Interview de Michel Cymes
Dans le cadre du Festival International du Film de la Comédie de Liège
8 novembre 2018
Dans le cadre du Festival International du Film de la Comédie de Liège
8 novembre 2018
Qui ne connaît pas Michel Cymes, l’animateur préféré des Français et médecin le plus populaire de France ? A la tête d’une nouvelle émission « Ca reste entre nous », le Docteur Good s’est livré à Ecran et toile avant de participer au débat public « Le rire est-il bon pour la santé ? ». Retour sur sa carrière, dans l’ombre et dans la lumière.
François : Michel Cymes, vous avez une belle présence médiatique et un vrai capital sympathie auprès du public, vous êtes l’animateur préféré des Français et très apprécié en Belgique aussi. D’où vous est venu l’idée de vulgariser la science, et plus particulièrement la médecine ?
Michel Cymes : Depuis toujours je pense, j’ai toujours adoré expliquer aux patients, via des papiers ou des dessins. Quand j’étais interne, j’avais fait appel à un dessinateur pour faire une bande dessinée d’une forme d’otite pour l’expliquer aux parents. Je suis incapable de vous dire d’où ça vient mais pour moi, faire comprendre à un patient ce qu’il a et lui faire comprendre son traitement, c’est déjà la moitié du travail de fait. La guérison est aussi guidée par la compréhension de ce que vous donnez aux patients. Je ne fais pas partie de ces médecins, de plus en plus rares, qui ont la science et le savoir et qui disent aux patients ce qu’ils doivent faire sans qu’ils ne comprennent pourquoi. J’ai besoin de cela, de vulgariser et j’ai mis cette nécessité au service du grand public. Je ne fais rien de plus à la télé ou dans mes bouquins que ce que je fais en tête à tête avec mes patients. |
Véronique: L’élément déclencheur s’est fait en Afrique, lorsque vous étiez médecin sur un rallye dans le Sahara. Là, vous avez proposé vos chroniques à Europe 2…
Michel Cymes : Lorsque j’étais interne, c’était à Chartres, à cent bornes de Paris. Je m’y rendais en voiture et durant le trajet, j’entendais les chroniques santé de France Info. Je les ai chronométrées et je m’étais rendu compte qu’elles faisaient deux minutes. Pendant mes gardes, je me demandais ce que je ferais comme chronique si je devais en faire. J’avais mis cela dans un tiroir jusqu’à ce rallye où effectivement j’ai rencontré des journalistes à qui j’ai parlé de mes idées. Après cet échage, Europe 2 m’a téléphoné pour que je fasse une chronique d’une minute par semaine et ça s’est enchaîné.
Véronique: Vous avez participé à Télématin avant d’entrer dans nos vies durant vingt ans avec « Le magazine de la santé ». On a un peu l’impression que vous faites partie de la famille, que vous êtes notre médecin à tous.
Michel Cymes : C’est en effet ce que disent les téléspectateurs même si je ne veux pas me mettre en concurrence avec les médecins traitants. Je suis devenu effectivement leur conseiller médical plus que leur médecin. Quand les gens reviennent chez eux et suivent l’émission à ce moment de la journée, j’entre dans leur salon, leur cuisine, leur intimité et je deviens familier de ces familles en quelque sorte, oui.
François: Vous avez aussi beaucoup d’empathie, vous êtes un médecin positif, ça aide les gens qui se trouvent confronter à la maladie...
Michel Cymes : Oui, après j’ai le beau rôle parce que je suis là pour conseiller et pas pour traiter tous ceux qui me regardent (rires). Vous avez prononcé le mot qui fait que, pour moi, vous êtes un bon médecin ou non : l’empathie. Comprendre ce que ressent le patient, vous mettre à sa place, trouver les mots pour lui parler, ce sont des choses indispensables sinon vous n’êtes pas un bon médecin. Je ne dis pas que je suis meilleur que les autres mais cette empathie, les gens la ressentent, autrement je n’aurais pas cette cote d’amour. C’est quelque chose de naturel et cela participe sans doute au fait que ça fonctionne bien aujourd’hui.
Véronique: Vous êtes rempli de surprises. D’ailleurs, vous avez fait une petite apparition dans « La vérité si je mens 3 ! », dans deux courts-métrages et aussi dans une série télévisée. C’est votre cour de récréation ?
Michel Cymes : Lorsque j’étais interne, c’était à Chartres, à cent bornes de Paris. Je m’y rendais en voiture et durant le trajet, j’entendais les chroniques santé de France Info. Je les ai chronométrées et je m’étais rendu compte qu’elles faisaient deux minutes. Pendant mes gardes, je me demandais ce que je ferais comme chronique si je devais en faire. J’avais mis cela dans un tiroir jusqu’à ce rallye où effectivement j’ai rencontré des journalistes à qui j’ai parlé de mes idées. Après cet échage, Europe 2 m’a téléphoné pour que je fasse une chronique d’une minute par semaine et ça s’est enchaîné.
Véronique: Vous avez participé à Télématin avant d’entrer dans nos vies durant vingt ans avec « Le magazine de la santé ». On a un peu l’impression que vous faites partie de la famille, que vous êtes notre médecin à tous.
Michel Cymes : C’est en effet ce que disent les téléspectateurs même si je ne veux pas me mettre en concurrence avec les médecins traitants. Je suis devenu effectivement leur conseiller médical plus que leur médecin. Quand les gens reviennent chez eux et suivent l’émission à ce moment de la journée, j’entre dans leur salon, leur cuisine, leur intimité et je deviens familier de ces familles en quelque sorte, oui.
François: Vous avez aussi beaucoup d’empathie, vous êtes un médecin positif, ça aide les gens qui se trouvent confronter à la maladie...
Michel Cymes : Oui, après j’ai le beau rôle parce que je suis là pour conseiller et pas pour traiter tous ceux qui me regardent (rires). Vous avez prononcé le mot qui fait que, pour moi, vous êtes un bon médecin ou non : l’empathie. Comprendre ce que ressent le patient, vous mettre à sa place, trouver les mots pour lui parler, ce sont des choses indispensables sinon vous n’êtes pas un bon médecin. Je ne dis pas que je suis meilleur que les autres mais cette empathie, les gens la ressentent, autrement je n’aurais pas cette cote d’amour. C’est quelque chose de naturel et cela participe sans doute au fait que ça fonctionne bien aujourd’hui.
Véronique: Vous êtes rempli de surprises. D’ailleurs, vous avez fait une petite apparition dans « La vérité si je mens 3 ! », dans deux courts-métrages et aussi dans une série télévisée. C’est votre cour de récréation ?
Michel Cymes : (rires) Bien sûr ! Mais je pense que j’ai plein de cours de récréation. Vous savez, vivre dans la médecine du matin au soir c’est bien sûr passionnant mais c’est aussi parfois un peu lourd. Aujourd’hui, ce qui m’arrive en terme d’audiences et de succès, c’est une chance incroyable parce que ça me permet d’avoir plein de propositions et de réaliser tout ce que j’ai envie de faire. C’est ça mon grand luxe aujourd’hui. Un jour, j’ai eu envie de participer à une fiction, de tenir un rôle. Je ne sais pas pourquoi, ça m’a pris il y a longtemps et j’avais envie de m’amuser. La popularité a fait que, quand j’en ai parlé, ils se sont dits que ça allait amener du monde devant la télé. L’épisode a cartonné et ça a battu des records d’audience. Maintenant, on me propose d’autres choses et je les fais parce que ça m’amuse mais peut-être qu’un jour, j’en aurai marre et je passerai alors à autre chose.
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François: Vous n’avez pas de plan de carrière ?
Michel Cymes : Non parce que j’ai le grand luxe de me permettre de ne pas en avoir. Je fais attention à ce que je fais car, comme travaille encore à l’hôpital et que je consulte, je veux que mes patients continuent à me voir comme leur médecin. Je ne souhaite pas qu’il y ait une ambiguïté, un doute, quelque chose qui trouble mon image. C’est pour cela que, lorsque j’ai fait une fiction, j’ai joué le rôle d’un médecin. Le patient qui vient me voir un matin, qui m’aurait vu la veille dans un rôle de médecin, continue à me voir comme tel. S’il m’avait vu jouer un proxénète, ça serait plus compliqué de lui annoncer qu’il a un cancer… (Rires). La seule chose à laquelle je fais attention, c’est de garder cette image de médecin crédible face à mes patients.
Véronique: Vous aviez fait le buzz en annonçant il y a quelques temps que vous joueriez dans « Dr House » alors que c’était un pitch pour votre nouvelle émission…
Michel Cymes : C’était rigolo ça ! Je l’avais annoncé sur mon site et ça a marché. Ça a été une histoire de dingue parce que France Télévision m’a appelé en me disant que j’aurais pu les prévenir (rires). On a du faire un communiqué pour annoncer que c’était une connerie, c’était devenu un truc de fou !
François: On peut dire que vous comprenez le fonctionnement des médias mais que d’un autre côté, vous parvenez à éduquer les gens sur la façon dont ils doivent se soigner. Beaucoup se soignent eux-mêmes, regardent sur Internet et vous, vous rétablissez un certain équilibre par vos émissions.
Michel Cymes : Il n’y a pas très longtemps que je me suis rendu compte de la portée de ma parole. Ce n’est pas parce qu’on vous a élu « meilleur animateur des Français » que votre voix compte. Progressivement, j’ai compris que les téléspectateurs me faisaient confiance et qu’ils m’accordaient une légitimé et une crédibilité. C’est génial pour ma carrière et mon ego mais je me suis surtout aidé de cela pour faire avancer la santé des Français. J’ai eu une sorte de révélation et je me suis dit qu’il fallait utiliser cette confiance pour contrer la désinformation ou la mauvaise information dans ce domaine. Ça n’a pas toujours été simple car je me suis pris des coups, j’ai été la cible des anti-vaccins par exemple, mais je me fais un devoir de passer des messages car je connais mon domaine. Je ne suis pas présomptueux, je ne suis pas dogmatique mais si je dis aux gens « bougez-vous, faites de l’exercice physique, c’est bon pour votre santé », faites-le car je sais de quoi je parle.
Michel Cymes : Non parce que j’ai le grand luxe de me permettre de ne pas en avoir. Je fais attention à ce que je fais car, comme travaille encore à l’hôpital et que je consulte, je veux que mes patients continuent à me voir comme leur médecin. Je ne souhaite pas qu’il y ait une ambiguïté, un doute, quelque chose qui trouble mon image. C’est pour cela que, lorsque j’ai fait une fiction, j’ai joué le rôle d’un médecin. Le patient qui vient me voir un matin, qui m’aurait vu la veille dans un rôle de médecin, continue à me voir comme tel. S’il m’avait vu jouer un proxénète, ça serait plus compliqué de lui annoncer qu’il a un cancer… (Rires). La seule chose à laquelle je fais attention, c’est de garder cette image de médecin crédible face à mes patients.
Véronique: Vous aviez fait le buzz en annonçant il y a quelques temps que vous joueriez dans « Dr House » alors que c’était un pitch pour votre nouvelle émission…
Michel Cymes : C’était rigolo ça ! Je l’avais annoncé sur mon site et ça a marché. Ça a été une histoire de dingue parce que France Télévision m’a appelé en me disant que j’aurais pu les prévenir (rires). On a du faire un communiqué pour annoncer que c’était une connerie, c’était devenu un truc de fou !
François: On peut dire que vous comprenez le fonctionnement des médias mais que d’un autre côté, vous parvenez à éduquer les gens sur la façon dont ils doivent se soigner. Beaucoup se soignent eux-mêmes, regardent sur Internet et vous, vous rétablissez un certain équilibre par vos émissions.
Michel Cymes : Il n’y a pas très longtemps que je me suis rendu compte de la portée de ma parole. Ce n’est pas parce qu’on vous a élu « meilleur animateur des Français » que votre voix compte. Progressivement, j’ai compris que les téléspectateurs me faisaient confiance et qu’ils m’accordaient une légitimé et une crédibilité. C’est génial pour ma carrière et mon ego mais je me suis surtout aidé de cela pour faire avancer la santé des Français. J’ai eu une sorte de révélation et je me suis dit qu’il fallait utiliser cette confiance pour contrer la désinformation ou la mauvaise information dans ce domaine. Ça n’a pas toujours été simple car je me suis pris des coups, j’ai été la cible des anti-vaccins par exemple, mais je me fais un devoir de passer des messages car je connais mon domaine. Je ne suis pas présomptueux, je ne suis pas dogmatique mais si je dis aux gens « bougez-vous, faites de l’exercice physique, c’est bon pour votre santé », faites-le car je sais de quoi je parle.
Véronique: Ne déplaisent à certains, on a l’impression que vous réussissez tout ce que vous entreprenez. Votre nouvelle émission, votre magazine « Dr Good » qui cartonne dans les kiosques en sont quelques exemples…
Michel Cymes : C’est vrai que j’ai un petit ange gardien avec moi pour l’instant. Hier soir, il y avait le deuxième numéro de « Ça ne sortira pas d’ici » et on a fait un million de téléspectateurs, c’est incroyable ! Vous savez, j’ai un adage en permanence dans ma tête qui dit « souris aux gens que tu croises en montant, tu croiseras les mêmes en redescendant ». Un jour tout cela va s’arrêter, ça marchera moins bien et c’est pour cela que j’en profite en moment, vous ne pouvez pas savoir à quel point ! Véronique: Comment choisissez-vous vous invités de « Ça ne sortira pas d’ici » ? C’est la production qui vous les propose ou c’est un choix personnel ? |
Michel Cymes : Pour cette émission, j’ai travaillé en amont avec le programmateur et je ne reçois que des gens que j’aime. Je ne veux pas recevoir des personnes que je n’apprécie pas et ce sera toujours comme cela si l’émission est reconduite mais au vu des audiences, c’est plutôt bien parti.
Véronique: Vous êtes présent ici à Liège pour un tout autre exercice de style. Vous allez vous prêter au jeu d’une rencontre publique, où vous et quelques autres médecins allez débattre autour de la question « Le rire est-il bon pour la santé ? ». Vous savez déjà ce que vous aller évoquer lors de cet échange ?
Michel Cymes : Pas vraiment non. Je viens de rencontrer Cathy (Immelen, ndlr) qui anime l’échange mais je n’ai rien préparé. En général, c’est ainsi que je fonctionne : j’arrive, je sais de quoi on va parler, je sais qu’il y aura des psy, des neuropsychologues et moi, je répondrai simplement aux questions que l’on va me poser. Je vais tâcher d’être le plus spontané possible, de puiser dans mon expertise mais je ne sais pas tout ce que je vais dire. Je vais me laisser guider, comme je le fais avec vous aujourd’hui ou comme je le fais lorsque je me rends dans une émission en tant qu’invité.
François: Je me permets d’évoquer à présent un de vos ouvrages, intitulé « Hippocrate aux enfers », à travers lequel vous faites un vrai travail de mémoire. Pouvez-vous nous dire quelques mots sur cette expérience ?
Véronique: Vous êtes présent ici à Liège pour un tout autre exercice de style. Vous allez vous prêter au jeu d’une rencontre publique, où vous et quelques autres médecins allez débattre autour de la question « Le rire est-il bon pour la santé ? ». Vous savez déjà ce que vous aller évoquer lors de cet échange ?
Michel Cymes : Pas vraiment non. Je viens de rencontrer Cathy (Immelen, ndlr) qui anime l’échange mais je n’ai rien préparé. En général, c’est ainsi que je fonctionne : j’arrive, je sais de quoi on va parler, je sais qu’il y aura des psy, des neuropsychologues et moi, je répondrai simplement aux questions que l’on va me poser. Je vais tâcher d’être le plus spontané possible, de puiser dans mon expertise mais je ne sais pas tout ce que je vais dire. Je vais me laisser guider, comme je le fais avec vous aujourd’hui ou comme je le fais lorsque je me rends dans une émission en tant qu’invité.
François: Je me permets d’évoquer à présent un de vos ouvrages, intitulé « Hippocrate aux enfers », à travers lequel vous faites un vrai travail de mémoire. Pouvez-vous nous dire quelques mots sur cette expérience ?
Michel Cymes : Bien sûr ! Ca a été très particulier pour moi car on ne m’attendait pas du tout sur ce terrain. Quand le livre est sorti, tout le monde se demandait comment quelqu’un qui pouvait les faire marrer pouvait s’attaquer à cela. Il y a eu tellement de presse, tellement de promotions avant la sortie du livre que j’ai pu expliquer ma démarche. Elle est personnelle et en même temps, elle fait partie des choses que je ne m’imposais pas mais qui ont fait partie de ma réflexion sur la force de ma parole. Ma participation est d’ordre familial bien sûr mais en même temps, je voulais parler d’un épisode historique qui n’était pas connu des gens. On connaît tous des choses sur la Shoah, sur les camps, notamment à travers les livres à succès des années 1950 mais peut-être moins ce que j’aborde dans « Hippocrate ». Peut-être qu’en vieillissant, on cherche un peu plus ses racines mais en même temps, je ne peux pas vraiment vous expliquer pourquoi j’ai eu un jour l’envie de faire ce livre. Ça a été l’expérience professionnelle la plus douloureuse que j’ai eu à vivre dans ma vie parce qu’il a fallu que je me documente beaucoup, que je lise des atrocités et ça m’a replongé dans une histoire de mémoire collective.
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Ce n’est bien sûr rien à côté de ce que ces gens ont vécu mais ça a parfois été compliqué. J’ai eu deux moments douloureux, le premier au moment de l’écriture et le second lorsque le documentaire est sorti.
François: On connaissait le procès de Nuremberg mais on ignore souvent qu’il y en a eu un second qui a condamné les médecins des camps…
Michel Cymes : Je suis allé pour le documentaire dans la salle du procès et c’est le poids de l’Histoire que vous ressentez. Je suis passé devant les bancs et j’avais l’impression de pouvoir toucher le genou des mecs qui étaient assis là, c’était impressionnant ! Ce procès-là n’était pas très connu et c’est peut-être ce que la popularité peut apporter : éduquer le public.
François: Ca renvoie bien sûr à une période sombre de notre Histoire mais, en tant que médecin, ça doit être difficile de voir à quel point ce serment d’Hippocrate a été bafoué…
Michel Cymes : Totalement ! C’est ce que je mets dans ma préface : comment des gens, qui avaient le même métier que moi ont pu faire cela ? Bien sûr, je ne réponds pas à la question car chacun de ces tortionnaires avait sa propre histoire mais ça m’a véritablement interpellé. Quand je suis devant le bloc 10, je ne peux que me demander comment ils ont pu faire cela. On prête tous le même serment et certains le piétinent…c’est consternant !
François: On connaissait le procès de Nuremberg mais on ignore souvent qu’il y en a eu un second qui a condamné les médecins des camps…
Michel Cymes : Je suis allé pour le documentaire dans la salle du procès et c’est le poids de l’Histoire que vous ressentez. Je suis passé devant les bancs et j’avais l’impression de pouvoir toucher le genou des mecs qui étaient assis là, c’était impressionnant ! Ce procès-là n’était pas très connu et c’est peut-être ce que la popularité peut apporter : éduquer le public.
François: Ca renvoie bien sûr à une période sombre de notre Histoire mais, en tant que médecin, ça doit être difficile de voir à quel point ce serment d’Hippocrate a été bafoué…
Michel Cymes : Totalement ! C’est ce que je mets dans ma préface : comment des gens, qui avaient le même métier que moi ont pu faire cela ? Bien sûr, je ne réponds pas à la question car chacun de ces tortionnaires avait sa propre histoire mais ça m’a véritablement interpellé. Quand je suis devant le bloc 10, je ne peux que me demander comment ils ont pu faire cela. On prête tous le même serment et certains le piétinent…c’est consternant !