"Jim Carrey, l'Amérique démasquée"
de Adrien Dénouette
de Adrien Dénouette
Premier volume d’une collection consacrée à la pop culture et centrée sur le cinéma et les jeux vidéo, « Jim Carrey, l’Amérique démasquée » s’ouvre sur une performance de Buster Keaton, dans « Film » de Samuel Beckett et réalise un grand écart de 30 ans pour faire naître sous nos yeux la carrière de Jim Carrey, l’acteur toonesque que tout le monde connait. Cette approche résumerait d’ailleurs presque à elle-seule l’idée même du livre de Adrien Dénouette, un ouvrage qui puise son inspiration dans des références hétéroclites, réalisant des liens entre les carrières des uns et les choix pensés des autres mais aussi l’évolution de l’Amérique, de la société, de son cinéma et des mentalités. Un essai que l’on parcourt avec délectation et que l’on annote, un livre dont on s’éloigne le temps d’une séance évoquée dans ses lignes et auquel on revient pour découvrir la suite de ses idées. Un très joli format coloré et de qualité qui évoque la cinéphilie, la culture et les parcours de vie avec minutie… Bref, une entrée en matière réussie qui s’intéresse à l’un des acteurs canadiens les plus populaires et dont on découvre, page après page, un condensé de son incroyable (et inconstante) carrière. |
Présentation du livre : Dumb and Dumber, The Mask, Ace Ventura, Man on the Moon… Jim Carrey a régné sur les années 1990 en autant de films qui l’auront hissé au sommet du box office et d’une comédie incorrigible et subversive. Corps mutant et acteur d’une révolution numérique d’où ressurgit le dernier âge d’or du cartoon, il aura été le visage des années Clinton, le trait d’union entre Charlie Chaplin, Roger Rabbit et Avatar, la dernière explosion de rire-bête avant la dépression du 11 septembre et l’OPA de Disney sur l’imaginaire hollywoodien. A l’heure où Donald Trump lui a volé son rôle de toon, quelle place peut encore trouver Jim Carrey sur des écrans où l’humour décline ?
L’auteur : Critique de cinéma pour les revues Carbone, Trois Couleurs et Critikat, Adrien Dénouette enseigne aussi l'écriture critique à l'Université de Paris et donne des conférences sur le cinéma partout en France. « L'Amérique Démasquée » est son premier livre, dont il prépare l'adaptation en documentaire pour Arte et Bellota films.
Avis : Il a engrangé pas loin de 700 millions de dollars en trois films. A 32 ans, Jim Carrey vient d’enchaîner « Ace Ventura, « Dumb et Dumber » et « The Mask », des métrages qui ont marqué durablement la comédie américaine et une génération complète de spectateurs amateurs de ses incroyables mimiques. Aussi, comment ne pas s’intéresser à celui qui a permis à la « Trash comedy » de devenir populaire, à cet acteur « qui a un nom aussi facile à se remémorer qu’un toon » et qui a su, en quelques années, grimper les marches du panthéon de la comédie parfois vulgaire et décomplexée en gardant sa personnalité propre et cet amour pour l’entertainment et le slapstick.
Pourtant, à lire le parcours de ce jeune rêveur venu du Canada pour faire exulter son talent d’imitateur et de provocateur, rien n’était acquis et nombreuses ont été les années de labeur avant de connaître la même ascension fulgurante que celle vécue par Charlie Chaplin 80 ans plus tôt. Des premiers spectacles donnés devant son père (un modèle en la matière) à sa perte de vitesse en passant par ses succès interplanétaires et les films qui ont jalonné sa carrière, l’essai structuré de Adrien Dénouette nous entraîne dans les coulisses de « The Duck Factory » où il a fait ses premiers pas ou dans celles de « In living Color » où il a croisé la route des frères Wayans mais aussi dans celles de « The Mask », « Ace Ventura », « Eternal Sunshine of the Spotless » ou encore dans celles de « Man of the moon » qui ont d’ailleurs donné lieu à un documentaire proposé sur Netflix, « Jim and Andy ».
Préférant une présentation thématique plutôt que chronologique (quoique l’essentiel du livre suit malgré tout une ligne temporelle presque rectiligne), « Jim Carrey, l’Amérique démasquée » est aussi l’occasion de découvrir d’autres contemporains (abordés dans des petits encadrés roses succincts), de contextualiser les films et les choix du comédien, un acteur qui n’a jamais cessé de développer l’ADN de la comédie fusse-t-elle lourdaude ou parfois « choquante ». Too much dans ses attitudes, décomplexant la sexualité et s’amusant des sujets qui heurtent une Amérique puritaine et peu encline à se laisser bousculer, Jim Carrey a toujours assumé ses choix et tâcher de rebondir sur le trampoline de la comédie trash tant qu’elle était encore appréciée. Ses flops mais aussi ses tops, les succès critiques et les retours dans un cinéma lourdingue (et nostalgique) qui n’a pas toujours su trouver son public sont bien sûr au centre du livre de Adrien Dénouette qui se déclinera bientôt dans un documentaire produit par Arte et Bellota Films.
Au fil de ces 200 pages copieusement alimentées d’analyses, de présentations minutieuses des intrigues de films mais aussi des raisons qui ont probablement poussé Carrey a y adhérer, on se remémore ainsi quelques films de notre enfance/adolescence (« Menteur, menteur », « Fou d’Irène », « The Truman show », « Disjoncté », « Le Grinch », « Bruce Tout puissant » pour ne citer qu’eux), redécouvrons des films que l’on a peut-être laissé passer sans trop s’y intéresser (« Le nombre 23 », « I love you Phillip Morris ») et faisons le point sur une carrière qui a connu ses hauts mais aussi ses bas. Car tout comme ses illustres prédécesseurs, Keaton ou Chaplin, Carrey a révolutionné une époque mais n’a pas totalement su négocier le passage à la modernité lorsque les effets spéciaux l’ont peu à peu remplacé.
La genèse des projets auxquels il s’est rallié, les étapes de sa vie et les masques/costumes qu’il a revêtu tout au long de sa filmographie sont ainsi autant de prétextes pour nous plonger dans une étude de la société américaine, de la comédie et des sujets qui l’ont, décennie après décennie, divertie et préoccupée. Et a la lecture des dernières lignes de ce premier volume, on reste convaincu d’une chose : que la collection « Everglades » des éditions Façonnage ont encore de belles histoires à nous faire vivre et à nous raconter !
Informations pratiques:
Editeur : Façonnage Editions (collection Everglades)
ISBN : 978-23-671-6319-2
978-2491961008
Prix : 20€
Nombre de pages : 230
Date de parution : 2 décembre 2020
L’auteur : Critique de cinéma pour les revues Carbone, Trois Couleurs et Critikat, Adrien Dénouette enseigne aussi l'écriture critique à l'Université de Paris et donne des conférences sur le cinéma partout en France. « L'Amérique Démasquée » est son premier livre, dont il prépare l'adaptation en documentaire pour Arte et Bellota films.
Avis : Il a engrangé pas loin de 700 millions de dollars en trois films. A 32 ans, Jim Carrey vient d’enchaîner « Ace Ventura, « Dumb et Dumber » et « The Mask », des métrages qui ont marqué durablement la comédie américaine et une génération complète de spectateurs amateurs de ses incroyables mimiques. Aussi, comment ne pas s’intéresser à celui qui a permis à la « Trash comedy » de devenir populaire, à cet acteur « qui a un nom aussi facile à se remémorer qu’un toon » et qui a su, en quelques années, grimper les marches du panthéon de la comédie parfois vulgaire et décomplexée en gardant sa personnalité propre et cet amour pour l’entertainment et le slapstick.
Pourtant, à lire le parcours de ce jeune rêveur venu du Canada pour faire exulter son talent d’imitateur et de provocateur, rien n’était acquis et nombreuses ont été les années de labeur avant de connaître la même ascension fulgurante que celle vécue par Charlie Chaplin 80 ans plus tôt. Des premiers spectacles donnés devant son père (un modèle en la matière) à sa perte de vitesse en passant par ses succès interplanétaires et les films qui ont jalonné sa carrière, l’essai structuré de Adrien Dénouette nous entraîne dans les coulisses de « The Duck Factory » où il a fait ses premiers pas ou dans celles de « In living Color » où il a croisé la route des frères Wayans mais aussi dans celles de « The Mask », « Ace Ventura », « Eternal Sunshine of the Spotless » ou encore dans celles de « Man of the moon » qui ont d’ailleurs donné lieu à un documentaire proposé sur Netflix, « Jim and Andy ».
Préférant une présentation thématique plutôt que chronologique (quoique l’essentiel du livre suit malgré tout une ligne temporelle presque rectiligne), « Jim Carrey, l’Amérique démasquée » est aussi l’occasion de découvrir d’autres contemporains (abordés dans des petits encadrés roses succincts), de contextualiser les films et les choix du comédien, un acteur qui n’a jamais cessé de développer l’ADN de la comédie fusse-t-elle lourdaude ou parfois « choquante ». Too much dans ses attitudes, décomplexant la sexualité et s’amusant des sujets qui heurtent une Amérique puritaine et peu encline à se laisser bousculer, Jim Carrey a toujours assumé ses choix et tâcher de rebondir sur le trampoline de la comédie trash tant qu’elle était encore appréciée. Ses flops mais aussi ses tops, les succès critiques et les retours dans un cinéma lourdingue (et nostalgique) qui n’a pas toujours su trouver son public sont bien sûr au centre du livre de Adrien Dénouette qui se déclinera bientôt dans un documentaire produit par Arte et Bellota Films.
Au fil de ces 200 pages copieusement alimentées d’analyses, de présentations minutieuses des intrigues de films mais aussi des raisons qui ont probablement poussé Carrey a y adhérer, on se remémore ainsi quelques films de notre enfance/adolescence (« Menteur, menteur », « Fou d’Irène », « The Truman show », « Disjoncté », « Le Grinch », « Bruce Tout puissant » pour ne citer qu’eux), redécouvrons des films que l’on a peut-être laissé passer sans trop s’y intéresser (« Le nombre 23 », « I love you Phillip Morris ») et faisons le point sur une carrière qui a connu ses hauts mais aussi ses bas. Car tout comme ses illustres prédécesseurs, Keaton ou Chaplin, Carrey a révolutionné une époque mais n’a pas totalement su négocier le passage à la modernité lorsque les effets spéciaux l’ont peu à peu remplacé.
La genèse des projets auxquels il s’est rallié, les étapes de sa vie et les masques/costumes qu’il a revêtu tout au long de sa filmographie sont ainsi autant de prétextes pour nous plonger dans une étude de la société américaine, de la comédie et des sujets qui l’ont, décennie après décennie, divertie et préoccupée. Et a la lecture des dernières lignes de ce premier volume, on reste convaincu d’une chose : que la collection « Everglades » des éditions Façonnage ont encore de belles histoires à nous faire vivre et à nous raconter !
Informations pratiques:
Editeur : Façonnage Editions (collection Everglades)
ISBN : 978-23-671-6319-2
978-2491961008
Prix : 20€
Nombre de pages : 230
Date de parution : 2 décembre 2020