Interview de Walid Mattar
De passage lors du premier Brussels International Film Festival pour présenter son premier long-métrage, Walid Mattar nous a accordé un peu de son temps avant de rejoindre l’UGC de Brouckère où il a rencontré les spectateurs de « Vent du Nord ». Avec lui, nous avons évoqué ses personnages, son histoire et la mise en place de son premier film.
Véronique : Avant de réaliser « Vent du Nord », vous vous êtes fait la main sur plusieurs courts métrages. Quel regard portez-vous sur ce premier long métrage ? Ressemble-t-il à ce que vous imaginiez avant de le tourner ? Walid Mattar : Je ne sais pas si on peut parvenir à faire un film qui ressemble à 100% à ce qu’on imaginait au départ mais malgré les contraintes de budgets et de temps, je dois dire que c’est grosso modo ce que j’espérais. Ma satisfaction personnelle est plutôt bonne et ce même si dès le départ, on a dû retirer quelques scènes qui apparaissaient dans le scénario car on n’a pas pu les tourner. Par contre, je voulais un jeu d’acteurs plutôt réaliste et les comédiens ont réussi à l’incarner, j’en suis heureux. |
C’était une première expérience pour moi de travailler en équipe et de travailler avec un décorateur, les responsables du son… Je me découvre car les longs sont très différents des courts où on travaille avec des amis ou des équipes qu’on suit depuis longtemps. La gestion du tournage sur deux pays, les préparations en France et en Tunisie, on fait que ce n’était pas un tournage facile et du coup. Mais malgré ces contraintes, je pense que le film colle à 90% à ce que je voulais faire.
Véronique : La production vous a-t-elle toujours suivi et/ou laissé assez libre ou avez-vous dû négocier des choses avec elle ?
Walid Mattar : Franchement, j’étais quasiment libre dans tout. Le seul problème, c’est que nous n’avions que sept semaines pour faire le film, ce qui est finalement confortable car beaucoup de premiers films ou de longs-métrages se tournent sur six semaines… J’en aurais voulu huit pour bien m’installer, mieux travailler mais on a pris ce qu’on avait. La seule chose, c’est que la pression du temps qui ne nous a pas permis de mettre en place certains détails car ils coûtaient trop d’argent mais ce n’est pas très grave au final. Pour le casting, on l’a fait très tôt : il y avait Philippe,Corinne, Kacey Mottet-Klein côté français et en Tunisie, on a travaillé avec des amateurs.
Véronique : « Vent du Nord » a déjà un beau parcours derrière lui puisqu’il a été présenté dans de nombreux festivals. C’est une belle mise en lumière pour un film qui aurait peut-être été noyé parmi les grosses sorties lors de son arrivée dans nos salles…
Walid Mattar : C’est vrai ! Et encore plus à l’échelle internationale. C’est une chance de voir que le film sortira en salles en France et en Belgique car ce n’est pas facile et encore plus pour un film de ce genre-là. Le montrer en festival, ailleurs que dans les pays de la production, c’est la possibilité de rencontrer le public, de débattre avec les cinéphiles, de savoir que notre film sera vu par les critiques et les journalistes. C’est encore plus important quand ce sont de grands festivals qui se déroulent dans de grande ville je crois. Ça permet de présenter son travail au plus grand nombre. Maintenant, je pense que c’est encore plus important d’être présent dans des festivals lorsqu’on réalise des courts métrages car mis à part là, quand les gens peuvent-ils les voir ? C’était plus stressant de savoir si mes courts métrages seraient pris ou non en festival alors qu’ici, je suis plus serein, notamment parce que je sais que « Vent du nord » sortira de toute façon en salles. Et puis, un long a plusieurs moyens de se faire connaître : ça peut être par l’achat d’une chaîne de télévision, des avant-premières, c’est très différent…
Véronique : « Vent du Nord » évoque un sujet déjà vu ces derniers temps au cinéma notamment dans « Prendre le large » ou « En guerre » mais vous lui donnez un angle nouveau et montrez quelqu’un qui ne se bat pas pour son emploi. Pourquoi ?
Walid Mattar : Pour moi, il ne se bat pas pour son emploi parce qu’il se bat déjà dans sa vie quotidienne. Mon personnage n’est pas un héros et je n’aime d’ailleurs pas les héros car ils n’incarnent pas la réalité. Aujourd’hui, je trouve que la plupart des gens ne se battent plus pour rien. On voit parfois à la télé qu’il y a des centaines ou des milliers de personnes qui sont devant les usines et qui se battent mais je pense qu’il faut repenser la lutte. Je fais des projections de quand j’étais à la CGT, à Paris, avec les collègues syndiqués et qui sont choqués de voir quelqu’un qui ne se bat pas. Je viens moi-même d’une famille ouvrière et c’est pour cela que je dis qu’il faut revoir comment on peut résister. On voit, en France, des gens faire des grèves mais à chaque fois, les plans sociaux votent une fermeture qui est inévitable… Pour moi, le combat, il est au quotidien, dans notre façon de consommer plus intelligemment.
Et puis, avant même de vouloir parler de la délocalisation, j’ai voulu que mon film raconte les deux villes, celles de Wimereux et de Hammam-Lif que je connais bien. J’ai été très frappé par leurs ressemblances : ce sont des villes où les gens se rapprochent socialement, où les liens familiaux et amicaux sont forts et puis, il y a la mer, les cafés... Ca me rappelait beaucoup Tunis, du moins, sa banlieue sud. C’est cette idée là que j’ai mise en avant, et en écrivant, j’ai réfléchi à la façon de relier les deux. On a d’un côté un Hervé qui continue de travailler au lieu de manifester, alors qu’il y a une énorme injustice dans son usine qui ferme.
Véronique : La production vous a-t-elle toujours suivi et/ou laissé assez libre ou avez-vous dû négocier des choses avec elle ?
Walid Mattar : Franchement, j’étais quasiment libre dans tout. Le seul problème, c’est que nous n’avions que sept semaines pour faire le film, ce qui est finalement confortable car beaucoup de premiers films ou de longs-métrages se tournent sur six semaines… J’en aurais voulu huit pour bien m’installer, mieux travailler mais on a pris ce qu’on avait. La seule chose, c’est que la pression du temps qui ne nous a pas permis de mettre en place certains détails car ils coûtaient trop d’argent mais ce n’est pas très grave au final. Pour le casting, on l’a fait très tôt : il y avait Philippe,Corinne, Kacey Mottet-Klein côté français et en Tunisie, on a travaillé avec des amateurs.
Véronique : « Vent du Nord » a déjà un beau parcours derrière lui puisqu’il a été présenté dans de nombreux festivals. C’est une belle mise en lumière pour un film qui aurait peut-être été noyé parmi les grosses sorties lors de son arrivée dans nos salles…
Walid Mattar : C’est vrai ! Et encore plus à l’échelle internationale. C’est une chance de voir que le film sortira en salles en France et en Belgique car ce n’est pas facile et encore plus pour un film de ce genre-là. Le montrer en festival, ailleurs que dans les pays de la production, c’est la possibilité de rencontrer le public, de débattre avec les cinéphiles, de savoir que notre film sera vu par les critiques et les journalistes. C’est encore plus important quand ce sont de grands festivals qui se déroulent dans de grande ville je crois. Ça permet de présenter son travail au plus grand nombre. Maintenant, je pense que c’est encore plus important d’être présent dans des festivals lorsqu’on réalise des courts métrages car mis à part là, quand les gens peuvent-ils les voir ? C’était plus stressant de savoir si mes courts métrages seraient pris ou non en festival alors qu’ici, je suis plus serein, notamment parce que je sais que « Vent du nord » sortira de toute façon en salles. Et puis, un long a plusieurs moyens de se faire connaître : ça peut être par l’achat d’une chaîne de télévision, des avant-premières, c’est très différent…
Véronique : « Vent du Nord » évoque un sujet déjà vu ces derniers temps au cinéma notamment dans « Prendre le large » ou « En guerre » mais vous lui donnez un angle nouveau et montrez quelqu’un qui ne se bat pas pour son emploi. Pourquoi ?
Walid Mattar : Pour moi, il ne se bat pas pour son emploi parce qu’il se bat déjà dans sa vie quotidienne. Mon personnage n’est pas un héros et je n’aime d’ailleurs pas les héros car ils n’incarnent pas la réalité. Aujourd’hui, je trouve que la plupart des gens ne se battent plus pour rien. On voit parfois à la télé qu’il y a des centaines ou des milliers de personnes qui sont devant les usines et qui se battent mais je pense qu’il faut repenser la lutte. Je fais des projections de quand j’étais à la CGT, à Paris, avec les collègues syndiqués et qui sont choqués de voir quelqu’un qui ne se bat pas. Je viens moi-même d’une famille ouvrière et c’est pour cela que je dis qu’il faut revoir comment on peut résister. On voit, en France, des gens faire des grèves mais à chaque fois, les plans sociaux votent une fermeture qui est inévitable… Pour moi, le combat, il est au quotidien, dans notre façon de consommer plus intelligemment.
Et puis, avant même de vouloir parler de la délocalisation, j’ai voulu que mon film raconte les deux villes, celles de Wimereux et de Hammam-Lif que je connais bien. J’ai été très frappé par leurs ressemblances : ce sont des villes où les gens se rapprochent socialement, où les liens familiaux et amicaux sont forts et puis, il y a la mer, les cafés... Ca me rappelait beaucoup Tunis, du moins, sa banlieue sud. C’est cette idée là que j’ai mise en avant, et en écrivant, j’ai réfléchi à la façon de relier les deux. On a d’un côté un Hervé qui continue de travailler au lieu de manifester, alors qu’il y a une énorme injustice dans son usine qui ferme.
Mais il y a aussi la jeunesse perdue, comme dans certaines villes de Tunisie, et là, on rencontre Vincent, un jeune sans travail qui passe ses journées à jouer aux jeux vidéo. Enfin, il y a aussi la maman qui résiste et essaie de sauver la famille... De l’autre côté, on a Foued qui est amoureux, qui doit acheter des médicaments à sa mère… La délocalisation, je ne l’ai utilisée que pour la structure, comme prétexte mais ce que je voulais raconter c’était ce qui nous rassemble…
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Véronique : Pourtant, les deux relations familiales sont très différentes. On a une relation Vincent/Hervé très tendue, du moins jusqu’à ce qu’ils aient ce projet commun de pêche et de l’autre côté de la Méditerranée, on a une entraide et un Foued qui n’hésite pas à travailler pour payer les médicaments de sa mère. Les deux cellules familiales sont très différentes mais le lien qui unit chaque membre est fort, dans les cris comme dans le soutien…
Walid Mattar : Tout à fait ! La famille est en effet présentée sous des regards différents parce que les cultures sont différentes. En Tunisie, on ne peut pas s’énerver sur les parents, c’est culturel. C’est ce qui m’a d’ailleurs choqué quand j’ai commencé à connaître la vie en France, il y a des jeunes qui ne respectent pas leurs parents et vice-versa. Ce n’est pas qu’ils ne s’aiment pas, c’est qu’ils sont fatigués, énervés, contrariés mais ça, on ne le voit pas en Tunisie. En France, les parents travaillent durs, comme Hervé qui bosse à l’usine et fait les pauses, sa femme qui nettoie à la piscine et ils n’ont plus de temps pour les enfants. Du coup, les relations sont plus tendues. Ce n’est pas pour rien qu’on dit que les jeunes en difficulté viennent des quartiers populaires, c’est parce que les parents ne savent pas toujours les éduquer à cause de leur boulot et c’est un cercle vicieux. C’est ainsi que l’ascenseur social s’arrête. Mais je pense qu’il y a malgré tout cet amour inconditionnel dans les familles et c’est ça que j’ai voulu transmettre à travers mon film.
Véronique : Vos acteurs sont d’ailleurs très justes, très authentiques. Ils incarnent des personnages que l’on pourrait croiser tous les jours. Vous avez fait le choix de travailler avec des comédiens qui possédaient eux-mêmes une certaine humanité au départ?
Walid Mattar : Tout à fait ! La famille est en effet présentée sous des regards différents parce que les cultures sont différentes. En Tunisie, on ne peut pas s’énerver sur les parents, c’est culturel. C’est ce qui m’a d’ailleurs choqué quand j’ai commencé à connaître la vie en France, il y a des jeunes qui ne respectent pas leurs parents et vice-versa. Ce n’est pas qu’ils ne s’aiment pas, c’est qu’ils sont fatigués, énervés, contrariés mais ça, on ne le voit pas en Tunisie. En France, les parents travaillent durs, comme Hervé qui bosse à l’usine et fait les pauses, sa femme qui nettoie à la piscine et ils n’ont plus de temps pour les enfants. Du coup, les relations sont plus tendues. Ce n’est pas pour rien qu’on dit que les jeunes en difficulté viennent des quartiers populaires, c’est parce que les parents ne savent pas toujours les éduquer à cause de leur boulot et c’est un cercle vicieux. C’est ainsi que l’ascenseur social s’arrête. Mais je pense qu’il y a malgré tout cet amour inconditionnel dans les familles et c’est ça que j’ai voulu transmettre à travers mon film.
Véronique : Vos acteurs sont d’ailleurs très justes, très authentiques. Ils incarnent des personnages que l’on pourrait croiser tous les jours. Vous avez fait le choix de travailler avec des comédiens qui possédaient eux-mêmes une certaine humanité au départ?
Walid Mattar : Chaque comédien est différent dans le casting. Philippe est venu plus tard. On a commencé le casting avec Corinne Masiero car c’était important pour moi que ce soit quelqu’un du Nord. Je l’avais vue dans plusieurs films et j’aimais sa justesse de jeu, quand ça ressemble à la réalité. Elle est de Roubaix, elle connaît bien le milieu et elle a accepté de tourner dans le film car elle a aimé le scénario. Pour le personnage de Hervé, ça a été plus dur car plus j’avançais dans l’écriture, plus je cherchais le comédien qui pouvait l’interpréter, quelqu’un qui avait de la légèreté et qui pouvait apporter de la comédie dans un sujet difficile. Philippe a ça. Dans la vie, c’est quelqu’un de drôle. Si j’avais tourné ce film avec quelqu’un de posé et de fatigué, ça n’aurait pas été le même.
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C’est un film social mais en même temps, je voulais éviter le côté plombant. J’avais peur de cela et je ne voulais pas tomber dans l’extrême. Kacey Mottet-Klein, c’est pareil : c’est quelqu’un de vif, qui a de la joie de vivre et qui pouvait donc comprendre l’équilibre que je cherchais. Ce sentiment de s’installer avec la famille et de la connaître vient, je pense, du travail du dialogue aussi. Ce ne sont pas des dialogues informatifs ou poétiques, que du contraire, ce sont des mots de tous les jours. Et puis, il y a la préparation aussi. Philippe a passé dix jours dans le Nord, il a appris à pêcher, il est allé dans les PMU jusqu’à ce qu’il s’imprègne de toute cette vie. Le travail des décors a été important également. Marion Burger, a fait un énorme travail pour que chaque pièce ait une histoire. Et puis, l’éclairage, qui n’a toujours qu’une source unique, a donné une authenticité aussi… Ce film, je l’ai vu comme une chronique de deux familles, deux tranches de vie et on a tout mis en œuvre pour que ce soit proche de la réalité.
Véronique : On remarque aussi qu’il y a toute une série de subtilités qui se sont glissées dans votre histoire, des petites dénonciations. Par exemple, lorsque la police arrive à l’usine, l’un des personnages dit « Les pauvres qui tapent sur les pauvres, elle est belle la République ». Cette phrase est lourde de sens, comme d’autres…
Walid Mattar : Je pense que ce message politique, et les autres qui s’approchent d’un second degré, s’inscrivent dans un scénario qui m’a demandé beaucoup de temps à écrire. Sa structure ne m’a pas aidé et je voulais que l’on voie des choses simples : l’histoire entre un père et son fils, une histoire d’amour qui nous touche ou celle d’amis qui se retrouvent dans un bar. C’est le premier degré qui m’intéressait, le quotidien qu’on connaît et dans lequel on trouve des réalités, françaises ou tunisiennes. Je voulais éviter les pièges scénaristiques dans lesquels on serait trop facilement tombé et en même temps, je voulais que l’on reste aussi tendu, tout le temps. Le film est né dans un contexte où l’inconscience collective des gens connaissait l’exploitation, la délocalisation,… C’est mon premier film et maintenant, je me sens un peu vide et en manque d’inspiration parce que j’avais envie de tout mettre dans mon premier long. On veut tout raconter, présenter la vie telle qu’on la voit et pour l’instant, je ne vois pas ce que je pourrais dire d’autre (rires)
Véronique : Il y a aussi une belle part consacrée au rêve, à celui de recommencer une vie ailleurs ou autrement. On assiste d’ailleurs à une belle ellipse scénaristique pour l’illustrer…
Walid Mattar : Ça représente aussi deux regards, celui du Français et celui du Tunisien sur ce qu’on a ou pas. En France, on se dit qu’on n’a pas ceci, qu’on n’a pas cela, on râle, on se plaint d’être fatigué… alors que Foued, il est émerveillé de voir ce pays même s’il ne sait pas où dormir, s’il va obtenir un travail, s’il va réussir. La vie d’Hervé, c’est le rêve de Foued : il a une maison, une femme, un enfant. Elle n’est pas totalement enviable mais elle fait rêver d’autres personnes, et ça, il ne faut peut-être pas l’oublier et se rendre compte de la chance d’avoir ce que l’on a …
Véronique : On remarque aussi qu’il y a toute une série de subtilités qui se sont glissées dans votre histoire, des petites dénonciations. Par exemple, lorsque la police arrive à l’usine, l’un des personnages dit « Les pauvres qui tapent sur les pauvres, elle est belle la République ». Cette phrase est lourde de sens, comme d’autres…
Walid Mattar : Je pense que ce message politique, et les autres qui s’approchent d’un second degré, s’inscrivent dans un scénario qui m’a demandé beaucoup de temps à écrire. Sa structure ne m’a pas aidé et je voulais que l’on voie des choses simples : l’histoire entre un père et son fils, une histoire d’amour qui nous touche ou celle d’amis qui se retrouvent dans un bar. C’est le premier degré qui m’intéressait, le quotidien qu’on connaît et dans lequel on trouve des réalités, françaises ou tunisiennes. Je voulais éviter les pièges scénaristiques dans lesquels on serait trop facilement tombé et en même temps, je voulais que l’on reste aussi tendu, tout le temps. Le film est né dans un contexte où l’inconscience collective des gens connaissait l’exploitation, la délocalisation,… C’est mon premier film et maintenant, je me sens un peu vide et en manque d’inspiration parce que j’avais envie de tout mettre dans mon premier long. On veut tout raconter, présenter la vie telle qu’on la voit et pour l’instant, je ne vois pas ce que je pourrais dire d’autre (rires)
Véronique : Il y a aussi une belle part consacrée au rêve, à celui de recommencer une vie ailleurs ou autrement. On assiste d’ailleurs à une belle ellipse scénaristique pour l’illustrer…
Walid Mattar : Ça représente aussi deux regards, celui du Français et celui du Tunisien sur ce qu’on a ou pas. En France, on se dit qu’on n’a pas ceci, qu’on n’a pas cela, on râle, on se plaint d’être fatigué… alors que Foued, il est émerveillé de voir ce pays même s’il ne sait pas où dormir, s’il va obtenir un travail, s’il va réussir. La vie d’Hervé, c’est le rêve de Foued : il a une maison, une femme, un enfant. Elle n’est pas totalement enviable mais elle fait rêver d’autres personnes, et ça, il ne faut peut-être pas l’oublier et se rendre compte de la chance d’avoir ce que l’on a …
Photo du BRIFF - (c) Saskia Batugowski