Il était une fois Sergio Leone
Presque 30 ans après son décès dans sa villa romaine, La cinémathèque Française de Paris consacre une exposition de choix sur l’un des cinéastes les plus influents de son époque : Sergio Leone. Retour sur le parcours de celui qui révolutionna le western et nous conta l’Amérique comme jamais personne ne l’avait fait avant lui.
Les premiers pas de Sergio Leone.
A l’entrée de l’exposition, on peut lire ces mots : « Je suis né dans le cinéma, mes parents y travaillaient. Ma vie, mes lectures, tout ce qui me concerne à un rapport avec le cinéma. Ce cinéma est dans la vie pour moi et vice-versa »
Les premiers pas de Sergio Leone.
A l’entrée de l’exposition, on peut lire ces mots : « Je suis né dans le cinéma, mes parents y travaillaient. Ma vie, mes lectures, tout ce qui me concerne à un rapport avec le cinéma. Ce cinéma est dans la vie pour moi et vice-versa »
Cela, on le comprendra au fil des premières salles consacrées à ses souvenirs d’enfance et d’adolescence, aux grands cinéastes qui ont influencé son travail, au long apprentissage qu’il suivra durant près de quinze ans aux côtés des collègues de son père ou des réalisateurs américains venus poser leur caméra dans les studios de la Cinecittà. Car si comme Fellini, Sergio Leone aime brouiller les pistes de son parcours artistique, les suivre le temps d’un instant nous permettra de mieux comprendre les thèmes et les moteurs de ce formidable réalisateur.
Né en 1929, ce fils du cinéma, a grandi à l’ombre des caméras. Sa mère, Bice Waleran, était une grande actrice alors que son père, Vincenzo Leone (dit Roberto Roberti) réalisait des films muets. Très tôt, il se retrouve assistant des plus grands cinéastes italiens de son temps et participe à près de 58 tournages en seulement 14 ans ! Fort de son expérience, il réalise, à 32 ans, son premier long-métrage : « Le colosse de Rhodes ». A travers le labyrinthe des souvenirs, des photos familiales, des anecdotes, des storyboards, des affiches de films l’ayant influencé, nous découvrons comment ce prometteur apprenti a nourri son univers cinématographique et fait ses premiers pas dans le monde du 7ème art. |
En 1964, le conte de fée qu’il a rêvé ne l’est plus puisqu’il réalise son premier western après avoir découvert un an plus tôt « Le garde du corps » de Kurosawa. Sergio Leone est né, place à la trilogie du dollar !
De l’inspiration à la naissance du mythe
Dans ce deuxième grand volet de l’exposition consacrée à Sergio Leone, nous découvrons tout ce qui a influencé le cinéaste lors de son enfance mais aussi tout au long de son fabuleux parcours.
De l’inspiration à la naissance du mythe
Dans ce deuxième grand volet de l’exposition consacrée à Sergio Leone, nous découvrons tout ce qui a influencé le cinéaste lors de son enfance mais aussi tout au long de son fabuleux parcours.
A travers des vidéos, des interviews mais aussi ses collections personnelles, nous apprenons que Sergio Leone a une passion (depuis l’âge de 10 ans) pour « La chevauchée fantastique » de John Ford ou « Les temps modernes » de Chaplin, on (re)découvre les nombreuses références à la littérature (Scott Fidgerald, Dos Passos), à la peinture (Goya, Degas, Hopper) qui jalonnent chacun de ses projets et combien l’influence de Giorgio De Chirico sur son travail est grande. On se plonge dans les bandes dessinées qui ont alimentées sa jeunesse (« Kit Carson » de Rino Albertarelli ou « Tex » de Gary Cooper) et les peintures figuratives qui l’inspiraient chaque jour. Bref, on pénètre dans l’esprit créatif de Leone et on cerne un peu mieux les influences qui ont édicté son parcours, de « Pour une poignée de dollars » jusqu’à ses projets inaboutis.
Ce qui fait la particularité du cinéma de Sergio Leone, c’est l’importance qu’il accorde à la perspective, au travail minutieux réalisé sur les décors, les costumes. On le mesure totalement dans « Le laboratoire de Leone », partie qui fait la part belle à ces acteurs et collaborateurs qui l’ont suivi dans ses frasques cinématographiques. Jouer sans fard, se salir, bref être dans la réalité a toujours été le mot d’ordre de Leone. Et cela fonctionne puisqu’il révolutionne totalement le mythe de l’Ouest sur le plan narratif, visuel et sonore. |
En transformant ses acteurs et ses lieux de tournage (parmi lesquels les étendues désertiques de Tabernas, près d’Almeria), en se nourrissant de l’expérience du cinéma muet (et son héritage paternel), on réduisant les textes à l’essentiel et en donnant à la musique une valeur narrative et émotionnelle de premier plan, Sergio Leone crée un nouveau monde cinématographique. Qui ne se rappelle pas de dialogues mémorables, des répliques qui marquent l’imaginaire collectif et des musiques emblématiques de ses films ? Les étendues poussiéreuses de sa Trilogie du dollar, des visages marqués par le sable et le temps qui passe ? |
D’une expérience visuelle, faite d’extraits de films, de maquettes de costumes et de décors (supervisés par Carlo Simi, son collaborateur de toujours), de dessins aux réalisations 3D, nous passons à une partie plus sonore, celle consacrée au travail d’un autre génie : Ennio Morricone.
La rencontre entre Sergio Leone et Ennio Morricone se fait sur les bancs de leur école élémentaire, en 1937. Des années plus tard, le tandem révolutionnera le monde du western grâce au son et à l’image. Trompette et guimbarde sicilienne font résonner les plus grands thèmes du maestro italien, reconnaissables entre tous et cette partie de l’exposition est l’occasion de se replonger dans les bandes originales et les grandes partitions qui ont enrichit les films de Leone d’une couche narrative supplémentaire. |
Il était une fois en Amérique
Impossible d’évoquer le travail de Sergio Leone sans accorder une place de choix à ce film révolutionnaire. De sa préparation (qui a mis près de 13 ans à aboutir) au premier scénario de 5h, bien trop long, nous découvrons l’histoire de cette vision américaine inspirée du roman « A main armée » de Harry Grey The Hoods. Dans cette immense salle composée d’interviews, de maquettes, de dessins, de costumes et de photographies, nous revivons la création du film, de la rencontre en 1980 avec la Warner Bros et Robert de Niro, au remontage post-projection cannoise de 1984, qui donnera au film un tout autre sens par son ordre temporel linéaire. Le tournage, débuté en 1982 et terminé en avril 1983, est l’occasion pour Leone de réaliser un film au sommet de sa maturité artistique, un long métrage plus sombre, plus mélancolique et plus personnel aussi. |
« Je pensais que c’était une aventure alors que c’était la vie ».
La sienne se termine le 30 avril 1989, alors qu’il regardait paisiblement un film dans sa villa romaine. Mais des films, Sergio Leone en avait plein la tête, tout comme son idée de réaliser un long-métrage sur le siège de Léningrad entre 1941 et 1944 et basé sur la symphonie N°7 de Chostakovitch. Son projet ne se résume qu’à quelques pages et une description très minutieuse de sa scène d’ouverture, au micro de Noël Simolo
La sienne se termine le 30 avril 1989, alors qu’il regardait paisiblement un film dans sa villa romaine. Mais des films, Sergio Leone en avait plein la tête, tout comme son idée de réaliser un long-métrage sur le siège de Léningrad entre 1941 et 1944 et basé sur la symphonie N°7 de Chostakovitch. Son projet ne se résume qu’à quelques pages et une description très minutieuse de sa scène d’ouverture, au micro de Noël Simolo
L’héritage de Sergio Leone est bien sûr incontestable. Inspirant d’autres cinéastes comme Quentin Tarantino, Francis Ford Coppola, Steven Spielberg ou encore Martin Scorsese, son œuvre marquera à jamais un genre, une époque et un savoir-faire que beaucoup admirent encore de nos jours.
Divisée en trois grandes parties, consacrées à ses influences et ses débuts, la trilogie du dollar et Il était une fois en Amérique, l’exposition se visite en presque deux heures, les oreilles et les yeux grands ouverts. L’espace d’un instant, ses visiteurs ont pu se plonger dans la vie de ce cinéaste de talent, revivre les grands temps de sa filmographie, tutoyer les grands noms du cinéma et vivre une expérience enrichissante, tant cinématographiquement qu’humainement. |
L’exposition se tient actuellement à la Cinémathèque Française et jusqu’au 27 janvier prochain. Pour plus d’informations, nous vous invitons à vous rendre sur : http://www.cinematheque.fr