Conférence de presse de Marc Webb
Deauville – Samedi 2 septembre 2017
Deauville – Samedi 2 septembre 2017
Marc Webb est doublement représenté dans cette 43ème édition du Festival du Cinéma Américain de Deauville. Pour son film en compétition, «Mary » mais aussi pour « The only living boy in New York », présenté en avant-première. Une belle occasion pour l’écouter parler, avec passion, de sa filmographie et de ses divers moteurs.
Quels films vous en influencés en tant que réalisateur ?
Quels films vous en influencés en tant que réalisateur ?
Marc Webb : Puisque nous sommes ici à Deauville, il me semble évident que j’évoque « Un homme et une femme » de Claude Lelouch. Le film et Anouck Aimée m’ont beaucoup marqués. Il y a également, Jean-Claude Robert ou Krzysztof Kieślowski, des réalisateurs qui ont eu un impact sur moi mais pas forcément de manière consciente. Parfois, ce sont les thèmes abordés ou la manière dont ça a été fait qui ont eu une influence sous-jacente sur moi. Lorsque j’y réfléchis, il y a d’autres réalisateurs qui m’ont influencé et parmi eux, Peter Wier qui est, à mon sens, largement sous-estimé ou encore Pedro Almodovar. J’ai regardé beaucoup de films issus de ce genre de cinéma lorsque j’avais une vingtaine d’années. |
Avant d’être réalisateur pour le cinéma, je réalisais des vidéos clips. J’en ai fait beaucoup pour la musique et j’ai d’ailleurs reçu un prix pour un clip de Green Day. A présent, c’est vrai qu’on commence à me connaître en tant que réalisateur de films "grand public", et notamment avec mes « Spiderman ». Néanmoins, je garde toujours un œil sur les films indépendants européens pour lesquels j’ai un grand intérêt et qui ont nourri mon travail d’aujourd’hui.
Comment s’est passé le casting de la jeune « Mary » et comment avez-vous dirigé McKenna Grace ?
Marc Webb : Le processus du casting a été assez complexe et long. J’ai été très intimidé par tous ces enfants que j’ai vu les uns après les autres. Finalement, mon film est très simple, il n’y a pas de multiples rebondissements. Ce genre de film repose essentiellement sur l’authenticité et sur la véracité des sentiments, chose que les acteurs doivent réussir à faire passer. Quand on demande cela à un comédien qui a déjà fait beaucoup de films, a priori, on n’a pas de souci. Mais, sur ce film, j’ai vraiment voulu trouver une profondeur, de l’humour, des choses qui sont difficiles à exprimer et tout cela, je l’ai cherché dans une petite fille de 8 ans. C’était très compliqué à tel point qu’à un moment donné, je me suis dit que je n’arriverais jamais à trouver une enfant qui puisse faire passer autant de choses différentes dans son jeu. J’ai vu des centaines de vidéos mais assez tôt, j’ai visionné celle de McKenna Grace. Très vite, il y a eu une rencontre entre elle et Chris Evans. Je leur ai demandé de jouer une scène forte émotionnellement : elle devait s’énerver et tout foutre en l’air. La petite fille m’a demandé deux secondes, est sortie de la pièce pour s’isoler quelques instants et quand elle est revenue, elle a « cassé la baraque ». Elle était incroyable et avait un naturel étonnant une fois la scène finie. Chris et moi avons vraiment été bluffés. Elle était aussi capable d’improviser, ce qui était formidable puisque je voulais un film le plus authentique possible. Chez un enfant, ce n’est pas facile de le faire mais elle, elle est parvenue à le faire.
Comment s’est passé le casting de la jeune « Mary » et comment avez-vous dirigé McKenna Grace ?
Marc Webb : Le processus du casting a été assez complexe et long. J’ai été très intimidé par tous ces enfants que j’ai vu les uns après les autres. Finalement, mon film est très simple, il n’y a pas de multiples rebondissements. Ce genre de film repose essentiellement sur l’authenticité et sur la véracité des sentiments, chose que les acteurs doivent réussir à faire passer. Quand on demande cela à un comédien qui a déjà fait beaucoup de films, a priori, on n’a pas de souci. Mais, sur ce film, j’ai vraiment voulu trouver une profondeur, de l’humour, des choses qui sont difficiles à exprimer et tout cela, je l’ai cherché dans une petite fille de 8 ans. C’était très compliqué à tel point qu’à un moment donné, je me suis dit que je n’arriverais jamais à trouver une enfant qui puisse faire passer autant de choses différentes dans son jeu. J’ai vu des centaines de vidéos mais assez tôt, j’ai visionné celle de McKenna Grace. Très vite, il y a eu une rencontre entre elle et Chris Evans. Je leur ai demandé de jouer une scène forte émotionnellement : elle devait s’énerver et tout foutre en l’air. La petite fille m’a demandé deux secondes, est sortie de la pièce pour s’isoler quelques instants et quand elle est revenue, elle a « cassé la baraque ». Elle était incroyable et avait un naturel étonnant une fois la scène finie. Chris et moi avons vraiment été bluffés. Elle était aussi capable d’improviser, ce qui était formidable puisque je voulais un film le plus authentique possible. Chez un enfant, ce n’est pas facile de le faire mais elle, elle est parvenue à le faire.
Je ne lui ai pas fait rencontrer des enfants surdoués car je ne voulais pas qu’elle imite quelqu’un. Moi, j’en ai rencontré, évidemment, pour comprendre la problématique qui entoure ce genre d’enfants, et voir comment ils vivent. Pendant la première semaine de tournage, on a tourné toutes les scènes qui se déroulent à l’intérieur de la classe. Jenny Slate, la comédienne qui joue l’enseignante, a donné cours à une vingtaine d’enfants. Les caméras avaient de longues focales et filmaient donc de loin pour qu’elles ne soient pas dans le champ de vision des enfants. Au bout de quelques minutes, les gosses ont complètement oublié que c’était un film et le naturel s’est peu à peu installé. Les quelques phrases écrites pour l’échange entre McKenna Grace et Jenny sont devenues tout à fait ordinaires et les enfants autour ont commencé à interagir. On était dans l’improvisation au sens premier du terme. J’ai d’ailleurs eu l’impression de tourner un documentaire et c’est ce qui m’intéressait.
Pour résumer, j’ai eu une chance incroyable d’avoir trouvé McKenna Grace, une jeune comédienne brillante avec qui il suffisait de laisser tourner la caméra pour que tout se passe au mieux. |
Votre film « Mary » porte-t-il plutôt sur l’enfance ou sur la vie d’une petite fille surdouée ?
Marc Webb : Mon film ne porte pas vraiment sur les enfants surdoués. C’est un film qui nous fait réfléchir par la notion de « parent » au sens large. J’ai voulu faire un film accessible et montrer à travers Frank ce que c’est que d’être parent. Le fait qu’il y ait des enfants surdoués, c’était un moyen pour moi d’apporter de la dramatisation dans l’histoire mais ce n’est clairement pas le sujet principal du film.
Avez-vous envie de vous intéresser à de grandes histoires ? Agissez-vous différent quand il s’agit d’un film plus intimiste ?
Marc Webb : Pour moi, un film plus important ou à grand spectacle a aussi un rapport intime entre ses personnages. Il faut beaucoup d’intimé pour aller jusqu’au bout des choses, pour bien exploiter la psychologie des personnages. Pour moi, celui qui représente le mieux cette tendance, c’est Steven Spielberg. Il fait des films à grand spectacle mais il y a toujours un rapport à l’humain très important. Je pense à « Rencontre du 3ème type », film où il se passe de grandes choses, des lumières dans le ciel et tout ce que l’on veut mais en même temps, il a réussi à obtenir de la part de Dreyfus, François Truffaut et des autres comédiens de belles émotions. Qu’il y ait beaucoup d’enjeux, d’argent ou non, ça m’importe peu mais ce qui je veux, c’est que le film soit intéressant. Avec « Mary », je voulais faire un petit film, minimaliste dans sa mise en scène. Ce qui m’attire, ce sont les petits détails qu’on ne peut déceler que dans des mises en scènes minimalistes justement. Un tic physique, tout ce qui se passe dans la communication non verbale, les gestes, le corps, le rapport à l’espace, tout ça m’intéresse. Avant, j’étais monteur et lorsque l’on fait un montage, on prête attention à tous ces détails qu’on ne voit pas tout de suite mais qu’on ressent. Lorsque je regarde un film, c’est tout cela que je regarde et qui me font sentir l’authenticité d’une scène.
Quand j’ai tourné « Spiderman », je faisais attention à tous les gestes d’Andrew Garfield, la façon dont il tournait la tête par exemple. La majorité du public ne va peut-être pas le voir mais pour moi c’est primordial.
Marc Webb : Mon film ne porte pas vraiment sur les enfants surdoués. C’est un film qui nous fait réfléchir par la notion de « parent » au sens large. J’ai voulu faire un film accessible et montrer à travers Frank ce que c’est que d’être parent. Le fait qu’il y ait des enfants surdoués, c’était un moyen pour moi d’apporter de la dramatisation dans l’histoire mais ce n’est clairement pas le sujet principal du film.
Avez-vous envie de vous intéresser à de grandes histoires ? Agissez-vous différent quand il s’agit d’un film plus intimiste ?
Marc Webb : Pour moi, un film plus important ou à grand spectacle a aussi un rapport intime entre ses personnages. Il faut beaucoup d’intimé pour aller jusqu’au bout des choses, pour bien exploiter la psychologie des personnages. Pour moi, celui qui représente le mieux cette tendance, c’est Steven Spielberg. Il fait des films à grand spectacle mais il y a toujours un rapport à l’humain très important. Je pense à « Rencontre du 3ème type », film où il se passe de grandes choses, des lumières dans le ciel et tout ce que l’on veut mais en même temps, il a réussi à obtenir de la part de Dreyfus, François Truffaut et des autres comédiens de belles émotions. Qu’il y ait beaucoup d’enjeux, d’argent ou non, ça m’importe peu mais ce qui je veux, c’est que le film soit intéressant. Avec « Mary », je voulais faire un petit film, minimaliste dans sa mise en scène. Ce qui m’attire, ce sont les petits détails qu’on ne peut déceler que dans des mises en scènes minimalistes justement. Un tic physique, tout ce qui se passe dans la communication non verbale, les gestes, le corps, le rapport à l’espace, tout ça m’intéresse. Avant, j’étais monteur et lorsque l’on fait un montage, on prête attention à tous ces détails qu’on ne voit pas tout de suite mais qu’on ressent. Lorsque je regarde un film, c’est tout cela que je regarde et qui me font sentir l’authenticité d’une scène.
Quand j’ai tourné « Spiderman », je faisais attention à tous les gestes d’Andrew Garfield, la façon dont il tournait la tête par exemple. La majorité du public ne va peut-être pas le voir mais pour moi c’est primordial.
Dans votre film « (500) jours ensemble », on pense assister à un happy end mais ce n’est pas totalement le cas. Quel est votre point de vue sur cette fin ?
Marc Webb : Les prénoms utilisés dans le film sont aussi des noms de saison. « Ete » et « Automne » sont utilisés comme prénoms anglais aux Etats-Unis mais dans le film, je voulais aussi souligner que l’amour est quelque chose de saisonnier, que ça s’arrête et ça revient sans cesse. Je voulais juste le suggérer bien que je n’avais pas d’idées préconçues sur une fin fermée. C’est aussi la raison pour laquelle à la fin, Tom regarde la caméra et casse le 4ème mur, celui qui sépare les spectateurs et les personnages du film. Il réagit comme s’il voulait nous dire « ça y est, ça recommence ». Souhaitez-vous un jour, comme Claude Lelouch, que la caméra puisse être une sorte de lunettes qui nous permettent de mieux filmer la réalité ? |
Marc Webb : Comme tout le monde, j’ai ressenti une sorte de poussée démocratique des moyens techniques. Aujourd’hui, tout le monde peut devenir réalisateur avec le premier téléphone venu. C’est très compliqué et ambivalent parce que c’est irritant et en même temps, c’est formidable, ça dépend juste de qui tient la caméra. C’est vrai que cette avancée technologique s’est faite sur ces 15 dernières années et qu’elle a permis l’émergence de nouveaux talents. Mes nièces font des films avec leur téléphone portable et utilisent le logiciel IMovie pour monter les séquences qu’elles ont filmées. Tous ces nouveaux moyens de filmer sont une sorte d’extension de nos mains. C’est terrifiant et super chouette à la fois parce que ça peut donner naissance à des choses complètement nouvelles. Je pense que ce que Lelouch voulait dire, c’est que ce serait intéressant de trouver un moyen technique pour faire en sorte que le public se mette réellement dans les chaussures du personnage dont on raconte l’histoire pour qu’on vive le spectacle à 100%. J’espère que ça n’arrivera pas trop vite parce que dans la vraie vie, on a énormément de passages ennuyeux et heureusement pour nous, le montage existe pour aller à l’essentiel.