Interview de Astrid Whettnall
Dans le cadre de la diffusion de la saison 2 de "Baron noir"
6 mars 2018
Dans le cadre de la diffusion de la saison 2 de "Baron noir"
6 mars 2018
Alors que la saison 2 de « Baron Noir » sera diffusée dès ce samedi 10 mars sur Be TV, nous avons joint Astrid Whettnall par téléphone afin d’évoquer avec elle son personnage (Véronique Bosso), la série de Ziad Doueiri et ses projets futurs. Passionnée par son rôle et par la série en général, la comédienne et scénariste nous dit tout, avec conviction et sincérité.
Fany : Dans la première saison de « Baron Noir » votre personnage est une militante de terrain et l’adjointe au Maire. Dans cette nouvelle saison, elle est devenue la conseillère de la Présidente Dorendeu. Comment avez-vous vécu son évolution ? Astrid Whettnall : C’était très intéressant car je n’avais jamais travaillé à long terme sur une série qui se déroule, en plus, sur deux saisons. Le monde de la télévision était nouveau pour moi. J’ai donc découvert la joie d’avoir un personnage de série parce que justement, il y a la possibilité d’avoir une vraie évolution dans le temps. |
Ce qui est intéressant avec celui de Véronique Bosso, c’est que c’est une femme de caractère, très forte, intelligente et indépendante mais qui reste, malgré toute son évolution, fidèle à ses idéaux socialistes. C’est une femme de parole et d’amitié et elle se bat toujours pour les mêmes raisons. Quand elle était ajointe du maire Philippe Rickwaert à Dunkerque, joué par Kad Merad, elle était proche des habitants. Elle-même fille d’ouvrier elle-même, elle s’investit dans une gauche pure dans ce qu’elle a de plus humaniste et ça, elle le garde tout au long de son parcours. Sans spoiler l’intrigue de la saison 2, elle va peut-être même quitter des postes très attractifs parce qu’ils ne correspondraient plus aux valeurs qui sont ancrées profondément en elle et auxquelles elle reste fidèle.
Maintenant, on le voit par rapport à la première saison, Véronique prend son indépendance par rapport à Philippe Rickwaert, qu’elle apprécie beaucoup, et qu’elle a suivie longtemps et loin. Ce sont des amis d’enfance, elle admire l’animal politique et ce, même si elle est en désaccord total avec certains moyens qu’il utilise. Je pense que c’est d’ailleurs pour cela qu’elle va prendre de la distance par rapport à lui et au parti socialiste car ils ne représentent plus les purs idéaux de gauche. Ce qui importe pour elle, c’est de rester fidèle à sa ligne de conduite et peu à peu, on voit qu’elle acquiert une vraie autorité par rapport à d’autres personnages : d’autres partis vont l’approcher, des politiques vont vouloir travailler avec elle parce que c’est un référent et qu’elle anticipe fortement les choses. C’est une sorte d’intelligence de l’ombre et c’est super intéressant d’interpréter un personnage comme celui-là !
Fany : Vous pensez que Véronique Bosso aurait la carrure pour devenir Présidente de la France ?
Maintenant, on le voit par rapport à la première saison, Véronique prend son indépendance par rapport à Philippe Rickwaert, qu’elle apprécie beaucoup, et qu’elle a suivie longtemps et loin. Ce sont des amis d’enfance, elle admire l’animal politique et ce, même si elle est en désaccord total avec certains moyens qu’il utilise. Je pense que c’est d’ailleurs pour cela qu’elle va prendre de la distance par rapport à lui et au parti socialiste car ils ne représentent plus les purs idéaux de gauche. Ce qui importe pour elle, c’est de rester fidèle à sa ligne de conduite et peu à peu, on voit qu’elle acquiert une vraie autorité par rapport à d’autres personnages : d’autres partis vont l’approcher, des politiques vont vouloir travailler avec elle parce que c’est un référent et qu’elle anticipe fortement les choses. C’est une sorte d’intelligence de l’ombre et c’est super intéressant d’interpréter un personnage comme celui-là !
Fany : Vous pensez que Véronique Bosso aurait la carrure pour devenir Présidente de la France ?
Astrid Whettnall : Je pense qu’elle aurait la carrure oui, c’est certain, mais elle a surtout l’intelligence, la clairvoyance et les relations. Maintenant, pour le moment et jusqu’à cette saison 2, c’est un personnage qui n’a pas besoin d’être dans la lumière. Elle est très bien dans les actions concrètes et dans ce rôle de conseillère des autres. Je pense d’ailleurs que le jour de l’élection d’Amélie Durondeu au poste de la présidence française était l’un des plus importants de la vie de Véronique Bosso. Pour elle, avoir une femme présidente de gauche à la tête du pays et avoir participé au travail d’équipe qui l'a mise-là, c’est tout ce qu’elle aime. Ce n’est pas quelqu’un qui a un ego ou un besoin de pouvoir, c’est plutôt une femme qui se sert de la politique pour servir son pays. En tout cas, si j’en avais la possibilité, je voterais pour une femme comme Véronique Bosso, c’est certain ! (Rires)
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Fany : Physiquement, votre personnage, s’adapte aussi. Elle passe du jean/pull au tailleur noir. C’est important pour sa construction et son identification ?
Astrid Whettnall : En tout cas, en quittant Dunkerque, elle a changé c’est vrai. Ça m’a rappelé l’histoire de Dominique Besnéhard qui avait refait toute la garde-robe de Ségolène Royal. J’ai l’impression qu’on apprend les codes à ces personnes, qui arrivent tout à coup à l’Elysée. Mon personnage de Véronique Bosso n’est, à mon avis, pas quelqu’un qui perd son temps à s’occuper de son image mais qui par contre, respecte les codes de là où elle doit être. Elle est à l’Elysée, donc elle s’habille en conséquence, avec des talons et des tailleurs mais elle garde sa simplicité, sa rigueur. Il n’y a pas d’attraits de séduction dans ses vêtements. C’est très approprié par rapport aux lieux où elle est et où elle travaille surtout.
Fany: En parlant de lieu, Dunkerque a une importance capitale dans la série « Baron noir ». Pourquoi cette ville en particulier ?
Astrid Whettnall : Parce que Dunkerque est le siège, le fief du socialisme en France. C’était fort de commencer la saison à Dunkerque, surtout qu’à la fin de la saison 1, à cause des magouilles de Philippe Rickwaert, la mairie va aller à la droite, pour la première fois de l’histoire de la ville. C’est dramatique et c’est là qu’on comprend qu’il y a un effritement du parti socialiste en France, c’est qui est très bien représenté par la perte de la ville de Dunkerque.
Astrid Whettnall : En tout cas, en quittant Dunkerque, elle a changé c’est vrai. Ça m’a rappelé l’histoire de Dominique Besnéhard qui avait refait toute la garde-robe de Ségolène Royal. J’ai l’impression qu’on apprend les codes à ces personnes, qui arrivent tout à coup à l’Elysée. Mon personnage de Véronique Bosso n’est, à mon avis, pas quelqu’un qui perd son temps à s’occuper de son image mais qui par contre, respecte les codes de là où elle doit être. Elle est à l’Elysée, donc elle s’habille en conséquence, avec des talons et des tailleurs mais elle garde sa simplicité, sa rigueur. Il n’y a pas d’attraits de séduction dans ses vêtements. C’est très approprié par rapport aux lieux où elle est et où elle travaille surtout.
Fany: En parlant de lieu, Dunkerque a une importance capitale dans la série « Baron noir ». Pourquoi cette ville en particulier ?
Astrid Whettnall : Parce que Dunkerque est le siège, le fief du socialisme en France. C’était fort de commencer la saison à Dunkerque, surtout qu’à la fin de la saison 1, à cause des magouilles de Philippe Rickwaert, la mairie va aller à la droite, pour la première fois de l’histoire de la ville. C’est dramatique et c’est là qu’on comprend qu’il y a un effritement du parti socialiste en France, c’est qui est très bien représenté par la perte de la ville de Dunkerque.
Source: https://www.ville-dunkerque.fr
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Fany: Etrangement, on perçoit toujours Dunkerque comme étant une ville « grise » alors qu’ici, les prises de vue donnent un aspect coloré et solaire à cette région.
Astrid Whettnall : Je suis belge et je connais bien le régions frontalières de la Belgique mais je n’étais jamais allée à Dunkerque. Quand on arrive là-bas, il y a une lumière incroyable. Dans une même journée, il peut pleuvoir et ensuite y avoir un soleil d’un jaune sublime… J’ai vraiment été séduite par la beauté des plages, l’accueil des gens. Tout le passé industriel de Dunkerque est très cinématographique et il offre des décors merveilleux. Pour ce qui est de la lumière, les équipes ont filmé les images du ciel à certains moments de la journée pour que les paysages rayonnent au lever et au coucher du soleil. |
Fany: La fin de la saison 1 marque la disparition de Niels Arestrup de la série. Vous ne pensez pas qu’il aurait pu avoir sa place dans la suite de cette histoire ?
Astrid Whettnall : C’est difficile pour moi de vous répondre car je ne suis que comédienne, mais bien sûr qu’il y avait toute sa place. Dans les séries, il est toujours intéressant d’avoir des rebondissements surprenants avec des gens qui partent et qui viennent. Ici, son personnage quittait la scène politique, accablé par les scandales qui lui tombaient dessus et c’est sans doute la raison pour laquelle les scénaristes n’ont pas choisi de reprendre son personnage dans la saison 2. Il y a aussi des choses importantes qui se passent dans la vie de Philippe Rickwaert, mais je ne sais pas si je peux le dire ici. Quand Rickwaert sort de prison et ne peut plus pratiquer de politique, en tout cas ouvertement puisqu’il est en attente de son procès, il n’a plus de nouvelles de Laugier, interprété par Niels Arestrup. Pourtant, Laugier était une sorte de mentor, avec qui il formait un beau duo mais il est à présent isolé et ne peut plus que tirer les ficelles du parti socialiste dans l’ombre…
Astrid Whettnall : C’est difficile pour moi de vous répondre car je ne suis que comédienne, mais bien sûr qu’il y avait toute sa place. Dans les séries, il est toujours intéressant d’avoir des rebondissements surprenants avec des gens qui partent et qui viennent. Ici, son personnage quittait la scène politique, accablé par les scandales qui lui tombaient dessus et c’est sans doute la raison pour laquelle les scénaristes n’ont pas choisi de reprendre son personnage dans la saison 2. Il y a aussi des choses importantes qui se passent dans la vie de Philippe Rickwaert, mais je ne sais pas si je peux le dire ici. Quand Rickwaert sort de prison et ne peut plus pratiquer de politique, en tout cas ouvertement puisqu’il est en attente de son procès, il n’a plus de nouvelles de Laugier, interprété par Niels Arestrup. Pourtant, Laugier était une sorte de mentor, avec qui il formait un beau duo mais il est à présent isolé et ne peut plus que tirer les ficelles du parti socialiste dans l’ombre…
Fany: Dans la saison 1, on dévoilait les dessous du scandale financier d’un parti politique. Ici, c’est une situation plus pointue qui est présentée. Vous pensez que le public belge accrochera à une histoire plus ciblée sur des fonctionnements très français ?
Astrid Whettnall : Oui, je le pense vraiment car cette saison 2 parle de l’exercice et la solitude du pouvoir. C’est aussi une saison où on ne nous cache rien et où rien n’est manichéen. On nous montre des coups bas ou tordus, des alliances un peu forcées, des contournements de la loi mais aussi que ces hommes politiques ont choisi de faire ce métier pour se mettre au service des citoyens qui ont voté pour eux. |
On évoque les lois qui sont importantes pour protéger les gens, et en cela, je trouve que c’est une série qui transcendante la politique. La raison pour laquelle je l’aime beaucoup, c’est que si on apprécie la politique, on a toute la nourriture qu’on souhaite tant elle est riche en détails politiques. Par contre, si on est moins intéressé par la thématique, cette série, extrêmement humaine, nous permet aussi de suivre des destins d’homme, de s’intéresser à la profondeur des personnages et à l’histoire. Leur point fort, c’est d’être parvenu à rendre captivante, une série qui ne parle que de politique. C’est comme un thriller ou un film d’action : il y a une adrénaline très forte qui rend ce programme haletant.
Fany: Quel est votre meilleur souvenir de tournage durant ces deux saisons ?
Astrid Whettnall : Il y a en plein mais il y a un plan en particulier que j’aime énormément. A un moment, Véronique Bosso revient à Dunkerque et on la voit nager dans la mer. A ce moment, on sent combien ça lui fait du bien de revenir aux sources. C’était fantastique parce qu’on était en octobre, il faisait très froid et on tournait en équipe réduite au coucher du soleil. On a passé une demi- heure à prendre les images dans un silence complet face à ces usines… C’était magique !
Fany: Quel est votre meilleur souvenir de tournage durant ces deux saisons ?
Astrid Whettnall : Il y a en plein mais il y a un plan en particulier que j’aime énormément. A un moment, Véronique Bosso revient à Dunkerque et on la voit nager dans la mer. A ce moment, on sent combien ça lui fait du bien de revenir aux sources. C’était fantastique parce qu’on était en octobre, il faisait très froid et on tournait en équipe réduite au coucher du soleil. On a passé une demi- heure à prendre les images dans un silence complet face à ces usines… C’était magique !
Véronique : Je vous propose à présent de sortir quelques instants de la série « Baron noir » pour nous intéresser à votre carrière. Vous avez reçu l’an dernier le Magritte de la meilleure actrice pour votre rôle dans « Le route d’Istanbul ». Lors de cette édition 2018, les femmes ont été largement primées et pas seulement pour des prix techniques. Pensez-vous que le monde du cinéma a pris un virage et permet aux femmes d’avoir une place plus prépondérante dans le septième art ?
Astrid Whettnall : Je l'espère car franchement, il est vraiment temps ! On en souffre peut-être moins nous, en tant qu’actrice, mais regardez combien il y a de réalisatrices dans ce métier, combien ont reçu l’Oscar de la meilleure réalisatrice ou du meilleur film… |
Je pense que le milieu du cinéma est plus médiatisé que d’autres mais vous le savez comme moi, c’est partout pareil. Peu de femmes obtiennent des postes à responsabilités et on sait très bien que l’égalité homme- femme n’est pas pour aujourd’hui ... Tout mouvement fédéré ou toute parole libérée qui aide à changer les choses ne peut être que bénéfique. Si les dénonciations dans l’affaire Weinstein, #Metoo etc. permettent une prise de conscience, alors j’ai du mal à dire quoi que ce soit de contraire. J’espère que ça va faire bouger les lignes et amener à des actions concrètes mais alors dans toutes les strates de la société.
Véronique : Vous donnez d’ailleurs l’impression d’être une femme très engagée. Le cinéma dans lequel vous tournez parfois l’est parfois. Comment préparez-vous des rôles aussi forts, tel que celui de Rachid Bouchareb pour ne citer que celui-là ?
Véronique : Vous donnez d’ailleurs l’impression d’être une femme très engagée. Le cinéma dans lequel vous tournez parfois l’est parfois. Comment préparez-vous des rôles aussi forts, tel que celui de Rachid Bouchareb pour ne citer que celui-là ?
Astrid Whettnall : En fait, ce qui compte le plus pour moi, c’est l’histoire qu’un réalisateur veut raconter. Si c’est un réalisateur dont j’admire le travail, si son film possède un message, si j’y adhère et si je partage son point de vue sur le monde, alors j’accepte le scénario. Après, cela varie pour chacun des films. Pour « La route d’Istanbul », c’était très important de se mettre au service du message qui mettait en lumière le drame de certaines femmes dont les enfants étaient partis faire le Djihad en Syrie. Ce sont aussi elles les premières victimes et çà, on a souvent tendance à l’oublier : elles sont livrées à elles-mêmes dans une grande solitude ! Je trouve que c’est d’une extrême violence. Il fallait être digne du drame que Rachid voulait raconter.
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Pour la série « Baron noir » de Ziad, mon personnage n’était pas qu’une femme politique, c’était aussi une femme engagée et passionnée au caractère fort, qui avait des convictions chevillées au corps et qui est prête à tout perdre pour ses idéaux. C’est superbe d’interpréter des personnages comme ceux-là car ils m’enrichissent et me tirent vers le haut, ils nous transcendent. Par exemple, quand j’ai travaillé avec Vincent Lannoo sur « Au nom du fils », je savais qu’il allait dénoncer la pédophilie au sein de l’église dans une approche un peu différente. C’était une sorte de tragi-comédie noire un peu trash et il fallait s’adapter à ce ton particulier. A chaque fois et pour chaque préparation, je me questionne sur la femme que je vais interpréter, quelles sont ses faiblesses, ses formes de courage, les moments de vie qu’elle traverse, et surtout à quoi sert mon personnage dans l’histoire qui est racontée. Il ne faut jamais perdre de vue que c’est le film qui est important.
Véronique : Je ne sais pas si on peut déjà évoquer vos prochains projets et notamment celui que vous entamez avec Rémi Bezançon ?
Astrid Whettnall : Oui, bien sûr ! Je viens de terminer le nouveau long-métrage de David Oelhoffen avec Matthias Schoenaerts et Reda Kateb. Et là, je commence demain une comédie, « Le mystère Henri Pick ». Ça va me faire du bien parce que ça fait longtemps que je n’en ai plus faite ! C’est une adaptation du livre de David Foenkinos avec Fabrice Luchini, Camille Cottin et une jeune comédienne incroyable qui a joué dans « Elle » de Paul Verhoeven : Alice Isaaz. Pour le coup, c’est totalement autre chose car ça se passe dans le milieu littéraire à Paris, très Saint- Germain, très intello. Fabrice Luchini y joue un grand critique littéraire et moi je suis la responsable de toutes les éditions Gallimard. Ca va être rigolo !
Véronique : Je ne sais pas si on peut déjà évoquer vos prochains projets et notamment celui que vous entamez avec Rémi Bezançon ?
Astrid Whettnall : Oui, bien sûr ! Je viens de terminer le nouveau long-métrage de David Oelhoffen avec Matthias Schoenaerts et Reda Kateb. Et là, je commence demain une comédie, « Le mystère Henri Pick ». Ça va me faire du bien parce que ça fait longtemps que je n’en ai plus faite ! C’est une adaptation du livre de David Foenkinos avec Fabrice Luchini, Camille Cottin et une jeune comédienne incroyable qui a joué dans « Elle » de Paul Verhoeven : Alice Isaaz. Pour le coup, c’est totalement autre chose car ça se passe dans le milieu littéraire à Paris, très Saint- Germain, très intello. Fabrice Luchini y joue un grand critique littéraire et moi je suis la responsable de toutes les éditions Gallimard. Ca va être rigolo !