"Cultural Studies et Hollywood, le passé remanié"
de David Da Silva
de David Da Silva
Depuis de nombreuses années, le cinéma n’a cessé de mettre en lumière des pans de l’Histoire et des personnages célèbres à travers des métrages populaires tels que « La naissance d’une nation », « Lincoln », « The Danish Girl », « Marie-Antoinette », « Dunkerque » ou encore « The patriot ». Comme de nombreux spectateurs, nous avions la sensation d’être sortis de nos salles plus riches, plus cultivés que jamais. Nous avions tutoyé l’Histoire, pris les armes, soutenus un héros dans l’adversité ou encouragé un peuple à se révolter. Si nous savions aussi que la célèbre phrase « inspiré d’une histoire vraie » indiquait que ce qui nous était présenté sur la toile n’était que le reflet de la vision d’un cinéaste, un point de vue, l’angle de prédilection d’un metteur en scène, nous n’imaginions pas que ces choix personnels pouvaient être aussi vivement critiqués. Dans son nouveau livre passionnant, « Cultural Studies et Hollywood, le passé remanié », David Da Silva nous explique comment les Cultural studies ont influencé le septième art mais aussi pourquoi réaliser un film historique (et satisfaire les minorités) semble de nos jours bien plus compliqué… « On est passé de la tyrannie de la majorité à la dictature des minorités » écrit régulièrement l’auteur … Son étude est un merveilleux moyen de le vérifier ! |
Présentation du livre : Hollywood a toujours accordé une place importante à la production de films historiques. D’Autant en emporte le vent de Victor Fleming à Ben-Hur de William Wyler, ces œuvres ont marqué durablement l’imaginaire des spectateurs. Toutefois, progressivement, le film historique hollywoodien a pris un nouveau tournant, en même temps que les Cultural Studies s’imposaient dans les universités. Dorénavant, l’ambition de l’œuvre historique serait de réparer une vision falsifiée du passé car entièrement centrée sur celle du groupe dominant (blanc, masculin, hétérosexuel…). Une proposition intéressante mais ces films historiques du XXIe siècle, estampillés Cultural Studies et dérivés, ne seraient-ils pas au final aussi caricaturaux et faussés que ceux du siècle précédent? Plus grave, ils pourraient très bien symboliser les dérives communautaires qui gangrènent actuellement la société américaine…
L’auteur a effectué de nombreuses interviews de réalisateurs (José Padilha, David Mackenzie, Andrew Dominik, John Sayles), scénaristes (Lee Hall, Jeffrey Caine) et producteur (T.G. Herrington) pour enrichir son travail d’analyse des films historiques hollywoodiens contemporains.
L’auteur : Docteur en études cinématographiques et diplômé de l’Institut français de presse de Paris, David Da Silva est historien du cinéma et enseignant. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages sur le cinéma américain dont Le Populisme américain au cinéma de D.W. Griffith à Clint Eastwood (LettMotif, 2015). Il a également collaboré à diverses publications internationales.
Avis : On s’imaginait le lire d’une traite et enchaîner ses chapitres sans tergiverser et pourtant… « Cultural studies et Hollywood, le passé remanié », le dernier ouvrage de David Di Silva nous a paru si passionnant, si riche que nous avons pris un bon bout de temps avant de tourner la dernière page de sa copieuse étude. C’est que l’auteur, passionné et passionnant, n’est pas avare d’exemples, de commentaires, de notes et d’indications concernant son nouveau sujet de prédilection et que la curiosité éveillée est telle, que l’on se prend au jeu de se replonger dans les nombreux films historiques évoqués au fil de ses presque 400 pages, de consulter les articles évoquer ou de prolonger le « dialogue » instauré.
Accessible à tous, particulièrement bien écrit et fluide dans ses idées, « Cultural Studies » nous offre l’opportunité de découvrir la philosophie même du mouvement intellectuel créé dans les années 50 ainsi que dans ses différentes branches et ramifications. En contextualisant certains long-métrages, en les expliquant et en évoquant les critiques faites à leur encontre, David Da Silva invite à la réflexion, met le doigt sur certains détails que le spectateur satisfait que nous sommes n’avait peut-être pas vu, détails ou trahisons qui n’avaient cependant pas échappé aux minorités ou aux historiens qui les avaient décortiqués.
L’auteur de « Mel Gibson, le bon, la brute et le croyant » revient d’ailleurs, en autres, sur quelques-uns des métrages de l’acteur et réalisateur : Apocalypto et la façon dont y sont présentées les tribus mayas et leurs coutumes, La passion du Christ et la perception de son adaptation biblique ou encore The Patriot où il tient le rôle phare en sont quelques exemples. Des liens, David Da Silva en fait une multitude dans son étude, sans jamais nous perdre en chemin tant il prend le temps de contextualiser, justifier, expliquer la raison de ses choix, en les classant dans des catégories aussi diverses et variées que les Afro-american studies, les native american studies, les queer studies et les gender’s studies, les jewish studies ou plus étonnant encore, les animal studies, autant de concepts que nous (re)découvrons avec un intérêt certain.
Comme leur nom l’indique, chacune de ces catégories reprend des œuvres, des métrages qui ont suscité la polémique auprès d’une ou plusieurs communautés, des films et des analyses qui illustrent à la perfection la démarche de son auteur. Quelles soient justifiées ou non, ces revendications d’historiens, d’associations ou de cinéastes polémistes mettent en lumière une problématique bien plus large : est-il encore possible de faire un film historique qui satisfera l’ensemble des minorités qui, aujourd’hui, semble constituer la majorité… ? S’ils sont documentés, écrits avec minutie, accompagnés par des experts ou des historiens, peu de films trouvent grâce aux yeux d’une série d’intellectuels qui demandent à ce que les œuvres soient recontextualisées ou revues et corrigées… Et l’on comprend bien vite que cette démarche s’oppose à celle des spectateurs qui, par le biais de films de fiction, se seront divertis et auront découvert des personnalités (qui avait entendu le nom d’Alan Turing avant « Imitation Game » ou celui de Lili Elbe avant « The Danish Girl » ? ), des destins, des événements historiques à travers des métrages maitrisés qui leur avaient été proposés.
Instructive et riche, l’étude menée de main de maître par David Da Silva, passionnera à coup sûr, les cinéphiles et les amateurs du genre. Et à l’heure où « Autant en emporte le vent » crée la polémique, on se dit que décidément, rien ne sera jamais plus comme avant !
Les points forts de l’ouvrage :
- Ses analyses complètes et accessibles
- La richesse de ses annotations et sa riche bibliographie
- La multitude d’exemples populaires choisis pour évoquer son sujet
- Les avis personnels de l’auteur et les interviews de quelques intervenants
Informations pratiques:
Editeur : Les Editions Lettmotif
ISBN : 978-2-36-716289-8
Prix : 29 €
Nombre de pages : 380
Date de parution : 30 janvier 2020
L’auteur a effectué de nombreuses interviews de réalisateurs (José Padilha, David Mackenzie, Andrew Dominik, John Sayles), scénaristes (Lee Hall, Jeffrey Caine) et producteur (T.G. Herrington) pour enrichir son travail d’analyse des films historiques hollywoodiens contemporains.
L’auteur : Docteur en études cinématographiques et diplômé de l’Institut français de presse de Paris, David Da Silva est historien du cinéma et enseignant. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages sur le cinéma américain dont Le Populisme américain au cinéma de D.W. Griffith à Clint Eastwood (LettMotif, 2015). Il a également collaboré à diverses publications internationales.
Avis : On s’imaginait le lire d’une traite et enchaîner ses chapitres sans tergiverser et pourtant… « Cultural studies et Hollywood, le passé remanié », le dernier ouvrage de David Di Silva nous a paru si passionnant, si riche que nous avons pris un bon bout de temps avant de tourner la dernière page de sa copieuse étude. C’est que l’auteur, passionné et passionnant, n’est pas avare d’exemples, de commentaires, de notes et d’indications concernant son nouveau sujet de prédilection et que la curiosité éveillée est telle, que l’on se prend au jeu de se replonger dans les nombreux films historiques évoqués au fil de ses presque 400 pages, de consulter les articles évoquer ou de prolonger le « dialogue » instauré.
Accessible à tous, particulièrement bien écrit et fluide dans ses idées, « Cultural Studies » nous offre l’opportunité de découvrir la philosophie même du mouvement intellectuel créé dans les années 50 ainsi que dans ses différentes branches et ramifications. En contextualisant certains long-métrages, en les expliquant et en évoquant les critiques faites à leur encontre, David Da Silva invite à la réflexion, met le doigt sur certains détails que le spectateur satisfait que nous sommes n’avait peut-être pas vu, détails ou trahisons qui n’avaient cependant pas échappé aux minorités ou aux historiens qui les avaient décortiqués.
L’auteur de « Mel Gibson, le bon, la brute et le croyant » revient d’ailleurs, en autres, sur quelques-uns des métrages de l’acteur et réalisateur : Apocalypto et la façon dont y sont présentées les tribus mayas et leurs coutumes, La passion du Christ et la perception de son adaptation biblique ou encore The Patriot où il tient le rôle phare en sont quelques exemples. Des liens, David Da Silva en fait une multitude dans son étude, sans jamais nous perdre en chemin tant il prend le temps de contextualiser, justifier, expliquer la raison de ses choix, en les classant dans des catégories aussi diverses et variées que les Afro-american studies, les native american studies, les queer studies et les gender’s studies, les jewish studies ou plus étonnant encore, les animal studies, autant de concepts que nous (re)découvrons avec un intérêt certain.
Comme leur nom l’indique, chacune de ces catégories reprend des œuvres, des métrages qui ont suscité la polémique auprès d’une ou plusieurs communautés, des films et des analyses qui illustrent à la perfection la démarche de son auteur. Quelles soient justifiées ou non, ces revendications d’historiens, d’associations ou de cinéastes polémistes mettent en lumière une problématique bien plus large : est-il encore possible de faire un film historique qui satisfera l’ensemble des minorités qui, aujourd’hui, semble constituer la majorité… ? S’ils sont documentés, écrits avec minutie, accompagnés par des experts ou des historiens, peu de films trouvent grâce aux yeux d’une série d’intellectuels qui demandent à ce que les œuvres soient recontextualisées ou revues et corrigées… Et l’on comprend bien vite que cette démarche s’oppose à celle des spectateurs qui, par le biais de films de fiction, se seront divertis et auront découvert des personnalités (qui avait entendu le nom d’Alan Turing avant « Imitation Game » ou celui de Lili Elbe avant « The Danish Girl » ? ), des destins, des événements historiques à travers des métrages maitrisés qui leur avaient été proposés.
Instructive et riche, l’étude menée de main de maître par David Da Silva, passionnera à coup sûr, les cinéphiles et les amateurs du genre. Et à l’heure où « Autant en emporte le vent » crée la polémique, on se dit que décidément, rien ne sera jamais plus comme avant !
Les points forts de l’ouvrage :
- Ses analyses complètes et accessibles
- La richesse de ses annotations et sa riche bibliographie
- La multitude d’exemples populaires choisis pour évoquer son sujet
- Les avis personnels de l’auteur et les interviews de quelques intervenants
Informations pratiques:
Editeur : Les Editions Lettmotif
ISBN : 978-2-36-716289-8
Prix : 29 €
Nombre de pages : 380
Date de parution : 30 janvier 2020
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