Avant-Première – 5 octobre 2018
Résumé du film : Suite à une décision municipale, l’Envol, centre d’accueil pour femmes SDF, va fermer. Il ne reste plus que trois mois aux travailleuses sociales pour réinsérer coûte que coûte les femmes dont elles s’occupent : falsifications, pistons, mensonges… Désormais, tout est permis ! Avis : Il y a deux ans, Louis-Julien Petit offrait à Isabelle Ajdani le rôle de « Carole Matthieu », médecin du travail déterminée à dénoncer les conditions de travail d’employés dans une centrale d’appel. Dans sa première comédie « Discount », il nous montrait comment des employés de supermarché avaient mis en place un système B à l’arrivée des caisses automatiques qui menaçaient leur emploi. Pas étonnant donc que son dernier long-métrage soit consacré à la défense du petit peuple, à ces êtres invisibles qui passent leur journée dans des centres et les nuits dans la rue. Extrêmement touchant, s’adressant à notre cœur avec beaucoup de pudeur, « Les invisibles » est un film coup de poing qui poursuit et marque ses spectateurs durablement. Racontant le combat des assistantes sociales de « L’envol », centre d’accueil de jour pour femmes SDF, « Les invisibles » n’a rien d’affligeant, que du contraire. Sans verser dans le misérabilisme, le film de Louis-Julien Petit donne la parole à ces femmes démunies qui ont tout perdu, jusqu’à leur confiance en elles. Basé sur le livre « Sur la route des invisibles » de Claire Lajeunie, le scénario s’appuie sur l’histoire d’une dizaine de femmes, venues trouver refuge dans un centre du Nord de la France où le ciel est souvent gris mais l’accueil toujours chaleureux. Faisant exploser en éclats les stéréotypes et les caricatures des sans abris, le film nous fait passer du rire aux larmes durant près d’une heure et demi, sans que jamais nous ne trouvions le temps long. Servie par un casting irréprochable, l’histoire de ces femmes qui combattent pour la réinsertion des unes et le maintient du centre de l’autre est remplie de valeurs honorables comme l’espoir, l’entraide, le dévouement et l’envie d’aller de l’avant. Pour donner vie à ces femmes plus vraies que nature, on peut compter sur une série de comédiennes professionnelles parmi lesquelles Audrey Lamy, Noémie Lvovsky, Corinne Masiero ou encore Deborah Lukumuena. Les femmes qu’elles accueillent les bras ouverts sont elles, interprétées par des actrices débutantes passées elle-même par la case « sans-abri », leur conférant une authenticité et une profondeur inégalables. Si Sarah Suco rejoint le casting des indigentes, elle n’est pas la seule à mettre son expérience cinématographique au service des seconds rôles : Pablo Pauly et Brigitte Sy rejoignent cette aventure humaine avec une conviction indéniable. Des ateliers thérapeutiques aux projets de sauvegarde d’un centre menacé, des expulsions scandaleuses aux habitudes rythmant le quotidien d’âmes en peine, nous vibrons au son de la corde sensible que Louis-Julien Petit a accordé avec subtilité. Nous donnant une belle leçon d’humilité et de solidarité, « Les invisibles » est un film sur la France d’en bas qui, entourée de personnes d’une humanité sans limites, relèvera la tête et marchera fièrement sur des matelas. Un must see qui s’adresse directement à notre cœur et que l’on vous invite à découvrir lors de sa sortie en salles en janvier prochain. Date de sortie en Belgique/France : 9 janvier 2019 Durée du film : 1h22 Genre : Comédie
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- En compétition officielle long métrage - Résumé du film : Olivier se démène au sein de son entreprise pour combattre les injustices. Mais du jour au lendemain quand Laura, sa femme, quitte le domicile, il lui faut concilier éducation des enfants, vie de famille et activité professionnelle. Face à ses nouvelles responsabilités, il bataille pour trouver un nouvel équilibre, car Laura ne revient pas. Note du film : 7/10 (par Véronique) Avis : Guillaume Senez nous livre avec « Nos batailles », un film fort, juste et proche de l’univers installé avec « Keeper », celui de la gestion d’une famille bouleversée par événement qu’elle n’avait pas vu venir. Du choix de deux adulescents de garder un enfant au combat de ce père de famille déstabilisé il n’y a qu’un pas. Nous l’avons franchi avec une émotion certaine et avons apprécié retrouver Romain Duris dans un rôle mature doté d’une réelle sincérité. Retour sur le deuxième long-métrage de Guillaume Senez, présenté en avant-première belge au Festival International du Film Francophone de Namur. Ma famille, ma bataille Ecrit peu de temps après la séparation d’avec sa compagne (et exorcisant sans doute ses peurs liée à la nouvelle organisation familiale rythmée par les gardes alternées), « Nos batailles » de Guillaume Senez nous présente l’histoire d’Olivier, ouvrier responsable dans un entrepôt démentiel d’un géant de la vente à domicile. Enchaînant les pauses et défendant la cause de ses collègue mis sur le carreau, le jeune père de famille vit à côté de ses enfants et son épouse, au rythme d’un quotidien plombant où métro-boulot-dodo n’a jamais eu autant de sens. Mais un jour comme un autre, sa femme disparaît, laissant ses deux jeunes enfants et son mari derrière elle. Comment Olivier va-t-il gérer sa vie de famille ? Comment va-t-il repenser tout ce quotidien qui était mécaniquement installé ? Ce portait d’un père prêt à tout pour garder la tête hors de l’eau sans trahir ses engagements professionnels et familiaux nous en livre les réponses, sans pathos, sans dramaturgie, juste avec ce qu’il faut de réalisme et de profondeur. Evoquant comme toujours une famille en crise et la recherche d’un équilibre, Guillaume Senez a quelque peu changer son sujet principal mais pas sa méthode de travail. Son histoire, il l’a bien sûre construite à travers un scénario solide (co-écrit avec Raphaëlle Valbrune-Desplechin) mais aussi avec ses comédiens, auxquels il ne livrait que des pistes afin que l’improvisation encadrée donne une authenticité à l’interprétation de chaque personnage. « J’ai bien sûr une version très dialoguée de l’histoire mais je ne la communique pas, si ce n’est aux financiers » confie-t-il, non sans humour, lors de la conférence de presse. « Les comédiens et les enfants ont des idées, des pistes mais je ne fais que les cadrer, leur donner des mots clés. Il est important que les comédiens entrent dans les situations, que chacun invente ce qu’il pense être juste et crée ainsi ce qui me semble être des scènes plus vraies ». Et cela fonctionne ! La justesse de ton, le naturel des échanges, la sincérité de chaque protagoniste viennent sublimer une histoire somme toute banale mais qui fait la part belle à l’amour, au courage et à l’entraide, des valeurs qu’on ne peut qu’apprécier dans ce monde de plus en plus individualiste. Une famille formidable Parfois prévisible, son intrigue installe pourtant une tension latente grandissante et le spectateur ne peut qu’espérer un dénouement joyeux pour cette famille plus vraie que nature. Et on doit cette réussite à l’implication réelle de ses comédiens, des plus petits aux plus grands, des novices aux plu expérimentés. Lena Girard Voss, Basile Grunberger, Lucie Debay et Romain Duris forment ainsi un noyau familial auquel on croit. Et il y a bien sûr la présence solaire de Laetitia Dosch (déjà présente à l’affiche de « Keeper ») et qui forme avec Romain Duris un duo fraternel exquis, un tandem qui nous offre des scènes drôles et touchantes. Cette visite et cette pause légère dans le trouble familial ne remettront-elles pas en selle notre Olivier, apaisé pour continuer la reconstruction d’une tribu brisée par l’absence ? Equilibré, parfaitement mis en scène et brillamment interprété, « Nos batailles » de Guillaume Senez est une nouvelle réussite dont il peut se vanter. Touchant au cœur, nous faisant autant sourire que déprimer, son deuxième long-métrage a aussi le mérite d’offrir à Romain Duris un très beau rôle reposant certes sur la paternité mais surtout sur la maturité. Date de sortie en Belgique/France : 3 octobre 2018 Durée du film : 1h38 Genre : Drame |
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