Interview de Pablo Pauly
Dans le cadre du FIFA de Mons
Véronique et François – 13 février 2017
Dans le cadre du FIFA de Mons
Véronique et François – 13 février 2017
Présent le lundi 15 février lors de la projection son film « Patients », Grand Corps Malade n’est pas venu seul. Accompagné de Mehdi Idri (son co-réalisateur), et de son comédien principal Pablo Pauly, le slameur/réalisateur avait rendez-vous avec son public à l’Imagix de Mons pour une belle avant première. Nous, nous avions rendez-vous avec Pablo Pauly pour un entretien passionnant ! Rencontre avec un acteur talentueux, souriant, à l’écoute et surtout, très complice.
Véronique : Pablo Pauly, comment êtes-vous arrivé dans ce fabuleux film qu’est « Patients » de Grand Corps Malade ? Pablo Pauly : A l’époque, je vivais et travaillais à Londres et le directeur de casting, David Bertrand m’a appelé. Il m’a parlé de ce projet, j’ai reçu le scénario mais j’ai refusé car je faisais du théâtre à Londres et c’était plutôt compliqué. Plus tard, je reviens à Paris et il me rappelle que je n’ai toujours pas passé le casting et me convie à le faire. Le scénario est assez magnifique, il est plein d’espoir et d’amour et je me suis dit que c’était peut-être important d’en faire partie… mais moi, je n’aime pas trop le slam, je ne connaissais pas Fabien (Grands Corps Malade, ndlr) et ça ne m’intéressait pas plus que cela. Je vais au casting, je rencontre Fabien et Medhi et je me rends compte qu’il va falloir que je fasse partie de ce projet là. Tout d’abord parce que la construction va être très intéressante, parce que je ne connais pas grand-chose au milieu du handicap et qu’on ne parle pas de slam une seule seconde, ce qui est très humble de la part de Fabien, mais aussi et surtout parce que je trouve le scénario intéressant. Je bosse le truc, je passe le casting et c’est parti ! |
Véronique : Vous êtes plutôt habitué à des seconds rôles. C’est une des premières fois où on vous met en avant et en plus, à travers un rôle principal assez fort…
Pablo Pauly : Au cinéma oui, c’est la première fois. J’ai fait des premiers rôles dans des séries mais c’est différent : c’est un tournage qui est beaucoup plus long, les constructions sont moins développées pour des trucs un peu plus cartoonesques. Là c’est très précis. C’est fabuleux la responsabilité qu’on a et c’est une chance d’avoir Fabien et Mehdi qui nous suivent et nous aident. C’est une chance incroyable, surtout que c’était un gros rôle à construire.
François: En vous entendant, on a l’impression que c’est une aventure humaine avant tout. Est-ce que votre rapport, votre regard envers le monde du handicap a changé ?
Pablo Pauly : Evolué oui, un petit peu, mais il n’a pas vraiment changé car je n’ai jamais eu de pensées négatives à l’encontre des personnes handicapées. Je ne connaissais pas grand-chose donc le respect n’a pas changé en soi, mais l’information est plus importante maintenant. Avant, quand on regardait un handicapé dans la rue, on était désolé qu’il ne puisse pas marcher. Maintenant, après le film, je me rends compte qu’il y a des choses plus importantes pour lui que de ne pas savoir marcher : comme retrouver les gestes du quotidien, se brosser les dents, s’habiller, ce qui parait bête comme chou pour nous.
François: Grâce au film, on fait peut-être plus attention au souci de mobilité qu’a notre société ?
Pablo Pauly : Oui et puis surtout, on se rend compte que les cinémas, les musées ont peu d’accessibilité et qu’on est très en retard là-dessus. J’espère que ça va évoluer, que ce film va peut-être interpeller certaines personnes car il serait temps de donner un accès plus facile aux personnes handicapées.
Pablo Pauly : Au cinéma oui, c’est la première fois. J’ai fait des premiers rôles dans des séries mais c’est différent : c’est un tournage qui est beaucoup plus long, les constructions sont moins développées pour des trucs un peu plus cartoonesques. Là c’est très précis. C’est fabuleux la responsabilité qu’on a et c’est une chance d’avoir Fabien et Mehdi qui nous suivent et nous aident. C’est une chance incroyable, surtout que c’était un gros rôle à construire.
François: En vous entendant, on a l’impression que c’est une aventure humaine avant tout. Est-ce que votre rapport, votre regard envers le monde du handicap a changé ?
Pablo Pauly : Evolué oui, un petit peu, mais il n’a pas vraiment changé car je n’ai jamais eu de pensées négatives à l’encontre des personnes handicapées. Je ne connaissais pas grand-chose donc le respect n’a pas changé en soi, mais l’information est plus importante maintenant. Avant, quand on regardait un handicapé dans la rue, on était désolé qu’il ne puisse pas marcher. Maintenant, après le film, je me rends compte qu’il y a des choses plus importantes pour lui que de ne pas savoir marcher : comme retrouver les gestes du quotidien, se brosser les dents, s’habiller, ce qui parait bête comme chou pour nous.
François: Grâce au film, on fait peut-être plus attention au souci de mobilité qu’a notre société ?
Pablo Pauly : Oui et puis surtout, on se rend compte que les cinémas, les musées ont peu d’accessibilité et qu’on est très en retard là-dessus. J’espère que ça va évoluer, que ce film va peut-être interpeller certaines personnes car il serait temps de donner un accès plus facile aux personnes handicapées.
Véronique : L’histoire du film raconte celle de Grand Corps Malade à quelques exceptions près. Vous disiez ne pas le connaître mis à part quelques-uns de ses textes. Avez-vous lu son roman pour mieux le comprendre ? Pablo Pauly : Oui oui, j’ai lu son roman, j’ai écouté ses albums, j’ai avalé ses interviews, pensant que je devais vraiment le « mimer » alors qu’au final, ce n’était pas du tout ça : j’allais jouer Ben et non pas Fabien. On a voulu élargir le personnage mais oui, j’étais un peu obligé de me renseigner, de voir d’autres films sur le handicap, de m’inspirer de tout ce qui peut le faire, et j’ai construis le personnage, sans être vraiment conseillé. Toutes les scènes et tous les personnages ont existé. Pour moi, j’avais la pression de ne pas bien représenter cette époque là pour Fabien. Il ne s’en est jamais plaint, donc ça va… Sinon, tout est très vrai dans le film et dans le livre, il n’y a pas beaucoup d’évolution entre les deux, il y a même des choses en moins parce qu’on ne peut pas tout montrer ou cela durerait quatre heures. Véronique : Il expliquait, dans le dossier de presse, que beaucoup d’histoires étaient dissociées mais qu’il les avait concentrées dans un seul personnage… |
Pablo Pauly : Exactement ! Les parents sont un peu moins là parce que le film est centré sur l’espoir et l’amitié. Au sein du centre, on voit ses parents qui sont là, forcément, mais c’est plus une pastille scénaristique pour les retrouver plus tard. On est plus focalisé sur la bande d’amis, sur comment leur amitié peut apporter de l’amour et donc de l’espoir. C’était surtout ça son idée à lui.
Véronique : Votre but, c’était d’être Benjamin et non pas Fabien. Mais apparemment, ils ont eu la surprise de voir que la ressemblance physique avec Grand Corps Malade était presque évidente alors qu’au casting, vous aviez un look très différent de celui du premier jour du tournage ...
Pablo Pauly : Le jour du casting, je suis arrivé avec une énorme barbe rousse et les cheveux longs, pour les besoins d’un autre film. Du coup, il n’y avait aucune ressemblance, surtout que j’avais pris un peu de poids et pas mal de muscle pour un rôle. Il a donc fallu que je perde tout ça : une quinzaine de kilos en tout, un rasage, une coupe de cheveux, … petit à petit on prend les habits de l’époque et en passant 24h/24 avec Fabien, à le filmer, à lui voler tout ce que je pouvais lui voler, il y a forcément des choses qui s’imprègnent automatiquement. On passe quarante jours de tournage ensemble, on dort là-bas, je parle jour et nuit avec lui pour être le plus précis possible. C’est avec lui que mon rôle se construisait du coup je pense qu’automatiquement, il y a des choses que je lui volais ou qu’il me volait, je ne sais pas encore,… (rires)
François : Votre personnage évolue d’une façon incroyable dans le film, on y croit toujours. Comment avez-vous préparé ce travail physique du handicap, votre attitude générale qui présente un corps meurtri ?
Pablo Pauly : J’ai beaucoup travaillé parce que c’était un truc passionnant. On se rend compte qu’on va souffrir pendant deux ou trois mois mais ce n’est rien à côté de ces personnes souffrant de handicap. Je ne pense pas qu’on puisse trouver le timbre de voix avant d’avoir trouvé le corps. Quand on perd ses abdos, une dizaine de kilos, forcément la voix prend un autre rythme. J’ai commencé à travailler ça, à m’allonger et à tourner les pages pour lire le scénario une fois par jour. Petit à petit, le corps se met dans un truc un peu mou, on perd de l’énergie et puis de la voix. Je crois qu’on doit d’abord trouver le corps parce que le reste suivra. Et puis, il faut essayer de perdre les tics des personnes valides parce que ça ne peut pas arriver sur le tournage.
Véronique : Votre but, c’était d’être Benjamin et non pas Fabien. Mais apparemment, ils ont eu la surprise de voir que la ressemblance physique avec Grand Corps Malade était presque évidente alors qu’au casting, vous aviez un look très différent de celui du premier jour du tournage ...
Pablo Pauly : Le jour du casting, je suis arrivé avec une énorme barbe rousse et les cheveux longs, pour les besoins d’un autre film. Du coup, il n’y avait aucune ressemblance, surtout que j’avais pris un peu de poids et pas mal de muscle pour un rôle. Il a donc fallu que je perde tout ça : une quinzaine de kilos en tout, un rasage, une coupe de cheveux, … petit à petit on prend les habits de l’époque et en passant 24h/24 avec Fabien, à le filmer, à lui voler tout ce que je pouvais lui voler, il y a forcément des choses qui s’imprègnent automatiquement. On passe quarante jours de tournage ensemble, on dort là-bas, je parle jour et nuit avec lui pour être le plus précis possible. C’est avec lui que mon rôle se construisait du coup je pense qu’automatiquement, il y a des choses que je lui volais ou qu’il me volait, je ne sais pas encore,… (rires)
François : Votre personnage évolue d’une façon incroyable dans le film, on y croit toujours. Comment avez-vous préparé ce travail physique du handicap, votre attitude générale qui présente un corps meurtri ?
Pablo Pauly : J’ai beaucoup travaillé parce que c’était un truc passionnant. On se rend compte qu’on va souffrir pendant deux ou trois mois mais ce n’est rien à côté de ces personnes souffrant de handicap. Je ne pense pas qu’on puisse trouver le timbre de voix avant d’avoir trouvé le corps. Quand on perd ses abdos, une dizaine de kilos, forcément la voix prend un autre rythme. J’ai commencé à travailler ça, à m’allonger et à tourner les pages pour lire le scénario une fois par jour. Petit à petit, le corps se met dans un truc un peu mou, on perd de l’énergie et puis de la voix. Je crois qu’on doit d’abord trouver le corps parce que le reste suivra. Et puis, il faut essayer de perdre les tics des personnes valides parce que ça ne peut pas arriver sur le tournage.
Véronique : Une des scènes marquantes, c’est celle où vous vous levez en vous maintenant sur les barres parallèles. On a vraiment l’impression que c’est une victoire pour le personnage mais aussi pour vous…
Pablo Pauly : C’était incroyable pour nous aussi parce que j’ai eu la chance de tourner les scènes dans l’ordre chronologique. C’était fabuleux car je ne devais pas me dire qu’à la séquence 63 j’ai le doigt qui bouge alors qu’à la scène 2 pas du tout… ça aurait été l’enfer. Comme on tourne tout chronologiquement, on est tous attaché à ce personnage-là, tous les techniciens, tous les gens du centre, tous les acteurs. |
Quand Ben va sur son fauteuil pour la première fois, on était tous hyper contents parce qu’on ne parlera plus de cette chambre et ça marque une évolution dans le tournage aussi. Quand Ben se lève sur les barres parallèles, je me suis dit « ça y est, je peux tenir sur mes bras » alors que je ne les ai pas utilisés durant deux mois de tournage. Tout était très marqué, très précis dans le temps autant pour le personnage que pour nous. Quand on arrive à la scène du match de basket, on était très heureux car c’était le dernier jour de tournage pour nous, c’était la fin du film.
François : Comment s’est passée l’interaction avec les autres comédiens ? Vous avez effectué un travail collectif pour la préparation de vos rôles respectifs?
Pablo Pauly : J’ai bossé de mon côté d’abord pour perdre mes kilos et trouver le corps de mon personnage mais après, on a beaucoup répété ensemble. On barrait les phrases qui ne marchaient pas, on en rajoutait… c’était un peu la course à la vanne. Après, on aime beaucoup jouer ensemble et je crois que ça se ressent à l’écran. Il fallait que chacun trouve sa place par rapport à son personnage dans un premier temps. Ensuite, on a eu besoin de se voir pendant pas mal de temps, d’aller au centre de rééducation pour répéter pour prendre nos fauteuils en main, rencontrer d’autres patients du centre, qui sont d’ailleurs figurants dans le film, pour que le tournage soit fluide. On a beaucoup répété pour qu’après, on puisse tout oublier et nourrir un peu plus le tournage une fois sur le plateau.
François : Comment s’est passée l’interaction avec les autres comédiens ? Vous avez effectué un travail collectif pour la préparation de vos rôles respectifs?
Pablo Pauly : J’ai bossé de mon côté d’abord pour perdre mes kilos et trouver le corps de mon personnage mais après, on a beaucoup répété ensemble. On barrait les phrases qui ne marchaient pas, on en rajoutait… c’était un peu la course à la vanne. Après, on aime beaucoup jouer ensemble et je crois que ça se ressent à l’écran. Il fallait que chacun trouve sa place par rapport à son personnage dans un premier temps. Ensuite, on a eu besoin de se voir pendant pas mal de temps, d’aller au centre de rééducation pour répéter pour prendre nos fauteuils en main, rencontrer d’autres patients du centre, qui sont d’ailleurs figurants dans le film, pour que le tournage soit fluide. On a beaucoup répété pour qu’après, on puisse tout oublier et nourrir un peu plus le tournage une fois sur le plateau.
Véronique : Parmi ces personnages, il y en a un qui est particulièrement attachant : Samir, le seul comédien véritablement atteint de handicap et qui a d’ailleurs créé une association de handi-basket …
Pablo Pauly : …Tout à fait, « le 6ème sens »… Véronique : … C’est formidable de le mettre ainsi en lumière. Le public se renseignera peut-être sur son asbl et c’est aussi une belle façon de lui donner sa chance au cinéma… Pablo Pauly : On l'espère pour lui ! Samir, c’est un vieux pote de Fabien et Medhi mais aussi un fan. Ils se sont rencontrés il y a une dizaine d’années et ils se sont suivis un petit peu. Fabien a écrit son livre, il lui a dit que si un jour il en faisait un film, il lui ferait passer le casting en lui disant « si tu es mauvais, tu ne joueras pas ». Mais il a un truc tellement touchant, une sincérité exceptionnelle qu’il a tenu son rôle à merveille ! Il sera là ce soir d’ailleurs parce qu’il habite tout près d’ici. |
François : Vous êtes le personnage principal et pourtant, on n’a pas oublié de donner une intensité aux autres personnages…
Pablo Pauly : Clairement ! Je crois que Ben ne peut exister et récupérer son corps petit à petit que s’il y a les autres. Il y a le médecin qui lui dit qu’il ne pourra plus jamais jouer au basket, mais ses amis sont là pour l’aider à récupérer même si eux n’y parviennent pas. Ce que je trouve très beau là-dedans, c’est que l’amitié, pourtant très récente, l’aide à se motiver et à récupérer son corps.
Pablo Pauly : Clairement ! Je crois que Ben ne peut exister et récupérer son corps petit à petit que s’il y a les autres. Il y a le médecin qui lui dit qu’il ne pourra plus jamais jouer au basket, mais ses amis sont là pour l’aider à récupérer même si eux n’y parviennent pas. Ce que je trouve très beau là-dedans, c’est que l’amitié, pourtant très récente, l’aide à se motiver et à récupérer son corps.
François : Aviez-vous des appréhensions face à Fabien, réalisateur du film mais aussi auteur de l’histoire de sa vie ?
Pablo Pauly : Il n’y avait pas de pression du tout et comme j’ai confiance en ce que je fais, j’ai pris ça comme une chance de pouvoir travailler avec lui puisque tout ce qui se passe lui est arrivé. Il m’a donné des petits détails en plus et c’est une chance incroyable d’avoir pu faire ce travail avec lui. Le seul jour où je me suis mis la pression, c’est le dernier jour de tournage en béquilles parce que là, pour le coup, je ne joue plus Ben, mais je le joue lui. J’aurais pu inventer n’importe quelle autre démarche mais j’ai choisi la sienne. Là, je me suis dit qu’il fallait que j’assure parce tout le reste du temps, je faisais ce que je voulais alors qu’à ce moment là, je ne suis plus vraiment moi.
François : Le film est rempli d’amour, d’espoir et n’est jamais narcissique ou moralisateur. Vous avez pu éviter les pièges, ce qui n’a pas dû être facile…
Pablo Pauly : Tout est filmé à hauteur de fauteuil, les valides sont filmés en contre-plongée et on est dans le point de vue des patients. Quand on est venu dans le centre pour répéter, il y a eu des moments difficiles, comme lorsqu’on est passé dans le couloir des grands brûlés. A la fin de la journée, on a parlé avec les patients, on a déjeuné avec eux, on s’est marré, et même si émotionnellement, c’était très chargé, on l’a vite oublié. Ils sont tous hyper ouverts, remplis d’amour et on a essayé de bien faire le boulot pour eux plutôt que pour nous. Ca change pas mal la donne d’être tourné vers les autres plutôt que sur soi.
François : Grands Corps Malade a fait le choix d’un film plutôt que celui d’un documentaire, peut-être parce que ça ouvre plus facilement les portes au public ?
Pablo Pauly : Ca aurait été tout autre chose si on avait fait un documentaire. Il y a des documentaires fabuleux mais là, en l’occurrence, il fallait laisser un peu la place au rêve. Même si tout ce qui se trouve dans le film est arrivé, on avait besoin d’acteurs, d’une histoire d’amour, de rêver un petit peu. Pour moi, le film permet de moins s’éparpiller que dans un documentaire, on suit le point de vue du réalisateur et le cadre est plus serré.
Véronique : Vous avez déjà fait d’autres avant-premières, d’autres festivals et mesuré l’accueil du public ?
Pablo Pauly : Bien sûr. Pour l’instant, il y a un accueil assez formidable, beaucoup d’applaudissements à la fin, des yeux un peu humides aussi et beaucoup de rire. On a regardé les six ou sept premières projections parce qu’on avait besoin d’être dans la salle et de sentir les gens. Là, ça fait un petit temps que je ne l’ai plus vu et j’aimerais le revoir ! On a fait plusieurs festivals aussi, on a gagné des prix mais ce qu’on aime surtout, c’est de voir les gens qui se sont tapés 1h50 de film et qui restent à la fin pour nous poser des questions et nous donner leur ressenti. On a de très beaux témoignages, surtout de parents d’anciens patients qui disent qu’ils ne connaissaient pas cette réalité là de leurs enfants: les conneries qu’ils pouvaient faire le soir, les mini fugues, les partages de musique, les fumettes… Ils sont ravis de découvrir ça. Ca doit être la quarantième avant-première et pour l’instant l’accueil est très, très bon.
Véronique : « Patients » va très certainement vous ouvrir un peu plus les portes du cinéma. Quel serait votre rêve le plus fou ?
Pablo Pauly : Je voudrais faire des films qui comptent et être heureux. Je crois que c’est ça le rêve absolu : je suis très amoureux, j’ai une super famille, … mais en matière de cinéma, je voudrais faire des films qui apportent un peu de bien aux gens. Je me suis identifié dans des films depuis que je suis tout petit, si je peux apporter cela à des plus petits que moi, j’ai tout gagné !
François : Vous avez un réalisateur avec qui vous aimeriez tourner ou des acteurs ? Vous avez carte blanche, allez-y !
Pablo Pauly : Il n’y avait pas de pression du tout et comme j’ai confiance en ce que je fais, j’ai pris ça comme une chance de pouvoir travailler avec lui puisque tout ce qui se passe lui est arrivé. Il m’a donné des petits détails en plus et c’est une chance incroyable d’avoir pu faire ce travail avec lui. Le seul jour où je me suis mis la pression, c’est le dernier jour de tournage en béquilles parce que là, pour le coup, je ne joue plus Ben, mais je le joue lui. J’aurais pu inventer n’importe quelle autre démarche mais j’ai choisi la sienne. Là, je me suis dit qu’il fallait que j’assure parce tout le reste du temps, je faisais ce que je voulais alors qu’à ce moment là, je ne suis plus vraiment moi.
François : Le film est rempli d’amour, d’espoir et n’est jamais narcissique ou moralisateur. Vous avez pu éviter les pièges, ce qui n’a pas dû être facile…
Pablo Pauly : Tout est filmé à hauteur de fauteuil, les valides sont filmés en contre-plongée et on est dans le point de vue des patients. Quand on est venu dans le centre pour répéter, il y a eu des moments difficiles, comme lorsqu’on est passé dans le couloir des grands brûlés. A la fin de la journée, on a parlé avec les patients, on a déjeuné avec eux, on s’est marré, et même si émotionnellement, c’était très chargé, on l’a vite oublié. Ils sont tous hyper ouverts, remplis d’amour et on a essayé de bien faire le boulot pour eux plutôt que pour nous. Ca change pas mal la donne d’être tourné vers les autres plutôt que sur soi.
François : Grands Corps Malade a fait le choix d’un film plutôt que celui d’un documentaire, peut-être parce que ça ouvre plus facilement les portes au public ?
Pablo Pauly : Ca aurait été tout autre chose si on avait fait un documentaire. Il y a des documentaires fabuleux mais là, en l’occurrence, il fallait laisser un peu la place au rêve. Même si tout ce qui se trouve dans le film est arrivé, on avait besoin d’acteurs, d’une histoire d’amour, de rêver un petit peu. Pour moi, le film permet de moins s’éparpiller que dans un documentaire, on suit le point de vue du réalisateur et le cadre est plus serré.
Véronique : Vous avez déjà fait d’autres avant-premières, d’autres festivals et mesuré l’accueil du public ?
Pablo Pauly : Bien sûr. Pour l’instant, il y a un accueil assez formidable, beaucoup d’applaudissements à la fin, des yeux un peu humides aussi et beaucoup de rire. On a regardé les six ou sept premières projections parce qu’on avait besoin d’être dans la salle et de sentir les gens. Là, ça fait un petit temps que je ne l’ai plus vu et j’aimerais le revoir ! On a fait plusieurs festivals aussi, on a gagné des prix mais ce qu’on aime surtout, c’est de voir les gens qui se sont tapés 1h50 de film et qui restent à la fin pour nous poser des questions et nous donner leur ressenti. On a de très beaux témoignages, surtout de parents d’anciens patients qui disent qu’ils ne connaissaient pas cette réalité là de leurs enfants: les conneries qu’ils pouvaient faire le soir, les mini fugues, les partages de musique, les fumettes… Ils sont ravis de découvrir ça. Ca doit être la quarantième avant-première et pour l’instant l’accueil est très, très bon.
Véronique : « Patients » va très certainement vous ouvrir un peu plus les portes du cinéma. Quel serait votre rêve le plus fou ?
Pablo Pauly : Je voudrais faire des films qui comptent et être heureux. Je crois que c’est ça le rêve absolu : je suis très amoureux, j’ai une super famille, … mais en matière de cinéma, je voudrais faire des films qui apportent un peu de bien aux gens. Je me suis identifié dans des films depuis que je suis tout petit, si je peux apporter cela à des plus petits que moi, j’ai tout gagné !
François : Vous avez un réalisateur avec qui vous aimeriez tourner ou des acteurs ? Vous avez carte blanche, allez-y !
Pablo Pauly : En France, j’aimerais beaucoup tourner avec Jacques Audiard… Si j’ai carte blanche, c’est génial ! Alors, je rêverais de tourner avec Martin Scorsese parce qu’il y a tout dans son cinéma… Véronique : … Vous avez d’ailleurs des petits airs d'Andrew Garfield… Pablo Pauly : Merci, je prends le compliment (rires). Si je peux avoir 50% de son talent, je le veux bien ! J’aimerais aussi tourner avec Park Chan- Wook, qui est le réalisateur de « Mademoiselle » et « Old boy ». Qu’est-ce que j’aimerais faire d’autre ? (Il réfléchit). Jouer pour Thomas Vintenberg, qui a fait « Submarino ». Côté acteurs, je voudrais donner la réplique à Vincent Cassel, c’est un peu le seul qui me met vraiment sur le cul. En Belgique, Yannick Regnier (qui joue son kiné dans le film, ndlr) et aux Etats-Unis … Daniel Dayl- Lewis, parce que pour moi, c’est l’acteur ultime ! Il a tout et on ne le reconnaît jamais dans aucun de ses films. C’est très flippant, je ne sais pas comment il fait. En même temps, il fait un film tous les cent ans... mais c’est un grand ! |