Interview de Yohan Manca et Anton Csaszar
Dans le cadre de l'avant-première de "La Vérité si je mens! Les débuts"
14 octobre 2019
Dans le cadre de l'avant-première de "La Vérité si je mens! Les débuts"
14 octobre 2019
« La vérité si je mens ! Les débuts », c’est bien plus qu’un prequel d’une saga française déjà mythique. C’est une empreinte nostalgique d’une bande de copains qu’on a apprécié suivre des années durant mais dont on savait peu de choses finalement. Heureusement pour nous, Michel Munz et Gérard Bitton, les scénaristes des trois premiers volets, ont pris la relève et ont décidé de proposer une genèse truculente d’une histoire que l’on connait déjà par cœur. Mieux, ils ont convié de jeunes comédiens à faire partie de leur folle aventure et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’ils ont sacrément relevé le défi. Parmi eux, le Belge Anton Csaszar et Yohan Manca (Serge Benamou et Patrick Abitbol), deux acteurs totalement investis qui nous ont fait le plaisir de parler avec nous de ce travail d’interprétation peu commode car attendu au tournant. A quelques minutes de l’avant-première belge du film, nous les avons rencontrés et leur avons demandé de nous en dire un peu plus…
Anton Csaszar: Le gros défi pour tout le monde, que ce soit pour les réalisateurs-scénaristes ou les acteurs, c’était de ne pas tomber dans la caricature, de ne pas reprendre les personnages existant et d’en faire quelque chose de grotesque, mais de les faire vivre jeunes et en devenir en étant fidèles à ce que les autres acteurs avaient fait avant. Il y avait bien sûr la pression de succéder à des acteurs aussi emblématiques mais on a tout fait pour que le résultat soit crédible. François : Il y a beaucoup de respect de l’œuvre, de ce que vos prédécesseurs ont fait. D’ailleurs, vous avez été, Yohan, jusqu’à reprendre les mimiques de Gilbert Melki. La façon de placer votre bouche, l’attitude, tout y est, c’est bluffant ! Comment avez-vous préparé votre rôle ? |
Yohan Manca : (Rires). J’ai abordé ce travail comme si je faisais le biopic d’un personnage de fiction, comme si tout à coup je devais le faire vivre jeune. Patrick est un personnage qui existe dans notre culture populaire et je savais que j’allais incarner sa jeunesse. Je me suis dit qu’il fallait que j’aie des choses de lui dans le corps, sa voix qui est loin d’être la mienne dans la vie et une manière d’être pour qu’on ait l’impression que j’étais Patrick Abitbol plus jeune et plus naïf.
Véronique : J’imagine que la pression était un peu plus grande d’autant que vous aviez en face de vous Gilbert Melki, qui joue ici le père de Patrick…
Yohan : Gilbert il a été très agréable, très bienveillant avec moi. Il m’a vite adoubé et a compris que ça allait le faire. Du coup, ça a été très simple : il m’a donné des conseils, m’a fait écouter des musiques pour m’imprégner du personnage, des choses qui l’avaient aidées lui pour fabriquer le personnage de Patrick…
Véronique : Et vous Anton, vous êtes allé dans les boucheries kasher de Bruxelles pour prendre l’accent de Serge Benamou…
Anton : (Rires) Oui, j’allais dans les boucheries mais aussi dans la rue et partout où je pouvais rencontrer des gens et travailler mon accent. Je n’ai pas travaillé avec José Garcia et je n’ai pas eu d’échange avec lui. Il a donc fallu que l’accent devienne crédible et que je parvienne à dialoguer avec les gens sans que ça ne semble travaillé et au contraire, que ce soit spontané. J’ai été dans des endroits publics pour m’imprégner de la culture et travailler mon style mais aussi parce que mes colocs n’en pouvaient plus de m’entendre parler avec cet accent. J’ai aussi travaillé le corps. Les rôles de Patrick et de Serge sont hauts en couleur et on a dû faire un vrai travail de composition. Au-delà du phrasé, il fallait aussi être dans une corporalité, une gestuelle, une manière d’être qui nous permettait de nous approcher de ce qui avait déjà été fait.
Véronique : Vous êtes jeunes tous les deux. Vous aviez vu les films étant enfants ?
Yohan : J’ai vu le premier quand j’avais 8 ans. C’étaient des films importants pour moi. On les connaissait bien dans ma famille, peut être que ça a aidé aussi. Maintenant, les réalisateurs ne voulaient pas trouver d’imitateurs mais des interprètes capables de reprendre les rôles des personnages plus jeunes. Le danger ça aurait été d’imiter ces personnages qu’on connait tous. On écrit leur genèse et c’est ça qui est touchant dans le film. Il y a aussi la formation de ce groupe qu’on va tant aimer après, la façon dont ils se sont rencontrés mais aussi la joie de vivre et la naïveté qu’ils avaient à ce moment-là, leur rapport à leurs parents, qu’on voit peu dans la suite… Avec « Les débuts », on se rend compte aussi que ce sont Yvan et Patrick qui ont créé le groupe.
Véronique : J’imagine que la pression était un peu plus grande d’autant que vous aviez en face de vous Gilbert Melki, qui joue ici le père de Patrick…
Yohan : Gilbert il a été très agréable, très bienveillant avec moi. Il m’a vite adoubé et a compris que ça allait le faire. Du coup, ça a été très simple : il m’a donné des conseils, m’a fait écouter des musiques pour m’imprégner du personnage, des choses qui l’avaient aidées lui pour fabriquer le personnage de Patrick…
Véronique : Et vous Anton, vous êtes allé dans les boucheries kasher de Bruxelles pour prendre l’accent de Serge Benamou…
Anton : (Rires) Oui, j’allais dans les boucheries mais aussi dans la rue et partout où je pouvais rencontrer des gens et travailler mon accent. Je n’ai pas travaillé avec José Garcia et je n’ai pas eu d’échange avec lui. Il a donc fallu que l’accent devienne crédible et que je parvienne à dialoguer avec les gens sans que ça ne semble travaillé et au contraire, que ce soit spontané. J’ai été dans des endroits publics pour m’imprégner de la culture et travailler mon style mais aussi parce que mes colocs n’en pouvaient plus de m’entendre parler avec cet accent. J’ai aussi travaillé le corps. Les rôles de Patrick et de Serge sont hauts en couleur et on a dû faire un vrai travail de composition. Au-delà du phrasé, il fallait aussi être dans une corporalité, une gestuelle, une manière d’être qui nous permettait de nous approcher de ce qui avait déjà été fait.
Véronique : Vous êtes jeunes tous les deux. Vous aviez vu les films étant enfants ?
Yohan : J’ai vu le premier quand j’avais 8 ans. C’étaient des films importants pour moi. On les connaissait bien dans ma famille, peut être que ça a aidé aussi. Maintenant, les réalisateurs ne voulaient pas trouver d’imitateurs mais des interprètes capables de reprendre les rôles des personnages plus jeunes. Le danger ça aurait été d’imiter ces personnages qu’on connait tous. On écrit leur genèse et c’est ça qui est touchant dans le film. Il y a aussi la formation de ce groupe qu’on va tant aimer après, la façon dont ils se sont rencontrés mais aussi la joie de vivre et la naïveté qu’ils avaient à ce moment-là, leur rapport à leurs parents, qu’on voit peu dans la suite… Avec « Les débuts », on se rend compte aussi que ce sont Yvan et Patrick qui ont créé le groupe.
© Alain Guizard - Panache Productions
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François : C’est un film rempli d’amour et de tendresse envers ses personnages. Je pense à celui de Rafi, joué par Elie Kakou dans le premier film. Personne n’est oublié et ça, ça fait plaisir aux fans… Depuis le tournage, vous avez pu rencontrer ceux qui portaient la trilogie initiale ou pas ? Qu’en ont-ils pensé ?
Anton : On n’a pas vraiment fait de rencontre avant le tournage mais les anciens avaient une vraie bienveillance par rapport à nous. Il ne faut pas oublier que les trois films avaient connu un vrai succès populaire en France et en Belgique et on voulait garder l’esprit intact. Bruno Solo nous a accompagné dans des interviews ou des promos télé et les savoir derrière, ça nous a mis en confiance dans tout ce qu’on faisait. |
Véronique : Thomas Gilou a cédé sa place de réalisateur aux scénaristes de la trilogie – Michel Munz et Gérard Bitton - et on ressent toute l’énergie, toute la dynamique et tout le sel qui fonctionnaient déjà dans les trois premiers volets. Comment avez-vous travaillé avec eux ?
Yohan : En réalité, toutes les scènes sont très écrites. Comme ils sont scénaristes, ils fonctionnent beaucoup à l’ancienne et c’est très agréable. Aujourd’hui, on est dans une époque où on improvise souvent. Là, on était assez carré et si on partait dans de l’impro, on se rendait compte que c’était moins bon que ce qui était écrit….
Anton : Techniquement, ça ne marchait plus…
Yohan : … Alors on la jouait à la virgule près…
Anton : Le film parle aussi de leur jeunesse à eux, d’une époque qu’ils ont bien connu. Des scènes directement inspirées de leur propre vécu. L’histoire de Serge qui passe son bac avec ses béquilles et sa minerve c’est celle de Gérard Bitton sauf que lui ne s’est pas fait choper (rires). C’était une volonté de leur part de le réaliser car au-delà de parler des personnages, c’était aussi faire revivre une époque qu’ils affectionnaient. C’est peut-être pour cela que ça fonctionne si bien.
Véronique : Vous n’avez jamais eu de pression ? Vous ne vous êtes jamais remis en question ? C’est tout de même un sacré défi de prendre une telle relève…
Anton : Si ! Au début, je me demandais ce qui allait se passer. Le premier jour de tournage, j’étais un peu dans le flou mais ce n’est finalement qu’une suite de concrétisations de projet. Il y a le casting puis une fois qu’on est pris, on oublie totalement le « peut-être ». Ensuite vient le travail, les lectures, les répétitions et une fois sur le tournage on rencontre l’équipe et on y va. Je suis passé par des moments de doute mais il fallait y aller, on n’avait plus le choix.
Yohan : Et puis on évacue vite tout cela sinon ça cristallise tout. C’est comme quand on a peur de prendre l’avion : si on y pense, on ne le prendra jamais. Il faut oublier sa peur d’être dans une énorme machine. Si on réfléchit trop souvent à ce qu’on va penser de nous, on va forcément se bloquer et mieux vaut mettre ces pensées-là de côté et foncer.
Véronique : Il y a un bel esprit de bande même si vous, Yohan, êtes arrivé un peu plus tard sur le projet...
Anton : Il est arrivé deux semaines avant et ce qui était un peu stressant, c’était de se dire que si on n’avait pas le bon Patrick Abitbol, ça ne pouvait pas fonctionner et le tournage ne se faisait pas.
Yohan : En réalité, toutes les scènes sont très écrites. Comme ils sont scénaristes, ils fonctionnent beaucoup à l’ancienne et c’est très agréable. Aujourd’hui, on est dans une époque où on improvise souvent. Là, on était assez carré et si on partait dans de l’impro, on se rendait compte que c’était moins bon que ce qui était écrit….
Anton : Techniquement, ça ne marchait plus…
Yohan : … Alors on la jouait à la virgule près…
Anton : Le film parle aussi de leur jeunesse à eux, d’une époque qu’ils ont bien connu. Des scènes directement inspirées de leur propre vécu. L’histoire de Serge qui passe son bac avec ses béquilles et sa minerve c’est celle de Gérard Bitton sauf que lui ne s’est pas fait choper (rires). C’était une volonté de leur part de le réaliser car au-delà de parler des personnages, c’était aussi faire revivre une époque qu’ils affectionnaient. C’est peut-être pour cela que ça fonctionne si bien.
Véronique : Vous n’avez jamais eu de pression ? Vous ne vous êtes jamais remis en question ? C’est tout de même un sacré défi de prendre une telle relève…
Anton : Si ! Au début, je me demandais ce qui allait se passer. Le premier jour de tournage, j’étais un peu dans le flou mais ce n’est finalement qu’une suite de concrétisations de projet. Il y a le casting puis une fois qu’on est pris, on oublie totalement le « peut-être ». Ensuite vient le travail, les lectures, les répétitions et une fois sur le tournage on rencontre l’équipe et on y va. Je suis passé par des moments de doute mais il fallait y aller, on n’avait plus le choix.
Yohan : Et puis on évacue vite tout cela sinon ça cristallise tout. C’est comme quand on a peur de prendre l’avion : si on y pense, on ne le prendra jamais. Il faut oublier sa peur d’être dans une énorme machine. Si on réfléchit trop souvent à ce qu’on va penser de nous, on va forcément se bloquer et mieux vaut mettre ces pensées-là de côté et foncer.
Véronique : Il y a un bel esprit de bande même si vous, Yohan, êtes arrivé un peu plus tard sur le projet...
Anton : Il est arrivé deux semaines avant et ce qui était un peu stressant, c’était de se dire que si on n’avait pas le bon Patrick Abitbol, ça ne pouvait pas fonctionner et le tournage ne se faisait pas.
Yohan : En même temps, il ne fallait pas trop penser à ça. Même là, on se dit de l’extérieur que c’est une pression monstre mais on met ça de côté. Dans le film comme après. Encore ici, on sort de 45 dates de tournée, on a fait une promotion de malade et même si c’est triste de toucher au but, on est heureux de retrouver nos vies. Tout devient mécanique et on ne se prend plus la tête. Même avant un plateau télé, on ne réfléchit plus et on y va parce qu’on est là pour ça. On se met vite dans le bain de tout.
Anton : Au début de la tournée, on savait qu’il y avait l’appréhension du public mais la tournée à montrer qu’il adhérait finalement au film. Les gens entraient dans l’histoire et croyaient aux personnages, les retours étaient très chaleureux et ça nous a rassuré sur le travail que l’on avait accompli ensemble. Bruno Solo l’a vu et il était très content du résultat. On peut être fier de ce qu’on a fait et on essaye de passer au-dessus de l’appréhension. |
François : Grâce à ce film, il y a toute une frange de la population qui va découvrir un univers et aura peut-être envie de le prolonger en regardant les trois premiers films alors que d’autres retrouveront tout ce qu’ils y avaient aimé... Ce préquel permet de comprendre certaines choses. Par exemple, comment Patrick a réussi dans la vie et ça, c’est intéressant !
Anton : C’est vrai, même si on ne sait pas comment il a réussi finalement
Yohan : On a aussi quelques petites touches familiales à travers les relations entretenues avec les parents de Serge ou la mère de Dov. Avant « Les débuts », on ne savait pas d’où ils venaient. Maintenant, on sait Patrick a eu une petite amie par exemple…
François : Vous pensez qu’on pourrait repartir sur une suite des débuts ?
Yohan : On verra comment le film sera reçu et combien d’entrées qu’il fera mais pourquoi pas. Ce serait top de faire une suite mais honnêtement, ils pourraient changer l’affiche pour donner un peu plus envie aux gens de venir le voir (rires). Ce serait un bon début, sans vouloir faire de jeu de mots.
Véronique : C’est vrai qu’elle ne reflète pas vraiment l’atmosphère qui règne dans le film. C’est une comédie qui sent bon les années 90 alors qu’elle vient 20 ans après… La nostalgie y est !
Yohan : il faut que le public aille au-delà de l’appréhension et de la réticence que le film peut provoquer. C’est drôle parce que les gens veulent bien aller voir le « Fast and Furious 23 » mais quand on parle de « La vérité les débuts », ils freinent des quatre fers (rires). Tout le monde nous attend avec un fusil….
Anton : C’est vrai ! A chaque fois qu’on présente le film avant que les gens ne l’aient vu, on voit sur leur tête qu’ils sont super sceptiques...
Yohan : C’est fou ! Surtout quand on sait qu’ils ont même réussi à faire 10 millions d’entrée avec un « Roi Lion » entièrement refait à l’identique mais en images de synthèse alors que nous voir nous en mode « Vérité » des année 80, ça leur fait peur (rires). Le principal, c’est que l’accueil jusqu’ici est bon et on espère que le public sera quand même au rendez-vous. On fait une dernière avant-première demain à Paris et après, on verra si les gens répondront présents, c’est tout ce qui importe, non ?
Anton : C’est vrai, même si on ne sait pas comment il a réussi finalement
Yohan : On a aussi quelques petites touches familiales à travers les relations entretenues avec les parents de Serge ou la mère de Dov. Avant « Les débuts », on ne savait pas d’où ils venaient. Maintenant, on sait Patrick a eu une petite amie par exemple…
François : Vous pensez qu’on pourrait repartir sur une suite des débuts ?
Yohan : On verra comment le film sera reçu et combien d’entrées qu’il fera mais pourquoi pas. Ce serait top de faire une suite mais honnêtement, ils pourraient changer l’affiche pour donner un peu plus envie aux gens de venir le voir (rires). Ce serait un bon début, sans vouloir faire de jeu de mots.
Véronique : C’est vrai qu’elle ne reflète pas vraiment l’atmosphère qui règne dans le film. C’est une comédie qui sent bon les années 90 alors qu’elle vient 20 ans après… La nostalgie y est !
Yohan : il faut que le public aille au-delà de l’appréhension et de la réticence que le film peut provoquer. C’est drôle parce que les gens veulent bien aller voir le « Fast and Furious 23 » mais quand on parle de « La vérité les débuts », ils freinent des quatre fers (rires). Tout le monde nous attend avec un fusil….
Anton : C’est vrai ! A chaque fois qu’on présente le film avant que les gens ne l’aient vu, on voit sur leur tête qu’ils sont super sceptiques...
Yohan : C’est fou ! Surtout quand on sait qu’ils ont même réussi à faire 10 millions d’entrée avec un « Roi Lion » entièrement refait à l’identique mais en images de synthèse alors que nous voir nous en mode « Vérité » des année 80, ça leur fait peur (rires). Le principal, c’est que l’accueil jusqu’ici est bon et on espère que le public sera quand même au rendez-vous. On fait une dernière avant-première demain à Paris et après, on verra si les gens répondront présents, c’est tout ce qui importe, non ?