acteurs. Vous appréciez cette façon de faire ?
Avec lui, ce n’est pas vraiment de l’improvisation mais il faut tout le temps être à la fois dans la scène et à l’écoute de ce qu’il dit. Parfois, il y a des trucs qui ne sont pas prévus et on s’adapte. Par exemple, il dit « là, tu l’embrasses » et nous, on le fait. J’adore ça parce que c’est très ludique ! Il faut rentrer dans le jeu mais si on aime ça, c’est vraiment top !
Il y a d’autres réalisateurs avec qui vous rêveriez de tourner ?
Oui, forcément : Tim Burton, les frères Cohen, ce serait génial. En France, je ne connais pas bien les nouveaux réalisateurs mais je fais en fonction de ce qu’on me propose. Pour moi, chaque proposition est un cadeau, d’où qu’elle vienne.
Comment faites-vous alors pour choisir vos rôles ? Vous les acceptez en fonction du scénario ? Du réalisateur ? Du feeling ?
Parfois on me propose plein de choses, parfois moins. Ca dépend des circonstances. En général, on ne me propose pas de trucs trop mauvais. Parfois j’accepte parce qu’il faut tourner, il faut durer dans le métier mais c’est rare. A côté de cela, c’est parfois dur de choisir un projet au théâtre en sachant que l’on va tourner un film. Il ne faudrait pas qu’il y ait un problème de dates alors, il faut faire des choix. |
Justement, qu’est-ce qui est le plus grisant pour vous ? Le théâtre ou le cinéma ?
Les deux parce que pour moi, c’est le même métier. Si on a un chouette rôle, une histoire intéressante, on prend le même plaisir. Sauf qu’au théâtre, on recommence éternellement, chaque soir et c’est ça qui est top
Sergi Lopez expliquait lors d’une rencontre, qu’il était difficile de savoir ce que donnerait un film au final, que l’alchimie du tournage ne se voyait pas toujours et à l’inverse, le résultat est parfois meilleur sur l’écran qu’il ne l’avait espéré. Vous êtes de cet avis ?
C’est toujours l’écran qui donne le verdict. C’est vrai qu’on s’est déjà bien marré sur un tournage et que dans le film, on ne le percevait pas. Le résultat du film, on ne peut pas le savoir quand on est sur le tournage, on le découvre sur l’écran. Avant, j’avais du mal à me voir dans les films, c’était douloureux mais maintenant, ça va beaucoup mieux.
Comment vous préparez-vous à un rôle de manière générale ?
Je ne me prépare pas vraiment. Tout d’abord, parce que ce qu’on me propose me ressemble souvent. Après, je lis et je relis le scénario, sans trop me poser de questions. Avant le tournage, on a la préparation, on découvre nos costumes. Au cinéma, on est très aidé par les costumières, ça aide à entrer dans le personnage. Je dirais qu’en général, je commence avec mon opinion personnelle du personnage et puis je vois ce qu’il devient au jour le jour.
Vous avez déjà eu des envies de réalisation ?
Non, ça, je suis sûr que non. J’aime trop mon métier d’acteur et je ne m’imagine pas réaliser un film.
Quels conseils prodigueriez-vous aux jeunes acteurs ?
De garder sa personnalité, de prendre des chemins différents. Il faut aimer le cinéma pour le faire et il faut aussi que les gens vous aiment en retour. Après, je n’ai pas d’autres vrais conseils à donner, il faut faire les choses comme on les sent.
Nous arrivons au terme de notre rencontre. Toujours pas d’idée de film qui vous a ému, touché ces derniers temps?
Je suis désolé mais vraiment non, je n’ai rien qui me vient. Comme je vous l’ai dit, je ne vais malheureusement pas souvent au cinéma. Au niveau des anciennes comédies, j’aime beaucoup celles de Philippe de Broca, le réalisateur de films comme « Tribulations d’un Chinois en Chine », « L’homme de Rio ». Ce sont toujours des films légers, pétillants. A part ça, je suis désolé, je ne sais pas quoi vous répondre.
Par contre, je fais beaucoup de lectures publiques et il y a un auteur que j’aime beaucoup, ça compte ?
Les deux parce que pour moi, c’est le même métier. Si on a un chouette rôle, une histoire intéressante, on prend le même plaisir. Sauf qu’au théâtre, on recommence éternellement, chaque soir et c’est ça qui est top
Sergi Lopez expliquait lors d’une rencontre, qu’il était difficile de savoir ce que donnerait un film au final, que l’alchimie du tournage ne se voyait pas toujours et à l’inverse, le résultat est parfois meilleur sur l’écran qu’il ne l’avait espéré. Vous êtes de cet avis ?
C’est toujours l’écran qui donne le verdict. C’est vrai qu’on s’est déjà bien marré sur un tournage et que dans le film, on ne le percevait pas. Le résultat du film, on ne peut pas le savoir quand on est sur le tournage, on le découvre sur l’écran. Avant, j’avais du mal à me voir dans les films, c’était douloureux mais maintenant, ça va beaucoup mieux.
Comment vous préparez-vous à un rôle de manière générale ?
Je ne me prépare pas vraiment. Tout d’abord, parce que ce qu’on me propose me ressemble souvent. Après, je lis et je relis le scénario, sans trop me poser de questions. Avant le tournage, on a la préparation, on découvre nos costumes. Au cinéma, on est très aidé par les costumières, ça aide à entrer dans le personnage. Je dirais qu’en général, je commence avec mon opinion personnelle du personnage et puis je vois ce qu’il devient au jour le jour.
Vous avez déjà eu des envies de réalisation ?
Non, ça, je suis sûr que non. J’aime trop mon métier d’acteur et je ne m’imagine pas réaliser un film.
Quels conseils prodigueriez-vous aux jeunes acteurs ?
De garder sa personnalité, de prendre des chemins différents. Il faut aimer le cinéma pour le faire et il faut aussi que les gens vous aiment en retour. Après, je n’ai pas d’autres vrais conseils à donner, il faut faire les choses comme on les sent.
Nous arrivons au terme de notre rencontre. Toujours pas d’idée de film qui vous a ému, touché ces derniers temps?
Je suis désolé mais vraiment non, je n’ai rien qui me vient. Comme je vous l’ai dit, je ne vais malheureusement pas souvent au cinéma. Au niveau des anciennes comédies, j’aime beaucoup celles de Philippe de Broca, le réalisateur de films comme « Tribulations d’un Chinois en Chine », « L’homme de Rio ». Ce sont toujours des films légers, pétillants. A part ça, je suis désolé, je ne sais pas quoi vous répondre.
Par contre, je fais beaucoup de lectures publiques et il y a un auteur que j’aime beaucoup, ça compte ?
Pourquoi pas ? Il y a en un qui vous inspire ? Oui, beaucoup : Jean Echenoz, vous connaissez ? C’est un auteur français. Il a reçu le prix Goncourt il y a quelques années mais je ne reviens pas sur le titre du livre. Ses livres sont toujours des comédies et il excelle surtout dans les sujets biographiques. D’ailleurs demain, je ferai une lecture publique de « Ravel », un de ses romans, avec une pianiste à mes côtés. Il a un style vraiment particulier, très surprenant. Je vous conseille d’ailleurs son dernier roman, sorti il y a quelques mois maintenant, c’est « Envoyée spéciale » avec un e. Vous verrez, c’est étonnant ! |