Interview de Anny Duperey
Dans le cadre du Festival 2 Valenciennes
- 24 mars 2018-
Dans le cadre du Festival 2 Valenciennes
- 24 mars 2018-
Anny Duperey est connue de tous. Pour ses rôles dans de nombreux films où elle partage l’affiche avec des comédiens tels que Jean-Paul Belmondo, Patrick Dewaere, Pierre Richard, Jean Rochefort ou encore Al Pacino mais aussi pour celui de Catherine Beaumont dans la série « Une famille formidable » débutée en 1992. Mais Anny Duperey est aussi une auteure touchante, livrant son passé, ses douleurs, ses passions et ses moteurs dans des romans de fiction ou autobiographiques. C’est avec beaucoup de plaisir que nous l’avons rencontrée à quelques heures de la soirée de clôture du Festival 2 Valenciennes où elle était, très logiquement, l’invitée coup de cœur.
Véronique : Nous nous rencontrons ici dans le cadre de la soirée d’hommage qui vous est consacrée. Trois de vos films ont d’ailleurs été proposés au public durant la journée : « Staviski », « Vous n’avez encore rien vu » et « Un éléphant ça trompe énormément ». Mais parmi tous ceux qui composent votre filmographie, quel est celui que vous auriez choisi de nous montrer ? Anny Duperey : C’est mignon et super gentil de faire cet hommage ! De mon côté, j’avais suggéré des films que les gens ne voient pas ou plus jamais. Dans les raretés, j’ai eu le bonheur de faire le dernier film de Françoise Rosay mis en scène par Jean Delannoy (« Pas folle la guêpe », ndlr) mais le film est trop ancien et n’est donc pas numérisé. |
Il y avait un film de de Broca aussi, avec Patrick Dewaere qui était vachement bien. C’est dommage de ne pas pouvoir faire découvrir des choses que les gens ne verront pas… Sinon, si je devais vraiment en choisir un, ce serait un film pour la télévision dont j’avais écrit le scénario. Ce film, c’est le premier qu’on a fait ensemble Bernard Giraudeau et moi pour Antenne 2 : « La face de l’Ogre ». J’avais écrit le scénario et lui s’occupait de la mise en scène. Dans ce film, on trouve Pierre Vaneck et une petite jeune que j’avais repérée dans un film que j’avais fait avec de Broca, une certaine… Catherine Frot. Ca m’aurait vraiment fait plaisir de le revoir et de le montrer aux gens car je trouve que c’est un beau film ! Il vaudrait le coup qu’on le restaure parce qu’il est hyper cinématographique. On fait parfois des hommages à Bernard (Giraudeau) durant lesquels on passe des films qu’il a fait mais celui-là, c’est son tout premier film et je pense pas qu’on le montre aux spectateurs, c’est dommage !
Pour ce film, j’avais adapté le roman d’une montagnarde (Simone Desmaison, ndlr) qui l’avait écrit depuis un fait divers de 1934 et qui se déroulait dans la high gear en Allemagne. Là-bas, un gars avait essayé d’escalader la face nord avec les moyens de l’époque mais il était tombé au dessus d’un dévers et est resté pendu longtemps. A l’époque, il n’y avait aucun moyen en plein hiver pour aller chercher son corps si bien qu’il est resté là pendant deux ans je crois. Dans l’hôtel en bas, c’était devenu une curiosité et ils avaient installé des jumelles pour que les touristes viennent voir le pendu de la high gear.
Elle était partie de ce fait divers pour écrire son bouquin et moi, j’ai pris le même départ pour faire le scénario. Dans le film, je joue une femme qui travaille dans l’hôtel, situé sur la Mer de glace dans le Montenvers. Elle faisait son thé à côté des cons qui venaient voir le pendu. Le directeur de l’hôtel, qui était joué par Pierre Vaneck, était dans une espèce de torsion vis-à-vis de mon personnage, tout simplement parce que j’étais la femme du gars en question. |
A l’époque, je n’avais pas encore écrit « Le voile noir », et tout le monde trouvait ce sujet terrible (rires). Effectivement, à la fin du film, ils font tomber le corps et c’est à ce moment que la pauvre fille est partie en vrille, tout simplement parce qu’à partir de ce moment là, elle prenait conscience qu’il fallait regarder la vérité en face. Mon personnage faisait un déni du deuil et je ne comprenais pas pourquoi j’étais si à l’aise avec ce rôle. Maintenant je sais pourquoi…
Véronique : Vous avez tourné avec beaucoup de réalisateurs emblématiques. Vous avez cité de Broca mais on peut ajouter Yves Robert, Henri Verneuil, Francis Veber. Il y en a un qui vous a marqué plus que les autres ?
Anny Duperey : Il y en a un avec qui je me suis formidablement entendue : c’est Sydney Pollack ! J’ai eu un rapport formidable avec lui. Il était pour moi le summum du chouette metteur en scène parce que c’était un gars qui avait été acteur et metteur en scène. Il connaissait la musique. Avec lui, on voyait les scènes avant la technique. On n’allait pas se maquiller le matin, on répétait la scène dans le décor comme des copains, on essayait et on adaptait les choses pour que je me sente bien. Une fois qu’on savait comment se mouvoir, on allait se maquiller, la technique arrivait et on tournait en fonction de ce qu’on avait répété. Ça, c’était génial.
Véronique : Il y a d’autres jalons qui vous ont conforté, porté ou, au contraire, déstabilisé?
Anny Duperey : Non. Quoique... le premier m’a assez dérouté mais tout le monde savait combien Godard pouvait être désagréable. C’est un de ses assistants qui m’a présenté, lorsque j’étais en deuxième année au Conservatoire. On s’est croisé sur le trottoir, Godard m’a regardé et il m’a dit « ça ira ». J’étais étonnée d’être engagée comme cela, juste en ayant été jaugée (rires). Moi, il m’a plus ou moins laissée tranquille sur le tournage. Ça lui arrivait de me filer un papier avec une phrase que je ne comprenais pas écrite dessus et de me demander de la dire. Par contre, il était épouvantable avec Marina Vlady, qu’il a voulu épouser, mais comme elle avait refusé, il ne lui adressait plus la parole. Je peux vous dire que cette première expérience était marquante mais heureusement, je me suis rendue compte que ce n’était pas tout le temps comme ça ! (Rires)
Véronique : Vous vous êtes essayée à de nombreux registres au théâtre ou au cinéma mais il y a un rôle que vous voudriez tenter?
Anny Duperey : C’est justement l’avantage de ne pas avoir choisi de faire ce métier et de ne pas avoir d’ambition particulière. J’ai pris les choses comme elle venait. Un de vos collègues m’a demandé, lorsque j’avais 17 ans, qu’elle serait ma ligne de carrière et je lui avais répondu « le zigzag. Parce que c’est la manière la plus longue et la plus variée d’aller d’un point à un autre ». Et c’est justement ce que j’ai fait tout au long de ma carrière !
Véronique : Vous avez tourné avec beaucoup de réalisateurs emblématiques. Vous avez cité de Broca mais on peut ajouter Yves Robert, Henri Verneuil, Francis Veber. Il y en a un qui vous a marqué plus que les autres ?
Anny Duperey : Il y en a un avec qui je me suis formidablement entendue : c’est Sydney Pollack ! J’ai eu un rapport formidable avec lui. Il était pour moi le summum du chouette metteur en scène parce que c’était un gars qui avait été acteur et metteur en scène. Il connaissait la musique. Avec lui, on voyait les scènes avant la technique. On n’allait pas se maquiller le matin, on répétait la scène dans le décor comme des copains, on essayait et on adaptait les choses pour que je me sente bien. Une fois qu’on savait comment se mouvoir, on allait se maquiller, la technique arrivait et on tournait en fonction de ce qu’on avait répété. Ça, c’était génial.
Véronique : Il y a d’autres jalons qui vous ont conforté, porté ou, au contraire, déstabilisé?
Anny Duperey : Non. Quoique... le premier m’a assez dérouté mais tout le monde savait combien Godard pouvait être désagréable. C’est un de ses assistants qui m’a présenté, lorsque j’étais en deuxième année au Conservatoire. On s’est croisé sur le trottoir, Godard m’a regardé et il m’a dit « ça ira ». J’étais étonnée d’être engagée comme cela, juste en ayant été jaugée (rires). Moi, il m’a plus ou moins laissée tranquille sur le tournage. Ça lui arrivait de me filer un papier avec une phrase que je ne comprenais pas écrite dessus et de me demander de la dire. Par contre, il était épouvantable avec Marina Vlady, qu’il a voulu épouser, mais comme elle avait refusé, il ne lui adressait plus la parole. Je peux vous dire que cette première expérience était marquante mais heureusement, je me suis rendue compte que ce n’était pas tout le temps comme ça ! (Rires)
Véronique : Vous vous êtes essayée à de nombreux registres au théâtre ou au cinéma mais il y a un rôle que vous voudriez tenter?
Anny Duperey : C’est justement l’avantage de ne pas avoir choisi de faire ce métier et de ne pas avoir d’ambition particulière. J’ai pris les choses comme elle venait. Un de vos collègues m’a demandé, lorsque j’avais 17 ans, qu’elle serait ma ligne de carrière et je lui avais répondu « le zigzag. Parce que c’est la manière la plus longue et la plus variée d’aller d’un point à un autre ». Et c’est justement ce que j’ai fait tout au long de ma carrière !
(c) Gaumont
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Véronique : Dans les invités surprise de ce soir, il pourrait y avoir Pierre Richard. Nous sommes dans sa région, vous avez tourné avec lui en tant qu’acteur et réalisateur pour « Les malheurs d’Alfred »… Quel souvenir gardez-vous de lui ?
Anny Duperey : Etonnement, on se connaît peu avec Pierre. On ne s’est plus vraiment revu sauf récemment où on s’est croisé furtivement. Il continue à faire du théâtre et a même raconté sa vie dans un spectacle que je n’ai pas vu. C’est d’ailleurs dans ce contexte qu’on s’est croisé : j’allais voir un spectacle et lui allait jouer au Théâtre du Rond Point. |
Dans notre métier, on ne se fréquente pas toujours : on reste amis avec certains et on passe notre route avec d’autres. Par contre, je le regardais il n’y a pas longtemps et je me faisais la réflexion qu’il est vraiment beau avec ses cheveux blancs, ... Il a pris une gueule formidable !
Véronique : Dans votre dernier livre « Le rêve de ma mère », vous avez écrit un préambule, joliment réintitulé « Funambule », ce qui vous a poussé à écrire ce nouveau roman. Vous avez une capacité d’auteure impressionnante de livrer des parts de votre vie tout en pudeur et parler directement au cœur des gens …
Véronique : Dans votre dernier livre « Le rêve de ma mère », vous avez écrit un préambule, joliment réintitulé « Funambule », ce qui vous a poussé à écrire ce nouveau roman. Vous avez une capacité d’auteure impressionnante de livrer des parts de votre vie tout en pudeur et parler directement au cœur des gens …
Anny Duperey : Oui c’est vrai. Et il y a une chose bizarre autour de ce livre. On m’a demandé de faire un livre audio pour les malvoyants mais je sais que je lorsque je me relis, je suis terriblement émue par ce que j’ai écrit. C’est d’ailleurs pour cela que j’ai été « attrapée » sur le plateau de l’émission de Ruquier : il a lu les trois ou quatre dernières phrases de mon livre alors que j’ai toujours beaucoup de mal à les relire moi-même. Je serais d’ailleurs incapable de relire « Le voile noir » car je serais une serpillière pendant des semaines (rires). On m’a donc demandé ce livre audio mais j’ai préféré que ce soit mon amie Béatrice (Agenin, ndlr) qui le fasse. Je n’ai pas entendu le résultat mais elle m’a dit qu’à la deuxième lecture, le livre lui semblait moins chaotique, plus linéaire comme si tout cet effet caléidoscope formait à présent une seule ligne qui mène à la fin. Je ne vais pas forcément demander aux gens de le lire deux fois mais c’est vrai que la construction est particulière (rires).
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Véronique : L’écriture a toujours eu une importance dans votre vie. Avez-vous déjà eu envie de mettre vos mots en images ?
Anny Duperey : J’ai déjà écrit des scénarios dans l’idée dans faire des films mais j’avais peur qu’on me les jette à la figure alors j’en ai fait des romans… On peut donc dire que tous mes romans sont des films avortés (rires). Mais il se trouve que j’ai une nouvelle ambition. Cela fait deux ans et demi que ça m’a pris : j’ai déjà écrit un scénario et j’ai envie d’en faire un film. Il est actuellement au CNC donc le suspense reste entier mais j’ai déjà un distributeur enthousiaste, ce qui est énorme ! Il y a deux ans, quand j’ai regardé ma fille, je me suis dit qu’elle avait tout à fait l’âge du rôle et c’est ainsi que je me suis dit qu’il fallait y aller ! Pour l’instant, je cherche à faire ce que je n’ai pas encore fait surtout qu’au bout de 55 ans de carrière, on commence à en avoir fait pas mal (rires)
Véronique : Justement, vous qui évoluez au sein du cinéma, vous aimez peut-être aussi le regarder. Quels films vous ont marqué en tant que spectatrice ?
Anny Duperey : Il y a un film que j’ai vraiment beaucoup aimé. C’est sur le droit de mourir : « Les invasions barbares ». Je l’aime parce que c’est aussi du théâtre. C’est sans doute aussi pour cela que j’ai beaucoup aimé le dernier film de Resnais, qui disait : « Je n’aime pas l’opposition que l’on fait entre le cinéma et le théâtre : il y a des acteurs qui jouent, l’action ne peut pas s’arrêter ». C’est pour cela qu’il a fait ce film sur les textes de Anouilh, « Vous n’avez encore rien vu ». C’est très intéressant ! J’avais aussi été bouleversée par le film avec Isabelle Carré, « Se souvenir des belles choses » de Zabou Breitman. En fait, j’aime beaucoup les films d’acteur car je pense qu’ils ont l’œil et un bon regard sur les autres. Des acteurs/metteurs en scène, c’est épatant !
Véronique : Et puis, on ne peut pas ne pas évoquer la série « Une famille formidable ». 25 ans passés ensemble, ce n’est pas rien ! On imagine qu’une petite famille s’est créée sur le tournage?
Anny Duperey : J’ai déjà écrit des scénarios dans l’idée dans faire des films mais j’avais peur qu’on me les jette à la figure alors j’en ai fait des romans… On peut donc dire que tous mes romans sont des films avortés (rires). Mais il se trouve que j’ai une nouvelle ambition. Cela fait deux ans et demi que ça m’a pris : j’ai déjà écrit un scénario et j’ai envie d’en faire un film. Il est actuellement au CNC donc le suspense reste entier mais j’ai déjà un distributeur enthousiaste, ce qui est énorme ! Il y a deux ans, quand j’ai regardé ma fille, je me suis dit qu’elle avait tout à fait l’âge du rôle et c’est ainsi que je me suis dit qu’il fallait y aller ! Pour l’instant, je cherche à faire ce que je n’ai pas encore fait surtout qu’au bout de 55 ans de carrière, on commence à en avoir fait pas mal (rires)
Véronique : Justement, vous qui évoluez au sein du cinéma, vous aimez peut-être aussi le regarder. Quels films vous ont marqué en tant que spectatrice ?
Anny Duperey : Il y a un film que j’ai vraiment beaucoup aimé. C’est sur le droit de mourir : « Les invasions barbares ». Je l’aime parce que c’est aussi du théâtre. C’est sans doute aussi pour cela que j’ai beaucoup aimé le dernier film de Resnais, qui disait : « Je n’aime pas l’opposition que l’on fait entre le cinéma et le théâtre : il y a des acteurs qui jouent, l’action ne peut pas s’arrêter ». C’est pour cela qu’il a fait ce film sur les textes de Anouilh, « Vous n’avez encore rien vu ». C’est très intéressant ! J’avais aussi été bouleversée par le film avec Isabelle Carré, « Se souvenir des belles choses » de Zabou Breitman. En fait, j’aime beaucoup les films d’acteur car je pense qu’ils ont l’œil et un bon regard sur les autres. Des acteurs/metteurs en scène, c’est épatant !
Véronique : Et puis, on ne peut pas ne pas évoquer la série « Une famille formidable ». 25 ans passés ensemble, ce n’est pas rien ! On imagine qu’une petite famille s’est créée sur le tournage?
(c) Téléstar
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Anny Duperey : C’est vrai que c’est très spécial cette aventure là. Il y a quelque chose d’un peu inexplicable. Mon dernier bouquin avance l’hypothèse que mes parents, ou en tout cas ma mère, aient pu influencer sur ma vie, m’emmener quelque part et me mettre des hasards qui n’en sont pas sur mon chemin. Je reste persuadée que des anges ont organisé quelque chose autour de ce tournage…
Je venais d’écrire « Le voile noir » durant quatre ans, entre deux rôles au théâtre, et j’avais livré des choses très noires, réveillé des choses terribles, et j’avais dit à mon agent : « il me faut une comédie pour sortir de là ». Je devais rendre mon livre aux éditions du Seuil le 15 septembre au plus tard et il restait à faire un gros travail sur les photos. J’étais dans les pages de fin, les plus dures, vraiment, quand j’ai reçu son appel où il me proposait trois comédies dont l’une commençait… le 16 septembre, soit le lendemain de la remise de mon bouquin. |
J’ai donc rencontré le metteur en scène qui n’avait jamais fait de comédies mais plutôt des films lourds et dramatiques. De mon côté, je lui ai dit que je n’avais pas fait que des gaudrioles et que d’ailleurs, je finissais d’écrire un livre qui explique que je suis orpheline de mes deux parents. Il a tout de suite réagit parce que lui aussi ! A l’époque, je m’étais déjà dit que c’était énorme. Je voulais une comédie et on m’en propose trois, dont le tournage de l’une commence le lendemain du jour où je rends mon livre et avec un orphelin qui la dirige. Si ça ce n’est pas du hasard…
C’est ainsi que ça a commencé et je me suis toujours demandée si ce n’est pas parce qu’on est tous les deux orphelins, Joël (Santoni, le réalisateur, ndlr) et moi, qu’on peut ainsi passer du drame au comique. On a ce qu’on appelle le trampoline grave, c'est-à-dire qu’on rebondit assez vite des vérités assez sombres jusqu’au nez du clown. Généralement, ça ne se pratique pas dans les films car soit on choisit un ton léger, soit on préfère un ton dramatique mais passer de l’un à l’autre dans un laps de temps assez court, ce n’est pas donné à tout le monde si je peux nous faire un petit compliment… On doit tenir cela de nos expériences de vie et je n’exclus pas que peut-être que le gens sentent que ce n’est pas une série comme les autres parce qu’un petit miracle s’est joué dessus. On a peut-être aussi la nécessité de se créer une famille tribale comme on aurait aimé en avoir. Et peut-être que tout cela a concouru au succès et qui fait que la série continue depuis si longtemps, je ne sais pas…
Anne-Lise : Le dernier épisode de la série donne l’impression que c’est la fin. Vos « enfants » prennent leur envol et la famille se dissout…
Anny Duperey : On ne savait pas très bien en fait. D’ailleurs, on ne sait toujours pas ce qu’on va en faire (rires). Vous savez, on est tributaire de TF1. Les films sont passés en novembre et ce n’est que mi-janvier qu’ils nous ont annoncé qu’on tournerait une suite. Du coup, il faut écrire six bons scripts de 52 minutes en peu de temps. On devrait tourner cet été avec un nouveau metteur en scène, donc oui, la série va continuer…
Christian : Parmi les comédiens de la série, il y a Bernard Le Coq avec qui vous semblez partager une belle complicité. D’ailleurs, vos personnages peuvent s’aimer, se disputer, se réconcilier,…
Anny Duperey : C’est marrant parce qu’avec Bernard, la complicité a été immédiate. Au début, on improvisait beaucoup, on réécrivait les scènes au maquillage ou la veille pour le lendemain… on partageait nos idées avec Joël et de mon côté, j’adorais écrire de scènes de colère, parce que ça me défoule. D’ailleurs, toutes les scènes paroxystiques avec Bernard, c’est moi qui les ai écrites, notamment celle de jalousie où il finit par se flanquer par la fenêtre. Joël n’y croyait et pourtant, il l’a fait (rires) !
C’est ainsi que ça a commencé et je me suis toujours demandée si ce n’est pas parce qu’on est tous les deux orphelins, Joël (Santoni, le réalisateur, ndlr) et moi, qu’on peut ainsi passer du drame au comique. On a ce qu’on appelle le trampoline grave, c'est-à-dire qu’on rebondit assez vite des vérités assez sombres jusqu’au nez du clown. Généralement, ça ne se pratique pas dans les films car soit on choisit un ton léger, soit on préfère un ton dramatique mais passer de l’un à l’autre dans un laps de temps assez court, ce n’est pas donné à tout le monde si je peux nous faire un petit compliment… On doit tenir cela de nos expériences de vie et je n’exclus pas que peut-être que le gens sentent que ce n’est pas une série comme les autres parce qu’un petit miracle s’est joué dessus. On a peut-être aussi la nécessité de se créer une famille tribale comme on aurait aimé en avoir. Et peut-être que tout cela a concouru au succès et qui fait que la série continue depuis si longtemps, je ne sais pas…
Anne-Lise : Le dernier épisode de la série donne l’impression que c’est la fin. Vos « enfants » prennent leur envol et la famille se dissout…
Anny Duperey : On ne savait pas très bien en fait. D’ailleurs, on ne sait toujours pas ce qu’on va en faire (rires). Vous savez, on est tributaire de TF1. Les films sont passés en novembre et ce n’est que mi-janvier qu’ils nous ont annoncé qu’on tournerait une suite. Du coup, il faut écrire six bons scripts de 52 minutes en peu de temps. On devrait tourner cet été avec un nouveau metteur en scène, donc oui, la série va continuer…
Christian : Parmi les comédiens de la série, il y a Bernard Le Coq avec qui vous semblez partager une belle complicité. D’ailleurs, vos personnages peuvent s’aimer, se disputer, se réconcilier,…
Anny Duperey : C’est marrant parce qu’avec Bernard, la complicité a été immédiate. Au début, on improvisait beaucoup, on réécrivait les scènes au maquillage ou la veille pour le lendemain… on partageait nos idées avec Joël et de mon côté, j’adorais écrire de scènes de colère, parce que ça me défoule. D’ailleurs, toutes les scènes paroxystiques avec Bernard, c’est moi qui les ai écrites, notamment celle de jalousie où il finit par se flanquer par la fenêtre. Joël n’y croyait et pourtant, il l’a fait (rires) !
Anne-Lise : Parmi les moments forts de la série, il y a le décès de votre complice, Reine.
Anny Duperey : Olala ! J’ai détesté ça ! C’était une erreur d’ailleurs. Ça ne nous aide pas du tout parce que je n’ai plus de pendant féminin dans la série. On se retrouve avec les conneries des jeunes, un couple bat de l’aile et il n’y a plus Khorsand (qui joue Richard dans la série, ndlr) puisqu’il est vraiment mort. Je me rends compte que les adultes n’ont plus d’alter ego. Véronique : Vous n’avez pas de droit de regard sur la construction de votre personnage ? |
(c) Téléstar
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Anny Duperey : Au début si, on parlait énormément mais moins maintenant. On a abordé beaucoup de thèmes dans la série, fait beaucoup de choses. On a parlé du cancer, de la drogue, de pas mal de sujets graves et parmi l’un d’entre eux, celui du droit de mourir. Joël Santoni a eu l’idée de le faire vivre à travers mon personnage. Comme j’étais médecin, il fallait quelqu’un d’assez proche pour que ce soit marquant et ça s’est porté sur le choix de ma copine Reine. C’était lourdingue et j’ai détesté tourner cela, surtout que c’est ma meilleure copine dans la vie !
Avec Béatrice (Agenin, ndlr), on a joué au théâtre. C’est moi qui ait eu l’idée de la faire tourner. Je ne sais pas si vous vous rappelez mais au début, Reine était jouée par une actrice française qui vit en Italie et qui s’appelle Catherine Spaak. Comme ils ont l’habitude de prévenir les acteurs au dernier moment, il se fait que Catherine n’était pas libre. Il a fallu la remplacer et comme j’avais joué avec Béatrice, je l’ai suggérée à Joël. Et c’est ainsi qu’elle est entrée dan l’aventure.
Vous savez, on me demande de temps en temps si je n’en ai pas marre de faire cette série tous les ans mais ça a tellement été une chance dans nos vies que je ne pourrais pas dire stop. Ca m’interdit bien sûr de faire du théâtre parce qu’on tourne au moment où je pourrais répéter une pièce, mais je pense qu’il faut rendre à la chance. J’avais inventé une maxime qui disait « il faut être poli avec la chance ». De mon propre chef, je ne dirais pas je m’arrête. Ca finira mais ça a été une grande chance et il faut respecter cela.
Avec Béatrice (Agenin, ndlr), on a joué au théâtre. C’est moi qui ait eu l’idée de la faire tourner. Je ne sais pas si vous vous rappelez mais au début, Reine était jouée par une actrice française qui vit en Italie et qui s’appelle Catherine Spaak. Comme ils ont l’habitude de prévenir les acteurs au dernier moment, il se fait que Catherine n’était pas libre. Il a fallu la remplacer et comme j’avais joué avec Béatrice, je l’ai suggérée à Joël. Et c’est ainsi qu’elle est entrée dan l’aventure.
Vous savez, on me demande de temps en temps si je n’en ai pas marre de faire cette série tous les ans mais ça a tellement été une chance dans nos vies que je ne pourrais pas dire stop. Ca m’interdit bien sûr de faire du théâtre parce qu’on tourne au moment où je pourrais répéter une pièce, mais je pense qu’il faut rendre à la chance. J’avais inventé une maxime qui disait « il faut être poli avec la chance ». De mon propre chef, je ne dirais pas je m’arrête. Ca finira mais ça a été une grande chance et il faut respecter cela.
Véronique : Pour finir notre échange, on peut peut-être évoquer vos projets à court ou moyen termes?
Anny Duperey : J’ai tourné des sketches il y a quelques jours de cela avec Thomas Vdb et Mathieu Madénian, où je joue une mère insupportable. Et je vais monter une exposition de photographies aussi ! On va faire du neuf du vieux. J’avais fait beaucoup de photos en noir et blanc, que je développais dans mon labo durant 15-20 ans. Il se fait que j’ai un très cher ami avec qui je fais des conférences de lecture qui habite en Corrèze et qui m’a proposé de organiser une dans un fournil réhabilité. Pour l’inauguration, il aimerait que je fasse l’exposition de mes photos, de mes portraits d’acteurs, assez semblables à celles que faisait mon père. J’aurai donc mon exposition dans le fournil et on mettrait celles de mon père dans l’église. Du coup, mon éditeur, le Seuil, va sortir un livre avec les photos. Parmi elles, j’en ai une très belle de Jean-Pierre Léaud, qui était ici il y a quelques jours, de Isabelle Adjani à 18 ans, de Klaus Kinski, j’ai plein de portraits d’acteurs comme ça. Bref, je vais faire plein de nouvelles choses ! |