Interview de Stéphane Guillon
Dans le cadre du Festival International du Film de la Comédie de Liège
8 novembre 2018
Dans le cadre du Festival International du Film de la Comédie de Liège
8 novembre 2018
Dans les rencontres marquantes de 2018, on notera celle de Stéphane Guillon. L’humoriste et acteur présidait le jury long-métrage du Festival International de la Comédie de Liège en novembre dernier. L’occasion pour nous de passer un petit moment en toute simplicité en sa charmante compagnie.
Véronique : On voit partout dans les rues de Liège « Stéphane Guillon, Président », ça nous a fait rêver. J’imagine que vous aussi ?
Véronique : On voit partout dans les rues de Liège « Stéphane Guillon, Président », ça nous a fait rêver. J’imagine que vous aussi ?
Stéphane Guillon : Oui ! Qu’on me demande de l’être à titre honorifique alors que j’ai eu tant d’amis présidents, je me suis dit que c’était forcément une idée belge (rires)… Il n’y a que vous pour pousser le vice à ce point.
Véronique : On connait certaines de vos facettes mais celle que l’on a envie de creuser un peu, c’est votre carrière de comédien... François: … Vous avez d’ailleurs fait des études de comédie… Stéphane Guillon : Tout à fait. Il faut savoir que j’étais très réfractaire au système scolaire, ce qui m’a fait perdre beaucoup d’années, peut-être même les meilleures car les enfants sont des éponges. J’ai tellement été un cancre pendant des années que je pense, avec le recul, que c’était parce que le système ne m’était pas adapté. Ça a généré pas mal de colère en moi et en faisant ce métier, en répondant aux interviews, en étant sous les feux des projecteurs, je me suis dit qu’il fallait que je me cultive, que j’arrive à aligner trois mots, que j’évite de faire des fautes de français et paraître le moins bête possible (rires). |
Véronique : Vous avez donc opté pour le théâtre. Pourquoi cet art en particulier ?
Stéphane Guillon : A l’âge de quatre ans, je savais que je voulais être comédien. En 1968-1969, j’étais fasciné par les films de cape et d’épée, par Jean Marais, par tous ces films épiques et même si c’était un peu la mode à cette époque, j’ai toujours voulu faire cela. Ça n’a jamais été remis en question, je ne voyais pas d’autre choix et quand j’en ai eu l’âge, j’ai entamé une formation de comédien.
Véronique : Jeune adulte, vous êtes allé aux Etats-Unis pour apprendre l’anglais. C’était le moyen d’enrichir votre palette ou de vivre votre rêve américain ?
Stéphane Guillon : C’était malheureusement beaucoup plus terre à terre car je suis allé avant tout pour une histoire d’amour (rires). Je ne vais pas rentrer dans les détails, et c’est dommage car il y aurait vraiment des choses à raconter, mais disons que mes histoires de cœur m’ont baladées en Italie, à Los Angeles … J’étais très branché Alfred de Musset à l’époque : plus je souffrais, plus j’aimais ça, plus je me mettais dans des situations inextricables. Par exemple, je suis tombé amoureux d’une Japonaise qui ne parlait pas français (rires) et j’ai trouvé cette situation merveilleuse parce que, évidemment, ça ne pouvait pas marcher, j’en ai pris plein la figure et ça m’a rendu très malheureux…
Véronique : On vous a croisé il y a quelques années au Festival du Cinéma Américain de Deauville qui fait la part belle au cinéma d’auteur. Vous aimez ce type de cinéma ou êtes un grand cinéphile ?
Stéphane Guillon : J’aime le bon cinéma ! J’étais très pris par mon métier d’humoriste ou de chroniqueur radio et télé surtout et je me suis un peu éloigné du cinéma. J’étais un gros consommateur de cinéma jeune. Ado, j’allais dans les salles obscures, à la Boîte à films près des Champs Elysées ou dans les cinémas d’auteur du Quartier Latin. J’ai vu des chefs d’œuvre sur grand écran : « Le guépard », « Il était une fois dans l’Ouest », « Le parrain », « Barry Lindon » … On ne pouvait d’ailleurs les voir que là !
Véronique : Votre carrière au cinéma démarre dans les années 1980 déjà puisque vous êtes à l’affiche de « On s’en fout, nous on s’aime »…
Stéphane Guillon : Chef d’œuvre absolu du cinéma français (rires). C’était l’époque où on faisait des films pour 70 000 francs, c’est-à-dire que dalle. Il y avait pléthore de réalisateurs parmi lesquels Michel Gérard qui m’a embauché sur son film. Depuis, il a ouvert un restaurant et il a bien fait (rires)…
Stéphane Guillon : A l’âge de quatre ans, je savais que je voulais être comédien. En 1968-1969, j’étais fasciné par les films de cape et d’épée, par Jean Marais, par tous ces films épiques et même si c’était un peu la mode à cette époque, j’ai toujours voulu faire cela. Ça n’a jamais été remis en question, je ne voyais pas d’autre choix et quand j’en ai eu l’âge, j’ai entamé une formation de comédien.
Véronique : Jeune adulte, vous êtes allé aux Etats-Unis pour apprendre l’anglais. C’était le moyen d’enrichir votre palette ou de vivre votre rêve américain ?
Stéphane Guillon : C’était malheureusement beaucoup plus terre à terre car je suis allé avant tout pour une histoire d’amour (rires). Je ne vais pas rentrer dans les détails, et c’est dommage car il y aurait vraiment des choses à raconter, mais disons que mes histoires de cœur m’ont baladées en Italie, à Los Angeles … J’étais très branché Alfred de Musset à l’époque : plus je souffrais, plus j’aimais ça, plus je me mettais dans des situations inextricables. Par exemple, je suis tombé amoureux d’une Japonaise qui ne parlait pas français (rires) et j’ai trouvé cette situation merveilleuse parce que, évidemment, ça ne pouvait pas marcher, j’en ai pris plein la figure et ça m’a rendu très malheureux…
Véronique : On vous a croisé il y a quelques années au Festival du Cinéma Américain de Deauville qui fait la part belle au cinéma d’auteur. Vous aimez ce type de cinéma ou êtes un grand cinéphile ?
Stéphane Guillon : J’aime le bon cinéma ! J’étais très pris par mon métier d’humoriste ou de chroniqueur radio et télé surtout et je me suis un peu éloigné du cinéma. J’étais un gros consommateur de cinéma jeune. Ado, j’allais dans les salles obscures, à la Boîte à films près des Champs Elysées ou dans les cinémas d’auteur du Quartier Latin. J’ai vu des chefs d’œuvre sur grand écran : « Le guépard », « Il était une fois dans l’Ouest », « Le parrain », « Barry Lindon » … On ne pouvait d’ailleurs les voir que là !
Véronique : Votre carrière au cinéma démarre dans les années 1980 déjà puisque vous êtes à l’affiche de « On s’en fout, nous on s’aime »…
Stéphane Guillon : Chef d’œuvre absolu du cinéma français (rires). C’était l’époque où on faisait des films pour 70 000 francs, c’est-à-dire que dalle. Il y avait pléthore de réalisateurs parmi lesquels Michel Gérard qui m’a embauché sur son film. Depuis, il a ouvert un restaurant et il a bien fait (rires)…
Véronique : Vous avez aussi croisé la route d’un réalisateur belge, Vincent Lannoo, qui se retrouve d’ailleurs dans votre jury. Comment êtes-vous arrivé dans son cinéma et dans son film, « Les âmes de papier » ?
Stéphane Guillon : Vincent m’a demandé à me rencontrer via mon agent je pense. Il a pris le Thalys et on a eu rendez-vous près de la gare du Nord, dans un restaurant. On ne se connaissait pas, on se vouvoyait et on a commandé nos plats : moi une sole, lui un plat en sauce. Je l’ai vu hypnotique, oublier son propre plat. Au bout d’un moment, ce réalisateur que je venais à peine de rencontrer, a pris sa fourchette et a commencé à manger dans mon assiette. Je me suis dit que si quelqu’un est capable, sans la moindre gêne, de manger votre plat, alors il fallait absolument que je travaille avec ce mec-là (rires). Il m’a proposé son scénario et je lui ai dit oui, sans réfléchir. |
Véronique : Sur ce festival, vous vous êtes retrouvé à table avec lui… ça n’a pas été trop compliqué ?
Stéphane Guillon : J’adore manger avec lui ! On était ce midi dans un restaurant de dégustation et ils nous ont apporté près de quarante plats. Vincent était enchanté à chaque fois qu’une autre arrivant sur la table et tout en disant « je mange trop », il continuait à déguster (rires). C’est un merveilleux vivant, un amoureux de la vie et ça se sent aussi dans son cinéma. C’est un amour, j’aime beaucoup ce garçon !
Véronique : Vous êtes à Liège depuis quelques jours et on sait que combien vous avez eu un agenda chargé. Quel moment phare retiendrez-vous ?
Stéphane Guillon : Mon intronisation. J’étais fait ambassadeur de la ville de Liège hier, pour des raisons qui m’échappent totalement ! (Rires) On m’a dit que c’était très rare et qu’il y en avait peu, ce qui m’inquiète encore plus. Je pensais qu’il y avait un salaire, une rémunération mais on m’a dit que non… c’est juste à titre bénévole (rires). J’adore avoir un titre totalement incongru comme celui-ci, ça m’enchante !
François : On le sait, vous êtes quelqu’un de drôle et de très spontané. Quel type d’humour affectionnez-vous en particulier ?
Stéphane Guillon : Le bon, quel qu’il soit… On a vu le film « Les grands seigneurs » de Sylvestre (Sbille, ndlr) et on a ri pendant une heure et quart. Est-ce que c’est de l’humour belge ? Peut-être, il y a des références mais pas seulement car ça peut fonctionner partout dans le monde. Je ne sais pas si je préfère l’humour belge, anglais ou juif car le bon humour, je pense qu’il est international.
Véronique : Vous avez un film étalon ? Un de ceux qui parait au-dessus des autres ou qui vous fait rire depuis que vous êtes enfant ?
Stéphane Guillon : Oui, il y a « Le diner de cons » ou « Un jour sans fin » mais j’ai aussi des souvenirs de films des Monty Python, de Marx Brothers, du « Shérif est en prison » de Mel Brooks. J’aime aussi cette histoire de producteur qui monte une comédie nazie… En fait, j’aime les choses totalement loufoques.
Stéphane Guillon : J’adore manger avec lui ! On était ce midi dans un restaurant de dégustation et ils nous ont apporté près de quarante plats. Vincent était enchanté à chaque fois qu’une autre arrivant sur la table et tout en disant « je mange trop », il continuait à déguster (rires). C’est un merveilleux vivant, un amoureux de la vie et ça se sent aussi dans son cinéma. C’est un amour, j’aime beaucoup ce garçon !
Véronique : Vous êtes à Liège depuis quelques jours et on sait que combien vous avez eu un agenda chargé. Quel moment phare retiendrez-vous ?
Stéphane Guillon : Mon intronisation. J’étais fait ambassadeur de la ville de Liège hier, pour des raisons qui m’échappent totalement ! (Rires) On m’a dit que c’était très rare et qu’il y en avait peu, ce qui m’inquiète encore plus. Je pensais qu’il y avait un salaire, une rémunération mais on m’a dit que non… c’est juste à titre bénévole (rires). J’adore avoir un titre totalement incongru comme celui-ci, ça m’enchante !
François : On le sait, vous êtes quelqu’un de drôle et de très spontané. Quel type d’humour affectionnez-vous en particulier ?
Stéphane Guillon : Le bon, quel qu’il soit… On a vu le film « Les grands seigneurs » de Sylvestre (Sbille, ndlr) et on a ri pendant une heure et quart. Est-ce que c’est de l’humour belge ? Peut-être, il y a des références mais pas seulement car ça peut fonctionner partout dans le monde. Je ne sais pas si je préfère l’humour belge, anglais ou juif car le bon humour, je pense qu’il est international.
Véronique : Vous avez un film étalon ? Un de ceux qui parait au-dessus des autres ou qui vous fait rire depuis que vous êtes enfant ?
Stéphane Guillon : Oui, il y a « Le diner de cons » ou « Un jour sans fin » mais j’ai aussi des souvenirs de films des Monty Python, de Marx Brothers, du « Shérif est en prison » de Mel Brooks. J’aime aussi cette histoire de producteur qui monte une comédie nazie… En fait, j’aime les choses totalement loufoques.
Véronique : Vous n’êtes pas non plus cantonné dans le rôle du trublion. La preuve, vous reprenez régulièrement votre rôle dans la pièce « Inconnu à cette adresse » de Kressmann Taylor dont le sujet central est fort. Pourquoi est-ce important pour vous d’y prendre régulièrement part ?
Stéphane Guillon : J’ai entendu certaines personnes me conseiller de me renouveler mais pour moi, c’est un devoir d’y aller. D’abord parce que le texte est extraordinaire mais aussi parce que j’ai eu la chance d’avoir quatre partenaires de jeu différents. Je joue souvent cette pièce devant un public scolaire et ça constitue déjà un devoir en soi. C’est une performance d’acteur qui permet de prendre beaucoup de plaisir tout en étant utile. Il y a tellement de révisionnistes, de négationnistes, de faux historiens comme Eric Zeymour qui disent tout et n’importe quoi qu’il est important par ce biais-là, ou celui du rire, d’évoquer des sujets graves. |
Véronique : Justement, vous avez déjà fait beaucoup de choses dans votre vie. Avez-vous déjà envisagé de devenir metteur en scène et de donner la parole à quelqu’un ?
Stéphane Guillon : Oui, je pense que je pourrais faire de la mise en scène. Vous savez, finalement, un metteur en scène, ce n’est qu’un acteur qui descend dans la salle pour aimer d’autres acteurs. Il suffit d’aimer les gens pour les diriger, d’avoir les textes, d’avoir le sens de la mise en scène.
Réalisateur, c’est peut-être plus pointu car il faut des connaissances techniques que je n’ai pas pour le moment, mais si on est bien entouré, je pense qu’on peut y arriver. Etre réalisateur ou être metteur en scène, c’est avoir un regard. Quand on est humoriste, on a un regard décalé sur les choses, qui amènent le rire et même si c’est un métier difficile, je me plais à être là où on ne m’attend pas.
Stéphane Guillon : Oui, je pense que je pourrais faire de la mise en scène. Vous savez, finalement, un metteur en scène, ce n’est qu’un acteur qui descend dans la salle pour aimer d’autres acteurs. Il suffit d’aimer les gens pour les diriger, d’avoir les textes, d’avoir le sens de la mise en scène.
Réalisateur, c’est peut-être plus pointu car il faut des connaissances techniques que je n’ai pas pour le moment, mais si on est bien entouré, je pense qu’on peut y arriver. Etre réalisateur ou être metteur en scène, c’est avoir un regard. Quand on est humoriste, on a un regard décalé sur les choses, qui amènent le rire et même si c’est un métier difficile, je me plais à être là où on ne m’attend pas.
Vous avez parlé d’« Inconnu à cette adresse », mais je vais aussi reprendre un nouveau spectacle, un one man show. J’ai aussi fait une série qui s’appelle « Guépardes » où était payé avec un lance-pierre mais on s’est marré comme des fous. C’était très drôle de jouer avec Sophie Maréchal ou ces comédiens qui ont trente ans de moins que moi et qui pourraient être mes enfants… J’aime ça, travailler avec des gens d’univers différents, des réalisateurs pointus, et avant-gardistes parfois : Marc Fitoussi, Laetitia Masson, Alain Robak, Frédéric Chignac, … Je suis content que ces gens-là pensent à moi et je préfère avoir fait ça que « Camping 3 » (Rires). |