Jean-Pierre Améris et Jules Lefebvre pour "Profession du père"
Dans le cadre du Festival International du Film de Mons
– 16 juillet 2021 -
Dans le cadre du Festival International du Film de Mons
– 16 juillet 2021 -
Il se dégage de cette rencontre une réelle bienveillance et une magnifique complicité. Jean-Pierre Améris et Jules Lefebvre étaient présents à Mons pour présenter, ensemble, "Profession du père", le film de clôture de Festival International du Film de Mons. L'occasion de parler avec eux du roman de Sorj Chalandon dont est tiré le film, l'ambiance du tournage, de la prestation de Benoît Poelvoorde et des thématiques multiples présentes dans le long-métrage.
Véronique : « Profession du père » se base sur le roman de Sorj Chalandon et pourtant, en voyant votre film, on a cette sensation que c’est votre propre histoire que vous nous contez. Cela doit être difficile d’accaparer ou de transmettre les souvenirs et le récit de quelqu’un et, finalement, en faire un film aussi personnel ? Jean-Pierre Améris : L’histoire de ce film, c’est plus qu’une adaptation, c’est comme si nos deux enfances s’étaient croisées. Il faut savoir qu’à la base, ce roman est totalement autobiographique. Il raconte, entre autres choses, l’enfance de Sorj Chalandon qui vivait vraiment à Lyon dans les années 60 avec un père mythomane alors que la guerre d’Algérie faisait rage. Beaucoup de choses sont vraies dans son récit: le destin de Lucas, l’envie de tuer De Gaulle, la position politique d'un père qui embrigade son fils... En lisant son livre, ça a fait remonter chez moi beaucoup de souvenirs de ma propre enfance. Mon père n’était pas mythomane mais c’était un tyran domestique et violent à la maison, surtout avec ma soeur. Sorj Chalandon m’a permis d'entre dans son histoire et de faire l’addition de nos deux enfances. Dans "Profession du père", il y a beaucoup plus de son père et bien plus de ma mère. C'est une adaptation n’est pas une illustration, c’est un croisement d'une partie de nos deux vies... |
Véronique : Vous avez co-écrit le scénario de ce film mais Sorj Chalandon n’a toutefois pas pris part au projet…
Jean Pierre Améris : Non, il m’avait dit dès le départ qu’il ne le ferait pas. J’ai toujours aimé cet auteur et adoré ses livres – « Le quatrième mur », « Mon traître » - des histoires où le thème de la mystification est présente, où des héros se font avoir par la fiction d’un autre et se sentent trahis et déçus. D’autres adaptations de ses romans sont envisagées mais ici, il nous a simplement donné la clé de son histoire mais il ne voulait pas travailler sur l’adaptation pour nous laisser une complète liberté. Il a été très généreux car, quand je lui ai dit que je ne traiterais que la partie consacrée à l’enfance, il a compris que c’était dans cet aspect là de sa vie que je me retrouvais, que c’était dans ces souvenirs d’enfant que je m’identifiais.
François : C’est très réussi parce que, tout au long du film, on ressent ce que vit l’enfant qu’est Emile. Plusieurs scènes m’ont bouleversées et je me suis laissé prendre au jeu. Il y a aussi de belle tension, comme lorsqu’Emile doit déposer une enveloppe dans une boite aux lettres et que la brume de la nuit rend les choses inquiétantes. Il y a bien sûr des instants liés à l’enfance mais il y aussi des éléments propres au film policier ou d’espionnage. On change de point de vue, de « genre » mais on se met toujours à la hauteur du regard d’Emile…
Jean Pierre Améris : On voulait que cela provoque des choses chez chacun et si vous l’avez perçu, c’est que c’est réussi. On a écrit toutes les scènes du point de vue d’Emile, tout est fait pour qu’on reste au niveau de l’enfant… On voit le monde à travers ses yeux. Je voulais restituer ce qui restait dans ma mémoire et répondre à cette question : comment on fait, quand on a 10 ans, avec la tension à table entre le père et la mère, la soumission de la mère, les conflits, la violence du monde ? C’est quoi la Guerre d’Algérie ? Comment on fait pour comprendre ce qui nous entoure ? Petit, je supportais un peu tout cela grâce à l’imaginaire du cinéma, cinéma que j’aimais beaucoup déjà.
Jean Pierre Améris : Non, il m’avait dit dès le départ qu’il ne le ferait pas. J’ai toujours aimé cet auteur et adoré ses livres – « Le quatrième mur », « Mon traître » - des histoires où le thème de la mystification est présente, où des héros se font avoir par la fiction d’un autre et se sentent trahis et déçus. D’autres adaptations de ses romans sont envisagées mais ici, il nous a simplement donné la clé de son histoire mais il ne voulait pas travailler sur l’adaptation pour nous laisser une complète liberté. Il a été très généreux car, quand je lui ai dit que je ne traiterais que la partie consacrée à l’enfance, il a compris que c’était dans cet aspect là de sa vie que je me retrouvais, que c’était dans ces souvenirs d’enfant que je m’identifiais.
François : C’est très réussi parce que, tout au long du film, on ressent ce que vit l’enfant qu’est Emile. Plusieurs scènes m’ont bouleversées et je me suis laissé prendre au jeu. Il y a aussi de belle tension, comme lorsqu’Emile doit déposer une enveloppe dans une boite aux lettres et que la brume de la nuit rend les choses inquiétantes. Il y a bien sûr des instants liés à l’enfance mais il y aussi des éléments propres au film policier ou d’espionnage. On change de point de vue, de « genre » mais on se met toujours à la hauteur du regard d’Emile…
Jean Pierre Améris : On voulait que cela provoque des choses chez chacun et si vous l’avez perçu, c’est que c’est réussi. On a écrit toutes les scènes du point de vue d’Emile, tout est fait pour qu’on reste au niveau de l’enfant… On voit le monde à travers ses yeux. Je voulais restituer ce qui restait dans ma mémoire et répondre à cette question : comment on fait, quand on a 10 ans, avec la tension à table entre le père et la mère, la soumission de la mère, les conflits, la violence du monde ? C’est quoi la Guerre d’Algérie ? Comment on fait pour comprendre ce qui nous entoure ? Petit, je supportais un peu tout cela grâce à l’imaginaire du cinéma, cinéma que j’aimais beaucoup déjà.
Quand il va poster la lettre dont vous parlez, on a en effet rajouté un peu de brouillard pour que l’on comprenne qu’Emile se sentait comme dans un film.
Dans le roman de Chalandon comme dans le film, il y a une part d’excitation lorsqu’Emile se voit confier des missions par son père. Avant qu’il ne se rende compte de ce que ça cachait vraiment, il y a quelque chose de l’ordre du jeu dans les rapports qu’il entretient parfois avec son père. Ce n’est pas fréquent, surtout à cette époque, d’avoir un père si disponible, qui va vous chercher à l’école, qui vous entraine dans ces « jeux ». Il est enfant avec son enfant… |
Véronique: On perçoit aussi que, d’une certaine manière, Emile est un catalyseur de toutes les affabulations du père. Il va lui-même un cran plus loin, pousse le jeu à l’extrême pour satisfaire son père mais sans se rendre compte des conséquences que cela peut causer… Ca a dû être difficile pour toi Jules de jouer ce rôle qui t’amène à changer ton regard sur le monde et à faire évoluer ton personnage, non ? Tu es de toutes les scènes et tu portes réellement le film…
Jules Lefebvre : Je n’ai pas l’impression d’avoir eu une grande responsabilité sur ce film. Avant tout, le jeu d’acteur, c’est du plaisir. Que ce soit dans des rôles secondaires ou plus importants, je ne ressens pas de pression. Jean-Pierre m’a beaucoup soutenu ici, Benoit Poelvoorde aussi. Il y avait une très chouette ambiance sur le tournage. Plus je jouais, mieux c’était.
Véronique: Une belle complicité s’est créée entre Benoit Poelvoorde et toi. C’est un personnage assez fantasque mais ici, on sent qu’il y a une belle filiation qui s’est installée. Comment vous avez préparé le tournage ? Tu l’as vu avant ? Vous avez beaucoup répété ou tout ça s’est fait de façon spontanée ?
Jules Lefebvre : On s’est vu la veille du tournage. Je l’ai rencontré dans un restaurant un dimanche et un feeling s’est immédiatement créé. Il a un côté très enfant et moi, j’ai envie d’évoluer dans un monde plus adulte alors ça a tout de suite collé. Sur le tournage, on a fait beaucoup de farces à JP (Jean Pierre Améris, ndlr)
Jean Pierre Améris : Il faudrait d’ailleurs qu’on en reparle (rires), on va régler nos comptes sur scène tout à l’heure…
Véronique: Il a d’ailleurs confié à plusieurs reprises que c’était l’une des plus belle expérience de tournage, que tu étais le partenaire de jeu idéal…
Jules Lefebvre : Ça me fait vraiment plaisir ! C’est un bon ami de tournage, j’en garde une très bonne expérience aussi
Jean Pierre Améris : Il faut dire que le sujet du film se prête un peu à cela, à cette complicité, ça joue... Il y a le jeu, la confiance, la croyance. Peut-être que la fin de l’enfance, c’est la fin du jeu, de la naïveté et c’est peu dire que Jules nous a épaté Benoit, Audrey Dana et moi. Ce qui est merveilleux avec Jules, c’est le bonheur qu’il a de jouer. On a lu le scénario ensemble, je lui ai raconté quelques souvenirs et nous avons souvent discuté sur le fait que nous représentions des personnages et jouions avec le plus de sincérité possible mais qu’il ne fallait pas tout mélanger et que l’on devait garder une certaine distance.
Jules Lefebvre : Je n’ai pas l’impression d’avoir eu une grande responsabilité sur ce film. Avant tout, le jeu d’acteur, c’est du plaisir. Que ce soit dans des rôles secondaires ou plus importants, je ne ressens pas de pression. Jean-Pierre m’a beaucoup soutenu ici, Benoit Poelvoorde aussi. Il y avait une très chouette ambiance sur le tournage. Plus je jouais, mieux c’était.
Véronique: Une belle complicité s’est créée entre Benoit Poelvoorde et toi. C’est un personnage assez fantasque mais ici, on sent qu’il y a une belle filiation qui s’est installée. Comment vous avez préparé le tournage ? Tu l’as vu avant ? Vous avez beaucoup répété ou tout ça s’est fait de façon spontanée ?
Jules Lefebvre : On s’est vu la veille du tournage. Je l’ai rencontré dans un restaurant un dimanche et un feeling s’est immédiatement créé. Il a un côté très enfant et moi, j’ai envie d’évoluer dans un monde plus adulte alors ça a tout de suite collé. Sur le tournage, on a fait beaucoup de farces à JP (Jean Pierre Améris, ndlr)
Jean Pierre Améris : Il faudrait d’ailleurs qu’on en reparle (rires), on va régler nos comptes sur scène tout à l’heure…
Véronique: Il a d’ailleurs confié à plusieurs reprises que c’était l’une des plus belle expérience de tournage, que tu étais le partenaire de jeu idéal…
Jules Lefebvre : Ça me fait vraiment plaisir ! C’est un bon ami de tournage, j’en garde une très bonne expérience aussi
Jean Pierre Améris : Il faut dire que le sujet du film se prête un peu à cela, à cette complicité, ça joue... Il y a le jeu, la confiance, la croyance. Peut-être que la fin de l’enfance, c’est la fin du jeu, de la naïveté et c’est peu dire que Jules nous a épaté Benoit, Audrey Dana et moi. Ce qui est merveilleux avec Jules, c’est le bonheur qu’il a de jouer. On a lu le scénario ensemble, je lui ai raconté quelques souvenirs et nous avons souvent discuté sur le fait que nous représentions des personnages et jouions avec le plus de sincérité possible mais qu’il ne fallait pas tout mélanger et que l’on devait garder une certaine distance.
On a joué les scènes une à une, ta maman a été très présente sur le tournage et elle m’a bien aidé aussi mais tu as toujours su garder ce plaisir de jeu. Ca n’a pas toujours été facile de jouer des scènes plus subtiles, moins démonstratives et plus psychologiques mais tu y es parvenu sans trop de difficultés.
François: Il y a, c’est vrai, des scènes de grande violence physique mais aussi des violences psychologiques plus insidieuses, plus "cachées".
Jules Lefebvre : Pour la scène du paillasson par exemple, Benoit (Poelvoorde, ndlr) a rajouté de l’ambiance pour que ce soit plus fort encore. Dès qu’on coupait la scène, il continuait à me parler sur un ton autoritaire, il se fâchait sur moi pour qu’on reste dans le jeu… et après, on s’amusait pour décompresser.
François: Il y a, c’est vrai, des scènes de grande violence physique mais aussi des violences psychologiques plus insidieuses, plus "cachées".
Jules Lefebvre : Pour la scène du paillasson par exemple, Benoit (Poelvoorde, ndlr) a rajouté de l’ambiance pour que ce soit plus fort encore. Dès qu’on coupait la scène, il continuait à me parler sur un ton autoritaire, il se fâchait sur moi pour qu’on reste dans le jeu… et après, on s’amusait pour décompresser.
Jean-Pierre Améris : … Et moi j’étais de l’autre côté de la porte, sur le pallier et je n’arrivais pas à rentrer dans l’appartement parce que j’étais avec Audrey Dana, enfermés à l’extérieur et je les entendais glousser, dans le calme… (rires). Une scène qui a été difficile à tourner pour Benoit, c’est celle où il se retrouve avec Jules et Audrey Dana devant le proviseur. Il se sentait sale après avoir trahi son « fils »… C’était d’ailleurs l’une des dernières scènes communes avec Jules et ça l’a beaucoup marqué. |
François: Vous avez respecté la chronologie du récit ou vous avez gérer le tournage en fonction des décors ?
Jean-Pierre Améris : On a fonctionné par lieux de tournages. On a tourné trois ou quatre semaines dans l’appartement et on faisait en fonction des décors : la chambre, la cuisine... mon travail à moi consistait à raconter ce qui s’était passé avant dans l’histoire, de créer des repères…
Le travail avec Tom Levy, qui joue Luca, a été très enrichissant aussi. Ce petit est formidable et c’est d’autant plus difficile pour les enfants de savoir qu’il incarne la culpabilité d’Emile, c’est la victime de l’histoire. Il prouve, d’une certaine manière, qu’il y a toujours plus faible que soi.
Le film traite aussi de l’embrigadement, c’est un récit politique aussi. Dans la faiblesse, il y a ce besoin de croire et on est vite embrigadé et dépassé par ce qui se passe… Je sais aussi par ailleurs que Sorj Chalandon n’a jamais su ce que ce petit était devenu…
François: C’est d’autant plus effroyable que le jeune Emile emploie les techniques du père pour les appliquer sur ce jeune camarade de classe… une façon de continuer ce qui a été mis en place de façon extrême, et une façon de faire qui va fortement décevoir sa mère...
Jean-Pierre Améris : On a fonctionné par lieux de tournages. On a tourné trois ou quatre semaines dans l’appartement et on faisait en fonction des décors : la chambre, la cuisine... mon travail à moi consistait à raconter ce qui s’était passé avant dans l’histoire, de créer des repères…
Le travail avec Tom Levy, qui joue Luca, a été très enrichissant aussi. Ce petit est formidable et c’est d’autant plus difficile pour les enfants de savoir qu’il incarne la culpabilité d’Emile, c’est la victime de l’histoire. Il prouve, d’une certaine manière, qu’il y a toujours plus faible que soi.
Le film traite aussi de l’embrigadement, c’est un récit politique aussi. Dans la faiblesse, il y a ce besoin de croire et on est vite embrigadé et dépassé par ce qui se passe… Je sais aussi par ailleurs que Sorj Chalandon n’a jamais su ce que ce petit était devenu…
François: C’est d’autant plus effroyable que le jeune Emile emploie les techniques du père pour les appliquer sur ce jeune camarade de classe… une façon de continuer ce qui a été mis en place de façon extrême, et une façon de faire qui va fortement décevoir sa mère...
Jean-Pierre Améris : Le soir du réveillon le montre très bien oui… D’ailleurs, cette maman que j’ai voulu montrer à l’écran n’est pas celle de Sorj Chalandon mais plutôt la mienne : une femme soumise mais aimante qui vit dans un déni énorme. Ma mère l’avait et c’est une façon de se sauver que l’on retrouve chez d’autres femmes, celles qui sont battues, violentées, c’est courant. Elle nous disait aussi très souvent cette fameuse phrase « vous savez comment être votre père » et elle passait à autre chose et nous demandait, par exemple, de mettre la table. C’est une forme de névrose familiale, elle se forme chez les trois : le père, la mère et l’enfant… |
J’ai d’ailleurs voulu réadapter la scène qui ouvre le roman de Chalandon pour montrer que chaque joue son rôle dans cette névrose familiale et qu’il est parfois plus « facile » de ne rien voir ou de vivre dans le déni…
Véronique : C’est toujours délicat de faire des parallélismes entre deux films mais en voyant « Profession du père », je ne peux pas m’empêcher de penser au film « Les 400 coups » de François Truffaut où deux camarades de classe faisaient de multiples bêtises et voulaient berner les adultes. Comme lui, vous parvenez à filmer l’enfance, ses drames, sa naïveté dans une forme de cinéma vérité…
Jean-Pierre Améris : J’adore le cinéma d’enfance de François Truffaut. Comme lui, j’ai l’habitude de considérer les jeunes comédiens débutants comme tels et pas comme des enfants. Pour moi, il est l’égal de Benoit ou d’Audrey, ce sont tous des acteurs. Après chaque scène, on parlait du jeu, on cherchait des pistes ensemble… ce n’étaient pas des critiques mais une construction commune. On travaille ensemble.
Jules Lefebvre : C’était d’ailleurs comme ça au casting. On a joué différentes scènes, différentes choses pas parce que c’était mauvais mais pour tester et voir si ça allait.
Véronique : Puisque tu parles du casting, vous vous êtes rencontrés très vite dans le processus ?
Jules Lefebvre : J’ai fait le casting à Paris et après le casting, je suis allé visiter le Sacré Chœur avec ma maman. Dans l’après-midi, elle recevait un appel qui disait que j’avais plu au réalisateur et qu’il voulait me revoir…
Véronique : C’est toujours délicat de faire des parallélismes entre deux films mais en voyant « Profession du père », je ne peux pas m’empêcher de penser au film « Les 400 coups » de François Truffaut où deux camarades de classe faisaient de multiples bêtises et voulaient berner les adultes. Comme lui, vous parvenez à filmer l’enfance, ses drames, sa naïveté dans une forme de cinéma vérité…
Jean-Pierre Améris : J’adore le cinéma d’enfance de François Truffaut. Comme lui, j’ai l’habitude de considérer les jeunes comédiens débutants comme tels et pas comme des enfants. Pour moi, il est l’égal de Benoit ou d’Audrey, ce sont tous des acteurs. Après chaque scène, on parlait du jeu, on cherchait des pistes ensemble… ce n’étaient pas des critiques mais une construction commune. On travaille ensemble.
Jules Lefebvre : C’était d’ailleurs comme ça au casting. On a joué différentes scènes, différentes choses pas parce que c’était mauvais mais pour tester et voir si ça allait.
Véronique : Puisque tu parles du casting, vous vous êtes rencontrés très vite dans le processus ?
Jules Lefebvre : J’ai fait le casting à Paris et après le casting, je suis allé visiter le Sacré Chœur avec ma maman. Dans l’après-midi, elle recevait un appel qui disait que j’avais plu au réalisateur et qu’il voulait me revoir…
Jean-Pierre Améris : Oui, ça avait été un coup de cœur (rires)
Jules Lefebvre : On y est retournés, on a discuté et on a refait des scènes… Jean-Pierre Améris : C’est un énorme coup de chance de tomber sur quelqu’un qui incarne ce qu’on recherchait. Mon but, lors des castings, n’est pas de trouver quelqu’un qui joue mieux qu’un autre mais de trouver quelqu’un que j’ai envie de filmer et qui accepte et veut que je le filme. C’est vraie une rencontre et ça doit marcher dans les deux sens. Avec Jules, c’était le cas. Je l’avais vu dans « Duelles » mais quand je l’ai vu, ça a été, pour moi, comme une évidence… |
Véronique : Vous avez déjà eu une expérience multiple avec Benoit Poelvoorde et on a vraiment eu cette sensation, François et moi, que vous parvenez à l’apaiser, à canaliser l’électron libre qu’il est et à sublimer certains traits de sa personnalité
Jean-Pierre Améris : Vous savez, les acteurs sont des gens extrêmement humains avant tout. Je ne voulais pas faire de film « règlement de compte » et on était tous dans cette optique. C’est l’humanité que je vise avant tout. Je ne suis pas juge, ni procureur et mon but était de montrer comment dans une famille, une situation peut devenir inextricable, combien il est important parfois de couper ou de partir au risque d’y laisser des plumes…
Jean-Pierre Améris : Vous savez, les acteurs sont des gens extrêmement humains avant tout. Je ne voulais pas faire de film « règlement de compte » et on était tous dans cette optique. C’est l’humanité que je vise avant tout. Je ne suis pas juge, ni procureur et mon but était de montrer comment dans une famille, une situation peut devenir inextricable, combien il est important parfois de couper ou de partir au risque d’y laisser des plumes…
Pour Benoit (Poelvoorde, ndlr), c’est la troisième fois que je tourne avec lui et c’est quelqu’un que j’aime énormément. Il y a quelque chose de fort et de sincère qui circule entre nous. Comme je vous le disais juste avant, c’est important que la confiance se fasse dans les deux sens et avec lui, c’est réellement le cas.
"La profession du Père" de Jean-Pierre Améris, avec Benoit Poelvoorde, Jules Lefebvre, Audrey Dana et Tom Levy est disponible dans nos salles depuis le 28 juillet dernier. |
|