Interview de Léo Karmann
Dans le cadre de la sortie de "La dernière vie de Simon"
-5 février 2020-
Dans le cadre de la sortie de "La dernière vie de Simon"
-5 février 2020-
Après un passé d’assistant scripte, d’assistant à la mise en scène et d’assistant casting, Léo Karmann se lance à bras-le-corps dans la réalisation de son premier long-métrage « La dernière vie de Simon » qui sortira dans les salles françaises le 5 février 2020. Les longues années de travail et les efforts pour produire et réaliser ce film sont récompensés et aboutissent sur un métrage alliant fantastique et romantique.
Margaux: Avant de parler de votre film, je voulais savoir comment vous est venue l'envie de passer de l'assistanat à la réalisation ?
Léo Karmann: J’ai toujours voulu être réalisateur. Depuis mes 8 ans en réalité. Mais je suis persuadé que, outre les techniques d’écriture qu’il est important d’apprendre pour ne serait-ce que maîtriser une narration (qu’on écrive ou non ses films) , il est primordial d’avoir une expérience de plateau de tournage à travers les métiers d’assistanat pour devenir réalisateur. Comment être un bon capitaine de navire si on ne connaît pas les métiers de son équipage ? Margaux: Entre l’écriture du scénario et le premier jour de tournage il s’est écoulé huit années. Pourquoi tout ce temps ? Léo Karmann: Pendant 7 ans on nous a répété qu’on ne faisait pas ça en France. Le cinéma français, c’est soit des gros films de comédie populaire, soit des films dits « d’auteur », autrement dit des films à sujet reflétant l’état sociétal de notre pays. |
Mais quand vous voulez faire du cinéma populaire intelligent qui s’adresse au grand public sans être de la comédie, un cinéma d’émotion, de spectacle, sans star à l’affiche, avec des enfants, des effets spéciaux, de la belle musique symphonique…on vous répond que vous n’êtes pas dans le bon pays. Finalement, grâce à la ténacité de notre producteur Grégoire Debailly, on a finalement pu réunir l’argent pour concrétiser le projet dont nous rêvions, Sabrina B. Karine la co-auteure du film et moi-même.
Margaux: … Et le tournage a duré combien de temps ?
Léo Karmann: 40 jours. La post-production a demandé 6 mois.
Margaux: Comment réussit-on à produire des films fantastiques en France dans une industrie cinématographique qui est plus portée vers d’autres genres comme la comédie ?
Léo Karmann: En persévérant, beaucoup. Et en réécrivant, énormément. De toute façon, le scénario était notre unique arme. Pour monter un film, il faut soit un casting de star, soit un réalisateur reconnu, soit un scénario en béton armé. Comme on ne réunissait aucun des critères de célébrité, on n’a pas arrêté avec Sabrina de revoir le scénario pour l’améliorer, encore et encore, jusqu’à ce qu’il soit trop abouti pour que quelqu’un puisse nous dire non. Et puis, on évitait de trop dire à quoi ça allait ressembler visuellement. Le moodboard (document réunissant des images référence d’autres films pour montrer à quoi le projet va avoir l’air) n’avait que des références de films américains. Autant vous dire qu’on ne le montrait pas à tous nos partenaires potentiels…
Margaux: Après la projection de « La dernière vie de Simon » le public était très enjoué et les critiques des cinéphiles présents dans la salle étaient très élogieuses. Cela laisse penser que le public est demandeur de films comme le vôtre… Comment expliquer la peur des distributeurs à montrer des films fantastiques francophones en salle ?
Léo Karmann: C’est purement une question de marché. Il y a quelques décennies, la France avait un large panel de genres populaire. Et puis on a laissé la place du cinéma spectacle aux Américains, et celui du cinéma de genre pointu aux asiatiques. Petit à petit, les jeunes ont déserté les films français parce qu’ils ne s’adressaient plus à eux. Aujourd’hui, toute une génération de jeunes cinéastes a envie que ce type de cinéma revienne, et il faut soutenir ce mouvement. C’est trop triste de voir qu’on a les meilleures écoles de techniciens, d’effets spéciaux, d’animation, et que tous nos artistes partent à l’étranger parce qu’ils sont persuadés qu’ils ne feront jamais le cinéma qu’ils aiment en France.
Margaux: … Et le tournage a duré combien de temps ?
Léo Karmann: 40 jours. La post-production a demandé 6 mois.
Margaux: Comment réussit-on à produire des films fantastiques en France dans une industrie cinématographique qui est plus portée vers d’autres genres comme la comédie ?
Léo Karmann: En persévérant, beaucoup. Et en réécrivant, énormément. De toute façon, le scénario était notre unique arme. Pour monter un film, il faut soit un casting de star, soit un réalisateur reconnu, soit un scénario en béton armé. Comme on ne réunissait aucun des critères de célébrité, on n’a pas arrêté avec Sabrina de revoir le scénario pour l’améliorer, encore et encore, jusqu’à ce qu’il soit trop abouti pour que quelqu’un puisse nous dire non. Et puis, on évitait de trop dire à quoi ça allait ressembler visuellement. Le moodboard (document réunissant des images référence d’autres films pour montrer à quoi le projet va avoir l’air) n’avait que des références de films américains. Autant vous dire qu’on ne le montrait pas à tous nos partenaires potentiels…
Margaux: Après la projection de « La dernière vie de Simon » le public était très enjoué et les critiques des cinéphiles présents dans la salle étaient très élogieuses. Cela laisse penser que le public est demandeur de films comme le vôtre… Comment expliquer la peur des distributeurs à montrer des films fantastiques francophones en salle ?
Léo Karmann: C’est purement une question de marché. Il y a quelques décennies, la France avait un large panel de genres populaire. Et puis on a laissé la place du cinéma spectacle aux Américains, et celui du cinéma de genre pointu aux asiatiques. Petit à petit, les jeunes ont déserté les films français parce qu’ils ne s’adressaient plus à eux. Aujourd’hui, toute une génération de jeunes cinéastes a envie que ce type de cinéma revienne, et il faut soutenir ce mouvement. C’est trop triste de voir qu’on a les meilleures écoles de techniciens, d’effets spéciaux, d’animation, et que tous nos artistes partent à l’étranger parce qu’ils sont persuadés qu’ils ne feront jamais le cinéma qu’ils aiment en France.
Margaux: Vous avez collaboré à l’écriture du scénario avec Sabrina B Karine que vous connaissez depuis plusieurs années puisqu’elle est aussi la co-fondatrice de votre association « La Scénaristerie » que vous avez fondée en 2015. Pouvez-vous nous en dire plus sur le processus de collaboration et ce que cela implique ?
Léo Karmann: Avec Sabrina nous travaillons depuis 10 ans ensemble. On est comme des frères et sœurs. On a exactement les mêmes goûts de cinéma, les mêmes envies de récit, c’est très facile de trouver une direction commune quand on part sur une nouvelle idée ensemble. Si La Dernière Vie de Simon est le résultat d’une coécriture du début à la fin, nous travaillons différemment sur les prochains. Je coécris l’histoire avec elle, puis elle s’empare seule de l’écriture de la continuité dialoguée. Je rebondis sur ses versions, les adapte pour ma mise en scène, mais c’est elle qui a la responsabilité (et le crédit) du scénario en tant que tel. C’est un vrai plaisir de fonctionner comme ça, chacun a une place beaucoup plus précise et dans le respect du travail de chacun.
Margaux: La musique prend une place très importante dans votre film, sur 1h43 de film on peut entendre 1h05 de bande originale ! Comment avez-vous collaboré avec Erwann Chandon, le compositeur de musique et quelle a été la démarche de création ?
Léo Karmann: Avec Sabrina nous travaillons depuis 10 ans ensemble. On est comme des frères et sœurs. On a exactement les mêmes goûts de cinéma, les mêmes envies de récit, c’est très facile de trouver une direction commune quand on part sur une nouvelle idée ensemble. Si La Dernière Vie de Simon est le résultat d’une coécriture du début à la fin, nous travaillons différemment sur les prochains. Je coécris l’histoire avec elle, puis elle s’empare seule de l’écriture de la continuité dialoguée. Je rebondis sur ses versions, les adapte pour ma mise en scène, mais c’est elle qui a la responsabilité (et le crédit) du scénario en tant que tel. C’est un vrai plaisir de fonctionner comme ça, chacun a une place beaucoup plus précise et dans le respect du travail de chacun.
Margaux: La musique prend une place très importante dans votre film, sur 1h43 de film on peut entendre 1h05 de bande originale ! Comment avez-vous collaboré avec Erwann Chandon, le compositeur de musique et quelle a été la démarche de création ?
Léo Karmann: Je connais Erwann depuis plusieurs années maintenant, et il est un alter-égo musical aussi fort que Sabrina l’est dans l’écriture. On a exactement les mêmes goûts et la même sensibilité. Il a lu le scénario très en amont du tournage pour s’imprégner de l’histoire et commencer à chercher les thèmes. C’était très important pour moi qu’on les trouve avant qu’on commence à tourner, et que l’équipe (techniciens et comédiens) puisse les écouter. Ça donne une ambiance générale, ça participe à mettre tout le monde dans la même dynamique. Et puis ça permet à Erwann de chercher sans pression : généralement, les compositeurs sont embauchés à la fin de la post-production d’un film, quand le montage est terminé, et ils ont deux mois pour composer rapidement quelque chose. Là il a eu plusieurs mois pour chercher, aller dans des directions inattendues… C’était génial, pour lui comme pour moi.
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Margaux: Mais surtout comment avez-vous fait pour que la musique épouse aussi bien l’image et qu’elle accompagne si bien le récit ?
Léo Karmann: Comme l’identité musicale a été trouvé en amont, elle a imprégné tous les postes artistiques du film. Puis, pendant le montage avec Olivier Michaut-Alchourroun, nous avons pu placer ses maquettes sur les images, et adapter parfois le montage en conséquence. Elle a fait partie de l’aventure du début à la fin.
Margaux: Dans « La dernière vie de Simon », plusieurs acteurs jouent le même personnage, en tant que scénariste cela n’était pas trop compliqué de le faire comprendre dès l’écriture ?
Léo Karmann: Non, nous mettions toujours « Simon » quand nous parlions de lui ! Et on précisait l’apparence qu’il avait dans la scène si besoin est.
Margaux:... Et en tant que réalisateur, ce n’était pas trop compliqué de gérer la direction d’acteurs ?
Léo Karmann: C’était passionnant. Avec Benjamin et Martin, les deux acteurs principaux interprétant Simon, nous avons cherché le personnage, comment il se présente au monde, regarde ou parle. Et une fois que cette « feuille de route » était établie, j’ai pu la communiquer ensuite aux acteurs qui l’interprètent de manière plus furtive. Mais Martin et Benjamin ont fait un véritable travail de continuité émotionnel, observant comment l’autre terminait une scène pour prendre la suite de manière cohérente.
Margaux: Dans votre film, on retrouve beaucoup de références à James Cameron et même Steven Spielberg et son film « ET L’extraterrestre » ? Vous avez confié ailleurs que ce sont des réalisateurs dont vous admirez le travail. Etait-ce plus un moyen de rendre hommage aux films qui ont marqué votre enfance ou une réelle source d’inspiration ?
Léo Karmann: J’ai eu envie de faire de cinéma en découvrant leurs films. Leurs histoires m’ont bercé toute mon enfance, elles continuent de le faire aujourd’hui. Je pense que leur cinéma m’imprègne et m’inspire, plus que ce dont j’ai conscience. Bien sûr qu’il y a quelques hommages assumés dans le film. Mais l’histoire de Simon m’est tellement personnelle qu’il est plus juste de parler d’inspiration.
Léo Karmann: Comme l’identité musicale a été trouvé en amont, elle a imprégné tous les postes artistiques du film. Puis, pendant le montage avec Olivier Michaut-Alchourroun, nous avons pu placer ses maquettes sur les images, et adapter parfois le montage en conséquence. Elle a fait partie de l’aventure du début à la fin.
Margaux: Dans « La dernière vie de Simon », plusieurs acteurs jouent le même personnage, en tant que scénariste cela n’était pas trop compliqué de le faire comprendre dès l’écriture ?
Léo Karmann: Non, nous mettions toujours « Simon » quand nous parlions de lui ! Et on précisait l’apparence qu’il avait dans la scène si besoin est.
Margaux:... Et en tant que réalisateur, ce n’était pas trop compliqué de gérer la direction d’acteurs ?
Léo Karmann: C’était passionnant. Avec Benjamin et Martin, les deux acteurs principaux interprétant Simon, nous avons cherché le personnage, comment il se présente au monde, regarde ou parle. Et une fois que cette « feuille de route » était établie, j’ai pu la communiquer ensuite aux acteurs qui l’interprètent de manière plus furtive. Mais Martin et Benjamin ont fait un véritable travail de continuité émotionnel, observant comment l’autre terminait une scène pour prendre la suite de manière cohérente.
Margaux: Dans votre film, on retrouve beaucoup de références à James Cameron et même Steven Spielberg et son film « ET L’extraterrestre » ? Vous avez confié ailleurs que ce sont des réalisateurs dont vous admirez le travail. Etait-ce plus un moyen de rendre hommage aux films qui ont marqué votre enfance ou une réelle source d’inspiration ?
Léo Karmann: J’ai eu envie de faire de cinéma en découvrant leurs films. Leurs histoires m’ont bercé toute mon enfance, elles continuent de le faire aujourd’hui. Je pense que leur cinéma m’imprègne et m’inspire, plus que ce dont j’ai conscience. Bien sûr qu’il y a quelques hommages assumés dans le film. Mais l’histoire de Simon m’est tellement personnelle qu’il est plus juste de parler d’inspiration.
(c) Jour2Fete
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Margaux: D’ailleurs l’enfance est un thème de votre film, le film débute quand les personnages sont encore des enfants !
Léo Karmann: Avec Sabrina, nous avons conscientisé que le cinéma qu’on veut faire est un cinéma qui s’adresse à l’enfant intérieur des gens. Nous sommes persuadés que les émotions sont réparatrices. Ça ne veut pas dire qu’il y aura des enfants dans tous nos films, mais ça veut très certainement dire que l’enfance est un âge qui nous fascine. C’est celui du rêve et de l’émotion brute. Deux similitudes avec le cinéma que je préfère regarder ! |
Margaux: Au-delà du fantastique et des pouvoirs magiques de Simon, votre film raconte avant tout une magnifique histoire d’amour, d’amitié et des liens familiaux. Souvent l’un prédomine sur l’autre mais dans « La dernière vie de Simon » tout est bien ficelé et relié. Ce n'était pas trop compliqué de donner à chacun des ces thèmes un espace dans le récit?
Léo Karmann: Très intéressante question ! Ça a été très compliqué, de l’écriture au montage. Le plus difficile a été de faire cohabiter une histoire d’amour avec une histoire de famille. Et jusqu’au bout du montage, l’équilibre a été difficile à trouver. Et il a fallu faire un choix : celui du romanesque. La plupart des scènes coupées du film concernent les enfants et les parents. Je les adore mais elles n’avaient plus leur place… Vous les découvrirez dans le DVD !
Margaux: Vous avez été intervenant en scénario dans différentes écoles de cinéma, auriez-vous un conseil de professeur à donner aux jeunes scénaristes qui errent sur « Écran et Toile » pour écrire une belle histoire ?
Léo Karmann: Le secret de l’écriture, c’est la réécriture. Écrire un scénario est un processus long, et qui peut être douloureux si on va trop vite. Il est primordial de se poser rapidement les questions qui fâchent : qu’est-ce qu’on veut raconter dans notre film ? En quoi le personnage dont on choisit de raconter l’histoire a besoin de la vivre pour avancer dans sa vie ? C’est des questions qui nous force à nous relier en tant qu’auteur à l’histoire qu’on raconte car, qu’on le veuille ou non, que notre histoire se passe à notre époque et dans notre ville natale, ou dans 2000 ans sur la planète Mars, ce qu’on raconte est lié à nous. Et deuxième conseil qui vous fera économiser beaucoup de temps : restez sur des petits documents le plus longtemps possible. Quelques pages de synopsis, concentrées sur l’évolution émotionnelle de votre personnage. C’est beaucoup plus facile de modifier 5 ou 15 pages que 100. Et d’avoir de la distance avec ce qu’on écrit. Si le scénario est une maison que vous construisez, assurez-vous par cet exercice d’en solidifier les fondations au lieu de vous jeter sur la déco qui risque de partir en un coup de vent si vos murs ne sont pas solides.
Margaux: … et un conseil de réalisateur ?
Léo Karmann:Partez en tournage avec un scénario en béton armé. Sans aucun doute sur aucune scène. Les journées passent tellement vite, les questions sont tellement incessantes, que vous ne voulez pas avoir l’esprit pollué par des problèmes dramaturgiques. Et prenez plaisir aux imprévus. Réaliser, c’est rendre réel. Vous n’aurez jamais le film que vous avez dans la tête, parce que la réalité est toujours différente du fantasme. Mais au lieu de le vivre dans la frustration, prenez cet état de fait avec humilité : la réalité est forcément plus riche que ce que vous avez dans la tête. Une fois cette vérité acceptée, chaque imprévu sera l’opportunité de trouver une meilleure idée.
Léo Karmann: Très intéressante question ! Ça a été très compliqué, de l’écriture au montage. Le plus difficile a été de faire cohabiter une histoire d’amour avec une histoire de famille. Et jusqu’au bout du montage, l’équilibre a été difficile à trouver. Et il a fallu faire un choix : celui du romanesque. La plupart des scènes coupées du film concernent les enfants et les parents. Je les adore mais elles n’avaient plus leur place… Vous les découvrirez dans le DVD !
Margaux: Vous avez été intervenant en scénario dans différentes écoles de cinéma, auriez-vous un conseil de professeur à donner aux jeunes scénaristes qui errent sur « Écran et Toile » pour écrire une belle histoire ?
Léo Karmann: Le secret de l’écriture, c’est la réécriture. Écrire un scénario est un processus long, et qui peut être douloureux si on va trop vite. Il est primordial de se poser rapidement les questions qui fâchent : qu’est-ce qu’on veut raconter dans notre film ? En quoi le personnage dont on choisit de raconter l’histoire a besoin de la vivre pour avancer dans sa vie ? C’est des questions qui nous force à nous relier en tant qu’auteur à l’histoire qu’on raconte car, qu’on le veuille ou non, que notre histoire se passe à notre époque et dans notre ville natale, ou dans 2000 ans sur la planète Mars, ce qu’on raconte est lié à nous. Et deuxième conseil qui vous fera économiser beaucoup de temps : restez sur des petits documents le plus longtemps possible. Quelques pages de synopsis, concentrées sur l’évolution émotionnelle de votre personnage. C’est beaucoup plus facile de modifier 5 ou 15 pages que 100. Et d’avoir de la distance avec ce qu’on écrit. Si le scénario est une maison que vous construisez, assurez-vous par cet exercice d’en solidifier les fondations au lieu de vous jeter sur la déco qui risque de partir en un coup de vent si vos murs ne sont pas solides.
Margaux: … et un conseil de réalisateur ?
Léo Karmann:Partez en tournage avec un scénario en béton armé. Sans aucun doute sur aucune scène. Les journées passent tellement vite, les questions sont tellement incessantes, que vous ne voulez pas avoir l’esprit pollué par des problèmes dramaturgiques. Et prenez plaisir aux imprévus. Réaliser, c’est rendre réel. Vous n’aurez jamais le film que vous avez dans la tête, parce que la réalité est toujours différente du fantasme. Mais au lieu de le vivre dans la frustration, prenez cet état de fait avec humilité : la réalité est forcément plus riche que ce que vous avez dans la tête. Une fois cette vérité acceptée, chaque imprévu sera l’opportunité de trouver une meilleure idée.